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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 06:00
Manger et boire vivant est-ce naturel ? « La longue course du vivant à travers le temps a été une traversée sur la mer houleuse de la contingence »

Sous les pavés, la plage… loin de la mer des sarcasmes… sous l’écume, le mieux vivre… une quête parfois brouillonne, mais si vivante, d’une autre manière de se nourrir dans un monde où l’on produit plus de nourriture que jamais, et que nous connaissons une situation paradoxale, puisqu’un milliard de personnes sont suralimentées et en surpoids (diabète, maladies cardiaques), tandis que près de 800 millions d’autres sont affamées.

 

Quête de sens face au système alimentaire mondial global « contrôlé par les multinationales qui font claquer comme un fouet la chaîne de distribution. »

 

Rajeev Charles Patel Obèses et Affamés

 

« McDonald’s est l’emblème de la mondialisation commerciale. McDonald’s ne veut pas que les enfants deviennent des adultes, mais que les adultes restent des enfants. McDonald’s crée un cosmopolitisme universel fondé sur un produit alimentaire sous-culturel, inventant ainsi une façon nouvelle de voir le rôle de l’homme dans la société. McDonald’s rend manifeste, et de façon obscène, la standardisation… »

 

S’indigner ?

 

Pour Paolo Rossi « s’indigner semble être la seule chose que les intellectuels sachent faire. Lorsqu’ils ne se consacrent pas à cette activité stérile ils cultivent l’art de la prédiction apocalyptique. »

 

« L’indignation morale est la bonne stratégie pour un imbécile de se parer de dignité. » Marshall Macluhan

 

Reste le faire, le faire aussi petit soit-il qui s’insère dans les plis de notre société globalisée pour la pervertir, en redonnant du sens à nos besoins naturels.

 

Manger, boire… y aurait-il danger dans la simplicité du quotidien de ceux qui peuvent atteindre la satiété ?

 

Table vivante de Pierre Jancou, le « Manifeste pour le vin naturel » d’Antonin Iommi-Amunategui, le vivant et le naturel deux mots-clés.

 

Cependant le paysage de l’approche de la nourriture est très contrasté dans notre monde post-moderne :

 

« Lorsque nous sommes occupés à manger, le mot tuer nous semble totalement hors de propos, inopportun et radicalement « erroné », comme s’il n’avait aucun rapport entre ce que nous mangeons tranquillement et la viande ou le poisson que nous avalons. Dans ces moments-là – comme l’écrit avec pertinence Marguerite Yourcenar –, sereinement et paisiblement « nous digérons les agonies » d’êtres vivants. » Eleonora De Conciliis.

 

« Faut-il manger les animaux ? » Jonathan Safran Foer

 

« No steak » Aymeric Caron

 

« Être vegan, c’est refuser l’exploitation animale. Cela implique de ne pas consommer de chair animale, de laitage, d’œuf, de miel ni de produits de la ruche, de ne pas porter de vêtements faits de matières premières provenant d’animaux (fourrure, cuir, laine, soie, etc.) de ne pas utiliser des produits d’hygiène testés sur les animaux. »

 

Le vivant, le naturel, le « sans », … en dépit des gémissements des penseurs médiatiques officiels qui encombrent les plateaux, comme il n’est pas interdit dans ce pays de penser, de réfléchir, alors laissons un peu d’espace à ceux qui tentent de sortir de l’ambivalence et de l’ambigüité, de contradictions non assumées, bien commodes pour la militance, le lobbyisme, le conservatisme, les guerres de tranchées.

 

 

Ouvrons grandes portes et fenêtres des casemates et autres casernes de la pensée, place à Paolo Rossi « Manger », à Jean-Claude Ameisen « La sculpture du vivant », pour donner de l’oxygène au débat sur la base de vraies controverses et non de bouillie pour chat…

 

« Quand on n’ose pas dire ce qu’on pense, on finit par ne plus penser ce qu’on dit. » Zénon d’Élée

 

« Satisfaire sa faim et sa soif n’est « naturel » qu’en apparence […] La nourriture n’est pas seulement ingérée. Avant d’entrer dans la bouche, elle est pensée dans les moindres détails. Elle acquiert ce que l’on appelle communément une valeur symbolique. La préparation de la nourriture marque ainsi un moment central du passage entre fait de nature et fait de culture. Comme l’a montré Claude Fischler cette préparation devient une manière d’exorciser le danger potentiel de ce que nous allons introduire, par la bouche dans notre corps. De ce point de vue, le rapport entre nourriture et contamination peut apparaître véritablement ambigu et complexe. »

 

Les peurs…

 

« Allergies alimentaires, intolérance au gluten, intolérance au lactose ; régime de santé divers (groupes sanguins, living foods, instinctivorisme ou crudivorisme, macrobiotique, etc.) ; régimes éthiques et spirituels (végétarisme, veganisme, etc.) ; néoadhésion à des pratiques religieuses ; régimes sélectifs et restrictifs divers : pour des raisons diverses, une part importante de la population des pays développés adopte et revendique une alimentation particulière. »

 

Interrogations, anxiétés…

 

« En plusieurs siècles et surtout depuis plusieurs décennies, l’alimentation a profondément changé et le rapport à l’alimentation s’est totalement transformé. Grâce à l’industrialisation agroalimentaire, on est arrivé à produire à bon compte des aliments en abondance : en comparaison avec le chasseur-cueilleur ou même l’agriculteur du XIXe siècle, le mangeur moderne consacre bien peu de temps à la recherche et à la préparation de la nourriture, et les incertitudes de l’approvisionnement sont pour le moins réduites. Mais cette liberté laisse la place à de nouvelles interrogations, à de nouvelles anxiétés. » 

 

Appauvrissement et standardisation

 

Certains pensent que « nous glissons insensiblement vers une sorte de privation sensorielle, qui se manifeste dans l’appauvrissement des saveurs et la standardisation du goût. Nous sommes tous d’innocentes victimes, à l’exception de ces rares et impavides combattants qui se sont aperçus de notre situation, et présument s’ils savent clairement de qui nous sommes les victimes. Importe-t-il de le dire ? Nous sommes des esclaves inconscients (qui ne se savent donc pas esclaves), car nous n’avons pas compris que nous vivons « sous le contrôle capitalistique de tout le processus vivant naturel. »

 

Nature.

 

« Le terme nature (pour ceux qui aiment jouer sur les mots) n’est pas un genre naturel, mais culturel. Autrement dit, mais culturel. Autrement dit, son objet est difficile à déterminer […] Lorsqu’on parle de la nature, on fait référence à l’environnement modifié par l’homme. »

 

« La notion commune de nature est, aujourd’hui comme à l’origine, le résultat de projections anthropomorphiques. Elle est émaillée de mythes, liée à des instincts et des pulsions irrationnelles. La nature nous apparaît comme une force créatrice bénéfique, une invention permanente et merveilleuse de formes et, en même temps, c’est une énergie dangereuse, capable de produire le mal, dépourvue de pitié, constamment sur le point de nous anéantir et de susciter les démons de la destruction. Aucune philosophie ne pourra probablement éradiquer cette vieille et profonde ambivalence, qui a trouvé son expression dans le merveilleux poème de Lucrèce, le De rerum natura. »

 

 

Le mystère du vivant

 

« Nous sommes tous, au-delà de nos différences superficielles, […] un paysage pointilliste composé de minuscules êtres vivants. » Lynn Margulis.

 

« Chaque créature vivante doit être considérée comme un microcosme – un petit univers, constitué d’une multitude d’organismes qui se reproduisent, inimaginablement petits et aussi nombreux que ls étoiles du ciel. » Charles Darwin.

 

« Durant toute notre existence, nous portons en nous le sentiment de notre unicité, de notre irréductible individualité. Pourtant nous savons aussi que, comme l’ensemble des êtres vivants qui nous entourent, les oiseaux, les fleurs, les papillons, les arbres, les colonies de bactéries et les colonies de levures, nous sommes chacun composé de cellules : les plus petites entités vivantes, microscopiques, capables de puiser leurs ressources dans l’environnement et de se reproduire. Et chacun d’entre nous ne représente que l’une des innombrables variations que les cellules ont réalisées sur le thème de la diversité et de la complexité. »

 

« Le monde chatoyant qui nous entoure est un monde de rescapés. La longue course du vivant à travers le temps a été une traversée sur la mer houleuse de la contingence. Si cette histoire s’était répétée plusieurs fois, elle se serait sans doute déroulée de plusieurs manières différentes. L’histoire du vivant est une succession, imprévisible, d’accidents étranges, terribles ou merveilleux. »

 

Jean-Claude Ameisen

 

Affaire à suivre…

Manger et boire vivant est-ce naturel ? « La longue course du vivant à travers le temps a été une traversée sur la mer houleuse de la contingence »
Manger et boire vivant est-ce naturel ? « La longue course du vivant à travers le temps a été une traversée sur la mer houleuse de la contingence »
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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 06:00
les fondus du champagne t.4 – extrait  sous la plume de Cazenove et Richez et le dessin d’Olivier Saive

les fondus du champagne t.4 – extrait sous la plume de Cazenove et Richez et le dessin d’Olivier Saive

« L’Attila des vignes est à Bordeaux en 1866 et, remontant inexorablement vers le nord, envahit progressivement le territoire… sauf la Champagne qui reste indemne jusqu’au milieu des années quatre-vingt. Les Champenois considèrent avec commisération le fléau qui s’abat sur les vignerons incapables de s’occuper de leurs vignes avec autant de soin qu’eux. Ils ne sont nullement inquiets jusqu’à ce que le parasite se manifeste le 8 juillet 1888 dans l’Aube puis le 5 août 1888 dans l’Aisne. Le mal fond sur la Marne en août 1892, s’étend lentement, frappe soixante-quatre hectares en 1898, puis peu à peu plus de de la moitié du vignoble champenois. Les recettes utilisées pour lutter contre le ravageur sont diverses et pour l’essentiel inefficaces. Les vignerons champenois résistent à l’utilisation d’une méthode que d’autres régions viticoles mettent en œuvre depuis les années quatre-vingt, la greffe des plants nobles sur porte-greffe américain dont les racines résistent au parasite. »

 

« … la reconstitution du vignoble champenois à partir de plants greffés débute en 1897 et progresse ensuite jusqu’à se généraliser après la Première Guerre mondiale. On profite de ces bouleversements pour rénover les pratiques culturales et toiletter la règlementation passablement laxiste, jusqu’à l’excès et l’arbitraire qui aboutira à la révolte de 1911… »

 

Extraits de 2 chroniques de 2005 :

 

1907 : le raisin ne valait rien. 1908 : vendanges de nains. 1909 : la pourriture partout, des fumées grises, infectes, planaient sur les plateaux des pressoirs. 1910 : rien ne manqua, orages, gel, grêle, mildiou. On n'aurait pas fait une tarte avec tous les raisins de Champagne, tant la vendange était transparente. Il suffisait que la maladie entre dans un ménage pour que la ruine soit complète. Des terres qu'on se disputait autrefois comme on se dispute la vie ne trouvaient plus d'acquéreurs. Des vignerons quittaient leurs maisons, laissaient leurs terres aux friches. Mais le négoce se sucrait sur cette misère. »

 

« Les fraudeurs fabriquaient du Champagne avec n'importe quoi, des rebuts d'Anjou ou de Meuse, des piquettes achetées au comptant sur le quai des gares à des intermédiaires sans visage, et avec du cidre s'il le fallait. L'argent rentrait.

 

Les vignerons doutaient de tout, et même du ciel. Qu'est-ce qui leur restait ? Le front bas, la hargne, les hymnes provisoires, les drapeaux rouges qu'ils pendaient aux frontons des mairies. La fraude leur donnait le tournis. L'agitation seule arrivait à calmer leur souffrance du travail nié et insulté... »

 

C'est extrait d'un beau roman de Daniel RONDEAU " Dans la marche du temps " pages 126-127 chez Grasset.

 

« … Cette année-là, un arrêté limite à la Marne l’appellation contrôlée « champagne ». Après les épreuves subies, la situation des cultivateurs en général très petits propriétaires, est précaire. L’exclusion de l’Aube du périmètre de l’appellation contrôlée est un coup terrible. La contestation s’organise autour de Gaston Cheq, un petit viticulteur socialiste baralbin. En ces temps difficiles, les vignerons roses ou rouges. Ils ont bien changé depuis ! Malgré la forte mobilisation, les contestataires obtiennent seulement de dénommer leur breuvage « vin jaune pétillant », beaucoup ajoutent « … de Champagne ». Il faudra attendre 1927 pour que l’appellation contrôlée actuelle d’environ trente-deux mille hectares soit adoptée, avec environ vingt mille hectares dans la Marne, huit mille dans l’Aube, le reste dans l’Aisne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne.

 

« Cette aire d’AOC est en extension d’environ dix pour cent depuis 2009, déclenchant toutes les convoitises. En effet, le temps des vignerons champenois pauvres et révolutionnaires est bien révolu. Le prix de l’hectare de vigne en AOC est aujourd’hui révolu. Le prix de l’hectare de vigne en AOC est aujourd’hui d’un million et demi d’euros sur la montagne de Reims, de un million dans l’Aube ! Dans mes terres de Mussy-sur-Seine où je serai dans deux jours, un hectare de friches sur les coteaux est vendu au plus trois mille euros. Ce prix, s’il devient AOC, sera multiplié par… trois cent trente-trois ! De quoi déchaîner les passions. En effet, elles se déchaînent. »

 

Extrait d’une chronique du 25 janvier 2008 « Je rêve d'épouser la veuve du sacristain de Bouzy... »

 

« Mais, comme j’ai mauvais esprit, je fais un rêve : moi qui ne suis qu’un plumitif besogneux, un ersatz de haut-fonctionnaire, un petit rapporteur non patenté, cette révision champenoise pourrait m’ouvrir de brillantes perspectives, m’engager sur la voie royale d’une fin de carrière vigneronne. Moi qui ai tâté de la vigne avec le frère Bécot, à l’Ecole d’Agriculture de la Mothe-Achard, complanter et faire pousser de la vigne dans un ancien potager semble à ma portée. Le problème pour moi c’est de mettre la main sur le potager. Alors, toujours en rêve bien sûr, je me dis qu’il me faut me mettre en chasse sur Meetic, traquer la veuve du facteur ou l’ex-femme du sacristain de Bouzy, tchatcher, la séduire, me renseigner discrètement sur l’existence du potager, la demander en mariage, l’épouser sous le régime de la communauté de biens et me réveiller un beau matin à la tête d’un lopin Aoicisé, plus précieux que le sable d’un bout de désert d’Abu Dhabi, où chaque motte de terroir sera plus coûteuse qu’un gramme de caviar, l’extase absolu du néo-propriétaire. Fermez le rêve ! Mais, après tout, je suppose qu’il va y en avoir des néo-vignerons après la révision et que le modèle champenois leur fera produire les kilos de raisins ad hoc. Bienheureux les vignobles pilotés par l’aval car ils font éclore des vignerons heureux. Je plaisante et je rêve, bien sûr, et les champenois m’absoudront de mes mauvaises pensées. »

 

« Là, apparemment, rien de nouveau sous le soleil de l’INAO, les commissions d’experts travaillent sur les 319 communes de la zone de l’appellation avant de passer le parcellaire au crible. Je ne vous fais pas un dessin, pour les intéressés c’est une partie de cache-cache, le loto, l’euro millions, le paradis futur des plaideurs, en être, ne pas en être, en avoir été et y revenir, être exclu… quand le coefficient multiplicateur avoisine 100 pour un lopin de terre à betteraves ou un taillis, le facteur temps est essentiel. Le temps est politique. Rappelons qu’il s’agit d’une révision pas d’une extension mais qu’en définitive l’aire va s’enrichir d’un certain nombre d’hectares permettant d’alimenter la croissance. Combien, demande le naïf que je suis ? Pas de chiffres avancés, bien sûr, trop d’hectares ajoutés effraieraient le Monde, pas assez renforcerait l’inflation des prix du foncier et gripperait la belle mécanique. Alors, en un bel euphémisme on me répond que l’adjonction se devra d’être significative. Avec un soupçon d’ironie, on ajoute que cette progression ne sera pas entachée du soupçon de délit d’initié que recelait la distribution des nouveaux droits de plantation et, toujours très sérieusement, on ajoute auprès de moi qui suis bon public, et même si certains puristes de l’AOC, intégristes ou hommes des terroirs, vont rire jaune, que la belle mécanique inaoiste va renforcer le niveau qualitatif du vignoble champenois qui, rappelons-le fut formaté d’une manière très administrative en un temps où ni le raisin, ni l’hectare n’étaient rare. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes en Champagne... »

 

en italiques c’est signé Axel Khan, médecin généticien et essayiste, ancien Président de l'Université Paris Descartes, le frère du tonitruant Jean-François, dans Pensées en chemin Ma France, des Ardennes au Pays Basque.

 

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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 06:00
On recycle tout, même les vieux en solo : Roger Hodgson ex-Supertramp, David Gilmour, l'ancien guitariste de Pink Floyd by SNCF…
On recycle tout, même les vieux en solo : Roger Hodgson ex-Supertramp, David Gilmour, l'ancien guitariste de Pink Floyd by SNCF…

Ça ne me rajeuni pas, les vieux groupes de ma jeunesse qui se sont déchirés, séparés, tentent avec plus ou moins de bonheur de se reformer. Récemment j’évoquais Téléphone. 

 

On annonçait Supertramp en novembre à Bercy.

 

Nous les «canal historique» des années 70 savons bien que notre Supertramp n’est plus l’original depuis que Roger Hodgson, le cofondateur du groupe avec Rick Davies, a pris ses distances avec ses anciens amis en 1983, il y a déjà plus de trente ans. Nous nous souvenons que c’est lui qui a signé ou cosigné les titres légendaires de Supertramp: Child of Vision, Dreamer, Take the Long Way Home...et que c’était lui qui chantait. En 2010, lui qui continue sa carrière en solitaire avait déclaré au Figaro: «Cela me peine que Rick Davies reprenne mes chansons».

 

Ce pauvre Rick Davies, aujourd'hui âgé de 71 ans, a dû annuler la tournée européenne prévue à partir de novembre en raison de sa maladie, un cancer. «Il a débuté un traitement agressif» pour combattre «un myélome multiple», un cancer de la moelle osseuse récemment diagnostiqué chez lui, a indiqué le groupe dans un communiqué.

 

Et voilà que David Gilmour, l'ancien guitariste de Pink Floyd, lui, attendant dans le hall de la Gare du Nord un Eurostar pour rentrer chez lui, à Londres a été inspiré par les quatre notes du jingle de la SNCF qui précède chacune des annonces diffusées en gare.

 

« Il a contacté Michaël Boumendil, chef d'entreprise de 44 ans spécialisé dans l'identité sonore de grandes entreprises pour lui proposer une collaboration inédite. Ce diplômé d'école de commerce, qui a créé l'agence Sixième son il y a vingt ans, aura le privilège d'apposer son nom aux côtés de celui d'une des plus prestigieuses personnalités du rock anglais. Intitulé Rattle That Lock, le fruit de leur collaboration est dans les bacs depuis le 17 juillet. La chanson donnera son titre au nouvel album, qui paraît moins d'un an après le disque d'adieux de Pink Floyd, The Endless River, et neuf ans après On an Island, dernière échappée solitaire de ce féru de collaborations. »

 

« Bonne dégustation ! »

 

Je plaisante bien sûr, à consommer sans modération...

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 06:00
« On travaille pas dans la parfumerie, ici… » les ouvriers pataugeaient dans le sang des gorets qui était récupéré pour faire des saucisses.

« Les porcs étaient égorgés, on les plongeait dans un bain d’eau brûlante, afin d’amollir leurs soies, facilitant ainsi leur arrachage. Des milliers de porcs subissaient quotidiennement ce traitement. Bien avant midi, il régnait dans ces bassins une puanteur fétide de sang et d’excrément mêlés. Personne n’y faisait attention. Les carcasses étaient plongées dans cette mixture sans nom ; elles étaient censées être nettoyés au contact de l’immonde liquide ! En tout état de cause, c’était le seul bain qu’elles subissaient ; elles étaient immédiatement débitées en tranches de lard, jambons, côtes et autres morceaux, puis jetées fumantes, dans des tonneaux de saumure, prêtes à la vente. Mais il y avait pire encore. Tous les jours, l’eau était renouvelée. Mais les bassins n’étaient réellement nettoyés que lorsque l’accumulation des résidus sur les parois était telle qu’il fallait vraiment récurer. Tant que n’étaient mises en danger que la qualité de la viande et la santé des ouvriers, rien n’était fait. En été, ces bassins puaient atrocement sans que personne ne se soucie de ces véritables cloaques.

 

- On travaille pas dans la parfumerie, ici, avait déclaré un industriel du secteur, riche à millions, et qui pensait avoir réglé la question de cette réconfortante manière. »

 

- Les ouvriers pataugeaient constamment dans le sang, disait-il, sang qui était récupéré dans des conduites et utilisé dans la confection des saucisses. »

 

Bon appétit !

 

Rassurez-vous je ne vous décris pas là l’état des abattoirs de cochons de nos voisins allemands, qui dans leurs Länder de l’est font la nique aux abatteurs bretons.

 

Ce sont les abattoirs de Chicago au début du XXe siècle, décrit par Franck Harris dans La Bombe publié en 1909. la dernière goutte  

 

 

« Chicago doit sa fortune et sa réputation aux énormes abattoirs (Union Stock Yards), installés au nord de la ville en 1865. À l’époque, ces abattoirs (les plus grands du monde, bien sûr) traitaient jusqu’à 19 millions de têtes de bétail par an, et faisaient vivre d’innombrables usines de traitement de la viande, où travaillaient plus de 30000 ouvriers.

 

Les abattoirs ont fermé définitivement leurs portes en 1971. En l’honneur du sympathique ruminant qui a quand même largement contribué à l’enrichissement de Chicago, on a choisi le bœuf comme symbole de la ville. Les Chicago Bulls, ça vous dit quelque chose ? Nous avons tous en mémoire la visite de Tintin (dans Tintin en Amérique) aux abattoirs de Chicago, et ses déconvenues avec les gangsters locaux.

Depuis, les abattoirs ont déménagé et les gangsters ont remisé leurs sulfateuses. »

 

Guide du routard

« On travaille pas dans la parfumerie, ici… » les ouvriers pataugeaient dans le sang des gorets qui était récupéré pour faire des saucisses.
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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 16:45
« Le corse n'est pas une langue facile et il était interdit de l'écorcher. Je savais que ce serait dur » Corsu mezu mezu
« Le corse n'est pas une langue facile et il était interdit de l'écorcher. Je savais que ce serait dur » Corsu mezu mezu

Tous les matins je lisais Corse-Matin.

 

« Nul n'est prophète en son pays. Cette maxime populaire, Patrick Fiori l'a expérimentée mieux que quiconque. Quand on est mezu corse, mezu arménien et qu'on porte à l'île de sa mère une dévotion quasi mystique, naître avec une voix est presque une farce du destin.

 

Parce qu'en Corse tout le monde – ou presque – chante. Et que la vedette qui a obtenu une Victoire de la musique dans Notre Dame de Paris, qui enchaîne les albums, écrit pour Patricia Kaas ou Liane Foly voulait, plus que tout, faire connaître la musique de son île maternelle. Mais aussi y être reconnu. Ce qui, nul n'en doute plus, est en passe d'arriver. »

 

Corsu mezu mezu un projet de Patrick Fiori entre Corse et continent 

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 06:00
Muséification ou résurrection des sites inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco ? par François Morel du LeRouge&leBlanc…

« Des dispositifs de protection du patrimoine se mettent en place en France dès la Révolution française. Mais c’est véritablement au XIXe siècle que naît une politique publique du patrimoine avec la création du concept de monument historique. Tout au long du XXe siècle, la législation de protection du patrimoine s’étoffe et accompagne l’évolution de la notion même de patrimoine, constitué désormais de biens matériels et immatériels. Sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) se met place en 1972 l’idée de patrimoine mondial de l’humanité. 100 ans après l’adoption de la loi de 1913 sur la protection des monuments historiques, un nouveau projet de loi sur les patrimoines a pour ambition de rendre les dispositifs de protection « plus lisibles mieux adaptés aux enjeux actuels et futurs ».

 

Le patrimoine est-il illimité : du matériel à l’immatériel ?

 

« À partir des années 1960, la notion de patrimoine connaît une extension considérable. Les mutations de la société française révèlent un patrimoine rural et un patrimoine industriel menacé. La notion de patrimoine culturel s’enrichit et intègre progressivement : le patrimoine naturel (jardins et parcs historiques, sites naturels, paysages culturels, parcs naturels nationaux, parcs naturels régionaux, réserves naturelles, opérations grands sites), le patrimoine archéologique (sites mégalithiques, romains, grecs, patrimoine subaquatique...), le patrimoine industriel, scientifique et technique (bâtiments et sites industriels, anciennes mines, écomusées), le patrimoine maritime et fluvial (navires à voile, phares, ensembles portuaires, fortifications, écluses, berges, ponts anciens).

 

Avec la convention de l’Unesco de septembre 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ratifiée par la France en 2006, le patrimoine s’enrichit avec les pratiques, savoirs et représentations, qui permettent « aux individus et aux communautés, à tous les échelons de la société, d’exprimer des manières de concevoir le monde à travers des systèmes de valeurs et des repères éthiques. Elle couvre les traditions et expressions orales, y compris les langues, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Elle va trouver des terrains d’application. Ainsi, la mention des langues comme patrimoine immatériel conduit à reconnaître la possibilité d’une coexistence de langues régionales avec la langue française. Ainsi la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 reconnaît les langues régionales comme faisant partie du patrimoine et les fait entrer dans la Constitution. La création, en 2010, d’un Institut national des métiers d’art participe à l’entretien d’un patrimoine culturel matériel et immatériel vivant. Les fonds de bibliothèques, les archives participent aussi de ce patrimoine immatériel.

 

L’élargissement sans fin du patrimoine, on parle d’illimitation patrimoniale, pose la question du risque d’une dilution des enjeux immédiats de la conservation et de la valorisation du patrimoine (Conseil d’analyse économique, « Valoriser le patrimoine culturel de la France », 2011). »

 

Dilution ça me rappelle quelque chose : le sort réservé à l’AOC pour tous…

 

Pourquoi pas les vignes, les caves, les paysages viticoles !

 

Certes, mais il s’agit d’un patrimoine vivant lié à une activité économique et marchande soumise à la concurrence internationale et la contradiction entre préservation et imbrication dans le modèle productif dominant est posé.

 

La viticulture française, comme l’ensemble de l’agriculture, en dépit de sa structure d’exploitations de faible dimension, s’est moulé dans ce modèle après la 2de guerre mondiale. L’appel d’air du Marché Commun puis de la mondialisation a amplifié le mouvement.

 

Le modèle AOC, fondé sur une forme du contrôle de l’offre par les rendements, n’a pas échappé au mouvement et son extension a de plus en plus de mal à masquer l’ambiguïté dans laquelle se meuvent beaucoup d’appellations tournées vers les marchés de masse à faible prix.

 

Bien évidemment pour maintenir prestige et notoriété, on met en avant les pépites, un peu l’arbre qui cache la forêt, sans être forcément regardant sur l’état de ces joyaux anciens.

 

S’interroger, poser des questions qui fâchent, ce n’est pas dénigrer, jouer à l’oiseau de mauvaise augure, mais bien au contraire travailler à remettre du contenu dans la notion même de terroir qui se doit d’être vivant pour traverser les temps à venir et faire perdurer notre singularité.

 

Si nous n’y prenons garde nous perdrons nos avantages comparatifs, nos valeurs à la double acception de ce terme, et nous ne serons qu’un pays parmi d’autres dans le grand maelström de la mondialisation.

 

Afin de ne pas aggraver mon cas je me suis bien garder de commenter la dernière fournée d’inscriptions au Patrimoine Mondial de l’UNESCO des « coteaux, maisons et caves de Champagne » et les « climats de Bourgogne ».

 

Tout le monde s’en félicite, ou presque.

 

J’attendais avec gourmandise ce qu’allait en dire François Morel l’éditorialiste du LeRouge&leBlanc. C’est donc sans surprise que dans le N°118 il écrit :

 

« Pour qui parcours régulièrement et attentivement ces vignobles, parmi bien d’autres – sans doute ni mieux ni moins bien lotis, mais moins puissants et aucunement prétendants à une telle inscription –, il y aurait quelques raisons de les inscrire tout aussi bien dans la moins glorieuse catégorie « Patrimoine en péril » : nombre de parcelles des coteaux champenois et des climats bourguignons sont aujourd’hui – disons-le franchement – indignes de leur prestigieuse histoire et de leur réputation (et du prix élevé de leurs vins).

 

« Des décennies de culture intensive, avec son cortège de traitements divers, ont mis une grande partie de ces vignobles dans un état rien moins que « vivant », plutôt dans un état de survie assistée. Il est vrai qu’on peut constater depuis 15 à 20 ans une dynamique de retour à la vie des sols et de ces paysages de la part de vignerons conscients de la catastrophe, mais ces vignerons – qui retiennent toute l’attention de LeRouge&leBlanc – sont encore très minoritaires. »

 

Morel pose l’alternative suivante à propos de ces inscriptions :

 

  • Muséification, avec ce que cela suppose de contentement de soi définitif et de satisfaction de l’état des choses. Un chant funèbre en quelque sorte ;

  • Ou, portent-elles – comme on peut l’espérer – l’ambition de faire vivre authentiquement ces « biens culturels » en haussant l’exigence à un niveau négligé depuis trop longtemps ?
  •  

Je ne vois pas au nom de quoi l’INAO, qui va se commettre dans le classement mercanti de Saint-Emilion, se désintéresse d’un tel sujet. Il est d’utilité publique que sa direction, poussée par le commissaire du gouvernement, le prenne à bras le corps pour bousculer l’inertie et le conservatisme des dirigeants professionnels.

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 11:30
En dévers et contre tout, saison 2 : c’est parti pour une bordée de « Muscadet qui rivalise désormais avec les grands vins »

Hier, 29 septembre, 2015 à 13h15 est tombé sur mon téléscripteur personnel, en provenance de l’Obs. Culture – y’a ni agriculture, ni viticulture à l’Obs. – une nouvelle qui m’a stupéfié « Le Muscadet rivalise désormais avec les grands vins »

 

Ce n’est ni la maison Roux&Combaluzier, dites B&D, ni le Figaro nouveau refuge des naturistes engagés, pas même le père Gerbelle de RGVF, pardon de la RVF, mais tout bêtement le fil AFP en provenance de ma bonne ville de Nantes.

 

Je vous donne l’intro : «Gorges (France) (AFP) - Trois crus communaux déjà reconnus et quatre en passe de l'être: depuis 15 ans, les vignerons du Muscadet, désireux de rompre avec l'image de "petit blanc" nantais, façonnent des vins haut de gamme issus de leurs meilleurs terroirs, qui rivalisent désormais avec les plus grands. »

 

La suite est :

 

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Et ce n’est pas fini ça va tomber comme à Gravelotte dans les heures et les jours qui viennent…

 

Même les photos sont fournies par l’AFP.

 

Vous me direz, c’est le boulot de l’AFP, sauf que le contenu de cet article est fort teinté de copié-collé de communication institutionnelle. 

 

«Les crus, c'est une petite production qui restera toujours marginale, mais qui permet de tirer l'ensemble de l'appellation vers le haut», se réjouit Thierry Martin. «Aujourd'hui, moi vigneron du muscadet, je n'ai pas honte de mettre en avant nos crus par rapport à un chablis ou un grand bourgogne blanc», affirme-t-il.

 

Fort bien, et je suis de ceux qui ont bataillé pour que le Muscadet retrouve sa juste place mais je ne suis pas persuadé que ça se passera via le décret et cette façon de la claironner... 

 

Lire :

Le prix ressenti d’un vin : l’épreuve du Muscadet par Yves Legrand le terroiriste du chemin des Vignes

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 06:00
« Les belles choses ne se donnent qu’à ceux qui se donnent à elles » On n’aime pas le vin ou la musique comme on rentrerait dans un mur…
« Les belles choses ne se donnent qu’à ceux qui se donnent à elles » On n’aime pas le vin ou la musique comme on rentrerait dans un mur…

À Savennières, Jean-Paul Kauffmann, interrogé sur son goût pour le vin, et les cigares, s’est défini comme étant un amateur, celui qui aime.

 

En l’écoutant je ne pouvais m’empêcher de penser à tous ceux qui font le métier de guider les amateurs vers le goût du vin qui sont en plein désarroi face à la montée en puissance d’une résistance, tant chez les vignerons qui contestent leur méthode de dégustation de masse, que chez des amateurs d’un nouveau type, connectés, brisant les idoles, buvant selon eux n’importe quoi et par conséquent racontant n’importe quoi.

 

Et, en rentrant de Savennières, via mes gorges profondes, voilà t’y pas que le Pape Français – ne pas confondre avec le François – de la dégustation professionnelle n’en finit pas de s’insurger :

 

« L'avantage d'avoir un certain âge et un peu de recul c'est bien de ne pas être dupe de la comédie humaine. Dont certains épisodes se jouent aussi chez des producteurs aigris, et jaloux de tout regard critique qui ne leur convient pas, ou chez de petits chefs du net tout aussi aigris et avides de reconnaissance autre que celle du cercle des leurs admirateurs, à commencer par celle des grands producteurs sur lesquels ils déblatèrent à longueur d'existence. Facile de casser du sucre sur un système dont ils font aussi partie et de s'imaginer que les crus institutionnels seront toujours mieux notés par les journalistes (qui ont bon dos!), quand on voit tous les communautarismes surnoter les vins de leur secte préférée ! Et enfin ne pas aimer et admirer Yquem n'est pas signe de liberté de pensée mais d'un coeur sec et étranger au bon et au beau. »

 

Et de regretter :

 

« Enfin si l'on sait lire on verra bien que je ne me plaignais que d'une chose : voir mes plus jeunes collègues, ceux qui auront en charge d'informer la prochaine génération d'amateurs, avoir de plus en plus de difficultés à le faire avec l'objectivité souhaitable. »

 

J’avoue que ce type de propos ne donne guère à penser, tant ils sont emphatiques, mesquins, corporatistes, et que le côté arroseur-arrosé de leur auteur qui se plaint de l’être, s’emporte face à ce qu’il nomme une ère qui verse dans le fondamentalisme et le repli sur soi, alors qu’il ne s’agit que de l’attribution de simples notes se différentiant au demi-point et de commentaires comme celui cité par JM Deiss : Fitou « Retour aux sources 2012 »: vin pétulant dévoilant des contours sculptés dans une densité fruitée réjouissante (garrigue, pin, romarin, menthe poivrée). » est pitoyable.

 

En effet, dans le même temps dans une tribune au Huffington Post du 25/09/2015 « Un enjeu de la fête de la gastronomie: déguster vins et aliments dans leur qualité intrinsèque » Jean-Michel Deiss Vigneron, président de l’Université des Grands Vins s’interroge « Nous comprenons très vite que nos cerveaux sont experts en copier-coller, pratiquant l'amalgame à tout va et trichent au point qu'on peut légitimement se poser cette question ahurissante: est-ce que la "réalité tangible" existe, puisqu'elle passe toujours à travers le filtre de l'approximation cérébrale? L'expérience si célèbre d'un même vin, goûté dans deux verres différents, ou avec la simple indication de prix différents et qui sont invariablement décrits comme substantiellement différents, "goûtés" de plus dans des aires cérébrales différentes, prouve à l'envie qu'il paraît difficile de conclure qu'il existerait une "réalité sensorielle tangible collective" qui soit autre chose qu'une production cognitive individuelle toujours reliée à un apprentissage personnel, construit dans un contexte économique ou culturel partagé. Et que finalement les mots de la dégustation relèveraient bien plus du champ des sciences sociales que de l'analyse sensorielle fine. »

 

Je dois avouer que la réponse qu’il donne, en se référant à la méthodologie dite de la Dégustation Géo-sensorielle qui permet, selon son érecteur Jacky Rigaux, « de relier le terroir de naissance aux produits agricoles obtenus et en premier, de discriminer ceux industriels, formatés aux goûts d'un consommateur type moyen, des authentiques produits de lieu. » me plonge dans un abîme de perplexité et n’emporte nullement mon adhésion.

 

Alors, afin d’apporter une contribution au débat, je me suis tourné vers un sociologue Antoine Hennion qui sur le site Cairn info a commis un article « Réflexivités. L’activité de l’amateur » 

 

C‘est aride mais lisible et compréhensible.

 

Voici le résumé de l’article :

 

« La sociologie nous a habitués à une lecture critique du goût. Une analyse réflexive de l’activité des amateurs ouvre à un point de vue plus attentif à leurs pratiques pour se le révéler. Les amateurs ne « croient » pas au goût des choses. Au contraire, ils doivent se les faire sentir. À partir de cas divers (escalade, vin, musique), l’auteur développe une approche pragmatiste du goût comme activité et travail sur les attachements, technique collective pour se rendre sensible aux choses, à son corps, à soi-même, aux situations. C’est aussi mettre la réflexivité du côté des amateurs – et non pas seulement de sociologues soucieux de ne pas biaiser leurs analyses. »

 

Pour vous mettre en appétit je vous propose des morceaux choisis :

 

« Une musique, cela s’écoute, un vin, cela se boit… Mettre l’accent sur l’écoute, c’est réintroduire dans le goût la dégustation : l’hétérogénéité irréductible d’un réel-événement ; non pas une œuvre et un auditeur, ou un vin et un buveur – mais des corps, des dispositifs et des dispositions, de la durée, un objet insaisissable, un instant qui passe, des états qui surgissent. Après tout, hors des laboratoires et des écoles, qu’est d’autre la musique ? »

 

« En face d’un objet inconnu, on est bien loin de retrouver la belle cohérence entre soi-même et ses propres sensations qu’on affiche en temps normal – ou devant le sociologue. Ce n’est pas ce goût tout fait qui constitue la cible de nos analyses? À la fois sans cesse interrogée de façon réflexive,... : c’est l’acte de goûter, les gestes qui le permettent, les savoir-faire qui l’accompagnent, les soutiens recherchés auprès des autres ou dans des guides et des notices, les petits ajustements en continu qui, à partir des retours que les objets renvoient à ceux qui s’intéressent à eux, l’aménagent et favorisent sa félicité et sa reproduction – comme le fera l’effort même pour l’exprimer devant moi. »

 

« Dans cette perspective, on comprend combien la question du goût est décisive : ainsi défini, le caractère réflexif du goût, c’en est presque une définition, son geste fondateur : une attention, une suspension, un arrêt sur ce qui se passe – et, symétriquement, une présence plus forte de l’objet goûté : lui aussi s’avance, prend son temps, se déploie. Si l’on prend un verre en passant, en pensant à autre chose, on n’est pas amateur. Mais si on s’arrête même une fraction de seconde, qu’on se regarde goûter, le geste est installé. D’un événement fortuit, isolé, qui vous arrive, on passe à la continuité d’un intérêt, et l’instant devient une occasion parmi d’autres dans un parcours qui s’appuie sur les occasions passées. C’est la différence entre aimer et « aimer », être amateur, même à un degré minimal. On voit que cette attention différenciée et différenciatrice renvoie à une double historicité, personnelle et collective, et plus généralement à un espace propre, dans lequel l’activité a pu se donner les lieux, les moments, les moyens de se constituer comme telle : le goût est aussi réflexif au sens « fort », c’est une activité cadrée. »

 

« On n’aime pas le vin ou la musique comme on rentrerait dans un mur. On aime le vin ET on « aime le vin » (ou tel vin) : on se décale légèrement de soi-même pour « rentrer » dans cette activité, qui a un passé et un espace, jalonnés par ses objets, ses autres participants, ses façons de faire, ses lieux et ses moments, ses institutions. C’est à la fois ce qui contraint et ce qui produit, obligeant à des attentions, des entraînements, des gestes qui font peu à peu devenir amateur, et de façon indissociable faisant que le vin a un goût auquel on devient sensible… Réflexivité de part en part. Il en va de même pour la musique, il faut se faire musicien pour l’être, et la musique n’est rien sans l’attention (personnelle, collective, historique, etc.) qui la rend telle. Tout cela passe bien sûr souvent par la verbalisation, mais ne se réduit pas à elle. »

 

Deuxième scène : un verre en passant…

 

« Le dîner avance, chacun est plus gai, on parle, on se coupe. Un convive sert du vin à son voisin, qui prend son verre, boit et le repose, tout en continuant sa conversation. Il mange, il se retourne, parle à un autre voisin.

Coupez, deuxième scène bis. C’est la même : mêmes convives, même ambiance, mêmes gestes. L’homme prend son verre, commence à boire. À ce point, il s’arrête un instant, renifle deux petits coups, boit à nouveau, fait un mouvement des lèvres en reposant son verre, avant d’enchaîner et de reprendre où il en était le fil décousu de la conversation. »

 

Lire la suite [12 à 16] ICI

les photos sont de moi
les photos sont de moi

les photos sont de moi

C’est le début de Cosi fan tutte, ou un vieux barbon parie contre deux amoureux sur l’inconstance de leur fiancée. Il va gagner bien sûr, en intervenant dans le jeu. Donc en pipant le pari : il se donne l’air d’un vieux sage, mais veut continuer à mener la danse. Car peut être n’est-il pas aussi sûr de ce qu’il affirme ? Cette musique aussi parce qu’en dépit de son pari gagné - que les femmes sont bien inconstantes - il y a une véritable histoire d’amour, en dépit ou grâce à la trahison, qui se dessine entre deux protagonistes. Et que ce moment est peut-être le plus beau des opéras de Mozart. Mais en devenir dans cette partie. Cet extrait aussi, parce que ce pari est fait contre des personnes, contre ce qu’elles sont, contre ce qu’elles ressentent, contre leur vie et leur projet. Contre les deux jeunes hommes dindon de la farce, et contre les deux jeunes femmes, devenues des pantins interchangeables. L’air triomphal de la fin n’est que l’air du triomphe du concept sur le réel.

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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 10:10
Hier, venu du diable vauvert Pierre Desproges et les Juifs a fait irruption chez vous sans rimes ni raison : explication.

Hier, alors que je filais dans ma petite auto vers la verdoyante et ensoleillée contrée de Savennières, dans cet Anjou que les chicaneurs-plaideurs aiment tant, lors d’un arrêt-pipi sur l’aire de repos de la Poêle Percée un de mes studieux lecteur s’étonnait : aurais-je été piraté ?

 

Étonné, je consultais ma petite boîte de poche et constatais qu’en effet, sans rimes ni raison, le robot qui poste mes chroniques vous en avait fait parvenir une au contenu étrange :

 

« Pierre Desproges

 

Bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les Juifs envoyé par pierredesproges. - Plus de vidéos fun. »

 

Elle était datée du 27 novembre 2015.

 

Ques’aquo ?

 

Un dysfonctionnement simplement de la part de la machine à poster  de mon hébergeur Overblog.

 

Cette chronique n’existait pas en tant que chronique, je m’étais contenté de stocker il y a fort longtemps une vidéo de Pierre Desproges sur les Juifs pour m’en servir à l’occasion d’une chronique.

 

C’est un produit toxique, datant de 1984, l’époque de Touche pas à mon pote, la petite main jaune que l’on portait à la boutonnière de son veston, totalement politiquement incorrect.

 

Imaginez ça, là, maintenant ?

 

Ce serait la curée sur les réseaux sociaux.

 

Pour votre information je vous propose un florilège de citations de Desproges sur les Juifs et 2 versions de la vidéo en question. (la seconde est complète)

 

Avec toutes mes excuses pour la gêne occasionnée. Bon dimanche à vous tous, sans voitures pour les Parisiens, façon de parler

 

On ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale de nombreux Juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi.

Textes de scène / Éditions du Seuil

 

Quand quarante mille Juifs s’entassent au Vel d’Hiv’, il faudrait être armé d’une singulière mauvaise foi pour les taxer de snobisme.

Fonds de tiroir / Éditions du Seuil

 

« Faute avouée est à moitié pardonnée », disait Pie XII à Himmler.

Fonds de tiroir / Éditions du Seuil

 

Il faut toujours faire un choix, comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin !

Textes de scène / Éditions du Seuil

 

C’est plus fort que moi : plus la situation est sombre, plus j’en ris. Juif aux années sombres, j’aurais sans doute contrepété aux portes des chambres à gaz, n’eussent été les menaces du fouet. (j’ai horreur qu’on me fouette quand je contrepète.)

Chronique de la haine ordinaire / Éditions du Seuil / / Mots-clés : Juifs

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 06:00
« Je ne sais pas pourquoi, mais l'histoire à Alexandre Bain, qui peut devenir à nous tous un peu la nôtre, me fait penser à Bernard Moitessier et sa course autour du monde. »
« Je ne sais pas pourquoi, mais l'histoire à Alexandre Bain, qui peut devenir à nous tous un peu la nôtre, me fait penser à Bernard Moitessier et sa course autour du monde. »

Ce n’est pas moi qui le dit mais l’un de mes amis vigneron qui me l’écrit.

 

« … Petit à petit, sa course tracée, devient un voyage autour du monde. Dans son bateau seul, la course puis les récompenses deviennent secondaires. Dans son bateau, Joshua (en hommage à Joshua Slocum, le premier marin à avoir fait le tour du monde en solitaire), il prend le temps de réfléchir, sentir, observer, lire. »

 

« Apprenant qu'un Anglais, Bill King, prépare le même voyage, un quotidien anglais, le Sunday Times, organise une course au règlement simplifié : chacun partira entre le 1er juin et le 31 octobre du port anglais de son choix ; il suffira ensuite de boucler le tour du monde par les trois caps, sans toucher terre et sans assistance. Deux récompenses à la clé : un chèque de 5 000 £ pour le plus rapide, et un trophée (le Golden Globe), au premier arrivé.

 

Ayant tout d'abord refusé de participer à cette course, Bernard Moitessier finit par accepter mais décline l'offre du Sunday Times d'emporter une radio24. Il part le 22 août 1968 de Plymouth, en Angleterre.

 

Très vite, Moitessier n'est plus dans l'esprit d'une compétition. Il profite des calmes de l'océan Indien comme d'un bienfait, et passe ses journées à nourrir les oiseaux. Quand il pousse son bateau au maximum, rajoutant des bonnettes sous la trinquette, c'est pour voir Joshua avaler les milles et ne pas rester trop longtemps sous les hautes latitudes, où il ne fait pas bon de traîner. Quand il s'inquiète de savoir où sont les autres, avec qui il s'est préparé à Plymouth, c'est par peur qu'il ne leur soit arrivé quelque chose. Et le marin passe le cap Leeuwin, au large de l'Australie, puis le cap Horn. Il commence alors à remonter vers le nord, pour s'éloigner de la zone des icebergs, se reposer et décide de continuer vers le Pacifique. Il expliquera plus tard: « Le bateau c'est la liberté, pas seulement le moyen d'atteindre un but. » Wikipédia

 

Cette première course autour du monde en solitaire, sans escale, devait rendre Moitessier célèbre : alors qu'il avait pratiquement bouclé son périple, le navigateur décidait d'abandonner de poursuivre sa route vers Tahiti et les eaux bleues du Pacifique. Une remarquable performance devenait pied de nez à la civilisation, aventure humaine unique et précieuse.

 

 

« La longue route » son journal de bord, devint un livre-culte.

 

« Grands calmes ensoleillés, aurores australes, vagues-pyramides émeraude ou déferlantes neigeuses jalonnent ce récit, où l'homme peu à peu gagne sa paix intérieure, construit sa liberté. Et, par la grâce d'une écriture poétique, simple et naturelle, nous emporte dans son sillage, « blanc et dense de vie le jour, lumineux la nuit comme une longue chevelure de rêve et d'étoiles ».

 

Alors qu'il a passé les trois grands caps, « il n'a plus qu'à » remonter vers Plymouth poussé par les Alizés. Ce qu'il ne fera pas.

 

 

À l'instant du doute, dans le paragraphe: « le tournant » ses sentiments sont les suivants :

 

« Je n'en peux plus des faux dieux de l'Occident toujours à l'affût comme des araignées, qui nous mangent le foie, nous sucent la moelle. Et je porte plainte contre le Monde Moderne, c'est lui, le Monstre. Il détruit notre terre, il piétine l'âme des hommes.

 

- C'est pourtant grâce à notre Monde Moderne que tu as un bon bateau avec des winches, des voiles en tergal, une coque métallique qui te laisse en paix, soudée, étanche et solide.

 

- C'est vrai, mais c'est à cause du Monde Moderne, à cause de sa prétendue « Civilisation », à cause de ses prétendus « Progrès » que je me tire avec mon beau bateau.

 

- Eh bien, tu es libre de te « tirer », personne ne t'en empêche, tout le monde est libre, ici, tant que ça ne gêne pas les autres.

 

- Libre pour le moment... mais un jour plus personne ne le sera si les choses continuent sur la même pente. Elles sont déjà inhumaines. Alors, il y a ceux qui partent sur les mers, ou sur les routes, pour chercher la vérité perdue. Et ceux qui ne peuvent pas, ou qui ne veulent plus, qui ont perdu jusqu'à l'espoir. La «Civilisation occidentale» devenue presque entièrement technocratique n'est plus une civilisation.

 

- Si on prenait l'avis des gens de ton espèce, plus ou moins vagabonds, plus ou moins va-nu-pieds, on en serait encore à la bicyclette !

 

- Justement, on roulerait à bicyclette dans les villes, il n'y aurait plus ces milliers d'autos avec des gens durs et fermés tout seuls dedans, on verrait des garçons et des filles bras dessus bras dessous, on entendrait des rires, on entendrait chanter, on verrait des choses jolies sur les visages, la joie et l'amour renaîtraient partout, les oiseaux reviendraient sur les quelques arbres qui restent dans nos rues et on replanterait les arbres tués par le Monstre. Alors on sentirait les vraies ombres et les vraies couleurs et les vrais bruits, nos villes retrouveraient leur âme et les gens aussi.

 

Et tout ça, je sais très bien que ce n'est pas un rêve, tout ce que les hommes ont fait de beau et de bien, ils l'ont construit avec leurs rêves... Mais là-bas, le Monstre a pris le relais des hommes, c'est lui qui rêve à notre place. Il veut nous faire croire que l'homme est le nombril du monde, qu'il a tous les droits, sous prétexte que l'homme a inventé la machine à vapeur et beaucoup d'autres machines, et qu'il ira un jour dans les étoiles s'il se dépêche quand même un peu avant la prochaine bombe.

 

Mais il n'y a pas de souci à se faire là-dessus, le Monstre est bien d'accord pour qu'on se dépêche... il nous aide à nous dépêcher... le temps presse... on n'a presque plus le temps... Courez ! Courez !... ne vous arrêtez surtout pas pour penser, c'est moi le Monstre qui pense pour vous... courez vers le destin que je vous ai tracé... courez sans vous arrêter jusqu'au bout de la route où j'ai placé la Bombe ou l'abrutissement total de l'humanité... on est presque arrivés, courez les yeux fermés, c'est plus facile, criez tous ensemble : Justice - Patrie - Progrès - Intelligence - Dignité - Civilisation... Quoi ! tu ne cours pas, toi... tu te promènes sur ton bateau pour penser!... et tu oses protester dans ton magnétophone!... tu dis ce que tu as dans le coeur... Attends un peu, pauvre imbécile, je vais te faire descendre en flammes... les gars qui se fâchent tout haut c'est très dangereux pour moi, je dois leur fermer leurs gueules... s'il y en avait trop qui se fâchaient, je ne pourrais plus faire courir le bétail humain selon ma loi, les yeux et les oreilles bouchés par l'Orgueil, la Bêtise et la Lâcheté... Je suis pressé qu'ils arrivent, satisfaits et bêlants, là où je les mène...

 

Les choses violentes qui grondaient en moi se sont apaisées dans la nuit. Je regarde la mer et elle me répond que j'ai échappé, à un très grand danger. Je ne veux pas trop croire aux miracles... pourtant il y a des miracles dans la vie. Si le temps était resté mauvais quelques jours de plus avec des vents d'Est, je serais très au nord maintenant, j'aurais continué vers le nord, croyant sincèrement que c'était mon destin. En me laissant porter par l'Alizé, comme dans un courant facile sans tourbillons ni choses mauvaises. En croyant que c'était vrai... et en me trompant. Les choses essentielles tiennent parfois à un fil. Alors peut-être ne doit-on pas juger ceux qui abandonnent et ceux qui n'abandonnent pas. Pour la même raison... le fil du miracle. J'ai failli abandonner. Pourtant je suis le même, avânt comme après. Dieu a créé la mer et il l'a peinte en bleu pour qu'on soit bien dessus. Et je suis là, en paix, l'étrave pointée vers l'Orient, alors que j'aurais pu me trouver cap au Nord, avec un drame au fond de moi.»

 

Lire : Bernard Moitessier : l’insaisissable des mers

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