Au 78 rue de Varenne affirmer que le Crédit Agricole n’était pas plus agricole que le Crédit Lyonnais n’était lyonnais était l’une de nos plaisanteries favorites. Nous savions bien que, dès que les vents politiques seraient favorables, à droite donc, le couple Barsalou-Douroux s’empresserait de jeter l’État hors de la Caisse Nationale pour ramasser la mise. Ce qui fut fait sous Balladur et, ironie de notre petite formule CASA racheta le Crédit Lyonnais privatisé pour le baptiser LCL afin de lui redonner une virginité perdue. Mais, bien plus encore, le mutualisme fut mis sous le boisseau, vive le grand large des acquisitions : Grèce, Portugal et autres pays faciles pour ramasser au bout du compte des ardoises salées. Depuis la maison se recentre sur ses métiers de base dit-elle et nous serine qu’elle est une banque mutualiste.
Mais la question n’est pas là, revenons au socialisme du Parti Socialiste auquel le Cambadélis 1er Secrétaire souhaite apporter, en ces temps de désamour populaire, un supplément d’âme.
Le socialisme a-t-il une âme ?
Je ne vais pas engager une nouvelle controverse de Valladolid…
Je plaisante bien sûr mais quand j’entends les braiements de certains petits frondeurs évoquant à propos des 35 heures égratignés par Macron les mannes de Jaurès, Blum, Mitterrand, Jospin et pourquoi pas Martine Aubry je me dis drôle d’attelage !
Socialisme vous avez dit socialisme !
Le Congrès de Tours, la grande césure de la première Internationale Socialiste, qui s’en souvient ?
PCF et SFIO…
Rocard sans aucun doute, intarissable sur le sujet, lui qui ne pouvait pas piffer la SFIO de Guy Mollet avec sa parole dure et sa pratique molle, et qui a tenté de driver un Parti Socialiste qui se disait Unifié alors qu’il n’était que divisé, avant de rejoindre celui d’Épinay accouché par le charentais de Jarnac dans le lit commun des cryptocommunistes du CERES de Chevènement et des qui bouffaient des communistes comme le Gaston Deferre de Marseille.

Appellation récente donc que ce Parti Socialiste qui, pour se hisser au pouvoir, a joyeusement pompé les voix des communistes empêtrés dans leur soutien au « socialisme réel » qualifié de « globalement positif » par la clique de Marchais.
Qui se souvient des 110 propositions de Mitterrand en 1981 ?
Socialistes vous avez dit socialistes ?
Vous m’expliquerez…
Même qu'ils sont obligés de ressortir ce pauvre Joxe caricature du Mitterrandisme...
Et du virage de la rigueur chère à Jacques Delors qui s’en souvient ?
Beaucoup d’éléphants j’en suis certain mais ce ne devait être qu’une péripétie dans la longue marche vers le socialisme, celui qui se situait entre le marché et le communisme selon Fabius au Congrès de Metz.
Ne riez pas…
Autre congrès fameux, celui de Rennes, où les éléphants du PS s’étripèrent comme jamais, Julien Dray et Mélenchon étaient copains comme cochon, sur la même ligne disons. Aujourd’hui le premier vote Macron, le second Varoufakis-Marinière et fait des risettes aux « khmers verts » en draguant le petit Laurent fils de son père.
Colonne vertébrale, vous avez dit colonne vertébrale !
Opportunisme oui, bonne vieille pratique mollétiste, c’est dans les vieux pots qu’on fait le bon beurre.
Allons, allons, c’est bien le Tonton qu’adulait Mélenchon qui a mis le gauchiste Tapie dans les pattes de Rocard pour lui faire ramasser une gamelle et l’exterminer politiquement.
Allons, allons, rappelons que c’est le Lolo qui a voté Non au référendum sur la constitution européenne qui est notre Ministre des Affaires Étrangères.
Allons, allons rappelons aux jeunes cons du MJS qui ont scandé à La Rochelle le nom de Christiane Taubira, pour remplacer Valls à Matignon, que c’est elle qui a fait prendre une gamelle à ce pauvre Jospin dont Mélenchon fut un sous-Ministre.
Liste non exhaustive à compléter si vous le souhaitez…
Accéder au pouvoir est une ambition légitime pour un parti politique dont c’est la raison d’être et l’alternance peut constituer la respiration de la démocratie si elle correspond à l’expression de choix clairs.
Du côté du PS, après la divine surprise de 1981 puis le bis de la France Unie où Mitterrand n’eut de cesse de virer son 1er Ministre trop populaire, puis une autre belle surprise avec la dissolution ratée de Chirac et une cohabitation inversée dont Jospin espérait tirer les marrons du feu, ce fut une longue traversée du désert avec un double effet : la prise du pouvoir local par une nouvelle génération de notables et l’installation dans une opposition frontale sans vrai projet d’alternance.
Résultat la rue de Solferino, qui déjà ne volait pas très haut, a enfanté une génération de petits apparatchiks pendant que les barons régionaux se constituaient des fiefs entourés de petites mains.
Résultat : une synthèse bouillie pour les chats comme projet et une impréparation dramatique à tenir les rênes du pouvoir d’État.
Voilà pour mon constat.
Je ne fais pas parti des déçus, j’assume mes choix.
J’ai été de ceux qui ont fait partie de la « 2e gauche » qualifiée par les plus sympas d’américaine, par les plus virulents de social-traîtres, derrière Rocardestaing, dixit le ressuscité Chevènement compagnon de route de Dupont-Aignan, et j’en suis fier.
De Rugy et Placé disent avoir abandonné EELV pour cause de dérive gauchiste, ils se trompent d’appellation, ils se trompent absolument, leurs ex-copains campent dans la maladie des partis groupusculaires : le sectarisme.
L’extrême-gauche française le cultive comme un bonzaï le sectarisme.
L’autre, celle de droite, n’a pas changée de nature, elle est xénophobe, raciste, démagogue, incompétente, pour moi infréquentable.
L’abstention est le premier parti de France !
De Gaulle a fait fabriquer par Debré une Constitution pour lutter contre le régime des partis et de leurs appareils. Nous sommes en plein dedans. Le récent épisode de l’ex-président, reprenant la tête de son parti, qui fut celui de De Gaulle, est édifiant.
Alors, socialiste le Parti Socialiste, je n’en sais fichtre rien car dans tout mon parcours citoyen je n’ai jamais vu ou lu, au-delà d’un étatisme de plus en plus inopérant et illusoire, le début d’un corps de doctrine me précisant ce qu’était ce fameux socialisme à la française.
On n’adhère plus au PS pour ses idées mais pour se faire élire, y’a qu’à vérifier le CV de ses élus pour être édifié. Pour ma part, j’ai adhéré à une section du XIIIe, celle de Paul Quilès, j’ai tenu 2 ans et j’ai fuis face au grenouillage et aux petits marquis.
Alors de gauche ?
Oui, par choix et conviction, mais pour gouverner et gouverner c’est choisir, ce n’est pas louvoyer, égrener des promesses pour se faire élire puis faire comme Tsipras ou notre Président, sous la pression de l’UE majoritairement favorable à une politique d’inspiration allemande, comme les autres : subir les évènements.
La césure n’est plus pour moi entre une Gauche et une Droite, par ailleurs fragmentées en de multiples chapelles ou écuries, mais entre les conservateurs de tous poils qui y campent et ceux qui veulent réellement réformer nos sociétés complexes aux opinions publiques velléitaires et traversées de désirs contradictoires.
Mon interrogation du moment est donc de savoir où sont ces femmes et ces hommes de bonne volonté prêt à s’engager pour gouverner la cité en lui permettant de s’adapter au monde tel qu’il est et non tel qu’on le rêve ?
Pour l’heure, comme sœur Anne, je ne vois rien venir et d’expérience je sais malheureusement que ceux qui parleront vrais n’auront aucune chance d’être élus.
Que faire alors ?
Pour tout vous dire je n’en sais fichtre rien ou, plus exactement, l’heure du choix n’étant pas encore venue je me contente, comme simple citoyen, de cultiver mon jardin loin du bruit et de la fureur du petit marigot politique si, disons-le tout net, très décevant.
En fait je ne suis guère optimiste car je sais qu’au bout du bout de l’élection présidentielle, suivi des législatives par la grâce d’un quinquennat renouvelable 1 fois, merci Jospin, les Français auront le Président et la majorité qu’ils méritent et ça ne me tirera pas une larme pour les plaindre, car croyez-moi, sitôt l’élection ils se plaindront…