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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 00:09

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Avec ce temps enfin d’hiver, pour chevaucher ma flèche d’argent, emmitouflé je suis, même la goutte au nez, et, lorsque j’arrive dans la caverne exquise d’Alessandra, tout près de l’église ND de Lorette, je goûte la douce chaleur du lieu, aussi bien celle des sourires que des calories.


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Je viens récupérer un précieux et rare flacon et je tombe nez à nez en entrant avec les Croxetti d’Alessandra, pour être franc je découvre une petite affichette où tout est dit sur les Croxetti.


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Pas le temps de respirer que me voilà embarqué dans une dégustation, sous les voutes de la belle cave de RAP, avec Loffredo Sabino vigneron à Pietracupa près d'Avellino, dans l’arrière-pays de la Campanie.


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Mais revenons d’abord aux croxetti ou corzetti qui font battre mon cœur d’ex enfant de cœur : pensez donc ces pâtes, les plus classes d’Italie selon Alessandra, ont la forme d’une hostie (2,5cm de Ø) décorées de motifs apposés à l'aide d'un poinçon en bois réalisé à la main.


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Alessandra est Génoise, et les croxetti « ont vu le jour dans les cuisines des riches familles patriciennes de la République de Gênes. Faites pour impressionner, ces pâtes étaient décorées à leurs armoiries : mets princiers pour maîtres puissants ! »


« Il ne reste plus qu'un seul artisan à perpétuer la tradition des croxetti, qui désignent à la fois les pâtes, mais aussi les poinçons en bois qui servent à imprimer les motifs qui les décorent. Pietro Picetti dont l'atelier se trouve à Varese Ligure, au sud de la Ligurie, grave ses croxetti d'étoiles, de rameaux d'oliviers, d'initiales ou de croix (qui sont avec les armoiries les motifs traditionnels et dont les croxetti tirent leur nom). Il se chuchote que l'empereur Akihito serait un client !


Ces poinçons ont deux fonctions. Le manche sert à découper la forme ronde des pâtes qui sont ensuite placées en sandwich entre le manche et la base du poinçon où sont gravés le motif qui va s'imprimer sur l’une des faces de  la fameuse hostie.


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Pour Alessandra « Les croxetti se dégustent idéalement nappés de pesto genovese. En effet, les rainures du motif absorbent et retiennent délicieusement la sauce. »


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Comme les vins de Loffredo Sabino m’ont séduit, de grand blancs sur 3 millésimes : 2003, 2008 et 2010, monocépage fiano et gréco qui sont typiques de la Campanie. Produit à 300 mètres d’altitude sur une fine couche d'argile et de sable recouvrant du compact tuf, héritage des anciens volcans les raisins prospèrent dans un climat certes très méridional mais bénéficie d’une amplitude thermique très importante.


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Ces vins, élégants, profonds, au merveilleux potentiel de vieillissement, les 2003 ont gardé une fraicheur exceptionnelle, sont d’une grande pureté, cristallins, avec une salinité remarquable pour le fiano et une pointe d’acidité que j’aime tant chez le gréco.


Les 2008 sont remarquables mais malheureusement quasi-introuvables. RAP bien évidemment vend les vins de Loffredo Sabino


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Belle découverte de 2 cuvées et d’un vigneron d’une grande simplicité…


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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 00:09

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« C’est clair comme de l’eau de roche : les gens qui ont eu vingt ans en 1968 – c’est mon cas – (et certains s’obstinent à penser que c’était le plus bel âge de leur vie – c’est mon cas –) ne seraient jamais descendus dans les rues si le poste de radio était resté sur l’étagère de la cuisine. »


En plein dans le mille Jacques Gaillard dans « Qu’il était beau mon Meccano » 24 leçons de choses.

 

Le transistor 


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Pourquoi diable ressortir des oubliettes le premier baladeur de l’histoire des ondes ?


Nostalgie d’un vieux 60-huitard en manque ?


Pas du tout, un gus qui lit beaucoup et en ce moment « Un an après » d’Anne Wiazemsky publié chez Gallimard.


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C’est Bernard Pivot, de l’académie Goncourt, dans sa chronique littéraire du JDD qui m’en a donné l’envie : Godard-Wiazemsky sur les barricades link


« Je ne me souviens pas d'avoir lu sur Mai 68 un témoignage qui sonne aussi juste et qui soit plus amusant. Anne Wiazemsky, 21 ans, habitait avec son mari, Jean-Luc Godard, rue Saint-Jacques, à l'épicentre du Quartier latin. Elle raconte, quasiment au jour le jour, sans en oublier les chaudes nuits, le séisme déclenché par Daniel Cohn-Bendit et les étudiants de Nanterre et de la Sorbonne. »


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Vous voyez bien les Michel, Bettane et Smith, qu’il m’arrive de suivre les conseils des critiques. 


Bonne pioche.


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La Chinoise de Godard

 

Page 40 : matin du 4 mai 1968 chez les Godard


-          J’ai dit : debout les loirs !


J’ouvris enfin les yeux, gagnée par sa bonne humeur et par la pièce baignée de lumière. Bien installée contre les oreillers, le bol de Nescafé à la main, je vis qu’il y avait aussi un transistor.


-          Je viens de l’acheter. On ne peut plus se passer d’écouter Europe numéro 1 et Radio Luxembourg, leurs journalistes sont formidables, ils se faufilent partout. Ce sont eux qui vont nous apprendre ce qui se passe.


Mes neurones assoupis se sont connectés, j’ai cherché et retrouvé dans mon foutoir de livres « Qu’il était beau mon Meccano » où je me souvenais d’avoir lu une rubrique sur le transistor.


Ha, le poste, je me souviens de celui du Bourg-Pailler, massif, devant lequel il fallait faire silence pour écouter Geneviève Tabouis sur Radio-Luxembourg ou Jean Nocher sur la RTF link. « Des speakers aux voix de barytons déclamaient avec componction les informations du « journal parlé », et les « présidents du Conseil de cette République versatile valsaient dans un silence attentif qui coïncidait, chaque soir, avec la soupe de légumes »


Avec le recul je lui trouve, à ce poste de radio, un petit côté Pousson.


« C’est vers la fin des années 1950, qu’un composant électronique donna, sans le vouloir, son nom abscons à une petite merveille : une radio capable de marcher sur piles, et donc d’aller partout. »


Le premier baladeur populaire donc !


3 fois moins de volume, « la bakélite remplaça le bois ; des couleurs impensables vinrent décorer l’appareil, jaune poussin, gris souris, grenat ; le prix dégringola… »


Le début de la société de consommation, la prolifération des marques, les sujets pour ados : les limites morales et tactiles du flirt… un peu de légèreté dans un monde bien lourd et triste…


« Le transistor devint le compagnon des enfants du baby-boom, le complice de leur puberté, le Méphisto de leurs rêves : ils lui vendirent sinon leur âme, du moins leurs oreilles »


Sous les draps j’écoutais Radio-Pékin (comme Godard d’ailleurs), le Masque et la Plume avec le duo infernal Bory-Charensol, de la musique…


« On raccourcit les jupes, on rallongea les cheveux, bref le foutoir commença… »


Sauf que « C’est aussi un transistor qui, un jour de février 1962, apprit à des lycées entiers qu’il y avait eu beaucoup de morts à la station Charonne, à Paris, donna la parole à des témoins, et suggéra qu’il n’y avait pas lieu de féliciter le préfet Papon comme le préconisait la radio d’État. Sur nos stations préférées, il n’y avait pas que de la musique… »


« Dites à Farkas de cesser de radioguider les manifestants, il nous complique la tâche. » Dès le 6 mai et après la manifestation de la place Maubert, où 345 policiers et 600 étudiants ont été blessés, Christian Fouchet, ministre de l'Intérieur, est excédé par les reportages de RTL. Le Premier ministre, Georges Pompidou, également, qui condamne « le rôle néfaste des stations périphériques. Sous prétexte d'informer elles enflamment, quand elles ne provoquent pas ». Le pouvoir essaiera de négocier auprès du directeur de l'information de RTL. En vain. Jamais la radio n'avait eu autant d'influence. Elle se moquait des autorités, qui après avoir maté l'ORTF espéraient faire taire les stations périphériques, que les partisans du général de Gaulle conspuaient en scandant : « Europe 1 à Pékin, RTL la chienlit ». Et, surtout, elle devenait légère, réactive, mobile : 200 000 transistors seront vendus en un mois, dans un pays pourtant en grève. »link


Écoutez : 60 ans d’Europe 1 : Mai 68 : link

 

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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 00:09

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Milena Agus a choisi de nous conter de l'intérieur la vie des victimes, les sœurs Porro, Luisa, Carolina, Vicenza, Stefania, « elles » dans le texte, à travers le récit d'une amie de la famille, « elle » dans le texte, leurs derniers jours et le drame.


« elle » aimait les sœurs Porro mais « elle » disait d’« elles » qu’elles ne servaient à rein.


« Leur maniaquerie, par exemple, ne servaient à rien : quand elles faisaient repasser leurs draps, elles exigeaient qu’on en fixe les coins avec des épingles pour que les ourlets coïncide parfaitement…


Leur richesse ne servait à rien, elles vivaient comme des pauvresses, non par pingrerie, mais parce que leur façon  de penser et d’être était ainsi faite, par nature. »


Dans leur palais, l’un des plus beaux d’Andria, place de la Mairie, elles vivaient hors du monde. « C’est cela qu’elles appréciaient. »


« D’ailleurs, les êtres humains ne pourraient pas vivre s’ils devaient endurer les souffrances de tous les autres, et ceux qui souffraient là-dehors n’étaient qu’une masse anonyme. Elles ne connaissaient aucune vendeuse de chicorée et de petit paquet de grenouilles, ni un seul esclave journalier de la place Catùna, elles n’avaient jamais vu un enfant pleurer  de faim, ni rencontré un soldat en déroute, ou un Juif espérant embarquer du port de Brindisi pour la Terre Promise. »


« Elles se retrouvaient toutes ensemble pour prier, sur les bancs sévères de leur chapelle privée…


Elles mangeaient comme dans une cantine pour nécessiteux…


Elles n’allaient pas au marché, parce que ça n’aurait pas été convenable…


La bienséance, l’élégance, primaient tout, « elles semblaient tombées là, dans le somptueux palais des Porro del Quadrone à Andria, par le plus pur des hasards, et n’y faire absolument rien, et elle avait le sentiment qu’ils étaient nombreux dans leur milieu à le penser. »


« Luisa et Carolina, vaille que vaille, étaient d’accord sur tout ; Vicenza, les désapprouvait souvent, elle avait une autre opinion, mais elle ne l’exprimait pas… Stefania, parce qu’elle s’était mariée, n’avait plus vraiment voix au chapitre quand les décisions étaient d’importance, et elle se ralliait à la majorité. »


« Toute décision devait être commune… »


« Elle » la narratrice, elle aussi bien nantie mais révoltée, une révolte ne prenant que les sentiers de l’imaginaire, rentrée, amoureuse du héros des journaliers, Giuseppe Di Vittorio, qui hantait ses nuits, elle mariée pour des raisons de convenance économique, l’accumulation du patrimoine, à un vieux, lui dont lui venait le vague espoir d’un monde meilleur. »


Elle découvrait que le vice originel de tous les ancêtres d’elles « résidait dans le mécanisme implacable qui faisait d’eux des affameurs, sans le moindre sentiment de culpabilité, car ils pensaient qu’au fond, les pauvres étaient responsables de leur pauvreté, qu’ils ne s’étaient pas donné du mal pour devenir riches comme eux, les Porro, l’avaient fait. »


« Gracieuses, raides et efflanquées, elles l’accueillaient, elle, pataude et replète, qui, assise sur le sofa avec les jambes trop écartées, faisait la révolution. Elles l’écoutaient, prenaient peur, et riaient en se cachant la bouche. »


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C’est un roman.


« Au départ, j’ignorais tout de cette histoire moi aussi, avoue Milena Agus. Mais elle m’a tout de suite fascinée. J’ai éprouvé de l’affection pour ces quatre vieilles filles qu’étaient les sœurs Porro. Ce qui m’attirait, c’était l’éternelle question de l’oppresseur ou de l’opprimé, ce qui va faire de vous un bourreau ou une victime. »


« Quant aux descendants des sœurs Porro, lorsqu’on leur demande aujour­d’hui comment elles étaient « en vrai », ils répondent unanimes : « Mais… exactement comme dans le livre ! » Comme s’il n’y avait rien de tel que l’invention, pour dire la vérité. »


Voilà, c’est écrit, sans doute que cette chronique n’atteindra pas les sommets de celle sur les conneries de JM Quarin, mais si, pour ceux qui l’auront lu, je ne leur donne pas envie de se précipiter chez leur libraire pour acheter Prends garde, ce livre écrit à quatre mains pour une révolte par Milena Agus, la romancière sarde, qui m’a conquis avec Mal de pierres Liana Levi, 2007, Battement d’ailes, La Comtesse de Ricotta, tous chez Liana Levi, et Luciana Castellina, journaliste, écrivaine et grande figure de la gauche italienne, ancienne parlementaire et cofondatrice du journal Il Manifesto, il me prendra une grande envie de poser ma plume et de me reposer…

 

Crédit photo : Quand les paysans défilent contre les propriétaires terriens... Studio Patellani/CORBIS

 

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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 00:09

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«La vie doit continuer, mais rien ne sera plus jamais comme avant… Rien n’a changé, les problèmes sont les mêmes… La vie doit reprendre sa place. Nous devons en sortir plus fort. Et à ceux qui s'interrogent : faut-il reprendre ses activités ? Je réponds oui »


Je vous laisse le soin de mettre un nom et une fonction sur l’auteur de ces propos mais beaucoup d’entre nous ont jugé qu’il fut à la hauteur de ces évènements dramatiques, ces dix jours d’effroi et d’émoi.


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Pour chanter la liberté et le goût de la vie je vous propose donc ce matin un extrait d’une thèse sur Jean Renoir présentée et soutenue par Séverine CALAIS pour obtenir le grade de Docteur d’Université de Nancy 2 Sciences de l’Information et de la Communication. (2006-2007)


Le titre « La politique d’un auteur ? Une analyse critique des personnages renoiriens link » ne donne pas forcément envie mais, malheureusement, au nom du sérieux doctoral, l’Université ne laisse guère de liberté à l’imaginaire, ce qui, pour une thèse spécialisée dans l’information et la Communication, est tout de même paradoxal.


Le contenu est beaucoup plus intéressant et je remercie par avance l’auteur d’excuser  mon petit emprunt à sa thèse. C’est pour la bonne cause !

 

 

« Mais pour Renoir aimer la liberté et aimer la vie passe nécessairement par l’amour de la “bonne bouffe” et du bon vin. On raconte que lorsque son père le vit pour la première fois, il se serait écrié: « Quelle bouche ! C’est un four ! Ce sera un goinfre ». Le petit Jean sera à bonne école entouré de son père peintre et de ses modèles aux formes appétissantes :


« Cette faiblesse [la gourmandise] le ravissait [Auguste Renoir]. Cet homme sobre haïssait les régimes, considérant ces sacrifices volontaires comme des marques d’égoïsme : « c’était un plaisir que de voir manger ta mère. Quelle différence avec ces femmes à la mode qui se donnent des rétrécissements d’estomac pour rester minces et pâles.»


Il est en effet amusant de relever la quantité de scènes qui se déroulent à table, dans une cuisine, autour d’un bon repas chez cet « Internationale de la fourchette – la seule probablement qui soit sérieuse, d’ailleurs parce qu’il est bien connu qu’on ne parle pas la bouche pleine et que ne pas parler est le plus sûr moyen pour ne pas dire des choses désagréables. » Dans tous les films de Renoir on pourrait s’amuser à dresser un menu gargantuesque digne d’un Octave amoureux, car on sait que pour lui, la nourriture est un baromètre du moral. Quand tout va bien il mange, quand quelque chose le perturbe, il perd son appétit ou du moins le laisse-t-il supposer pour amadouer ses amis.


Pourquoi ne pas commencer par un petit déjeuner qui serait composé des sablés de Célestine (Le Journal d’une femme de chambre), de croissants (French Cancan) ou de tartines de miel tant convoitées par la grand-mère de L’Homme du Sud. Tout ceci sera arrosé de lait (que Madame Lory a réussi à trouver pour son fils malgré les restrictions de la guerre : Vivre libre) ou de café amoureusement préparé par Nona Tucker (L’Homme du Sud) sur le vieux poêle.


Pour le dîner, un petit apéritif avec orangeade prise à l’ombre des arbres dans le jardin des Duvallier (Le Roi d’Yvetot) ou pastis sur la place du village pendant que les hommes jouent à la pétanque. Ces boissons peuvent être accompagnées de caviar « ces œufs de poissons [qui] ne sont supportables qu’en masse » (Le Dernier réveillon).


En entrée le chef vous propose un choix de salades : salade de tomate (ces pommes d’amour que le bataillon des Marseillais a rapportées avec lui (La Marseillaise) ou salade de pommes de terre dont le vin blanc a été versé lorsqu’elles sont encore chaudes (pour cela il faudra demander conseil au chef Léon Larive de La Règle du jeu). Ceux qui préfèrent la charcuterie ou les pâtés ne sont pas oubliés puisque le buffet propose des terrines (Le Déjeuner sur l’herbe), des pâtés de porc (mets de roi dans Le Carrosse d’or), ou du fromage de tête (Partie de campagne). Les Octave préféreront peut-être « une grande tranche de jambon » ou des rondelles de saucisson comme les Roubaud de La Bête humaine.


Puis la carte présente un large choix d’œufs : œufs sur le plat (La Règle du jeu), œufs à la coque (Les Bas-Fonds), ou œufs battus en omelettes diverses : omelette à l’estragon (Partie de campagne) ou omelette au jambon (La Bête humaine). Ceux que les œufs ne satisfont pas peuvent les remplacer par des sardines à l’huile. Attention, ne vous essuyez pas les doigts sur la nappe car ceci est aussi mal perçu que d’essuyer le cirage de ses chaussures sur le couvre-lit en satin ou sur les rideaux de la patronne (Boudu).


Le menu vous propose, en plat de résistance, un ragoût d’opossum abattu par Sam Tucker (L’Homme du Sud) ou de la volaille chassée en Sologne sur les terres du marquis de La Chesnaye (La Règle du jeu). Peut-être préférez-vous du gigot dont le meilleur morceau est réservé au professeur Alexis (Le Déjeuner sur l’herbe), ou du poulet rôti (mets royal dans La Marseillaise). Tout ceci accompagné de pommes de terre (dont doivent se contenter les Marseillais arrivés à Paris). Il faut que vous sachiez que la plupart des viandes proviennent de gibiers abattus à la fronde par Cabri sur les terres seigneuriales (La Marseillaise) ou pris au collet par Marceau sur les terres de la Colinière (La Règle du jeu).


Vous préférez le poisson ? Qu’à cela ne tienne. Une petite friture vous contenterait certainement. La direction vous promet que son poisson n’a pas été pêché par Anatole (Partie de campagne), qui taquine le chevesne (et non pas le “ch'val”comme le pense Anatole). Il ne sera pas non plus cuit par Paulette la servante des Duvallier qui sert un poisson cru, car il n’y a plus de gaz dans la bonbonne. Non rassurez-vous, ce poisson a été pêché par Sam Tucker à mains nues (L’Homme du Sud).


Nous vous laissons encore le choix d’un bon cassoulet spécialement préparé par Ballochet (Le Caporal épinglé).


Ici, c’est fromage ET dessert.


En fromage, il y a le camembert volé par Nini chez sa mère (French Cancan). En dessert la maison propose différents gâteaux : à la crème (La Chienne), ou au chocolat (La Femme sur la plage). Si vous préférez des fruits, vous aurez un vaste choix : mûres sauvages (L’Homme du Sud), grappe de raisins (rassurez-vous les abeilles ont été éloignées par Toni) ou vous aurez la possibilité de croquer dans une pomme comme Marceau-Adam croque dans le fruit défendu présenté par Lisette-Eve (La Règle du jeu).


Le repas sera copieusement « arrosé » par différents vins : vin blanc (pour Boudu), Bordeaux rouge ou vin d’Argenteuil (Partie de campagne). Nous vous ferons grâce de l’huile de ricin (On purge bébé) et de l’élixir du Docteur Cordelier. Par contre si vous le souhaitez, vous pourrez vous délecter d’une coupe de Veuve Clicquot (Le Journal d’une femme de chambre). Puis nous passerons au jardin déguster des chocolats et des bonbons comme Nana ou croquer quelques pétales de roses comme ce bizarre Capitaine Mauger (Le Journal d’une femme de chambre).


Pour ceux qui auraient encore un petit creux, le chef peut confectionner très rapidement des sandwichs appréciés par l’inspecteur Maigret lorsqu’une enquête le retient sur le terrain. Et surtout n’oubliez pas de vous brosser les dents, brossage dont Louis XVI aurait volontiers « tâté » (La Marseillaise).


Ceci n’est qu’un bref aperçu d’un menu que l’on constituerait à partir des films de Jean Renoir. Mais outre les allusions directes à la nourriture, on pourrait relever de nombreuses allusions indirectes comme le contremaître de Toni qui résume sa théorie du flirt en expliquant qu’il a horreur « de la sauce sans le rôti », ou encore Toni qui déclame que « [son] pays, c’est celui qui [le] fait bouffer » ou encore dans La Marseillaise, « l’estomac est un organe qui ignore les subtilités de la politique ». Nous retrouvons le même intérêt pour la « bonne bouffe » dans Les Cahiers du capitaine Georges : « La boustifaille d’abord, les bagatelles après ».


Pour Renoir:


« Rien n’est plus délicat que la dégustation en commun de nourritures de qualité. Ce sont les convives eux-mêmes qui transforment un repas quelconque en une fête des sens. Comme toute œuvre d’art cette réunion de palais ne prend son importance que pendant qu’on lui fait un sort » 


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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 00:09

Qu’est-ce qu’un journalier ?


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Journalier (peinture de László Mednyánszky)

 

Andria, la piazza Catùna, le marché au bras, « une masse d’hommes et de jeunes garçons debout, présents dès l’aube, journaliers et cozzali (colons, métayers, paysans, qui disposaient de si peu de terre qu’elle ne leur permettait de survivre). Tous les jours là, à trois heures du matin l’été, et à quatre heures l’hiver, agglutinés au centre de la place, avec leur pioche, en quête d’une journée. Attendant d’être choisis par le métayer après avoir proposé un chiffre, aussitôt baissé par le voisin qui espérait voler la priorité. Des enchères à l’envers, la concurrence pour deux kilos de pain et un kilo de fèves. En fin de matinée, les paysans dont personnes n’avaient voulu s’attardaient sur la place, après que les heureux élus s’étaient dirigés vers les champs. Ils n’avaient plus d’espoir, mais ils restaient là, leur pioche, désormais inutile, entre les mains, car ils n’avaient pas d’autres endroits où aller. »


« Quand il était encore socialiste, Mussolini était venu ici, et, lors d’un meeting qui s’était justement tenu piazza Catùna, il avait appelé la ville « la lionne rouge de l’Italie ». C’était en 1912. »


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Nicolas Sacco, né en 1891 dans un village des Pouilles, Bartolomeo Vanzetti lui est né dans un village du Piémont

 

« Les journaliers (logeaient) dans des maisons qui étaient creusés dans les murs d’enceinte, et qui ne faisaient qu’un avec les étables et les dépôts de blé. Il n’y avait pas de fenêtres et la lumière ne filtrait que par les portes. Dans la journée, on ne pouvait pas rester à l’intérieur ; on vivait donc à l’extérieur, subissant en été, la chaleur étouffante, et le froid en hiver.


En général, ces habitations appartenaient à ceux qui avaient fourni aux paysans un quart d’hectare ou un demi-hectare à cultiver ; un lopin de terre qui donnait tout au plus entre vingt et trente jours de travail, alors que les trois cent quarante restantes étaient chômées. »


Nous sommes en 1946 « La situation dans les Pouilles était restée telle qu’elle était au début du XXe siècle : une agriculture capitaliste avec de grandes agglomérations regroupant le prolétariat agricole, et des relations  moyenâgeuses, sur le plan social et culturel. »


« On devenait paysan à six ans, dès qu’on était Avant la guerre, ils restaient dans les masserie au temps des semailles et ne rentraient chez eux que tous les quinze jours, les hommes trimant dans les champs dès quatre heures du matin, alors qu’il faisait encore nuit. Quand le soleil se levait, ils avaient déjà fait trois heures, et leurs vêtements étaient trempés de rosée. »


« C’était toujours mieux que cinquante ans auparavant, quand les journaliers qui allaient vendanger se voyaient affublés d’une muselière pour les empêcher de manger le raisin. »


« L’idée courante était que les ouvriers agricoles n’étaient pas des êtres humains comme les autres, mais des frisulicchi, des bêtes de somme. Dans les rapports établis par les commissaires  à la sécurité Publique, la population d’Andria et des villages voisins était « une masse agricole, ignorante, analphabète et aux instincts bestiaux. »


Le PCI et l’UDI, l’Union des femmes italiennes, qui avaient organisé les « trains du bonheur » en Émilie, sitôt la guerre terminée, et les paysans de cette région « rouge », avaient accueillis et hébergés de nombreux enfants des Pouilles.


Trains du bonheur « Oui, du bonheur, parce que ces enfants comprirent, à ce moment-là, qu’on pouvait vivre sans connaître la faim, même dans les campagnes. Et, encore aujourd’hui, quelques vieillards se souviennent de l’étonnement des enfants, lorsqu’ils découvrirent que l’on pouvait manger trois fois par jour. »


Ces extraits sont puisés dans un livre écrit à « Quatre mains pour une révolte » par deux italiennes Luciana Castellina et Milena Agus.


Ils sont de la plume de Luciana Castellina, née à Rome en 1929, c’est une femme engagée, dissidente du PCI et fondatrice du Manifesto, longtemps Députée européenne. Intellectuelle flamboyante, féministe, écrivain et journaliste, elle a été de tous les combats du dernier demi-siècle.


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« Prends garde » chez Liana Lévi c’est donc l’histoire avec Luciana Castellina côté pile et un roman avec Milena Agus côté face, ou l’inverse si vous le voulez.


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« Dans le journalisme, on apprend à séparer les faits du commentaire. Et si la littérature faisait de même : distinguer le roman de l’histoire vraie ? Non seulement c’est possible, mais cela donne un résultat captivant et même étrangement moderne…» écrit le Monde.


Ces extraits sont un peu la toile de fond de l’histoire sanglante des demoiselles Porro qui « n'étaient séduisantes d'aucun point de vue, timides, douces mais peu affectueuses, elles n'avaient guère de conversation, se montraient prudentes dans leurs jugements et n'étaient pas friandes de ragots. Elles n'inspiraient pas l'admiration. »


Elles étaient riches, quoique différentes, et à mille lieues de ce maelstrom d'ares, d'hectares et de palais qui constituait le monde, auquel elles s'agrégeaient par devoir et sans enthousiasme. » (Milena Agus)


Je vous en parle demain…


Mais avant un poil de géographie via un chroniqueur québécois « Si on compare l'Italie à une botte féminine, les Pouilles (Puglia) correspondent au talon aiguille et à son prolongement dans l'arrière du mollet. En partant de la pointe sud, la péninsule est bordée par le golfe de Taranto à l'ouest et par la mer Adriatique à l'est (le Salento). Plus au nord, le territoire est limité à l'ouest par les contreforts montagneux des Apennins et est toujours bordé à l'est par les eaux de l'Adriatique (le Gargano).


En tout, une bande de terre d'environ 400 km de longueur sur à peu près 50 km de largeur. Précisément 19 350 km2. »


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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 00:09

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Dans un commentaire, un journaliste bourguignon de chez bourguignon, style conformiste, sur le mode flatté, s’étonnait que je le lise.


Étonnant, non ! Comme le disait Mr Cyclopède, alias Pierre Desproges, en chute de sa désopilante minute.


Oui, je suis de la vieille école, je lis, je lis beaucoup…


Et je lis même Pousson, c’est dire que je suis un bon garçon !


Certains me feront remarquer que si je vais consulter des idées liquides&solides c’est parce que le Pousson il affiche souvent du nichon.


Eh bien non, je suis plus adepte du poids des mots que du choc des photos et, même si Pousson a ses têtes, comme moi j’en ai aussi, je le lis.


Je lis, donc, y compris Pousson, mais je ne fais plus aucuns commentaires sur les murs de Face de Bouc où sévissent des bordées de langues de putes qui n’ont que ça à faire.


Ce matin je ne vais pas déroger à la règle que je me suis donnée pour 2015 mais me contenter pomper Pousson, en tout bien tout honneur, bien sûr, à l’aide de quelques citations de sa récente chronique du 27 janvier Roussillon bashing.


Pourquoi ?


Parce que j’aime le Roussillon où j’ai traîné de long mois mes guêtres de médiateur !


Parce que, comme l’éminent amateur qu’est Pousson, moi qui n’en suis pas un, je partage à 100% sa « dernière remarque, fondamentale à ses yeux, car elle concerne l'existence même de ces notes, de ces classements, de ces nomenclatures d'un autre âge. »


Comme il l’a déjà écrit « maintes fois à propos d'autre cotations du même tonneau, cet exercice de style, auquel comme beaucoup j'ai pu croire il y a si longtemps, est parfaitement ridicule, dépassé, ringard. Rosemary George elle-même, dans l'article sur le Roussillon, évoque le problème et, apparemment (ou poliment) embarrassée par les résultats émet quelques réserves. Elles sont bienvenues, ma chère, mais quand un système déconne, mieux vaut en changer! »


Comme l’écrit le Pousson d’au-delà des Pyrénées :


« Au fait! Évitons les propos liminaires, aussi chiants qu'une master class, et filons aux résultats. « Des résultats décevants" tranche Decanter qui note que sur les quatre-vingt-deux échantillons testés, aucun n'a été classé dans la plus haute catégorie établie par le magazine: « outstanding ». Pas de vins « exceptionnels », donc, seulement 6% de vins « hautement recommandés », et plus du tiers juste « correct »!


« S'ensuivent une brochette de lieux communs qui ne dépayseraient pas un chef de rayon de pousse-caddie (…) sans oublier la sacro-sainte typicité dont on semble quand même apprécier qu'elle ait été respectée par une majorité de vins*. »


Et une petite volée de revers et de bois vert pour Rosemary George MW, « l'experte », « qui, accusant les crus de manquer de fruit et de profondeur, explique que « l'on ne va pas en Roussillon pour l'élégance »


Bien d’accord avec Pousson : « les vignerons locaux apprécieront… »


Elle est le long de la ligne la volée « On ne va pas non plus nécessairement au pays des bouffeurs de jelly et de porridge chercher de fins palais… »

 

Entonnons la proverbiale chanson de Surcouf : « Buvons un coup, Mesdames, buvons en deux, Messieurs / À la santé des amoureux / À la santé du Roy de France / Et merde pour la reine d’Angleterre / Qui nous a déclaré la guerre ! »


Vengeons Azincourt lisons Pousson : c’est ICI link


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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 00:09

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Les QHS ça ne dis rien aux jeunes gens qui surfent sur la Toile et pourtant avant l’alternance de 1981 ce fut un sujet qui mobilisa la fine fleur de l’intelligentsia autour de Roger Knobelspiess et de son livre  QHS : Quartier de haute sécurité, Éditions du Rocher publié en 1980. (cf. vidéo ci-dessous).

 

La photo : ROGER KNOBELSPIESS LORS DES OBSÈQUES DE FRANÇOIS CAVANNA AU PÈRE LACHAISE À PARIS. LE 6 FÉVRIER...


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L’homme n’était pas un enfant de chœur, ce qu’il n’a jamais nié, c’est un gamin né en 1947 dans un monde d’«écrasés vivants », à Elbeuf dans la cité des Écameaux « terrain vague flanquée de HLM sordides style Emmaüs, béton désaffecté… » voir la vidéo ci-dessous


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« Les pauvres regardent les pauvres, la tragédie se joue en direct, miroir des uns et des autres […] ça commente, ricane, jette de l’huile sur le feu et au troisième étage les acteurs de la scène s’étourdissent d’incompréhension, espèce de jeu fou d’un couple qui s’affronte […] Hier soir Georges, le voisin du troisième, excité par l’alcool a fait œuvre de mutin à l’intérieur de son propre foyer. Sa femme le trompe avec Ahmed, qui habite au premier étage. Elle bénéficie du charme des apostrophes et autres gentillesses des voisines qui l’insultent banalement, régulièrement :


-         Hé ! Pouffiasse à bicots, tu le baisses ton tourne-disques, j’ai ma fille qu’est malade ! C’est pas une honte ? Espèce d’ordure, coche, si t’arrêtes pas ça tout de suite, j’viens  t’défoncer la gueule moi ! Tu vas voir…


La poufiasse à bicots ne manque pas de répondant :


-          Ben viens, vieille morue… Tu crois qu’tu m’fais peur, non mais ! Le bicot t’emmerde et crois-moi y bande bien, c’est pas comme ton bonhomme qui me court au cul et qui peut plus t’sauter… Hé, boudin, grosse vache, t’es juste bonne qu’à être cocue !


C’est l’échange de poésie de la cité des Écameaux… La suite entre ce soulard de Georges, le cocu notoire, ouvrier chez Malassieux spécialisée dans les égouts, et sa Monique, cinq gosses au compteur, dont le cinquième « est basané et a tous les traits d’Ahmed » et à l’image de la misère ordinaire.


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C’est dans le livre  le roman des Écameaux de Roger Knobelspiess publié en 1984, après sa sortie de prison, 17 ans sous les verrous, il en fera 26 au total, gracié par le nouveau Président de la République.


« Quel bonheur pur, quelle jubilation (amère) que de tomber sur ce faux roman qui dès les premières lignes vous empoigne, puis vous secoue, vous dessille les yeux sur des réalités qu’on ne faisait que soupçonner… » écrivait Maurice Nadeau.


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Republié chez Buchet Chastel ce « voyage terrible et éprouvant dans la misère sociale de la France d’il y a trente ans. Aujourd’hui, rien n’a changé et cette écriture si singulière, violent et poétique, maniée « comme une arme à fouiller le réel », nous parle au présent »


Mais revenons à l’ami Moineau, prématurément vieilli, qui porte déjà sa trentaine en vieux prolo usé. Il est avec ses verres de pastis comme un chalutier rouillé qui résiste aux tempêtes. Bâtisse humaine que lézardent le « pif », les travaux ingrats sur les chantiers, le froid, la mauvaise nourriture, il a les yeux vitreux, les veines violacées, stigmates d’une alcoolémie avancée : une effigie de la multitude des déshérités. Moineau, quel phénomène, déglingué mais gaillard ! Une bonne cuite, il est ivre mort, vraiment ivre mort ; là-dessus, un petit somme de quatre heures et notre homme nous revient frais comme un gardon. J’entretiens son vice, je lui paye un, deux et trois « p’tits coups ». Le bougre. À ce jeu, c’est moi qui trinque. Avec sa voix traînarde, brailleuse : « Dis, y es-tu, bois ton verre. » L’autre jour au garage de Michel, bien éméché, il brillait d’éloquence à mon sujet : « Roger, il est bête… Sa première voiture, une traction, il l’a achetée quinze mille balles (anciens) et elle avait l’embrayage qui patinait, mettre quinze mille balles là d’dans, faut être bête ! Hein, j’ai pas raison ? » Les autres silencieux, opinent du chef. Consensus présent quand les poivrots n’ont pas envie de s’étriper entre eux. Ils sont là, dans la caravane de Michel, ils lui vident des bouteilles et lui, le grand Michel, il espère les faire bosser. Mais Moineau se ravise, il parle, il parle : « Oui, Roger, c’est un bête qu’est devenu intelligent grâce aux livres… Ah ! J’le connais mieux qu’les journaux et les juges, à quatorze ans on sortait ensemble, on s’est même retrouvés en taule pour des vols de bagnoles… Alors, tu vois que je le connais ! Moi, j’sais qu’il est bête, mais intelligent parc’ qu’y sait parler, hein… En prison, il l’a eu le temps d’lire… Bon. On reprend un p’tit coup ? Michel, y nous fait chier, c’est pas lui qui commande ici… »


Le labyrinthe des réprouvés…


Lire L'ex-taulard écrit à François Hollande link


 

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 00:09

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C'est dimanche je suis en roue libre vous avez donc droit au service minimum


Le Malheur what it is?


Je vous propose donc ce conte chinois qui peut se poursuivre à l’infini :


«  Un paysan chinois perdit un jour son cheval.


-         Quel malheur ! dit son voisin.

-         Qu’en savez-vous ? répondit le paysan.

 

Et en effet, le fils aîné ramena outre le cheval perdu trois chevaux sauvages.

 

Le voisin dit :


-         Quel bonheur !

-         Qu’en savez-vous ? répliqua le paysan.

 

Et en effet, le fils aîné se brisa une jambe en dressant l’un des chevaux sauvages.


Le voisin dit alors :


-         Quel malheur !

-         Qu’en savez-vous ? rétorqua le paysan.

 

 

Et en effet des soldats vinrent dans le village, afin de recruter parmi les jeunes gens et le fils aîné, alité, fut épargné… »

 

(…)

 

Ray Charles by LiamMcClukkin


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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 00:09

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JM Quarin  annonce la couleur « Ce devait être une grande et belle soirée de dégustation des vins les plus rares et les plus chers du Languedoc Roussillon. Ce fut la pire dégustation jamais faite bouteilles achetées. »


De là à avoir titré sa CHRONIQUE 182 : QUAND LES VINS DU SUD VONT MAL il y a un pas que lui seul peut franchir, comme si ces deux domaines représentaient à eux seuls la quintessence des vins de South of France. L’inculture économique des critiques de vin est portée là à un niveau maximal.


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JM Quarin n’aime ni les vins nature c’est son droit, ni les financiers incultes au goût du vin mais alors pourquoi organiser des dégustations pour cette population qui, à Zurich, autour de la table se gaussait maladroitement ? Tant bien que mal ils essayaient de faire bonne figure, tiraillés entre la valeur financière, le dégoût suscité et la honte d'afficher socialement sa profonde méconnaissance… ».


Son attitude vis-à-vis des vins chers semble, elle, fonction de leur origine. Bordelais un jour bordelais toujours.


Je suis bien d’accord, autour de 100 euros H.T. la bouteille de la Grange au Père rouge, vin de Pays de l'Hérault et 70 euros H.T. la bouteille pour du Domaine Gauby la Muntada, c’est cher, d’autant plus qu’un consommateur ordinaire, lui, contrairement au sieur Quarin, se tape les taxes en sus. Le consumérisme n’est pas la tasse de thé de nos éminents dégustateurs.


J’adore la question de Quarin faussement naïve de JM Quarin « Pourquoi des vins si décevants peuvent-ils être si chers ? »


La réponse est d’une simplicité biblique : tout bêtement parce qu’il se trouve des consommateurs pour le payer ; ce n’est pas un scoop les GCC sont aussi dans cette position.


Objection votre Honneur : les GCC, eux, même chers sont sont rarement décevants !

 

Pas si sûr !


La déception c’est un espoir déçu, êtes-vous si sûr monsieur Quarin qu’un amateur de vin nature ne vous renvoie pas votre question en boomerang à propos des nectars chers sur lesquels vous vous extasiez ?


Pour ma part je suis très à l’aise : je n’achète ni les uns ni les autres, mon bonheur est ailleurs…


Comme chez JM Quarin on ne déguste pas à l’aveugle, ça permet à l’organisateur de faire mousser ses choix « Au milieu de ce désastre j'ai introduit l'excellent Clos Louie 2011. Ce bel Outsider a fait son effet et réintroduisant à la fois du goût, du plaisir et du « bien élaboré ». Idem pour Seguin 2007, délicieux en ce moment. Soit deux vins valant entre 15 et 25 euros la bouteille ! »


Quel homme ce JMQ !


Mais là où le bât commence à blesser c’est que les notes des 2 flingués, sauf un 9 pour le Domaine de La Grange des Pères 2011, tournent toutes autour de 14-15-16…

 

Certes, un grand amateur, ne pète que dans le 18-19 ou mieux dans les 98-99 du grand Bob, mais tout de même voilà bien une attitude caractéristique de dégustateur : on dit que c’est quasiment imbuvable, facile puisqu’on ne boit pas, on crache, et après on se permet de noter sur l’échelle 20 avec une étrange mansuétude. Bien sûr, ce n’est pas la gloire mais  La Petite Sibérie 2004 du Domaine du Clos des Fées n’a que 16 et le goûteux outsider Chante Cocotte 2010 15,75.

 

En principe, la note de dégustation n'est pas fonction du prix...


Pour le consommateur que je suis la seule note qui peut être attribuée à un vin « nez réduit, animal et feuillu. Peu agréable. Bouche ample et juteuse au départ, mais évoluant sèche après quelques secondes. Note verte dans la persistance. » c’est la note évier, le genre zéro pointé.


Titrer « les vins du Sud vont mal » avec pour échantillon « représentatif » aussi réduit  des verticales 2011, 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003 et 2011, 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005 sur 2 domaines et sur la base d’une telle confusion entre commentaires de dégustation et notation, je pèse mes mots, discrédite ce type d’exercice.


Affligeant !


Jugez par vous-même :

 

1ière  série


-          Domaine de La Grange des Pères 2005 14 // 85

 

Non décanté

Couleur sombre et évoluée, d'intensité moyenne. Nez fruité et vif avec une note végétale de type feuilles froissées. Bouche caressante au départ, savoureuse, mais après le milieu la saveur devient végétale. Dommage.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2003 14 // 85


Non décanté

Couleur sombre et évoluée, d'intensité moyenne. Nez réduit, animal et feuillu. Peu agréable. Bouche ample et juteuse au départ, mais évoluant sèche après quelques secondes. Note verte dans la persistance.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2004 13 // 81


Non décanté

Couleur évoluée et moyennement intense. Nez fruité, animal et végétal. Bouche simple et verte en finale.


 

2ième  série


-          Clos Louie 2011                             16,5 // 92

 

Décanté.

Couleur sombre, intense et belle. Nez fruité, mûr, frais, pur. Bouche grasse, au toucher soyeux se développant très fruitée, juteuse, avec de l'éclat dans le goût et des tannins fins. Enfin du bon vin ! C'est délicieux et incrachable.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2011 9 //68

 

Décanté.

Couleur sombre et légèrement évoluée. Nez animal, végétal et feuillu. Bouche imbuvable tant elle est dominée par la sècheresse et le végétal.


 

-          Domaine Gauby La Muntada 2011    15 // 87

 

Décanté.

Couleur sombre, intense et belle. Nez fruité et poivré. Bouche grasse, fruitée, savoureuse, un peu animale, mais malheureusement gazeuse. C'est dommage car la saveur est bonne.


 

3ième  série


-          Domaine Gauby La Muntada 2010    16 // 90

 

Décanté

Couleur sombre, intense et belle. Beau nez mûr, frais, fruité et fumé. Jolie entrée en bouche savoureuse. Très fruité, le vin se développe parfumé, sur un toucher noble et une bonne longueur. Aucune perception gazeuse.


 

-          Chante Cocotte 2010                     15,75 // 89

 

Décanté.

Couleur intense, vive et belle. Nez fruité, frais, mûr. Note de goudron. Bouche savoureuse, grasse, très fruitée, au corps moyen. Persistance réglissée à la saveur nette. Longueur normale. Pour son premier millésime, ce vin étonnant à 100 % merlot s'en sort plutôt bien.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2010           14,5 // 86


Décanté.

Couleur intense et belle. Nez végétal. Jolie entrée en bouche, puis le vin se développe ample. Mais il se déconstruit après le milieu et finit sec.

 

 

4ième  série


-          Domaine Gauby La Muntada 2009    17 // 94

 

Décanté.

Couleur sombre, intense et belle. Beau nez frais, fruité, mûr, de fleurs, réglisse et violette. Bouche soyeuse, très parfumée et très savoureuse. Elle est légèrement gazeuse en milieu de bouche, mais le gras, l'équilibre et les nuances de réglisse et violette dans la persistance sont superbes.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2009           12 // 77

 

Décanté.

Couleur sombre, d'intensité normale et légèrement évoluée. Nez curieux. La bouche se présente végétale avec un fruité oxydé.


 

5ième  série


-          Domaine du Clos des Fées La Petite Sibérie 2007  15,75   // 89


Décanté.

Couleur intense et jeune. Nez fruité, mais avec une pointe d'acidité volatile. Suave à l'attaque et au développement, fruité, ce vin évolue agréable, mais simple en finale. J'espérais plus.


 

-          Domaine Gauby La Muntada 2008    15,5 // 88


Décanté.

Couleur évoluée d'intensité moyenne. Le nez sent le Sud. Notes d'amande et de porto. Bouche fruitée, savoureuse au départ, un peu légère et un peu granuleuse dans la persistance.


 

6ième  série


-          Domaine de La Grange des Pères 2007          14 //  85


Non décanté.

Couleur intense, belle et légèrement évoluée. Nez fruité, un brin feuillu, mais moins que d'autres millésimes. Goudron. Bouche d'abord juteuse, suave, soyeuse, mais après le milieu la saveur verte domine.


 

-          Seguin 2007                                   16 // 90


Non décanté.

Couleur intense, belle et jeune. Nez au fruité mûr. Goudron. Bouche juteuse, suave, au toucher subtil avec enfin du goût ! C'est incrachable et tout en nuances.

 

-          Domaine Gauby La Muntada 2006    13 // 81


Non décanté.

Couleur d'intensité moyenne et claire. Nez discret et parfumé comme un vin blanc sec. Certains participants lui trouvent une odeur de pomme et de cidre. La bouche a un goût de cerise, de vanille, de porto, mais malheureusement elle pétille beaucoup.


 

7ième  série


-          Domaine Gauby La Muntada 2005    15 // 87


Décanté.

Couleur d'intensité moyenne et évoluée. Nez fruité de cerise. Bouche savoureuse, fruitée, suave, mais gazeuse.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2008           15 // 87


Décanté.

Couleur sombre et intense. Nez fruité, truffé et goudronné. Pour une fois la texture est bonne et sans assèchement, mais la saveur reste verte.


 

-          Domaine de La Grange des Pères 2006           13 // 81


Décanté.

Couleur sombre et intense. Nez fruité et vif. Bouche fruitée au départ, mais évoluant sèche. Vin non construit.


 

Pendant le repas


-          Domaine Peyre Rose Clos des Cistes 2003       15,75 // 89


Décanté. Servi en magnum.

Couleur évoluée. Nez de fruits mûrs. Bouche caressante, fruitée, tendre, de corps moyen. Tannicité fondue. Finale simple. Longueur moyenne.


 

-          L'Archange 2005 (Saint-Emilion grand cru)       16 // 90


Décanté.

Couleur sombre, intense et belle. Nez de fruits mûrs. Truffé. Bouche juteuse, parfumée, grasse, savoureuse, évoluant légèrement ferme dans la persistance. Belle longueur. Attendre. Il s'agit d'une micro production (1,2 ha) élaborée par Pascal Chatonnet : 100 % merlot sur un sol argilo-sableux.


 

-          Domaine du Clos des Fées La Petite Sibérie 2004  16 // 90


Décanté.

Couleur sombre, intense et belle. Nez de fruits mûrs. Truffé. Bouche de suite ample et grasse, évoluant très fruitée, puissante, mais avec une pointe d'alcool légèrement asséchante dans la persistance. Longueur normale.

 

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© Copyright

Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin Sarl, 10 allée de Ginouilhac, Le Taillan-Médoc. France. - E-mail : jmquarin@quarin.com

Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser ces notations à condition de ne pas les déformer et en citant l'origine de leur source : www.quarin.com  ainsi que son auteur : Jean-Marc Quarin (JMQ).


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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 00:09

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Je ne vais pas vous faire le coup de « je vous l’avais bien dit » mais me contenterais de rappeler que souvent je vous ai demandé de réfléchir avec le recul nécessaire.


La profondeur chère à Alessandro Baricco, tout le contraire des barbares qui ont inventé l’homme horizontal qui consacre tout son temps, son intelligence à voyager en surface, au lieu de se damner à plonger en profondeur.


Le surf, l’instant, l’absence d’effort, le flux tendu, la superfiacilité…


-          En février 2008 j’avais écrit une petite chronique à propos de La société de défiance.


C'est le titre d'un petit opus (99 pages format 14x18) qui a été élu par le magazine Lire MEILLEUR ESSAI 2007, il est sous-titré : « Comment le modèle social français s'autodétruit » il est signé par Yann Algan et Pierre Cahuc du Centre Pour La Recherche et ses Applications dirigé par un économiste dont j'apprécie les analyses Daniel Cohen.  


« Même si je ne suis pas très amateur de grandes enquêtes internationales menées par des officines spécialisées, les grandes tendances qu'elles dégagent sont significatives et donnent une grille d'analyse intéressante. Pour avoir vécu en direct, les mains dans le cambouis, le blocage des routes par les camionneurs, le « siège » de Paris par les tracteurs de la « Coordination Rurale », les exactions en tout genre des CAV, des producteurs de pomme de terre bretons, des éleveurs de moutons contre les camions anglais... Je partage largement le diagnostic avancé par les auteurs dans la seconde partie de l'ouvrage. Comme à l'accoutumé je vous livre des extraits de l'introduction pour vous inciter à lire l'ensemble.


Pourquoi les Français ne se font-ils pas confiance ? Pourquoi se méfient-ils autant de leurs voisins que des politiciens, de la Justice, ou des médias ? Et surtout quelles sont les conséquences pour notre capacité à faire société et à dégeler notre économie ?


La suite ICI link


-          La Chronique de Brice Couturier du 09.09.2014 La société de défiance


« Pourquoi les Français ne se font-ils pas confiance ? Pourquoi se méfient-ils autant de leurs voisins que des politiciens, de la Justice, ou des médias ? Et surtout quelles sont les conséquences pour notre capacité à faire société et à dégeler notre économie ?


Dans une étude devenue classique de 2007, « La société de défiance, comment le modèle social français s’autodétruit », les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc pointaient le rapport étroit entre défiance et incivisme. La France, selon un sondage du World Values Survey est le pays où la plus forte proportion de personnes interrogées ne trouvaient « pas injustifiables de réclamer indûment des aides publiques ». Et c’est aussi l’un des trois pays où la méfiance envers les autres et les institutions est la plus élevée.


Explication : dans une société où chacun soupçonne son voisin de tirer avantage du système, chercher à en faire autant n’apparaît pas comme fautif. Quand les règles passent pour universellement tournées, ceux qui les respectent se sentent floués. Quand les simples citoyens apprennent qu’un député, voire un ministre, ne paye pas ses impôts, ils sont incités à frauder eux-mêmes. Le niveau élevé de la fraude, fiscale et sociale, dans notre pays, qui contraste avec la vertu des Scandinaves, pourtant bien taxés, eux aussi, s’explique de cette manière. »


La suite ICI link


-          « La Fabrique de la défiance... et comment s'en sortir », de Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg : le pessimisme, un mal français


Cinq ans après la sortie de leur premier livre commun, La Société de défiance (Ed. Rue d'Ulm, 2007), salué par la critique, Yann Algan et Pierre Cahuc revisitent, avec leur confrère André Zylberberg, le pessimisme français. A partir des résultats d'une série d'enquêtes internationales comme le World Values Survey ou européennes comme l'European Social Survey, et des travaux de recherche en sciences humaines les plus récents sur le capital social, les auteurs insistent sur l'ampleur du mal-être des Français, qui "grandit".


« Des informations, disséquées par des milliers de chercheurs montrent que le bien-être dépend de la qualité des relations sociales", soulignent les auteurs... Ils observent que, depuis l'après-guerre, la hausse des niveaux de vie dans les pays industrialisés ne s'est pas accompagnée d'une hausse significative du bien-être. Ce paradoxe, ils l'expliquent pour la France par la conviction que « la défiance est au cœur de notre mal » et « détruit notre lien social ». Ils décrivent une société « refermée sur elle-même » dont « la défiance par indifférence réciproque s'entretient d'elle-même ».


Comment expliquer ce travers français ? D'abord par notre école, « archétype de l'enseignement vertical ». « Nous sommes les champions de l'absence de travail en groupes », déplorent les auteurs, dont deux sont enseignants, en insistant sur le coût de ce dysfonctionnement, à savoir des résultats médiocres et des inégalités. « Nos méthodes pédagogiques et la formation de nos enseignants favorisent un élitisme forcené qui se révèle contre-productif. Y compris dans l'entreprise », écrivent-ils.


La suite ICI link 

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