« Les porcs étaient égorgés, on les plongeait dans un bain d’eau brûlante, afin d’amollir leurs soies, facilitant ainsi leur arrachage. Des milliers de porcs subissaient quotidiennement ce traitement. Bien avant midi, il régnait dans ces bassins une puanteur fétide de sang et d’excrément mêlés. Personne n’y faisait attention. Les carcasses étaient plongées dans cette mixture sans nom ; elles étaient censées être nettoyés au contact de l’immonde liquide ! En tout état de cause, c’était le seul bain qu’elles subissaient ; elles étaient immédiatement débitées en tranches de lard, jambons, côtes et autres morceaux, puis jetées fumantes, dans des tonneaux de saumure, prêtes à la vente. Mais il y avait pire encore. Tous les jours, l’eau était renouvelée. Mais les bassins n’étaient réellement nettoyés que lorsque l’accumulation des résidus sur les parois était telle qu’il fallait vraiment récurer. Tant que n’étaient mises en danger que la qualité de la viande et la santé des ouvriers, rien n’était fait. En été, ces bassins puaient atrocement sans que personne ne se soucie de ces véritables cloaques.
- On travaille pas dans la parfumerie, ici, avait déclaré un industriel du secteur, riche à millions, et qui pensait avoir réglé la question de cette réconfortante manière. »
- Les ouvriers pataugeaient constamment dans le sang, disait-il, sang qui était récupéré dans des conduites et utilisé dans la confection des saucisses. »
Bon appétit !
Rassurez-vous je ne vous décris pas là l’état des abattoirs de cochons de nos voisins allemands, qui dans leurs Länder de l’est font la nique aux abatteurs bretons.
Ce sont les abattoirs de Chicago au début du XXe siècle, décrit par Franck Harris dans La Bombe publié en 1909. la dernière goutte
« Chicago doit sa fortune et sa réputation aux énormes abattoirs (Union Stock Yards), installés au nord de la ville en 1865. À l’époque, ces abattoirs (les plus grands du monde, bien sûr) traitaient jusqu’à 19 millions de têtes de bétail par an, et faisaient vivre d’innombrables usines de traitement de la viande, où travaillaient plus de 30000 ouvriers.
Les abattoirs ont fermé définitivement leurs portes en 1971. En l’honneur du sympathique ruminant qui a quand même largement contribué à l’enrichissement de Chicago, on a choisi le bœuf comme symbole de la ville. Les Chicago Bulls, ça vous dit quelque chose ? Nous avons tous en mémoire la visite de Tintin (dans Tintin en Amérique) aux abattoirs de Chicago, et ses déconvenues avec les gangsters locaux.
Depuis, les abattoirs ont déménagé et les gangsters ont remisé leurs sulfateuses. »
Guide du routard