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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 00:09

À l’heure où Jean-Louis Borloo tente de ressusciter le Parti Radical dit Valoisien il me semble important que les jeunes générations sachent que les notables de ce vieux parti pilier de la IIIe République furent les prototypes des élus sachant boire et manger lors des banquets républicains ou ceux des comices agricoles. Afin de ne point tacher leur linge enveloppant leur bedaine ils glissaient d’imposantes serviettes sous leur col de chemise et la déployaient largement.

 

« Mettre quelqu’un à toutes les sauces » traduit bien dans la langue populaire le goût immodéré des Français pour les sauces. Depuis que Marie-Antoine Carême, le premier véritable grand-chef et codificateur de la cuisine française, le chef des rois et le roi des chefs, imagina une classification des sauces en les divisant en quatre catégories, chacune ayant pour base une « sauce mère » : la sauce allemande (jaune d’œuf et jus de citron), la béchamel (farine et lait), la sauce espagnole (bouillon de viande ou de poisson et roux brun et mirepoix), le velouté (bouillon clair de viande ou de poisson et roux blanc) ces 4 sauces ont constituées la base toutes les autres mais aussi la base de la cuisine française.

rodolphe-trouilleux-palais-royal-demi-siecle--L-8.jpgL'enseigne du magasin Corcellet (Musée Carnavalet) Au Gourmand Louis Philibert Debucourt

 

Lorsque Dodin-Bouffant subit sa première attaque de goutte et que Bourboude son médecin lui intime un « Pas de Viande ! »  celui-ci explique à Adèle que « Viande n’est pas chair, et le poisson léger, facile à digérer, ne m’est pas interdit. Je n’en abuserai pourtant pas. »

« Et le régime de Dodin se balança désormais entre des aillolis et des fonds d’artichauts farcis, des triples consommés aux quenelles onctueuse et d’incomparables fricassées d’oignons, des cardons sous toutes les formes et des champignons variés, à tous les accommodements, des truffes abondantes et des gratins au fromage, des fondues épaisses et des croustades de laitance. Les céleris et les endives préparées richement, les coulis d’écrevisses, les escargots à la Provençale, les œufs de vanneau à la Du Barry, les quiches et les ramequins, les omelettes aux pointes d’asperges ou au thon, les œufs à la Bressane, aux anchois ou à la Béarnaise, les macaronis au lard, à la Demidoff ou à la sauce Madère, les pommes de terre en pâte, en galette, à la crème, à la barigoule, les risottos, les salades à la Lorraine, à l’Impératrice, à la Lucifer et au Prince de Galles, les concombres à la Poulette, les épinards frits glacés, les aubergines à la Palikare, occupaient dès sept heures la table de Dodin-Bouffant. Il y coula des flots de sauce Bordelaise et Gaillarde, Grand-Veneur et Indienne, Mirepoix et Rouennaise, Sainte-Menehould et à la Sultane... »   La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet Marcel Rouff édition Sillage   

 

Dans une édition de 1952 d’un ouvrage Le Monde à table de Doré Ogrizek les sauces sont classées :

1-     en Sauces Blanches

2-    en Sauces Brunes

3-    en Sauces  Émulsionnées

4-    en Sauces et Apprêts divers

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Cuisine riche symbolisée par Fernand Point, héritier d’Escoffier, le triple étoilés (1933) de La Pyramide à Vienne « Du beurre ! Donnez-moi du beurre ! Toujours du beurre » Le grand tournant c’est les 10 commandements de Gault&Millau de 1973 : le 7 et le 8 donnent un coup d’arrêt à la richesse de la chère : « Tu élimineras les sauces riches » et « Tu n’ignoreras pas la diététique ». Si le commandement 7 est explicite pour les sauces le 8 est plus sournois car il met en branle la déification de la forme qui s’attaque bien sûr à une consommation appuyée de vin au déjeuner d’affaires par exemple. Mon affirmation en titre « Le lent déclin de la sauce française accompagne la haute consommation de vin au restaurant » n’est pas un effet de manche mais une réalité. Du côté addition la légèreté dans les assiettes et dans les verres s’est traduite par un alourdissement des douloureuses comme le soulignait avec ironie la critique gastronomique anglaise Elizabeth David « La nouvelle cuisine, hier comme aujourd’hui, désigne une cuisine légère, moins abondante et plus coûteuse. »

 

Bien évidemment je ne fais pas parti de ceux qui regrettent la cuisine lourde, grasse, baignant dans la sauce, mais je ne suis pas non plus de ceux qui s’esbaudissent face aux préparations chichiteuses en assiette qui une fois ingurgitées vous laissent sur votre faim. J’aime manger à ma faim sans me bâfrer. Je déteste sortir d’un repas avec la sensation de faim. J’ai besoin d’un minimum de lest et de sucres lents. Pire encore que cette histoire « qu’on mangerait aussi avec les yeux » c’est l’horreur absolue de devoir écouter, souvent être même obligé d’interrompre une conversation, pour subir de la part du serveur ou du maître d’hôtel la description du plat qui vient de vous être servi. C’est prétentieux. C’est impoli. C’est chiant. Pour moi la bonne cuisine n’a pas besoin de ce type de VRP. Elle se suffit à elle-même. Si les clients sont demandeurs je n’ai rien contre qu’on les satisfasse mais pour les autres : de grâce silence radio ! La vraie, la grande, la bonne cuisine c’est lorsque les choses ont le goût de ce qu’elles sont (je crois que la maxime est de Curnonsky). J’ai trop de respect pour ce que fait la main, celle du chef et de sa brigade, pour subir ce type de mise en scène vaniteuse. En revanche, pouvoir exprimer sa satisfaction à qui de droit, sans être sollicité m’est toujours apparu comme la moindre des politesses.

 

Du côté des vins je vais oser une vacherie qui va me mettre à dos les Grands Sommeliers des Restaurants de Haute Gastronomie : j’ai comme le sentiment, qu’à l’image de certains chefs, certains d’entre eux sont plus attentifs à leur renommée médiatique, qu’au service des vins. Comme s’ils étaient là, bardés de leurs médailles comme les hiérarques de l’ex-Armée Rouge, pour justifier l’outrageux coefficient multiplicateur des vins. Bien sûr ma remarque souffre de nombreuses exceptions dont je me ferai un plaisir de souligner l’existence dans de futures chroniques. Si je frappe un peu fort c’est que je déplore trop souvent dans la restauration française en général,  quel que soit son statut, que le traitement du vin est à la fois la cinquième roue du carrosse et la vache à lait. Air connu me direz-vous. Oui, mais si ces messieurs les critiques gastronomiques patentés voulaient bien s’intéresser aussi à la carte des vins, au lieu de ne blablater que sur la tortore, les rideaux, la mini-jupe de la serveuse, l’humeur du patron ou le parcours professionnel du chef, je pourrais ne pas psalmodier en boucle les mêmes ritournelles. Vu le poids dans l’addition du vin ils pourraient peut-être s’intéresser un peu aux cochons de payants que nous sommes. Sans faudra-t-il que sur la Toile nous pallions à leur carence !

 

Sorry, j’allais oublier dans les causes de la chute de la consommation de vins au restaurant le ballon ! Pour ma part je pratique hors la ville « conduit celui qui ne boit pas » (souvent la madame qui ne boit qu’un verre) ou en ville transport en commun ou, ne le dites pas à la maréchaussée : mon vélo.

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 00:09

Ne voulant pas être en reste avec Bernard Arnault et François Pinault, grands collectionneurs d’œuvres d’art contemporain et châtelains bordelais, le premier étant aussi, comme vous le savez, grand « producteur » de boissons alcoolisées festives : Champagne et Cognac, nos amis de l’ANPAA ont commandité auprès de l’artiste Pierrick Sorin une œuvre baptisée : Binge Drinking.

 

Pour mes lecteurs récents afin de mieux connaître le pedigree de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie ils peuvent se reporter à de saines lectures :   

 

- 21/11/2008 Une petite bordée de questions à nos "amis" l’ANPAA… link

 

 - 11/06/2009 Les dirigeants de l’ANPAA vus de profil : instructif ! link

 

- 30/10/2009 Matricule 17044 : au rapport ! L’argent de l’ANPAA est aussi le vôtre link

 

Je vous joins aussi  leur MESSAGE IDENTITAIRE (sic) voir ci-dessous.

 

Si vous souhaitez voir les comptes de l’ANPAA allez sur son site www.anpaa.asso.fr moi j’ai renoncé à faire œuvre utile puisque tous les journalistes qui m’avaient dit vouloir enquêter sur cette Association, qui vit essentiellement de fonds publics, soit y ont renoncé, soit leur rédaction n’a pas jugé opportun de publier leurs investigations. Quand aux parlementaires, si soucieux de l’argent public, rien de rien...

 

Le Binge Drinking ayant été l’un des premiers à le dénoncer : 15 janvier 2007 (voir chronique Se déchirer grave link ) je me sens donc très à l’aise pour porter un regard ironique sur cette initiative très « je surfe sur la tendance chic » de nos beaux esprits moralisateurs de l’ANPAA. En effet : c’est beau comme un vernissage chez Templon sauf que le 3 mai dernier, lorsque le Dr Rigaud, président de l’ANPAA, a prononcé de fortes paroles (lire ci-dessous) les invités ont carburés au jus d’orange importé de Floride ou au Coca Cola je suppose.

 

Comme je suis beau joueur, et défenseur du mécénat (voir mon autre chronique du jour link  ), moi je lève mon verre de vin tranquille ou effervescent, de la couleur que vous souhaitez, à la santé de l’artiste Pierrick Sorin. La commande publique (voir les financeurs) c’est bon pour le moral de nos artistes ! Cependant, sans être vulgairement grossier : pourrait-on me donner le montant total du budget consacré au financement de cette œuvre ? Oui, comme je suppose que l’INPES en est le principal financeur c’est un peu moi et nous tous qui avons mis notre main au portefeuille, ce serait bien de nous informer. Ce n’est pas un secret d’Etat je pense, vous n’allez pas m’opposer le Secret Défense j’espère !

 

Hormis ces détails bassement matériels permettez-moi de douter du caractère pédagogique du transport de cette installation multimédia (vidéo, son, théâtre optique) dans nos Grandes Ecoles et Universités. Franchement à qui allez-vous faire avaler que nos jeunes pousses têtes d’œufs puissent être dissuadés de se pochetroner grave après avoir contemplé l’œuvre de Pierrick Sorin. Le truc Paul sur le chemin de Damas quoi : « le burlesque a apprivoisé mon angoisse, je ne suis plus dans le déni Marie, plus de TGV, la défonce c’est fini, je ne finirai plus mes nuits le nez dans le caniveau, je ne carburerai plus qu’à l’eau... de vie ! » Vous vous foutez vraiment de la gueule du monde les alcoologues réunis. Plutôt que de jouer les salonards vous feriez mieux d’essayer de comprendre les ressorts profonds de cette pratique du binge drinking. Projet innovant dites-vous ! Fuite en avant d’obsédés de la communication dont l’efficacité tend vers la nullité absolue.

 

Bien évidemment vous êtes contre tout programme « éducalcool » puisqu’en bons prohibitionnistes masqués  vous êtes contre tout premier verre. « Pas touche car tu vas être un alcoolique en puissance ! » Ridicule ! Néfaste ! Sans attache avec la réalité de la vie, vous êtes dramatiquement en retard en toutes choses vous qui dites innover. Vous vivez dans le déni de réalité arquebouté que vous êtes sur votre vieux fond de commerce que vous essayez d’étendre en captant toutes les nouvelles addictions que notre société permissive jette en pâture sur le Net. C’est vrai que jouer nuit gravement à la santé des porte-monnaie surtout ceux des moins riches. Je vais m’en tenir là car je vous trouve lamentables messieurs les cooptés de l’ANPAA. Vous sentez la naphtaline et le moisi : ouvrez les fenêtres et affrontez la vraie vie bordel ça vous fera le plus grand bien !

 

A bientôt sur mes lignes messieurs les mécènes aux petits pieds, les nôtres, de vigne bien sûr...

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 00:09

Face à ce titre mon correcteur automatique d’orthographe, comme la cohorte des obsédés de l’accord du participe passé et autres joyeusetés orthographiques, sont bien sûr déjà en transes. Ils frisent l’apoplexie, me vouent aux gémonies. Désolé mais je ne manie ici que des noms propres, des marques déposées de cuvées du domaine Robert Sérol, alors ne venez pas me chercher des poux dans la tête, détendez-vous, soyez beaux joueurs accordez moi l’absolution pour mes fautes passées et à venir.

 

La fricassée, dans ma Vendée profonde et bocagère, consistait à saisir dans du beurre salé chauffé, juste grésillant, dans une grande poêle bien culottée, surtout des petits poissons : sardines sablaises, céteaux, éperlans ou des coquillages : moules, coques, pétoncles. Bien sûr nous fricassions aussi des champignons, de la grenaille de patates, des abats mais, dans mon souvenir, ce qui me ravissait c’était les fricassées de petits poissons car mémé Marie sauçait la poêle avec un beau bout de pain de 4 livres. La mie du pain se gorgeait du beurre frit. « Attention c’est chaud ! ». Je humais le parfum puis je glissais la bouchée confite (en patois la bechaille) entre mes lèvres bien mieux qu’une hostie, le suc embeurré au goût de mer s’épandait, tapissait ma bouche. Je fermais les yeux. Extase ! Le beurre de sardines link Bienheureux ce temps où les nutritionnistes étaient dans les limbes et j’étais mince et long comme une asperge.

 

Alors, chers lecteurs, puisque vient l’été adonnez-vous à la fricassée de ce vous voudrez mais osez la fricassée de sardines en premier puis, pour surprendre et étonner vos amis tentez la fricassée de céteaux et, cerise sur le gâteau offrez-vous une fricassée de tellines.

Attention le seul ingrédient autorisé est le beurre salé qui n’a rien à voir avec le beurre demi-sel. Achetez-le en motte chez votre crémier qui vous l’enveloppera dans du papier sulfurisé.

 

- Pour la Fricassée de sardines : seule la petite sardine fraîche sablaise peut vous procurer le vrai plaisir. Vous pouvez la commander via Denis Boireau ou aller l’acheter aux Halles des Sables d’Olonne.

 

- Pour la fricassée prière de vous reporter à ma chronique Fricassée de céteaux au beurre de pot   link on trouve le céteau d'avril en septembre dans les bonnes poissonneries mais vous pouvez vous adresser à Denis Boireau car le céteau estpêché entre les Sables d'Olonne et Arcachon.

 

- Pour la fricassée de Tellines vous reporter à ma chronique Patagos à la crème link Les patagos sont des coquillages rares qu’on peut encore trouver à L’Île d’Yeu (voir Denis Boireau) alors que vous trouverez plus facilement des Tellines chez votre poissonnier (Telline de Camargue)

 

Mais comme mes fricassées donnent soif alors passons de mes souvenirs gouteux à des vins qui ne se prennent pas au sérieux. Tout a commencé par une dégustation en mai 2009   Une ligne de rosés pour faire briller les yeux des filles et émoustiller les garçons… link. L’une des révélations fut sans contestation Le Cabochard du Domaine Robert Sérol www.domaine-serol.com le mieux noté, plébiscité.

 

Donc pour accompagner mes fricassées j’ai fait tester 4 cuvées du domaine Sérol par deux blocs de jeunes dégustateurs majoritairement féminins : Magalie, Nathalie, Naime, Eva... À noter que dans les deux cas ce fut une dégustation accompagnant un petit miam. Ce furent donc des vins bus et j’ai noté que tous les flacons furent descendus jusqu’à la dernière goutte.

 

- Cabochard Côte Roannaise 2010 pur Gamay 12% vol : toujours aussi craquant de fruit, acidulé, un très beau rosé d’été. Toujours au top !

 

- de Butte en blanc Viognier 2010 Vin de Pays d’Urfé 12% vol : une belle matière, généreux, de beaux aromes, belle finale, a fait l’unanimité. Antonin a beaucoup apprécié de découvrir un nouveau vin de pays.

 

- (L’) Incorruptible Côte Roannaise 2010 100% Gamay 12% vol vinifié naturellement sans ajout. Vin de pure gourmandise qui se boit par belles lampées car il désoiffe et qui sera aussi un beau compagnon pour mes petits poissons fricassés.

 

- Turbullent Gamay effervescent, fermentation naturelle en bouteille, 8,5% vol a fait se pâmer Magalie. Elle en veut de suite une caisse même si elle n’est pas très fan de l’étiquette (moi aussi) Il a tout pour lui ce coquin, ce turbulent avec 2 L : vif, fin, malin, il fait briller les yeux des filles et émoustille les garçons.

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Suivez-moi les yeux fermés ! C’est que du bon et, croyez-moi, le doux grésillement du beurre salée dans la poêle, les petites sardines ou les céteaux qui se dorent, je puis vous assurer que ça ne sent pas la poiscaille, ça sent le beurre roussi. Et puis, si vous voulez me faire plaisir en plus de mes fricassées citées vous pouvez vous faire une belle poêlée de pétoncles. Pour ceux qui l’ignoreraient, le pétoncle, est une coquille Saint-Jacques miniature (j’y reviendrai dans une chronique). Et dire que, lorsque je jouais au basket à la Vaillante Mothaise, de Roanne je ne connaissais que la Chorale avec Alain Gilles qui passera ensuite à l’AS Villeurbanne. Maintenant, avec Jean Sérol, Robert Sérol, Stéphane Sérol et les autres … je mets leurs beaux vins de la Côte roannaise sur ma carte de vins. Un grand merci à Carine pour son accueil aimable au téléphone.

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« Propriété familiale depuis le XVIII ème siècle, le domaine s’est transmis de père en fils depuis 5 générations, et chacun a apporté sa pierre en s’adaptant à son époque. Aujourd’hui cette belle histoire de famille continue

Robert SEROL a repris l’exploitation familiale de polyculture en 1964, avec 2 ha de vignes à un moment où le vignoble était en perdition. Persévérant et passionné, il a tout de même choisi la viticulture. Accompagné de son épouse Marie-Thérèse, ils ont fait grandir le domaine et ont obtenu le classement AOC de la Côte Roannaise.

Stéphane SEROL a repris le flambeau en 2000. Respectueux de son terroir et amoureux du vin, il agrandit le domaine, élargit la gamme de rouges, plante du Viognier et propose de nouveaux rosés. Après avoir modernisé l’exploitation, avec Carine, sa compagne, ils mettent l’accent sur l’environnement et la sélection des terroirs.

Aujourd’hui les 24 hectares de vignes certifiés Terra Vitis, viticulture durable, produisent toute une gamme de rouges et 3 rosés qui révèlent tous une personnalité différente du Gamay et donnent des vins frais et gouleyants. Depuis 2010, un blanc à partir de Viognier vient en complément.

 3 à 5 personnes travaillent au quotidien dans les vignes et Aline vous accueille au caveau en semaine. »

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 00:09

Dans un premier temps j’avais titré ma chronique je déballe mon QR code mais j’ai très vite compris, qu’en ces temps de confusion où les mots peuvent devenir assassins, je risquais gros. Alors je m’en suis tenu à une stricte description de la réalité. Et pourtant, si je reviens un instant sur les débats hargneux de ces derniers jours, la ligne de partage entre faire la cour à une femme et le harcèlement est simple à tracer car, messieurs, pour moi c’est toujours la femme qui décide. J’aime trop l’amour pour le réduire à une banale histoire de cul : la mécanique ne m’intéresse pas. Bref, l’art et la manière valent mieux que la besogne mais il n’empêche que le langage vert a bien plus de saveur que les petits mots comprimés. Je suis un obsédé de la beauté, des femmes bien sûr. La beauté ne se réduit pas à leur plastique, elle se capte au premier regard, au premier mot, dans une alchimie non réductible aux hormones.

 

Digression certes mais il me fallait écrire ce qui me pesait sur le cœur ces derniers temps. Autre précaution, avant que je ne déballe le QR code j’avertis tous les allergiques aux nouveaux outils de communication : Smartphones par exemple que cette chronique est urticante.

 

Le QR code, en anglais « Quick Reponse » est une sorte de code barre en 2 D. Il se présente en général sous la forme d’un carré noir et blanc qui contient, à la différence d’un code-barres classique beaucoup d’informations : « 7089 caractères numériques, 4296 caractères alphanumériques ». Pour le décoder, pour le lire il faut un téléphone portable équipé d’une application QR code. Il a été créé en 1994 par l’entreprise japonaise Denso-Wave et il commence maintenant à s’étendre en Europe et dans notre beau pays. Ceux d’entre vous qui souhaite en savoir plus peuvent se reporter sur le site http://www.code-qr.net . Ce qu’il vous faut savoir en effet, cher amis vignerons, c’est que « le code QR est très pratique car il est tout d'abord gratuit, simple à lire et simple à créer. En effet à partir d'un texte, adresse url, image, numéro de téléphone... il est possible de créer son propre code QR »  

 

Pour preuve, mes amis de PUR, Cyril Alonso&Florian Looz www.p-u-r.eu en ont collé un au cul de leur Dauphine (voir photo ci-dessous). Le plus drôle dans cette histoire c’est que Cyril et moi (Florian n’était pas encore embarqué dans PUR à l’époque) ont s’est connu pour une histoire de Q : plus précisément pour sa cuvée Grand Q Glacé Château Gonflable. Bien évidemment je l’avais asticoté et ses adorateurs outrés m’avaient cassé du sucre sur le dos toute la matinée. Le soir Cyril s’est pointé sur mon espace de liberté : la suite de l’histoire dans une prochaine chronique...  Le QR code n’est pas un gadget de plus. Il permet au consommateur acheteur de votre flacon d’accéder à des informations. C’est donc un lien simple et direct avec vous.

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 00:09

L’Enfer a occupé une place de choix dans mon élevage vendéen : que de fois fus-je menacé d’y aller en aller-simple si je péchais mortellement... Franchement ça ne m’a jamais impressionné, fait ni chaud ni froid si je puis dire. Ce Diable, dit Belzébuth, avec ses pieds fourchus, sa queue pointue et son trident m’est toujours apparu comme une menace d’opérette, bouffonne, relevant d’une comptabilité de notaire de la vie éternelle. Dès que j’ai eu trois sous de conscience, je n’ai jamais cru à la vie éternelle : franchement la trilogie paradis, purgatoire, enfer, nichée au fin fond du ciel avec escalier de service pour descendre, relevait du boniment de pochtron. Bien évidemment, pour avoir la paix, je me suis bien gardé d’exprimer mon scepticisme narquois même si, à ma pauvre mère, qui voulait faire de moi un curé, je répondis tout même un jour de guerre lasse : « maman j’aime trop les filles ! » qui la plongea dans l’affliction.

 

Pour certains hommes de pouvoir, à l’instar de la célèbre phrase de Sartre « l’Enfer c’est les autres » dans sa pièce « Huis-clos » manifestement : « L’Enfer c’est les femmes ! » Dans mon cas ce n’est pas le cas : j’aime les femmes et bien évidemment pour elles je me damnerais car comme le chante Adamo : « c’est ma vie, je n’y peu rien c’est elle qui m’a choisi, c’est ma vie, c’est pas l’enfer, c’est pas le paradis... » alors vous vous doutez bien que même si, comme tout un chacun, chaque jour qui passe me rapproche de l’envol final, de la mise en bière, l’Enfer avec tout son saint frusquin de grilles à rôtir et de braises rougeoyantes ne hante ni mes jours, ni mes nuits. Alors pourquoi diable tartiner sur le sujet me dire-vous ? Tout simplement parce que je fais l’objet de la part d’une charmante Plaimontaise, répondant à la lettre K, d’un harcèlement textuel.

 

En effet, voilà t’y pas que mes amis de Plaimont se sont entichés du Démon, le malin, jusqu’à l’affubler d’un black béret et de le chausser de sabots pour baptiser leur dernière cuvée : Rosé d’Enfer. Va pour goûter le fruit défendu, femme tentatrice, Eve objet entre les doigts fourchus du démon qui nous fit chasser du Jardin de l’Eden. Au risque de choquer je suis fort L1010400-copie-1.JPGaise qu’elle ait succombée et que ce benêt d’Adam l’ait suivi. Trop de délices tue le délice, que serait notre vie sans le péché, la transgression, un long fleuve tranquille où nous aurions tous des tronches de pensionnaires d’une clinique de remise en forme voyageant en car pour une dégustation d’Eau de Luchon.

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Ce Rosé d’Enfer l’achèterais-je rien que pour son nom ? La réponse est non. Je l’achèterais parce qu’il est un enfant de Plaimont. Que mademoiselle K se rassure je ne suis en rien la réincarnation du consommateur-cible de ce rosé et mon avis ne vaut pas plus qu’un avis parmi d’autres. Pour autant le concept est sympathique, gentiment provocateur, un chouia transgressif en diable et puis, après tout, il m’a inspiré cette chronique hautement philosophique. Que mademoiselle K ne se décourage pas pour autant, l’ouvrage est de qualité, avec une petite pointe de naïveté qui, après tout, va très bien à la fraîcheur de ce rosé. De plus, dans ce petit jeu, mademoiselle K, j’ai beaucoup apprécié votre ténacité, votre envie de me convaincre, fine et légère, pleine d’humour, alors je vous dis, en Grand Satan que je suis, continuez sur ce bon chemin vous recueillerez demain les fruits de vos efforts !

 

Reste, afin de ne pas subir les foudres de mon ami André, qu’a toujours la tête près du béret, je vais ouvrir cette bouteille de ce Rosé d’Enfer pour accompagner une platée de bulots aux piments de Cayenne que j’ai acheté chez le poissonnier de la rue du Bac qui cuit, selon les becs fins avec qui j’étais en Aubrac, les « meilleurs bulots de Paris » ( les nature que j’ai dégustés à l’Ecaille Saint-Honoré était top aussi). Ça tombe bien car l’Enfer et le piment de L1010404Cayenne vont bien ensemble : le rouge, le feu et le souvenir d’un vrai enfer sur terre : le bagne de Cayenne. Le décor est donc planté.

 

 

Le bulot ou buccin ondé Buccinum undatum (Linnae, 1758) vit dans les eaux froides de l'Atlantique Nord. Cette espèce, à grande répartition géographique et à forte densité sur les zones côtières, est largement exploitée depuis une cinquantaine d'années au Canada et en Europe du Nord. En France, la quasi totalité des débarquements est réalisée en Ouest Cotentin par une flottille de caseyeurs. Mon goût pour le bulot date de mes séjours fréquents à Trouville-sur-Mer au temps de ma présidence des Calvados&cidres réunis. Je les achetais sous les auvents de la magnifique Halles aux poissons qui a été malheureusement détruite par un incendie en 2008.

 

Pour les allergiques à la cuisine Beurk je signale que le bulot est à sa manière un charognard : il se nourrit de détritus et de cadavres et il est donc d’une grande utilité. Je signale ce détail car l’extraction du corps du gastéropode avec une pique (un trident) révèle un tire-bouchon qui passe du blanc-jaune au brun puis au noirâtre à son extrémité. Les restaurants proposent en accompagnement une mayonnaise, pour ma part je suis bulot nature. Les bulots m’attendent. J’en descends quatre. Excellente mise en bouche. Je sors le diable avec son béret et ses sabots du réfrigérateur, le pauvre doit avoir le cul gelé. Ouverture facile, emplissage du verre, cinéma traditionnel du dégustateur (je suis en cuisine donc évier à portée) Le diable en bouche se tient bien, il n’a pas la queue entre les jambes, pas d’attaque violente, il supporte la comparaison et se révèle vif comme un gascon, prêt à l’estoc avec sa rapière (c’est plus seyant que le trident). Que voilà un rosé qui se veut vin, pas éthéré pour deux sous, finale avec ce qu’il faut d’acidité pour avoir le sentiment du croquant. Ensuite alternance à un train d’enfer bulots/ rosé.

 

Voilà mademoiselle K, l’enfer est dit-on pavé de bonnes intentions, peu importe ce qui compte c’est le plaisir qui vous y mène. Votre Saint Mont rosé que vous avez baptisé, au risque de vous voir excommunier, d’Enfer, s’en tire avec les honneurs. Nul besoin pour lui de quémander des indulgences pléniaires pour mener des païens, non pas au paradis, mais sous une tonnelle. Votre diable mademoiselle K je le trouve bien trop sage dans vêture, il fait très noir et blanc de film d’art et d’essai, moi je le verrais bien totalement démoniaque, rouge pétant : quoi de plus provoquant pour un rosé que de s’afficher en rouge baiser !

 

Et puis, en finale non de dégustation, je me dois d'évoquer L'Enfer de Dante qui attribue au diable sept mille fonctions. Le diable incarne l'hérésie, la noirceur, la nuit, les terreurs. « Comme le dit Goethe, dans son premier Faust, le diable est tout ce que la raison ne peut comprendre...»

 

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 00:09

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Pour les wine-addict cette chronique est 100% vin rosé.  

À la bascule de juin, chaque année, le tennis s’installe à la fois Porte d’Auteuil et sur les écrans de France-Télévision. Le soleil est, comme cette année, souvent au rendez-vous et sur les cours de Rolland – pour faire habitué(e) des loges du Central  de la Porte d’Auteuil, dites Rolland, et non Rolland Garros – et dans les allées se croisent les braillards de haut de tribunes et les m’a tu vu, le sandwich jambon-beurre et les hôtes du Village. Ces derniers, hormis les éternels cravatés sérieux de chez sérieux, adoptent tous les codes des happy-few : hâle entre pain d’épices et chocolat selon le degré de mauvais goût, couvre-chef tendance, lunettes de soleil ad hoc, compagne ou compagnon assorti ou fortement désassorti, bon profil pour la caméra, je me déplace au bon moment pour être reconnu, gestuelle je lis mes e-mails et mes sms avec une périodicité horlogère, et depuis le buzz de NYC : je Twitte à mort... « Nadal porte un slip Emporio Armani... » Tout ça pour dire que Rolland c’est une France en miniature sur laquelle je ne vais pas m’étendre afin de ne pas verser dans la sociologie de café de commerce.  photoNadal.jpg

Reste que les joueurs aiment bien l’ambiance de la Porte d’Auteuil où se mêlent la passion, le chauvinisme populaire, le goût du beau jeu, le parti-pris pour le petit issu des qualifs, la dramaturgie du dernier set, le cinéma des mauvais coucheurs, le fair-play des gentlemen, les pitreries des sans-grades, bref Rolland Garros garde, en dépit du tennis-buiseness, une dimension humaine. Bien sûr Wimbledon, son gazon, ses traditions, ses fraises à la crème, sa pluie, reste le must absolu mais l’enchaînement service-volée ne se prête guère au beau jeu  et Rolland est plus canaille. Pour ma part je ne suis allé que deux fois au bord des courts : en fin de journée voir jouer la belle Sabbatini et assister à une finale « hommes » le dimanche. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir reçu des invitations, en loge bien sûr, que je devais aux sucriers, aux huiliers, à Perrier (propriétaire alors de Roquefort Société) et à Peugeot (mon ex-collègue Frédéric Saint-Geours était directeur chez PSA). Ce sont mes copains-copines qui en ont profité. J’étais très populaire ! Enfin, je suis aussi allé déjeuner au village, sans passage au bord des cours, à l’invitation de Jacques Bombal directeur de Roquefort.

 

Le village à Rolland on y mange et qu’on y boit. Donc faut y être ! Et mes amis de Marrenon ils y sont depuis 3 ans avec leur rosé Petula. C’est du bon. Je l’ai dégusté. Même qu’Olivier Poussier le dirait mieux que moi c’est du vin, du vrai, du croquant, du craquant. Ne venez pas me balancer un revers slicé du style : tu verse dans le copinage Berthomeau car je vais vous retourner un passing mahousse costaud le long de la ligne : « et si ce n’est pas moi qui le fais, qui le fera ?» J’assume mes amitiés quand elles ne sont pas trop encombrantes pour mes amis. Petula c’est du vin de vigneron n’en déplaise aux soi-disant juges aux élégances. Je vous épargne mon couplet sur la nécessité du collectif pour que nos territoires restent vivaces mais j’applaudis toujours des deux mains à ceux qui font, qui font bien, qui font de mieux en mieux. Donc c’est très clair : je profite des Internationaux de France pour écrire que leur Petula est une perle de rosée lascive. Ils ne m’ont pas sollicité avec un communiqué de presse à copier-coller comme le font certains de leurs collègues. C’est moi, opportuniste notoire, qui pour surfer sur la notoriété de Rolland Garros y suis allé comme le 272ième joueur mondial qui passe par les qualifs !

 

Détail pour les non-initiés : la terre battue ce n’est pas la couche de brique pilée rouge d'un centimètre d'épaisseur, qui sert à glisser et à avoir un bon contraste de couleur avec les balles mais la couche de calcaire spécifique, de 5 à 6 cm d'épaisseur, de granulométrie très fine, appelée « craon ». Cette couche est stabilisée au rouleau de 100 kg, puis au rouleau de 500 kg. C'est ça la terre battue qui laisse passer l'eau dans les deux sens et qui est gélive. Cette terre battue a été le terroir de beaux joueurs tout en toucher de balle, dont mon idole Ilie Nastase, mais aussi de vrais bucherons besogneux adeptes de l’essuie-glace de fond de court dont la caricature fut l’argentin Guillermo Vilas. Mon idole de jeunesse fut Arthur Ashe dont j’ai longtemps porté les fameuses tennis à son nom puis il y eut Ice-Borg puis l’irascible Lendl et bien sûr notre Noah. Ensuite j’ai lâché prise comme face à beaucoup de sport où le buiseness l’emporte sur la passion. À noter que du côté des joueuses, hormis la belle Gabriella Sabbatini, peu de joueuses m’ont enchanté.

 

Enfin pour en revenir au jeu : pourquoi compte-t-on par quinze au tennis : j’adore 30-15, trente à, pour en arriver à 40 parois à égalité puis prise de l’avantage ? « La comptabilité singulière du tennis est également tributaire du jeu de paume. Cette façon de compter, par multiple de quinze, nous vient de ce jeu, issu tout droit du Moyen Âge où le chiffre 60 était le symbole numérique le plus répandu. À l’époque, on comptait le temps (60 minutes) et l’argent (un denier d’or valait 15 sous) de cette façon. Au jeu de paume, les joueurs commençaient la partie au bout du terrain. Celui qui marquait, avançait de 15 pas au premier point, 15 autres au second, et 10 pas pour arriver au filet, ce qui constituait un avantage dans le jeu. C'est à ce jour, l'explication la plus proche de ce style de comptage de points » L'invention du « jeu décisif » date de 1970, soit deux ans après le début de l'ère open. La finalité de ce jeu était d'empêcher des matches interminables.

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 00:09

L’imagination n’est guère au pouvoir chez nos communicants et leurs clients, pire encore pour nos revues du Vin qui préfèrent faire des Salons juteux plutôt que du journalisme à destination de ceux qui ne demandent qu’à venir découvrir l’univers délicieusement complexe du vin. Et pourtant, sans être un génie des Carpathes, plutôt que d’organiser des déjeuners de presse (quelle presse ?), où je me rends de temps en temps, dont je ne sais trop à quoi ils servent – si je le sais mais bon à quoi bon ajouter à ma pelote de nouveaux vinaigriers – pourquoi ne pas instaurer des déjeuners d’écrivains tous les mois autour de vins choisis par celui-ci. Ainsi s’installerait un rendez-vous, un évènement qui pourrait aussi faire l’objet d’une diffusion vidéo sur le Net où les bonnes places sont toujours bonnes à prendre. Enfin ça permettrait au vin de sortir du petit marigot, de l’entre soi sympathique mais si étroit, rouvrir la porte vers ceux qui ne passent pas leur temps le nez dans le verre, introduire un soupçon de bon ton de people. Au lieu de pleurnicher sur le triste sort médiatique fait au vin à la Télé, de faire un lobbying basé sur des élus qui ne défendent en fait, et c’est normal, leurs ouailles, il me semble plus judicieux d’expérimenter des pistes soft permettant d’occuper les médias d’avenir. Mais, étant donné notre grand sens de l’anticipation, je sais que je prêche dans le désert. Nous sommes désespérément petit bras.   

 

Mais qu’importe, je me suis lancé sur ce nouveau chemin et je vais aller jusqu’au bout. J’imagine donc autour de la table ronde pour faciliter la conversation un patchwork de journalistes de toutes obédiences et rubriquant aussi bien dans la critique littéraire, gastronomique, des vins, dans le politique, le mondain, la mode... et un monsieur et madame tout le monde... une fille ou un garçon découvrant le vin... Disons 12 comme les apôtres, mais si possible moitié femme, moitié homme... Entre nous ça aurait de la gueule, de la classe, de l’élégance, du charme, ça ouvrirait l’angle de vision, ça sortirait les gens du vin de leur conception 100% vin, ça mettrait un petit côté Bernard Pivot d’Apostrophes soit un subtil mélange d’érudition et de volonté de s’adresser au plus grand nombre et puis ça ferait doucement et sûrement progresser la belle image du vin. Quand je propose des déjeuners d’écrivains je n’ai pas restreint le champ des invitations en ajoutant français, tous les écrivains de notre vaste monde pourraient se voir inviter par ce Cercle ou ce Club qui pourrait d’ailleurs se déplacer en Province ou à l’Etranger.

 

Comment cette idée, sotte et grenue, m’est-elle venue ? Tout bêtement en feuilletant mon stock poussiéreux de Cuisine&Vins de France. J’y ai découvert dans le numéro de janvier 1958 le repas d’Albert Simonin chez Lasserre. La rédaction lui avait demandé ce qu’il souhaiterait manger pour son premier repas de l’année nouvelle. La relation de ce repas est bien sûr datée, un peu surannée, mais ça n’enlève en rien de l’intérêt à ma proposition. Oui mais, va-t-on me rétorquer, les écrivains tout le monde s’en fout, c’est trop parisien, petit cénacle... Certes, j’en conviens, mais mon initiative dépasse nos frontières, l’avenir du vin est aussi dans cette ouverture sur le Monde et mon Cercle des Ecrivains, je le répète, aurait vocation à piocher dans le vivier de tous les pays. Dans notre beau pays, où tout commencerait, pour mettre un peu de piment dans l’affaire, rien n’empêcherait d’élargir nos invitations à tous ceux qui commettent des livres et là nous n’aurions que l’embarras du choix et la capacité à coller à l’actualité  ou d’inviter ceux de nos acteurs qui sur scène déclament de grands auteurs : je pense bien sûr à notre Fabrice Luchini national...

 

Dernier point : qui finance ?

La réponse : l’ensemble de nos belles interprofessions !

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 00:09

noname 

Chers vous tous,

 

 

Vous le savez, en dépit de ma réputation d’emmerdeur, je suis d’assez bonne composition, j’ai même consacré une part de ma vie professionnelle à m’intéresser à votre région, à agir aussi au temps du 78 rue de Varenne, à tenter de tracer des perspectives, à proposer des solutions en tant que Mr Rapport et je suis tout prêt à croire ce que vous me dites. Je ne doute pas un seul instant de vos bonnes intentions, de votre bonne volonté, mais tout de même en vous lisant, plus précisément en lisant le communiqué de vos 8 chefs, pas moins je les ai compté, permettez-moi de vous avouer que vraiment vous ne me faites pas rêver. Certes vous revenez de loin, je le sais mieux que quiconque mais tout de même croyez-vous vraiment que le mets que vous nous proposez soit vraiment très gouteux, qu’il nous donne envie. Sans vous offenser, je trouve votre frichti un peu lourd, pas très affriolant, comme un plat réchauffé d’un restaurant de collectivité.

 

Mais, me direz-vous, de quel droit venez-vous juger le contenu de nos marmites ? Qui vous a mandaté ? Quelle est votre représentativité ? Qui êtes-vous donc pour vous arroger le droit de nous remonter les bretelles, de venir mettre votre nez dans nos écuelles ? De droit je n’en ai aucun, je les ai tous sous l’expresse obligation de m’en tenir à ce que mes devoirs m’imposent. Je ne représente que moi-même, et c’est déjà beaucoup. Je ne suis qu’un petit chroniqueur sur la Toile qui s’efforce de faire au mieux son travail. En effet, sans la liberté de blâmer il n’y a pas d’éloges flatteurs et s’il faut se contenter de copié-collé des communiqués émanant de vos instances je ne suis pas certain que mes lecteurs, qui sont pour le plus grand nombre vos consommateurs, me trouveraient très crédible.

 

Les consommateurs, ai-je écrit, ces drôles de petites bêtes pleines d’idées reçues, ne me semblent pas au cœur de vos préoccupations. Votre cible première ce sont les grands acheteurs de la Grande Distribution française et internationale, ceux qui sont entre vous et nous. Souci fort louable puisqu’ils sont le passage obligé des plus gros volumes de vos vins. N’ai-je pas été l’un des premiers à répondre à la question : comment mieux positionner nos vins à l’exportation ? Oui il faut segmenter l’offre mais alors tout commence dans vos vignes, la simple application d’un cahier des charges n’offre que la garantie minimale normale. Votre vignoble est mixte, ce qui n’est ni un handicap, ni une tare, mais quand vous fondez le socle de votre pyramide sur un large réservoir baptisé récemment Languedoc je ne suis pas certain que, pour monsieur et madame tout le monde de Romorantin, de Birmingham, de Shangai ou d’ailleurs, la ligne de partage entre vos vins et ceux que je nomme, par pure facilité de compréhension, les Vins de Pays d’OC, soit évidente. Bien sûr que non et c’est si vrai que cette grande IGP propose une grille de lecture homothétique à la vôtre et une échelle de prix très cousine germaine.

 

Alors pourquoi diable nous avoir exposé dans votre besogneux et verbeux communiqué tout le cambouis de votre démarche. Qui ça intéresse ? Les acheteurs de la GD peut-être mais franchement pas les consommateurs de vos vins que nous sommes. Les amateurs férus des subtiles complexités de nos AOC se fichent comme de leur première chemise de votre construction lourdement marketing de première année d’école de commerce ; quand aux consommateurs lambda l’érection de votre petite pyramide ne va pas les convaincre ou vaincre leurs éventuelles préventions à l’égard des vins du Languedoc. C’est en cela que votre démarche m’étonne : vous vous parlez à vous-même, vous tentez de faire de la communication interne afin de justifier une démarche sélective de promotion interprofessionnelle. Je ne suis pas contre mais ce n’est pas elle qui va faire progresser la notoriété de vos vins. Lorsque les Grands Constructeurs automobiles promeuvent leur modèle haut de gamme ils ne mettent pas en avant leurs chaînes de montage que je sache. De même, lorsque Pernod-Ricard veut entretenir l’image super-prémium de sa Vodka Absolut il se garde bien de soulever le couvercle des alambics !

 

Que je sache aussi le but ultime de votre démarche c’est que les consommateurs identifient, reconnaissent, achètent en tant que tels des Grands Crus du Languedoc. Dans notre société du paraître la bouteille de vin que l’on pose sur sa table ou que l’on achète pour offrir ou que l’on commande au restaurant à une fonction statutaire. Elle est comme le vêtement, la voiture, la maison, les loisirs, un signe extérieur de ce que l’on est ou de ce que l’on veut être. Tout le problème pour vous est, comme souvent dans ce type de démarche, de savoir si vous voulez plaire au plus grand nombre de vos mandats ou séduire les consommateurs. Dans la seconde hypothèse la démarche est assez élitiste, très sélective, proche d’une forme d’écrémage dont l’objectif final est de mettre en avant ceux que les amateurs ont déjà reconnus comme étant les meilleurs. La notoriété se bâtit non sur une bonne moyenne mais par l’excellence, par le haut. Tout le monde ne peut aller du même pas surtout dans une région composée d’un patchwork d’appellations. L’égalitarisme, qui n’a rien à voir avec l’égalité des chances, est souvent niveleur donc antinomique avec une construction de type hiérarchique.

 

Vouloir faire progresser le plus grand nombre est un objectif louable que je comprends parfaitement mais, je le répète, c’est une démarche interne qui s’adresse à chacune de vos appellations, à chacun de vos vignerons, à chacune de vos coopératives, à chacun de vos négociants régionaux et nationaux mais pas à nous consommateurs. Nous y serons sensibles bien sûr mais, puisque votre volonté affichée, est que nous reconnaissions sous la dénomination Grand Cru l’excellence de certains de vos vins, alors faites en sorte de mettre en avant ceux et uniquement ceux qui sont en mesure de nous en convaincre sans pour autant verser dans la folie des grandeurs. Il ne s’agit pas pour vous d’acheter à vil prix des quartiers de noblesse mais de mettre en avant votre capacité à jouer dans toutes les cours. Pour y arriver je ne suis pas persuadé que l’échelon interprofessionnel soit le plus efficient car sa tendance naturelle est plutôt de produire des accords minimalistes. Sans vouloir jouer le vieux sage je me permets de rappeler que ce qui a fait, pendant très longtemps, la force et la vitalité de notre système d’appellation contrôlée c’est que la volonté collective des vignerons rejoignait souvent les désirs de leurs consommateurs. La dilution des AOC dans un grand foutoir indifférencié a produit, et produit encore, ses effets massificateurs alors, chers vous tous, n’en rajoutez pas, cessez de nous balader sur des autoroutes en nous faisant accroire que ce sont des chemins de traverse.

 

Au terme de cette chronique j’ai parfaitement conscience de n’avoir guère fait avancer le dossier mais c’est mon lot dans votre belle région. Mais l’important dans cette affaire n’est ni le devenir, ni l’efficacité de mes propos mais la réalité des vins de ce grand et beau vignoble. Comme l’écrivait Michel Smith (interprétation libre de ses écrits) : les grands crus du Languedoc existent je les ai rencontrés. Moi aussi, je les ai rencontrés et nous sommes un grand nombre à soutenir cette vérité. Que diable, chers vous tous, vivez votre vie sans vous scotcher au modèle bordelais, soyez vous-même, cessez de jouer aux petits choses, sortez de vos histoire d’hommes, de structures, de trucs auxquels nous ne comprenons rien ! Surprenez-nous ! Faites-nous des vins joyeux, festifs, rock-and-roll pas des trucs guindés avec des nœuds papillons de parvenus. Tout est possible chez vous !

 

Pour preuve, juste avant d’écrire cette chronique qui me pesait sur le cœur je suis allé dîner dans un restaurant thaïlandais de l’avenue du Maine « Spice and Wine »  que m’avait recommandé Myriam Huet. Excellente cuisine et carte des vins remarquable avec le conseil éclairé de celui qui l’a composée. Bref, j’ai commandé pour accompagner notre repas un Vin de Pays d’Oc rouge « Les Creisses » 2007 du domaine Philippe Chesnelong à Valros*. 40% Grenache, 50% Syrah, 10% Cabernet Sauvignon avec un élevage de 14 mois en barrique que j’ai payé 27 euros. (Le site la cave de Jean-Yves voir ci-dessous affichait le 2003 à 12 euros). En citant ce vin qui n’est pas d’appellation, qui plus est produit dans le terroir du célèbre bougon des cépages avec des conseils bordelais, je ne cède à aucune espèce de forme de provocation. Bien au contraire je souligne, car ce vin était remarquable, croquant, bien adapté aux mets, que le Languedoc est un formidable réservoir d’excellence. Pourquoi ne pas cultiver le mythe de la nouvelle frontière avec ses pionniers, ses bâtisseurs, le tout est possible...

 

Comme le disait, avec son art de la formule qui frappe, le Général à son Ministre des Finances qui voulait, à l’instar d’Antoine Pinay, accoler son nom à un emprunt « Vous avez raison, Giscard, cela fera un joli nom d’emprunt... » Grand Cru pourquoi pas, mais de grâce pas une dénomination d’emprunt à quatre sous la livre. Du vrai, de l’authentique, et comme vous avez déjà des pépites ce n’est que le début de la reconquête. Vous dites vouloir entrer dans notre imaginaire : alors faites-nous vraiment rêver de vos vins gens du Languedoc !

 

J’en ai fini ou presque.

Bien à vous tous.

Je cours de ce pas me réfugier dans l’enclave d’Embres&Castelmaure et demander l’asile au grand président Patrick Hoÿm de Marien. Là-bas j’écouterai les nouvelles du monde sur un poste à galène et je posterai mes chroniques à l’aide de signaux de fumée. Le sieur Pousson revenu en coup de vent de Catalogne me mitonnera de temps en temps de bons plats. Je boirai de bons coups. J’inviterai mes copines à venir oxygéner leurs petits poumons urbains. Je marcherai dans les vignes. Je ferai la méridienne. En un mot je n’en ficherai plus une rame mais j’écrirai... enfin !  Mes Mémoires ? Non bien sûr ! Un livre sur le vin ? Heureusement pas ! Alors quoi ? Je ne sais pas,  mais ce dont je suis sûr c’est que je partirai de nulle part pour aller je ne sais où en passant par des territoires inconnus...

 

Jacques Berthomeau

 

* « Le domaine des Creisses (32 Hectares) est né de la reprise dans les années 90 par Philippe Chesnelong d’une exploitation familiale d’une centaine d’années, avec l’ambition d’en exprimer son terroir et d’y réaliser un grand vin rouge de Méditerranée. Depuis 1997, il est aidé dans cette entreprise par son talentueux cousin Louis Mitjavile de Saint-Emilion, qui prodigue par ailleurs ses conseils dans le monde entier. Bien entendu les produits chimiques sont exclus au profit de la méthode de lutte raisonnée avec prévention des maladies par une aération optimale des grappes de raisin, l’enherbement du vignoble et les apports de matières organiques pour avoir des sols équilibrés et vivants. » 

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De Gaulle à la plage Jean-Yves Ferri chez Poisson Pilote

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 00:09

Néo-parisien tête de chien, lorsque j’ai découvert en 1976 chez le poissonnier de la rue de Buci, tout près de laquelle j’habitais, ces drôles de petits boudins bruns et que la préposée à la caisse – je n’ai pas écrit poissonnière car c’eut été vous faire accroire qu’elle causait comme une poissonnière alors que c’était une jeune femme qui parlait pointu – m’indiqua que c’était là une poche d’œufs de mulet salée et séchée, recueillie quand les femelles sont pleines (ça elle me l’a pas dit et d’ailleurs ça confine à l’évidence). Mon ignorance était fort compréhensible de la part d’un natif des rives de l’Atlantique car la Boutargue provenait du Sud, de Martigues, même si partout ailleurs dans les autres pays méditerranéens, on la dénommait Poutargue. Elle se doublait d’un étonnement pour ce qui concernait le prix. En effet, il me semblait fort élevé pour des œufs de mulet, sans pour autant atteindre le niveau stratosphérique actuel 145€ le kg justifié, me dit-on, par la raréfaction des mulets victimes de la surpêche.

 

Le mulet, chez moi, c’était le bar du pauvre, poisson atypique pour deux raisons : d’une part, il passait de l’eau salée de l’océan, aux eaux saumâtres des estuaires, et il séjournait même dans l’eau douce des rivières ; d’autre part, ce poisson gras se nourrissait tout aussi bien de petits organismes marins que de plantes aquatiques. Les pêcheurs à pied du marais de la Gachère disaient que c’était l’un des rares poissons qui pouvait être totalement végétarien et que c’était le seul poisson pourvu d’un gésier comme le poulet. Bref, déjà que dans les poissons frais je n’appréciais guère les poches d’œufs qu’il me fallait manger tout de même car c’était plein de bonnes choses pour que je grandisse, dixit le clan des femmes qui n’avait pas tout à fait tort puisqu’ils sont une source de calcium, de vitamines A, D et B, de magnésium, sélénium, phosphore , iode et fluor. Mais comme je n’ai jamais mangé de mulet, trop vulgaire pour mon bec, je n’ai pas bénéficié de l’apport des fameux oméga-3 dont sont bourrés les poissons gras.

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Cette préparation, dénommée caviar de la Méditerranée, est commercialisée depuis au moins le XVIIIe siècle. En 1777, Jean-Pierre Papon expliquait : « La poutargue, qu'on y fait avec les œufs des femelles des mujous ou mulets qu'on sale, quand on a bien nettoyé les ovaires, et qu'on fait sécher au soleil, après les avoir aplatis sous un poids qu'on met dessus, passe pour être fort délicate. On l'a vendue jusqu'à neuf francs la livre. On en sale tous les ans jusqu'à quarante quintaux, ce qui suppose une étonnante fécondité dans le mulet » Pour ceux qui en ferait l’acquisition suite à ma brillante chronique je signale que les poches de boutargue sont enduites de cire. L’effet de cette claustration est double : elle stoppe leur maturation au moment propice et elle conserve et protège  la boutargue contre tout contact extérieur. Pour la consommer, il faut donc couper la boutargue en fines tranches, enlever la protection de cire, puis, si l'on veut, l'éplucher afin d'enlever la fine peau constituant la poche d'œufs de poisson. Mais j’entends déjà votre question : ça se mange comment ton caviar qu'avé l'accent Berthomeau ?

 

Comme je suis un garçon facétieux je me suis, pour vous faire plaisir, que seule Julie Andrieu – ne pas confondre avec Sylvie Andrieu, membre de la très célèbre Fédération du PS des Bouches-du-Rhône, « copine » du sieur Guérini – allait me donner la recette. Bonne pioche car dans Elle, l’organe de la défense des femmes qui veulent ressembler aux top-modèles, la diva des fourneaux déclare « je suis fan de poutargue. Sur des pâtes, c'est un plat grand luxe en 10 minutes chrono pour un repas en amoureux. Mais le goût est tellement puissant qu'il vaut mieux en manger tous les deux... » Je vous la livre brute de décoffrage :

 

- 160 g de spaghettis

- 200 g de tomates cerise

- 15 g de poutargue râpée

- 2 litres de fumet de poisson

- 1/2 bouquet de basilic ciselé

- 1 gousse d'ail écrasée

- 2 cuillérée à soupe d'huile d'olive

- 2 cuillérée à soupe de vin blanc

- 10 g de beurre

- sel, poivre du moulin

 

1°/ Porter à ébullition le fumet de poisson et y plonger les pâtes.

 

2°/ Dans une grande poêle, faire cuire à feu doux les tomates cerises et l'ail dans l'huile d'olive.

 

3°/ Egoutter les pâtes lorsqu'elles sont très al dente et conserver 1 louche d'eau de cuisson. Mettre les pâtes égouttées et l'eau de cuisson dans la poêle et ajouter le vin blanc : laisser sur feu vif jusqu'à absorption complète.

 

4°/ Ajouter le beurre, le basilic et la moitié de la poutargue râpée. Saler, poivrer. Servir chaud et parsemer de l'autre moitié de poutargue râpée.

 

Reste mes amis à définir ce qu’est un petit vin du pays, la variante française du vino de la casa, et ça je vous en laisse le soin en privilégiant les locaux de l’étape : les voisins vignerons du terroir Martégal pourraient sans doute lancer les premières réponses.  

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 00:09

En viticulture, dans notre vieux pays, plus encore que dans d’autres secteurs de notre économie, le « small is beautiful » est dans l’imaginaire national une valeur sûre, le petit vigneron à lui seul porte sur ses larges épaules et tient entre ses mains calleuses toutes les valeurs du terroir, le « petisme » comme l’écrit Jacques Dupont s’inscrit comme un îlot de résistance dans une agriculture productiviste sans âme, fabricant du minerai pour des géants de l’agro-alimentaire eux-mêmes à la botte de la Grande Distribution. Au-delà de l’image d’Epinal la part de vérité est incontestable mais elle est ébréchée par l’évolution des 30 dernières années de nos sociétés occidentales où la consommation (ou la part de l’alimentaire décline) débridée est devenue le moteur principal de la fameuse croissance. À cet aspect purement quantitatif s’ajoute, comme l’écrivent les altermondialistes, une marchandisation des idées.

 

La concentration urbaine, même si la rurbanisation autour des grandes métropoles existe, distend et même aboli le lien entre le consommateur et la réalité de la production de son alimentation. En dehors d’une minorité agissante, au travers du bio ou de la recherche de la qualité gustative par exemple, ou de la génération des seniors attachée à des modes de consommation et de distribution traditionnels, les consommateurs veulent du tout près, du vite fait et du pas cher qui sont bien évidemment un formidable accélérateur d’une consommation massifiée, désaisonnalisée, indifférenciée et « déshumanisée ». Le lien entre le steak haché Charal et le bœuf Limousin vu au Salon de l’Agriculture ou entre le yaourt Danone et la vache entraperçue dans le bocage normand, s’estompe et disparaît masqué par des emballages et des suremballages. L’agriculture, les agriculteurs, sont à la fois bien considérés par l’opinion publique sous une vision fantasmée, irénique, et décriés comme pollueurs, destructeurs de la nature, « barbares » avec les animaux, insoucieux de la santé publique avec tous leurs produits en cides, goinfrés de subventions...  Circonstance atténuante pour eux : tout ça c’est la faute de la Grande Distribution !   photocochon2.jpg

Est-ce si sûr ? Ou plus précisément : les consommateurs, urbains et ruraux, peuvent-ils aussi facilement s’exonérer de leur part de responsabilité dans cette massification de la consommation ? Bien sûr, la poule et l’œuf, mais il n’empêche que le succès des grandes enseignes tient à leur adéquation à ce que souhaitaient une grande majorité des consommateurs : le modèle hypermarché où, en un seul lieu, la famille est censée trouver tout ou presque, a été plébiscité. Bonne nouvelle : il s’essouffle ! Conséquence : la redécouverte de la proximité. Alors la voilà servie à toutes les sauces, posée en alternative radicale, élevée au rang de recréatrice du lien social. Les politiques, grands humeurs des solutions clés en mains, la placent en bonne place dans leurs discours. C’est simple « si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi », ça ne mange pas de pain, ça plaît et puis « y’a ka... » Qui se rapproche de qui : le commerce du consommateur avec la résurrection des magasins de proximité par les grandes enseignes ou la production qui se rapproche du consommateur : les locavores, les circuits courts. Le premier mouvement est en marche, il est dominé par les mêmes acteurs et il n’est guère porteur d’un changement radical : ni sur la nature et la qualité des produits, ni sur les rapports entre les producteurs et les distributeurs.

photoviande.jpgReste le beau slogan « du producteur au consommateur... », Exit les intermédiaires parasites, les marges pharaoniques pour acheter en direct. Pour le vin c’est un phénomène connu : je m’approvisionne à la propriété, au caveau, je fais le Salon des VIF ou autres, je passe commande en direct. Le vin en bouteille ou en Bib est un produit qui ne pose pas de problème de conservation dans son transport (même s’il faut en prendre soin) alors que dès qu’on s’attaque aux produits frais : fruits, légumes, viandes fraîches, produits laitiers... la proximité pose des problèmes logistiques complexes surtout pour la chaîne du froid. Les y’a qu’à répondent y’a ka rapprocher la production des consommateurs avec le fin du fin le faire soi-même : ruches sur les toits d’immeubles, micro-jardins... etc, ensuite dans l'ordre intervient le militantisme des locavores, mais comme dirait l’autre ce n’est pas avec ces micro-initiatives que l’on peut approvisionner les grandes concentrations urbaines. Les Amap, les marchés de producteurs en ville, présupposent que le tissu agricole environnant soit disponible ou s’adapte. L’exemple de la concentration francilienne est très intéressant : en Seine-et-Marne, qui est un grand département céréalier, les agriculteurs sont peu disposés à se reconvertir au maraîchage ou vers des productions animales grosses consommatrices de main d’œuvre. Et puis ce n’est pas le tout de produire il faut vendre : mobiliser ses WE, bref pas aussi simple que le pensent les bobos et les écolos.

photocochon.jpgPour autant, je ne suis pas en train de plaider à charge contre les circuits courts mais je fais simplement remarquer aux économistes minimalistes, partisans de la croissance douce, que poser la proximité, et plus particulièrement les circuits courts, comme la seule alternative crédible à la distribution de masse, relève plus de l’incantation, de l’engagement militant que d’une approche prenant en compte, produit par produit, la viabilité des solutions qu’ils préconisent. Ce type d’approche radicale plaît, entretien l’illusion, pire freine la mise en place de solutions qui permettraient aux consommateurs de retrouver de la proximité et une part de maîtrise sur son approvisionnement. C’est un grand classique français : le verbe est small is beautiful, la main est brique de lait UHT dans la GD ou le hard-discount ; je dis pique-pendre de Mac Do mais il faut bien faire plaisir aux enfants ; j’adore mon petit marché de quartier mais comme je n’ai pas beaucoup de temps j’achète presque tout au supermarché du coin ; dans notre village y’a plus de commerçants mais bon tout le monde défile en bagnole au Leclerc ou au Système U...

 

Le mouvement vers la proximité est une réalité mais les consommateurs doivent comprendre que l’un des moyens rapide et efficace de le conforter est d’effectuer leurs actes d’achat en des lieux en conformité avec leurs intentions affichées. Si l’on souhaite que le commerçant-artisan de proximité, en ville comme dans les zones rurbanisées,  ne jette pas l’éponge ou retrouve une offre qualitative, il faut aller chez lui et qu’autour de lui les producteurs agricoles s’organisent pour lui proposer des produits différents. C’est facile à écrire mais pour les viandes fraîches par exemple ce n’est pas si simple à mettre en œuvre car il y a un point de passage obligé : l’abattoir. Et c’est à ce stade que tout se grippe : les exigences sanitaires condamnent certains types d’outils de proximité. Le bon vieux temps de l’abattage des animaux à la ferme est révolu et les tueries particulières de bourgades sont depuis longtemps fermées. Plus on monte dans les espèces : du poulet au bœuf plus les solutions locales deviennent de plus en plus difficiles à mettre en œuvre. Et puis, dans le cas du bœuf que je commence à bien connaître, seul le boucher-artisan sait ou savait valoriser l’ensemble de la carcasse alors que le producteur du circuit court sera tributaire d’une demande portant prioritairement sur les beaux morceaux et que fera-t-il des avants, des abats et des glandes ? Bref, les défenseurs du bien manger ne vont pas souvent jusqu’au bout de leur logique mais en reste au y’a ka...

 

Au risque d’apparaître comme un provocateur je suis un chaud partisan de la proximité et du développement des circuits courts mais j’ai du mal à adhérer à l’économie incantatoire, aux micros-initiatives érigées en solutions radicales. Nous sommes un pays centralisé qui agrège des féodalités dites régionales. Tout part de Paris : les autoroutes, les trains, les avions... Les administrations restent centrales et les Préfets sont les grands valets du politique... Le local a bien du mal à exister dans un univers hyper-normés où le niveau pertinent est européen et où le « pouvoir régional », contrairement aux Landers allemands ou aux régions espagnoles et italiennes, ne possède guère de marge de manœuvre. En effet, si l’on souhaite vraiment que les circuits courts prennent une place, c’est au plan local : régional, que la démonstration de leur viabilité se fera. Par exemple, l’approvisionnement des cantines scolaires, des collectivités : hôpitaux, maison de retraite... qui peut constituer un terreau favorable pour la relocalisation des achats. Mais encore faut-il ne pas verser dans des options immédiatement radicales : le tout bio par exemple qui exige un lourd subventionnement, mais expérimenter d’abord les champs du possible. L’exemplarité d’une démarche, son efficience, ne se décrète pas à priori, elle se juge dans la durée et dans sa capacité à être autonome.

 

Les bonnes intentions ne font pas forcément de bonnes solutions. La vente directe des produits agricoles, sans intermédiaires, a toujours existée mais sous une forme marginale. Si l’on veut la promouvoir, l’aider à se développer, comme les villes ne s’installeront pas à la campagne et inversement, il est absolument indispensable de ne pas considérer la fonction logistique, le groupage, le stockage et la mise en marché, comme des fonctions simples applicables à grande échelle. Pour en revenir au final aux vins je suis fasciné à Paris, par l’improvisation, le non-professionnalisme, les surcoûts, la multiplication des intervenants, la débauche de temps pour des résultats microscopiques. Vignerons Indépendants certes, mais souvent le circuit dit direct ou passant par certains cavistes m’apparaît générateurs de coûts exorbitants qui soit se répercutent dans le prix consommateur ou mangent l’essentiel de la marge du vigneron. Recréer du lien avec les consommateurs urbains passe aussi par recréer du lien entre vignerons voisins...

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