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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 00:09

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Tailler la vigne ! Taille Guyot pour le pinot à Vinzelles, taille en gobelets pour le gamay du Moulin à Vent. « Courte taille, Bonne vinée. » Le sécateur et l’égohine, le calendrier accroché à un clou dans la cuisine :

- On est ben encore en jeune lune ?

- Oui, elle est pleine que le 5.

- Bon ! Alors je va dans mes pinots des Garennes. Y n’ont guère poussé depuis la grêle d’y a deux ans : y’a presque point de bois de taille. Si je veux que l’an prochain y en ait du meilleur, y faut que je les coupe en jeune lune : y aura de la végétation. Tant pis pour les raisins de cette année. Y faut penser à l’avenir... Du bon sarment déjà. Le fruit pousse pas sur des allumettes.

« Si on peut tailler le jour de la Saint-Aubin, Chaque grume n’a qu’un pépin. »

 

Et puis ramener un bouquet de violettes ou de coucous à la Julie...

 

Pour les vignes vigoureuses le bon moment c’est de tailler en vieille lune.

 

« Ce sarment-là a endossé pas plus de quatre, cinq feuilles, à la belle saison ; ça se cache dans trois fois rien : un vrai petiot dans sa robe de baptême ; c’est encore qu’à la veille de pousser vraiment.

Bon ! Je te recipe ça à vingt centimètres de terre.

Et le sécateur du Toine raccourcit le jeune pied de vigne.

« Quatre bourres au total. Y en viendra bien trois ou quatre de plus. Si on se fiait pas quelquefois au hasard dans notre sacré métier, y pisserait jamais trop de vin.

 

Le pied d’à côté, c’est un pied de deux ans. Il était déjà mieux habillé en feuilles que l’autre. Pour lui, le baptême a passé : la vigne a enfilé cette fois sa robe de communiante. Pourtant je la taille encore à l’œil borgne. Je laisse trois bourres sur ma baguette. Maintenant à la chance jouer ! »

 

Sur le soir, quand il est venu à bout du carré des tout jeunes plants, le Toine se trouve en face d’un cep de trois ans : il demeure perplexe. Au printemps dernier, cette vigne-là a revêtu les amples frondaisons de sa robe de mariée, déjà agitée par le vague espoir d’être bientôt mère : à sa quatrième feuille, elle doit porter des fruits.

«  Voyons ! se dit l’homme. Cette garce-là, elle a déjà poussé six sarments... Ben sûr, quand on est jeune, on a du sang : on se sent plus pisser. Mais de là à nourrir un régiment de grappes !...

C’est pas le tout ; qu’est-ce que je m’en vas ben garder comme baguette ? Voilà une ... deux... trois... quatre branches qui font le gros dos, presque jusqu’au milieu du rang. Allons ! sacrifie-moi ça !

Le Toine saisit son sécateur, la branche de la lame appuyée contre la base du pouce droit, tandis que les quatre autres doigts enserrent l’autre branche. Il dirige, obliquement, son outil, nez contre terre, et engage le sarment ras la souche, entre les pointes, contre-lame en haut. D’une forte pesée du pouce, il fait enfoncer la lame dans le bois tendre ; les quatre autres doigts maintiennent ferme la contre-lame à laquelle se heurte le sarment, qu’il ne peut échapper à son emprise. La lame rejoint la contre-lame : la branche est sectionnée.photo-tailleB.jpgFaut savoir orienter sa vigne, bien droite au long des fils de fer. Un souci qu’avaient pas les vieux ; avec leurs pioches, y tournaient facilement autour du cep, sans l’éborgner de ses plus beaux yeux...

Pour la baguette de taille, plus grand choix : deux sarments dans l’axe de la treille ; mais celui-là est chetignot comme une allumette, avec trois yeux seulement, et encore, qui ont pas trop bonne façon ; l’autre, par exemple va faire l’affaire : gros comme mon petit doigt, avec des bourres calées au nœud entre le sarment et le gourmand, là où y afflue toujours de la sève en réserve.

 

Si on surcharge, une jeune plante est vite crevée ; la vie d’une vigne repose toute entière sur les premières tailles.

Pourtant, y s’agit pas de perdre de la récolte, en raccourcissant les baguettes de trop...

On sait jamais bien ce qu’on veut faire, entre le trop et le trop peu. C’est ben la chance du vigneron, souvent assis entre deux chaises...

 

L’homme se repose quelques instants.

Le soleil lui gaillardement  et fait le fier, parmi le bleu du ciel, tempéré par le voile des brumes de la saison, du bleu tendre, le bleu des pervenches s’épanouissant, timides, à l’abri des prunelliers, tout scintillants de leur précoce floraison.

Sous la chaude caresse du Bourguignon, sous la chaude caresse du mateneau, le sarment commence à s’émouvoir ; par la blessure du sécateur, la sève s’échappe...

La vigne pleur, et le Toine l’œil humide, regarde pleurer la vigne.

 

Le Toine, ses fagots achevés, a ramassé parmi la vigne, le bois de taille, à pleine brassées, et l’a entassé, au bas de la pièce, sur le chemin.

Il y met le feu.

Le sarment craque et crépite, et crie sous l’atroce morsure de la flamme.

Le bucher se consume lentement et dégage un parfum de qui saisit le Toine aux narines, un subtil parfum de violettes, auquel se mêle, confusément, celui des fleurs modestes du hallier, le parfum du pinot de Vinzelles, qui a toujours fleuré bon la violette.

Machinalement, le Toine cueille, à côté de lui, une violette, la porte à sa bouche, et en mâchouille la queue entre les dents : faute de pinot, on se débrouille, comme on peut, pour s’illusionner...

 

Mars : Moi je suis Vigneron André Lagrange éditions du Cuvier

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 00:06

Si j’écris que les deux premiers cités ne peuvent se passer l’un de l’autre certains vont croire que je verse dans la gaudriole anticléricale en brocardant la soutane et la barrette du curé fripon qui s’intéresserait de trop près aux jupons. Certes les Nantaises ont de belles mamelles mais jusqu’à ces dernières années elles étaient en voie de disparition. À cet instant je sens poindre chez vous un brin d’exaspération : qu’est-ce-que c’est que cette chanson affirmer que les Nantaises étaient pas en voie de disparition relève de l’élucubration. Non ! 

  

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« Lorsque, en septembre 1979, nous sommes arrivé à la toute nouvelle Ecole Vétérinaire de Nantes, nous nous souvenions qu’il avait existé une race bovine nantaise, dont nous étions persuadé qu’elle avait disparu, absorbée dans l’ensemble Parthenais. Nous n’imaginions absolument pas qu’elle puisse encore exister. Pourtant, dans les semaines qui suivirent notre installation dans l’Ouest, nous recevions une lettre nous demandant d’aider à la sauvegarde de la Nantaise ! Ce fut le début de notre collaboration avec ceux qui, à un titre ou à un autre, se préoccupaient de l’avenir de cette race. » Bernard Denis Pr Honoraire de l’EV de Nantes dans sa préface au beau livre la Nantaise histoire et renaissance.

 

De belles vaches... « C’est ce qui ressort nettement de tous les témoignages même si l’on peine à avoir une description commune, la palette des couleurs est nuancée « la robe n’était pas uniforme, elle était foncée, blonde, froment moyen, un peu rouge ou encore tirait vers le gris ». Pour certains, les Nantaises étaient couleur froment et les Parthenaises un peu plus rouges, les croisements, voire les exigences des concours auraient semble-t-il modifié la robe. Celles qui étaient bien soignées restent dans les souvenirs avec une robe « pommelée, brillante » et les plus rouges étaient moins appréciées. Pour d’autres, ce sont les yeux qui font la différence avec la Parthenaise ! »

 

Le travail des femelles... « Beaucoup de petits agriculteurs, qui exploitent une surface insuffisante pour « tenir » une paire de bœufs mais qui ont plusieurs vaches, font travailler celles-ci. Dans certaines régions du département où cette pratique est très répandue, le fait pour une vache d’avoir été dressée au joug, ou seulement d’être bien charpentée pour le travail et d’avoir une belle cornure, constitue une très nette plus-value.

Les vaches de travail sont surtout des nantaises ou des métisses nantaises, ou parfois des normandes-maraîchines ; » Chaquin Monographie de la Loire-Inférieure 1929

 

Dans son ouvrage Les Meilleures Vaches Laitières 1943 Maurice Jouven cite les Races Parthenaises et analogues

 

- Rendement laitier satisfaisant : 2500 litres par an en moyenne

- Teneur du lait en matières grasses : 4,5% en moyenne. Indépendamment de son aptitude à la lactation, la race Parthenaise présente de grande qualités pour le travail ainsi que pour la production de la viande (53 à 56% de viande nette après engraissement).

- sous-race poitevine,

- sous-race vendéenne,

- sous-race maraîchine,

- sous-race nantaise.

Races analogues : la race d’Aubrac et la race d’Angles (Tarn).

 

Qui dit lait dans ma belle région dit beurre mais aussi, dans une moindre mesure fromage « À Plessé, Francis Blin se rappelle « avoir vu des étagères au mur du cellier des Jaunais pour mettre probablement des fromages. Mon père m’a raconté que quand ma mère a acheté cette maison dans l’entre-deux guerres, la cuisine était carrelée avec des tomettes rouges, une surface lavable. Ce fut sans doute la première laiterie de Plessé. Ensuite elle se déplaça dans le village de Barbotais, puis à la Prairie de la Haie, toujours à Plessé et pour finir elle est devenue la COLARENA sur la route du Coudray. Je me rappelle aussi de Clair Gauthier, ramasseur de lait, venant le dimanche matin après la messe de 11 h, au café Beaupérin, avec sa sacoche de cuir remplie de liasses de billets épinglés pour payer le lait livré. »


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Voilà je suis retombé sur mes pieds et je peux vous parler du Curé Nantais qui, vous vous en doutiez car vous me voyiez venir avec mes gros sabots plein de paille, est un fromage et c'est un fromage de vache à pâte molle à croûte lavée, à pâte pressée non cuite.


« L'histoire du Curé nantais débute en 1880 dans le village de Saint-Julien-de-Concelles sur les bords de Loire, dans le département de la Loire-Atlantique (dénommé alors Loire-Inférieure).


La rencontre entre un agriculteur du pays, Pierre Hivert, et un prêtre de passage (venant peut-être de la région nantaise, une légende dit qu'il venait de Savoie, d'autres sources affirment qu'il s'agit d'un prêtre vendéen fuyant pour sauver sa vie lors de la Révolution français) permet la naissance d'un fromage appelé « Régal des Gourmets ». Quelques années plus tard, en hommage à l'ecclésiastique, ce fromage devint le fromage du curé puis « le Curé nantais ». Certains ouvrages le référencent sous le nom de fromage nantais, et le désignent également sous le nom de fromage du pays nantais, dit du curé.


La famille Hivert a perpétué la tradition de père en filles pendant quatre générations. Après avoir connu son heure de gloire et son lot de médailles de concours, le produit a vu sa production diminuer. En 1987, la famille Hivert cède la marque à Georges Parola, fromager de Pornic descendant d'une lignée de crémiers. La production de Curé nantais a été multipliée par dix pour atteindre 150 tonnes en 2008. » source Wikipédia.

 

Pour plus de détail aller sur le blog http://curenantais.wordpress.com/ et www.lecurenantais.com . Le mien, celui de la photo, je l’ai acheté chez Philippe Alleosse 20 rue Clairaut 75017 Paris www.fromage-alleosse.com

 

« En fabrication, rien n’est compliqué mais tout est important. Il faut faire attention aux petits détails. Par exemple, une cuve mal lavée un soir et c’est la catastrophe le lendemain. » Georges Parola

 

« C’est en cave fraîche et humide, sur planches d’épicéa], qu'il est affiné. Ces planches sont naturellement aseptisées : une étude a tenté d'y inoculer des bactéries listeria mais elles ne se sont pas développées »  thèse menée par Claire Mariani. L'étude qui a duré 3 années a été financée par l’ACTIA (Association de Coordination Technique pour l’Industrie Agro-alimentaire), le CNAOL (Comité National des Appellations d’Origines Laitières), Entremont-Alliance et ACTILAIT. ».

 

En 2008, le Point, titrait Le curé nantais : un fromage culte, les journalistes adorent les titres ronflants, moi j’aurais titré : un fromage rare. 2000 fromages/jour, c’est peu. C’est de l’artisanat. Ce fromage, sous sa forme carrée, semble modeste et pourtant il a du caractère. Sous sa croûte rugueuse, percée de petits trous, sa pâte dorée et onctueuse. Comme tous les fromages qui sentent, le curé nantais est en bouche voluptueux, avec un petit goût fumé. Rien que pour embêter ceux qui adorent JP Coffe je vous propose de visionner la vidéo de l’émission de Drucker car on y voit la fabrication et l’affinage du curé nantais. Cerise sur le gâteau, rien que pour plaire à Saverot, l’invité du dimanche est Roselyne Bachelot à l’époque Ministre des Tranquillisants&Vaccins H5N1.

 

Reste, pour en finir avec cette chronique, à justifier l’étrange affirmation de mon titre : les Nantais n’aiment pas le Muscadet. Ce n’est pas moi qui le dit c’est un jeune et brillant géographe, Raphaël Schirmer, dans son livre « Muscadet. Histoire et Géographie du vignoble nantais » Editions Presses Universitaires de Bordeaux 2010, broché 536 p, 25 €. Même pas une maison des Vins à Nantes pensez-donc ! J’y reviendrai dans une prochaine chronique lorsque je me serai plongé dans cette épaisse somme. « L'ouvrage assez imposant de Raphaël Schirmer débute par l'histoire du vignoble nantais, qui a connu des périodes assez contrastées. Il est par exemple peu connu que la région était productrice d'eaux de vie de grande qualité aux XVIIe et XVIIIe siècles. L'auteur poursuit par l'analyse de tous les facteurs qui ont entrainé les producteurs dans une course à la productivité. Enfin, le dernier tiers du livre est consacré à l'étude de tous les éléments qui peuvent permettre l'amélioration de la qualité, que ce soit à la vigne, au chai ou dans l'environnement économique et social. L'étude est particulièrement exhaustive, résultat d'un impressionnant travail de recherche. »

 

Comme je ne puis terminer sur une fausse note pour déguster avec mon Curé Nantais de chez Alleosse je vous propose la gamme de Marie-Luce Métaireau au Grand Mouton www.muscadet-grandmoton.com et ce pour deux raisons : parce que ce sont des vins d’exception et pour taquiner Raphaël Schirmer car ses vins dans un article de Nantes Métropole Magazine 2010 sous le titre Trois Femmes dans un terroir. Qui c’est qu’a dit que Jean-Marc Ayrault n’aimait pas le Muscadet ?

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 00:09

Chronique dédiée à Denis Saverot suite à ma chronique de lundi link

« Dès minuit, les percolateurs sont remplis de café et de lait et Chez Clovis, Françoise Cornut attend ses premiers clients : « Quand ils arrivaient, on leur servait le café dans de tout petits verres. On connaissait nos clients et on savait qui le prenait avec du lait, du calva, du kirch ou du cognac, comme la grand-mère de Lucienne Fabre qui commandait un p’tit ben raide. Après c’était le blanc cass’ vers cinq heures du matin, puis ils attaquaient la tête de veau ou les tripes. Mon beau-père préparait aussi de grosses marmites de pot-au-feu, de petit-salé ou de saucisses chaudes qu’il mettait dans des sandwiches avec de la moutarde. Ils mangeaient ça debout au comptoir rt repartaient finir de ranger et faire leur comptabilité. Ensuite, ils redescendaient vers deux heures de l’après-midi faire ce qui était pour eux un vrai repas, après quoi ils rentraient se coucher. Le samedi, comme les commerçants étaient contents de voir s’achever la semaine, c’était folklo, on n’en finissait pas. Tout le monde était heureux et buvait encore plus que d’habitude, c’était la fête ! »

Pour Claude Cornut, comme beaucoup de propriétaires de brasseries, la première boisson des Halles, c’est le champagne. C’est le quartier où l’on vend le plus de champagne en France, ce qui permet sans doute à l’un des représentants de Moët et Chandon de changer de voiture tous les ans.

Robert Meurice fréquente La Cloche, rue Mondétour : « Le patron, Nénès, était un gros savoyard qui avait une préférence marquée pour le champagne Pommery : il en voyait passer dix mille bouteilles par an et on raconte même que le jour de son enterrement, on a glissé un Mathusalem de Pommery dans son cercueil ! »

 

« Certains cafés font également office de vestiaire : ainsi, Chez Clovis, due mandataires viennent se changer tous les jours. A la Tour de Montlhéry, soixante-dix vestiaires sont à a disposition des tripiers qui, en échange, consomment sur place.

Bien que très mélangée, la clientèle des cafés réunit souvent des travailleurs d’un même secteur. Ainsi les volailleux fréquentent plus volontiers La Vallée, les poissonniers Le Grand Comptoir, les tripiers Le Bougnat Blanc ou La Tour de Monthléry, les bouchers de la rue de Montorgueil apprécient quant à eux Le Nid d’Aigle.

Odile Lavenarde et Fernand Devineau fréquentent ce bar-tabac très animé : « Ici les clients se faisaient parfois voler leur portefeuille et le matin, il y avait souvent une descente de police. Des couples louaient des chambres pour quelques heures, souvent des vendeurs qui venaient rencontrer leur maîtresse alors que leur femme était sous les pavillons. Ils disposaient également d’un grand dortoir avec une quarantaine de lits de camp qui permettaient aux transporteurs de se reposer une heure ou deux pour un franc. Il y avait souvent de la bagarre, mais il suffisait de sortir dans la rue en criant « aux bouchers », ils arrivaient avec leur couteau et les mecs se débinaient. Dans le coin, c’est les bouchers qui faisaient la police »

 

Je me souviens des Halles Josette Colin éditions Parigramme. 1998   

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 00:09

Les sceptiques devaient m’attendre au virage : depuis que j’avais lancé l’idée d’une dégustation ludique avec Myriam Huet à l’Annexe link un silence radio pesait sur mon espace de liberté. Et pourtant dans le secret de la correspondance électronique un beau paquet de lecteurs se déclarait partant. Restait à concrétiser, à lancer une date, un horaire qui conviennent au plus grand nombre. Il me fallait choisir. Ce que je fis : ce serait le mercredi 9 mars à 19 heures pétantes. Je relançais donc les candidats potentiels. Les réponses au début arrivèrent au compte-gouttes et puis ce fut l’accélération : 25 personnes se déclaraient partantes. Dans ma petite tête je me disais qu’il y aurait des défections de dernière minute. Que nenni, à une exception près compensée par un candidat de dernière minute, je conservais tout mon petit monde.

 

Ils arrivaient tous avant l’heure dite et en profitaient pour découvrir le lieu. Dix femmes et quinze hommes, des couples, des groupes d’amis, des collègues du Ministère, une majorité de jeunes et pour moi beaucoup de visages inconnus. Myriam Huet, très concentrée, s’inquiétait un peu auprès de moi du nombre qui dépassait largement celui des groupes qu’elle anime habituellement mais je la sentais en train de prendre la mesure de cette situation nouvelle. Nous disposions les « apprentis dégustateurs » en demi-cercle. Derrière sa petite table ronde « haut perché », Myriam, telle une athlète sur sa piste d’élan, appréciait ses marques. Votre serviteur se fendait d’un petit mot de bienvenue, remerciait Corinne Richard-Saier d’avoir accepté de nous recevoir et donnait la parole à celle par qui la bonne parole allait venir.

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Comme me l’a écrit un participant « J’avais souvent entendu parler de Myriam Huet mais je ne l’avais vu en chair et en vin » et ce fut, souligne un autre, « finalement un plaisir toujours recommencé qu'une dégustation de (bons) vins expliqués par un orateur de talent. On se prend à regretter que ça ne dure pas plus longtemps, que le Tour de France soit trop réduit. Mais Myriam HUET est un modèle de didactisme et de simplicité : j'ai eu l'impression de tout comprendre et de retrouver en nez et en bouche ce qu'elle venait de nous expliquer... » L’enthousiasme était au rendez-vous ce que traduit bien l’une des participantes « De la vivacité dans le propos mais avec une rondeur subtile, traces d'années de maturations fructueuses. Pas un copeau de langue de bois ; une langue qu'on avait d'ailleurs voulu nous réduire à 4 étapes de saveurs ordonnées dans l'espace. Et, oh joie, nous découvrîmes avec ivresse que toute honte pouvait être bue de ne pas répondre au standard du bien déglutir. »  

 MYRIAM MODELE

Et Dieu que l’exercice proposé à Myriam Huet s’avérait périlleux car elle se retrouvait face à un groupe dont elle ignorait tout et qui, manifestement était composé à la fois de purs néophytes, d’amateurs débutants et de quelques dégustateurs plus chevronnés. Se mettre à la portée des premiers tout en intéressant les seconds et en étonnant les derniers tel fut l’extrême simplicité de Myriam. Que du talent fondé sur une solide expérience et un sens aigu de l’art oratoire. Comme le confie l’un des jeunes participants « J’ai beaucoup aimé le côté « tout le monde sent des choses différentes », et le fait d'insister sur l'influence du contexte et de l'opinion des voisins sur sa propre appréciation du vin... Car c'est vraiment quelque chose qui se vérifie presque à chaque gorgée de vin ! ». Myriam Huet touche au plus juste, domine si bien son sujet qu’elle permet aux néophytes de se sentir à l’aise, d’entrer de plain-pied dans le monde que l’on dit mystérieux du vin. Ceux-ci ont « apprécié le côté accessible de l'exposé, l'emploi d'un vocabulaire simple et compréhensible, loin des formes pompeuses qui font parfois peur à ceux qui font à peine la différence entre cépage et appellation. »

 

Quelques impressions de participants en vrac.

 

« Quelques intéressantes nouveautés (pour moi) concernant les explications sur les réactions des tanins avec les protéines de la salive (sensation de râpeux) ainsi que sur l'historique de la prise en compte de la maturation phénolique.

Quant aux produits, la typicité des 3 premiers (sauvignon, chardonnay, pinot noir) permettait de faire une bonne révision et mon manque de discernement sur la reconnaissance du haut-médoc m'a ramené à la nécessité de rester humble et de pratiquer régulièrement l'art de déguster entre amis. »

 

« Bien que possédant 1 certaine expérience dans le domaine de la dégustation, j'en apprends toujours et cette soirée fut instructive.

Je salue également l'idée de notre animatrice d'avoir proposé quelques bons fromages en accompagnement. »

 

« Dans un superbe local,  Madame Huet a su trouver les mots justes pour nous guider durant cette dégustation, démontrant brillamment que le bon vin et le plaisir ne sont pas affaire d'étiquette. »

 

« Ce qui m'a, je pense, le plus ravi, c'est de voir vos collègues du Ministère de l'Agriculture, qui étaient juste à côté de nous, réussir à identifier sans trop de mal les 3 premiers vins, mais se planter assez royalement en insistant sur le « ça ce n'est pas Bordeaux, ah non ! » du Médoc de fin... Comme quoi le vin invite toujours à une certaine forme de modestie ! »

 

Myriam sait à merveille « dire le vin », avec pertinence, de l’humour, un soupçon de légèreté teinté d’une pointe d’impertinence, elle n’a pas sa langue dans sa poche et ses mots touchent car elle va droit à l’essentiel. Ce fut donc, de l’avis général, un très bon moment et personne n’a vu le temps passer si ce n’est pour regretter que ça ne dure pas plus longtemps. Le seul bémol est lié à l’organisateur, moi en l’occurrence, qui en assemblant tout ce petit monde n’avait pas prévu, juste avant que Myriam n’officie, de permettre aux participants de se présenter pour mieux faire connaissance. Autant pour moi mais, à ma décharge, j’étais tellement concentré sur le bon déroulement de l’exercice que je n’y ai même pas songé. Je ferai mieux la prochaine fois si l’expérience se renouvelle. C’est le vœu de l’ensemble des participants mais n’oublions pas que Myriam, au terme d’une journée de travail, nous a accordé une belle heure et demie de son temps. Qu’elle en soit vivement remerciée. Elle fut applaudie chaleureusement. Le lieu a séduit, certains y reviendront pour leurs emplettes, Myriam nous a emballé, ce fut donc une très belle soirée avec, j’allais l’oublier, de très beaux plateaux de fromages pour accompagner la dégustation.

 

Certains vont me faire remarquer que j’aurais pu suivre le fil de la dégustation, rapporter en détail les propos de Myriam, narrer les réactions des dégustateurs, vous parler des 4 vins présentés, en un mot jouer au petit reporter. Si je ne l’ai pas fait c’est que, « malgré mon immense talent de plume » – ben oui, on n’est jamais si bien servi que par soi-même –, il m’eut été impossible de restituer la couleur et la saveur de cette belle dégustation. Si j’étais doué pour le maniement des nouveaux joujoux électroniques c’est une vidéo que j’aurais du tourner de la soirée pour la poster sur Dalymotion. Encore une fois je ferai mieux la prochaine fois. Enfin, au risque de paraître aux yeux des grands collecteurs de CVO l’insupportable mouche du coche, ma minuscule initiative démontre à l’évidence qu’avec peu de moyens mais une écoute de l’attente des « consommateurs de base », ceux qui veulent savoir sans pour autant se prendre la tête, il est très simple d’atteindre un objectif vital pour le secteur du vin : assurer la transmission et en cela étendre le domaine du vin.

 

Grand merci à Corinne Richard-Saier pour son hospitalité.

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 00:09

Derrière la maison familiale du Bourg-Pailler, passé le potager puis l’aire où se faisait les battages, en pente douce des herbages, où naissaient des petits rosés – des champignons bien sûr pas les grands nectars défendus becs et ongles par les Provençaux contre les hordes de barbares libéraux – descendaient vers la rivière : l’Auzance. En face, ce n’était plus La Mothe-Achard mais Saint-Georges de Pointindoux la commune où mon père, mon grand frère et ma grande sœur étaient nés au lieu-dit la Célinière métairie propriété du vicomte de la Lézardière.* Donc, sur l’autre rive, accessible par une simple planche jetée au-dessus du petit bras paresseux, c’était les Essais, un gros lieu-dit dont les habitants, du fait de sa proximité avec le bourg de la Mothe-Achard, se vivaient plus comme des mothais –vivre dans un bourg était plus chic – que comme des ploucs de Pointindoux.

 

Je suis donc né au bord d’un fleuve, certes petit mais, n’en déplaise aux rieurs, l’Auzance se jette dans l’Atlantique à l’estuaire la Gachère située sur la commune de Brem-sur-Mer. Même que le Conseil Général voudrait y ériger, à Vairé, un barrage pour palier une éventuelle pénurie d’eau « En 2025, il faudra pouvoir distribuer chaque année en Vendée près de 45 millions de mètres cubes d’eau potable, soit près de dix millions de plus qu’aujourd’hui. Les économies d’eau permettant de réduire d’1/3 la consommation supplémentaire. Les ressources du département sont tout juste suffisantes actuellement sur certains secteurs. L’eau pourrait en effet venir à manquer sur le littoral, dans le nord ouest du département en cas de sécheresse hivernale suivie d’un été chaud » assure le porteur du projet de  barrage sur l’Auzance en Vendée, Vendée Eau. Bien sûr les associations de défense de l’environnement sont vent debout contre. Mais comme mon propos de ce matin est plus mélancolique je ne vais pas mettre mon nez dans ce dossier.  091013153309527_23_001_apx_470_.jpg

La Gachère donc, est le point d’accroche d’une vaste zone humide, un marais environnant un affluent de mon Auzance : la Vertonne, qui s’étend jusqu’à l’Île d’Olonne et se dénomme donc le Marais d’Olonne. À la maison, le marais à la Gachère était synonyme de braconnage nocturne. En effet, l'anguille est un prédateur et un charognard qui se nourrit principalement la nuit (elle n'aime pas la lumière) et utilise pour cela son odorat, très développé. Comme toujours le braconnage est une survivance de pratiques anciennes : l’anguille, sous toutes ses formes : des civelles aux anguilles argentées, longtemps considérée comme « nuisible », a fait l'objet d'une pêche populaire. Je n’ai jamais pratiqué, je ne suis pas pêcheur réservant ma prédation à d’autres territoires. Moi, ce qui m’étonnait, ignorant que j’étais du destin sans retour de l’anguille, c’était l’expression « y avoir anguille sous roche » car des roches, à la Gachère y’en avait point.

 

Du côté, de la fourberie supposée de l’anguille, je vous livre la réponse de Pierre Guiraud, lexicographe contemporain, dans « Les locutions françaises », le sens de tromperie cachée viendrait du lien établi plus ou moins consciemment ou d'un jeu de mots entre l'anguille et les deux formes de l'ancien verbe « guiller ».

Le premier, venu du hollandais et signifiant normalement « fermenter » (à propos de la bière), avait aussi le sens de « éviter le combat, se faufiler », un peu comme l'anguille qui tente de s'échapper lorsque quelqu'un cherche à l'attraper (mais n'est-ce pas le cas de tout animal non domestique ?).

Le second « guiller » vient du francique « wigila » (ruse, astuce) et signifiait tromper, d'où également la dénomination de Guillaume pour suggérer la tromperie.

Enfin, l'anguille était souvent assimilée à un serpent, animal fourbe s'il en est (comme preuve absolument incontestable, il suffit de se rappeler du « Aie confiance ! » de Kaa dans le dessin animé « Le livre de la jungle »).

Voilà donc suffisamment d'ingrédients pour que notre pauvre anguille qui ne demandait rien à personne devienne ainsi le symbole de la perfidie, la tromperie, la fourberie.

 

Plus intéressant encore, c’est que l'anguille classée comme poisson d'eau douce, elle y passe en effet la plus grande part de sa vie, va migrer dans l’Océan. Tout le mystère de son voyage vers la mer des Sargasses qui est une histoire extraordinaire. En effet, lorsqu’elle atteint sa maturité sexuelle, entre 8 et 17 ans, l'anguille va subir une transformation préalable à sa migration : elle devient argenté, prend une tête plus fine avec des yeux qui grossissent. Quelques temps avant le grand départ elle fait en sorte de se constituer le stock de graisse qui lui sera utile pour son voyage qui peut durer 3 ans. De ce long et périlleux périple vers la mer des Sargasses elle ne reviendra car l’anguille meurt sitôt le frai passé. Et pourtant la vie se transmet et ses larves (de 7mm au moment de s'engager sur le retour) retrouveront les eaux où leurs géniteurs ont vécu. La civelle contre vents et marées fera ce long chemin du retour sur la terre de ses ancêtres en se jouant des obstacles humains : barrages, digues). Force au-dessus du commun que cette anguille injustement taxée d’une perfidie dont sont richement dotés les hommes qui la pêchent puis la mangent.

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Ha les grillades d’anguilles de la guinguette de la Gachère après la fin des battages ! Une fête avec l’oncle Antoine garagiste à Brétignolles et la tante Lily, des brassées de sarments qui rougeoient très vite, des anguilles pas trop charnues, filiformes, jetées sur le grill, monte la fumée bleue comme celle des paquets de Gitanes, grésillement, l’odeur particulière de l’anguille qui n’est pas celle du poisson grillée, pouvoir manger avec ses doigts, croquer dans la chair blanche ferme mais savoureuse, goût charbonné, et un petit coup de vin de Brem dans un verre Duralex pour se rincer la bouche. Ce n’est pas faire injure à nos amis vignerons du pays de Brem que d’écrire ici qu’en ce temps-là leurs vins avaient de la verdeur et jouaient à merveille leur rôle d’excitants des papilles. Depuis ces années de culotte courte beaucoup d’eau de l’Auzance a filé dans l’Atlantique et toute une génération de vignerons se sont employés à porter haut les couleurs du Fief de Brem devenu récemment comme ses cousins une AOC. Tel est le cas, à Vairé, du Domaine ALOHA  Le Petit Poiré, 85150 Vairé  06 31 29 55 05 www.domaine-aloha.com. Ça fait une éternité que je ne suis retourné du côté de la Gachère sans doute je n’y retrouverais mes repères et je serais déçu.  3381333anguille-jpg.jpg

Nom scientifique : Anguilla anguilla

Famille : Anguillidés

Autres noms : Sili, Franche, Morgain, Margagne, Mourguin, Ressort

Anglais : Eel - Espagnol :Anguila  - Allemand :  Aal

Poids maximum : 6-9 kg (moy. 250 g à 1 kg)

Taille maximale : 1 m

Durée de vie : jusqu'à 25 ans

Période de frai : Mer des Sargasses

Ponte : 800 000 à 1 500 000 env. par Kg

 

* http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_La_L%C3%A9zardi%C3%A8re

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 00:04

Dans la série « le chêne français dans tous ses états » link je vous conte ce matin une belle histoire que vous auriez tort de jeter à la poubelle car bien sûr elle parle du vin, de ce vin qui se love dans les merrains (ce n’est pas du Ginsbarre mais c’est tout comme « le creux de mes reins ». 1886.jpg

 

Le 21 octobre 2004, dans la salle des ventes de Cerilly il flotte un parfum d’Histoire : pour la dernière fois sont mises en ventes des chênes des parcelles de la futaie Colbert en forêt de Tronçais. La vente d’automne est toujours la plus prestigieuse mais là les happy few du tonneau savent qu’ils vont assister à la dernière vente. En 1669, le célèbre Ministre des Finances de Louis XIV par une ordonnance sur les Eaux et Forêts entreprend de restaurer les forêts royales laissées à l’abandon, dont celle de Tronçais. Avec elle, et la remarquable continuité de sa gestion, nait le mythe de la futaie droite. « Depuis le premier aménagement en futaie régulière en 1832, le choix des essences, le mode de traitement et les critères d’exploitabilité sont restés les mêmes [...] Les différents gestionnaires de Tronçais se sont appuyés sur une approche pragmatique et une bonne connaissance de l’histoire de la réserve située au cœur de la forêt. Résultat : Tronçais n’est pas une forêt plantée et la régénération naturelle assure la conservation génétique de ses chênaies. »

 

Fermez les yeux, imaginez-vous pénétrant en ce lieu magique : « le charme agit : on est pris par la hauteur vertigineuse de la canopée des hautes futaies, par la rectitude des fûts, par la finesse de l’écorce, par l’abondance de belles tiges, par l’esthétique des vieilles futaies, mélangées, étagées clairiérées. Puis, au fur et à mesure des sorties, on découvre les charmes cachées de la forêt : vigueur de l’osmonde royale *, les fontaines cachées dans les fonds, l’abondance des arbres monumentaux, la toponymie évocatrice... » Y aller ! Se laisser pénétrer ! Le rendez-vous est pris. Nous irons !  rond_de_morat.jpg

De ces arbres âgés de plus de 300 ans, l’Office National des Forêts en conserve une partie au titre du domaine. Les autres parcelles sont commercialisées car « passée leur limite d’âge, les arbres meurent sur pied » explique Olivier Poite de l’ONF. En 5 ans les derniers lots de la prestigieuse futaie ont été commercialisés. La dernière vente signifie la dernière coupe « ces grands chênes qu’on abat » et le dernier acheteur l’entreprise Canadell merrandier* a convié ses clients et les amis de la forêt de Tronçais www.amis-troncais.org . « Début novembre, près de 150 personnes se retrouvent près de l’étang de Tronçais, direction la futaie Colbert. Jaunes, vertes, bleues, rouges, des inscriptions bizarres, incompréhensibles, couvrent l’écorce de quelques troncs. Explication d’Olivier Poite « Ce sont les acheteurs qui font leur estimation avant la vente. Ils viennent en forêt avec leur cahier de vente de bois de l’ONF. Le trait rouge au pied de l’arbre est un martelage de l’Office. Il indique le lot à vendre. Un acheteur passe en moyenne 4 heurs sur une parcelle. Sur le tronc de l’arbre, les entreprises qui répondent à l’appel d’offre portent leurs repères, leurs indications. » La vente se fait en bloc, sur pied. L’ONF a un rôle de grossiste. Le contrat de vente prévoit un délai d’exploitation de 18 mois. Les coupes se font toujours durant l’hiver. Pour un merrandier, la qualité d’un chêne se repère à son pied plus développé, et surtout, son tronc rectiligne. Ce bois serré et régulier permettra de fabriquer des barriques d’une exceptionnelle qualité »

 

Je reviendrai dans une prochaine chronique sur la merranderie qui consiste à produire des merrains, c’est-à-dire des pièces de bois, généralement de chêne, fendues en menues planches, dont on fait des panneaux, des douelles de tonneaux et d’autres ouvrages. Le mot merrain est apparu deb 1624 et Buffon l’emploie pour désigner la matière du bois de cerf « Le merrain gros et bien perlé, avec un grand nombre d’andouillers forts et longs. »

 

Pour clore ce chapitre je vais vous narrer l’histoire du Morat, un grand chêne sessile de légende de la forêt de Tronçais vieux de 350 ans. La forêt de Tronçais « recèle 40 arbres exceptionnels par leur âge, leur taille et la qualité du bois. Il n’et pas dans la politique de l’ONF de mettre en vente ses arbres exceptionnels. Toutefois, ils ne sont pas éternels et le Morat était condamné. Il avait mal supporté la canicule de 2003, et son écorce était la proie des capricornes (variété de coléoptères). Aussi de grand chêne sessile, une variété particulièrement recherchée par les ébénistes et la tonnellerie, fut mis en vente aux enchères sur pied le 18 octobre 2005. Luc Sylvain, tonnelier et viticulteur de Libourne acquit le Morat pour la somme de 7790€. Près de 39 mètres de haut, 1,30 m de diamètre à la base du tronc, 19 m3 s’un bois d’exception. Débité en merrains puis façonnés en fûts, notre tricentenaire commença une autre vie au service de l’élevage de vins d’exception. »

« En 2009, la vente aux enchères de dix barriques bordelaises de 225 litres, décorées par des artistes plasticiens, rapporta 39000€ à l’association caritative la Voix de l’enfant ! Un record ! Ces fûts étaient pourtant vides, mais ils avaient été fabriqués avec le bois du Morat, un chêne de légende, vieux de 350 ans » www.tonnellerie-sylvain.fr  

 

à suivre sur mes lignes...

 

Cette chronique n’a pu exister que par le talent de Marielle Roux du BIMA janvier/février 2005 et de Laurent Fritsch d’alim’agri janvier/février 2011 (BIMA = Bulletin d’Information du Ministère de l’Agriculture auquel alim’agri s’est substitué.

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 06:00

Je dois tout aux femmes !

Cette chronique par exemple qui, sans Fleur mon informatrice dénicheuse de talents, sans Muriel Giudicelli (voir chronique vigneronne de Poggio d’Oletta  link) la présidente d’UVA Corse par qui ces vignerons corses étaient ensemble à Paris, sans Catherine Lhéritier celle par qui le buffet a été un plaisir de bouche de cuisine authentique et sans Battista Acquaviva pour un moment de haute volupté, cette chronique donc n’aurait jamais existé.

Toutefois l’honneur des hommes est sauf puisque l’organisateur de cet évènement, au 60 Quai de Jemmapes, est François Briclot.

L1000565.JPGJe sais que cette profession de foi va en faire jaser plus d’un mais tout du moins personne ne pourra me taxer d’opportunisme car ma chronique n’a pas surfé sur la Journée de la Femme.

 

Parlons peu mais parlons vin.

 

Mes liens avec la Corse étant anciens et profonds (chronique Esquisses Corses : « il y a un esprit des îles » partagez-le avec moi ! link) ma chronique va puiser son inspiration plutôt dans les vibrations de l’âme corse plutôt que dans ma science de la dégustation qui s’apparente à un petit niveau CM2. Je ne vais donc pas vous infliger des commentaires de dégustation qui n’apporteraient rien de bien nouveau aux vins corses présentés.  Simplement, en un mot comme en un seul, même après ce que je viens d’écrire sur mes compétences de dégustateur, j’affirme que le plateau du 60 quai de Jemmapes était de grande qualité et que ceux des vins que je vais citer ne correspondent qu'à un pur feeling personnel lié au moment et c'en était un bon..

 

- Domaine Pero Longo AOC Sartène www.perolongo.com : Lion de Roccapina blanc 2007 7,50€ un très très grand blanc, rare !

 

- Clos d’Alzeto AOC Ajaccio www.closdalzeto.com Prestige blanc 2010 11,30€

 

- Domaine Vico-Clos Venturi AOC Ajaccio www.domainevico.com Clos Venturi blanc 2010 12,10€

 

- Domaine de Vaccelli AOC Ajaccio Roger Courréges Rouge 2007 10€

 

- Domaine Cordoliani AOC Patrimonio www.domaine-cordoliani.com Domaine Rouge 2007 9,40€ et le vin de don Michel Smith dit le roi du Carignan Perle Noire 100% Carignan Vin de France 2009

 

- Domaine Giudicelli AOC Patrimonio Tradition Rouge 2009 9,50€ j’adore les vins de Muriel Giudicelli et Tradition Muscat 2010 12€

 

- Domaine d’Alzipratu www.domaine-alzipratu.com Cuvée Pumonte Rouge 2008 11€

 

Maintenant permettez-moi de vous présenter Battista Acquaviva, fille du frère de Pierre Acquaviva du Domaine d’Alzipratu qui nous a régalé a capela d’un chant d’amour Culomba. Elle est née à Bastia, a étudié « pendant dix ans le violon classique et baroque sous la direction d’un professeur particulier. Parallèlement, elle étudie le chant avec son père Nando Acquaviva, qui l’initie à l’écoute des intervalles spécifiques de la pratique du chant traditionnel corse, à la performance et au placement de voix correspondant. » Élève de l'école de musique de Pigna Scola di cantu. Sa tessiture est soprano, mezzo et colorature. Battista a choisi pour thème de sa thèse de doctorat la « mystique féminine et mythes de la femme dans le XIXème littéraire D'H.de Balzac » au sein de l'école doctorale de Julia Kristeva, sous la direction de José-Luis Diaz. Vous pouvez juger sa voix sur pièce en écoutant les 2 vidéo ci-dessous. L1000569-copie-1.JPG 

Après cette audition je vous propose de lire 2 des 11 pages que Robert V. Camuto consacre à Pierre Acquaviva « Le sang d’un frère » dans son livre « Un Américain dans les vignes » chez Michel Lafon.   


 

Après avoir été  déjeuné Chez Michel à Calenzana au soir du vendredi saint, de retour à l’hôtel à Calvi y trouve un message urgent attend Camuto qui fait finement remarquer que ça le choque « car il n’est pratiquement jamais personne dans ce pays pour estimer qu’il y a urgence. » Le billet demande de rappeler Pierre Acquaviva du domaine d’Alzipratu. Camuto appelle le numéro griffonné sur le bout de papier et apprend que ce n’est pas Pierre qui a appelé mais son père Maurice. Celui-ci a 72 ans « maigre, trapu, avec une touffe de cheveux clairs et bouclés, des yeux verts, un regard vif Mais, contrairement à son fils, il parlait le français avec un fort accent corse, outre une autre différence frappante : quand je lui tendis la main, il la saisit de sa main gauche, et la prit maladroitement. Je regardai sa main droite. De sa manche, sortait une prothèse verte, en plastique, de la main et de l’avant-bras. » Camuto lui propose de venir à 18 heures à son hôtel sur le port. Arrivé en avance, Maurice Acquaviva, pour parler sans être dérangé, entraîne Camuto dans un appartement appartenant à des cousins. « Ignorant mes protestations, il commença par la façon dont les français avait conquis la <corse indépendante, plus de deux cents ns auparavant, puis passa plus d’une heure à me décrire les mauvais traitements que les Français leur avaient fait subir, des guerres du XVIIIe aux taxes du XXe sur les vins corses en passant par la gestion étatique du ferry reliant le continent.

Ce système de ferry, qui met Marseille à une demi-journée de la Corse, a pour effet d’augmenter le coût des... »

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 00:09

Si vous êtes curieux et que votre amour du vin transcende les idées reçues et les préjugés suivez-moi ! Mettez vos pas dans mes pas. Samedi le soleil persiste à occuper un ciel encore hivernal alors cap au Nord pour rallier Château Rouge. C’est direct ligne 4. J’arbore une superbe écharpe orange. Au débouché du métro c’est l’Afrique dans tous ses états : des couleurs, des odeurs, des marchands à la sauvette, du bruit, un entrelac de langues, les femmes occupent le haut du pavé. Je prends la rue Myrha en pensant qu’à la verticale de la rue Polonceau, la villa Poissonnière est une volute de mes souvenirs  bleu pétrole : Résidents de la République, une belle union Gaëtan Roussel&Alain Bashung, et l'amour un bouquet de violettes.

Et puis, tout en bas de la rue Myrha, surprise : un marchand de vins « la cave de Don Doudine » Bien sûr je pousse l’huis. Je salue le caviste puis procède à l’inventaire. Intéressant ! Comme c’est l’heure de casser une graine je m’enquiers de l’heure de la réouverture. Ce faisant mon œil de dénicheur tombe sur la couverture très alléchante http://xerographes.free.frd’une brochure au titre évocateur : Les Recettes « faites ici » des habitants de la Goutte d’Or. Goutte-moi ça ! AGO Accueil Goutte d’or. J’achète 20€ ! À quelques pas de là je déjeune d’un Couscous maison aux Trois Frères que j’arrose d’une demi-bouteille de Coteaux de Mascara Château Beni Chougrane qui sent la planche. Je profite de la halte pour feuilleter l’opus et, comme vous devez vous en douter, composer une chronique ou plus précisément du menu de qui vient dîner ce soir ?  photo-GO.jpg

Pourquoi ce titre me direz-vous ? Le souvenir du film de Stanley Kramer, sorti en 1967 Devine qui vient dîner ? (Guess who's coming to dinner) dont l’histoire est celle d’une jeune femme de 23 ans Joey Drayton (Katharine Houghton), vient à San Francisco présenter son futur époux, le docteur John Prentice (Sidney Poitier), à ses parents Matt et Christina Drayton (Spencer Tracy et Katharine Hepburn). Drayton est sous-directeur de l'Organisation mondiale de la santé, brillant médecin et professeur de médecine de 37 ans, veuf depuis huit ans d’une première épouse décédée en compagnie de leur fils dans un accident. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes si nous avions été dans les USA d’Obama car John est noir et Joey blanche, une différence problématique en 1967, comme l’explique Matt le père de Joey, car une telle union « serait illégale dans plusieurs états » Les parents de Joey ont des convictions libérales très affirmées et ont élevé leur fille dans le refus du racisme. Cependant, lorsque John leur fait savoir qu'il renoncera au mariage s'il n'obtient pas leur consentement sans réserve, ils se retrouvent face à leurs contradictions.

 

En buvant mon thé à la menthe j’ai donc composé le Menu qui suit et ensuite je m’en suis retourné chez mon caviste de la rue Myrha pour y acquérir les petites bouteilles qui l’accompagneront. Patience c’est dans la chronique qui suit.

 

SOUPE : La Mercimek Çorba de Victor une soupe du Bosphore

 

 

PLATS : - Bricks de Fatma une Algéroise de Paris

                 – Curry au poulet bananes plantain

                 – Le mafé de Salif du Sénégal

                 – Baccalhau a braz de Maria du Portugal

                 – Galettes de pommes de terre frites de Fred le Polonais

 

LES DESSERTS : - Le pain d’épices de Séverine Haute-Savoie

                                    – Ista Kulfi de Neelam glace à la pistache

 

 

Tout ça est venu d’un voyage vertical. « J’ouvre ma fenêtre pour laisser échapper les odeurs de la cuisine et, comme dans Barbès Palace de Mohamed Boudjera, je me lance dans un voyage vertical. Tandis que du rez-de-chaussée s’échappe le fumet d’un poulet yassa, une odeur de jasmin s’évade de chez mes voisins chinois. Alors ne passe à l’étage supérieur pour un retour en Afrique : Salif prépare son fameux mafé, tandis qu’au  troisième Delphine cueille son basilic pour une recette venue d’Avignon et dont elle a le secret...

- Dis Delphine, qu’est-ce que tu prépares ?

- Tu as fini de faire la concierge ? »

 

La suite fut un best-seller. Bravo le quartier ! Vous pouvez acheter in situ ou appeler le 01 42 51 87 75 Moi je prends mon café en terrasse face à l’église Saint Bernard où (si vous avez de la mémoire...) et ensuite je file emplir mon cabas de l’indispensable liquide chez Don Doudine. Si vous voulez bien me suivre le détail est sur la chronique qui suit.

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 00:09

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Cher Michael Steinberger,

 

Nous eûmes pu nous rencontrer en novembre 2006 autour de la table d’Estelle et Pierre Clavel link à Assas en ce terroir du Languedoc pour lequel, Jean, le sage, qui m’aurait rajouté en bout de table, a tant œuvré. Tel ne fut pas le cas et je le regrette un peu mais la lecture de votre livre, publié en 2009 aux USA, sous le titre « Au Revoir To All That », fort bien traduit en français par Simon Duran pour Fayard en ce tout début 2011, m’a apporté la preuve que votre amour pour notre mode de vie était profond et solide.

 

Je préfèrais votre titre initial, car un Au Revoir n’est pas un adieu, à celui de l’édition française. En effet, même si je partage vos craintes, la cuisine française, n’est pas un chef-d’œuvre en péril. Les bons produits, longtemps laminés, ignorés, reviennent en force et il ne faut pas désespérer de nos jeunes pousses qui sont loin d’être MacDonalisées à tout jamais. Mais je ne vais pas me lancer dans un long plaidoyer sur ce thème car ma chronique de ce matin a un tout autre but : inciter mes lecteurs à acquérir votre excellent et fort pertinent livre.

 

En effet, bien plus qu’un simple chroniqueur gastronomique vous êtes un écrivain. L’hommage que vous rend Jay McInerney – dont je suis un lecteur – «adieu fascinant et bien documenté sur la meilleure cuisine que le monde ait jamais connue», en porte témoignage. Vous êtes un fin connaisseur de notre pays et je comprends que « Voir disparaître ainsi le mode d’être et d’alimentation des Français » vous attriste et que lorsque vous écrivez qu’ « En France, je n’avais pas seulement appris comment manger ; j’avais aussi appris comment vivre. » votre empathie pour notre vieux pays sonne juste. Dans une interview à Libération vous déclarez que «  la cuisine reflète l’état d’un pays et celle de la France a perdu de sa créativité après les Trente Glorieuses. Contrairement à d’autres pays, la France n’a pas surmonté la crise économique. Pendant des siècles, elle a produit des chefs-d’œuvre musicaux, artistiques ou littéraires, mais ce n’est plus le cas. Paris est à la traîne et rien n’est épargné, pas même la cuisine. »

 

J’en conviens en effet car ce qui manque le plus à notre vieux pays c’est de la vitalité. Cependant, vous qui ne faites que passer, vous vous en tenez, en dépit de vos incursions chez quelques-uns des meilleurs de notre France des Terroirs, à la surface des choses. Dans les plis et les replis d’un pays qui, paradoxalement a un taux de natalité remarquable, germe des graines qui vont nous redonner de l’élan. Pour avoir moi-même, et Jean Clavel pourra vous le confirmer, été en butte à l’immobilisme à la française, alliance objective de la bureaucratie et d’un conservatisme imprégné de corporatisme, je vous assure que vous devriez ne pas vous en tenir à un certain nombre d’idées reçues. Nous sommes certainement un peu fourbus mais de grâce ne confortez pas notre pessimisme en nous expédiant dans une forme de muséification qui ne correspond pas à la réalité.

 

Ceci écrit, contrairement à vos confrères français Aymeric Mantoux et Emmanuel Rubin : Le livre noir de la Gastronomie Française link, sur tous les sujets que vous abordez vous allez au fond des choses, vous cherchez, vous êtes curieux, vous possédez parfaitement la trame historique, vous questionnez les bons interlocuteurs, leurs réponses sont des citations identifiées et non des perfidies anonymes, c’est donc, même si parfois je ne partage pas certaines de vos analyses, de la belle ouvrage comme l’aurait dit mon grand-père. Vos 17 pages sur Le dernier gentleman d’Europe Jean-Claude Vrinat du Taillevent m’ont ravi ; puis les 19 pages sur Une nation du fast-food sur la saga McDonald’s en France sont remarquables ; les 23 qui suivent Le cru et le cuit sur notre calendos au lait cru sont de la même veine ; les 25 consacrée ensuite au vin « Sans le vin ce serait un désert » (citation de Pierre Clavel » sont intéressantes, malgré une vision parfois un peu simplificatrice, j’écrirais même teintée d'une forme de naïveté très Nouveau Monde ; enfin les 25 consacrée au Roi du Monde : Ducasse sont à proposer aux écoles de journalisme. Il y a peu de déchet dans ce livre et je m’y référerai à l’avenir pour nourrir certaines de mes chroniques : par exemple votre entretien à l’automne 2006 avec Hervé Briand de l’INAO qui ravira mes amis de Sève et l’histoire du Château Fourton La Garenne illustratrice des maux dont souffre le Bordeaux tout court.

 

Merci aussi de parler de Haute cuisine à l’instar de la Haute Couture car les similitudes et les dérives y sont riches d’enseignement et vous me fournissez ainsi matière à future chronique.

 

Pour mettre mes lecteurs en appétit permettez-moi de leur offrir un florilège de citations en guise d’amuse-bouches.

 

« Ce n’est pas seulement la manière dont les Français préparent leur nourriture qui les séparent du reste de l’humanité ; c’est la manière qu’ils ont de penser la cuisine et d’en parler. Plus que toute autre nation, les Français élèvent la cuisine au rang d’art, et donnent à l’alimentation l’allure d’une activité exaltante. » (une brève histoire de la gastronomie française)

 

Le terroir « le lieu, encore le lieu, toujours le lieu »

 

Alain Senderens à propos de ses étoiles : « Désormais les clients désiraient faire un bon repas pour un prix moins élevé et que le chefs devaient servir une nourriture impeccable sans avoir à fournir en même temps du faste, du luxe et tout le tremblement. »

 

Sur Jean-Luc Naret le pacha du Michelin « jeune, mondain et perpétuellement hâlé »

 

De Pascal Rémy l’ex-inspecteur du Michelin L’inspecteur se met à table à propos de Jean-Luc Naret : « Berlusconi ? » Selon lui, Naret était un vendeur, et sa fonction était de vendre des livres pour vendre des pneus.

 

« Si Taillevent n’existait pas, il faudrait l’inventer. C’est le pilier de la cuisine française, l’idéal qu’on peut atteindre ou qu’il faudrait atteindre dans la conduite d’un restaurant et dans la manière de traiter chaque client de façon digne et honorable. » Patricia Wells.

 

« En outre, c’était à la maison, plutôt qu’à l’école, que la culture alimentaire française était en train de subir les assauts les plus violents. Il y avait plusieurs raisons à cela. La plus évidente et la plus significative était que, désormais, des millions de Françaises travaillaient, et qu’elles n’avaient ni le temps ni l’envie de préparer chaque soir un repas pour la famille. C’était bien plus facile de jeter une pizza surgelée dans le four. »

 

« Or, cet héritage était à présent en danger. Les foyers où l’on dîne à la va-vite, avec souvent la télévision beuglant en toile de fond, se faisaient de plus en plus nombreux. »

 

Denis Hennequin ex-patron McDonald’s France puis Europe passé chez Accor de « Ce n’est pas à cause McDonald’s que les gens ne cuisinent pas à la maison, me répondit-il brusquement. Ce sont eux qui ont décidé d’arrêter de cuisiner – parce que cela ne les intéresse pas, parce qu’ils travaillent ou parce qu’ils ne veulent pas salir leur cuisine. Ce n’est pas ma faute. Mais si vous y réfléchissez, dans les restaurants français, le steak-frites était déjà le plat le plus vendu pour les enfants. On peut dire que nous ne faisons que leur proposer sous une forme différente. »

 

« Le cadre travail stérile requis par la réglementation européenne avait éradiqué certains microbes bénéfiques qui évoluaient autrefois dans l’air et sur les surfaces, et Durand admettait que même son fromage avait un peu perdu en qualité. Cette nouvelle réglementation n’avait pas seulement affecté la production fromagère ; elle l’avait rendue très coûteuse pour de nombreux petits producteurs comme Durand. L’investissement nécessaire pour s’y conformer était parfois si rédhibitoire que beaucoup d’entre eux renonçaient à leur activité. »

 

« C’est un paradoxe de l’hygiène alimentaire, avec moins de germes, le danger pourrait être encore plus grand. » Luc Morelon de Lactalis qui explique « que toutes ces bactéries étaient présentes en plus grand nombre dans le lait, il leur fallait lutter pour l’espace, ce qui avait pour résultat de créer un environnement stable. Avec mois de germes, la compétition était moindre et les bactéries avaient plus d’espaces pour se développer. « 

 

« Ducasse incarnait une bonne part de ce qui allait mal dans la haute cuisine française : les chefs absents, se livrant sans cesse à la promotion de leur noms en marques et manquant de candeur créatrice aux fourneaux. » François Simon

 

« Trop de chefs dans les salles d’embarquement des aéroports, pas assez dans les cuisines. »

 

« En dépit de son air bravache et de son apparence urbaine, Ducasse était-il au fond un péquenaud ? Avec ses origines rurales et son éducation limitée, était-il intimidé de lire à haute voix devant un groupe de journalistes très cultivés ? »

 

« Ducasse s’intéresse au sort de la cuisine française ; Robuchon ne s’intéresse qu’à Robuchon » François Simon.

 

«  Il y a plus de passion au Japon pour la cuisine et le vin français qu’on en trouve en France, m’affirma-t-il. Les japonais sont maintenant très cultivés et informés de tout ce qui touche à la cuisine française et quand la nourriture est bonne, ils sont très enthousiastes. Les samedis et les dimanches, ils peuvent attendre deux ou trois heures pour obtenir une table ! Même ma mère attendra volontiers une heure et demi » Hiramatsu

 

« La gastronomie est le dernier bastion de l’esprit réactionnaire en France et c’est dommage » Gérard Allemandou de la Cagouille à propos de l’absence des minorités ethniques chez les toqués, sauf à la plonge.

 

Voilà, j’en ai presque terminé avec vous, cher Michael Steinberger, mais avant ma chute il me faut vous avouer que je considère la première phrase d’un livre comme étant capitale pour l’appétit de lire et votre phrase d’attaque « Par une soirée un peu trop chaude de septembre 1999, j’échangeai ma femme contre du foie gras de canard » est un modèle du genre, un vrai petit bijou. Et, comme ici chez moi tout fini avec des histoires de vin,  en hommage à un de nos chers disparus cette anecdote se déroulant chez le Ladurée à jamais disparu « J’y commandais généralement une salade niçoise, composée avec art et parfaitement préparée, que j’agrémentais d’un ou deux verres du morgon – senteur de violette – de Marcel Lapierre. »

 

La prochaine fois que vous reviendrez en notre pays fourbu, cher Michael Steinberger, lorsque vous vous poserez à Roissy faites-moi signe nous irons prendre un verre dans un bistrot pour parler des vignes, des vins et des vignerons. Ensuite, si vous disposez d’un peu de temps je  vous propose de vous guider pour que vous découvriez mieux encore, dans les plis et les replis de nos terroirs, des garçons et des filles plein d’allant qui vous persuaderont que, pour le vin tout au moins, la France n’est pas encore un chef d’œuvre en péril.

 

Dans l’espoir de vous lire, entendre ou voir, recevez cher Michael Steinberger l’expression la plus vive de mon goût immodéré du bien-vivre.

 

Jacques Berthomeau

 

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 00:09

 

« L’amour est un bouquet de violettes » l’un des tubes de Luis Mariano que maman aimait tant, remis au goût du jour par Roberto Alagna, avec son parfum vieillot, va servir de fond sonore à ma chronique du jour. La violette, star de Toulouse, a en effet un petit côté désuet, un air de rosière effarouchée, la timidité d’une fleur un peu passée de mode et pourtant si naturelle, si parfumée, si envoutante même, qu'elle mérite mieux qu’une petite ritournelle. Alors, croquons-la !

 

Manger des fleurs n'est pas nouveau, depuis l'Antiquité les différentes civilisations ont utilisé les fleurs dans leur gastronomie. Les chefs, de nouveau, utilisent les fleurs, souvent seulement pour faire joli. À la Grande Épicerie du BM il est proposé des barquettes de pensées qui sont, elles aussi de la famille des violacées. Alors, en vous proposant le Millet aux violettes suis-je en train de prendre les vents portants ? Que nenni, ma proposition n’est que le fruit du hasard.

 

Samedi, malgré le gris, bien encapuchonné, je marchais dans les rues de Paris. Alors que je venais de laisser Saint Jacques Haut-le-pas sur ma senestre (sinistra en italien) mon regard de lynx à lunettes fut attiré par la devanture d’une pharmacie. Je fréquente peu les potards dont le goût de plus en plus prononcé pour le commerce me fait douter de l’utilité du numerus clausus dont ils bénéficient dans notre pays françois. Là, je crus un moment que c’était l’étal d’un bouquiniste car sur un chevalet en plexiglas un vieux livre ouvert me tendait les bras.

 

Photos.

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Comme vous venez de le constater de visu je tenais là le sujet de cette chronique. Pour moi ce fut bien plus qu’une simple lubie mais une réelle obligation. En effet, le millet fait partie de mon code génétique : à la maison familiale le millet de la tante Valentine, une rareté craquante – le grain de millet même décortiqué garde son intégrité après la cuisson – avec son léger goût de fumé, enchantait mes goûters au retour de l’école.

 

Millet aux violettes



Comment le rendre tout sucre, tout  miel ?

 

                                            L’Enchantement

 

L’abeille visite 7500 fleurs pour produire 1 g de miel !

Cela équivaut à une moyenne de 200 à 300 fleurs à l’heure.

Ses 20 000 sœurs butinent 150 millions de fleurs avant de produire,

Au sein de la ruche, les 20 kg de miel escomptés.

Le miel fait partie des petites douceurs parmi les saveurs sucrées.

Qu’il soit étalé sur les tartines du goûter, incorporé à la pâte des gâteaux

Ou bien encore dans cette savoureuse préparation aux violettes,

il laisse un goût de bonheur sur les papilles.

Et c’est une bonne recette pour rendre son prétendant

 

Au chaudron ! Faire tiédir le lait. Y laisser infuser les violettes 15 minutes et filtrer. Verser les flocons de millet* en pluie dans le lait filtré et faire cuire 10 minutes à feu doux. Ajouter le miel, mélanger puis mettre dans un compotier.

 

Emplettes  et cueillettes

pour 4 personnes

 

50 cl de lait *

4 poignées de violettes bien parfumées

12 cuillérées à soupe de flocons de millet *

4 cuillérées à soupe de miel.

 

L’œil sur la pendule

 

Préparation : 5 minutes

Infusion : 15 minutes

Cuisson : 10 minutes

Temps total : 30 minutes

 

Mon grain de sel

 

* acheter du lait cru de vache Jersiaise et du millet en grains chez Biocoop par exemple.

 

Reste la grande interrogation finale induite par mon titre : peut-on boire un verre de vin pour accompagner un laitage ? Lait et vin font-ils bon ménage ? Même si l’ami Michel Grisard citant Platon en commentaire de mes écrits sur le « péril vieux » nous dit que « le vin est le lait des vieillards » l’accord entre le lacté sucré et le jus de treille fermenté ne va pas de soi. Et pourtant, puisque le riz au lait revient en force sur les cartes de restaurant, j’affirme que le Beaujolais blanc de Pierre-Marie Chermette www.chermette.fr  est en accord avec mon Millet aux violettes.

 

Contreverse ?


C’est vous qui voyez. La maison permet d’apporter son panier, elle n’impose rien. Elle n’a pas de parti-pris.


Tous à vos claviers !

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