Rassurez-vous bonnes gens ceci n’est qu’une petite chronique sur une dégustation de vins de couleur rose. « Au XIXe siècle, les théoriciens de la couleur, refusèrent au rose le statut de véritable couleur et préfèrent voir en lui un mélange de blanc et de rouge… » écrit Michel Pastoureau spécialiste des couleurs. Les ennuis commencent...
Fut un temps, pas si lointain, où chroniquer sur le vin de couleur rose équivalait à tenter de faire publier dans Le Monde une tribune libre sur La Face cachée du Monde: du contre-pouvoir aux abus de pouvoir de Péan et Cohen, ça relevait de la faute de goût, du « dégustativement » incorrect. Maintenant c’est tendance, c’est chic, ça relève même, aux dires de « l’agité du bocage » de la croisade pour la défense des valeurs françaises contre l’hydre européiste et ses valets. Grosse caisse et cymbales, les barbares ne corrompront pas notre pur nectar pink ! Dès l’origine j’ai pressenti que l’affaire, dite du « rosé pur », relevait de la patate chaude chère à PPDA, un bel embrouillamini à la française, version Pagnol, et je me suis bien gardé d’y mettre mon grain de sel. Je me suis contenté de compter les points, de peser les doses de mauvaise foi, d’apprécier la paresse intellectuelle de certains journalistes de la presse nationale, de me désoler aussi de tout ce ram dam. Mais comme a toute chose malheur est bon, petit à petit le dossier a eu au moins le mérite de faire progresser mes connaissances sur le contenu des décrets de certaines appellations. Mon ignorance dépassait l’entendement. Pour le reste, le fond du dossier, tout commentaire est inutile : en France il faut être pour ou contre, pétitionner, se victimiser, stigmatiser les eurocrates, prendre des poses, parler « gros »… sinon les médias ne se bousculent pas au portillon. Alors l’avenir nous dira à qui profite ce « crime » contre l’authenticité du rosé provençal ?
Bref, moi pendant ce temps-là je vaquais à mes occupations et à mes emplettes vineuses : le premier rosé acheté fut vin de pays de la Loire Groslot (5) 2007 de l’abbaye Ste Radegonde acheté 8,90 euros chez l’épicier tunisien du Bd St Jacques. Le second et le troisième furent acquis lors d’une virée sur les bordures nord du Marais : chez Julien un caviste rue Charlot pour le vin de pays d’Oc 2008 Domaine des Maillols (7) : 6,90 euros et chez une caviste, au marché des Enfants Rouges, pour le Coteaux d’Aix 2008 Château Bas (8) 7,90 euros. Vint ensuite ma tournée audoise avec l’Orangeraie (12) vin de pays d’Oc de Lorgeril à 4 euros , Il Emma (13) Domaine des Hautes Terres 2008 vin de pays de la Haute Vallée de l’Aude 6,10 euros départ et Rosmarinus (11) Corbières d’Embres&Castelmaure 4,65 euros départ. Puis ce fut une percée un soir à la Gde épicerie du BM pour acquérir le rosé discount Adhémar (15) 4,45 euros un vin de pays des collines de la Moure Cinsault 2007. Lors de mon reportage au Carrefour d’Auteuil je revins avec 4 bouteilles sous les bras : Augustin Florent (2) vin de pays coteaux de l’Ensérune 2008 2,40 euros, la Roche Mazet (3) vin de pays d’oc Syrah 2008 2,41 euros, [yellow tail] (1) 2008 5,69 euros et un Domaine de la Sauveuse (4) Côtes de Provence 2008 AB 5,70 euros. De passage à l’Etoile je faisais l’acquisition au drugstore Publicis de Cabochard (6) Côte Roannaise 2008 domaine Robert Sérot à 6,90 euros. Pour clore ces achats sans rime ni raison j’achetais Le rosé de Malartic (9) Bordeaux 2008 7,90 à Monoprix Daviel et l’Argentin de Malartic (10) 2008 me fut envoyé directement du château (devrait être vendu en CHR autour de 5 euros). Ma besace ainsi remplie le temps était venu de se siffler la ligne de rosés à laquelle 2 corses labellisés B&D pour Monop venait s’ajouter : un Patrimonio Clos Teddi (15) 2008 à 9,90 euros et un Sartène Domaine Fiumicicoli (16) 2008 à 11 euros.(les photos sont visibles en Wine News N°54 en haut à droite du blog).
Les n° entre parenthèses indiquent l’ordre de passage dans la dégustation.
Nous avons dégusté nos vins le 20.
6 dégustateurs : Flore, Margot, Erwan, Matthieu, Michel-Laurent et Yannick.
Méthode Parker sur fiches : 50+ robe /5, nez /15, arômes et finale /20 et qualités d’ensemble /10. Bouteilles découvertes sans commentaire.
Nos dégustateurs après collation de leurs notes se répartissent en 3 groupes :
- le clan des 1200 : Yannick 1209 et Michel-Laurent 1265
- le clan des 1300 : Margot 1329 et Erwan 1333,5
- le clan des 1400 : Matthieu 1415 et Flore 1424
Soit une moyenne de 1329 ce qui donne Margot comme représentative du groupe.
Sur le tableau ci-dessous 2 notes sont indiquées entre parenthèses :
- la première est arithmétique : c’est le total des notes de l’ensemble / 6
- la seconde est le résultat de la moyenne de l’ensemble des notes dont on a enlevé, pour chaque dégustateur, la meilleure et la plus faible et dont le diviseur est 4.
Cette dernière lisse l’emballement ou la sévérité d’un dégustateur et me semble plus représentative du jugement d’ensemble.
La notation Parker a été choisie par pure commodité. L’échelle des valeurs Parkérienne n’est pas applicable au cas d’espèce.
En dépit du caractère d’apparence j’m’enfoutiste du choix des vins, les lieux d’achat, la gamme de prix, tout comme la provenance, donnent à l’échantillon une forme de représentativité.
Les 2 Révélations :
- Cabochard (83 et 83,5)
- Rosarismus (82 et 83,5)
Les 2 Corses se détachent :
- Sartène (85 et 84,5)
- Patrimonio (82,5 et 84)
Les 3 qui ont plu :
- domaine des Maillols (81,5 et 81,5)
- château Bas (79 et 81)
- l’Orangeraie (79 et 80)
Les Malartic se sont bien tenus :
- le Rosé de Malartic (81,5 et 78,5)
- l’Argentin de Malartic (79,5 et 79,5)
Les 3 qui ont clivé les dégustateurs :
- Adhémar (78 et 79)
- La sauveuse (77,5 et 76)
- Il Emma (76 et 77,5)
Augustin Florent fait bonne figure : 77 et 78,5
La Roche Mazet à la peine : 75 et 77
Les 2 déceptions :
- [yellow tail] : (73,5 et 73)
- Groslot : (72 et 72)
Les coups de Cœurs des dégustateurs :
- Cabochard
- Rosarismus
- Patrimonio
Le coup de cœur des filles (étiquette+vin) : le domaine de Maillols
Le rosé préféré de :
- Flore : le Sartène (95)
- Margot : Cabochard (même si elle n’aime pas le nom) (86)
- Erwan : Rosarismus (85)
- Matthieu : Le rosé de Malartic (90)
- Michel-Laurent : Le rosé de Malartic (83)
- Yannick : Le Sartène (85)
En fonction du porte-monnaie :
- Augustin Florent : 2,40
- L’Orangeraie de Lorgeril : 4
- Rosarismus d’Embres&Castelmaure : 5
- Cabochard de Robert Sérot 6,90
- Domaine de Maillols 6,90
- Château Bas : 7,90
- Le rosé de Malartic 7,90
- Le Patrimonio de Clos Teddi : 9,90
- Le Sartène Domaine Fiumicicoli : 11