Ne voulant pas être en reste avec Bernard Arnault et François Pinault, grands collectionneurs d’œuvres d’art contemporain et châtelains bordelais, le premier étant aussi, comme vous le savez, grand « producteur » de boissons alcoolisées festives : Champagne et Cognac, nos amis de l’ANPAA ont commandité auprès de l’artiste Pierrick Sorin une œuvre baptisée : Binge Drinking.
Pour mes lecteurs récents afin de mieux connaître le pedigree de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie ils peuvent se reporter à de saines lectures :
- 21/11/2008 Une petite bordée de questions à nos "amis" l’ANPAA… link
- 11/06/2009 Les dirigeants de l’ANPAA vus de profil : instructif ! link
- 30/10/2009 Matricule 17044 : au rapport ! L’argent de l’ANPAA est aussi le vôtre link
Je vous joins aussi leur MESSAGE IDENTITAIRE (sic) voir ci-dessous.
Si vous souhaitez voir les comptes de l’ANPAA allez sur son site www.anpaa.asso.fr moi j’ai renoncé à faire œuvre utile puisque tous les journalistes qui m’avaient dit vouloir enquêter sur cette Association, qui vit essentiellement de fonds publics, soit y ont renoncé, soit leur rédaction n’a pas jugé opportun de publier leurs investigations. Quand aux parlementaires, si soucieux de l’argent public, rien de rien...
Le Binge Drinking ayant été l’un des premiers à le dénoncer : 15 janvier 2007 (voir chronique Se déchirer grave link ) je me sens donc très à l’aise pour porter un regard ironique sur cette initiative très « je surfe sur la tendance chic » de nos beaux esprits moralisateurs de l’ANPAA. En effet : c’est beau comme un vernissage chez Templon sauf que le 3 mai dernier, lorsque le Dr Rigaud, président de l’ANPAA, a prononcé de fortes paroles (lire ci-dessous) les invités ont carburés au jus d’orange importé de Floride ou au Coca Cola je suppose.
Comme je suis beau joueur, et défenseur du mécénat (voir mon autre chronique du jour link ), moi je lève mon verre de vin tranquille ou effervescent, de la couleur que vous souhaitez, à la santé de l’artiste Pierrick Sorin. La commande publique (voir les financeurs) c’est bon pour le moral de nos artistes ! Cependant, sans être vulgairement grossier : pourrait-on me donner le montant total du budget consacré au financement de cette œuvre ? Oui, comme je suppose que l’INPES en est le principal financeur c’est un peu moi et nous tous qui avons mis notre main au portefeuille, ce serait bien de nous informer. Ce n’est pas un secret d’Etat je pense, vous n’allez pas m’opposer le Secret Défense j’espère !
Hormis ces détails bassement matériels permettez-moi de douter du caractère pédagogique du transport de cette installation multimédia (vidéo, son, théâtre optique) dans nos Grandes Ecoles et Universités. Franchement à qui allez-vous faire avaler que nos jeunes pousses têtes d’œufs puissent être dissuadés de se pochetroner grave après avoir contemplé l’œuvre de Pierrick Sorin. Le truc Paul sur le chemin de Damas quoi : « le burlesque a apprivoisé mon angoisse, je ne suis plus dans le déni Marie, plus de TGV, la défonce c’est fini, je ne finirai plus mes nuits le nez dans le caniveau, je ne carburerai plus qu’à l’eau... de vie ! » Vous vous foutez vraiment de la gueule du monde les alcoologues réunis. Plutôt que de jouer les salonards vous feriez mieux d’essayer de comprendre les ressorts profonds de cette pratique du binge drinking. Projet innovant dites-vous ! Fuite en avant d’obsédés de la communication dont l’efficacité tend vers la nullité absolue.
Bien évidemment vous êtes contre tout programme « éducalcool » puisqu’en bons prohibitionnistes masqués vous êtes contre tout premier verre. « Pas touche car tu vas être un alcoolique en puissance ! » Ridicule ! Néfaste ! Sans attache avec la réalité de la vie, vous êtes dramatiquement en retard en toutes choses vous qui dites innover. Vous vivez dans le déni de réalité arquebouté que vous êtes sur votre vieux fond de commerce que vous essayez d’étendre en captant toutes les nouvelles addictions que notre société permissive jette en pâture sur le Net. C’est vrai que jouer nuit gravement à la santé des porte-monnaie surtout ceux des moins riches. Je vais m’en tenir là car je vous trouve lamentables messieurs les cooptés de l’ANPAA. Vous sentez la naphtaline et le moisi : ouvrez les fenêtres et affrontez la vraie vie bordel ça vous fera le plus grand bien !
A bientôt sur mes lignes messieurs les mécènes aux petits pieds, les nôtres, de vigne bien sûr...