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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 07:00

J’ai aussi des lecteurs dans la Belle Province et je reçois des infos sur ce qui s’y passe. Celle-ci, que ma fait parvenir Catherine Roberge Responsable des communications - Communication coordinator Pointe-à-Callière - Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal www.pacmusee.qc.ca m’a paru à la fois intéressante et symptomatique d’une approche du vin intelligente, normale, débarrassée de la gangue du vin présenté comme l’« opium du peuple » et pourvoyeur de misère sociale, morale et médicale. Partant d’un constat simple et évident que « Le vin figure en abondance et en qualité sur nos tables, mais son histoire est méconnue. Précieux liquide dont l’histoire se confond avec celle des civilisations humaines, le vin a contribué à façonner de grandes sociétés » une exposition À ta santé, César! Le vin chez les Gaulois « Réalisée par Pointe-à-Callière, en partenariat avec le Département du Rhône et ses musées gallo-romains de Lyon-Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal Vienne, l’exposition contient près de 200 objets provenant d’une vingtaine de prêteurs dont le prestigieux musée du Louvre, de grandes institutions canadiennes, nord-américaines et françaises et de collectionneurs privés. » invite à prendre la « route du Vin », depuis les débuts lointains de cette merveilleuse boisson jusqu’aux vignes de la Gaule romaine.

A_ta_Sante_Cesar.jpgJe vous propose donc de prendre connaissance du contenu de cette exposition pour que ceux d’entre vous qui passeraient au cours de cette période à Montréal au Québec puisse aller y faire un tour. Dernier point : bravo à l’agence touristique française de la région Rhône-Alpes, en partenariat avec Zeste et Atout France pour le concours permettant de gagner un voyage pour deux personnes d’une durée d’une semaine dans la région Rhône-Alpes en France.

 

En exclusivité et en première nord-américaine :

 

À ta santé, César! Le vin chez les Gaulois

 

Une exposition réalisée par Pointe-à-Callière

 

Du 18 mai au 16 octobre 2011

 

Une présentation de la Société des Alcools du Québec (SAQ)

Montréal, le 17 mai 2011 – Le vin figure en abondance et en qualité sur nos tables, mais son histoire est méconnue. Précieux liquide dont l’histoire se confond avec celle des civilisations humaines, le vin a contribué à façonner de grandes sociétés. L’exposition À ta santé, César! Le vin chez les Gaulois invite à prendre la « route du Vin », depuis les débuts lointains de cette merveilleuse boisson jusqu’aux vignes de la Gaule romaine. Cette route sillonnera le Moyen-Orient, l’Égypte, la Grèce, l’Italie, la Gaule... et le Québec. Chemin faisant, le visiteur pourra découvrir quelques secrets de fabrication des vins antiques et la façon dont les Gaulois prirent, sur leur conquérant César, une revanche digne d’un Astérix, en cultivant le vin en abondance!

 

Réalisée par Pointe-à-Callière, en partenariat avec le Département du Rhône et ses musées gallo-romains de Lyon-Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal–Vienne, l’exposition contient près de 200 objets provenant d’une vingtaine de prêteurs dont le prestigieux musée du Louvre, de grandes institutions canadiennes, nord-américaines et françaises et de collectionneurs privés. Tant en quantité qu’en qualité, la sélection d’objets est composée de pièces rares et de chefs-d’œuvre témoignant des dimensions sacrées du vin, de ses usages ainsi que des grandes étapes de sa production.

 

 « Le vin est une boisson intemporelle au passé riche qui a traversé l’histoire et qui fait toujours partie de nos us et coutumes. Que vous soyez passionné des vins ou d’histoire, cette exposition vous touchera, explique la directrice générale de Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre. En plus, c’est un réel plaisir de souligner 20 ans de partenariat avec le musée de Saint-Romain-en-Gal –Vienne par l’entremise de cette exposition présentant un sujet aussi rassembleur ».

 

Aux origines du vin

 

L’exposition débute alors que l’archéologie situe les origines du vin au Moyen-Orient, il y a 5400 ans avant notre ère, d’après la découverte de six jarres ayant pu contenir du vin à Hajji Firuz Tepe en Arménie. L’Orient transmettra la pratique du banquet en Grèce donnant ainsi naissance au rituel raffiné du symposion signifiant « boire ensemble ». De splendides objets du musée du Louvre, dont un cratère à colonnette qui montre une scène de banquet avec Dionysos, illustrent cette période. La vigne est pour les Grecs un cadeau divin et ceux-ci vont transmettre les usages du vin au monde occidental. D’autres pièces du Louvre démontrent par ailleurs la présence du vin en Égypte dont une étiquette de jarre de vin qui illustre qu’au 13e siècle avant notre ère, le domaine d’origine d’un vin et le nom de l’exploitant étaient aussi importants qu’aujourd’hui.

 

Romains contre Gaulois

 

Bien sûr, les Romains et les Gaulois ont longtemps été des ennemis jurés, et la mythique Conquête de la Gaule par César est bien connue. Mais les Gaulois ont su faire preuve de ruse pour prendre revanche sur leur conquérant par... la culture du vin! L’exposition souligne comment César, pour indemniser les soldats qui l’ont loyalement servi lors de guerres romaines, leur offre des terres. Les nouveaux propriétaires y plantent donc ce qui rapporte le plus : la vigne! Le vignoble gaulois connaît alors une expansion fulgurante, dépassant bientôt des barrières climatiques qu’on croyait infranchissables. Dès le milieu du 1er siècle, on vinifie dans tout le Midi, dans la vallée du Rhône et jusque dans la région de Vienne, près de Lyon. La vigne gagnera aussi l’Aquitaine (Bordeaux), la Bourgogne, la vallée de la Loire, le bassin parisien… Mieux, on réclame maintenant le vin gaulois à Rome, en Égypte, en Inde même! Le vignoble gaulois survivra à la disparition de l’Empire. De quoi lever son verre à la santé de César!

 

 

Comment produit-on le vin en Gaule romaine?

 

Les textes anciens démontrent également que produire du vin est un travail lucratif, très exigeant et spécialisé. On sait déjà que le choix du terrain, les techniques pour labourer le sol, l’alignement des plans... tout est important afin d’obtenir une belle vigne et de surcroît un bon vin. Les producteurs vinicoles d’aujourd’hui vont certes reconnaître leur réalité dans ces écrits. En écho à ces textes, l’exposition présente, au cœur de l’exposition, un des symboles de la culture du vin en Gaule : le dolium, une immense jarre de terre cuite dans laquelle le jus de raisin fermente pour devenir du vin. La production du vin gaulois est expliquée autour de cette plateforme et l’on voit que lors de la vinification, il était courant d’aromatiser le vin par l’ajout d’épices ou d’herbes comme le fenugrec, la racine d’iris, le sel et le poivre.

 

Une pièce imposante : le cratère de Vix

 

Les visiteurs pourront aussi observer une importante installation mettant en vedette une reproduction de la frise du cratère de Vix, le plus gros vase antique en bronze jamais découvert, qui témoigne de la puissance de son propriétaire et l’influence des usages en Grèce. D’une hauteur de 1,64 m et de 1,27 m de diamètre, ce vase pouvait contenir plus de 1100 litres de liquide. Il a été trouvé dans la tombe de la princesse de Vix, au pied du mont Lassois à Vix en Bourgogne, vers le 6e siècle avant notre ère.

 

 

L’épave de la Madrague

 

L’un des plus importants chantiers d’archéologie sous-marine au monde et un des points culminants de l’exposition consiste en la reconstitution virtuelle et la maquette de l’épave de la Madrague de Giens. Entre l’an 75 et 60 avant notre ère, la Madrague apportait aux Gaulois quelque 6000 amphores d’un des meilleurs crus romains, mais fit naufrage au large de Marseille. À cette époque, la Méditerranée était inondée de bateaux lourdement chargés d’amphores, car le vin déferlait tel un raz-de-marée depuis Rome sur les Gaulois, pour abreuver les participants aux énormes festins. L’exposition présente ainsi plusieurs amphores recueillies par les archéologues lors des fouilles effectuées sur l’épave de la Madrague entre 1972 et 1982.

 

Le vin, de la Nouvelle-France à aujourd’hui

 

L’exposition se termine sur une note contemporaine avec la grande traversée du vin, de la Gaule au Québec! Plusieurs descendants des Gaulois franchirent l’Atlantique pour s’établir en Nouvelle-France. Ainsi, Jacques Cartier baptise d’abord l’île d’Orléans, « Île de Bacchus » lorsqu’il y aperçoit de la vigne sauvage. De plus, avec la création récente de la Route des vins au Québec, on peut dire que la culture du vin prend de l’ampleur et qu’elle inspire les artistes contemporains. Ainsi, le céramiste québécois Richard Milette réalise à son tour des sculptures inspirées des vases et amphores antiques avec une touche moderne indéniable.

 

Enfin, un tableau du peintre québécois Marc Séguin, vedette montante de l’art contemporain reconnu à l’international, est présenté en fin de parcours. L’œuvre, intitulée Abbaye de Saint-Vivant du nom du célèbre monastère fondé vers l’an 910, a été peinte avec du Romanée-Conti, un grand vin de Bourgogne. C’est dans cet établissement que les moines clunisiens inventèrent l’idée de terroir et délimitèrent la plupart des grands crus de Vosne-Romanée où ils possédaient un vendangeoir. Depuis 1996, une association tente de sauvegarder ce monastère qui est l’un des derniers témoins du grand passé viticole de la Bourgogne.

 

L’histoire de l’alcool au Québec dans le cadre du 90e anniversaire de la SAQ

En complément à l’exposition et pour souligner le 90e anniversaire de la SAQ, une micro-exposition sur l’histoire de l’alcool au Québec est proposée aux visiteurs à la mezzanine du Musée. On peut y voir divers objets des collections privées de la SAQ, dont des objets de tonnellerie, des instruments de mesure, pochoirs et estampes. À découvrir!

 

À gagner : un séjour chez les Gaulois

 

Pointe-à-Callière offrira à ses visiteurs la possibilité de gagner un voyage pour deux personnes d’une durée d’une semaine dans la région Rhône-Alpes en France, gracieuseté de l’agence touristique française de la région Rhône-Alpes, en partenariat avec Zeste et Atout France. Des bulletins de participation seront disponibles au Musée et en ligne dès le 6 juin. Tous les détails du concours seront affichés sur le site Internet de Pointe-à-Callière.

 

Présentée du 18 mai au 16 octobre 2011, l’exposition À ta santé, César! Le vin chez les Gaulois est produite et réalisée par Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal avec la collaboration des musées gallo-romains de Lyon-Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal–Vienne. Le Musée remercie ses commanditaires : la Société des alcools du Québec (SAQ), Astral, Air Canada Cargo, Hôtel InterContinental, Air Canada et Tourisme Montréal et ses partenaires Zeste, le Comité du Tourisme de Rhône-Alpes, Atout France au Canada, l’agence de développement touristique de la France, La Presse et The Gazette.

 

Le Musée est subventionné par la Ville de Montréal.

 

Informations :

Catherine Roberge, responsable des communications

T. 514 872-7858

croberge@pacmusee.qc.ca

Internet : www.pacmusee.qc.ca

http://www.pacmusee.qc.ca   

Matériel photographique disponible auprès de croberge@pacmusee.qc.ca

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 00:09

Les Français invités chez des amis, chez leur patron, chez des collègues de travail, ou lorsqu’ils rendent visite à leur parentèle apportent le plus souvent soit du vin, soit des fleurs coupées ou en pots. Dans le cas de l’amoureux transi qui tente de séduire l’être aimée la tendance est bien sûr au bouquet même si une belle bouteille peut aussi impressionner la belle. La plante en pot est plutôt tendance belle-mère ou mamie alors que la bouteille de Bordeaux est, elle, tendance beau-père ou patron. Bref, le rêve pour tout ce petit monde serait donc d’apporter les deux à la fois sous une forme idéale : une bouteille de vin de Fleur. Comme je suis, quoiqu’en médisent certains, un bon garçon un peu fouineur je vous ai dégoté un Vin de Magnolia. Oui vous avez bien lu, c’est du vin puisqu’étiqueté Vin de France (vin aromatisé à base de fleur de Magnolia) produit par un vigneron de la région nantaise www.lieubeau.com L1010065.JPG

Comment en suis-je arrivé à cette découverte capitale ? Tout bêtement en hantant un château : le Château de la Roche Guyon sur la rive droite de la Seine (les coteaux de Seine bien crayeux) où se tient chaque année une belle foire aux plantes. Je n’ai pas la main verte mais j’aime les fleurs : celles des champs, les fleurettes qui piquettent le vert des prairies ; celles des bas-côtés des chemins de traverse et des flancs de fossés : marguerites et coquelicots ; celles des bords de rivières : les coucous et les euphorbes réveille-matin ; celles des jardins embrouillés car elles n’y sont pas alignées comme des militaires ; même celles coupées en bouquet lorsqu’elles sont assemblées pour l’être aimé ou par la main d’une belle qui m’ensorcelle. Mais je n’aime guère les empotées ça me fait penser aux chrysanthèmes ou aux azalées de belle-mère.

 

Donc, un samedi, sous un beau soleil au zénith, j’arpentais la pelouse du château de la Roche Guyon pour dégoter une belle plante. C’est ici qu’il y a trois ans j’ai acheté ma superbe glycine. Je croisai aux milieux des roses une Yolande Moreau au look très Yolande Moreau : noir dominant. Pause : des marocains proposaient un bon couscous avec du gris Boulaouane (souvenir pas vrai Michel-Laurent). Remise en route : pour ne rien vous cacher j’avais depuis un certain temps ma petite idée mais encore me fallait-il dénicher l’oiseau rare c’est-à-dire un arbuste pouvant se plaire plein sud et ne pas se développer comme un baobab. Et vlan je me cogne le nez sur ma petite idée : un plant de Magnolia grandiflora « Namnetensis Flore Pleno présenté par les pépinières Ripoche de la Chapelle Basse-Mer www.magnolia-nantes.fr  . Pour l’anecdote le Magnolia grandiflora peut atteindre 30 mètres mais ici il s’agit d’un cultivar de moyenne taille : 3 à 4 mètres à l’âge de 10 ans.

photomagnolia.jpgUn peu d’Histoire avant de déboucher sur ma petite histoire de Vin de Magnolia. Tout d’abord, je m’inscris en faux sur la thèse des Claudette : non le Magnolia ne tire pas ses origines de la chanson de Claude François (écouter plus bas).  Ce nom a été attribué par Linné en l'honneur de Pierre Magnol, médecin et botaniste de Montpellier (1638-1715). Il conçut l'idée de classer les plantes par familles, idée que Linné améliora et généralisa. L’origine : espèce endémique d'Europe, chassée par les glaciations. Les magnolias ont été réintroduits d'Amérique du Nord, de Chine et du Japon. L'introduction du Magnolia grandiflora en France est du en 1711, au gouverneur de la Louisiane, Roland Michel Barin de la Galissonière (1693-1756), qui expédie en Europe des espèces végétales. Elles sont débarquées au port de Paimboeuf et sont acheminées par la route à Nantes. Le maire de la ville, René Darquistade, qui se trouve être fin botaniste, fait mettre un échantillon en serre. Quelques années plus tard, alors que la plante ne s'est pas franchement développée, il décide de la jeter. La femme du jardinier qui passait par là, repère l'arbrisseau sur le tas de fumier et l'emporte. En extérieur, le spécimen ne tarde pas à retrouver une seconde jeunesse, pour le plus grand plaisir du botaniste. Il s'empresse d'en confier l'analyse à la faculté de Montpellier où un certain Pierre Magnol, contemporain de Linné et de Plumier, en fera la première description avec François Bonamy. L1010102.JPGEt voilà je suis revenu à mon point de départ le Vin de Magnolia qui bien sûr se nomme : Le Galisson en mémoire de Michel Barin de la Galissonière. En compagnie de mon plant de magnolia il m’attendait dans un beau petit pochon violet à fenêtre. Cadeau donc ! C’est un vin blanc né dans le vignoble du Muscadet récolté en surmaturité qui se voit aromatisé par la fleur blanche du Magnolia grandiflora cultivée par l’association « Magnolia de Nantes ». Comme le magnolia est une fleur à l’arome puissant, pour faire ce vin, même s’il existait de vieilles recettes, il fallait un vin d’une grande douceur et Pierre Lieubeau avec son œnologue ont du expérimenter le bon dosage pour tirer toute la subtilité du magnolia. Belle initiative pour le Tricentenaire 1711-2011 du Magnolia grandiflora que ce joli vin de Fleur qui, bu bien frappé à l’apéritif, pour ceux qui aiment les boissons douces, est agréable avec de beaux aromes de pamplemousse. Dans ces temps difficile pour le Muscadet allez-donc faire un petit tour sur le site de Pierre Lieubeau www.lieubeau.com ou si vous passez du côté de Château Thébaud c’est à la Croix de Bourdinière...


Claude François - Magnolia par unzip

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 00:09

Le boulevard Saint-Jacques, du côté pair, là où je crèche, est pourvu d’une belle contre-allée bordée de platanes que j’emprunte sur mon vélo à mon retour pour m’éviter un long détour. Sur ce chemin un seul magasin : un Franprix où je m’arrête de temps à autre pour acheter des produits ménagers. Récemment rénové cette supérette de proximité – valeur montante en ville – a vu son rayon vins fondre de moitié. C’est toujours un mur, pourvu d’une armoire sous clé pour les produits chers : spiritueux et champagne – et, lorsqu’on fait la queue d’une tête de gondole que j’appelle le coin des recalés car y apparaissent les vins à prix cassés : ceux qui n’ont pas trouvé preneur. Je laisse de côté les bouteilles orphelines pour m’intéresser aux arrivées en masse d’une même référence signe d’une désaffection tout aussi massive des consommateurs.

 

Mon observation régulière m’a permis de constater que ce sont majoritairement des vins dit du haut du panier qui se retrouvent dans ce Purgatoire qui ressemble bigrement à une descente aux enfers. Celle-ci n’a rien à voir avec la qualité du vin ou à sa notoriété – bien que, pour certaines appellations, la désaffection est corrélée avec leur faible notoriété (deux étagères d'un Bergerac à 4,95 – mais est en grande partie due à leur inadéquation avec la chalandise du magasin. En effet, même si mon quartier abrite une population dont le pouvoir d’achat permettrait d’acquérir ce type de vins, il est évident que ces acheteurs là n’ont que peu de goût pour l’offre haut de gamme de Franprix. S’ils s’y rendent ce n’est pas pour y faire l’acquisition de vins à plus de 10 à 15 €. Bien sûr, à l’occasion, en passant, parce que le magasin est ouvert jusqu’à 21 heures, ce type de vins peuvent les intéresser mais ça ne fait pas beaucoup tourner le fond de rayon. Comme dirait les communicants : erreur de casting. Par exemple la présence de la Grande Dame à 164,75 euros ne me semble pas d'une grande pertinence.

 photoF1

Ma constatation, qui n’a rien de scientifique, met en lumière deux réelles insuffisances de l’offre vins de la Grande Distribution : tout d’abord beaucoup d’acheteurs vins de la GD sont conservateurs ils se contentent de reproduire les habitudes de consommation du noyau dur des consommateurs – ce que je conçois parfaitement car il ne faut pas négliger ce type de clients – sans chercher à renouveler ou à étendre le stock. Les seuls qui font de réels efforts pour anticiper, capter les nouvelles tendances (dans la GD de proximité) ce sont les gars de Monop qui offrent à leur clientèle un large spectre de vins originaux. Les anti-GD patentés vont me rétorquer que c’est très bien ainsi car ce sont les cavistes qui bénéficient de cette clientèle négligée par la GD. Pas si sûr car, comme il existe une catégorie de consommateurs qui ne mettent pas les pieds dans les grandes surfaces (qui le déclare tout au moins), il existe aussi une population qui ne met jamais les pieds chez un caviste pour une foultitude de raisons. Le regretter ne fait pas avancer une bonne distribution du vin. Se refuser à appréhender le consommateur tel qu’il est, vouloir à tout prix qu’il entre dans un modèle qui nous plaît, participe à la régression du vin dans nos sociétés urbaines. Sans vouloir ramener ma fraise c’est ça l’essence même du commerce de détail.

 

La seconde insuffisance de la GD se raccroche à ce je viens d’énoncer : le responsable de magasin ou le gestionnaire du rayon est enserré dans des procédures très centralisées. Le rayon est entre les mains de têtes d’œufs qui manient des panels nationaux ou/et régionaux mais ne laissent que peu de marges de manœuvre aux gens du terrain pour s’adapter à leur clientèle de quartier. Mon propos n’est pas une vue de l’esprit : pour preuve ma chronique sur le Carrefour de la porte d’Auteuil link où les têtes d’oeufs de cette enseigne venait de s’apercevoir que leur magasin se trouvait dans le XVIe arrondissement de Paris, quartier déshérité comme chacun sait. « Après quatre mois de travaux, ce magasin doit faire office de « laboratoire » pour le groupe. Objectif : regagner les clients perdus en proposant une offre « sur-mesure », dixit Alain Souillard, directeur exécutif des hypermarchés Carrefour France (j’adore l’empilement des grandes volières : un directeur exécutif comme son nom l’indique c’est quelqu’un qui exécute les directives d’en haut, d’où l’extrême réactivité de ce type d’organisation). »

 

Cette semaine j’ai noté au coin des recalés (qualificatif qui je le répète n'a rien à voir avec la qualité du vin proposé) de mon Franprix (photos de qualité moyenne car prise discrètement car les gérants n'aiment pas les photographes)

- Le Cote-Rotie à 34,50 est un 2007 Les Essartailles des Vins de Vienne

- Le Cote-Rotie à 16,95 est un 2008 du domaine Louis Clerc

- le Château Olivier à 19,24 est un 2008.

- le Château Cadet-Bon à 18,71 est un 2004.

 

Pour établir un rapport de comparaison le Château Olivier 2008 est proposé à 27,30 la bouteille sur le site Wine&Co et le Cadet-Bon 2004 est proposé à 35,90 sur le site 1855. Pour les Essartailles 2007 ce Cote-Rotie est proposé entre 36 à 46 euros sur le site Vinopédia. 

 photoF4.jpgphotoF2photoF3.jpgphotoF5.jpg

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 00:09

L’élégance est imperceptible, intangible. La vraie, loin de n’être qu’un signe extérieur, exprime souvent une façon d’être, une forme discrète d’alliance de beauté physique et morale. Ma mère couturière avait coutume de dire, face à un beau modèle, bien porté : quelle allure ! François Baudot, dans son livre L’allure des Hommes, écrit « Mélange de magnétisme et de mouvement, l’allure ne tient ni aux moyens des individualités qui l’expriment, ni au milieu dont celles-ci sont issues. » Le vêtement porte en lui des signes qui ne trompent pas. Seconde peau, « à peine moins sensible, moins éruptive, moins vulnérable que la nudité, son enveloppe en dit souvent plus long. »  

 

Dans leurs commentaires les dégustateurs patentés placent l’élégance d’un vin au faîte, comme étant la signature d’un certain style. Sans vouloir me placer dans leur catégorie, ce dont je suis indigne, je me permets toutefois de faire remarquer que trop souvent j’y sens une forme de facilité, une manière de dire ou d’écrire qui laisserait sous-entendre qu’il puisse exister des degrés dans l’élégance. S’il existe différentes formes d’élégance : policée, humble, rebelle, superbe, simple, excentrique... l’allure est toujours un mouvement vers l’avant, vers le haut. Non, non, je ne coupe pas les cheveux en quatre mais j'affirme que l’élégance, quelle soit, celle de David Bowie l’excentrique, de Lauren Bacall la mal fagotée, de Steve Mac Queen le décontracté, de Grace de Monaco la parfaite, d’Yves Saint-Laurent le dandy ou de Malraux sanglé dans son uniforme de militaire, ne peut se réduire à une forme de grille où comme dans les produits, il y aurait des premium, des super-prémiums et des icônes. On est élégant ou on ne l’est pas.  L1010172.JPG

Vendredi soir dernier, pédestrement, je me suis rendu aux Caves Legrand, à l’invitation de Philippe-Alexandre BERNATCHEZ président de Sciences Po Millésimes. Ce club a été fondé en 2001, par deux Anciens qui souhaitaient doter l'Association des Anciens de Sciences Po d'un club œnophile semblable à celui des élèves.Il se réunit environ une fois par mois, généralement aux Caves Legrand, dans le but de faire découvrir aux adhérents des vins français (et parfois étrangers...) et surtout de leur permettre de rencontrer les personnalités qui se cachent derrière des noms de domaines (plus ou moins) connus. L’invitée de la dégustation de vendredi était Véronique Sanders qui dirige, depuis 2000, le Château Haut-Bailly que son grand-père, Jean Sanders, a vendu à Robert G. Wilmers le 30 juillet 1998. « Situé aux portes de Bordeaux, sur une magnifique croupe de Pessac-Léognan, le Château Haut-Bailly www.chateau-haut-bailly.com, Cru Classé de Graves, domine depuis plus de quatre siècles un vignoble d’un seul tenant de 30 hectares uniquement consacré aux cépages rouges. » Organisation parfaite, beau lieu dédié à la dégustation, ambiance studieuse et sympathique d’un club de connaisseurs qui ne viennent pas étaler leur science du vin mais découvrir.  J’ai bien aimé et je n’ai pas vu le temps passer.

portrait-Sanders.jpg                                                    Photo Jean-Bernard Nadeau©

Véronique Sanders a été pour beaucoup dans ce je ne sais quoi qui fait que j’ai eu l’impression de vivre un moment rare. Cette dame, sans emphase, avec une passion contenue, un sens de la précision, une approche de la vigne qui est mienne : respect de la nature, viticulture de précision : le point Hermès dixit Denis Dubourdieu l’un des conseils du château, la main de l’homme la moins interventionniste possible, des questions, le temps de la réflexion, ne pas céder à la précipitation, un travail d’équipe mi-féminin mi-masculin, écouter pour anticiper le mieux possible. Bien plus que des mots, nous sommes loin des fameux éléments de langage, Véronique Sanders exprime au sens profond une vraie philosophie de la manière de faire de Haut-Bailly : celle de l’intemporalité qui, sur les traces de l’histoire de la propriété, s’inscrit dans les avancées du temps présent sans pour autant céder aux emballements de la mode. Avant de disserter sur les vins rappeler qu’au commencement il y a la vigne qui, comme l’écrit Didier Ters dans son livre sur la Louvière autre beau château de Pessac-Léognan, s’inscrit, plonge ses racines dans un terre qui va devenir son terroir car c’est « une contradiction, puisque le sol est riche d’être pauvre ». Qui d’autre que cet encépagement composé de cabernet sauvignon (64%), de merlot (30%) de cabernet franc (6%) et d'un peu de petit Verdot pourrait sous la lumière et le soleil accoucher de telles merveilles ? Rien d’autre ne fructifierait sur ce sol de sables, de graves et d'un sous-sol de faluns composés de pierres fossiles qui se sont structurés en une véritable mosaïque de micro-terroirs, parfaitement drainés. Comme ce vignoble se caractérise également par d’exceptionnelles vignes centenaires sur un quart de sa superficie, on est en droit de penser que la philosophie dont Véronique Sanders se veut l’héritière puise ses racines au droit, au plus profond.

 

« La vigne est le plus précieux de tous les arbrisseaux ; c’est elle qui produit le raisin, dont nous faisons le vin, par le secours de l’art. » écrivait Élisabeth Gervais dans son petit Opuscule sur la vinification à Montpellier en 1820. Les vins de Haut-Bailly représentent l’archétype du style des vins de Graves, avec des tannins voluptueux et soyeux, un fruit sensuel et raffiné. Vin de Graves vous avez dit vin de Graves mais que diable nous sommes dans l’appellation Pessac-Léognan, si jeune (décret du 23 septembre 1987) mais comme l’écrit Didier Ters « attendue, si l’on peut dire, depuis...1904 » date à laquelle le Syndicat des Graves de Bordeaux fut créé, par l’entremise de propriétaires installés sur 10 communes du sud de l’agglomération bordelaise. Ce sont ces dix communes qui constituent aujourd’hui l’unique berceau de l’appellation Pessac-Léognan. À tous ceux qui cherchent à transcrire le lien au terroir dans le bronze d’un texte je conseille de venir faire des gammes à Haut-Bailly où celui-ci livre des vins spontanément élégants et racés, harmonieux, peu acides et extraordinairement souples malgré la forte proportion de cabernet. Pas sûr qu’ensuite ils trouvent les mots pour l’écrire mais ils auront pu ainsi mieux comprendre l’alchimie qui permet d’inscrire un vin dans une histoire, celle des hommes et de leur territoire.

 

Je pourrais continuer d’écrire sur ce thème mais comme j’ai qualifié les vins de Haut-Bailly de spontanément élégants je me dois, non d’en apporter la preuve, mais du moins de m’en expliquer. Exercice à la fois d’une grande simplicité : les millésimes 2007 du premier vin et de La Parde le second vin, 2004 seul, 2002 et 2003 en confrontation, et 1999 pour finir ont confirmé que Haut-Bailly c’est un bien un style où se marient finesse et concentration sans les excès de l’extraction, une belle complexité aromatique et une douceur des tanins qui m’enchante. Au sortir de la dégustation j’avais une belle bouche ; mais aussi exercice au terme duquel il pourrait m’être reproché de m’ériger en juge des élégances et que je n’en n’ai ni le statut, ni bien sûr les compétences. J’en conviens aisément mais je suis tout prêt, pour une fois, à relever le gant sur le terrain de l’appréciation de l’élégance. En effet, j’ose affirmer sans honte que c’est un domaine où je me sens très à l’aise. Paradoxe pour quelqu’un dont les mots sont parfois un peu verts, parfois gros, mais l’élégance, même si parfois elle est sobre, ne s’accommode jamais de l’incolore, de l’inodore et du sans saveur.

 

Même si c’est péché d’orgueil de ma part, mon intuition me trompe rarement et, après avoir entendu Véronique Sanders parler de son Haut-Bailly avec passion, sincérité, véracité, simplicité tout en dégustant ses vins, j’ai senti, palpé, une harmonie entre eux et ses paroles. Aucun décalage entre le dire et le faire, rien que la recherche, non de la perfection ou d’une quelconque grandeur un peu vaine, de l’origine, de l’authenticité chaque année modelée par la nature, le climat, les soins à la vigne et au chai. De la belle ouvrage, du cousu main, ce qu’en effet la main de l’homme sait faire de mieux soit tout le contraire de la reproductibilité mécanique, froide, déshumanisée des produits qui meublent notre quotidien. Dans le petit monde du vin, il est de bon ton de brocarder, disons pour faire simple, les châtelains du vin de Bordeaux. Une telle globalisation est stupide et imbécile, du même tonneau que les jeunes, les noirs ou les chasseurs... Sur les deux rives de la Gironde je rencontre aussi des gens passionnés, sincères, amoureux de leur métier et, sans verser dans un féminisme hors de saison, je trouve que les femmes du vin, à Bordeaux comme ailleurs, font bouger les lignes. Il n’existe aucun vin de femme ou de vin pour femme mais des femmes du vin.

 

Dernier point, j’ai beaucoup aimé le Haut-Bailly 2002, le chouchou de Véronique Sanders, sous-coté parce venant à la suite de deux millésimes qualifiés d’exceptionnels, car il marque pour moi le début d’une nouvelle tranche de vie pour le château Haut-Bailly. Il est plein de promesses !

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 00:09

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé... »

 

Vendredi dernier j’ai récupéré mon grand vélo (photo 1) remis à niveau par mon mécano.

 

Samedi dernier après-midi, avec pour tout viatique au corps qu’un grand noir (du café), je l’ai enfourché pour passer la Seine jusqu’aux abords de la Place des Victoires pour une première station. Une petite heure en bonne et belle compagnie (pas de photo) rien que pour le plaisir léger de la conversation : 15 jours sans se voir c’est long ! Que du bonheur !

 

L’âme à nouveau légère et l’estomac dans les talons je me dis en roulant qu’il va me falloir trouver une solution pour que je ne tombasse point d’inanition. Rien ne m’attire ! J’attache mon cheval à un arbre et j’erre à pied.

 

Et mes pieds me portent jusqu’aux bords de l’Écume Saint-Honoré. Le banc d’huîtres me tend les bras ! C’est étroit, ça me plaît, je me juche sur un tabouret tout au fond. Va pour des fines de Claires et des bulots avec un verre de Muscadet.

 

Face à moi une japonaise s’installe avec précaution puis se plonge dans la carte avant d’effectuer de savants calculs monétaires.


« Au loin, le chant des mouettes... » (Ambiance)


Une tablée d’américains fait honneur aux huîtres et au Sancerre de Joseph Mellot (photo2)


Ma voisine nippone opte pour 2 huîtres de beau calibre et de grande extraction (belon et Gillardeau) accompagnées d’un verre de Muscadet. Elle fait des photos, moi aussi.


Je me restaure dans ce havre de paix et de fraîcheur.

 

La maison est agréable, le patron et le garçon sont de bonne compagnie. De bons commerçants aussi : ils proposent à nos étasuniens un dessert qui sonne bien dans mes oreilles : coquille Saint-Jacques crue, sauce soja ! Pour appuyer sa proposition le patron sort le dernier Ducasse : J’aime Paris Mon Paris du goût en 200 adresses éditions Ducasse 35 euros.

 

Mon estomac ne crie plus famine mais mes neurones vibrionnent : « et si je testais le goût d’Alain Ducasse ? » et si je me la pétais grave comme les Paganini plumitifs de la gastronomie.

 

Action ! (photo 3)


« Et qu’est-ce que monsieur boit ? »


« Un verre (de Muscadet), un second de Pouilly-Fumé (photo 4) ça ne va pas provoquer trop de dégât sur les statistiques routières ! »


Le patron me montre la bonne utilisation de la sauce soja : plongée des pointes de la fourchette puis piquetage des noix de la Saint-Jacques.

 

Un délice !


Pêche manuelle...


Le sieur Ducasse dit vrai « Tendre, savoureuse, la belle se révèle sucrée et fleurie... »

 

Un must mademoiselle G !

Toujours les mouettes !

Que Paris est beau au mois de mai !

 

Si vous y passez, à la saison des Saint-Jacques bien sûr, faites-donc une station à l’Écume Saint-Honoré (photo 5) 6 rue du Marché Saint-Honoré pour une dégustation hors pair. En dehors de la saison la maison vous pouvez aussi y passer car la maison est pourvue d’un beau banc d’huitres, de coquillages et de crustacés. Le sieur Michel doit aussi se souvenir que dans cette courte rue des bistrotiers servent encore des petits verres sur des tonneaux.

 

Reste que, je le note à votre place, car je vous sais avare de compliments à mon endroit, « je suis un vrai dénicheur » même pas besoin d’Alain Ducasse pour ça ! (photo 6) Tout ça pour écrire que les adresses de Ducasse sont bonnes : pour preuve la plupart sont les miennes

 

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé... »

 

Très belle journée, je remonte sur mon fier destrier ayant tout ce qu’il faut pour carburer et n’en déplaise au sieur Bétourné nul problème d’équilibre pour assurer ma défense face à la meute des railleurs en chaise longue : à chaque feu rouge une salve part de mon Iphone. J’adore dégainer. Il y a chez moi du Clint Eastwood rentré... Les chiens aboient la caravane passe !

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 00:09

Ici, comme vous le savez, j’écris pour des queues de cerises et, cerise sur le gâteau, j’ai aussi le plaisir de me faire tancer par ceux qui passent leur temps sur la Toile à s’épancher de leurs humeurs. Mais, que voulez-vous, Cerise est un bien joli prénom qui a inspiré René Fallet qui n’écrivait pas que sur le Beaujolais et qui est aussi le nom d’un arrêt de la 1ière Chambre de la Cour de Cassation du 10 juin 1981 qui s’appuie sur l’article I de la loi du XI Germinal An XI sur les prénoms.

 

Quand nous en serons au temps des cerises (Quand nous chanterons le temps des cerises)

Et gai rossignol et merle moqueur

Seront tous en fête

Les belles auront la folie en tête

Et les amoureux du soleil au cœur

Quand nous en serons au temps des cerises

Sifflera bien mieux le merle moqueur

Le Temps des cerises est bien sûr une chanson fortement associée à la Commune de Paris de 1871. L’auteur des paroles Jean-Baptiste Clément, communard lui-même, a combattu pendant les semaines sanglantes. Je vous offre une version mise en musique par feu Noir Désir.

 

Qu’elle soit petite comme une bille comme les merises ou dodue et charnue comme les Bigarreaux, acidulée ou douce, rouge virant au noir ou presque blanche, la cerise luit, la cerise est coquine : en duo elle se fait boucle d’oreille pour les filles, la cerise est espiègle : son noyau lisse se transforme en projectile propulsée par la bouche ou entre l’index et le pouce. Sa queue en décoction est diurétique et dépurative. Enfin outre la confiture la cerise se plaît à se transformer en de multiples plaisirs de bouche :

- la cerise à l’eau-de-vie la star des papys-mamys ;

- le Kirsch qui une eau-de-vie de fruit (celui de Fougerolles est une AOC) et en macération le Guignolet ou le Marashino...

 

Reste l’objet de ma chronique : le clafoutis aux cerises  

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1-    origine * : plat traditionnel du Limousin ne pas confondre avec la flognarde qui est un clafoutis fait avec d’autres fruits

2-    noyau or not noyau ? sans contestation possible le clafoutis se fait avec des cerises entières. 

3-    couleur des cerises* : noire 

4-     ingrédients* : farine, crème fraîche, œufs, sucre, sel, beurre ou huile...

5-    fabrication : consulter votre Françoise Bernard ou l’un des 250 000 blogs culinaires ou Top chef ou Masterchef mais n’espérez pas la trouver dans l’un des nombreux livres des chefs étoilés car le clafoutis n’est pas leur tasse de thé.

6-    cuisson : ¾ heure à four 180°

 

* afin de prévenir les éventuelles questions sur les quotas je signale la couleur des ingrédients ne dépend pas d’un choix personnel.

 

Reste la question rituelle qui revient comme une ritournelle : et on boit quel jaja avec ça ?


 

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 07:00

La France du vin, en dépit de ses reculs, reste en pôle position du top 10 des exportateurs (en valeur) devant l’Italie et l’Espagne. L’écart avec nos voisins italiens se resserre.

 

En 2009 le recul fut brutal pour les exportations françaises : - 19% de la valeur de nos livraisons contre : -5,5% pour l’Italie, -14,4% pour l’Espagne et –9,7% pour l’Australie déjà à la peine en 2008.  Comme les années précédentes les outsiders progressent : Chili + 4,7%, Nouvelle-Zélande + 7,3% et Afrique du Sud 1%.

 

Tous nos grands marchés, 9 précisément, ont chuté de 10 à 30% sauf l’Allemagne : - 7,3%. Seul le marché chinois a résisté : il progresse de 53,8% (par rapport à 2007 la France double ses ventes).

 

Entre 2007 et 2009 :

- au Royaume-Uni, qui reste notre premier marché, nos expéditions baissent de 370 millions d’€ ;

- aux USA nos expéditions baissent 260 millions d’€ ;

- en Belgique nos expéditions baissent 220 millions d’€ (baisse de moitié) ;

- en Italie  nos expéditions baissent 100 millions d’€.

 

En 2010 le redressement des exportations françaises est très sensible (voir graphe 2 colonne de droite) : + 9,2% mais le rebond est plus fort chez plusieurs de ses concurrents : Italie +12,3, Australie +15,8%, Afrique du Sud +19,2%, Allemagne +22,9% et Nouvelle-Zélande 38,5%.

 

Au rayon des bonnes nouvelles 2010 (voir graphe 4 colonne de droite) :

- La reprise des exportations vers les USA +19 ,4% et le Canda +11,11%

- La poursuite de la conquête de la Chine : Hong-Kong devient notre 9ième client et la Chine : +62,4%

- La stabilisation de nos livraisons au Royaume-Uni notre premier client.

 

Pour les déceptions :

- L’érosion du marché japonais : -3%

- Notre essoufflement chez nos principaux voisins : Allemagne – 2,5%, Suisse – 8,5% et surtout la Belgique – 10% (- 120 millions d’€ sur les 4 premiers mois)

 

Attention un train peut en cacher un autre ! Le volumes, la valeur, les vins, les vins&spiritueux

 

 

France Agrimer annonce des exportations de vins français en baisse de 8% sur les huit premiers mois de l’année 2010, comparée à la moyenne de 2005 à 2009.

 

On note une forte baisse des volumes expédiés de vins sans IG et d'IGP (ex-VT et VP), en termes de volume (10,5%).

 

En valeurs, par contre, cette catégorie a vu son chiffre d'affaires progresser de 6%. C'est donc que leur prix moyen s'est sensiblement apprécié.

 

Les AOP, elles, ont baissé de 3,8 % en volume (à 3,4 millions d'hl) et de 3 % en valeur (à 1,8 Mrd €).

 

 

La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) annonce un retour à la hausse des exportations françaises en 2010 : +18,3 % en valeur par rapport à 2009, à 9,09 milliards d'euros. La France serait en bonne voie pour retrouver et voire dépasser les niveaux de vente record observés avant la crise : la FEVS table en effet sur une hausse de 5 à 7% des exportations pour 2011 ; les exportations de vins et spiritueux dépasseraient alors les records historiques de 2007 et 2008

 

Cette reprise est notamment menée par la progression des ventes de spiritueux : cognac (18 % des exportations de vins et spiritueux, en progression de 33% à 1,85 milliard d'euros) et vodka (+40 % à 332 M€) en tête. Les exportations de champagne (21 % des exportations, en progression de 22%, à 1,9 milliard d'euros) connaissent aussi une "remarquable reprise", a souligné M. de Jouvencel président de la FEVS ; les vins de Bordeaux représentent quant à eux 17 % des exportations.

 

« Le rebond de 2010 est fortement marqué par l'excellente performance des marchés asiatiques et par la reprise du marché nord-américain alors que les marchés de l'Union européenne amorcent une reprise plus timide", a détaillé M. de Jouvencel.

Les Etats-Unis restent la première destination des vins et spiritueux français (+25,4 % à 1,6 milliard d'euros). Le Royaume-Uni suit de près (+7,5 % à 1,3 milliard d'euros), précédant l'Allemagne (789 millions d'euros, +5,4%) et la Belgique (593 millions d'euros, -2%). La Chine entre dans ce Top 5 avec des ventes en progressions de 78,8 % à 564,8 M€.

 

Les exportations françaises de vins et spiritueux sont reparties à la hausse en 2010 grâce à la reprise économique et au dynamisme de l'Asie dont la Chine qui entre dans le top 5 des principaux pays importateurs, selon les chiffres publiés lundi par les professionnels.

 

Les exportations de vins et spiritueux se sont élevées à 9,09 milliards d'euros, en hausse de 18,3% par rapport à 2009, une année "particulièrement difficile" en raison de la crise, a indiqué Claude de Jouvencel, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) lors d'une conférence de presse.

 

Si la reprise économique se confirme, le secteur mise sur une hausse de 5 à 7% des exportations pour 2011, ce qui lui permettrait de dépasser les records historiques de 2007 et 2008, a déclaré M. de Jouvencel.

 

« Le rebond de 2010 est fortement marqué par l'excellente performance des marchés asiatiques et par la reprise du marché nord-américain alors que les marchés de l'Union européenne amorcent une reprise plus timide », a détaillé M. de Jouvencel.

 

La Chine figure désormais parmi les cinq principaux pays importateurs, avec des exportations qui s'élèvent à 564,8 millions d'euros, en augmentation de 78,8% sur un an.

 

Les Etats-Unis restent sur la première marche du podium avec des importations d'un montant de près de 1,6 milliard d'euros, en croissance de 25,4%.

 

Le Royaume-Uni a aussi reconstitué ses stocks avec des achats en hausse de 7,5% à 1,3 milliard d'euros. Tout comme l'Allemagne (789 millions d'euros, +5,4%).

 

Quatrième importateur, la Belgique est le seul pays a enregistrer une baisse de ses importations (593 millions d'euros, -2%).

 

2010 est une année record pour les exportations de spiritueux: le cognac progresse de 33% à 1,85 milliard d'euros. La vodka connaît aussi un boom (332 millions d'euros, +40%).

 

Les ventes de champagne connaissent aussi une « remarquable reprise », a souligné M. de Jouvencel avec une progression des exportations de 22%, à 1,9 milliard d'euros.

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 00:09

 

Melon au porto, melon au jambon de Parme, lorsque revient la saison du melon sa fraîcheur et sa douceur en font l’une des stars des tables d’été. Pour ne pas me voir accusé d’avoir le melon je me dispenserai de vous faire un speech sur cette plante potagère de la famille des cucurbitacées dont le faux-fruit fait nos délices. Cependant je ne puis m’empêcher d’écrire que le melon d’eau est une courge. Et puis, même si c'est déplaisant, dans les appellations du racisme populaire, un melon c'est, pour les petits Français, comme l’écrivait le marseillais Jean-Claude Izzo  : 

« [...]  Rico les entendait raconter des blagues, et rire. À ce moment, l’un d’eux lança :

- Et tu sais comment ils cueillent les melons, à Marseille ?

- Non, dit une voix.

- Ils secouent les échafaudages. »

 

Et oui monsieur Zemmour !

 

Plus sympathique le Melon de Bourgogne qui est un cépage, le melon charentais qui est une variété et non une origine alors que le melon de Cavaillon est souvent un cantaloup. Bref, lisse ou grenu, le melon se consomme en entrée ou en dessert. Reste son achat qui constitue un moment délicat. En effet, un mauvais melon est immangeable.

 

Alors comment procéder ?

 

Plusieurs méthodes : la première faire confiance à son marchand de fruits&légumes (méthode applicable à beaucoup de produits de bouche ; la seconde : faire confiance à sa main : un bon melon doit être lourd (signe qu'il est gorgé de sucre : le taux de sucre doit dépasser 10 degrés Brix pour être commercialisé, en-dessous il est classifié comme courge ; la troisième dites méthode parigot tête de veau consiste à sentir le melon ce qui est redoutable car l’odeur type de la maturité qui s’exprime du côté de l’auréole n’est pas toujours un indice d’un bon melon ; la quatrième : compter le nombre de tranches qui doivent être bien marquées par un trait vert bleuté (melon lisse) 10 étant le bon chiffre ; la dernière : scientifique, le taux de sucre garanti (le producteur pique le melon pour en extraire une goutte dont le taux de sucre est vérifié).

 

Revenons maintenant à mon interrogation initiale : Le melon a-t-il besoin de compagnon ? Ses deux accompagnateurs classiques : le porto et le jambon de Parme ne traitent pas le melon de la même façon. Le premier exige de lui qu’il soit réceptacle pour le recueillir ce qui implique une consommation à la petite cuillère ; le second, lui, pour une consommation aisée, demande au melon d’être tranché et, bien sûr, c’est couteau et fourchette pour le manger. Ceci écrit, sans vous donner ma préférence entre melon nature et melon accompagné je laisse le soin aux grands défenseurs des produits français de contester l’origine du liquide comme du solide pour bien sûr dégainer leurs propositions.

 

Pour finir, toujours pour hausser le niveau culturel de cette maison, un petit coup de Montaigne : «en réalité, les principales innovations alimentaires du XVIe siècle ne viennent pas d’Amérique, mais de pays méditerranéens, et en particulier d’Italie, qui donne le ton, à l’époque, à toute nouvelle cuisine. L’artichaut et le melon, en particulier sont à la mode.

[...] Quand au melon, dont Montaigne, comme Henri de Navarre, était fort friand, import d’Orient via l’Italie, il fera les délices des élites gourmandes du siècle, et sera l’objet d’un ouvrage savant du doyen de la Faculté de médecine de Lyon, Jacques Pons, Sommaire Traité des melons, contenant la nature et usage d’iceux, avec les commodités et inconvénients en revenant (1586) La table au temps de Montaigne Christian Coulon Arléa.

 

La controverse est ouverte : melon solitaire ou melon accompagné ?

Et si accompagné, par qui ?

En tranches ou entier (s’entend coupé en 2) ?

Et le vin dans tout ça (hormis le Porto bien sûr) ?

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 00:02

C’est la belle Eva d’OENOS link qui m’a donné l’idée de cette chronique après avoir lu son message à propos d’un dîner avec Guillaume Nicolas-Brion du Morgon dans les veines link, Cyril Alonso et Florian Looze de P.U.R link « Ce soir, rendez-vous à 20h au Vieux Chêne, une autre adresse à côté du Paul Bert que j'aime bien, avec une belle carte des vins également (moins impressionnante que celle du Paul Bert). » Sitôt notée l’adresse je me suis dit dans ma petite Ford intérieure : « lorsqu’il prend l’envie à monsieur et madame tout le monde d’aller au restaurant quel est le poids, dans leur choix d’un restaurant, d’une belle carte des vins ? »

 

Première remarque : en toute logique lorsqu’on se rend au restaurant c’est de prime abord pour manger et non pour boire ce qui ne signifie pas bien sûr que l’on va manger sans boire. Souvent le choix du restaurant se fera sur la base d’une recommandation (le fameux bouche à oreille), la lecture d’un papier sur le resto, un guide ou le pur hasard lié à la proximité de là où l’on se trouve... Même dans la dernière hypothèse où l’on jette un coup d’œil sur la carte exposée à l’entrée, ce sont des critères de bien manger ou d’un supposé bon rapport dit qualité/prix qui emportent la décision. Je ne vais pas raffiner en envisageant qui décide : madame, monsieur ou les deux de concert. Donc, dans cette équation à plusieurs inconnues le vin semble être l’inconnu le plus transparent : il ne pèse pas très lourd dans le choix du restaurant.   

 

Deuxième remarque : eu égard à ce que je viens d’écrire ma question peut paraître idiote ou à tout le moins vide de sens. Pourquoi en effet poser une question qui débouche sur une réponse quasi-certaine. Je plaide non coupable car, en creux, ma question en implique une autre : les critiques, dit gastronomiques, les auteurs de guides papier ou sur le Net, de quelques poils qu’ils fussent, cherchent-ils à intéresser leurs lecteurs à la carte des vins ? En général, les informations sur elle sont succinctes et souvent dans la presse elles se résument à la seule bouteille bue par le critique. À leur décharge ceux-ci ont-ils les moyens ou se donnent-ils les moyens d’apprécier la qualité de la carte des vins du restaurant qu’ils vont tester ? Ma petite expérience, et des papiers que je lis dans la presse, du feuilletage des guides, mais aussi de la fréquentation de critiques ou de blogueurs gastronomiques, je ne le crois pas. La plupart d’entre eux se contentent d’apprécier vaguement la carte des vins sur le papier en fonction de leur goût personnel. Ceci écrit, même s’ils ne se décarcassent guère, pourquoi se fouleraient-ils à éplucher et à, éventuellement, tester la carte des vins puisque leurs lecteurs, ou tout du moins leur grande majorité, ne la placent pas en tête de leurs critères de choix. Attention, je rappelle que ma population cible c’est « monsieur et madame tout le monde qui décide de se payer un restaurant au sortir du cinéma ou pour n’importe qu’elle autre raison d’ailleurs... »

 

Troisième remarque : dans la mesure où l’on nous bassine en long en large et en travers sur le nécessaire accord mets-vins, j’aimerais bien que l’on m’expliquât ce qu’est au juste une belle carte des vins ? Attention, pas dans l’absolu mais dans son degré d’adéquation avec la cuisine servie. Et là c’est morne plaine. Rien ou pas grand-chose en dehors de gloses en général fumeuses ou bavardes sur le vigneron à la mode ou le dernier nectar du terroir où les raisins sont astiqués par des petites mains et où le jus a vécu sa vie sans nourrice. Moi j’aimerais bien que les « bouffeurs patentés » et les « dégustateurs du même acabit » se prennent un peu par la main pour, ensemble, vraiment s’attaquer à un travail de fond. C’est sans doute trop demander à ce petit monde mais, au moins, nos critiques feraient preuve alors d’une réelle utilité pour le bonheur de « monsieur et madame tout le monde » qui, si j’en crois les tirages maigrelets, ne lisent guère la RVF et ses jeunes consœurs.  

Conclusion provisoire : puisque tout le monde se fout, ou presque, du choix des vins de « monsieur et madame tout le monde » lorsqu’il leur prend l’envie à d’aller au restaurant, pas dans un grand bien sûr mais dans un truc où il y a des couverts, des assiettes, des verres et souvent des serviettes en papier, alors il ne faut pas s’étonner que « monsieur et madame tout le monde » boivent tout et n’importe quoi, cher et pas bon, parfois peu, et souvent rien c'est-à-dire pas de vin. Bien évidemment, ces « messieurs et madames tout le monde»  n’intéressent pas nos grands connaisseurs qui préfèrent aller prêcher aux convaincus, aux grands amateurs, au petit nombre. Ça ne les empêche pas pour autant de regretter vivement, avec de belles envolées éditoriales, des trémolos dans la voix, des mots durs pour les politiques, la baisse de la consommation du vin en notre doulce France. Mais comme ils ne sont pas à une contradiction près je vais encore me faire traiter par leurs séides de mauvais coucheur. Grand bien leur fasse mais leurs quolibets ou leurs sarcasmes ne m’empêcheront pas d’écrire et de souligner en rouge : qu’ils font bien peu pour l’extension du domaine du vin.

 

 

Nous les petits blogueurs méprisés, vilipendés, raillés par les maîtres du papier qui font des salons nous faisons ce que nous pouvons avec nos petits moyens et nos doigts pleins d'ampoules... Gloire à nous !

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 00:09

La France, ce vieux pays de Droit romain écrit, qui adore empiler les lois et les règlements, fabriquer des codes à reluire rouge, dont le plus abouti est celui des IMPOTS qui n’a pas attendu McDo pour être obèse, pondre via sa bureaucratie des circulaires interprétatives, survit car ses citoyens appliquent un grand principe pour son droit public « nul n’est censé respecter la loi » La règle horizontale, celle qui toise tout le monde à la même hauteur, égalitaire dit-on, fait les délices de ceux qui se spécialisent dans l’utilisation des trous, des failles, pour le fiscal ont dit des niches – je ne sais pourquoi cette appellation fait florès y compris pour désigner des marchés fort rémunérateurs – pour tourner la loi. La vigne, la fabrication du vin et son transport, ont été de tout temps en France le paradis de la fiscalité et de la répression des Fraudes : pensez-donc à la DGGDDI et à la DGCCRF les hommes et les femmes du Vin occupaient le haut du pavé. En écrivant cela je ne leur jette pas la pierre car ils savaient, avec doigté et intelligence, démêler les fils et faire preuve de pragmatisme : pas vrai Robert et Dominique ! Ils faisaient parti de la famille. Aujourd’hui c’est plus diffus, plus dématérialisé dit-on. Reste aux vignerons à se dépêtrer ! La simplification administrative est un sujet que chérissent les Ministres en arrivant mais leur peu d’allant à se mettre les mains dans le cambouis de leur Administration fait que, l’Union Européenne aidant, la ponte continue !

 

Bref, j’offre à l’ami David Cobbold ce texte so british pour qu’il comprenne mieux l’ambigüité à la française qui nous permet de vivre sur nos textes, en les exhibant à la face de la Terre entière, pour mieux les tourner.

 

 

« Un dîner d’adieux fut offert à Aurelle par les officiers de cette division écossaise avec laquelle il avait passé quatre années rudes et vivantes.

Il dut, avant de se mettre à table, boire un cocktail et un sherry, puis encore un vermouth italien, réveillé d’une goutte de gin. Un empressement affectueux que ce mélange de boissons, plus que britannique, lui firent sentir avec délicatesse, qu’il était, pour ce dernier soir, non plus un membre, mais l’hôte du mess.

- J’espère, lui dit le colonel Parker, que vous ferez honneur à l’éduction que nous vous avons donnée et que vous viderez enfin tout seul votre bouteille de champagne.

- Je vais essayer, colonel, mais j’ai encore beaucoup à apprendre.

- Il est vrai, grommela le colonel, que cette paix arrive mal à propos. Tout commençait à s’organiser. Je venais d’acheter un cinéma pour nos hommes ; nos artilleurs travaillaient de mieux en mieux ; j’avais des chances de devenir général et Dundas m’apprenait le jazz. Et voilà les politiciens qui font la paix et Clémenceau qui démobilise Aurelle ! Ah ! la vie n’est qu’une damnée chose après l’autre.

-  Oui, messiou, soupira le général Bramble, c’est triste de vous voir partir ; restez encore huit jours avec nous.

- Je regrette, sir, mais je suis démobilisable avec le troisième échelon et j’ai mon ordre de transport en poche : je dois me présenter demain à Montreuil-sur-Mer, d’où l’on m’enverra à Arras, d’où l’on m’expédiera à Versailles, d’où je rentrerai à Paris, si je survis à ce circuit... Je resterais bien volontiers, mais je dois suivre le sort de ma classe, ainsi que disent, non sans grandeur, les militaires.

- Pourquoi, dit le colonel Parker, s’obstiner à envoyer des soldats dont les civils redoutent le retour et qui sont nécessaires au confort des officiers supérieurs ?... Nous autres, Anglais, nous avions adopté pour notre démobilisation, un projet plus intelligent. Les hommes, classés par professions, partaient seulement le jour où les ouvriers de leur métier manquaient en Angleterre. Ainsi, nous devions éviter le chômage. Un gros volume expliquait, avec clarté, tous les détails : c’était vraiment très bien... Well, au jour de l’application, cela a marché aussi mal que possible. Tout le monde s’est plaint, nous avons eu de petites émeutes, les journaux les ont dramatisés et, après quelques semaines d’essais, nous en sommes revenus, Aurelle, à votre système de class qui est égalitaire et imbécile.

- C’était facile à prévoir, dit le docteur : tout règlement qui néglige la nature humaine périra. L’homme, qui est un animal absurde et passionné, ne peut se complaire dans un système intelligent. Pour qu’une loi soit acceptée par le plus grand nombre, il est nécessaire qu’elle soit injuste. La démobilisation française est inepte, c’est pourquoi elle est excellente.

- Docteur, dit le général, je ne veux pas que vous disiez que la méthode française est inepte : c’est le dernier soir que messiou passe avec nous, laissez-le tranquille.

- Cela n’a aucune importance, sir, dit Aurelle : ils n’y comprennent rien, ni l’un ni l’autre. Il est certain qu’en France, en dépit de décrets et de circulaires absurdes, tout va plutôt mieux qu’ailleurs. Mais ce n’est pas parce que nos lois sont injustes, c’est parce que personne ne les prend  au sérieux. En Angleterre, votre faiblesse, c’est que si l’on vous ordonne de démobiliser les hommes par classes, vous le ferez. Chez nous, on le dit, mais par des sursis, par des passe-droits, par mille injustices assez justes, on s’arrange pour ne pas le faire. Un bureaucrate barbare a voulu que l’interprète Aurelle, pour se faire démobiliser, eût à parcourir le circuit Montreuil-Arras- Versailles, dans un wagon à bestiaux. C’est inutile et vexatoire. Mais croyez-vous que je le ferai ? Jamais. J’irai tranquillement demain matin, à Paris, par le rapide, et j’y montrerai un papier couvert de cachets à un scribe du G. M.P. qui, après quelques plaintes désabusées, me démobilisera en maugréant. Le grand principe de notre droit public, c’est que nul n’est censé respecter la loi.

- Hough ! fit le général suffoqué.

- Docteur, dit le colonel Parker, versez du champagne à messiou, il est trop lucide.

Des départs de bouchons se firent entendre aussitôt sur un rythme rapide de mitrailleuses en action. Le colonel Parker commença un discours sur les charmes des femmes birmanes, si aimables et si douces ; le docteur, pour des raisons techniques, leur préférait les Japonaises. »

Les Discours du Docteur O’Grady André Maurois chez Grasset 1922

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