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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 00:09

Mon jeune âge en Vendée m’a privé de Carême, m’a seule privation était tout au long de l’année de ne pas manger de viande le vendredi. De toute façon, comme les hommes, eu égard aux travaux des champs, ne modifiaient pas eux aussi leur régime alimentaire. Seul, le clan des femmes, jeunait. Mardi gras, qui précède le mercredi des Cendres marquant le début du Carême, ne marquait pas chez moi la fin de la «semaine des sept jours gras» mais le «carême-entrant»


À l’heure du déjeuner de Mardi Gras la grande cuisine commune (la maison familiale était une ancienne auberge relais de Poste à l’entrée de la Mothe-Achard, sur les murs de la façade subsistait les anneaux de fer où l’on attachait les chevaux) sentait l’huile chaude et la pâte frite.
 

 

Le rituel était bien établi :
-    Les crêpes dites bretonnes
-    Puis les crêpes « crapauds » : les mêmes sur lesquelles en fin de cuisson, mémé Marie balançait de l’huile bouillante. Nous les dénommions crapauds car elles étaient couvertes d’énormes boursouflures causées par le traitement style défenseur de châteaux-forts. Elles étaient bien grasses, craquantes et le sucre en poudre dont nous les avions copieusement aspergées ornait nos lèvres de pépites brillantes. Nous en mangions à nous en faire péter la sous-ventrière…
-    Enfin, après que nous eussions quitté les lieux pour notre après-midi d’école, mémé Marie, aidée de sa sœur la tante Valentine, confectionnait des  tourtisseaux dénommés encore des bottereaux. C’était maman qui avait confectionnée la pâte. Nous les dégustions à l’heure du goûter et en dessert le soir au dîner.


bottereaux.jpg
 

 

Le bottereau est nantais, pour preuve le Loroux-Bottereau, le foutimasson et le tourtisseau  du Poitou et de Vendée, ce n’est que bien plus tard que je découvris qu’ils se nommaient ailleurs, crouchepette dans les Landes, merveille en Gascogne, Bordelais, Saintonge, Aunis, croquignolle  en Anjou… Le Sud-Est n’est pas en reste : oreillette Provence et Languedoc, ganse  en région niçoise, chichi-frégi en Provence, frappe en Corse, faverolle et bugne en Lyonnais et Bourgogne, craquelin en Savoie… A signaler encore : corvechet en Lorraine, roussette en Alsace, Île-de-France, guenille en Auvergne, rousserole, fantaisie, nouet ou nouette, bunyette ou bougnette, crotte d’âne, ou crotte de poilu ou cuisse de belle dame et autres « beignets de carnaval » tout simplement…


Si vous souhaitez visionner la recette des tourtisseaux&bottereaux link La forme traditionnelle des Tourtisseaux et Bottereaux est le losange  et moi ce que j’adorais c’était la petite roulette en bois avec laquelle on les découpait dans la pâte. C’est bourratif, ça cale mais il est toujours possible de faire couler la miette avec des bulles (voir ci-dessous)


Reste pour terminer à répondre à ma question : Les Tourtisseaux, les Bottereaux, les Foutimassons, les Bugnes ne sont-ils que des Pets de Nonne ?

 
 Myriam-3178.JPG

 

Fulbert-Dumonteil, dans sa France Gourmande 1906 Librairie Universelle situe la naissance du pet-de-nonne à l’abbaye de Marmoutier, réputée à l’époque pour sa cuisine. Lors de la préparation d’un repas de la saint Martin, où l’archevêque de Tours devait bénir une relique du manteau du saint patron tourangeau, tout le monde s’affairait autour des fourneaux.
« Soudain, un bruit étrange et sonore, rythmé, prolongé, semblable à un gémissement d’orgue qui s’éteint, puis aux plaintes mourantes de la brise qui soupire dans les cloîtres, vient frapper de stupeur l’oreille indignée des bonnes sœurs. »


Le pet-de-nonne est aussi  appelé « beignet de vent » ou « soupir de nonne », «pet de putain», « pet de vieille » et pet de bièillo dans l’Aveyron
 

 

La cuisinière de la campagne et de la ville livrait en 1858 cette recette :
    « Beignets soufflés, dits Pets de nonne
    Mettez dans une casserole un quart de litre d’eau, gros comme 2 noix de sucre, autant de beurre, du zeste de citron haché ou râpé ; faites bouillir le tout un moment ; saupoudrez dedans de la farine en quantité d’une main, tandis que vous tournez avec une cuillère de l’autre main ; continuez de saupoudrer de manière que la pâte devienne extrêmement épaisse, et tournez très vivement jusqu’à ce qu’elle soit cuite : ce qu’on connaît quand, en y touchant avec les doigts, elle ne s’y attache pas. Tirez-la du feu et laissez refroidir ; cassez-y un œuf et continuez de tourner vivement pour l’incorporer à la pâte; cassez-en un autre de même ; et ainsi de suite jusqu’à ce que la pâte soit maniable et qu’elle coule lentement de la cuillère en l’élevant au-dessus de la casserole. Prenez-en, avec une cuillère, gros comme une noix, que vous faites tomber dans la friture avec le bout du doigt. Cette pâte se gonfle beaucoup dans la poêle. Servez chaud, bien doré, saupoudré de sucre. Ils sont bons froids. Si on les fait à l’eau de fleur d’oranger, on ne la met qu’avec le premier œuf »
 

 

Alors qu’est-ce qui différencie mes Tourtisseaux, Bottereaux, Foutimassons, et autres Bugnes etc. des pets de nonne ?
 

 

La réponse est simple, je dirais même consubstantielle, il ne vous reste plus qu’a me la donner.
 

 

Du côté du boire, sans contestation  faut des bulles et là vous avez le choix entre le cidre de Cyril Zang, Ze bulle Zéro pointé, Cœur de Bulle, Préambulles, Champagne Tarlant Zéro


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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 00:09

Rue de Madrid, notre haut négoce exportateur, tenait conférence de presse mardi matin dernier. De bons chiffres en rafales, Louis-Fabrice Latour le boss de la FEVS entouré de Philippe Casteja (Borie-Manoux), de Paul-François Vrancken et de Patrice Pinet (Courvoisier) représentants les poids lourds de l’export des vins&spiritueux : Cognac, Bordeaux, Champagne et Bourgogne.

 

Pour l’heure je laisse la tâche de communiquer le bilan des exportations françaises de Vins&spiritueux pour l’année 2011 à ceux dont c’est la tâche. Si j’en ai le temps et le courage je vous livrerai mon analyse de ces chiffres qui, en valeur exporté, sont bons mais couvrent aussi nos faiblesses structurelles à profiter des marchés de volume valorisés en pleine expansion.

 

IGP : presque 42 millions de caisses - 11,1% en volume et – 4,8% en valeur soit 713 421 milliers d’€

Vins sans IG avec cépage : 9,34 millions de caisses +51,6% et 133 842 milliers d’€ +28,6%

Vins sans IG sans cépage : 18 377 946 millions de caisses soit +0,9% et 167 655 millions d’€ - 21,7%

 

Mais ne boudons pas notre plaisir en ces temps de déficit commercial record et saluons la performance de l’industrie des V&S puisqu’il s’agit en CA : + de milliards d’€ la meilleure performance historique du secteur. Les V&S conservent leur place de deuxième poste excédentaire dans la balance commerciale de la France avec une contribution positive de 8,6 milliards d’€. les V&S représentent 74% de l’excédent agroalimentaire. Pour autant, les grands médias n’en font pas leurs grands titres, toujours le côté : ce n’est que de l’alcool et des GCC alors que dès que Dassault est en passe de remporter le marché indien avec son Rafale, jusqu’ici invendable hors de France, tout le Monde en parle. C’est pourtant un engin de guerre, qui a fait ses preuves en Lybie, mais c’est plus politiquement correct que le commerce des V&S. ainsi va la France et le clin d’œil de la FEVS avec ses équivalents-Rafales se substituant aux équivalents Airbus n’y changera rien.

 

Au cours de la séance de questions Philippe Casteja, toujours pince-sans-rire, a mis en avant le fait que le désamour des anglais pour les vins de Bordeaux, qui n’étaient plus à la mode face aux vins  du Nouveau Monde dans la décennie précédente, laissait la place à une nouvelle attirance pour eux. Bordeaux, boosté par les GCC, revigoré par les émergeants, serait-il de nouveau tendance ou profiterait-il simplement d’une embellie ? Faute de disposer et de temps, et des éléments précis de jugement, je me garderai bien de porter une appréciation sur  ce constat d’un professionnel avisé. Ma seule remarque se fondera sur le constat que les fondamentaux du vignoble, bien analysés dans le Plan Bordeaux, ne me semblent pas avoir véritablement changés. Affaire à suivre !

 

Dans la foulée de la conférence de presse dans ma boîte mail j’ai reçu un communiqué de presse de l’agence hémisphère  sud qui m’annonçait qu’avec la nouvelle année qui rime avec nouvelles tendances de dégustation pour les  Sweet Bordeaux !

 

Que sa quo ?

 

C’est une marque créée en 2009 me précise-t-on et avec elle, rien moins, que de réinventer la consommation des moelleux et des liquoreux de Bordeaux. Vaste programme !

 

Très pédago chic tout ça rime avec 4 moments de consommation mis en scène afin de renouveler l’image de ces vins et casser les codes classiques.

 

Vous me connaissez, casser les codes ça m’excite !

 

Alors que lis-je ? Je cite.

 

4 Sweet Moments

 

Le Sweet Break : pause douceur, les Sweet Bordeaux accompagnent à merveille gourmandises et petites douceurs. Les Sweet Bordeaux seront dégustés à la manière d’un café gourmand et révèleront les notes onctueuses et suaves de cette pause gourmande.

 

Le Sweet Dive : en « piscine », le bain de glaçon intensifiera la fraîcheur des arômes fruités, pimentés ou épicés de 11 appellations de vins moelleux et liquoreux de Bordeaux.

 

Le Sweet Mix : Festif, cosmopolite et tendance, le Sweet Mix casse les codes traditionnels du vin et ouvre de nouveaux horizons aux Sweet Bordeaux. Il sera sans nul doute la star des Sweet Soirées.

La recette : Dans un verre de shaker, mélanger une bouteille de jus de pamplemousse, 2 citrons pressés, 2 oranges pressées, une demi-bouteille de Perrier et une bouteille de Sweet Bordeaux. Shaker vigoureusement et verser dans un verre Sweet Bordeaux. Allonger de ¼ de Schweppes et servir très frais

 

Le Sweet Original : A partager pour un moment de convivialité, le Sweet Original replace la bouteille de Sweet au cœur de la dégustation entre amis.

 

Donc je résume : un verre avec une douceur, un verre avec des glaçons, un cocktail et le vin tout simplement. Franchement, va-t-on révolutionner la consommation des moelleux et des liquoreux de Bordeaux avec ça ? Moi je veux bien mais j’ai des doutes… ça ne va guère ébourriffer les sages mises en plis...

 

Que les soirées parisiennes ou bordelaises pour présenter ces Sweet Bordeaux soient des succès auprès des jeunes je n’en doute pas un seul instant mais, de grâce, pourquoi diable en faire des tonnes avec des « présentations » qui n’ont rien de révolutionnaires. Moi je m’attendais à du punk ou du grunge, des épingles à nourrice ou des Doc Martens… du lourd quoi ! C’est surjoué, convenu, sans surprise, et pas forcément en mesure de revisiter durablement l’image des moelleux et liquoreux de Bordeaux. Les modes ne se décrètent pas, elles surgissent du diable vauvert alors qu’on ne les attend pas forcément. Lorsque je parlais au charentais dans les années 2000 de la percée du Cognac aux USA dans les communautés noires et hispaniques ils me prenaient pour un extra-terrestres. Eux leur truc c’était le Cognac-Schweppes. Les rappeurs se sont emparés du Cognac et ce fut une success story.

 

Le vrai must qui casserait vraiment les codes ce serait « le baron Philippe » versus Sweet de Bordeaux link « Le baron affectionnait de faire mettre une bouteille d’Yquem, débouchée er placée debout, dans le compartiment à congélation du réfrigérateur. En trois heures de temps, le vin se dissociait, son eau devenant glace tandis que l’alcool et l’essentiel des autres principes restaient à l’état liquide. Cette concentration par le froid produisait un extrait qui était versé à chacun en faible quantité, pour une qualité très particulière. Lorsqu’il avait appris le traitement infligé à son cru, le marquis Bertrand de Lur Saluces était entré dans une colère monstre. Les deux seigneurs des vignes se détestaient de tout cœur. Mis à part l’originalité du sous-produit d’Yquem ainsi obtenu, Philippe de Rothschild jubilait à l’idée que le marquis eût immanquablement vent de cette pratique et qu’il en éprouvât quelque furie. »

 

Du côté douceur j’y ajouterais « le granité » Sweet de Bordeaux que l’on boirait, si je puis m’exprimer ainsi, à la petite cuillère.

 

Le taulier comme d’hab. va se faire bien voir sur les 2 Rives de la Gironde, du côté des 11 appellations de moelleux et de liquoreux que je cite : Sauternes, Barsac, Loupiac, Sainte-Croix-du-Mont, Première Côtes de Bordeaux, Graves Supérieures, Cadillac, Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, Bordeaux Supérieur, Cérons, Sainte-Foy Bordeaux…, mais qu’importe il ne fait que son travail de chroniqueur qui n’a rien à voir avec celui de communicateur. Dans Cap 2010, qui a été goûté à sa juste valeur à Bordeaux, nous écrivions en 2002

 

« Notre ambition est toute autre ; nous voulons tirer le meilleur parti de notre antériorité,  de

notre tradition, tout en innovant sur les segments les plus porteurs ; nous voulons être créateurs de vins à vivre pour nos clients présents, de vins bien dans leurs baskets pour les nouvelles générations ; nous voulons une fois pour toute dire à ceux qui sont en charge de la chose publique que le vin, que nos vins, sont des produits de civilité, de convivialité, de bien vivre ensemble et que nous sommes tout autant qu’eux soucieux de la santé publique, de la sécurité de nos concitoyens.

Nous voulons aussi dire à l’ensemble des viticulteurs de France que l’expansion et le développement de nos vignobles passe par l’absolue nécessité d’être à l’écoute des attentes de nos consommateurs qu’ils soient chez eux, en famille, entre amis, à la terrasse d’un café, à déjeuner au restaurant, le soir à l’heure de l’apéritif, les jours de fête ; qu’ils soient en train de pousser leur caddie dans une grande surface, chez un caviste, dans la cave d’un producteur, dans le caveau d’une cave coopérative, sous les voûtes prestigieuses d’un château ou les poutres d’un domaine de renom ; qu’ils soient à Lille, à Marseille, à Brest, à Londres, Tokyo, New York ; qu’ils soient dans un avion, en TGV, sur un ferry, un paquebot de croisière ou dans un village de vacances. »

 

Oui nous avions omis Shanghai mais peu importe, même si les vents de Chine sont propices en ce moment pour Bordeaux, ce qui me semble toujours d’actualité c’est que lorsque le vin est tiré il faut le boire ou dit autrement la seule question qui vaille c’est de savoir si les vins produits rencontrent des clients. À Bordeaux il semblerait que l’on veuille maintenant boxer dans toutes les catégories, ce qui est tout à fait concevable dans un grand vignoble, mais encore faut-il que dans celles où ces vins sont des challengers ils en adoptent les codes. Dit plus directement et clairement : c’est dans la vigne que tout commence pas dans la bouteille ou le verre du consommateur.  Casser les codes avec des produits traditionnels pour réinventer la consommation n’est pas en soi une démarche à rejeter mais encore faut-il que dans la cabas à bouteilles on ne mélange pas les torchons et les serviettes. À force de toujours vouloir vivre dans l’ambiguïté on embrouille ses clients et on laisse la porte à ses concurrents qui eux, n’ont pas ce genre de coquetterie, ils ont choisi leur camp sans complexe.

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 00:09

Dimanche dernier, après avoir battu la semelle au marché, j’étais en voie de congélation – les bons esprits ajouteront sans doute que ce n’est qu’une projection de ma pente naturelle – lorsque de retour rue Daguerre pour acheter de la viande pour déjeuner je fus pris soudain d’une envie irrépressible de pot-au-feu. Le problème c’était qu’il était déjà très tard et qu’un pot-au-feu ne supporte pas la précipitation, il lui faut du temps. Alors, j’ai fait un pot-au-feu rentré ce qui est un supplice abominable, genre tantale, car dans ma tête, mobilisant tous mes sens, je l’ai confectionné dix fois ce fichu pot-au-feu. Pour conjurer le sort qui a fait tomber sur nous le mou du redoux je me suis dit qu’il me fallait une thérapie et chez moi, vous le savez, c’est le clavier.


En effet, le pot-au-feu c’est d’abord le plaisir de le composer, de choisir ce que l’on appelait de mon temps les bas-morceaux, c’est un patchwork qu’énumère Hugo Desnoyer dans l’une de ses 8 recettes fondamentales pour les amoureux de la viande. Je vous les énumère, tout en soulignant que pour ma part, le pot-au-feu c’est du bœuf et rien que du bœuf. Si je suis ainsi c’est la faute de mon père qui, à chaque fois que Ratier le boucher – le camionneur marchand de charbon se dénommait Lebœuf – achetait un bœuf gras au pépé Louis il gratifiait mon père, grand-amateur de pot-au-feu avec une prédilection pour la queue de bœuf, de tous les morceaux ad-hoc. Donc, contrairement à maître Desnoyer point de veau dans notre pot-au-feu. Du pur bœuf !


-    Paleron de bœuf
-    Gîte de bœuf
-    Carotte de bœuf
-    Plat de côte
-    Macreuse
-    Basse côte
-    Jarret de veau
-    Joue de bœuf
-    Queue de bœuf
-    Crosse de veau
-    Crosse de bœuf
-    Os à moelle
 

 

Du côté des légumes je suis aussi puriste : carottes, navets des 2 couleurs violet et jaune, poireaux, oignons piqués de clou de girofle et surtout pas de pommes de terre.

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Hugo Desnoyer dans le livre Un boucher tendre et saignant avec  François Simon chez Assouline conseille avec son pot-au-feu : un Pinot Noir, Le  Chant des Oiseaux de Bruno Schueller 2006


J’aurais pu en rester là mais j’adore aussi fouiner dans les vieux livres pour tirer de la naphtaline des vieux textes et, comme de bien entendu, je suis tombé nez à nez sur le Pot-au-feu de Dodin-Bouffant de Marcel Rouff La Vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, Société littéraire de France, 1920


« Il arriva enfin, ce redoutable pot-au-feu, honni, méprisé, insulte au prince et à toute la gastronomie, le pot-au-feu Dodin-Bouffant, prodigieusement imposant, porté par Adèle sur un immense plat long et que le cordon-bleu tenait si haut au bout de ses bras tendus que les convives, anxieux, n’en aperçurent rien tout d’abord. Mais quand il fut posé avec effort et précaution sur la table, il y eut plusieurs minutes de réel ahurissement. Le retour au sang-froid de chacun des convives se manifesta suivant des réactions et des rythmes personnels. Rabaz et Margot, mentalement, se morigénaient d’avoir douté du Maître ; Trifouille était pris d’un saisissement panique devant tant de génie ; Beaubois tremblait d’émotion ; quant au prince d’Eurasie, son sentiment oscillait entre le noble désir de faire duc Dodin-Bouffant, comme Napoléon voulait faire duc Corneille, une envie furieuse de proposer au gastronome la moitié de sa fortune et de son trône pour qu’il consentit à prendre la direction de ses fêtes, l’énervement de recevoir une leçon qui était cette fois parfaitement limpide, et la hâte d’entamer la merveille qui étalait devant lui ses promesses et ses enivrements.


Le pot-au-feu proprement dit, légèrement frotté de salpêtre et passé au sel, était coupé en tranches et la chair en était si fine que le bouche à l’avance la devinait délicieusement brisante et friable. Le parfum qui en émanait était fait non seulement de suc de bœuf fumant comme un encens, mais de l’odeur énergique de l’estragon dont il était imprégné et de quelques cubes, peu nombreux, d’ailleurs, de lard transparent immaculé, dont il était piqué. Le tranches assez épaisses et dont les lèvres pressentaient la velouté, s’appuyaient mollement sur un oreiller fait d’un large rond de saucisson, haché gros, où le porc était escorté de la chair plus fine du veau, d’herbes de thym et de cerfeuil hachés. Mais cette délicate charcuterie cuite dans le même bouillon que le bœuf, était elle-même soutenue par une ample découpade, à même les filets et les ailes, de blanc de poularde, bouillie en son jus avec un jarret de veau, flottée de menthe et de serpolet. Et pour étayer cette triple et magique superposition, on avait glissé audacieusement derrière la chair blanche de la volaille, nourrie uniquement de pain trempée de lait, le gras et robuste appui d’une confortable couche de foie d’oie frais simplement cuit au chambertin. L’ordonnance reprenait ensuite avec la même alternance, formant des parts nettement marqués chacune, par un enveloppement de légumes assortis cuits dans le bouillon et passés au beurre ; chaque convive devait puiser d’un coup  entre la fourchette et la cuiller le quadruple enchantement qui lui était dévolu, puis le transporter dans son assiette.


Subtilement, Dodin avait réservé au Chambertin l’honneur d’escorter ce plat délite. Un vin uni aurait juré avec quelqu’une des parties qui le composaient ; le Chambolle nuancé, complexe et complet, recelait dans son sang d’or rose assez de ressources pour que le palais y pût trouver à temps, suivant la chair dont il s’imprégnait, le ton nécessaire, la note indispensable… »


Sans prendre de gants, le pot-au-feu de Dodin-Bouffant me reste sur l’estomac avant même d’avoir imaginé composer un tel amas. Autre temps, autre goûts, mais que c’est loin de la vérité de la viande de ces morceaux de bœuf maintenant négligés par les consommateurs. Dans mon pot-au-feu total bœuf c’est ce qui m’excite, m’attire, m’enchante, m’emplit de bien-être c’est la diversité des fibres, la variété de la palette des sucs, des couleurs, des saveurs de ces morceaux issus des membres comme le gite ou la crosse, de là où l’on enjuguait les bœufs : le collier, de l’accroche des membres antérieurs : la macreuse et le paleron, des côtes : le plat et les basses et bien sûr ces parties extrêmes que sont les joues et la queue… Le bœuf ne se résume pas aux 4 classiques : Faux-filet, Entrecôte, Rumsteak, Bavette d’aloyau… il recèle des morceaux qui sont des délices sans demander une préparation sophistiquée. Quoi de plus simple que la préparation d’un pot-au-feu ? Le temps est essentiellement un temps de cuisson, surtout pas d’autocuiseur ! Et puis, reste l’art d’accommoder les restes : un hachis Parmentier fait avec de belles Bintje dodues et surtout la viande du plat de côtes.

Camdeborde-009.JPGPour le boire j’ai choisi, pour mon pot-au-feu rentré, un Irancy 2010 Viti Vini Vinci acheté à la Cave des Papilles rue Daguerre en revenant de la boucherie où je m’étais contenté de prendre du foie de veau qui, avec un gratin de macaronis, fut le plat de ce dimanche d’hiver. Pour le pot-au-feu 100% bœuf j’attends la prochaine vague de froid !

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 00:09

Ma chère, très chère,

 

Le vin fut une boisson populaire, trop sans doute, le litron sonnait comme pochtron, son goulot dépassait de la musette, de l’ouvrier ou du métayer, où il voisinait avec la gamelle du déjeuner. Au temps des grands jours du gros rouge il fut étoilé : 6 étoiles qui ne l’ont jamais porté au firmament des grands nectars. Sur sa fin il fut vilipendé, brocardé, tel le vin des Rochers dit velours de l’estomac ou le Kiravi grand objet de mépris. Capsulé, en casiers, consigné, lavé, re-remplissable, la honte quoi ! La Grande Distribution l’a achevée même si ce brave litron était très carbon neutral surtout lorsqu’il servait de contenant au vin à la tireuse.

 

Dans cette descente aux enfers du litron le vin de table fils adultérin des vins de consommation courante, nu comme un vers, sans âge : millésime interdit, sans papiers : cépage proscrit, sombrait lui aussi dans le discrédit. Vous vous n’imaginez pas une seule seconde ma chère, très chère, poser sur votre nappe amidonnée, face à vos invités empesés, une bouteille étoilée contenant un vin sans année. L’horreur absolue ! J’ai connu des farceurs qui achetaient du Vieux Papes puis le mettaient en carafe et se voyaient chaudement félicités par leurs invités pour la qualité de ce nectar qui avait beaucoup gagné à être aéré. Concomitamment, la chute du PC dans les abimes électoraux, la fin des rouges avec le couteau entre les dents, la résistible ascension des cols blancs, la montée des faits pas ci fait pas ça fouteurs de pétoches, le triomphe des boire moins mais boire mieux, coupaient la route des vins de table qui venaient par barges ou trains complets jusqu’au port de Gennevilliers. Le Midi rouge souffrait, les péages d’autoroutes aussi. Les derniers tribuns rangeaient leurs mèches lentes, troquaient leurs cagoules pour des pantoufles, achetaient des 4x4 japonais, vieillissaient. La bouteille bouchée liège jetable triomphait ! Tout allait être aoécisé ! C’était à qui péterait plus haut que son cul ! Même les petits vins cachaient leur roture sous des étiquettes ecclésiales ou des titres de noblesse en peau de lapin. Bref, nous nagions dans un océan de suffisance pendant nos voisins se gondolaient face à nos insuffisances.

 

Et pendant ce temps-là, alors que les hiérarques du vin regardaient passer les trains, que la défense des AOC s’apparentait à celle des droits acquis, de jeunes coquins venus du diable vauvert poussaient dans les vignes et les chais comme des adventices, contestaient la dérive de ceux qui avaient tant méprisés les vins de table jusqu’à faire accroire que leurs vins, purs cousins germains de ceux-ci, étaient dignes de leur origine affichée. Les contestataires, pas forcément des révolutionnaires, ne se contentaient pas de ces vins de papier. Eux, pour eux, l’AOC c’était toujours l’origine, un vin accroché à son petit quelque part qu’on avait coutume de dénommer terroir. Les grands bousins, les fourre-tout, les grands lacs de vin, très peu pour eux dans la cour des vins qui s’accrochent au terroir. Pour autant, les petits gars y voulaient bien que tout ça se passe dans un « espace de liberté », qui n’est pas, en dépit de ce continuent de croire les faiseurs de miracle, n’est pas un bassin déversoir. C’était leur vin à eux, bichonné, signé, identifié… Alors, soudain, dans les rayonnages des vendeurs de quilles de vignerons le vin de table réapparut tel le petit Jésus futur Messie. Et puis, petit à petit, au grand dam des grincheux ce fut l’explosion des étiquettes, des vins de tout acabit, chacun y allait de sa créativité. Mais le vin de table ressuscité, réhabilité ne tardait pas à décéder pour renaître sous l’affreuse dénomination de vin sans IG. Mais il gagnait au passage deux galons : le millésime et le nom de ses cépages et se voyait baptiser Vin de France…

 

Je cesse là mon ironie chère, très chère, pour te dire qu’en Italie tout cet embrouillamini n’a pas eu de raison d’être. Chez nos voisins transalpins, dans les villes et les villages, ils ont toujours vendus à la tireuse du Vino de Tavola, et dans les osteria, trattoria, ristorante, du Vino de la Casa. Le litre chez eux n’est pas tricard, pour preuve ce magnifique LITROZZO que j’ai acheté dimanche à la cave des Papilles rue Daguerre. Du Vino de Tavola venant du domaine « Le Coste Sul Lago C'est dans la région du Lazio, entre Toscane et Ombrie que Clémentine Bouvéron et Gian-Marco Antonuzi se sont installés. Dans le pittoresque village de Gradoli, près du lac de Bolsena. Un terroir de prédilection pour ces passionnés de vins nature. Gian-Marco s'est aguerri au contact de Philippe Pacalet et de Didier Barral, excusez du peu ! Clémentine un diplôme d'œnologie en poche: Ils louent 2,5 hectares de vieilles vignes et possèdent désormais 1,5 hectare en cépages autochtones: Greghetto, appellation locale du Sangiovese, d'Aléatico, un cépage aromatique de la famille des Muscat, de Procanico et de Malvoisie. » extrait du site Le Passeur de Vin link

Camdeborde-004.JPG

Comme tu vois chère, très chère, je ne suis pas chauvin n’en déplaise au grand internationaliste de Corneilla-la-Rivière. Je me targue même de ne pas avoir de patrie, non que je fusse un apatride, car j’en ai autant que d’amour des pays qui cultivent l’art du bien vivre. L’Italie en est un, et mon ami Daniele de Michele, natif des Pouilles, qui signe Don Pasta, peut en témoigner, c’est ma seconde patrie (j’en ai d’autres en magasin). S’il n’en tenait qu’à moi, l’Amicale du Bien Vivre snobée par le Léon, y aurait son siège social. Moi le bien-vivre à l’italienne me va bien ! Au temps de la guerre du vin entre la France et l’Italie, lorsque le bougon des cépages vidaient les pinardiers du port de Sète, je me rendais à Rome pour lancer des passerelles, négocier l’armistice, élaborer des compromis que nous acterions à Bruxelles, mais surtout j’assouvissais ma passion pour la cuisine italienne et pour les opéras de Verdi que j’allais écouter dans les arènes de Caracalla. Que du bonheur, et crois-moi a chère, très chère à chaque fois que mes pas m’amènent dans ce pays, ça me botte. Désolé !

Camdeborde-002.JPGReste, chère, très chère, qu’il faudra qu’on m’explique pourquoi entre la bouteille traditionnelle de 75 cl et le magnum de 175 cl, jugés nobles, sortables sur une table, pourquoi le malheureux litre, la 100cl, serait un outrage aux bonnes mœurs ? Les petites bouteilles de 37,5cl ça fait au mieux buveur rationné, au pire pingre, la 75 cl classique, le magnum un peu m’as-tu-vu, alors pourquoi ne pas faire de la 100cl le nouveau must. Un Pétrus ou un Lafite en litre je suis sûr que ça plairait aux chinois. Moi je trouve que ça aurait un côté canaille, épaules larges, le genre Gabin en marcel ou pour faire plus tendance Vincent Cassel en perfecto, en plus ça emmerderait les mecs de la GD car nos litrons post-modernes n’entreraient pas dans leurs étagères normalisées.

  

Comme j’ai dans mon proche entourage deux étiqueteurs de génie : Vincent Pousson et François des Ligneris, je leur suggère, rien que pour plaire au Secrétaire-perpétuel autoproclamé de l’A.B.V, de sélectionner un nectar du peuple là où bon leur semblera pour l’embouteiller dans un beau litron dont ils auront conçu la parure. Par avance je les remercie de leur contribution à la réhabilitation du litron.

 

Le Taulier écrivant à Marie de Saint-Drézéry marquise de Bonbom néo-vigneronne châtelaine de GCC qui attend son heure pour continuer de faire jaser la place de Bordeaux...

 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 00:09

En ce temps de froidure la cuisine du gibier évoque des nourritures roboratives, des vins charpentés à fort caractère, des agapes où l’on mange parfois avec les mains, comme l’écrivent Carrie Solomon et Julien Fouin dans Saveurs Sauvages « porte ouverte à tous les phantasmes organoleptiques – pas très sexy l’organoleptique, c’est moi qui l’écrit – les festins rabelaisiens, les fêtes bachiques, les excès en tout genre où les bons vivants ne regardent plus systématiquement ce qu’ils dégustent avec un pied sur la balance… » Du lourd au bon sens du terme, soit de la portion non congrue dans l’assiette, et même qu’il est possible de se resservir. N’en déplaise aux auteurs : on mange ce qui ne signifie pas se bâfrer mais apprécier les parfums, les sucs, les chairs, s’en repaître à la mesure de son appétit… Pourquoi diable toujours avoir recours à l’euphémisme du verbe déguster qui évoque trop souvent le bout des lèvres, le pur exercice de soi-disant esthètes qui ne semblent être là que pour se mettre en scène en des chroniques publiées dans des revues pour happy few.  Reste, comme je l’écris dans mon titre : pour manger du gibier il faut qu’il soit chassé, c’est-à-dire tué dans son milieu naturel.

Camdeborde-001-copie-1.JPG

 

Dans beaucoup de catégories de la population, qu’elles soient rurales ou urbaines, la chasse, et plus encore les chasseurs, n’a pas bonne presse. Depuis qu’ils se sont invités à l’élection présidentielle ils sont perçus comme un lobby puissant et pas toujours transparent : 1,3 million de chasseurs. Pour ma part j’ai côtoyé des chasseurs : M. Pons et N. Douard dont la conception de la chasse m’allait, rien à voir avec les viandards adeptes des tableaux de chasse pour épater la galerie. Rue de Varenne, j’ai géré, au nom de mon Ministre, les listes des chasseurs des chasses du domaine de Chambord, Rambouillet et Auberive. Je n’ai jamais tenu un fusil de ma vie et, bien sûr, jamais chassé. J’avoue que je ne vois pas d’intérêt personnel à aller battre la campagne pour tirer du gibier et le discours qui affirme que la « chasse aide à dominer sa peur de la nature sauvage, à se la réapproprier, à l’amadouer, à la sentir vibrer, pleine de sève et de fougue… » s’apparente pour moi à de l’autojustification pure et simple. Pour autant je peux comprendre la chasse comme la perpétuation d’une forme de prédation, d’une ponction sur le faune sauvage, comme une confrontation loyale mais il ne faut pas trop en rajouter tout de même en assimilant le gibier à une « nourriture éthique » sous le prétexte d’une alimentation industrialisée dominante.

 

Ici je ne vais ni entrer dans les batailles frontales entre, pour faire simple, le clan Bougrain-Dubourd et le clan des chasseurs des chasses dites traditionnelles, ni rejoindre le parti de ceux qui rejettent la consommation de viande parce que, pour ce faire, il faut tuer un animal. Mon propos préfère se situer justement au niveau de l’acte de tuer lui-même et, je dois l’avouer, la mort d’un animal sauvage par le fait du tir d’un chasseur me paraît plus belle, plus noble, avec une chance, certes inégale, d’y échapper, que celle de l’animal domestique mené et tué dans un abattoir, car là la mort est programmée, inéluctable, et le caractère massif de cette mise à mort à quelque chose de difficilement supportable. Bien évidemment, je ne fais pas entrer dans cette approche les malheureux animaux d’élevage lâchés quelques heures avant la chasse dans la nature pour se faire dézinguer par des chasseurs d’abattage et j’ai peu d’intérêt, et même une forme de mépris, pour ceux qui vont chasser des grands animaux en Afrique ou ailleurs.  De plus, je n’aime pas beaucoup ceux qui considèrent la chasse comme une forme de sport de compétition où la performance semble n’être que la seule motivation. La chasse à courre n’est pas non plus ma tasse de thé. Mon image d’Épinal du vrai chasseur le représente en cueilleur, en préleveur précautionneux des équilibres, en marcheur heureux même lorsqu’il rendre bredouille.

 

C’est un Jim Harrison pour qui pêche et chasse « constituent le summum en matière de nourriture » car depuis l’époque où, gamin il courrait dans les bois, il adore « manger les poissons et les oiseaux que j’ai réussi à capturer. » et aime aussi « ramasser des baies et des morilles. » Alors quand il écrit que « la bécasse et la grouse, au même titre que la truite et la perche, appartiennent tout naturellement à la vie qu’il mène » je ne le vois qu’en compagnon de son setter Rose avec qui il entretient « une magnifique relation basée sur un langage secret. » Ça me rappelle Justine ma chienne épagneul breton qui avait chassé dans sa prime jeunesse et qui retrouvait tous ses instincts dès que nous nous promenions en plaine. Harrison retrouve en chassant et en pêchant sa condition de « bipède pléistocène » car tout simplement il accommode ce qu’il a tué ou pêché. Alors quand il parle d’une tourte à la grouse, j’en sens presque le fumet qui s’échappera lorsqu’il en fera sauter le chapeau.

 

Comme vous l’avez déjà compris je suis amateur de gibier à plumes je dois donc assumer qu’un prédateur humain le soustrait à son habitat naturel pour que je puisse le manger. Alors qui mieux que Gérard Oberlé peut exprimer mon goût pour les oiseaux sauvages comme il le fait dans une lettre du 4 novembre 1999 à Jim Harrison :

 

« Il y a très longtemps que je ne touche plus à un fusil, mais je n’ai jamais renoncé à la saveur des oiseaux sauvages. Le gibier à poil n’est pas mon ragoût et s’il existe, comme dans les contes romantiques allemands, un tribunal des bêtes, ce n’est pas moi qu’on accusera d’avoir orpheliné Bambi. Je laisse à d’autres les puissantes venaisons, les lièvres à la royale, les hures de sanglier à la Saint-Hubert, les selles de chevreuil et les sauces Grand-Veneur. Mais dans mon livre de l’amitié, je dédie le premier chapitre aux potes chasseurs et cuisiniers qui m’ont régalé de perdreau, de gélinottes, de colverts, de bécasses et de cailles, d’ortolans, de faisans et de ramiers, de bartavelles et de becfigues. »

 

Je suis toute comme Oberlé qui lui est qualifié par Jim Harrison de « Michael Jordan de la cuisine française » dans le beau livre SAVEURS SAUVAGES 28 chefs cuisinent le gibier Kéribus link éditions Rouergue link 35€

 

Dans cette belle palette j’ai choisi la recette d’Yves Camdeborde :

Bécasse « nourriture de Dieu » préparée sur sa rôtie.  Camdeborde-011.JPG

Je l’ai choisi pour la bécasse bien sûr, j’adore la bécasse, et pour Camdeborde, j’aime bien Camdeborde même s’il est maintenant quasiment impossible d’aller dîner à sa Comptoir du Relais au carrefour de l’Odéon car il faut, comme chez les grands pontes de la médecine, réserver des mois à l’avance et ça je déteste.  250px-Scolopax_rusticola.jpg

« Chaque soir ou presque, dès le crépuscule, la bécasse quitte ses remises forestières pour aller sur nourrir sur des prairies pâturées ou dans des vignes riches en lombrics où elle passe l'essentiel de ses nuits. »

 

Pour 4 personnes

 

2 belles mordorées

8 bardes de ventrèche

1 c. de cerfeuil haché

2 c. à soupe de graisse d’oie

Quelques morceaux de jambon de pays bien gras

200g de foie gras du Gers mi- cuit

1 vieil Armagnac

Sel, poivre du moulin

4 tranches de pain de campagne bien grillées

1 gousse d’ail hachée

1 échalote ciselée

 

La bécasse ne se vide pas : une fois plumée et flambée, ôtez-lui seulement le gésier. Retirez-lui les yeux ainsi que la partie basse du bec et de la langue. Puis troussez-la, traversez-la avec le bec de part en part, à l’arrière des cuisses. Bardez-la avec la ventrèche (enroulez-la de bardes), donnez-lui une belle forme et maintenez-la avec de la ficelle. Assaisonnez-la de bon goût, sel et poivre, et rôtissez-la dans un four chaud à 180°C dans de la graisse d’oie un quart d’heure. Prenez bien soin de la bête pendant la cuisson, gardez la chair rosée ;

Pendant la cuisson, faites fondre les parures de jambon dans une petite casserole et arrosez régulièrement votre gibier. A la fin de la cuisson de la bécasse, flambez-la avec le vieil armagnac. Retirez et réservez l’oiseau. Déglacez avec 15cl d’eau dans votre sautoir de façon à récupérer les sucs de cuisson. Faites réduire de deux tiers et réservez. Prenez délicatement vos bécasses, videz-les en conservant toutes les entrailles, réservez les oiseaux au chaud. Dans une poêle, faites suer un peu de graisse d’oie, l’ail et l’échalote. Ajoutez-y les entrailles de l’oiseau, écrasez soigneusement le tout avec une fourchette, vérifiez l’assaisonnement. Flambez d’une lichette d’armagnac, débarrassez le tout dans un saladier et incorporez-y le foie gras taillé en petits morceaux et le cerfeuil haché. Recouvrez de cette farce les tranches de pain de campagne grillé.

Partagez en deux les dames au long bec. Dressez chaque morceau sur les rôties,  les têtes fendues en deux, placées sur chaque moitié. Passer au four pour donner un peu de chaleur et servez ainsi accompagné du jus de cuisson et d’une poêlée de cèpes ou de girolles parfumées à l’ail.

 

Pour conclure, une confidence et une proposition de Gérard Oberlé tout à fait d’actualité.

 

La confidence tient dans une bouteille, qui n’est pas une bouteille à la mer, mais celle, pluriel ou singulier, que je poserais sur la table pour accompagner la Bécasse « nourriture de Dieu » préparée sur sa rôtie de Camdeborde. Je pousse même mon imagination jusqu’à penser que, suite à cette chronique, le taulier du Comptoir du Relais me ferait le privilège d’ouvrir son cahier de rendez-vous pour que je puisse inviter une fine gâchette à se régaler d’une de ses mordorées rosées. J’en profiterais pour lui offrir Saveurs Sauvages dédicacée par le taulier restaurateur mais pas chasseur « je n’aime pas les armes car j’en ai toujours eu très peur… » nous confie-t-il à la page 25


n3_2009.jpg 

 

« Ce vin est un symbole, le symbole du renouveau, d'un Languedoc décomplexé qui loin de l'inertie quasi kolkhozienne qui l'a trop longtemps gouverné n'hésite pas à se lancer des défis, à se donner les moyens de réaliser ses rêves. Née au milieu des années 90, la Cuvée n°3 symbolise bien cette vocation de Castelmaure à fédérer les énergies, les envies ; "ce n'est pas une cave, disait récemment un de nos amis, c'est un club de rencontres !" Et Dieu sait si il y a de ça dans la Cuvée n°3… Il y a d'abord cette rencontre, cette histoire d'amour entre les vignerons, un village et son terroir. Contre vents et marées, réunis autour de l'Altesse (Patrick de Marien NDLR) et du barbu (Bernard Pueyo). Puis arrivent les autres, Dominique Laurent et Michel Tardieu, le Bourguignon archi parkerisé et le Provençal gourmand, sublime connaisseur des vins du Sud. Ajoutez à celà le début des délires graphiques, photographiques et poétiques de Vincent Pousson et vous obtenez cette cuvée irréelle qui depuis le millésime 98 a fait le tour du Monde. »

 

Fin 2009, la cuvée n°3 a été sacrée meilleur vin du Languedoc-Roussillon par un jury réunit par Michel Bettane et Stéphane Derenoncourt pour le magazine Terres de vin.

 

La proposition de Gérard Oberlé :

 

« Si un jour on décidait de modifier quelque peu la constitution de la République française et si les législateurs s’avisaient de ma demander conseil, j’imposerais aux candidats à la présidence un examen de passage avec épreuve culinaire : confection d’une blanquette ou d’un mironton, d’une terrine de lapin ou d’une tarte aux pommes. Je me suis toujours méfié des citoyens qui n’étaient pas capables de se coller un tablier pour traiter leurs amis. L’amphitryon qui me gâte en ses pénates avec ses propres sauces et qui, comme l’exige la belle tradition, prépare et sert lui-même le café et les cigares, m’enchante bien plus que le cossu cossard qui me traite à grands frais, chez un rôtisseur étoilé. »  

 

Lettre à Jim Harrison du 25 février 2000

 

Le secrétaire perpétuel autoproclamé de l’ABV édicte cette règle dans notre charte fondamentale et demande qu’entre les 2 tours les candidats se soumettent à l’épreuve du Top chef d’Etat en direct live…

 

Bougez-vous le cul ! Adhérez ! Faites du porte à porte ! Tweetez ! Ecrivez sur notre MUR de Face de Bouc…

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 16:00

de-Gaulle-a-Montcornet.gifL’édito de Michel Rémondat dans Vitisphère « des blogueurs et des journalistes » a provoqué une de ces petites tempêtes qu’affectionne notre micro marigot de la blogosphère du vin. Qui sème le vent récolte la tempête déclare un vieil adage, alors celle-ci n’a été qu’à la hauteur des arguments développés par l’auteur, échevelée, outrée, vite oubliée. J’y ai participé en donnant la parole à un jeune homme censé, Ryan O’Connell, dont la réponse link sans outrance m’est apparue se situer à la bonne hauteur face à un édito dont j’avoue n’avoir pas bien saisi où il voulait en venir et où je n’ai perçu aucune forme d’ironie humoristique. Mais qu’importe, les blogueurs agglutinés dans un même paquet, de la même manière que : les jeunes, les seniors ou les femmes, par leur amateurisme, leur manque de sérieux, leur absence de modèle économique, enlèveraient le pain de la bouche de ceux qui en ont besoin pour se nourrir. Nous enfoncerions plus encore un secteur déjà sinistré. Les hordes de blogueurs baladés en autocar par de sémillantes attachées de presse pratiqueraient la politique de la terre brûlée. J’exagère à peine.

 

Je m’attendais, puisque le patron-éditorialiste de Vitisphère fut un peu secoué, à ce qu’il y ait, comme je le pratique sur mon espace de liberté lorsque je lance un pavé dans la mare, un vrai débat argumenté. Que nenni, dans son nouvel édito, Michel Rémondat, ne revient pas sur le fond de son texte, mais adopte une stratégie qui mêle attrition et évitement. Le titre est étrange : lendemain de fête, la sienne d’abord : « Ce fut ma fête ! » pour, après avoir regretté le bon vieux temps du web qui était, selon lui, « un espace de courtoisie plutôt festif », mettre en avant  la fragilité du Web due à des évènements qu’il qualifie de plus importants que nos petites humeurs – comme je le comprends mais à ce tarif-là on peut évoquer plus encore le rôle des réseaux sociaux dans le printemps arabe et en Chine – « la fermeture du site Megaupload, l'introduction en bourse de Facebook, les actions des Anonymous… »

 

Alors conclut-il bizarrement : « La fête est-elle finie ? » en ajoutant, sûrement pas !

 

Mais de quelle fête s’agit-il ? A-t-elle jamais existée ? La Toile libertaire des origines est enterrée depuis un bail et les maîtres des tuyaux du Net, les mercantis ont définitivement gagnés la partie, eux-seuls ont monétisé leur emprise.  Alors pourquoi s’inquiéter de nous petits blogueurs de rien du tout, comme le disaient si bien les deux duettistes du Jumillagate ? Nous ne sommes que des survivants d’une période en phase terminale : l’ordre va enfin régner sur la Toile ! La récréation sera bientôt définitivement terminée : Google, Face de Bouc and Co vont mettre le troupeau dans de belles enclosures. Fini le Far West, la gratuité, la prédation, les grands espaces de liberté…

 

Pour autant, les grands systèmes intégrés recèlent des failles que nous, les chiures de mouches de la Toile, saurons exploiter. Puisque maintenant tout est lié sur notre planète, pourquoi continuer de s’ingénier à vouloir aborder les choses de façon fragmentée, segmentée. Dans nos sociétés démocratiques ouvertes nous recevons chaque jour de grandes quantités de messages. Savons-nous les ranger, les ordonner les uns par rapport aux autres, les prioriser ? Les médias traditionnels confondent la partie et le tout, ne distinguant pas l’urgent de l’important et nous transforment en consommateur passif, incapable de faire un tri. S’ajoute à ce trop-plein, à cette dictature de l’immédiateté, la grande fatigue de l’Occident : nos modèles ont perduré, ont été réadaptés, réimités, et pour autant nous n’arrivons pas à abandonner nos postures de supériorité.

 

Vous allez m’objecter que je suis en train de vous entraîner loin des vaguelettes de l’édito de Michel Rémondat et encore plus loin de nos rangs de vignes, de nos tonneaux ou de nos caisses à exporter. En êtes-vous si sûr ? À force de vouloir défendre des prés-carrés surpâturés, en voie d’épuisement, de vouloir soi-disant nous protéger avec des lignes Maginot illusoires, si nous ne faisons pas l’effort de remailler l’infiniment petit, ce qui peut apparaître, si l’on ne prend pas un peu de recul, un fouillis, un puzzle inextricable, alors nous gaspillerons ce qui fait notre singularité, notre avantage face aux émergeants qui sont devenus l’usine de monde. Oui, j’affirme que je crois au retour en force du contenu, du fond, de l’intelligence en sa meilleure acception.

 

Face à notre fatigue de Vieux Monde, à notre goût immodéré de ressasser nos illusions perdues de centre du monde, à notre complaisance vis-à-vis des déclinistes, à nos égoïsmes de nantis, nous pouvons  opposer l’envie de vivre ensemble, de nous forger de nouveau un destin commun, de refonder la citoyenneté, de remettre en valeur le bien commun. Illusions d’un taulier en bout de course, d’un ex-soixante-huitard amorti… peut-être mais je suis certain que les gardiens du Net ne pourront rien contre ce mouvement d’apparence désordonné mais vivifiant, tonique et surtout vivace. Nos petits espaces de liberté sont et resteront des petits cailloux dans les grolles des Géants. Les e-informateurs s’alimentant à l’aune des dépêches d’agence, des communiqués de presse, en boucle ont du souci à se faire, pas nous petits blogueurs qui n’entrons en concurrence avec personne, qui ne mangeons le pain de qui que ce soit. Nos modèles économiques bricolés, bout de ficelle ou double vie, font de nous des virus résistants et quasi-indestructibles.

 

Je suis sur le Net depuis la mise en ligne en 2001 de ce qui est devenu, grâce à la Toile, le rapport B. Il a fait le tour du monde et depuis Google m’aime. En ce temps-là, Vitisphère titrait « Le rapport Berthomeau sonne la fin de l’été » et déclarait que « le rapport remis au Ministre de l’Agriculture fin juillet semble plutôt bien accueilli par les responsables professionnels. Pourtant il met au grand jour, sans détours, les faiblesses de la filière vitivinicole dans la compétition internationale. Quelles sont les raisons de cette approbation générale (qui ne dit rien consent) ? Que contient le rapport de Berthomeau ? Qu’est-ce qu’il ne contient pas ? » et Michel Rémondat d’écrire dans un bel élan : « Le rapport de J. Berthomeau tombe à pic. A la manière du colonel Charles de Gaulle qui en 1936 suggérait de créer des régiments de chars d’assaut, pour résister aux « panzers divisions allemandes », J. Berthomeau propose le renforcement des entreprises, la création de marques, une politique contractuelle entre les producteurs et les opérateurs commerciaux pour contrer les stratégies de conquête des pays concurrents… »

 

Bien, comme vous en vous en doutez en ces temps électifs il ne me reste plus qu’à croire dans un destin national… Faire de l’A.B.V. le socle de ma résistible ascension… Je rigole bien sûr car j’ai si longtemps fréquenté les ors de la République que je n’ai nulle envie de m’y retrouver enfermé. Pour autant, je ne lâcherai pas prise dans mon minuscule combat entamé en l’an 2000. J’aime convaincre. J’aime le débat. Je suis pugnace. Je ne lâche jamais prise. Alors, entre mes éleveurs à la ramasse et mon espace de liberté, j’agis, je vis et ça suffit à mon bonheur, et si par surcroît ça intéresse des lecteurs que demander de plus ?

 

Qu’une seule chose que vous vous mobilisiez autour de l’A.B.V ! link

 

C’est le geste qui sauve.


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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 00:09

 

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Cher ami e et sans e de L’Amicale,

 

Notre charte fondamentale déclare, en son premier article, que « Le bien-vivre n’est ni un luxe réservé à une élite, ni le privilège d’une société opulente, mais un élément essentiel de notre mode de vie à la française »

 

« Convivialité, accueil, hospitalité, échange, plaisirs simples partagés, trame de liens amicaux, voisinage, ciment de la vie en société, le vin est, et reste, comme l’écrivait l’ethnologue Claude Lévi-Strauss en 1974, « une boisson à consommer ensemble » ajoute le second article

 

« Dans les temps difficiles que nous traversons, notre combat pour le bien-vivre n’est pas une provocation mais, bien au contraire, une juste cause pour la préservation d’une façon de vivre que le monde entier nous envie. » complète le troisième.

 

Vous avez adhéré, et vous adhérez toujours, à notre Amicale du Bien Vivre dites des Bons Vivants car, vous les avez, c’est le premier geste qui sauve ! Simple et efficace il est le seul en mesure de nous préserver d’une société aseptisée, normée, encadrée, peureuse, anxieuse, inhospitalière car le bien-vivre en est l’antidote radical.

 

Nous sommes donc une AMICALE, c’est-à-dire un point de jonction de femmes et d’hommes, de tous âges, de toutes professions, de tous horizons, de toute notre vieille France ou d’ailleurs, qui affirmons, tranquillement mais fermement notre droit, car nous sommes conscients de nos devoirs, à être responsable de la conduite de notre façon de vivre.

 

Certes, nous sommes une Amicale dormante, dont la dernière Assemblée Générale date du 30 juin 2009 lors d’un Vin d’honneur « sauvage » des Bons Vivants à Vinexpo link  mais, comme le chat qui dort, nous ne dormons que d’un œil et sommes prêt à bondir lorsque les sinistres menacent d’envahir notre pré-carré.

 

Notre charte fondamentale est formelle « nous n’entendons pas nous substituer, ni nous surajouter, aux organisations existantes mais constituer un réseau citoyen ludique, joyeux, convivial en capacité de s’adresser à l’opinion publique par des canaux et des messages qui donneront du monde du vin une image positive « un peu de douceur dans ce monde de brutes… » Nous serons porteurs, non de pancartes ou de banderoles, mais du bien-vivre à la française, avec le sourire, de la bonne humeur, en tout lieu et par tout temps.

 

Soucieux du respect de votre liberté de choix de citoyen, l’A.B.V. tout comme son Secrétaire-Perpétuel autoproclamé, entend ne pas intervenir dans le débat national de l’élection présidentielle, mais se contenter d’afficher ses principes fondamentaux que je viens de rappeler. Afin qu’ils soient mieux connus, mieux diffusés, j’ai décidé de demander à Vincent Pousson, adhérent de la première heure et créateur de l’Antidépresseur qu’il présenta en avant-première lors de notre Vin d’honneur sauvage de Vinexpo, de nous créer une page Face de Bouc.

 

Dans la même veine j’ai décrété que la reine du Tweet Eva prendra en charge le Tweet de l’A.B.V. et fera péter les followers aussi bien qu’elle le fait avec les bouchons des quilles…

 

Comme le rappelle notre charte qui n’a pris une ride : « Nous avons besoin de vous car nous serons d’autant plus forts et crédibles si nous élargissons notre cercle à ceux qui ne sont pas de notre monde. Maillons ensemble le territoire de vos proches, de vos amis, de vos relations professionnelles pour déclencher un effet multiplicateur. En adhérant à l’Amicale vous restez libre, elle ne vous embarquera dans aucune galère, elle n’aura ni président, ni porte-parole officiel, elle ne sera que ce que vous souhaiterez en faire ensemble. »

 

Le taulier, qui s’est auto-proclamé Secrétaire-Perpétuel de votre Amicale, n’en est que l’initiateur, sa tête de réseau, garant de l’esprit fondateur :POUF_3652.jpg toutes les initiatives labellisées ABV sur notre futur MUR de FACE de BOUC se devront de respecter la déontologie exprimée dans la charte fondamentale que je viens de rappeler.

 

Je rappelle que l’ABV est née sur mon espace de liberté le  9 mars 2009 sous la forme d’un appel du Taulier « Levons-nous en masse pour créer un grand réseau citoyen autour de l’Amicale des Bons Vivants ! » link et que j’ai tenu avec mon aide de camp le 15 juin 2009 une « Conférence de presse virtuelle du Secrétaire Perpétuel de l’Amicale du Bien Vivre » link

 

L’heure n’est plus au bricolage dans un garage – comme le dirait mon ami Jean-Luc Thunevin – mais à multiplier nos adhérents, à peser de tout le poids de notre convivialité sur la morosité. Dans les temps difficiles, anxiogènes, déprimants, nous sommes détenteurs de ce petit peu de douceur dans un monde de brutes qui nous permet de garder le moral.  

 

Croissons et Multiplions-nous sur Face de Bouc et ailleurs !

 

Comme l'ami François des Ligneris à l'Envers du Décor de Saint-Emilion faites du prosélytisme !

 

Le Secrétaire Perpétuel Autoproclamé de l’A.B.V.

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 00:02

Dès que l’on aborde la Bourgogne par son versant terrien profond, là où des femmes et des hommes cultivent des produits d’exception, les moines cisterciens. L’Abbaye de Cîteaux, située entre Dijon et Beaune, fondée par Robert de Molesme en 1098, est le berceau de l'ordre cistercien et reste la maison-mère de l'ordre, toujours habitée par des moines cisterciens. Cette abbaye recèle de beaux vestiges du XVème siècle : le cloître des copistes (enluminures du XIIe, l'art de la reliure) et la bibliothèque récemment restaurés L'Abbaye de Cîteaux est aussi célèbre pour son fromage : le Cîteaux au lait de vache à pâte pressée, fruité, au goût de pâturage. Il s'achète directement au magasin de l'abbaye où les moines cisterciens perpétuent la tradition fromagère.

 

C’est donc à partir du lait d’un troupeau de 70 Montbéliardes vivant à la ferme de l’Abbaye qu’est fabriqué, deux fois par semaine, ce fromage parent du Reblochon mais en plus épais et plus fruité. Il est lavé et affiné en 4 à 6 semaines. « Un moment exceptionnel » s’exclame Philippe Alleosse !

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Ce matin pourtant je vais aborder la Bourgogne fromagère par sa star : l’Époisses qui tire son nom du village éponyme qui accueillait dès le XVIe siècle des moines cisterciens férus de fromages et producteurs de talent. L’Époisses fut introduit à la table de Louis XIV par le comte de Guitaut, Napoléon l’appréciait dit-on avec un verre de  Chambertin. Au congrès de Vienne en 1814 il obtint le deuxième prix du concours de dégustation. Enfin, comme vous le savez sûrement Brillat-Savarin lui décerna le titre de « roi des fromages ».

 

Très beau CV donc pour ce fromage qui est l’un des derniers à caillé lactique. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que la coagulation du lait de vache se fait avec très peu de présure : ce sont les bactéries lactiques à elles seules qui font le boulot pendant les 16 à 24 heures. Certains pourront le regretter mais après la Seconde Guerre Mondiale l’Époisses fermier a quasiment disparu. Il est produit par 3 fabricants et un producteur-fermier, qui collectent le lait : 16 millions de litres de 53 éleveurs, et commercialisent un millier de tonnes. Les races laitières autorisées sont la Brune, la Montbéliarde et la Simmental française.

 

L'Epoisses est un fromage au lait de vache entier, à pâte molle et croûte lavée, d'au moins 50% de matière grasse. Sa couleur, due à la pigmentation naturelle de ses ferments, est rouge orangé. Sa pâte, de couleur beige clair, est molle et souple et présente un cœur légèrement friable plus ou moins étendu selon la maturité du fromage. De forme cylindrique, il existe en deux formats : diamètre de 95 à 115 mm, pour un poids de 250 à 350 g, un autre plus grand de diamètre de 165 à 190 mm, pour un poids de 700 g à 1,1 kg.

 

Pour l’affinage, les fromages placés sur des planches de sapin sont frottés tous les deux jours avec de l’eau salée pour éviter qu’une mousse se forme qui empêchant le développement de bacterium linens responsable de la belle couleur orange de la croûte. Dans le dernier mois d’affinage, les fromages sont frottés avec une solution contenant du Marc de Bourgogne qui confère à L'Epoisses le supplément d’âme contenu dans l’esprit du vin.

 

Chez Philippe Alleosse www.fromage-alleosse.com ma référence fromage de haute expression, où l’affinage est un art subtil, celui qui donne ses lettres de noblesse à l’artisan, le Marc de Bourgogne est celui de la maison Jadot.

Donc ce matin j’offre, à vos papilles de fine gueule le fruit de la dégustation de 3 grands fromages Bourguignons que m’avait confié Philippe Alleosse :

-         un Époisses affiné au marc de Bourgogne Jadot,

-         un Affidélice affiné au Chablis

-         et un Aisy cendré sarments de vigne.

 

L’Affidélice de la maison Berthaut c’est tout comme l’Époisses mais en plus car il est affiné au Chablis ce qui lui apporte encore plus de finesse. Il et il est vaporisé de Chablis 1 fois par semaine pendant les 6 semaines de son affinage qui doit l’amener à être crémeux à cœur. « Un mariage subtil » selon Philippe Alleosse. 

Bouquet-007.JPGL’Aisy cendré est sûrement le moins connu des 3 bourguignons mais c’est incontestablement une vraie pépite à découvrir. Il est recouvert de cendres de sarments de vigne. Très fin grâce à un affinage optimisé de 6 à 8 semaines il garde comme ses deux autres compagnons un beau caractère. Il est crémeux et onctueux

 

La petite bande assemblée chez Antonin et Samia, Eva, son petit frère Charly et son homme Laurent, accompagné d’un vrai fondu de fromages Guillaume, représentait un bel échantillon représentatif de l’avenir des produits de bouche à fort caractère. Hormis qu’une belle ligne de quilles ne leur fait jamais peur, et ici les 6 d’Olivier de Moor n’étaient pas là pour faire de la figuration, nos larrons sont de fines gueules qui ne rechignent jamais devant une nouvelle expérience. Détail important, que j’ignorais au départ, le plus jeune : Charly avouait une forte prévention vis-à-vis du fromage. Dernier point : un dernier  fromage venait couronner notre dégustation mais son nom ne sera pas révélé ce matin car il vaut à lui seul une chronique. Suspens donc !

de-Moor-002-copie-1.JPG Nous commençâmes par les De Moor : Aligoté 2009 puis Saint Bris 2009 qui passaient leur examen de passage Vindicateur. J’ai adoré, comme l’ensemble de la petite bande, le Saint Bris. Laurent laconiquement fait remarquer : « ça ne crache pas beaucoup ! »

 

Le temps était alors venu avec les 4 Chablis restants (Bel Air et Clardy et l’Humeur du temps 2009) de s’attaquer d’abord à l’Époisses puis à l’Affidélice. Ma voisine Eva s’extasiait, Samia appréciait, Charly se risquait, Laurent ne demandait pas son reste, Guillaume se délectait, seul Antonin tout a sa tâche de Vindicateur noircissait ses fiches. Une unanimité qui n’avait rien de façade s’exprimait soulignée par le soin à ne laisser aucune trace dans les  deux boites. J’osais une remarque ôsée sur les senteurs des bouts de nos doigts. Restait l’Aisy cendré pour lequel Laurent éprouvait une forte prévention due à une expérience malheureuse de la consommation récente de ce fromage. Guillaume addict de l’Aisy cendré ramait pour le convaincre. Nous attaquions le dernier des bourguignons. Verdict sans appel : du grand, et surtout bravo à Philippe Alleosse. Même Charly, passé le temps de la réticence, avouait que si c’était ça le fromage il voulait bien aller plus loin. Quant à Laurent il avait donné sa langue au chat et contribuait sans réticence à la destruction gustative de cet Aisy cendré.

 

Après ce fut l’autre, l’inconnu transalpin mais je vous en parlerai demain ou après-demain. Tout ce puis écrire c’est qu’Eva se transforma en arme de destruction massive de ce fromage exceptionnel. Puis Samia, en maîtresse de maison attentionnée, présentait le gâteau au chocolat sans farine de Pierre Jancou confectionné par Guillaume, et le découpait pour que nous attaquions aux Juchepie d’Eva. Nos carburateurs carburaient encore à l’optimum et nous terminions nos agapes fromagères en beauté. Je promettais à Guillaume de l’amener rue Clairaut pour visiter les caves de Philippe Alleosse. Les 3 de Montreuil s’emmitouflaient et toutes chapkas dehors fonçaient vers le dernier métro. Belle soirée chez Samia et Antonin. 

 

En avant-première, les notes (finales, recalculées, "vindiquées") des de Moor !link

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 00:09

La RVF qui a, ses petites et ses grandes entrées, après nous avoir convié au Bristol pour la remise de ses trophées de l’année 2012, ce dernier dimanche de janvier a traversé la rue du faubourg Saint-Honoré pour nous convier au dîner donné jeudi soir en l’honneur du nouveau président ivoirien Alassane Ouattara. Nous avons droit au menu « Après le carpaccio de homard breton, le moelleux de volaille à la truffe fraîche et le dessert au chocolat noir… » La photo qui illustre l’article est du JDD.

 

Outre que, bien sûr, la vieille dame du vin s’intéresse aux vins servis à la table présidentielle link ce qui a accroché mon regard acéré de défenseur patenté de la France des terroirs c’est la remarque suivante « certains convives auraient peut-être apprécié un peu de fromage, cette spécialité si française qu'on trouve difficilement en Afrique. Mais l'absence de cet aliment calorique n'étonne guère à la table d'un président soucieux de sa ligne. »

Bouquet-018.JPGLa RVF, très impertinente pour une dame en permanente, a même sous-titré : PRIVÉS DE FROMAGE. J’approuve et je signe et je soussigne à cet accès d’impertinence au service des grands fromages de France (je ne suis pas franchouillard pour autant je suis aussi laudateur sur ceux de nos voisins : voir ma chronique sur le Castelmagno link). Si nous souhaitons que nos éleveurs de vaches, de brebis ou de chèvres vivent de leur métier dans des pays pas faciles encore faut-il qu’ils valorisent leurs litres de lait. Et qui, mieux qu’un vrai fromage, d’appellation ou non, est en mesure d’apporter cette valeur à ce que les chantres de l’authenticité appellent le terroir. J’ai toujours eu coutume de répondre à ceux qui se lamentaient sur l’exode rural et qui prônaient le maintien des paysans : vous voulez les attacher ! La seule accroche à la terre pour un paysan, un vigneron, un éleveur, c’est la capacité de cette terre à le faire vivre normalement. Tout le reste n’est que propos de salon sans contenu, sans lien avec la réalité. Allez donc en parler aux 70 producteurs de lait du Forez qui contribuaient à la fabrication de Fourme de Montbrison. link

 

Pour autant je ne vais pas faire tout un fromage de l’absence de fromages à la table du Président mais me contenter de chroniquer à la mode du taulier, soit un joyeux mélange de légèreté et de gravité.

 

Tout d’abord je pose la question à Denis Saverot : qui c’est qui de chez lui qu’était invité à l'Élysée ? Mon petit doigt me dit que je sais qui c’est mais je peux me tromper.

 

Ensuite, signe du destin, jeudi dernier, alors que je chevauchais mon fier destrier sur l’esplanade des Invalides vide de voitures et pleine de police, un motard du même modèle que celui qui a buté sur une passant de l’avenue du Gal Leclerc alors qu’il ouvrait la route à une sous-Ministre soi-disant pressée, m’intime l’ordre de stopper pour éviter que j’obstrue la chaussée qu’allait emprunter le cortège officiel d’Alassane Ouattara. Ce fonctionnaire de police zélé s’est cru obligé d’ajouter « que cela vous plaise ou non… » Pourquoi m’apostropher ainsi, je n’avais strictement rien dit, même pas protesté ? Après ces messieurs se plaindront d’être des mal-aimés, qu’ils arrêtent de se prendre pour des Rambo sur leurs motos ! Par bonheur, un agent tout proche m’a gentiment dit « ils arrivent, ça ne va durer que quelques minutes… » J’ai répondu « que j’avais toute la vie devant moi… » Quand est-ce que nos gouvernants comprendront – j’exclus le cas des visites officielles – que nous les parisiens cyclistes en avons ras-le-bol des voitures, dites officielles, à vitres fumées qui roulent à tombeaux ouverts, deux tons hurlant, alors que 90 fois sur 100 il n’y a aucune urgence pour l’occupant à ne pas se conformer au code de la route. C’est inutilement dangereux.

 

Revenons au fromage avec une question : dans combien de restaurants trouve-t-on encore de vrais chariots à fromages ?

Chariot-de-fromages.jpg

Enfin pour terminer, et montrer que votre Taulier préféré n’est pas un va-de-la-gueule, je vous propose de contempler la photo ci-dessous d’un assortiment de beaux et de grands fromages que j’ai proposé samedi soir à mes convives après une belle platée de spaghetti alla carbonara link

Bouquet 012Je reviendrai lors d’une prochaine chronique sur l’histoire de ce plateau de fromages, car il n’est pas tombé du ciel. Il est le fruit d’un choix d’un grand affineur de fromages, Philippe Alleosse, qui veut bien consacrer un peu de temps à un foutu blogueur défenseur des gens du terroir, ceux par qui tout commence. À bientôt donc sur mes lignes pour échanger sur ces produits qui doivent beaucoup à la main de l’homme, à sa capacité de tirer le meilleur de cette fichue terre que l’on disait autrefois nourricière…

Bouquet-004-copie-1.JPG

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 00:09

Avoir du caractère n’implique pas pour autant que celui-ci fut mauvais, bien au contraire, mais indique qu’il est bien trempé, avec des angles, du répondant. Il en va ainsi pour certains vins et surtout certains fromages qui ne sont pas d’accès facile : certains puent alors qu’ils sont tendres et doux au goût ;  d’autres présentent des aspects peu attrayants et même parfois répugnants pour les âmes sensibles : ce sont souvent des fromages de caractère qu’il faut aborder avec une bouche précautionneuse, attentive, je dirais même respectueuse. Pas question de les enfourner, de les mâchouiller, de les avaler sans leur laisser le temps de se mettre en bouche, d’activer vos papilles, de délivrer leurs saveurs intenses.

Fourme-003.JPG

Telle est la posture du « Castelmagno » fromage des bergers l’Alta Valle Grana, qui tire son nom d’une petite commune de la province de Cuneo dans la région du Piémont (située à environ 80 km au sud de Turin, et environ 25 km à l'ouest de Cuneo). Le monde est petit car dans le cadre de mes vaches du Sud-Ouest j’ai découvert l’existence d’une entreprise laitière italienne InAlpi qui cherche du lait en France pour alimenter Ferrero Rocher le célèbre fabricant du Nutella. L'origine du Castelmagno est très ancienne : elle est de peu postérieure, si ce n'est contemporaine, à celle du Gorgonzola, déjà connu en 1100. Les premières meules furent produites dit-on au XIIème siècle comme en atteste le manuscrit d'une sentence arbitrale de 1277, selon laquelle, pour l'usufruit de quelques pâturages contestés, entre les communes de Castelmagno et de Celle Macra, il avait été fixé une redevance annuelle - à payer au marquis de Saluces - d'une certaine quantité de fromages de Castelmagno. Le XIXe siècle fut l'âge d'or de ce prestigieux fromage : le Castelmagno devint le roi des fromages italiens et apparût sur les menus les plus prestigieux des restaurants de Londres et de Paris. Mais avec les guerres et l’exode rural des années 60, le Castelmagno a été à deux doigts de disparaitre. Sa production a reprit dans les années 80 et le Castelmagno a obtenu en 1982, l’AOC et, en 1996, la reconnaissance européenne AOP.

 

Ce fromage rare je l’ai bien sûr découvert par les bons soins du Monsieur Affineur de Fromage de Paris : Philippe Alleosse link qui, avec sa charmante épouse, sont les meilleurs ambassadeurs des fromages authentiques. La veille de Noël, sur le trottoir longeant leur boutique rue Poncelet dans le XVIIe, la file d’attente prenait des allures de celles des temps soviétiques. Ça fait plaisir, même s’il faut prendre son mal en patience, de constater que la belle ouvrage rencontre un public de connaisseurs. Pour la Noël j’ai donc placé au centre de mon plateau  de fromage un Castelmagno de 24 mois qui tenait compagnie à un Curé nantais au lait cru, un Neufchâtel, un demi Maroilles, un Selles s/Cher et une part de Roquefort Carles.

 

Vous allez me dire que la France étant déjà suffisamment riche en variétés de fromages pourquoi diable aller en dénicher un nouveau chez nos voisins transalpins ? Tout bêtement, comme pour le vin, parce qu’il est toujours intéressant de découvrir un fromage de grand caractère, frère de lait, si je puis dire, de nos plus belles AOC devenues AOP. Découverte donc, avec en préambule pour les hôtes un petit speech – plus court rassurez-vous que celui-ci-dessous – afin de présenter le nouveau venu. Ensuite les plus aventureux ou curieux s’y risquent, goûte. Bien sûr le Castelmagno n’est pas un enfant de chœur, il en a sous la soutane et son piquant vaut sans contestation celui de Gina Lollobrigida (version pour les de mon âge) ou de Monica Bellucci mais, passé le temps de l’émoi, vient celui du plaisir. L’alpage, le bon air et les bergères, le Castelmagno s’épanouit, se donne, touche et, au-delà des commentaires d’usage des invités pour faire plaisir à celui qui leur a proposé de le découvrir, ce qui est probant c’est de constater que certains en reprennent. Reste la question à 1000 euros : que boire avec un tel fromage ? Pour tout vous dire je ne sais pas car il peut se suffire largement à lui-même. Cependant, pour rester dans sa province natale, j’ai choisi de vous proposer un Dolcetto d’Alba.  photoDolcetto.jpg

Lorsqu’on évoque Alba on pense de suite à sa merveilleuse truffe blanche, mais aussi par le plus célèbre de ses vins : le Dolcetto d'Alba. Mais au risque de vous surprendre je vais évoquer un écrivain italien méconnu né à Alba : Beppe Fenoglio dont Italo Calvino, célèbre lui, écrivait « Beppe Fenoglio parvint à rester à l'écart et silencieux à une époque où les écrivains tombent facilement dans le piège de se prendre pour des personnages publics. Il sut si bien se défendre qu'il ne reste aujourd'hui de lui qu'une image aux traits sévères et fiers ; ce n'est au fond qu'un masque, derrière lequel se dissimule un être qui continue de nous être inconnu » Pourquoi une telle évocation me direz-vous ? Deux raisons, la première très personnelle : j’aime beaucoup cet écrivain singulier qui n’a suivi ni modèle, ni genre, et qui se tint toujours en marge de la vie littéraire italienne pour effectuer un travail de recherche et d'expérimentation très original. Fenoglio c'est un style traduisant l'expérience de sa vie passée dans la région des Langhe ; la seconde, anecdotique : né à Alba en 1922, en 1943 il rejoint les partisans pour combattre les troupes fascistes. A la fin de la guerre il choisit de rester à Alba, d'y exercer sa profession de négociant en vin. Il conservera cette profession jusqu'à la fin de sa vie, préférant composer ses livres en marge de son travail, en « gentlemen writer »

 

Ca 'del Baio, l’Azienda Agricola, dont vient mon Dolcetto d’Alba 2009, se situe au cœur des Langhe,. Les activités vinicoles de la famille Gras remontent à 1880 : une vraie tradition transmise de père en fils au fil du temps. La production est principalement dédiée aux vins rouges : Barbaresco, Langhe Nebbiolo, Dolcetto d'Alba, Barbera d'Alba. La propriété compte 20 hectares, dont 17 sont des vignes. Pour moi ce Dolcetto D’Alba peut rivaliser avec les meilleurs Barolo, il est beaucoup plus séduisant, plus léger, mieux à même de cohabiter avec le puissant Castelmagnio.

 

Revenons à lui pour vous livrer sa fiche d’identité :

 

« Le fromage se présente sous forme cylindrique à faces planes d'un diamètre de 15 à 25 cm, un talon de 12 à 20 cm et un poids variable de 2 à 7 kg. La croûte est fine et lisse de couleur jaune rougeâtre sur les formes fraiches et assume une conformation rugueuse et une coloration ocre brunâtre sur les formes plus faites. La pâte, très friable et sans trous, est de couleur blanc ivoire avec une tendance à virer au jaune ocre et à présenter des veines bleu-vert sur les formes les plus faites. La présence de veines est due au développement de moisissures spéciales appartenant au genre penicillium, qui distinguent les fromages dits persillés ou à pâte bleue. Le persillage « erborinatura », terme dérivant du vocable du dialecte lombard « erborin » signifiant persil, se développe naturellement dans le Castelmagno avec la maturation sans avoir besoin d'inoculer de moisissures spéciales. » 

  

« Le Castelmagno AOP est produit à partir du lait de vache, éventuellement additionné de lait ovin et/ou caprin dans un pourcentage variant de 5% à 20%. Le lait utilisé est obtenu par l'union du lait de deux traites dont la première est conservée à basse température et éventuellement écrémée par affleurement ou centrifugation. La coagulation est réalisée sur du lait cru chauffé dans des cuves en acier jusqu'à 35 à 38°C à l'aide de présure liquide. Le caillé est ensuite rompu jusqu'à la dimension d'une noisette (mais l'on arrive, dans certains cas, à la grosseur d'un grain de riz), et laissé sous le petit-lait pour une durée variable de 5 à 30 minutes et, enfin, extrait et placé sur des toiles où on le laisse s'égoutter pendant 24 heures. Au terme de cette période, le caillé est coupé en tranches et immergé dans des cuves en acier ou en plastique contenant le petit-lait de l'élaboration du jour ou d'élaborations précédentes. Le caillé est généralement laissé 2 à 3 jours dans ce petit-lait, puis extrait et haché. Il est ensuite salé au gros sel, placé dans des moules en plastique ou en acier et pressé 24 à 48 heures afin de faciliter le ressuyage. La maturation, réalisée dans des locaux naturels ou des cellules fraîches et humides, se poursuit deux mois au moins. »

 

« Le Castelmagno ne peut être produit, mûri et confectionné que sur le territoire administratif des communes de Castelmagno, Pradleves et Monterosso Grana dans la province de Cuneo. Le lait destiné à la transformation doit également provenir de ces communes. L'authenticité du produit est garantie par la présence de la marque gravée en relief sur chaque forme et imprimée au centre de l'étiquette caractéristique rappelant la forme d'une croix occitane. Le Castelmagno peut porter la mention supplémentaire « Produit de la montagne » lorsque la production du lait, la transformation et la maturation s'effectuent sur les zones classées "de montagne". Par contre, si le fromage est produit et mûri, toujours sur la zone de production reconnue mais à une altitude supérieure à 1000 m, il peut porter la mention « d'alpage ». Les deux mentions sont facilement identifiables par la couleur de l'étiquette, bleue pour le « Castelmagno produit en montagne » et verte pour le « Castelmagno d'alpage»

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