La RVF qui a, ses petites et ses grandes entrées, après nous avoir convié au Bristol pour la remise de ses trophées de l’année 2012, ce dernier dimanche de janvier a traversé la rue du faubourg Saint-Honoré pour nous convier au dîner donné jeudi soir en l’honneur du nouveau président ivoirien Alassane Ouattara. Nous avons droit au menu « Après le carpaccio de homard breton, le moelleux de volaille à la truffe fraîche et le dessert au chocolat noir… » La photo qui illustre l’article est du JDD.
Outre que, bien sûr, la vieille dame du vin s’intéresse aux vins servis à la table présidentielle link ce qui a accroché mon regard acéré de défenseur patenté de la France des terroirs c’est la remarque suivante « certains convives auraient peut-être apprécié un peu de fromage, cette spécialité si française qu'on trouve difficilement en Afrique. Mais l'absence de cet aliment calorique n'étonne guère à la table d'un président soucieux de sa ligne. »
La RVF, très impertinente pour une dame en permanente, a même sous-titré : PRIVÉS DE FROMAGE. J’approuve et je signe et je soussigne à cet accès d’impertinence au service des grands fromages de France (je ne suis pas franchouillard pour autant je suis aussi laudateur sur ceux de nos voisins : voir ma chronique sur le Castelmagno link). Si nous souhaitons que nos éleveurs de vaches, de brebis ou de chèvres vivent de leur métier dans des pays pas faciles encore faut-il qu’ils valorisent leurs litres de lait. Et qui, mieux qu’un vrai fromage, d’appellation ou non, est en mesure d’apporter cette valeur à ce que les chantres de l’authenticité appellent le terroir. J’ai toujours eu coutume de répondre à ceux qui se lamentaient sur l’exode rural et qui prônaient le maintien des paysans : vous voulez les attacher ! La seule accroche à la terre pour un paysan, un vigneron, un éleveur, c’est la capacité de cette terre à le faire vivre normalement. Tout le reste n’est que propos de salon sans contenu, sans lien avec la réalité. Allez donc en parler aux 70 producteurs de lait du Forez qui contribuaient à la fabrication de Fourme de Montbrison. link
Pour autant je ne vais pas faire tout un fromage de l’absence de fromages à la table du Président mais me contenter de chroniquer à la mode du taulier, soit un joyeux mélange de légèreté et de gravité.
Tout d’abord je pose la question à Denis Saverot : qui c’est qui de chez lui qu’était invité à l'Élysée ? Mon petit doigt me dit que je sais qui c’est mais je peux me tromper.
Ensuite, signe du destin, jeudi dernier, alors que je chevauchais mon fier destrier sur l’esplanade des Invalides vide de voitures et pleine de police, un motard du même modèle que celui qui a buté sur une passant de l’avenue du Gal Leclerc alors qu’il ouvrait la route à une sous-Ministre soi-disant pressée, m’intime l’ordre de stopper pour éviter que j’obstrue la chaussée qu’allait emprunter le cortège officiel d’Alassane Ouattara. Ce fonctionnaire de police zélé s’est cru obligé d’ajouter « que cela vous plaise ou non… » Pourquoi m’apostropher ainsi, je n’avais strictement rien dit, même pas protesté ? Après ces messieurs se plaindront d’être des mal-aimés, qu’ils arrêtent de se prendre pour des Rambo sur leurs motos ! Par bonheur, un agent tout proche m’a gentiment dit « ils arrivent, ça ne va durer que quelques minutes… » J’ai répondu « que j’avais toute la vie devant moi… » Quand est-ce que nos gouvernants comprendront – j’exclus le cas des visites officielles – que nous les parisiens cyclistes en avons ras-le-bol des voitures, dites officielles, à vitres fumées qui roulent à tombeaux ouverts, deux tons hurlant, alors que 90 fois sur 100 il n’y a aucune urgence pour l’occupant à ne pas se conformer au code de la route. C’est inutilement dangereux.
Revenons au fromage avec une question : dans combien de restaurants trouve-t-on encore de vrais chariots à fromages ?
Enfin pour terminer, et montrer que votre Taulier préféré n’est pas un va-de-la-gueule, je vous propose de contempler la photo ci-dessous d’un assortiment de beaux et de grands fromages que j’ai proposé samedi soir à mes convives après une belle platée de spaghetti alla carbonara link
Je reviendrai lors d’une prochaine chronique sur l’histoire de ce plateau de fromages, car il n’est pas tombé du ciel. Il est le fruit d’un choix d’un grand affineur de fromages, Philippe Alleosse, qui veut bien consacrer un peu de temps à un foutu blogueur défenseur des gens du terroir, ceux par qui tout commence. À bientôt donc sur mes lignes pour échanger sur ces produits qui doivent beaucoup à la main de l’homme, à sa capacité de tirer le meilleur de cette fichue terre que l’on disait autrefois nourricière…