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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 00:09

 Ce n’est pas moi qui l’affirme mais la plume acide d’un de nos « ennemis héréditaires » d’Outre Channel, vivant et travaillant en France, dans un essai sur la France en forme de déclaration d’amour (vache) : « Français, je vous haime, ce que les rosbifs pensent vraiment des froggies » chez Nil. Je cède donc la plume à Stephen Clark pour nous parler de la semaine des 35 heures avant de la reprendre pour développer mes « hautes visions œnotouristique »

« Cela a bien fonctionné avec les entreprises employant de nombreuses personnes à la même tâche. Mais je travaillais pour un magazine comptant dix employés. Pour compenser nos heures perdues, notre nouvelle recrue aurait dû travailler 10 % comme rédacteur en chef, 20% comme rédacteur, 20% comme maquettiste, etc. Dans la pratique, nous n’avons recruté personne. On a juste dit que nous devrions tous être 10% plus efficaces pendant notre temps de travail réduit. Ce que nous avons fait. Ce n’est pas difficile d’être plus productif quand, à la clé, il y a vingt deux jours de vacances en plus. Le travailleur français ne va pas se donner un mal de chien pour être désigné meilleur employé du mois et avoir sa bobine accrochée au mur. Mais si on lui promet plus de bon temps, il peut faire des merveilles. Un rapport de l’OCDE dit que la productivité a augmenté de 2,32% entre 199- et 2002 en France, contre 1,44% dans le reste de l’UE. Les économistes « anglo-saxons » prédisent un krach en cas d’introduction d’une telle mesure dans leur pays. Ils ont peut-être bien raison. Car il y a une différence majeure entre les Français et les Anglo-Saxons. Donnez un long week-end à un Français et il saute dans sa voiture française, la remplit d’essence française, part sur les côtes, montagnes et campagnes de France, et passe trois ou quatre jours à manger et boire de la nourriture et du vin français. Offrez la même chose à un Britannique et il sautera dans un jet irlandais, direction la Bulgarie. Les français voyagent beaucoup à l’étranger, mais une part considérable de leur argent reste chez eux. C’est presque trop beau pour être vrai, mais c’est pourtant ainsi : travailler moins est bon pour l’économie française. »

Si c’est un rosbif qui le dit, profitons-en au lieu de rouscailler : c’est toujours en s’appuyant sur un marché domestique profitable que l’on peut se permettre de développer ses exportations… » En matière de tourisme, d’oenotourisme dans le cas présent, avant d’aller faire des ronds de jambe aux touristes étrangers, ou dans le même temps, proposons à nos adeptes made in France du temps libre (qui se souvient d’André Henry Ministre du Temps Libre de Tonton en 81 ?) des produits grand public de qualité facile d’accès.

Du côté manger-boire l’offre est abondante, diversifiée et d’accès facile via les guides divers et variés. Du côté hébergement, même s’ils ne sont en quantité suffisantes, les gîtes ruraux et le chambres d’hôtes sont de qualité et eux aussi d’accès assez simple. Reste l’hôtellerie où là, hormis les hôtels de luxe, l’offre est catastrophique : le choix se limite entre les hôtels de chaîne nichés dans les zones industrielles et commerciales et les vieux hôtels pouraks de Centre Ville. J’exagère à peine, si l’on veut développer de l’oenotourisme pour le plus grand nombre il faut revivifier les hôtels de charme ou ce que l’on appelait autrefois les hôtels de sous-préfectures. C’est le premier challenge à relever pour développer une demande abondante. C’est quand même le but pour pouvoir toucher et convaincre des néo-consommateurs. Notre tendance naturelle est de « sur-cultiver » les clientèles déjà captives des amateurs convaincus. Merci aussi de mettre un peu de liens et de cohérence dans le binz des syndicats d’initiatives, des comités de tourisme et autres officines qui pondent du papier : contemplez dans les halls d’hôtels la gabegie de papier glacé. Il serait plus efficient de doter tous les lieux d’accueil de la Wi fi et de rendre les écrans de télévisions « intelligents » pour que les touristes puissent avoir un accès simple à des portails internet.

Enfin, et je m’en tiendrai là pour ne pas vous lasser, pour ceux qui n’aiment pas prendre leur petite auto pour aller à la campagne, à la mer ou dans les vignes, développer avec la SNCF, son loueur favori, des gîtes ou des hôtels de charme, une offre œnotouristique simple, avec un avantage tarifaire, comprenant pourquoi pas aussi un bonus « fret » pour les caisses achetées chez le vigneron.

Ce n’est pas avec ça que je gagnerai le trophée de l’oenotourisme cher au cœur d’Alexandre Lazareff mais, comme dirait l’autre, personne ne pourra dire que je ne me suis pas décarcassé pour la bonne cause…


Après réflexion, et avec vos encouragements je me suis décidé à publier ma chronique : Lettre à ceux qui ont enfanté les péteurs de cuves d’Antignac. Elle ne fera pas plaisir à ceux à qui j'attribue une paternité dont ils se seraient bien passé. Dans ce domaine j'ai toujours tenu le même langage, même au 78 rue Varenne, et pas seulement avec les gens du Sud. Les mots ont une valeur, les respecter est première des civilités. Je rassure le dernier commentateur : il n'y a aucun envers au décor, nous nous sommes pas au théâtre mais dans un Etat de droit. Je mets ma chronique en ligne à 10 heures.

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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 00:04

   le dessin est de Cabu dans le Canard Enchaîné à propos des vacances des Ministres. Je le situe dans la tradition de bons buveurs des rédacteurs du journal, style Yvan Audouard, comme un clin d'oeil à un Ministre qui est des nôtres...


Dans le TGV du retour de Vinexpo je feuilletais le magazine papier glacé que nous propose la SNCF dans ses TGV lorsque mon regard est tombé sur le titre alléchant, très Libé de la grande époque, de la rubrique Bouche à Bouche : « L’œnotourisme n’est pas un vin mot ». Je me suis dit bonne pioche : le bon peuple voyageant dans ce fleuron de la technologie française va être alléché par des propositions de visites dans notre beau vignoble, que le monde entier nous envie comme le dit notre grand expert de la JV, avec ses châteaux, ses clos, ses domaines, ses mas … et patati et patata…

 

L’entame de l’article me laissa pantois : « Le vin n’est pas seulement une boisson de la vigne. Il peut être un but de voyage. C’est semble-t-il, ce qu’un nombre croissant d’acteurs de la filière découvre en ce moment. Poussé par la crise du vignoble hexagonal mis à mal par la concurrence des vins étrangers, le concept d’œnotourisme se développe. » La suite était à l’avenant : un zéro pointé décerné aux fameux  acteurs de la filière – j’adore cette appellation qui parle sans aucun doute beaucoup au passager de base du TGV – par le tout nouveau, et fort sympathique, secrétaire-général du Conseil Supérieur de l’œnotourisme. Pour faire bon poids, nous avons aussi droit au consultant de service qui en rajoute une louche sur la nécessité de développer un modèle français d’œnotourisme.

 

Tout ça est bel et beau me dis-je, mais l’éternel couplet sur la crise qui pousse les fameux acteurs de la filière, mis à mal par les barbares du Nouveau Monde, à se bouger les fesses, me saoule.

 

La crise a bon dos. Ramener tous nos problèmes à l’irruption des vins du Nouveau Monde relève de la facilité. Balayons devant notre propre porte avant d’invoquer les responsabilités des autres. Notre vieux pays de vin fait de l’œnotourisme depuis des décennies, comme monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir.

 

Les grandes maisons de Champagne, de Cognac, de Bourgogne, de Châteauneuf-du-Pape, de Saumur et d’ailleurs se visitent tous les jours ; le bâtiment de Wilmotte pour Hennessy vaut bien certaines réalisations espagnoles ; le Château de Jau avec son couple musée d’art contemporain+restaurant n’a pas attendu les zélotes de l’œnotourisme pour être un must ; les Alsaciens et leurs routes des vins  ont défriché ; dans le Languedoc, à Pennautier, Miren et Nicolas de Lorgeril ont su conjuguer restauration, gîtes de charme, et tout récemment une offre pour les réceptions et séminaires en rénovant leur château ; beaucoup de vignerons proposent des gîtes et des chambre d’hôtes de qualité ; les exemples fourmillent et je crois qu’au lieu de gloser sur le concept d’œnotourisme dans un magazine grand public, ou organiser des colloques, la mise en avant de ces réalités aurait des vertus bien plus grande auprès de ceux qui cherchent des destinations originales.

 

En effet, même s’il y a des problèmes d’offre – j’y reviendrai – la question centrale pour le développement de l’œnotourisme est celle de la bonne appréhension de la demande. Que nos collègues américains ou espagnols ou chiliens, nouveaux venus, aient dû innover, quoi de plus normal. La nécessité pousse à aller chercher le client, à l’attirer, à le séduire, donc à lui proposer un produit conforme à ses aspirations. S’inspirer de cette dynamique est en soi une bonne chose mais l’essentiel n’est pas là. En effet, même si nous sommes la première destination touristique mondiale, nous ne sommes pas pour autant les champions du monde de l’accueil. Sans vouloir ironiser je dirais que l’état d’esprit qui règne chez nous est, en paraphrasant le slogan de l’Oréal, « si les gens viennent vers nous c’est que nous le valons bien ». L’attractivité, la notoriété, jouent bien évidemment un rôle dans le choix d’une destination, mais le buzz, le bouche à oreilles, des clients satisfaits de l’accueil est de nos jours le gage du succès.

 

Pour qu’il y ait une vraie osmose, entre l’offreur de loisirs et le demandeur, il faut que leurs attentes se rejoignent. Et c’est là que le concept d’œnotourisme révèle son ambiguïté : si l’objectif premier de l’offreur-vigneron est de vendre son vin il risque de se heurter à un demandeur qui lui, tout en étant intéressé par le produit, a choisi de venir d’abord pour le gîte de charme, la chambre d’hôtes, le restaurant, le lieu, la région, le soleil, la proximité d’autres produits culturels ou ludiques et tout un ensemble dans lequel il fait des arbitrages monétaires : son budget n’est pas extensible, des arbitrages familiaux : tous les membres du groupe ne sont pas branchés vin, des arbitrages spatiaux-temporels liés à sa conception des loisirs : du farniente jusqu’au programme journalier très précis etc. Si le visiteur se sent accueilli d'abord en tant qu'acheteur potentiel il le ressentira  comme une forme d’« agression », de pression, de contrainte et, quelle que soit la qualité de la réception, il n’en sera pas satisfait et même s'il achète la prochaine fois on ne l'y reprendra plus. Cette priorisation des attentes du visiteur et leurs prises en charge d'une manière professionnelle sont essentielles.

D’autres offreurs de biens de loisirs l’ont très bien compris. Quelques exemples en vrac :

 

–       les monastères : les touristes viennent bien sûr d’abord pour la visite du lieu mais il n’empêche que la boutique de souvenirs, de livres, de produits régionaux ou le lieu de restauration captent une clientèle très rentable sans pour que pour autant le visiteur soit en apparence pris en charge ;

 

–       les musées nationaux adoptent pour la plupart la même démarche de liberté très orientée ;

 

–       les visites des grandes maisons de Cognac ou de Champagne ou de lieux comme le Cassisium de Nuits-Saint-Georges par exemple ont avant tout des objectifs de développement de notoriété bien plus que de ventes… mais l'espace de vente existe bien sûr, celui d'Hennessy est remarquable.

 

–       pour le château de Jau c’est tout un ensemble où la qualité du lieu, la renommée du Musée d'Art Moderne, le charme de la table et la formule où le vin ne corse pas l’addition, qui attire les visiteurs qui ne visitent pas les chais mais peuvent repartir, et repartent souvent, avec les vins qu'ils ont apprécié au cours du repas ou passer commande. Ils sont aidés en cela par un sommelier qui les guide dans leur choix.

 

Sans clore l’examen de ce point, dont l’importance est capitale pour tous ceux qui seraient tentés par l’aventure œnotouristique, si comme l’écrit le journaliste de TGV magazine « le vin est le but du voyage » reste à savoir s’il est le but unique et exclusif : dans ce cas c’est plutôt une population d’amateurs œnophiles qui est visée et, bien sûr, la qualité de l’offre et son accessibilité peuvent être améliorées, ou bien, le vin entre dans la palette du lieu de loisir choisi avec une focale forte : dans ce cas l’étude des différentes strates de clientèle doit déboucher sur une offre plus diversifiée, mise en pack, décloisonnée, fluidifiée par une chaîne d’informations faciles d’accès. Sur ce dernier point, dans la mesure où la clientèle française, pour le tourisme du vin, a été peu sollicitée, une nouvelle approche s’impose. J’y reviendrai. 
                                                     
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16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 00:00

D’Espéruche lui trouva de suite une tête de mal baisé : « il ne boit que de l’eau et ne bouffe que de la salade… Je le trouve contraint, comprimé, sournois, le genre de gus dont il faut se méfier dans une chambrée : un pointeur… »  Raymond, plus bienveillant, n’en exprimait pas moins son malaise face à ce petit bonhomme, terne, faussement modeste, qui en dépit de ses fonctions de chargé des relations publiques du Ministre semblait vouloir fourrer son nez partout en se parant d’un titre bien plus respecté dans les antichambres politiques : «d’ami du Ministre ». En sirotant son aligoté Raymond balança « c’est un fouille merde » ce qui lui valut l’approbation grasse de notre culotte de peau : « reçu 5 sur 5 Raymond, comme tu le dis mieux que moi ce type est un expert en rondelle à la ville comme au pieu… » Pour moi, le nouvel arrivant, que je n’avais pas encore croisé, possédait deux qualités essentielles qui en faisait la cible idéale me permettant de mettre en œuvre mes projets : la proximité du Ministre et, semble-t-il, selon mes acolytes, son côté je lave plus blanc que blanc. Pour m’en assurer il ne me restait plus qu’à consulter les fichiers de ma crèmerie, les Renseignements Généraux, qui devaient, je n’en doutais pas, s’être intéressé à cet étrange personnage qui avait gravité autour du Ministre lorsqu’il présidait la Banque Vernes et Commerciale de Paris.

Notre homme avait 34 ans, célibataire ce qui pour mes petits camarades des RG constituait un indice sérieux soit de pratiques sexuelles déviantes, soit d’une vie de patachon. L’auteur de la fiche le suggérait tout en notant le caractère quasi-monacal du mode de vie de l’intéressé – le vocabulaire utilisé était plus grivois : vit comme un vieux garçon, genre tapette qui s’intéresse aux culottes des gamines – ce qui ne laissait ouverte que la première branche de l’alternative, mais comme la grande maison avait d’autres chats à fouetter que d’aller enquêter dans les alcôves sur ce second couteau, on en restait au stade des soupçons. Beaucoup plus intéressant était la description du parcours professionnel de celui qui pour moi endossait de mieux en mieux ses habits de pigeon. C’était un pur autodidacte : origines modestes, pâtissier dans sa jeunesse, il avait commencé à travailler comme apprenti sitôt son certificat d’études, à 14 ans, puis cours du soir sitôt le travail, ce qui signifiait avec l’étude et les devoirs un coucher autour de minuit pour se lever à 5 heures du matin. Trois années de galère qui le menaient à ses 18 ans dans un obscur emploi au Ministère des Finances puis aux Assurances Sociales. C’était un ambitieux, il souffrait de sa condition. Il voulait s’élever donc il continuait de bucher ce qui lui permettait d’entrer au bureau d’études de la SNECMA comme technicien. Ensuite, comme tous les jeunes français, à 20 ans, il partait pour 24 mois et demi à l’armée. Bizarrement, pour des raisons pas très claires, il ne suivait pas le parcours des OER. À son retour de l’armée, où il semblait avoir passé le plus clair de son temps à bouquiner les grands auteurs de la science économiques, il entrait comme journaliste dans le magazine économique et financier Entreprise. Lorsqu’il rencontrait le futur Ministre alors banquier, en 1965, il avait 27 ans, et il était chef du service économique et financier du magazine.

Notre première rencontre, dans le bureau du Ministre, purement fortuite, j’y entrais, il allait en sortir, accentua le portrait du méritocrate bâti de bric et de broc. Le son enjoué de la voix du Ministre, lorsqu’il me salua, provoqua sur son visage, qui se voulait impassible, une légère crispation. À la seconde même il se découvrait un rival, jeune, décontracté, s’adressant d’égal à égal à son idole. Celle-ci, non dépourvue de cruauté à son égard, me présenta comme la meilleure plume du Tout Paris politique, en ponctuant son compliment d’un « il me change de toute cette bande de tête d’œufs prétentieux et des minables qui me font la cour » qui dut lui labourer le cœur. Qu’un va-nu-pieds comme moi, puisse conquérir les faveurs de son Ministre avec un bagage aussi léger relevait de la pure injustice. Je pressentais que, sous ses airs d’humble chanoine se cachait la flamme d’un Savonarole. Impression confirmée dans le livre qu’il écrira pour se justifier « car je suis de ceux qui pensent que sur le plan moral, l’homme détendu est un homme relâché, et qu’un homme relâché est un homme perdu. » Aucun doute n’étais permis, j’étais un beau spécimen d’homme relâché et il ne pouvait que craindre mon ascendant naturel sur son Ministre. Son beau parcours du fournil aux ors de la République en passant par le parfum entêtant de la gestion de fortune dans une banque réputée, qui le mettait « sur un pied d’égalité avec des polytechniciens et des hauts fonctionnaires… » ne lui suffisait pas. Pour apaiser sa souffrance et étancher son incommensurable orgueil il lui fallait s’élever au-dessus du commun, devenir l’Archange Gabriel.

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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 00:02

« Suzanne t'emmène écouter les sirènes / Elle te prend par la main / Pour passer une nuit sans fin… »

 

Suzanne, ce prénom joliment désuet, pour les plus jeunes, n’est sans doute que le titre d’une chanson du dernier album « Bleu Pétrole » d’Alain Bashung et peut-être même que certains d’entre eux ignorent que c’est une chanson emblématique de Léonard Cohen revisitée pour les paroles par Graeme Allwright, icône des soixante-huitard qui a fait découvrir aux français Bob Dylan : « qui a tué Davy Moore » et bien sûr, Léonard Cohen et quelques autres. Ce qu’ils savent encore moins, j’en suis persuadé, c’est que Suzanne est un symbole : celui de la jeunesse et de la beauté triomphante, femme fidèle, soumise à la concupiscence des vieillards.

L'histoire de Suzanne, qui forme le chapitre 13 du Livre de Daniel, fait partie de ces textes apocryphes. Nous sommes à Babylone, Suzanne est l’épouse d’un riche marchand respecté chez lequel de nombreux juifs viennent régler leurs différents en présence de deux vieillards choisis pour leur sagesse. L'après-midi, une fois les visiteurs partis, Suzanne a l'habitude de se promener dans le jardin. Les deux vieillards libidineux la désirent. Ils l’observent. Un soir, Suzanne demande à ses servantes de fermer les portes du jardin et d'aller quérir de l'huile et des parfums afin qu'elle se baigne parce qu'il fait chaud. L’occasion est trop belle pour les deux lubriques qui soumettent Suzanne à un odieux chantage : « tu te donnes à nous sinon nous te dénonçons en affirmant que tu étais avec jeune homme… » Elle refuse de céder. Les deux vieillards mettent leur menace à exécution. Devant son mari et le peuple ils disent qu’elle s’est unie avec un jeune homme sous leurs yeux. Leurs paroles de sages pèsent lourds mais Suzanne en appelle à Dieu. Celui-ci exhausse sa demande par l’intermédiaire du jeune Daniel qui soumet les deux vieillards à la question : « sous quel arbre le forfait s’est-il déroulé ? » Pour l’un c’est un lentisque, pour l’autre un chêne. Ils sont confondus.


Sulfureuse histoire où la belle et jeune Suzanne repousse 2 vieillards libidineux et non le péché de chair : aurait-elle été aussi farouche si la proposition était venue de la bouche d’un jeune tourtereau ?  Tous les ingrédients sont assemblés pour laisser planer sur cette histoire un érotisme torride : le bain, les huiles, la nudité, le désir, la concupiscence, la bestialité qu’un peintre de la Renaissance : Alessandro Allori (1561) – huile sur toile exposée au musée de Dijon : Suzanne et les vieillards – va dramatiser en une mise en scène où  « Suzanne est en danger de viol, comme le montrent l'expression avide des vieillards et la brutalité crue de leurs gestes. Le refus de la jeune femme se lit dans le regard effrayé, la crispation du visage et l'énergie des mains pour écarter les agresseurs. »


 

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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 00:02

Après la vague rose, pas celle de 1981 mais celle du pur rosé authentique fait avec le chant des cigales et au son des galoubets, voilà que ça frise la déferlante. Nous allons bientôt pouvoir surfer sur les vagues roses. En effet, deux poids lourds de l’apéro : Porto Cruz avec son pink et Martini avec son rosato viennent de virer au rose. Comme y fait chaud, lourd même, et que je n’ai pas envie de me décarcasser, je vais me contenter de vous citer les concepteurs du produit.
« Plus féminin, plus jeune et plus accessible en goût, la version rosée de Cruz doit apporter un caractère innovant au leader du porto. A l’origine d’un nouveau segment puisqu’il n’existe quasiment pas d’offre de porto rosé, du moins en GMS, Cruz Pink se veut frais, floral et léger. La formule tranche avec les traditionnels tawnies avec leurs saveurs de fruits secs pas toujours appréciées par les nouvelles générations.

Par ailleurs, Cruz Pink se positionne dans un registre résolument féminin. Sa bouteille à l’étiquette transparente est ornée du dessin d’une fleur et dotée d’un macaron de col et d’un cartouche de couleur fuchsia. « Nous avons choisi de cibler les femmes même si le marché du porto en général a déjà tendance à être féminin », commente Anna Luc, directrice marketing de La Martiniquaise. » Rayons Boissons.


« Le Martini Rosato incarne par sa couleur et son odeur la douceur des épices (girofle et cannelle) et des agrumes. Contrasté il est à la fois franc et intense, doux et corsé » sur le site Martini.

Cet engouement me laisse dubitatif. En effet, voir débouler ainsi deux marques fortes sur le trend d’une tendance initiée par le vin rosé, phénomène inédit dans l’univers des boissons apéritives, dénote soit que le mouvement dépasse le simple effet de mode et s’ancre, soit qu’au contraire nous entrons dans une phase de saturation qui va plomber la belle envolée des produits roses. Bien évidemment je ne dispose d’aucun moyen pour trancher. Ce que je note, et ça me semble indéniable, c’est que l’emballement des jeunes pour le rose, sans distinction de sexe, est le fils ou l’enfant des soft-drink. Le cool, le light et la légèreté supposés de cette couleur que l’on tire de plus en plus vers des tons pastels pâles, cadrent bien avec le basculement des boissons d’adolescence vers celles de l’âge adulte. Ce qui est étonnant c’est que ce soft lié à la couleur semble être en parfaite contradiction avec les pratiques hards des boissons TGV : téquila-gin-vodka ou les mélanges à haut potentiel de shoot très en vogue auprès des populations concernées. Beau terrain d’études pour nos petits génies du marketing.

Moi, brave artisan, afin de faire barrage au futur Coca Cola rose qui ne va pas tarder à surfer sur la vague rose ,  je vous propose un must transgressif : le rose limé. En ces temps moites je me désaltère en coupant un Rosado 2008 Dominio Los Pinos, pur grenache, AB, avec de la limonade Lorina Victor Geyer double zest Bio. Péché mortel ! J'aime pécher. C’est very good, Vérigoud comme le disait la publicité dans ma jeunesse sous la palette de Savignac…



 

 


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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 00:00

 Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour le fantassin bio : l’Agence Bio – nous adorons en notre beau pays les agences de ceci et de cela, ça occupe du monde, ça consomme des crédits européens et ça à un directeur, en l’occurrence une directrice – affichait un communiqué de victoire « 2008, produits bio : solides face à la crise, les indicateurs de consommation restent au vert » ; les « bien-pensants » de Télérama, toujours le nez dans la tendance de leurs chers lecteurs « qui lavent plus blanc que blanc », tartinait un long article au titre ronflant : « En Alsace, la révolution biodynamique est en marche » de quoi faire grincer beaucoup de dents mais pas les miennes : moi je suis toujours content lorsque le vin est à l’honneur dans un organe de presse à couverture nationale ; le très sérieux journal du soir, le Monde, que le monde entier nous envie, sous la plume de Hélène Franchineau, publiait un article ébouriffant « Cet été ? Je WWOOFe !». Qu’est-ce me direz-vous ? « Le WWOF, c’est l’occasion de rencontrer des gens et d’échanger. Le monde vient à toi » Pauline Desmazières, 30 ans s’est installée dans une petite ferme du sud de la Vienne depuis mars 2009. Elle y cultive des légumes et a choisi de faire partie de l’association WWOOF (World Wide on Organic Farms) dont le but est de mettre en relation agriculteurs bio et travailleurs volontaires. Français ou étrangers, citadins ou ruraux, s’ils souhaitent découvrir l’agriculture biologique, une nouvelle région ou simplement la vie à la campagne, ils sont les bienvenus dans les fermes de WWOOF. » En résumé on reçoit le gîte et le couvert, et on donne quelques heures de boulot gratos.

Donc notre brave pioupiou bio après des années de railleries agricoles dosées aux nitrates et aux pesticides, d’ostracisme officiel, d’une image de secte d’illuminés, de néo-ruraux vendant des fromages de chèvres aux touristes, se croyait tiré d’affaires. C’était sans compter sur la perfidie de nos voisins anglais, dont la réputation de gastronomes éclairés n’est plus à faire, pour planter un poignard aiguisé dans le dos de notre vaillant soldat Bio. Dans Slate, la feuille de chou de l’ex du Monde, le Jean-Marie Colombani, c’est le docteur Jean-Yves Nau, bien connu des amateurs de vin, qui s’y colle sous le titre « Nutrition : le « bio » est-il un leurre ? » Voir son papier à la rubrique Wine News N°59. Je cite le point qui fait le cœur de la polémique « Pour le Pr Alan Dangour, principal auteur de ce travail, les choses sont on ne peut plus claires: «Du point de vue de la nutrition, il n'y a actuellement aucun élément en faveur du choix de produits bio plutôt que d'aliments produits de manière conventionnelle». De légères différences ont certes bien été relevées ici ou là mais elles ne sont pas statistiquement significatives et, selon le Pr Dangour, ne sauraient avoir un quelconque impact en termes de santé publique. »

Rien de très nouveau sous le soleil d’Austerlitz du biffin Bio comme le rappelle Jean-Yves Nau : « On peut rappeler qu'en 2003 l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) était, dans son habituel jargon, parvenue à des concluions similaires: «Les faibles écarts ou tendances pris individuellement, qui ont pu être mis en évidence pour quelques nutriments et dans certaines études entre la composition chimique et la valeur nutritionnelle des produits issus de l'agriculture biologique ou de l'agriculture conventionnelle, n'apparaissent pas significatifs en termes d'apports nutritionnels».

Comme vous vous en doutez je ne vais pas m’aventurer sur le terrain des blouses blanches où je suis, plus encore que d’ordinaire incompétent, mais me contenter de souligner que pour moi les méta-analyses (démarche statistique consistant à analyser les résultats d'une série d'études indépendantes ayant déjà été menées sur un thème donné) frisent souvent l’escroquerie scientifique et leur publication en rafales sur des sujets sensibles n’est pas dénuée d’arrière-pensées. En quelques mots je voudrais rassurer notre brave soldat bio en lui disant tout d’abord que ceux, qui se tournent de plus en plus vers lui, sont plus attachés au respect de l’environnement, aux équilibres détruits par une surexploitation, à tout ce qui touche au développement durable et que les purs arguments santé ou nutritionnels, même s’ils sont encore prégnants pour la frange la plus militante, ne sont pas déterminants dans les choix des néo-consommateurs. Les ravages des algues vertes sur le littoral breton et l’eau saturée de pesticides, par exemple, plaident bien plus en la faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement, sous toutes ses formes, n’en déplaise aux intégristes, que le taux d’oméga 3 du lait bio. Moi je m’en tiens à l’adage de ma mémé Marie : « si ça me fait pas du bien au moins je suis sûr que ça ne me fera pas du mal… » qui plaide en la faveur d’une alimentation plus saine sans pour autant faire une obsession sur ses effets sur la santé : la dictature du nombre de fruits et légumes à consommer journellement ou les alicaments.

En tant que bon vivant je voudrais ici insister sur le goût des aliments qui, pour moi, est à la base du plaisir simple de se retrouver plusieurs fois par jour autour d’une table pour faire autre chose que s’alimenter. Sur ce point, il n’y a pas photo : les produits de l’agriculture et de l’élevage intensif n’ont pas de goût, ils sont sans saveur parce qu’ils ont été forcé à se développer à grand renfort d’engrais ou d’alimentation hautement énergétique. Même si les progrès de la recherche de nouvelles variétés, les fraises par exemple, ont fait progresser la saveur de certains fruits, la grosse cavalerie de notre alimentation en produits frais est dénuée de saveur. Le temps de croissance, associé au choix de la variété ou de la souche, est capital pour l’obtention de produits gouteux. Si je reviens à ma mémé Marie, si ses poulets étaient délicieux, c’est qu’ils prenaient le temps de forcir, d’abord en liberté où ils bouffaient ce qu’ils trouvaient avec une poignée de grains jetée de temps en temps dans l’aire, puis en cages où ils se remplumaient en ingurgitant de véritables pâtés – désolé pour les défenseurs du bien-être des animaux – même tarif pour les cochons engraissés aux eaux grasses et aux patates, quand aux fruits et légumes du jardin ils vivaient leur vie au rythme des saisons pour notre plus grand plaisir.

Mais le temps c’est de l’argent. Laissez faire la nature a son rythme c’est se condamner à des petits rendements, à des croissances plus lentes. Bien plus que la stricte observance des grands principes du bio je suis intimement persuadé que si les producteurs de produits frais ne veulent pas tomber sous la coupe des discounters chers à Jean-Pierre Coffe l’inflexion vers une agriculture et un élevage revenant aux grands fondamentaux est la seule voie d’avenir. Bien sûr, ce type d’agriculture, de viticulture, d’élevage à un coût qui pourra être abaissé à la fois par l’élargissement des marchés et l’amélioration des circuits de distribution, mais qui restera toujours plus élevé que celui de la grosse cavalerie. C’est un vrai challenge pour la ferme France. C’est un problème économique qui conditionne la survie de certains de nos territoires situés en zone de montagne ou des zones intermédiaires : l’impératif de faire de la valeur, des fromages AOC ou des laits bio par exemple, est capital. Sachez qu’en ce moment la grande majorité du lait bio vendu par la GD et le hard-discount est importé. Importé d’où me direz-vous ? De Hollande où des exploitations intensives font pisser leurs vaches avec une alimentation certifiée bio. Nos économies développées, aux coûts de main-d’œuvre élevés, trouveront des débouchés dans les nouvelles couches de la classe moyenne des pays émergeants. Ce choix n’est pas antinomique avec le maintien d’une production concurrentielle dans le secteur des produits de commodités. La France agricole éternelle, chère au cœur des ruralistes, a toujours été ainsi structurée. Elle doit, comme aurait du le faire d’ailleurs la viticulture languedocienne voilà presque 10 ans, faire des choix liés aux marchés de consommation en développement.

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 00:00

 

Encore un monsieur vin né sous X que je me suis dit en contemplant les murs de Paris au mois d’août couverts de rosé, un rosé bien pâlichon d’ailleurs. Même si les Decaux sont à la baisse pour cause de migrations estivales des acheteurs et des buveurs faut quand même avoir quelques sous dans la caisse pour nous balancer à tous les coins de rue la bobine de ce Jean Valestrel qui se dit né quelque part. En Provence ça c’est sûr mais, un peu marri de mon ignorance, ça me turlupinait d’être ainsi piégé et de na pas savoir d’où il sortait. Pas de la cuisse de Jupiter, ça j’en étais sûr. Mais comme il ne faut jamais désespérer je me suis dit qui me restait plus qu’à espérer. Le hasard ! Samedi soir j’ouvre ma boîte électronique et j’y découvre une demande de recherche de personne : « Bonjour, pourriez-vous me dire s’il existe toujours du vin rosé Baptistin Caracous ? C’est un ami qui le recherche depuis longtemps, qui habite Cahors et à qui nous aimerions lui ramener. Merci de me tenir au courant, bien cordialement à vous. » Je n’invente rien. Ni une, ni deux je me précipite sur le site de la Société  des Vins de France pour voir si ce pauvre Baptistin est toujours de ce monde ou a rejoint le royaume des défunts ?

Et là que découvris-je ? Le dénommé Jean Valestrel, Côtes de Provence Cuvée Prestige, vinifié bien sûr de façon traditionnelle (y’en auraient-ils qui ne le seraient pas ?) issu d’une sélection des cépages typiques du lieu par le maître de chai de la maison (comment qui s’appelle lui, sans doute pas Jean Valestrel !) : le Grenache pour lui donner rondeur et puissance ; la Syrah pour la couleur pétale de rose et les arômes de violette et de réglisse ; le Cabernet Sauvignon pour lui conférer sa structure et son équilibre ;  le Cinsault pour les notes fruitées et florales. Vraiment l’a tout ce gars-là. C’est un gars comblé de toutes les qualités. En plus l’a des vignes ce rupin : «  Situées à Vidauban, les vignes de Jean Valestrel bénéficient d’une situation géographique exceptionnelle : elles s’étendent au pied du massif des Maures de l’Esterel à quelques kilomètres de la mer, au milieu des bruyères et des pins parasols. » Alors ce Valestrel ce serait t’y pas le président de la Cave Coopérative de Vidauban ? Oui « la Vidaubanaise », qui est une Union de Producteurs ? Mais non, j’ai tout faux parce que son président se nomme Max Alberto. Tout faux ! Comme je suis un maniaque de l’info, j’ai investigué et j’ai découvert que la maison mère de la SVF : Castel vinifiait les raisins de son propre vignoble dans une belle winerie à Vidauban, chemin de Mariafrance.


Peu importe le patronyme, ce brave Jean Valestrel rejoint la cohorte des JP Chenet, Augustin Florent, et autres obscurs barons de pacotille qui se sont dévoués pour la cause du vin. Nos petits gars de la SVF ce sont des astucieux, ils profitent de l’effet d’aubaine pour surfer sur la toute nouvelle notoriété du rosé de Provence « authentique » issu du combat titanesque mené par les gardiens de la pureté rituelle contre « l’hydre européenne ». Même qu’y mentionnent sur l’étiquette : « vinifié en Provence » pour bien montrer que cette cuvée de prestige elle a des racines au pays de Giono et Mistral (question : peut-on vinifier des Côtes de Provence hors de l’aire ?) Pour rajeunir « ce p’tit gars qu’avait pas de papa qu’avait pas de maman » (Pierre Vassiliu) nos SVF boys lui ont offert un lifting. C’est l’agence Crépuscule basée à St Ouen dans le Neuf-trois www.crepuscule.fr qui s’y ai collé. C’est de la belle ouvrage, sans grande originalité. Le Valestrel est aussi bien habillé : une étiquette avec tous les codes graphiques de la Provence : le mas, le pin parasol et la fontaine. Pour faire chic et rare, sur un bandeau doré indication qu’il s’agit d’une Cuvée Prestige avec numéro de la bouteille : pour moi 183 868 (ça fait quand même grande série). Donc tout ça c’est du bon boulot de marketeur, toutefois y’a un truc qui me chiffonne : pourquoi avoir enterré ce bon vieux Baptistin Caracous ? Lui ce n’est pas un inconnu j’ai retrouvé facilement sa trace puisqu’il a écrit en 1981, à compte d’auteur, un « guide de la Provence insolite ». Très franchement, Baptistin Caracous ça fleure bon la Provence, ça sonne authentique, alors que Valestrel ça fait un peu mièvre du genre Ménestrel en chausses gratouillant une viole de gambe, rose pâle un peu toc de chez toc, qui n’est là que pour une rime très Jean Ferrat.


Bon, vous allez dire que je pinaille mais faut bien que je me décarcasse pour animer le fonds de rayon bien assoupi ces derniers temps puisque nos négociants boudent les achats parce qui disent que vous ne buvez pas assez de jaja. Alors, pour animer les ventes, faire que nos petits gars de la SVF ne se soient pas fendus d’une campagne pour des clopinettes, je vous propose chers lecteurs, tous éminents dégustateurs, de devenir acteurs d’une opération inédite : jauger ce Jean Valestrel sur l’échelle des rosés authentiques des Côtes de Provence.

1°  Emplette d’un flacon de Jean Valestrel, moi ce fut à Monoprix 4 euros 50. (vous pouvez vous grouper pour amortir la dépense) ;

2° Vous préparer mentalement à la dégustation : lire http://www.berthomeau.com/article-34184898.html

3° Déguster selon les grands principes : lire http://www.berthomeau.com/article-34187704.html

4° Jauger : ce qui ne signifie pas juger mais placer cette cuvée de prestige sur l’échelle de Richter (de 1 à 7) de l’authenticité, telle qu’elle a été définie par les grands prêtres du rosé pur (mon raisonnement est simple : ce Valestrel se situe de part son positionnement et les volumes vendus au cœur du tonneau provençal).

5° Me faire parvenir votre chiffre, avec ou sans commentaires, par le canal que vous choisirez : soit public via la rubrique commentaires du blog, soit privé via mon e-mail berthomeau@gmail.com ou la rubrique CONTACT en bas du blog.

Merci de votre collaboration future qui permettra d’œuvrer dans un domaine peu exploré : celui de la dégustation des vins grand public.

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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 00:01


Pendant Vinexpo, les « Contains Sulfites… mais pas trop ! » au rang desquels je compte quelques amis : Claire Naudin, Raphaël Saint-Germain, Benoît Tarlant… m’avaient gentiment invité à venir partager le pain et le sel au Château Tire Pé, www.tirepe.com/ mais comme je n’avais pu être dans les temps de la navette je me suis privé d’un bon moment empli de beaux vins, d’une belle huile d’olive italienne domaine « Mariani » et des mets succulents du chef Dugardin. Me rendre à Gironde sur Dropt à vélo depuis Vinexpo étant bien évidemment hors de ma portée de cycliste parisien. Bref, de quoi regretter le temps de ma voiture avec chauffeur.

Mais, comme je suis sans doute béni des dieux car, en plein mois de juillet, déjeunant chez Devez, place de l’Alma, le restaurant dédié à la viande de bœuf de race Aubrac : son nom étant la traduction phonétique des « devèses », les pâturages des monts d’Aubrac situés jusqu’à 1400 d’altitude, j’ai eu le bonheur de faire une réelle découverte. Patientez, je vais tout vous dire mais au préalable je vous recommande cette maison. J’y aime le cadre sobre, chaleureux, confortable, la gentillesse et l’attention du personnel et, bien sûr, la qualité des viandes servies mijotées, rôties ou à la plancha. La carte des vins propose un beau choix bien en rapport avec la nourriture. Si vous passez à l’heure du déjeuner ou du dîner dans ce périmètre très agricole : on y trouve l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture et l’Interprofession des Oléagineux dites « avenue George V », mais aussi vinicole : Pierre Castel avec ses BGI loge plus haut, arrêtez-vous chez Devez www.devezparis.com  5, Place Alma 75008 Paris 01 53 67 97 53.

Ce jour-là j’avais les crocs et ces jours-là je suis un carnivore qui s’assume. Pour le boire j’interroge notre « complice de l’intérieur », Laurent responsable de salle, toujours souriant et disponible, qui me dit avoir un Bordeaux cépage Malbec du château Tire Pé tout à fait exceptionnel. Mes neurones dansent une forme de danse de Saint Guy, pédalent dans la choucroute, se fritent, ils ont du mal à relier toutes les informations de mon logiciel vin : Malbec, Bordeaux, Tire Pé… Je reprends tout par le bon bout : Tire Pé d’abord : mon GPS interne le localise, voir plus haut, et je dis banco sur les Malbecs de du dit château. Premier bénéfice : j’aurais au moins appris que le Bordeaux pouvait se faire avec 100% de Malbec. Second bénéfice : le vin lui-même d’une jeunesse époustouflante, j’entends par là une fraîcheur adolescente, sans l’acné ni le goût du paraître un peu gauche des garçons qui veulent jouer aux grands pour plaire aux filles, très on ne se prend pas la tête mais on a très envie d’être aimé. Derrière ce vin je sentais une forme de jubilation joyeuse et comme vous pouvez vous en douter je lui fis honneur sans aucune forme de modération mais un plaisir profond. Le temps pour moi était venu de chroniquer sur ce vin venu d’ailleurs…

Rentré at home je rends une visite au château Tire Pé sur www.tirepe.com   où je suis accueilli par les sourires resplendissants de la famille Tire Pé : Louise, Zoé, Octave Hélène et David… Très beau site bien en accord avec le vin que je viens d’apprécier. Déjà je sais ce que veut dire Tire Pé : « La Côte de Tire Pé doit son nom à une scène agraire quotidienne et bien connue des autochtones, selon laquelle les bêtes de somme se soulageaient de leurs efforts pour monter à la propriété, en « tirant le pet ». Ça me rappelle les flatulences de la Nénette quand on rentrait de décavaillonner avec le pépé Louis. Bien évidemment je clique sur : les Vins et là je n’y retrouve pas mon drôle de larron de Malbec. Alors je téléphone au château Tire Pé et j’ai Hélène Barrault au fil. Accueil chaleureux. Je raconte ma petite histoire ci-dessus, en compressé genre César, et ça roule sauf que le message que je lance dans l’infinité de la Toile se perd. Je rappelle donc et j’ai cette fois-ci David Barrault. Accueil tout aussi sympa. Et re, je replace ma petite histoire et j’ai le fin mot de l’histoire.

« L'idée de ce vin est, bien sûr, partie d'une attirance pour le cépage Malbec, mais aussi de changer un peu du merlot....et du merlot ! Plantée il y a 5 et 6 ans, issue d'une sélection massale, cette parcelle de 1 ha est l’une des mieux exposée de la propriété. Cépage captivant mais exigeant, nous passons pas mal de temps dessus... vinifié et élevé en barriques de 300 et 400 litres, le but n'est surtout pas de faire un monstre d'extraction ni une décoction de bois, mais au contraire de viser l'équilibre, fraicheur et des saveurs différentes de celles qu’on a l'habitude de percevoir sur Bordeaux… »

Donc pour résumer la situation :


1° faire un Bordeaux pur Malbec est possible ;


2° faire un pur Malbec à Bordeaux qui ravit les amateurs de vin plaisir est possible ;


3° faire une chronique sur les Malbecs de château Tire Pé en avant-première, ou presque, sur tous mes collègues blogueurs du vin c’est presque possible ;


4° c’est possible grâce aux Vinosaures 73 Boulevard Soult, 75012 Paris qui ont permis à Devez d’être le premier à proposer cette cuvée 2007 à 6,80 euros le verre ;


5° comme personne ne le fera à ma place je m’auto-décerne l’oscar « du meilleur découvreur de vin pour parigot tête de veau » ;


6° pour la fiche de dégustation en bonne et due forme de cette cuvée Les Malbecs 2007 prière de s’adresser au service produits dérivés de Vin&Cie : c’est bien beau mes cocos de tout vouloir sans jamais rien payer…
 

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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 00:00

« Il n’y a pas de vins de femmes, il n’y a pas de vins pour les femmes, et pourtant… » Tel était le titre de l'édito de Femmes de Vin french wine women www.femmesdevin.com présentant la dégustation des vins de 72 vigneronnes pendant Vinexpo.

Et pourtant… moi qui m’orne du titre, envié par mes pairs de l’ABV, « d’homme qui aime les femmes », j’ajouterais malicieusement… par bonheur il y a les femmes. Que de réunions, de congrès, de banquets, de célébrations où je me désolais de n’être cerné que par des présidents flanqués de directeurs… pas la moindre trace de vigneronnes… si parfois « femme de »ou « fille de » mais irrémédiablement orientées vers l’autocar leur imposant des virées « culturelles ». Par bonheur, donc, les temps changent. Un air nouveau souffle sur le convenu masculin. Beaucoup d’entre-elles viennent d’ailleurs, je veux dire d’un autre monde, parfois, pour certaines, elles « ont quitté des jobs lucratifs et confortables » apportant une passion, une envie, une approche nouvelle. Mais, pour autant, comme elles le soulignent, elles ne sont « pas contre, mais tout contre les hommes, nos hommes, pères, frères, maris, amis ne sont jamais loin. »

Ce matin, très simplement, sans commentaires, je vous livre mes coups de cœurs sur les vins blancs de Vinifilles en Languedoc-Roussillon jasse-castel@anadoo.fr et Les Femmes Vignes Rhône www.femmesvignesrhone.com que j’ai dégustés ce jour-là. L’ordre est celui de la dégustation. Je me suis régalé moi qui déteste déguster. Que des beaux blancs, frais, craquants, qui me font dire que la nouvelle tendance, celle qui va remettre les rosés à leur place, ce sont ces blancs du Sud vifs, allègres et abordables. Alors si vous êtes dans la région ou si vous cherchez de bonnes adresses… Tous ces domaines font bien sûr des vins rouges que vous pourrez déguster et apprécier et peut-être acheter.

 

1-     Château Beaubois Domaine La Roche 30640 Franquevaux  www.chateau-beaubois.com Costière de Nîmes : 50 ha en AB depuis 2009. Fanny Boyer Molinié château-beaubois@wanadoo.com : Cuvée Elégance 2008 (Viognier Roussane)

2-    Clos de Nines  34 690 Fabrègues Coteaux du Languedoc 7 ha culture raisonnée Isabelle Mangeart clos.des.nines@free.fr : Obladie 2008 (Grenache blanc, Viognier, Vermentino, Roussane)

3-    Domaine de Roquemale 25 Route de Clermont 34560 Villeveyrac  www.roquemale.com Grès de Montpellier 10 ha en deuxième année de conversion bio. Valérie Tabariès-Ibanez contact@roquemale.com : Roq 2008 (Marsanne, Roussane, Vermentino) AOC Languedoc.

4-    Domaine de Trémières 34800 Nebian Coteaux du Languedoc 60 ha en raisonné non certifié (c’est un choix) Bernadette Rouquette tremieres@gmail.com : Impertinence 2007 Vin de Pays Coteau du Salagou (Chardonnay, Viognier, Sauvignon

5-    Château le Devoy Martine 30126 St Laurent des Arbres Lirac 40 ha agriculture raisonnée en voie de certification Véronique Lombardo scealombardo@wanadoo.fr Via Secreta 2008 (Grenache blanc, Bourboulenc, Marsanne)

6-    Château Unang 84570 Malemort du Comtat www.chateauunang.com Ventoux 20 ha en raisonné et en conversion bio Joanna King bureau@chateauunang.com Adeline 2006 (essentiellement Roussane et Clairette)

7-     Domaine de la Royère 84580 Oppède Luberon www.royere.com 32 ha et Château Husson Chateauneuf-du-Pape 21 ha, Anne Hugues anne.hughes@royere.com « Les Saintes Vierges » 2008 Château Husson Chateauneuf-du-Pape. (80% de Grenache, Clairette, Bourboulenc)

8-    Domaine Nicolas Croze  07700 St Martin de l’Ardèche Côtes-du Rhône www.domaine-nicolas-croze.com 30 ha en culture raisonnée Carine Zago contact@domaine-nicolas-croze.com Cuvée Fleurie 2008 (100% Viognier)

9-    Domaine Saint Amant 84190 Suzette Côtes-du-rhône et Beaumes de Venise 12 ha culture raisonnée Camille Wallut-Nosworthy contact@saint-amant.com La Borry 2008 CdR

10-   Domaine St Justin 84250 Le Thor Côtes-du-rhône 12 ha en reconversion bio Catherine Vogt vogtcatherine@wanadoo.fr Saint Justin 2008 (grenache blanc, viognier, marsanne)    


QUESTION N°26
 : Z

 

-         Z comme Zoé, quel est le nom du domaine d’un banyulenc ami qui baptisé ainsi une cuvée pour  affirmer que le vin, comme le pain, était indissociable de notre culture et de notre amour de la vie, en grec Zoi, traduction de Eve "La Vivante", mère de l'Humanité." ?

-         Z comme Zinfandel, la cuvée Z du domaine de l’Arjolle est-il un Vin de Pays des Cotes de Thongue ou un Vin de Table ?

-         Z comme Zinc, qu’est-ce donc qu’un Zinc ?

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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 00:01

 

Les français de toutes conditions, même s’ils s’en défendent, restent toujours fascinés par la « pompe » du pouvoir. Être reçu par le Ministre en personne constitue une faveur suprême dont les récipiendaires font état dans les salons ou les dîners en ville avec des trémolos dans la voix. Ça en impose aux pékins, aux concurrents, aux relations,  et surtout ça met le Préfet et ses services dans une position inconfortable lorsqu’il s’agit pour eux d’appliquer la loi. Tout ce petit monde se tient par la barbichette avec plus ou moins de force. Du côté des hauts-fonctionnaires le maître mot est avancement, plus précisément le tableau d’avancement. La confection de celui-ci est entre les mains du Chef du Corps : Ponts&Chaussées, Mines, Génie Rural, Eaux&Forêts mais la décision finale revient au ministre, c’est-à-dire dans la majorité des cas à son directeur de cabinet. Celui-ci étant la plupart du temps lui-même issu du sérail des Grands Corps de l’État nos têtes d’œufs sauront être attentifs à ses humeurs et à sa volonté d’arranger des affaires réservées concernant ses amis politiques. L’esprit de sérieux prévaut, ces gens sont d’un triste et d’un convenu fascinant. Leur capacité à avaler des couleuvres est proportionnelle à leur désir de marier compréhension et efficacité sur les dossiers épineux qui sont les plus sûrs gages d’une future nomination en Conseil des Ministres. Les Ministres savent reconnaître les bons domestiques. Ils adorent leur accrocher aux revers de leurs costumes trois pièces des médailles avec de beaux rubans.

À l’hôtel de Roquelaure, deux lieux symbolisaient avec éclat l’exercice de la pompe ministérielle : le salon 105 et le bureau du Ministre. Dans le premier, presque chaque jour, se déroulaient des réunions où, durant des heures – en France les réunions commencent toujours en retard et elles sont très bavardes et très longues – en présence d’une poignée de hauts fonctionnaires convoqués pour soutenir l’argumentation technique, le ou les membres du cabinet en charge du dossier et bien sûr les industriels bétonneurs ou dérouleurs d’autoroutes, les promoteurs venus exposer au Ministre leurs doléances. Le salon majestueux dégouline de dorures qui font flamboyer des boiseries d’époque. Accrochés au plafond où des nymphes potelées batifolent de lourds lustres en cristal tintinnabulent au rythme des vibrations du plancher qui le surplombe. Les séances de travail se déroulent autour d’une imposante table rectangulaire d’où les quémandeurs peuvent voir, s’ils sont placés face au Ministre, le parc, ses pelouses, ses arbres centenaires et ses massifs de roses. Le Ministre se tient toujours à la même place avec à ses côtés sa garde rapprochée elle-même cernée par les représentants des services. Ce premier lieu de contact avec le Ministre est important mais il ne marque aucune proximité personnelle avec lui. En afficher une, trop appuyée, trop ostensible, serait contre-productif. Le jeu à ses codes, tout le monde les respectait. Être reçu dans le bureau du Ministre marquait un réel privilège dont l’intensité variait selon l’heure de la réception. Les visiteurs du soir, qui avaient droit au tête à tête, constituaient l’élite des « amis » ou des « obligés du Ministre.

Le bureau du Ministre, l’ancienne bibliothèque chargée de plusieurs milliers de volumes reliés plein cuir sans aucun intérêt, immense et pompeux avec son mobilier prestigieux, son tableau téléphonique désuet, le combiné blanc de l’interministériel posé à portée de main ministérielle – ligne directe hiérarchisée d’où le Président de la République ou le 1ier Ministre pouvaient à tout moment joindre ses Ministres – ses fauteuils profonds, les photos et objets personnels du locataire posés sur le plateau de la cheminée et le bureau, en imposait. Notre Ministre lui aussi en imposait avec son élégance toute britannique, son air las et supérieur, son intelligence vive et ses coups de sang plus ou moins contrôlés. Ses amis politiques lui prédisaient un bel avenir. Lui, tout en affichant de belles ambitions, savait bien que le vrai pouvoir se nichait chez les industriels et les banquiers. Il venait de la banque privée et il en gardait un certain mépris pour côté poussiéreux de l’Administration. Je crois que la fonction ministérielle l’ennuyait profondément. Mes contacts avec lui se réduisaient à quelques conversations détendues autour d’un verre. Ma distance avec la pompe officielle et le jeu politique lui plaisait mais, intuitivement, il pressentait mon côté sulfureux et il se gardait bien de pousser trop avant ses confidences. Je n’en avais nul besoin car mon porte-flingue d’Espéruche m’alimentait avec une précision toute militaire. Sa fonction d’officier de sécurité du Ministre le plaçait au plus près, dans les voitures ou les avions, de tout ce qui se dit dans ces lieux aux dimensions resserrées. À force de vous côtoyer journellement on vous oublie. Mon dispositif était bien en place restait à trouver un vecteur qui le rende opérationnel. Au début de l’année 1971, sans même que je pris la peine de la chercher, il prit la tête d’un drôle de petit homme, un ami du Ministre, qui vint le rejoindre pour occuper les fonctions de conseiller technique chargé des relations publiques.  

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