Après la vague rose, pas celle de 1981 mais celle du pur rosé authentique fait avec le chant des cigales et au son des galoubets, voilà que ça frise la déferlante. Nous allons bientôt pouvoir surfer sur les vagues roses. En effet, deux poids lourds de l’apéro : Porto Cruz avec son pink et Martini avec son rosato viennent de virer au rose. Comme y fait chaud, lourd même, et que je n’ai pas envie de me décarcasser, je vais me contenter de vous citer les concepteurs du produit.
« Plus féminin, plus jeune et plus accessible en goût, la version rosée de Cruz doit apporter un caractère innovant au leader du porto. A l’origine d’un nouveau segment puisqu’il n’existe quasiment pas d’offre de porto rosé, du moins en GMS, Cruz Pink se veut frais, floral et léger. La formule tranche avec les traditionnels tawnies avec leurs saveurs de fruits secs pas toujours appréciées par les nouvelles générations.
Par ailleurs, Cruz Pink se positionne dans un registre résolument féminin. Sa bouteille à l’étiquette transparente est ornée du dessin d’une fleur et dotée d’un macaron de col et d’un cartouche de couleur fuchsia. « Nous avons choisi de cibler les femmes même si le marché du porto en général a déjà tendance à être féminin », commente Anna Luc, directrice marketing de La Martiniquaise. » Rayons Boissons.
« Le Martini Rosato incarne par sa couleur et son odeur la douceur des épices (girofle et cannelle) et des agrumes. Contrasté il est à la fois franc et intense, doux et corsé » sur le site Martini.
Cet engouement me laisse dubitatif. En effet, voir débouler ainsi deux marques fortes sur le trend d’une tendance initiée par le vin rosé, phénomène inédit dans l’univers des boissons apéritives, dénote soit que le mouvement dépasse le simple effet de mode et s’ancre, soit qu’au contraire nous entrons dans une phase de saturation qui va plomber la belle envolée des produits roses. Bien évidemment je ne dispose d’aucun moyen pour trancher. Ce que je note, et ça me semble indéniable, c’est que l’emballement des jeunes pour le rose, sans distinction de sexe, est le fils ou l’enfant des soft-drink. Le cool, le light et la légèreté supposés de cette couleur que l’on tire de plus en plus vers des tons pastels pâles, cadrent bien avec le basculement des boissons d’adolescence vers celles de l’âge adulte. Ce qui est étonnant c’est que ce soft lié à la couleur semble être en parfaite contradiction avec les pratiques hards des boissons TGV : téquila-gin-vodka ou les mélanges à haut potentiel de shoot très en vogue auprès des populations concernées. Beau terrain d’études pour nos petits génies du marketing.
Moi, brave artisan, afin de faire barrage au futur Coca Cola rose qui ne va pas tarder à surfer sur la vague rose , je vous propose un must transgressif : le rose limé. En ces temps moites je me désaltère en coupant un Rosado 2008 Dominio Los Pinos, pur grenache, AB, avec de la limonade Lorina Victor Geyer double zest Bio. Péché mortel ! J'aime pécher. C’est very good, Vérigoud comme le disait la publicité dans ma jeunesse sous la palette de Savignac…