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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 00:00

 

Encore un monsieur vin né sous X que je me suis dit en contemplant les murs de Paris au mois d’août couverts de rosé, un rosé bien pâlichon d’ailleurs. Même si les Decaux sont à la baisse pour cause de migrations estivales des acheteurs et des buveurs faut quand même avoir quelques sous dans la caisse pour nous balancer à tous les coins de rue la bobine de ce Jean Valestrel qui se dit né quelque part. En Provence ça c’est sûr mais, un peu marri de mon ignorance, ça me turlupinait d’être ainsi piégé et de na pas savoir d’où il sortait. Pas de la cuisse de Jupiter, ça j’en étais sûr. Mais comme il ne faut jamais désespérer je me suis dit qui me restait plus qu’à espérer. Le hasard ! Samedi soir j’ouvre ma boîte électronique et j’y découvre une demande de recherche de personne : « Bonjour, pourriez-vous me dire s’il existe toujours du vin rosé Baptistin Caracous ? C’est un ami qui le recherche depuis longtemps, qui habite Cahors et à qui nous aimerions lui ramener. Merci de me tenir au courant, bien cordialement à vous. » Je n’invente rien. Ni une, ni deux je me précipite sur le site de la Société  des Vins de France pour voir si ce pauvre Baptistin est toujours de ce monde ou a rejoint le royaume des défunts ?

Et là que découvris-je ? Le dénommé Jean Valestrel, Côtes de Provence Cuvée Prestige, vinifié bien sûr de façon traditionnelle (y’en auraient-ils qui ne le seraient pas ?) issu d’une sélection des cépages typiques du lieu par le maître de chai de la maison (comment qui s’appelle lui, sans doute pas Jean Valestrel !) : le Grenache pour lui donner rondeur et puissance ; la Syrah pour la couleur pétale de rose et les arômes de violette et de réglisse ; le Cabernet Sauvignon pour lui conférer sa structure et son équilibre ;  le Cinsault pour les notes fruitées et florales. Vraiment l’a tout ce gars-là. C’est un gars comblé de toutes les qualités. En plus l’a des vignes ce rupin : «  Situées à Vidauban, les vignes de Jean Valestrel bénéficient d’une situation géographique exceptionnelle : elles s’étendent au pied du massif des Maures de l’Esterel à quelques kilomètres de la mer, au milieu des bruyères et des pins parasols. » Alors ce Valestrel ce serait t’y pas le président de la Cave Coopérative de Vidauban ? Oui « la Vidaubanaise », qui est une Union de Producteurs ? Mais non, j’ai tout faux parce que son président se nomme Max Alberto. Tout faux ! Comme je suis un maniaque de l’info, j’ai investigué et j’ai découvert que la maison mère de la SVF : Castel vinifiait les raisins de son propre vignoble dans une belle winerie à Vidauban, chemin de Mariafrance.


Peu importe le patronyme, ce brave Jean Valestrel rejoint la cohorte des JP Chenet, Augustin Florent, et autres obscurs barons de pacotille qui se sont dévoués pour la cause du vin. Nos petits gars de la SVF ce sont des astucieux, ils profitent de l’effet d’aubaine pour surfer sur la toute nouvelle notoriété du rosé de Provence « authentique » issu du combat titanesque mené par les gardiens de la pureté rituelle contre « l’hydre européenne ». Même qu’y mentionnent sur l’étiquette : « vinifié en Provence » pour bien montrer que cette cuvée de prestige elle a des racines au pays de Giono et Mistral (question : peut-on vinifier des Côtes de Provence hors de l’aire ?) Pour rajeunir « ce p’tit gars qu’avait pas de papa qu’avait pas de maman » (Pierre Vassiliu) nos SVF boys lui ont offert un lifting. C’est l’agence Crépuscule basée à St Ouen dans le Neuf-trois www.crepuscule.fr qui s’y ai collé. C’est de la belle ouvrage, sans grande originalité. Le Valestrel est aussi bien habillé : une étiquette avec tous les codes graphiques de la Provence : le mas, le pin parasol et la fontaine. Pour faire chic et rare, sur un bandeau doré indication qu’il s’agit d’une Cuvée Prestige avec numéro de la bouteille : pour moi 183 868 (ça fait quand même grande série). Donc tout ça c’est du bon boulot de marketeur, toutefois y’a un truc qui me chiffonne : pourquoi avoir enterré ce bon vieux Baptistin Caracous ? Lui ce n’est pas un inconnu j’ai retrouvé facilement sa trace puisqu’il a écrit en 1981, à compte d’auteur, un « guide de la Provence insolite ». Très franchement, Baptistin Caracous ça fleure bon la Provence, ça sonne authentique, alors que Valestrel ça fait un peu mièvre du genre Ménestrel en chausses gratouillant une viole de gambe, rose pâle un peu toc de chez toc, qui n’est là que pour une rime très Jean Ferrat.


Bon, vous allez dire que je pinaille mais faut bien que je me décarcasse pour animer le fonds de rayon bien assoupi ces derniers temps puisque nos négociants boudent les achats parce qui disent que vous ne buvez pas assez de jaja. Alors, pour animer les ventes, faire que nos petits gars de la SVF ne se soient pas fendus d’une campagne pour des clopinettes, je vous propose chers lecteurs, tous éminents dégustateurs, de devenir acteurs d’une opération inédite : jauger ce Jean Valestrel sur l’échelle des rosés authentiques des Côtes de Provence.

1°  Emplette d’un flacon de Jean Valestrel, moi ce fut à Monoprix 4 euros 50. (vous pouvez vous grouper pour amortir la dépense) ;

2° Vous préparer mentalement à la dégustation : lire http://www.berthomeau.com/article-34184898.html

3° Déguster selon les grands principes : lire http://www.berthomeau.com/article-34187704.html

4° Jauger : ce qui ne signifie pas juger mais placer cette cuvée de prestige sur l’échelle de Richter (de 1 à 7) de l’authenticité, telle qu’elle a été définie par les grands prêtres du rosé pur (mon raisonnement est simple : ce Valestrel se situe de part son positionnement et les volumes vendus au cœur du tonneau provençal).

5° Me faire parvenir votre chiffre, avec ou sans commentaires, par le canal que vous choisirez : soit public via la rubrique commentaires du blog, soit privé via mon e-mail berthomeau@gmail.com ou la rubrique CONTACT en bas du blog.

Merci de votre collaboration future qui permettra d’œuvrer dans un domaine peu exploré : celui de la dégustation des vins grand public.

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commentaires

J
<br /> <br /> Je vois un article sur le rosé de provence Jean Valestrel et que vous demandez de le gouter. En effet, la seule chose qui est demandé au vin est bien de réjouir la bouche (ou l'esprit) et<br /> seulement ensuite la tête. Donc je l'ai gouté : il est très bon ! Pour sa gamme de prix, il n'y a rien à dire, ou putôt si : allez-y, régallez-vous. Vin fin, élégant, vif, aux gout de bonbon<br /> anglais comme on adore, un peu fumé, fruité. Que demandez de mieux pour un peu plus de 4 euros ? Voilà mon test : à partager avec quiconque !<br /> <br /> <br /> Salut !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
N
Ah, Baptistin Caracous, il avait au moins une gueule! Qui ne trompait pas... Ce qui m'étonne dans cette histoire c'est que rien ne semble indiquer sur l'étiquette le statut de Jean Valestrel. Mais il y a sûrement une contre-étiquette.  
Répondre
J
<br /> Jean Valestrel est une marque déposée<br /> <br /> <br />

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