Les établissements Nicolas, en 1927, ont publié sous la plume de Louis Forest : l'Art de Boire illustré par les dessins de Charles Martin.
Le préambule prend la forme d'une exorde :
Un proverbe enseigne :
« Quand le Vin est tiré, il faut le boire »
Cette maxime est lamentable.
Elle n'est point due à l'inspiration d'un cerveau fin guidant une pensée fine, par l'intermédiaire d'une fine bouche.
Un gourmet eût écrit :
« Quand le Vin est tiré, il faut savoir le boire ! »
Et de définir : Le buveur civilisé
Cette distinction est tout un programme d'humanité supérieure. Elle révèle une puissante différence de classe entre le buveur banal qui ingurgite, engloutit, lampe, et l'homme de goût qui déguste avec tendresse quelque chef d'oeuvre de la nature vineuse, en échangeant, avec des amateurs dignes de cette confiance, les estimations, les comparaisons qui, surexcitant les forces nerveuses des papilles, représentent un acte de jugement !
Voilà une belle illustration de la « lutte des classes », l'acte fondateur de l'opposition entre les amateurs et le vulgum pécus, opposition qui perdure sous d'autres formes, l'enfermement du bien boire dans un cérémoniel réservé aux initiés, un acte simple du bien vivre érigé en jugement. Il n'empêche que les illustrations - fort représentatives du bourgeois amateur de vin - sont de belles factures.