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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 00:09

J’ai le goût du paradoxe. Ce matin en un raccourci saisissant je pars de la Tour d’Argent pour associer le Canard de Challans aux navets du Pardailhan. Comme vous le savez peut-être, la recette du canard au sang, qui est aujourd'hui la spécialité de La Tour d’argent, fut inventée en 1890 par Frédéric Delair. Les canards, élevés dans les marais de Challans, sont tués à huit semaines par étouffement, ce qui leur permet de garder tout leur sang. Chaque canard est numéroté et l'on remet à chaque convive une carte à signer. Challans c’est le Marais Breton, celui de la Terre qui Meurt de René Bazin, en Vendée bien sûr.  04-canardier.jpg

Le Navet du Pardailhan – du, pas de – est un légume oublié remis au goût du jour, un navet noir Lo Nap en languedocien. Sa qualité est reconnue depuis le 18ème siècle. Il est cultivé sur le plateau du Pardailhan entre Saint Chinian et Saint Pons. « Aujourd’hui, de jeunes producteurs prennent la relève d’une culture confidentielle pour relancer la consommation de ce produit rare et ancien. Il évoque justement pour beaucoup la douceur de l’enfance... Tendre et délicat, son goût rappelle la noisette ou le pignon.

Le Navet du Pardailhan se récolte en automne et en hiver, profitez-en maintenant Il doit toujours être taillé en long, dans le sens des fibres. On le mange cuit, froid en vinaigrette, ou chaud en ragoût, velouté ou confit.

L’association des producteurs des Navets du Pardailhan est née il y a une dizaine d’années et compte aujourd’hui 18 exploitants. »

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Je ne vais pas vous faire l’injure de vous donner la recette du canard de Challans aux navets du Pardailhan : ce n’est inscrit Françoise Bernard ici – ne pas confondre avec Catherine Bernard de Saint-Drézéry http://www.berthomeau.com/article-catherine-bernard-vigneronne-a-saint-drezery-referencee-a-paris-a-la-contre-etiquette-55645098.html– mais vous demander d’aller faire votre marché le 

Samedi 27 novembre 2010, le Marché d’Hiver de la Maison des Vins du Languedoc au Mas de Saporta à Lattes (Montpellier) sera l’occasion de découvrir ou redécouvrir le Navet du Pardailhan, star de la saison

Du marché d’hiver...

Etalage de saison autour d’une quinzaine de producteurs qui présentent le meilleur du terroir des alentours : Ail Rose de Lautrec, Safran du Tarn, Lentille Blonde de Saint Flour, Pélardon du Larzac, Miel du Pardailhan, Noix du Haut Quercy... Et bien sûr, le Navet du Pardailhan, guest star de la journée. A leurs côtés les vignerons des AOC Languedoc, «Terrasses du Larzac», «Pic Saint Loup», «Grés de Montpellier», «Pézenas», «La Clape» et des AOC Saint-Chinian, Faugères, Muscat de Saint Jean de Minervois. De quoi repartir avec un panier à faire fondre les gourmands...

 

...A la dégustation

L’entrée est gratuite et ouverte à tous. Des assiettes de dégustations sont servies entre 13h et 15h et un dîner «tout navet» clôture la journée. Les gourmets en quête de saveurs oubliées sont à la fête. Dans l’après midi, un atelier du goût est proposé par l’association Slow Food France, pour tout savoir sur le Navet L’association, militante pour la sauvegarde des aliments traditionnels, a crée un projet de sauvegarde et de relance du Navet Noir du Pardailhan

 

Bref, une fois que vous aurez rempli votre panier de toutes ces merveilles languedociennes il ne vous restera plus qu’à trouver le palmipède challandais pour régaler vos convives. Pas facile me direz-vous ? Certes, mais j’ai une suggestion à faire à nos amis du Sud, adeptes de Slow Food : vous avez qu’à inviter Thierry Michon du Domaine Saint-Nicolas à Brem sur Mer www.domaine-saint-nicolas.com . C’est un vigneron biodynamique donc un gars qui vous va comme un gant les gars. Comme ça il vous apportera les canards de Challans et des flacons de Fiefs Vendéens 

 

- Le Haut des Clous Brem blanc 2007 est remarquable

- La Cuvée Jacques Brem rouge 2006 s’impose en mon honneur.

 

Ainsi, un beau trait d’union, une splendide diagonale reliera le Mas de Saporta à ma Vendée natale, célébrant l’union de deux pays que tout sépare. Le génie du vin ne se nicherait-il pas dans ce type de partage ? Essayez-donc !

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 08:00

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Ma légèreté blâmable bien connue de vous, ma faculté de m’extasier si facilement face à la rouerie d’un Fabrice Luchini, mon art de faire accroire que je suis membre de la corporation des longs nez qui savent déguster, mon âge pré-canonique et mon goût prononcé pour les belles nippes et les belles tout court, pourraient me faire classer comme chroniqueur mondain tout content de côtoyer les peoples bling-bling qui prennent si bien la lumière des sunlights. Au risque de vous décevoir  je ne vais pas à la Vente des Vins des Hospices de Beaune avec mon écharpe rouge carignan rien que pour faire le gandin mais pour humer le doux parfum de l’économie des vins de Bourgogne. Les mondanités j’ai déjà beaucoup donné par le passé alors je les fuis leur préférant les agapes amicales   http://www.les5duvin.com/article-corton-bressandes-grand-cru-1949-un-jeune-homme-en-pleine-forme-61496116.html Bref, ma venue en terre bourguignonne s’apparente plus à une descente d’Hercule Poirot pour enquêter – un belge bien sûr – qu’à une visite princière de Stéphane Bern ou une minauderie d’un Henry-Jean Servat (pour plus de précisions sur la « Profession chroniqueur mondain » lire ALAIN REMOND Samedi 31 Mars 2007 http://m.marianne2.fr/index.php?action=article&numero=167934 L1000034.JPG

Je m’explique : la Conférence de Presse du dimanche matin, dans la magnifique et frigorifique salle des Pôvres de l’Hospice de Beaune et son très bon dossier éonomique Marchés et développement des vins de Bourgogne : le temps de la reprise www.vins-bourgogne.fr , n’a rien à voir avec de quelconques mondanités. Au risque de me faire mal voir de mes confrères estampillés journalistes, son contenu devrait appeler des questions bien plus pertinentes et documentées que celles que j’ai entendues lors de la dernière édition. Ma remarque ne s’applique pas aux questions posées dimanche par les jeunes intervenantes coréennes et chinoises mais à celles des français. Le rituel est bien rodé, bien huilé, ponctué par les interventions fortes intéressantes de Louis-Fabrice Latour au nom du négoce bourguignon et de Pierre-Henri Gagey pour l’interprofession. Je n’écris pas cela pour les flatter mais parce que leurs propos, frappés au coin de la connaissance fine de leurs clients, de leurs marchés, permettent de bien décrypter la conjoncture et d’anticiper les tendances. En effet le suivi de l’évolution et des tendances de la vente des vins de Bourgogne tant sur le marché domestique 56% que sur les grands marchés extérieurs : USA, RU, Japon... constitue pour moi un bon baromètre de la conjoncture mondiale du commerce des vins.  L1000040.JPG

Je ne vais pas reprendre ici dans le détail l’analyse développée par Louis-Fabrice Latour mais simplement souligner le diagnostic qu’il avance d’un retour « à la normale » pour la fin du 1ier semestre 2011. L’important et il faut le souligner c’est le constat fait par Louis-Fabrice Latour sur le marché de l’Europe Continentale qui, à l’image du marché français, a tenu bon, s’est révélé dans la tourmente un îlot de stabilité. La pertinence de la notion de marché domestique de l’UE continentale devrait à mon sens être mieux étudiée et analysée par nos têtes d’œufs. En ce sens la Bourgogne, avec son négoce très impliqué dans le vignoble, vecteur de notoriété par son portefeuille de clients, constitue une sorte de laboratoire pour le positionnement des vins français sur les marchés en développement. La clarification de notre offre nationale passe non par des débats juridiques ou philosophiques fumeux mais par l’appréhension fine des synergies et des complémentarités des gammes régionales de nos principaux opérateurs.

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L’intervention de PH Gagey sur le marché chinois illustrait parfaitement cette approche. La Chine de part la dimenssion de son marché, son taux de croissance à deux chiffres, excite tous les appétits. Encore faut-il que ces appétits ne se fourvoient pas dans des non-politiques commerciales c’est-à-dire dans le déversement de volumes à prix cassés. La France, via la notoriété des GCC de Bordeaux – les Crus Bourguignons sont encore peu connus de l’élite chinoise fascinée par les paillettes et les hauts prix bordelais –, a une très bonne image en Chine qu’elle risque de sérieusement écorner en occupant le segment le plus bas du marché avec la vente de Bordeaux à prix discount. En l’occurrence c’est bien sûr moi qui parle, PH Gagey lui a très justement insisté sur la priorité pour l’offre bourguignonne d’occuper le segment intermédiaire de 8 à 10 euros, celui des vins qui prendront le relais des icones lorsque la classe moyenne chinoise arrivera à maturité après avoir consommé en priorité des vins chinois ou prétendus tels. Là encore, la sagesse bourguignonne, son approche « modeste » et terrienne, devraient faire réfléchir d’autres régions françaises qui avec des pratiques tarifaires dignes du plus bas que bas de notre marché domestique risquent de « pourrir » l’image des vins français sur le marché chinois.

 

La petite musique discrète du négoce bourguignon se doit d’être écoutée avec attention car ma vieille expérience des instances nationales m’ont appris qu’il y exerce une influence, là encore discrète mais certaine. Bien plus que la flamboyance bordelaise un peu déconnectée du ventre du marché mondial, pratiquant le grand écart entre des prix stratosphériques et des prix de misère, le négoce bourguignon avance pas à pas en prenant soin de ne pas déséquilibrer ses marchés traditionnels par des prix trop liés à la spéculation des nouveaux riches. Reste tout de même pour lui, au travers de la Grande Bourgogne en reconstruction, à cultiver une offre un peu plus volumique, plus proche des primo-consommateurs des classes moyennes des pays émergents. Sur tous ces sujets, capitaux pour l’offre de nos grandes régions, je ne peux que regretter l’absence d’un lieu de réflexion stratégique où les opérateurs, quelle que soit leur taille, opérant sur les grands marchés pourraient, en dehors des instances syndicales, en une forme de club, confronter leurs pratiques. Et si nous réactivions « Sans Interdit » ?

 

Dernier point pour le petit monde de la blogosphère souvent en proie aux interprétations parfois excessives : depuis 2 ans, comme l’a souligné LF Latour la déconnexion entre les prix de la vente des vins des Hospices de Beaune et ceux du marché semble bien installée... Voilà c’est écrit ! Comme quoi il est possible de faire son travail de chroniqueur dans la joie et la bonne humeur, encore faut-il se départir de l’à peu près et des lieux communs brassés par des gens qui ont, soit le nez exclusivement dans leur verre, ou qui passent par là parce qu’il y a de la lumière « Bordeaux, vous avez dit Bordeaux... mon petit gars... » sacré Fabrice Luchini tu sais prendre la balle au bond tel un pelotari basque escaladant le mur à gauche...

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 00:09

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Depuis 2007 j’examine avec attention le Top 100 du Wine Spectator's car, au-delà du côté un peu vain de ce type d’exercice si ce n’est en termes de buiseness, il est révélateur de l’état d’esprit de nos grands voisins américains :

- 2007 Cocorico ! Le Clos des Papes number one du Top 100 de Wine Spectator's http://www.berthomeau.com/article-14371516.html

-Petites notations sur les notes du Top 100 de Wine Spectator's http://www.berthomeau.com/article-14382998.html

- 2008 Le Top de Wine Spectator's 2008 in Technicolor : la France tient son rang http://www.berthomeau.com/article-25042080.html

- 2009 L’effet Madoff sur le Top 100 2009 du Wine Spectator's : la bulle se dégonfle grave !http://www.berthomeau.com/article-l-effet-madoff-sur-le-top-100-2009-du-wine-spectator-la-bulle-se-degonfle-grave--40630519.html

 

Pour 2010 les données brutes du classement sont révélatrices d’un réel repli sur soi, l’isolationnisme doctrine si prégnante aux USA en temps de crise : 44 vins locaux (le dessin ci-dessus est d'Avoine dans  le Monde : la case de l'oncle Sam). La France avec 19 vins fait mieux qu'en 2009 (17) mais reste loin de ses scores de 2008 (31) et 2007 (17). L'Italie chute brutalement : 9 vins au lieu de 19 en 2009. 

 

Le 1ier est étasunien : Saxum James Berry Vineyard paso Robles 2007 /98/ 67$ http://www.saxumvineyards.com/

 

Dans les 5 premiers : 4 USA et 1 Australie second

Dans les 10 premiers : 5 USA, 2 Australie, 1 Portugal, 1 Italie, 1 France (10ième) Clos des Papes blanc 2009.

Dans les 20 premiers : 14 USA, 2 Australie, 2 Portugal, 1 Italie, 1 France.

Dans les 50 premiers : 29 USA, 2 Australie, 3 Portugal, 6 Italie, 4 France (Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2007, Domaine le Colombier Vacqueyras Cuvée G 2007, Château de Flaugerges Coteaux du Languedoc La Méjanelle cuvée sommelière 2007), 3 Espagne, 2 Nouvelle-Zélande, 1 Hongrie.

 

De 51 à 76 : 20 USA, 6 France (Godemé Père&Fils Brut Champagne Réserve, Christian Moreau père&fils Chablis les Clos 2008, Didier Dagueneau Pouilly-Fumé silex 2007, Trimbach Riesling Alsace Réserve 2008, Domaine les Pallières Gigondas Terrasses du Diable 2007 et J-C Pichot Vouvray domaine Le peu de la Moriette 2008), 2 Italie, 4 Espagne, 2 Australie, 3 Argentine, 2 Allemagne, 1 Autriche et 1 Chili.

 

De 77 à 100 : 10 USA, 9 France (Perrin&Fils Gigondas la Gille 2007, Château de Lascaux Coteaux du Languedoc 2008, St.Cosme Côtes du Rhône 2009, Domaine Leflaive Puligny-Montrachet Clavoillon 2007, Louis Jadot Moulin à Vent Clos des Jacques 2009, Château de la Greffière Mâcon La Roche vineuse vieilles vignes 2008, Château Rollan de By Médoc 2008, Bouchard père&fils Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot domaine 2008, Domaine Tempier Bandol rosé 2009) 2 Argentine, 2 Espagne, 1 Allemagne, 1 Italie, 1 Autiche, 2 Chili, 1 Grèce, 1 Afrique du Sud (100ième)

 

Donc 44 vins US pour 46 UE (19 France, 9 Italie, 9 Espagne, 3 Portugal, 3 Allemagne, 2 Autriche et 1 Grèce) ce qui presqu’équivalent aux proportions habituelles mais les vins européens sont très mal classés.

 

Pour les autres pays pas de grands changements si ce n’est l’Argentine qui place 5 vins (66ième, 68ième, 74ième, 82ième et 90ième) et le Chili qui se retrouve lui aussi dans les profondeurs du classement (56ième, 89ième et 92ième). Enfin l’Australie avec 4 vins est peu présente mais avec un bon classement (2ième, 7ième, 55ième et 63ième)

 

Place moyenne des 3 premiers vins par pays :

- USA : 2,66

- Portugal 15

- Italie 21

- Australie 21,3

- France 28

- Espagne 36

- Argentine 69

- Allemagne 69,3

- Chili 79

 

¨Pour notre beau pays exit les châteaux de Bordeaux à l’exception de Rollan de By Médoc 2008 qui avec sa 96ième place 96 30$ sauve l’honneur.

 

La vallée du Rhône avec 6 représentants:

- Le Clos des Papes Châteauneuf du Pape blanc 2009 10ième 95 100$

- Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2007 35ième 99 535$

- Domaine le Colombier Vacqueyras Cuvée G 2007 39ième 92 24$

- Domaine les Pallières Gigondas Terrasses du Diable 2007 67ième 92 28$

- Perrin&Fils Gigondas la Gille 2007 78ième 92 35$

- St.Cosme Côtes du Rhône 2009 88ième 90 20$

 

La Grande Bourgogne tient son rang en nombre avec 5 représentants :

- Christian Moreau père&fils Chablis les Clos 2008 59ième 95 75$

- Domaine Leflaive Puligny-Montrachet Clavoillon 2007 91ième 94 145$

- Louis Jadot Moulin à Vent Clos des Jacques 2009 94ième 90 18$

- Château de la Greffière Mâcon La Roche vineuse vieilles vignes 2008 95ième 90 18$

- Bouchard père&fils Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot domaine 2008 98ième 92 61$

 

Le Languedoc tire son épingle du jeu avec 2 représentants bien classés avec des prix doux :

- Château de Flaugerges Coteaux du Languedoc La Méjanelle cuvée sommelière 2007 50ième 91 17$

- Château de Lascaux Coteaux du Languedoc 2008 85ième 91 16$

 

La Loire avec 2 représentants fait bonne figure :

- Didier Dagueneau Pouilly-Fumé silex 2007 60ième 94 125$

- J-C Pichot Vouvray domaine Le peu de la Moriette 2008 76ième 90 16$

 

Reste le Champagne avec Godemé Père&Fils Brut Champagne Réserve 53ième 93 52$ l’Alsace avec Trimbach  Riesling Alsace Réserve 2008 62ième 92 25$ et la Provence avec le rosé Domaine Tempier Bandol 2009 99ième 91 35$.

 

Le vin le plus cher reste français : Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2007 35ième 99 535$

 

9 vins ont un prix supérieur ou égal à 100$ 5 américains, 1 italien et 3 français : le plus cher cité, Domaine Leflaive Puligny-Montrachet Clavoillon 2007 91ième 94 145$ et Didier Dagueneau Pouilly-Fumé silex 2007 60ième 94 125$

 

29 vins ont un prix inférieur ou égal à 20$ :

- 6 USA

- 6 Espagne

- 5 France

- 3 Italie

- 2 Allemagne

- 2 Argentine

- 1 pour Australie, Grèce, Chili, Autriche

 

Le vin le moins cher est Australien 11$ d’Arenberg The Stump Red South Australia 2008.

 

Voilà pour cette année... mon interprétation du classement est peut-être contestable mais elle reflète mon premier sentiment lorsque je l’ai parcouru et je m’en suis tenu à cette ligne de conduite.

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 00:09

Ne frétillez pas bande de coquins, ici je ne parle que de vin et mon ex-reine de beauté n’exhibe pas ses charmes sur des podiums elle se contente de poser son cul sur le haut d’une banale étagère d’un magasin de hard discount parisien dans le 15ième arrondissement.

 

Le hasard est souvent mon meilleur allié, en effet mardi dernier sortant de mon bureau je me suis dit que j’allais traverser la rue de Vaugirard pour aller fourrer mon nez chez ED pour voir si les rouges qui bougent, ceux du Roussillon, y étaient en rayons. Sans être mauvaise langue et vouloir faire des rapprochements osés, c’était le bordel total : des cartons entravaient les allées, des épluchures de légumes jonchaient le pavé... J’accédais donc avec difficulté au rayon pinardier pour n’y découvrir qu’un vulgaire rosé roussillonnais à 1,70 € embouteillé par un drôle d’oiseau qui fait des Trilles. Comme dans l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide j’étais à la fois déçu et content de voir qu’aucun rouge roussillonnais ne se trouvait dans ce type de maison de basse extraction.

photo-ED2.jpg 

C’est alors que mon œil acéré est tombé sur le joli minois de l’ex-reine de beauté dont je vous ai parlé. Vous me connaissez j’en fus tout bouleversifié. Beau corps élancé, svelte, habillage sobre, beau médaillon gravé, superbe origine... mais que venait-elle faire dans cette galère cette belle dont je tairais le nom. Oui, après mure réflexion, j’ai décidé de vous conter mon histoire sans dévoiler l’identité de l’ex-reine de beauté car l’important ce n’est pas elle mais le miroir aux alouettes des concours.  photo-ED1.jpg

Je m’explique, le médaillon fort alléchant, la médaille d’argent, silver métal, apposé sur la poitrine de la belle faisait référence au Concours des féminalise de Beaune 2009. J’avoue mon ignorance crasse, et pourtant je me pique d’être bien informé, j’ignorais jusqu’à l’existence de cette manifestation. Rentré at home je sollicitais Google et je tombais sur www.feminalise.com

 

« Concours exclusivement réservé aux femmes. »

 

Les dégustatrices professionnelles et oenophiles du concours des Féminalise sont réunies une fois par an pour déguster les Vins de France. Elles attribuent la distinction Féminalise Or, Argent ou Bronze à seulement 1/3 des vins présentés.   Les femmes sont devenues amatrices du vin, 45 % d’entre elles en consomment.

En France, 78 % des femmes achètent le vin en grande surface, en Allemagne 70 % et aux Etats-Unis 80 %.

 

Ne dit-on pas que les femmes ont l’art et possèdent le talent de savoir déguster le vin ?

 

N’est-il pas vrai que les résultats des dégustations féminines participent à l’évolution du goût du vin ?

 

20 ans d’expérience d’organisateur de Concours de vins, ont permis à Didier Martin de constater l’impact économique des femmes sur le monde du vin. Il a eu donc cette idée originale de créer Féminalise :

 

Le concours des Féminalise est ouvert à tous les vins de France

AOC-AOVDQS-VDP (blanc/rosé/rouge et effervescent) de viticulteurs, viticultrices, caves coopératives, négociant(e)s.

 

Chaque vin est dégusté par 3 femmes placées à des tables éloignées.

 

18 vins environ sont dégustés pour stimuler l’excitation de tous les sens, sans fatiguer le palais.

 

Les vins présentés et servis par des sommeliers sont dégustés à l’aveugle, les bouteilles glissées dans des chaussettes opaques de couleur pour cacher l’étiquette.

 

Chacune déguste un vin différent de sa voisine, il n’y a donc ni commentaire ni influence mais le silence total, la concentration et l’harmonie pour un résultat optimal.

 

Commentaires d’un homme qui aime les femmes:

 

Voilà bien une idée d’homme mais si des femmes se prêtent au jeu je n’ai rien à reprocher au concept s’il participe à l’extension du domaine du vin. Ce qui m’intéresse en la matière c’est la crédibilité des résultats d’une telle compétition. Dans la mesure où je ne dispose d’aucun élément sur les juges – est-ce important d’ailleurs ? – puisque l’organisateur ne donne aucune précision sur elles, ce qui m’intéresse c’est la représentativité des lauréats dans leur région, appellations ou dénominations, couleur... Là aussi, ne disposant que des chiffres globaux ci-dessous pour l’année de référence de ma reine de beauté : 2009, la profusion de médailles laisse songeur. En effet, ce qui serait probant c’est de mettre en évidence face à la médaille d’argent de ma compétitrice le nombre de compétiteurs ou compétitrices qu’elle a affrontée. Je sais que l’organisateur va me rétorquer que les médailles sont décernées dans l’absolu pour les qualités intrinsèques du produit et non dans une compétition entre des vins d’une même appellation ou dénomination ou région ou couleur. Un peu de transparence ne nuirait pas tout de même et la publication sur le site de statistiques anonymes sur la provenance des vins donnerait une image un peu plus réaliste de la situation. 751 médailles c’est quand même de l’inflation.

 

Beaune, le 23 avril 2009

Concours présidée par Macha Meril, actrice, écrivain.

 

2350 échantillons de toute la France

350 dégustatrices

31% des vins sélectionnés

 

225 Médailles d'or

310 Médailles d'argent

216 Médailles de bronze

  

Reste un dernier détail qui m’a fait garder l’anonymat sur la détentrice de la médaille d’argent : le prix. En effet, comme je suis un fouineur je suis allé voir les détails la concernant sur le site et j’ai pu constater que le prix de référence était affiché comme étant > à 10 €. Un beau prix donc mais assez en adéquation avec la notoriété de ce cru d’une appellation des Côtes du Rhône. Mais c’est là que mon titre se justifie puisque que chez ED je l’ai acheté 4,59€, sacrée décote, non ! Mais comme me le faisait remarquer mon ami Yannick, jeune acheteur de vins pour la GD, pour un certain public une médaille ça fait vendre. Tant mieux donc mais là je trouve que le malaise s’installe, ça me gêne de voir exhiber des médailles qui, sans être en chocolat, me semble tout de même distribuée avec une certaine facilité à grande brouettée...

 

Mais pour ne pas me faire taxer d’atteinte au droit des femmes à déguster des vins – étant quand même entendu que mes remarques s’appliqueraient à un concours réservé aux hommes – je vous offre en bonus l’hommage de Julio Iglesias...

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 10:26

Ayant connu Coluche lors de la création des Restos du Cœur je suis sûr qu’il aurait mouillé le maillot, même à la Vente des Hospices de Beaune, pour son association. Sur le principe même de cette vente de charité toutes les opinions sont admissibles mais, que je sache, les enchérisseurs sont, par construction, des gens qui en ont les moyens. Donc, soit l’on condamne ou l’on désapprouve et l’on n’y va pas ; soit, comme moi, qui ne suis pas particulièrement séduit par le charity Buiseness, l’on se risque à traduire son ressenti de cet exercice. Une petite précision technique : le tonneau de cette année : 500 litres était d’une contenance double de celui mis en vente d’ordinaire pour marquer le 150ième anniversaire donc ça ramène l’enchère à la hauteur du record précédent. Pour alimenter la réflexion, sortir du pur commentaire, je vous propose un beau texte de  Pierre de Jean Olivi franciscain du Languedoc né à Sérignan en 1248, à propos du nécessaire et du superflu.

 

« L’excès dans l’utilisation des choses doit être évalué en fonction de la diversité des choses utilisables. En effet, il en existe certaines, dont nous avons abondamment et fréquemment besoin, qui peuvent être aisément conservées et qui de fait le sont habituellement, comme par exemple le pain et le vin. Il y en a d’autres dont nous avons fréquemment besoin en quantité modérée, mais qui ne peuvent être conservées aisément et que l’on peut obtenir que par leur génération continuelle comme, par exemple, les produits du potager. Il existe également des choses dont nous n’avons besoin que rarement et en petites quantités, comme l’huile et les céréales. Et puis il y a les choses dont la conservation, plus que celle de beaucoup d’autres, revêt un caractère de richesse, et contraste, même du point de vue des laïcs et selon l’usage commun, avec la privation propre à la pauvreté : il s’agit de la conservation du grain dans les magasins et du vin dans les caves, et non celle de l’huile et du bois, à moins que l’huile n’équivaille en quantité et en prix au blé et au vin »

 

Bernard de Clairvaux condamnait l’opulence en tant que blocage improductif des ressources et en tant que spectacle dont l’objectif était d’augmenter les recettes des seigneurs qu'ils thésaurisaient.

« Il y a une certaine adresse à semer l’argent qui le multiplie ; on le dépense pour l’augmenter, et la profusion produit l’abondance. La vue de ces vanités somptueuses et surprenantes incite les spectateurs à offrir plutôt leur argent que leurs prières à Dieu. Ainsi les richesses enlèvent les richesses, et l’argent attire l’argent. Et ne sais d’où vient que plus on voit de richesses, plus on est porté à offrir les siennes »

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 00:06

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Oui mes biens chers frères, oui mes très chères sœurs, en vérité je vous le dis le vin délie les langues, le vin réchauffe le cœur, le vin élève le débat, le vin attise l’intelligence, le vin dessine des sourires sur toutes les lèvres, le vin donne de la lumière à tous les regards, le vin rend les hommes beaux, le vin rend les femmes désirables, le vin rend les femmes et les hommes bons, le vin est le seul lien qui unit sans annexer, en un mot comme un seul : le vin rend libre...

 

Je suis très bon public, j’adore les discours décalés, la bouffonnerie, le comique de répétition, les traits d’esprit assaisonnés de légèreté et vraiment dimanche dernier à Beaune le ludion Luchini, roulant comme à plaisir sur les jantes, m’a ravi. Je sais qu’il en énerve plus d’un mais, comme vous vous en doutez, ça n’est pas pour me déplaire. La petite vidéo qui circule sur le Net en témoigne : nous ne nous sommes pas ennuyés avec notre Fabrice très en verve sous l’effet magique de ce vin de Bourgogne qu’il découvrait. Il a su trouver le mot juste pour qualifier leur palette extraordinaire : « la nuance »

 

À l’heure de la vente du tonneau de charité Fabrice s’est emparé de la tribune, sans surjouer, tel qu’en lui-même il a su transmettre à la salle des vibrations, de l’émotion, bête de scène bien aidé par la pugnacité d’un Jacques Boisseaux qui, avec un allant coupant le souffle à l’assistance, lui tirant des ah de surprise, avalait l’obstacle sans sourciller : à 200 000 euros mon voisin anglais s’agitait puis à 300 000 il grimaçait : ils sont fous ces froggies ! La salle n’en croyait pas ses oreilles. Fabrice haranguait le peuple frigorifié au dehors, collé à la vitre, le réchauffait, en appelait à Victor Hugo, mettait le feu en chantant Johnny. Face à Jacques Boisseaux, à coup de 5000 euros le challenger relançait l’enchère. Même Fabrice restait un instant interloqué pressentant le sublime, le moment rare. La salle retenait son souffle, Jacques Boisseaux imperturbable, grand seigneur, y allait de son enchère à 400 00 euros. La salle debout trépignait, applaudissait, mon voisin anglais s’affaissait de douleur muette. Fabrice trouvait les mots justes, s’emparait de l’évènement avec humanité, et même si certains vont y trouver à redire, à ironiser, moi en ce milieu d’après-midi dans la halle de vente je trouvais ça beau.

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Même si cela vous surprend en ce monde comme on dit financiarisé, pendant ces quelques minutes nous étions loin du charity buiseness, nous étions à Beaune en Bourgogne, nous ne nous sentions pas des nains mais une once plus humains... Merci Fabrice d’avoir à ta manière réhabilité les saltimbanques, les héritiers de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, ceux qui faisaient rire le peuple en se moquant des grands, ceux que l’on privait de sépulture. Merci d’avoir mis ton talent au service d’une belle cause. Moi j’avais à cet instant une pensée pour Danielle, la femme de mon grand-frère, emporté il y a quelques mois par ce foutu chancre qu’elle avait su défier pendant plus de 8 ans. Oui merci Fabrice d’avoir donné gratos deux journées de ta vie...  

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 00:04

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Au temps où j’occupais le bureau du rez-de-jardin de l’Hôtel de Villeroy je reçu la visite de Claude Mauriac, le fils de aîné de François Mauriac qui « reçu à sa naissance, le 25 avril 1914, un nom qui allait devenir prestigieux. Toute sa vie il s’efforcera de se faire un prénom. Entreprise d’autant plus difficile que le fils se situait sur le terrain de son père : l’écriture. » Il venait me parler du vignoble de Malagar, en piteux état, donc de son devenir. La figure du père pesait sur lui, il me parla avec pudeur et retenue de ses soucis. Je lui consacrai bien plus de temps que j’avais de temps mais le garçon qui s’était vu censuré « Thérèse Desqueyroux », pour pornographie, par le frère supérieur de ND de la forêt, prenait ce temps sur lequel flottaient une histoire familiale et l’Histoire tout court. « François Mauriac qui tenait ce patrimoine de son arrière grand père, y était fort attaché, y venait très souvent et écrivit beaucoup.  C’était sa résidence d’été, et il en appréciait particulièrement le vin blanc doux, vin d’ailleurs traditionnel de ce pays de coteaux ensoleillés, qui dominent la vallée de la Garonne et le Sauternais. »

 

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Je promis à Claude Mauriac de m’occuper des vignes de Malagar. Ce que je fis en m’adressant à un ancien collègue, Jean-Louis Blanc, énarque et agronome, ancien du bureau de la viticulture, qui dirigeait la maison Cordier à Bordeaux pour le compte d’un groupe bancaire dont j’ai oublié le nom. L’affaire se fit avec Cordier pour le vignoble pendant que la maison passait dans le patrimoine du Conseil Régional d’Aquitaine. Maintenant le vignoble appartient à deux viticulteurs bien connus en Gironde, le négociant Jean Merlaut et l’œnologue Georges Pauli. Tous deux se sont associés pour vinifier et commercialiser les vins de Malagar. 

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Avant de vous offrir du François Mauriac, je vous propose un extrait de : François Mauriac à Malagar de Jean Mauriac, entretiens avec Eric des Garets, édition revue et augmentée, Fayard 2008.

 

« Aujourd’hui, il n’y a plus de chevaux, il n’y a plus de vaches, il n’y a plus de bœufs dans les prairies et dans les vignes de Malagar. Plus une seule sauterelle, un seul grillon – ni les gros noirs, que je faisais sortir de leurs trous avec un brin d’herbe, ni les petits des vignes, gris, aux longues pattes – plus une seule mante religieuse, verte ou couleur d’aiguille de pin. […] On ne voit plus, le long de l’allée des cyprès, les criquets aux ailes rouges ou bleues qui précédaient nos pas ni, après la pluie, tous ces petits escargots à la coquille jaune et rose, ni dans les charmilles, les gros crapauds qui surgissaient tard le soir. […] Je vous le demande : y a-t-il encore des chauves-souris ? Y a-t-il encore des lézards, je parle des petits lézards les plus communs, gris, dits "de muraille", à la terrasse ? Quant aux longues et belles couleuvres, dont je ramassais les fragiles enveloppes de peau blanche et fi ne, elles sont classées parmi les espèces disparues, comme le sont les papillons machaons, plus beaux que ceux de l’Amazonie. […] Où sont « les prairies murmurantes des nuits d’été » si chères à François Mauriac, "l’immense vibration des grillons, des sauterelles et des cigales" ? J’avais oublié les cigales de Malagar ! Elles ne chantent plus aujourd’hui que dans notre souvenir. Leur disparition, déjà lointaine, complète, définitive, fait régner sur cette campagne, dans la canicule des étés, un silence de mort. Seules rescapées de cet anéantissement, quelques libellules, au corselet vert ou bleu, surgissent encore brusquement, zigzaguant et troublant un instant le silence de leur vol métallique. »

 

François Mauriac, Préséances.

 

« Les fils de famille des Grandes Maisons en quelque manière sont interchangeables, tous corrects (habillés par le même tailleur), tous sportifs et délivrés du bureau vers 5 heures, tous enfin exempts des lois communes de la civilité, maîtres de saluer ou de ne pas saluer, dispensateurs incorruptibles de mépris (...) »

 

« Je passais une partie de la nuit à fumer et à rêver dans mon cabinet plein de livres dont les Fils eussent été fort choqués de voir que les pages étaient coupées (...) »

 

« Ces messieurs des Grandes Maisons, qui dans ce temps-là m’honoraient de leur faveur, me firent entendre qu’ils ne pouvaient souffrir le « genre artiste ». Je me le tins pour dit »

 

Régine Deforges situe l’action de La Bicyclette bleue dans le domaine de Malagar, qui appartenait à François Mauriac. « Je suis rentrée dans cette famille quand j’ai épousé son petit-fils, le dessinateur Wiaz. » dit-elle. Elle avoue aussi que ce liquoreux produit dans l’aire des premières Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, elle l’a dans la peau. « C’est un vin que l’on buvait à l’apéritif. Il est frais, parfumé, élégant. Avec un crottin de Chavignol, un roquefort ou un foie gras, c’est un plaisir. » Elle cite aussi Meursault et l’Anjou. « Les bons vins me procurent de la joie. » Elle dit encore qu’une bonne bouteille peut surprendre mais ne pas tromper. Pour elle, le vin reste davantage lié au cigare. « Depuis que je suis allée à Cuba, j’ai découvert leur ressemblance. Le torcedor, c’est l’oenologue du cigare. Avec un vieux vin de Malagar, c’est idéal. » « Dans Et quand viendra la fin du voyage... Fayard, 2007, le dixième et dernier de la série commencée par La Bicyclette bleue, Léa fait des allers-retours entre la Bolivie et son domaine de Montillac, inspiré de Malagar... »

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 02:09

Des draps de soie noirs, des miroirs au plafond, un lit capitonné rouge sang de bœuf écorché, des guéridons juponnés, des lampes aux abat-jours en peau de porc, des descentes de lit léopard, des poufs écarlates, lorsque je me retrouvais dans la chambre de la barmaid, qui en fait devait être la patronne, je m’imposais, pour être digne du lupanar, un bain aux sels parfumés. Je faillis m’endormir dans les fumerolles embaumant le jasmin mais le grelot du téléphone posé sur l’une des consoles accrochées à la tête de lit me sauvait du naufrage. Dégoulinant j’allais décrocher. La jument m’annonçait sa venue imminente d’une voix étouffée emplie d’un désir exacerbé que je ne me sentais pas très en état de satisfaire. Tout mou, vide, je me laissais choir tout humide sur la couche de soie. Ce fut comme si mon corps se diluait dans une flaque d’huile avant d’être dégluti par une gorgone. Si j’avais eu encore trois sous de bon sens j’aurais empoigné mes vêtements crades et je me serais carapaté au plus vite de ce bordel mais mes yeux embrumés d’alcool se posaient sur un grand tableau accroché face au lit. Étrange regard que celui de cette jeune fille, à la fois triste et pervers, plein d’une rouerie qu’accentuait des lèvres gourmandes et des cheveux de jais lissés. Elle me narguait. Dans un élan irrépressible je sautais du lit sur un fauteuil pour décrocher la toile que je balançais sur le plancher avant de pisser dessus en ricanant. Ma mixtion calmait ma fureur. Je raccrochais la toile souillée avec difficulté avant d’aller me glisser dans les draps. Adossé aux oreillers je contemplais hébété le tableau de traviole où la fille me paraissait avoir perdu de sa superbe.

 

Je sombrais. Rêve récurrent, sur la plage de l’anse des Soux je regardais Marie s’éloigner de la rive de sa nage fluide. Je souhaitais l’accompagner mais mon corps semblait incrusté dans le sable tel une statue de sel. Des mots se formaient, défilaient dans ma tête sans jamais atteindre ma bouche. La tête de Marie n’était plus qu’un point dans la mer translucide. Un bloc d’angoisse m’enserrait. Pourtant je luttais figé dans une immobilité insupportable, impuissant. Et pourtant je ne m’avouais pas vaincu. J’espérais. Cette fois-ci elle reviendrait. Je l’envelopperais dans le drap de bain blanc. Je la frotterais jusqu’à ce que sa peau vire du violet au rose. Elle rirait. Je verserais le café bouillant du thermos dans la timbale de métal. Marie l’enserrait de ses mains fines. Mais non l’horizon était vide. Je chialais. Mes larmes salées me labouraient la tête. Je me débattais. Me redressais sur mon céans. Deux types en imper mastic me surplombaient. Des caricatures de flics, je m’ébrouais. À mon côté, démaquillée, apeurée, le drap tiré sur sa lourde poitrine, la femme du bar tremblait en reniflant. Ma tête pesait cent tonnes. L’un des deux types suçait une allumette. Ses dents pourries ressemblaient à des touches de pianos ébréchées. L’autre se curait les oreilles avec la branche de ses lunettes. Je m’adressais à eu en français. Ils ne pipaient mot. Je me levais pour m’habiller puis je les suivais sans leur demander d’explications.

 

Devant la porte de la chambre un jeune type, sapé comme un ricain, ray-ban et santiags, nous attendait affichant aux coins de ses lèvres un sale air mauvais. Ils m’entraînèrent vers un escalier de service qui débouchait sur une cour intérieure où une Land-Rover stationnait. Le chauffeur, un gros moustachu avec de grands battoirs poilus me fourrait un sac de jute sur la tête avant de me balancer d’une bourrade sur la banquette arrière. Des militaires, ce n’était pas des flics je le sentais à leur odeur, à leur façon de faire, à leur silence. La prédiction de Chloé se révélait-elle juste ? Si tel était le cas je ne donnais pas cher de ma peau. On allait me retrouver le né dans la poussière d’un terrain vague. La brièveté du trajet me rassurait un peu, nous restions en ville. Les mêmes grosses paluches m’extrayaient sans ménagement de la carlingue. Sous mes pieds des pavés, tout autour le bruit caractéristique des talons militaires, au contact froid sur mes bras nus des imperméables je savais que c’était les deux qui étaient venus me cueillir qui m’entraînaient vers ma nouvelle résidence. Bizarrement je n’arrivais pas à m’inquiéter, bien au contraire au fur et à mesure que nous avancions dans de longs couloirs dallés je sentais monter en moi une grande excitation. Maintenant nous descendions un escalier à colimaçon et l’un des deux types me tenait par le col pour m’éviter la chute. Ça sentait le moisi. Dans le même temps où j’entendais le grincement d’une vieille serrure on me délestait de ma cagoule en me poussant à l’intérieur d’un trou à rats sans fenêtre.

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 00:15

Le 11 novembre sur Paris il régnait un temps à ne pas mettre un chrétien dehors donc je suis sorti dans le vent, la pluie, la sarabande des feuilles mortes dont ce n’était pas le jour de les ramasser à la pelle, pour faire quelques courses. Notre police nationale, sans aucun doute payée en heures supplémentaires, bravant elle aussi les intempéries, carnet de souches à la main, renflouaient les caisses de l’État en verbalisant sans aucun discernement des autos garées sur les emplacements de livraisons qui, comme chacun sait, ne sont pas utilisés les jours fériés. Mais force est à la loi, faut dire que le VIIe arrondissement est plus pénard que le neuf-trois, pas de risque de se faire caillaisser par les bourgeois du quartier. Comme je suis un mécréant je ne pouvais m’empêcher de penser que mettre des gardiennes de la paix sur le trottoir par un jour pareil c’était péché de la part du PP bien au chaud dans ses charentaises.

Je les laissais à leur triste besogne, mon but se situait sur l’autre rive : j’allais voir les chapkas chez Victoire http://www.victoire-paris.com/esprit-victoire/et j’écoutais l’album « Route Manset » lorsqu’en traversant la Seine sur le Pont de la Concorde les voix cristallines des Petits Chanteurs de Saint Marc s’élevaient. Ben oui les Choristes (les Petits Chanteurs de Saint Marc doublaient les voix dans le film) s’attaquaient au répertoire du solitaire...

 

Mes souvenirs d’enfant de chœur remontaient en mon cœur solitaire, les vêpres du dimanche après-midi, l’encensoir grillant et m’enfumant, l’ostensoir du Saint-Sacrement, les ornements sacerdotaux, le Tantum Ergo :  

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TANTUM ergo SacramentumVeneremur cernui:Et antiquum documentum Novo cedat ritui: Praestet fides supplementum Sensuum defectui. Genitori, Genitoque Laus et Jubilatio, Salus, honor, virtus quoque Sit et benedictio: Procedenti ab utroque Compar sit laudatio. Amen.

 

Le Tantum Ergo est un extrait (les deux dernières strophes) de l'hymne eucharistique (Pange Lingua), composée par Saint Thomas d'Aquin pour la célébration du Saint-Sacrement (Fête-Dieu). De nombreux compositeurs ont mis en musique ce texte liturgique, dont: Bruckner Tantum Ergo en ré majeur pour chœur à quatre voix  Fauré Tantum Ergo, Op. 65 No. 2, Mozart Tantum Ergo en ré majeur KV 197 Déodat de Séverac Tantum Ergo, 1920 Schubert Tantum Ergo en mi bémol majeur, D.962 Giuseppe Verdi Tantum Ergo en fa majeur...

 

Vous me croirez si vous le voulez mais lorsque j’ai recherché sur le Net la discographie des Petits Chanteurs de Saint Marc devinez ce que j’ai trouvé : il avait le Tantum Ergo à leur répertoire (en haut de la chronique). Alors, ni une ni deux, je me suis saisis mon carnet à souches, pardon des touches du clavier pour vous proposer quelques versions du Tantum Ergo, la première étant la plus proche de celle de ma jeunesse. En bonus, en souvenir de la chape du curé doyen de l’église Saint Jacques le Majeur de la Mothe-Achard je vous offre un article sur un créateur de mode ecclésiastique : ça se dit paramentique. http://mgrellul.over-blog.com/categorie-277817.html

 

INSTITUT DE LA MODE 
septembre - octobre  2009  - EMM n° 12
LE MAGAZINE DE L'ESPACE MODE MEDITERRANEE
Avec tous mes remerciements à Mme Maryline Bellieud-Vigouroux 
et à toute son équipe pour cet article
Texte : Pascale Meunier
Photos : J.P Herbecq de Ker Morvan / CAMàYEUX - Marseille

  



 
Je précise que les vidéo ici proposées me sont fournies par mon hébergeur Overblog
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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 00:08

Nul besoin de présenter Érik Orsenna il le fait mieux que moi « Je ne suis pas agriculteur mais économiste, juriste, romancier – c’est-à-dire infiniment curieux de cet étrange et difficile métier que l’écrivain italien Cesare Pavese appelait « le métier de vivre » et, maintenant, promeneur professionnel. De mes deux tours du monde pour étudier le coton et l’eau, de mes innombrables visites de mon cher pays de France, j’ai retenu six convictions. » à propos de sa contribution au Groupe de Réflexion sur l’avenir de l’Agriculture regroupant 17 témoins réunis par Bruno Le Maire Ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche. Les contributions de ses grands témoins sont réunies dans un document Regards sur l’avenir de l’agriculture que vous pouvez vous procurer auprès du Ministère coralie.garnier@agriculture.gouv.fr       

La première est que la question de l’agriculture est stratégique. Et pas seulement pour d’évidentes raisons alimentaires. Le passage de 6 à 9 milliards d’habitants en même temps que la modification des régimes alimentaires (le développement économique s’accompagne toujours d’un accroissement de la consommation de viande) vont nous obliger à doubler notre production de nourriture dans les 30 ans à venir. Ceux qui pensent que ce doublement se fera sans difficultés sont des irresponsables. Je pourrais citer des noms, notamment au sommet de la Commission européenne.

 

Hélas rien n’est plus certain dans l’avenir que le renouvellement des émeutes de la faim. Comment imaginer un instant que cinq à six pays pourront répondre à cette demande en offrant au reste du monde des produits aux prix les plus bas ? Que deviendra la diversité des espèces ? Comment, dans un univers biologique ainsi concentré et appauvri, résister aux épidémies et aux ravageurs ? Comment stabiliser des pays dans lesquels les campagnes deviennent des déserts, et les villes de véritables bombes sanitaires et sociales, des accumulations de populations sans équipements les plus élémentaires, terreaux de tous les désespoirs et donc de toutes les violences ? Et comment gérer la rareté principale – déjà présente et qui va ne faire que s’aggraver – la rareté de terres arables ?

 

Deuxième conviction, fille de la précédente : les agriculteurs sont des producteurs, non des aménageurs d’espaces ou des jardiniers (pour lesquels j’ai le plus profond respect : j’ai présidé cinq belles années l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles). Et ces producteurs doivent être des entrepreneurs. C’est cet objectif que nous avons voulu défendre à la fondation FARM : sans formation des agriculteurs du Sud, pas de rentabilité de leurs exploitations (d’où l’exode rural) et pas d’offre suffisante pour nourrir les villes.

 

Troisième conviction, qui n’est qu’une remarque de bon sens. Aux gens des villes, si souvent méprisants envers les agriculteurs, surtout dans les milieux économiques, j’aimerai demander ; sauriez-vous, vous les donneurs de leçons, sauriez-vous gérer votre entreprise si vos coûts pouvaient varier d’un tiers d’une année sur l’autre et si les prix auxquels vous vendez votre production pouvaient soudain s’envoler de 200% pour retomber de 150% le trimestre d’après ? De même qu’il faudrait imposer aux architectes de vivre dans les maisons par eux conçues, de même il faudrait placer les irresponsables, précédemment cités, à la barre de ces bateaux ivres que sont devenues les exploitations agricoles du fait de la volatilité des prix. Une seule journée dans cette galère les guérirait peut-être de leur mysticisme du marché, de leur obstination néfaste à vouloir détruire un à un les outils de régulation.

 

Autre question concernant les prix et autre mépris scandaleux envers les agriculteurs français, tout le monde sait qu’il faut renforcer les filières, sans doute concentrer les forces, bref améliorer au plus vite notre productivité. Encore faut-il que les règles du jeu soit semblables pour tous. Loin de moi l’idée de dénigrer la réussite allemande et ses succès splendides. Ce pays ne vient-il pas de dépasser la France pour les exportations agricoles, secteur où, telle la reine de Blanche Neige, nous nous croyions sans rivaux ? Mais quand je parle avec mes voisins bretons producteurs de porcs ou de pommes de terre, j’en apprends de belles, le coût d’une heure de travail est chez nous de 12 à 1 » euros contre 6 à 7 en Allemagne, où il est facile d’employer çà très bas salaires des ouvriers de Pologne ou de Roumanie.

Alors je m’interroge : la nullité de nos agriculteurs est-elle en cause ou plutôt une scandaleuse distorsion ?

 

Quatrième conviction, née d’une petite confidence : un producteur de Dordogne m’a avoué qu’il envoyait les noix de ses arbres se faire ouvrir... EN Moldavie ? car la main d’œuvre y était moins chère. Ensuite, contents d’avoir vu du pays, les cerneaux s’en retournaient vers les amateurs de notre si beau sud-ouest. Personne ne me fera croire que ce genre de circuit est efficient, économiquement parlant. Et je ne parle pas d’écologie... Nous avons besoin de toutes les agricultures pour nourrir tant de monde, et notamment de cultures « hors sol ». Mais une voix de plus en plus insistante me dit qu’une certaine re-localisation ne ferait pas de mal. Je ne suis pas seulement romancier mais infiniment gourmand (grand-mère lyonnaise oblige) : j’aime connaître l’identité et l’origine de ce que je mange. Une marchandise « muette », c’est-à-dire indifférenciée, j’ai du mal à l’avaler.

 

Cinquième conviction : si les agriculteurs doivent plus produire, ils doivent aussi mieux protéger. Car la Nature n’en peut plus. Vulgairement parlant, elle est « au bout du rouleau » et commence à présenter la facture de ses malaises. Certains, de plus en plus rares, continuent de croire que l’environnement n’est que source de tracas administratifs. Les autres, la plupart des autres, ont déjà grandement modifié leurs pratiques. Je persiste à considérer que les deux principales échéances européennes à venir – la réforme de la PAC et la mise en œuvre de la directive sur « le bon état des eaux »– sont les deux versants de la même montagne : 2013 et 2015, même combat !

Remarque corollaire quand je vois certains combats entre deux groupes de producteurs-protecteurs (par exemple entre « écologistes » et « raisonnés »), je pense qu’il y a mieux à faire que s’insulter : travailler ensemble. Je préside depuis deux ans le Jury des Trophées de l’Agriculture durable organisés par le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche. Les expériences que nous avons primées sont passionnantes et mériteraient d’être mieux connues pour être imitées. Elles prouvent que, de ce point de vue aussi, le monde agricole, même en tordant le nez, change. Mais pensez une seconde, ô gens des villes, au nombre d’adaptations qu’on lui a imposées depuis 30 ans et saluez !

 

Dernière conviction. Évoquer les lendemains de l’agriculture revient à croire au Progrès. Et qui dit Progrès dit Science, pour être plus précis, relative conscience en la Science.

Je ne suis pas naïf. Je connais les intérêts en jeu. Je ne confonds pas science et technologie. Mais quand je vois des groupes s’arranger pour faire interdire la recherche, quand je vois d’autres groupes décider de leur propre chef que telle ou telle expérimentation est dangereuse et qu’il faut détruire des plantations qui sont en fait des laboratoires, quand je vois qu’ils commettent des dégradations sous le regard bienveillant des juges, je me dis que nous marchons sur la tête.

 

Cela dit, bon appétit ! Et vive, oui vive l’agriculture !

 

Pour ceux qui s'intéressent à la liberté d'informer vous pouvez lire la chronique d'Hervé Lalau à propos d'une minuscule affaire concernant mon Espace de Liberté

http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2010/11/19/que-peut-on-publier-sur-un-blog.html

 

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