Quand j’ai appris que Catherine Bernard étiquetait sa cuvée 2009 sous la bannière des « Vin de Pays de l’Hérault » je me suis dit qu’elle voulait ainsi donner un coup de chapeau au « bougon des cépages », le Languedocien de l’Hérault, le héraut des CAV, le chantre de l’Occitanie, qui pendant des décennies présida aux destinées des Vins de Pays de notre doulce France qui n'aime rien tant que les présidents à succursales multiples basés dans ma bonne ville de Paris (ça les change de la vie à StDrézéry)
Comme d’ordinaire je raconte n’importe quoi pour faire l’intéressant, le calamantran dirait les provençaux. Mais trêve de galéjades revenons à notre vigneronne de Saint-Drézéry.
Saint qui ? Drézéry en occitan Sant Dreseri, Saint-Drézéry est petit village à 15 km au nord-est de Montpellier de 2093 habitants dont les vignes sont nichées sous la bannière des Coteaux-du-Languedoc. Au même titre que : Cabrières, Grès de Montpellier, La Méjanelle, Saint-Christol, Vérargues, Saint-Georges-d'Orques, Saint-Saturnin, La Clape, Quatourze, Montpeyroux, Pic-Saint-Loup et Picpoul-de-Pinet, Saint-Drézéry est une appellation sous-régionale qui a fort envie de devenir une communale. Si vous n’avez pas tout compris prière de s’adresser à l’ami David Cobbold qui raffole de nos villages gaulois.
Mais comment puis-je vanner Saint-Drézéry alors qui est sis une star, un chouchou des « longs nez et des becs fins » : Gérard Bru l’homme du Château Puech-Haut qui a droit cité sur le site communal en compagnie de la coopé « Les Grès du Bérange » à Vendargues et le domaine du Caratà. Mais pas de trace de Catherine Bernard et de ses 3 hectares plantés de grenache, marselan et mourvèdre. N’aimerait-on pas les « estrangères » madame le maire ? Je suis sûr que non et je suis persuadé que dans la prochaine édition elle sera référencée comme elle est vient de l’être à la Contre-Etiquette. De plus, le simple fait de se voir dédier une chronique signée du seul « dégustateur imposteur » de la Toile la hisse sur des hauteurs qui ne peuvent que porter haut la renommée de Saint-Drézéry.
Mais qu’est-ce donc la Contre-Etiquette ?
Une petite boutique de marchands de vins d’abord virtuelle, puis tout ce qu’il y a de matérielle, un petit chouia naturelle, composée de Bons Vivants, de gens que j’aime, des gars qui bossent pour l’extension du domaine du vin. La maison a du changer de nom : c’est plus ochato c’est maintenant la contre-étiquette www.la-contre-etiquette.com . J’ai chroniquer sur elle y’a quelque temps et comme je suis un peu fainéant je vous conseille de vous reporter à mes admirables écrits : « Et si j’allais faire la foire o vins ochato : Nashville ou Belleville... »link Chaque fois que je monte dans le bas de Belleville j’ai toujours le même sentiment d’y être un peu chez moi.
Rue Ste Marthe, Christophe Guitard, disponible, m’attend pour déguster la dernière cuvée de l’ignorée des édiles de Saint-Drézéry, la susdite : Catherine Bernard. Bon comme je suis nul en dessin je ne vais pas vous en faire un mais je suis toujours heureux lorsqu’une intuition débouche sur une histoire. L’histoire d’une rencontre entre une vigneronne passionnée qui ne verse pas dans les outrances, et un marchand de vins qui aime ses vignerons.
Catherine Bernard et moi, nous sommes un peu pays, mais nous nous sommes rencontrés la première fois sur une terrasse d’un café de la place de la Comédie, chère au cœur du Grand Jojo le statuaire, juste après la publication de mon fichu rapport link et depuis qu’elle est devenue vigneronne.
Goûter le vin de ses amis est chose bien plus aisée qu’on le pense : la flatterie n’a pas sa place dans l’amitié. Le vin de Catherine lui ressemble, il est s’en flafla, rieur, généreux mais avec la discrétion qui sied aux gens de chez nous, loin du paraître et des artifices. Cet esprit commence dès l’étiquette d’un minimalisme frisant la coquetterie janséniste. Même si certain vont m’accuser de copinage, le vin de Catherine a une âme terriblement humaine, avec ses grandeurs et ses imperfections. Que ce vin de pays de l’Hérault soit comme le dit avec sa franchise désarmante Catherine « le fruit d’une succession d’erreurs », non agréé par les instances Igépiennes, en définitive un assemblage de ce qui ne pouvait être selon elle ni un coteau-du-Languedoc ni un vin de table, peu me chaut. Ce qui compte au bout du compte c’est que vin a mené une double vie, qu’il a même eu plusieurs vies, et que lorsqu’il se présente à moi je me dis que ce gars de Saint-Drézéry n’est ni un patapouf, ni un rustaud, mais jeune luron délicat, souple et plein de fraîcheur qui fait la nique aux soi-disant icones du cru qui peuplent les étendues glacées des magasines. En plus, c’est un plaisir abordable mais attention faut vous dépêcher car la Catherine ne fait pas dans la grande série...
Pour les amateurs de détails techniques voici la fiche technique de la cuvée 2009 de Catherine Bernard Vin de Pays de l’Hérault :
À la vigne
Trois hectares à Saint-Drézéry plantés de grenache, marselan et mourvèdre en AOC Coteaux du Languedoc
Deux fois trente ares de cinsault à Montaud.
Terroir argilo-calcaire, très argileux et très calcaire, allégé par des galets roulés du Rhône
Vignes travaillées en agriculture biologique, en cours de certification, doses de cuivre inférieures à celles autorisées grâce à des tisanes de prêle et d’ortie.
Vendange manuelle en caissettes
À la cave
Vinification en vendange entière sur un fond d’égrappé.
Courte macération préfermentaire à froid
Cuvaisons courtes et extractions légères.
Levures indigènes
Sans sulfite, non filtré, non collé, non dégazé
Composition du vin
Production cette année d’une seule cuvée, assemblage du cinsault (un tiers), du grenache (un quart), du marselan (un quart), et du mourvèdre (un tout petit quart)
Esprit du vin
2009 est l’un de ces millésimes chauds et secs du Languedoc après un printemps pluvieux donnant une végétation importante.
J’ai fait le choix de vendanges précoces pour garder de la fraîcheur, du fruit croquant et un degré alcoolique réel raisonnable (13,4°).