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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 00:09

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J’ai connu Valérie Péan en un cénacle qui phosphorait au bas du Boulevard Saint Germain pour le compte d’un sémillant jeune homme, bras droit de..., devenu depuis député européen. Rien que des beaux esprits, ce qui se faisait de mieux dans la réflexion sur l’agriculture, le cénacle s’est naturellement baptisé Groupe Saint Germain et a commis un petit opus : « Parce que la monde change, il est vital de repenser le projet de l’agriculture »- Je lui emprunte un article qu’elle vient de publier et je le verse ce samedi dans le dossier de nos chers amis hygiénistes.

 

Le sens des mots 

Hygiénisme, c’est du propre... par Valérie Péan. Mission Agrobiosciences

 

« L’hygiénisme semble bel et bien faire un retour en force, du moins au niveau de l’utilisation du mot. Celui-ci recouvre en fait deux notions différentes.  

 

La première, ce qu’on appelle l’hygiénisme contemporain, a été développée par un biologiste anglais, Shelton, au 20ème siècle. Sur le principe selon lequel tout être vivant tend naturellement vers la guérison, cet hygiénisme prône la santé par la diète, le refus de tout médicament et la naturothérapie.

 

Il me semble plus intéressant de s’attarder sur la deuxième acception de l’hygiénisme, utilisée actuellement pour dénoncer le discours sécuritaire et moral en matière de mode de vie et d’alimentation. Bref, un retour à la l’hygiénisme du 19ème siècle, c’est-à-dire à la grande entreprise d’assainissement menée en France à partir de 1870. La croisade des hygiénistes (le mot est apparu en 1830) obéissait à un projet politique que l’on retrouve dans bon nombre de mythes, depuis Platon jusqu’à Rabelais : un corps sain, une cité juste, une raison pure.

 

Cette grande œuvre de salubrité politique a certes permis de nettes avancées en termes bactériologiques, les découvertes pasteuriennes aidant, - c’est l’époque où l’on enterre les morts dans des cimetières, où le préfet Poubelle oblige les Parisiens à enfermer leurs déchets, où l’on canalise les eaux usées dans les égouts, où des campagnes de vaccinations s’opèrent. C’est la naissance de la santé publique, qui rejoint l’origine du mot grec, hygiène signifiant santé et désignant la branche de la médecine qui concerne le mode de vie adéquat pour conserver la santé et l’améliorer, principalement par l’hygiène corporelle.

 

Mais d’emblée, ce projet politique a opéré un amalgame délibéré, entre le corps humain et le corps social - une vision organique de la société -, la propreté et la pureté, la saleté et la souillure morale. . Ce grand ménage de printemps devait permettre de lutter contre les miasmes, les odeurs pestilentielles, la saleté des rues, la mortalité infantile, les épidémies - en l’occurrence la syphilis- et de fil en aiguille, la décadence, la souillure, la criminalité et les fléaux sociaux telles que la prostitution. Un objectif de moralisation donc, qui vise les pauvres, et un but clairement affiché d’amélioration de la race. Dès lors, hygiénisme a flirté avec l’eugénisme : une amélioration de la race très intéressée : à des fins économiques et militaires (avoir des bras pour cultiver et des hommes pour guerroyer, après la défaite de 70). On le voit nettement dans les colonies, notamment au Maroc, où des brigades sanitaires ont littéralement raflé les pauvres, pour les désinsectiser et les revigorer dans des stations sanitaires et militaires. Cette politique hygiéniste s’est poursuivie jusqu’à la première guerre mondiale, relayée par la fondation Rockefeller, garante du bien-être de l’humanité, pour prévenir la tuberculose à travers la création des dispensaires et des visiteuses d’hygiène, la propagande d’un ministère de l’Hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociale.

 

Certains voient aujourd’hui, dans différents signes des temps, le retour d’un tel hygiénisme ou du moins des conditions qui évoquent celles du 19ème siècle, avec ses succès et ses dérapages.

 

 L’apparition de nouvelles « épidémies » que sont les virus - celui du Sida-, mais englobant également les risques alimentaires réels ou non, - vache folle, OGM, listéria, fièvre aphteuse, grippe aviaire - et les problèmes de santé dus au mode de vie : l’obésité, le cancer du poumon, les maladies cardio-vasculaires.

 

 Une idéologie de la tornade blanche, de la pureté et de la propreté : on retrouve là la peur du miasme et des microbes, qui se traduit par la stérilisation et l’aseptisation à outrance, quitte à générer l’insipide, l’invasion des antibactériens dans la maison pour tout désinfecter, les parfums d’ambiance pour sentir le propre, et j’en passe

 

 Un Etat autoritaire - au sens où c’est la puissance publique qui assume un rôle de surveillance, de contrôle, de garantie et qui exerce un pouvoir normatif fort.

 

 Un moralisme discret mais bien présent, qui tend à amalgamer corps humain et fléaux sociaux, sur l’alcool, le tabac, le poids. Le gros, le fumeur, le buveur, seraient décadents, ringardisés, et réussirait moins bien professionnellement. On le culpabilise : à sa faiblesse de caractère, est opposée l’idéologie de l’effort et de la volonté à coup de sport et de minceur.

 

 Enfin, pour en venir plus précisément à l’alimentation, il me semble que, de même que l’émergence de l’hygiénisme du 19ème siècle n’a pu se faire qu’à la faveur d’un progrès de la science et de la technique ( Pasteur), nous connaissons aujourd’hui une technicisation et une médicalisation de l’alimentation qui valorise le nutritionnellement correct et parle d’alicaments sur fond d’une utopie qui serait celle de la santé parfaite.

 

Au 19ème siècle, de vraies avancées avaient néanmoins été opérées en terme de bien-être, mais au prix de régressions fortes en terme de dignité humaine. De même aujourd’hui, ce souci du sûr et du sain apporte son lot de bénéfices, mais comporte également le risque de substituer le biologique au culturel, la norme au choix individuel, la légitime exigence de sécurité sanitaire à la politique de santé sécuritaire. »

 

Valérie Péan.

 

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 00:09

Profitant d’une science balbutiante et de l’obscurantisme les médecins gardiens de nos corps et les curés gardiens de nos âmes ont, pendant des siècles, régnés sans partage sur leurs patients et leurs ouailles. De nos jours, l’obscurantisme a toujours cours drainant de nouveaux damnés de la terre vers des mouvements en isme, mais le paradoxe dans nos pays de tradition chrétienne c’est que le déclin des Eglises laisse la place à un nouveau cléricalisme celui des gardiens de notre santé.

Ce sont des 2 en 1, comme aiment l’affirmer les produits ménagers ou cosmétiques, car ils se targuent de soigner aussi bien nos corps que nos âmes. Leur arme favorite est l’agitation de la peur, cette peur qui étreint chaque citoyen noyé dans le nuage numérique – il ne peut plus vivre sans ses attelles immatérielles – et qui réclame qu’on l’entoure de multiples précautions. Nous sommes passés du grand manteau de la Sécurité Sociale à la chape de plomb de la Précaution Sociale. ÉTAT garde-nous à gauche, garde-nous à droite, garde-nous du ciel, de la terre, des océans, du feu, du froid, de l’eau et surtout des autres. Nous voulons tout et son contraire, nous réclamons, nous exigeons, nous formons des chaînes humaines pour protester contre trop de précaution, nous nous proclamons otages au moindre retard des avions...

Je m’égare un peux avant d'en revenir à ceux qui sont à l’origine de ce délire de précaution : la caste médicale, celle qui a tellement failli lors de l’ignoble affaire du sang contaminé. Attention je ne fourre pas tous les médecins dans ce grand sac, je vise essentiellement le complexe médicalo-industriel (pour paraphraser le fameux complexe militaro-industriel) rassemblant la fine fleur des géants de la pharmacie et les Professeurs ayant la haute main sur la Santé Publique. Sa morgue, l’étalage de sa supériorité méprisante, son autisme dans l’incroyable fiasco de la vaccination de la grippe H1N1 ou encore son mépris dans l’affaire du premier verre de vin et le risque de cancer menée par le Directeur Général de la Santé et un quarteron de « scientifiques publics » sont à la hauteur des intérêts qu’ils défendent. Sans vergogne ils profitent de notre incapacité à assumer nos vies, de notre refus d’assumer les risques de la vie, de notre peur de mourir. Alors moi je dis chiche qu’ils nous assurent vraiment contre la mort, qu’ils nous rendent immortels moyennant des primes dont le montant reste à fixer par les actuaires de l'assurance sur la vie. Après tout AXA place ses sous dans les GCC.

Je déraille encore mais comme je vois se dérouler au bas des écrans de télés  le fameux manger-bouger je sors la formule d’un Diafoirus du Moyen-Âge « tout le monde sait qu’on creuse sa tombe avec ses dents » pour vous convaincre que leur entreprise n’est pas nouvelle. Alors las de ces pisses-vinaigres je préfère citer le grand maître Maginus de Milan « ce qui est délectable est meilleur pour la digestion » et vous proposer un mets au nom délicieux : le blanc-manger. Pas n’importe lequel : celui du Grand Taillevent.

 

« Alors, je peux lui préparer du blanc-manger ? s’enquit avec enthousiasme Taillevent. J’ai une excellente recette : je fais bouillir une poule dont je ne garde que les blancs. Je les broie ainsi que des amandes à foison. Je mélange avec le bouillon et je fais épaissir sur le feu jusqu’à ce que le mélange soit bien liant. Je fais frioler une demi-douzaine d’amandes à la poêle que je mets sur le blanc-manger ainsi que des grains de pomme de grenade et je sucre abondement dessus. » in « le souper mortel aux étuves » Michèle Barrière pages 147-48.

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Pour le vin je vous conseille le dernier né de Laurent de Bosredon : un Côte de Bergerac moelleux Château Belingard. Je l’ai goûté à Vinisud. C’est une vendange tardive principalement de Sémillon avec 20% de Sauvignon gris comme support aromatique qui m’a séduit par sa fraîcheur, son acidulé de bonbon anglais. Vous connaissez mon peu de goût pour le sucre et bien là le moelleux de Laurent de Bosredon a la légèreté de la plume d’oie. Il titille joliment les papilles et donne une envie de revenez-y : c’est la tradition revisitée. Comme quoi revenir vers le passé ce n’est pas forcément reculer lorsqu’on lui apporte le meilleur de notre présent savoir. www.chateaubelingard.comvin_11.jpg

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 00:03

« C’est un grand agrément que la diversité /

Nous sommes bien comme nous sommes/  

Donnez le même esprit aux hommes  /

Vous ôtez tout le sel de la société /

L’ennui naquit un jour de l’uniformité. »

La célèbre chute de la fable d’Antoine Houdar de la Motte (1719) fait oublier les vers qui la précèdent. Alors s’il est un thème populaire à l’heure de la globalisation du monde c’est bien celui de l’uniformité liée à la consommation de masse.

Dans le vin existe-t-il aussi un risque d’uniformisation ? Dans leur Atlas mondial des Vins, Raphaël Schirmer et Hélène Vélasco-Graciet répondent à propos de la concentration financière contribuant à l’émergence de groupes vinicoles qui ne raisonnent qu’en termes de marques mondiales « cette concentration financière annonce-t-elle, à terme, une homogénéisation des vins et une inféodation de la production à la sphère financière ? Parions que les mouvements de résistance aux phénomènes en cours grandiront, venant d’une part des interprofessions et des syndicats professionnels, et d’autre part, des entrepreneurs privés anciens ou nouveaux, plus enclins à refuser la production de vins « apatrides ».

Pour ma part, bien plus qu’un mouvement de résistance, surtout de la part des zinzins professionnels, c’est l’évolution de la masse des nouveaux consommateurs, leur demande, qui permettra de préserver la diversité. Dans l’univers impitoyable des marques mondiales le nouveau vieillit vite. La mode est grande consommatrice de nouveauté et l’ancrage sur les valeurs sûres reste la meilleure garantie de la pérennité. Cessons de raisonner sur de courtes périodes, arrêtons de porter sur le passé des regards angéliques, laissons le temps aux nouveaux arrivants d’entrer dans l’univers du vin et de se forger leur culture.

Mais comme le mois d’août se prête plutôt à la légèreté plus qu’à la prise de tête je vous propose de lire un texte de Maurice Des Ombiaux sur « La mode et les vins » c’est rafraîchissant et ça remet quelques idées qui traînent un peu partout à leur juste place : le cimetière  des idées reçues.

 

« Il n’est pas inutile de parler ici de la mode et les vins, car il y a une mode pour les vins comme pour tout ce qui se porte et se consomme. En ce qui concerne les vins, cela s’appelle quelquefois goût au lieu de mode, mais c’est tout comme. Si, pour le champagne, il y a toujours sur les prospectus et les étiquettes : goût russe, goût français, goût anglais, goût américain, la mode a maintenant dépassé l’extra dry pour arriver au brut et au nature.

Il ne faut s’en étonner ni se plaindre, car pour faire ces champagnes, qui sont souvent les champagnes d’années, il faut des grands vins de toute pureté.

Les grands vins n’ont peut-être plus la variété qu’ils avaient autrefois. Ils recherchent davantage une tenue qui les rapproche d’un type bien déterminé.

Ainsi le Volnay et le Pommard, dont parlent les vieux dictons, n’étaient pas du tout les vins que nous connaissons aujourd’hui.

Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle on faisait les bourgognes beaucoup plus légers. On n’ajoutait rien au raisin pour influencer la qualité du vin. Ce n’est que vers 1815 qu’on essaya par l’addition de sucre, d’augmenter la richesse alcoolique du vin.

Sous l’ancien régime, on faisait, dans la Côte d’Or, des vins de paille, des vins cuits et des vin fous.

Le vin fou s’obtenait en mettant dans une futaille bien cerclée de fer, du moût de raisin tiré d’une cuve non foulée. Ce vin faisait toute sa fermentation dans le tonneau, était très capiteux et remplaçait les vins étrangers.

Presque tous les vignerons ou propriétaires faisaient une certaine quantité de vin cuit qu’on désignait sous le nom de Galant depuis le XIIIe siècle. Il se préparait avec des raisins blancs choisis un par un.

En ce temps les vins de Pommard et de Volnay n’avaient qu’une teinte très légère, qu’on nommait œil de perdrix, au lieu du rubis qu’on leur connaît à présent, comme à tous les nectars rouges de la Côte d’Or. Ce n’étaient pas des vins blancs, mais légèrement rosés tout en gardant un reflet verdâtre. Quelle délicatesse de ton pour un peintre !

Pour cela, il y avait dans toutes vignes une partie plantée de pineaux blancs ; et l’on mettait alternativement dans le pressoir un lit de paille et un lit de raisin, dans la crainte que le vin fût encore trop rouge. Et on laissait à peine cuver le vin.

Pezerolle de Montjeu, au XVIIIe siècle, écrit qu’il a été le dernier à faire arracher les raisins blancs qui étaient encore dans la partie supérieure de ses vignes, selon l’ancienne coutume. Il déplore ce changement amené par la mode ; mais puisque, dit-il, l’acheteur préfère la couleur et la durée à la finesse, il faut le contenter autant que le climat peut le permettre.

Ainsi s’explique le vieux dicton, aujourd’hui sans signification, qui renseignait le bourgogne comme vin d’été tandis que le bordeaux était un vin d’hiver.

Traité selon les méthodes actuelles, le bourgogne, de plus en plus corsé, n’a plus rien de particulièrement estival. »

 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 00:00

« Il était une fois... », tous les contes d’autrefois commençaient ainsi mais comme aujourd’hui on conte si peu à nos enfants, qui sont le plus souvent scotchés à leurs écrans, ce matin je vais adopter le profil des jeux vidéos en vous offrant des vies pour avancer dans une séquence de jeu à propos du Chablis.

 

Séquence 1 : peut-on aller en train de Paris jusqu’à Chablis ?

 

Séquence 2 : qu’est-ce qu’un chablis ?

 

Séquence 3 : il y a combien de climats à Chablis ?

 

Séquence 4 : égrenez-les moi !

 

Séquence 5 : en 1951 l'INAO a reconnu à un domaine le statut de Grand Cru lequel ?

 

Séquence 6 : celui-ci est à cheval sur 2 climats, lesquels ?

 

Séquence 7 : quelle est la grande maison bourguignonne qui fait naître et élève ce Grand Cru ?

 

Séquence 8 : où c’est-y que Berthomeau à découvert ce Grand Cru ?

 

J’espère que vous n’avez pas triché. Voici les 8 vies

 

Vie n°1 : Non depuis le 31 décembre 1951 où...

 

« ... à 20 h 55, un autorail quitte la gare de Laroche-Migennes. Des drapeaux accrochés par les cheminots flottent au vent. Le convoi arrive à 22 h 55 à la gare de l’Isle-Angely. Il sera le dernier à emprunter cette ligne à voie étroite qui cheminait dans la vallée du Serein. Pendant 64 ans, les locomotives à vapeur, puis les autorails, ont rythmé la vie de cette campagne icaunaise

À l’origine, stations et haltes correspondent à un arrêt obligatoire. Par la suite, certaines haltes deviennent des arrêts facultatifs. Laroche et sa gare d’eau, Seignelay, Pontigny, Chablis (dont le rôle est prépondérant), Noyers, première gare éclairée à l’électricité, Massangis et son pont de levage pour les pierres des carrières, L’Isle-Angely terminus et point de raccordement avec la ligne PLM Avallon-Nuits-sous-Ravières sont les principales stations.

En fait, la petite ligne doit sa longévité exceptionnelle au transport de marchandises. Dès son ouverture, les ciments de l’Isle-Angely, les blocs de pierre des carrières de Massangis et de Dissangis, les bois de mine et de chauffage des exploitations forestières de Noyers-sur-Serein transitent sur la voie Laroche-l’Isle-Angely. Les vins de l’Yonne, notamment ceux de Chablis, empruntent eux-aussi le tacot. Outre les trois trains mixtes, trois ou quatre convois de marchandises circulent quotidiennement. Le fret est ensuite transbordé dans des wagons du PLM ou, pour les marchandises lourdes, dans des péniches. La gare d’eau de Laroche constitue un précieux atout pour les carrières de Massangis. Via la Seine, les produits de l’Yonne remontent jusqu’à Paris voire au Havre. »

 

Vie n°2 : Un chablis (ou chable) est dans un sens restrictif un arbre déraciné sous l'action de différents agents naturels (vent, foudre, neige, chute d'un autre arbre) ou pour des raisons qui lui sont propres (vieillesse, pourriture, mauvais enracinement), sans intervention de l'homme.

 

Vie n°3 : 7

 

Vie n°4 : Bougros, Vaudésir, Preuses, Grenouilles, Valmur, les Clos, Blanchot.

 

Vie n°5 : le Domaine la Moutonne

 

Vie n°6 : Le vignoble de la Moutonne bénéficie d'un statut particulier et unique. Il est situé sur le Chablis Grand Cru " Vaudésir " pour 2 ha 24 ares 18 ca et sur le Chablis Grand Cru " Preuses " pour 11 ares 02 ca.

Sa situation géographique en amphithéâtre lui donne son unité. Les moines Cisterciens de Pontigny en ont été les propriétaires pendant 5 siècles, Simon Depaquit en fit l'acquisition à la révolution.

Moutonne n'est pas un lieu dit cadastral, son nom ne figure pas sur le décret des Grands Crus de 1938 ; c'est en 1951 que l'INAO lui a reconnu son statut actuel de Grand Cru. 

 

Surface en Grand Cru : 2,35 ha

 

Vie n°7 : Albert Bichot www.bourgogne-bichot.com

 

Vie n°8 : au Musée de la Chasse et de la Nature le jeudi 7 octobre lors d’une dégustation des millésimes 2006 et 2009

 

En blancs : Meursault 1ier Cru les Charmes et Chablis Grand Cru Monopole « Moutonne »

 

En rouges : Pommard Clos des Ursulines et Vosne Romanée 1ier Cru Les Malconsorts

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Voici donc la genèse de ma science toute neuve sur Moutonne. Pour ceux qui me suivent patiemment ma semaine semble placée sous le signe du mouton mais passons ! Ce soir-là l’air était tendre et je m’étais vêtu so british : chemise Turnbull&Asser cravatée, veste Old England, richelieu gold, pour être dans le ton du lieu, très club anglais, bois ciré, cuir patiné, bibliothèque précieuse, tableaux de chasse aux murs... Et pourtant rien de guindé, l’avenante simplicité d’Albéric Bichot, laisser le temps au temps, prendre du temps pour apprécier la palette des vins présentés.

J’aurais aimé qu’Andrew Jefford ( voir le buzz sur le blog des 5 du vin) http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2010/10/07/decanter-pete-les-plombs.html et http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2010/10/10/chardonnay-australien-la-reponse-d-andrew-jefford.html ) fût en ce lieu si proche des codes de sa chère et perfide Albion. Ainsi il eut pu tout à la fois me décrotter, moi qui ne suis qu’un dégustateur nonchalant qui n’a pas son talent, et étalonner son échelle mondiale du Chardonnay en goûtant cette belle et fastueuse Moutonne.

Comme vous le savez j’ai à propos de la minéralité des doutes sur sa déclinaison gustative et quand à la tension, chère à Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble, le débat reste ouvert. Mes images à moi, celles qui se projettent dans ma tête, sont toujours, lorsqu’une émotion esthétique m’étreint, de même nature, à front renversé, que celles que j’éprouve face à un tableau. Je m’explique : face à un Chaissac, un Pollock ou un de Staël c’est le couple image-émotion alors qu’en présence d’un grand vin c’est le couple émotion-image. Tout le problème ensuite est de mettre des mots sur mes images.

Pour Moutonne la connexion fut immédiate : Estève, le grand Maurice Estève élevé par ses grands-parents paternels. « Cette enfance de petit paysan va le marquer d’autant plus profondément que sa grand-mère est une figure assez exceptionnelle. Totalement illettrée, elle décela très vite la personnalité de son « travail » avec beaucoup de respect, quand il installait sur le carrelage même de la salle de séjour, dès l’âge de huit ans, des objets et des fruits pour les dessiner. » Je vous propose une aquarelle de 1966 et un fusain, crayons jaune et bleu de 1979 du maître si bien mis en valeur à l’Hôtel des Echevins de Bourges.

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Vous faut-il des mots après ça ? J’en ai bien sûr mais je les trouve soit trop étriqué soit trop pompeux pour ce grand blanc Moutonne 2006. Reste l’or-vert de l’aquarelle qui évoque si bien sa robe limpide et le grisé du fusain à peine souligné de bleu et de jaune qui semble nous entraîner dans le secret de son micro-terroir. Quand aux traits, aux entrelacs des couleurs, sorte de vue du ciel des parcelles, de ces climats, où la main de l’homme a sculpté la nature, l’a épousée sans la domestiquer, l’a magnifiée en lui permettant de tirer la quintessence. L’élégance, la vraie, est toute dans cette simplicité naturelle, dépourvue d’arrogance et de suffisance, si fraîche, si authentique.

 

En bonus pour illustrer ma chronique de lundi http://www.berthomeau.com/article-suis-je-le-clint-eastwood-du-vin-58632296.html une photo ci-dessous envoyée par un lecteur. Merci à lui pour sa contribution.

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 08:00

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Que voulez-vous il est des jours où je me dis « Berthomeau, prends ton sac et laisse tomber... vis ta vie loin de toute cette insignifiance...» Rassurez-vous ma lassitude n’a rien à voir avec vous chers et fidèles lecteurs mais à des que j’éviterais de nommer. Gésir n’est pas dans ma nature alors lorsque le cours de ma vie professionnelle me revient à la gueule sans mobile apparent, par simple fait du prince, pour me recadrer, je donne le change, je fais comme si, je rentre dans ma coquille et je pense que tout cela est bien vain.

Abandonner ?

Non, sourire, relativiser, prendre du champ, se redresser et repartir comme si de rien n’était.

Dans cette forme de retraite involontaire vous m’êtes d’un grand secours car pour conjurer mes démons, face à mon écran, je m’adresse à vous, je commets comme hier une chronique sous le masque de Clint Eastwood  qui me protège, brouille les pistes, me donne de l’air.

Merci.

Tout ça pour dire à celles et ceux qui ont répondus aux 20 questions de mon Grand Concours de l’été que je n’avais pas vraiment le cœur ces temps derniers à monter sur un tonneau pour tirer au sort les 3 heureux qui graviront les plus hautes marches du podium. J’en suis un peu désolé mais qu’ils se rassurent, qu’ils prennent patience, je vais dès que possible sortir de mon grand sac à malices de quoi satisfaire leur légitime impatience.

Si certains d’entre vous ont des propositions pour l’organisation du tirage au sort je suis bien sûr preneur...

Bonne journée à vous tous et encore merci d’être là...  Morvan-2007-012.jpg

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 00:09

 

Pour ceux qui l’ignoreraient « La nuit blanche » chère aux cœurs des bobos parisiens est un concept inventé par un ex-Vert qui a viré au rose très pâle : Christophe Girard adjoint à la Culture à l’Hôtel de Ville. L’homme fait parti de la maison LVMH qui aime les bulles et le Cognac.

Bref, faire défier un rosé provençal s’affichant « Cuvée Nuit Blanche » par un rosé languedocien se déclarant Mythique m’est apparu de bon aloi.

Pourquoi ?

- Appellation tenante du titre rosé de France contre une Appellation challenger !

- Provence contre Languedoc... des voisins du Grand Sud

- La guerre des roses : un pâle contre un foncé.

- Un duel entre vigneron indépendant et une cave coopé !

J’ose l’écrire : ça va saigner !  Caillou-9243.JPG

D’un côté du ring d’abord le challenger : Mythique qui affiche clairement son appartenance au LANGUEDOC dans un flacon frappé par la croix de cette belle province et se dit élevé dans le respect de la tradition. Son maillot, assez traditionnel lui aussi – je préférais celui de la cuvée Mythique plus contemporain – arbore la chouette pour symboliser le travail des Vignerons de la Méditerranée « dans un environnement sauvage » car elle était l’emblème de « Minerve, déesse qui a appris aux hommes à dompter la nature. » Un telle référence devrait séduire Julien Lepers et tous les accros de « Questions pour un champion »

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De l’autre,  Cuvée Nuit Blanche dite L’Arnaude exhibe sur un petit banc trois jeunes donzelles dodues en maillot de bain une pièce très années 30, genre barbotteuses, sur fond de plage. Pour savoir que c’est un Côtes de Provence mis en bouteille au Château de l’Arnaude il faut être doté d’une bonne vue vu que le doré sur tranche se dissout dans le sable (bien plus dans le rayon sous la lumière crue que sur ma photo).  Caillou-9249.JPG

Même millésime 2009, 12° pour le Languedocien et 13° pour le provençal. Dans la bouteille le second est d’un rose si pâle qu’on dirait la peau d’un nordique descendant le premier jour à la plage alors que le premier à la mine d’une petite paysanne russe modèle poupée gigogne.

 

Mon Mythique affiche un n° 34251 mais, comme nous ne savons pas sur combien ça fait, ça fait bien mais ça ne dit rien. En revanche, à la différence de son concurrent qui n’a nul besoin d’exhiber ses papiers car, comme chacun le sait, tout le monde sait quels sont les cépages du rosé de Provence, le languedocien, lui, déclare être un Grenache-Cinsault. Le Mythique à la différence du champion est pourvu d’une contre-étiquette vantant ses éminentes qualités et guidant nos choix des mets avec lequel il s’accorde.

 

Du côté mensurations L’Arnaude est plus élancée, plus légère que Mythique et, sans lui manger de la soupe sur la tête, elle le toise un chouïa.

 

Avant que le combat ne commence, les managers m’ont informé du montant de la bourse des 2 champions, le prix quoi, est de :

7,95 € pour L’Arnaude (bouchon diam 3)

3,74€ pour Mythique (bouchon liège)

Du simple au double donc ! (achetés au Franprix de la rue de la Glacière dimanche)

 

Pour ne rien vous cacher, contrairement aux usages et aux règles habituelles du noble art, le combat se déroulera dans ma cuisine sans l’arbitre ni les 3 juges habituels. Je serai donc tout ce petit monde à moi tout seul. Autre innovation pas de KO ni de jet de l’éponge, le combat se terminera aux points : s’il y a égalité le champion restera champion sinon le challenger s’il est vainqueur aux points sera le nouveau champion. Aucune contestation ne sera admise. Vous pourrez me couvrir de votre réprobation ma décision sera irrévocable.

 

Afin de ne pas biaiser le résultat ma dégustation s’est déroulée ainsi :

- deux verres ont été rempli au 1/3 par une tierce personne ;

- j’ai dégusté dans le noir pour ne pas être influencé par la différence de couleur très contrastée des 2 liquides ;

- seul le nez et la bouche ont joué leur rôle ;

- j’ai procédé à deux ingestion-projection ;

- j’ai délibéré ensuite avec moi-même.

 

Décision Mythique bat assez nettement aux points L’Arnaude mais pour autant je n’irai pas jusqu’à affirmer que ce combat ait soulevé mon enthousiasme. Disons que ce fut une confrontation sympathique, un bon combat de lever de rideau entre 2 vins honnêtes mais il n’en reste pas moins vrai que Mythique peut sans contestation aucune se prévaloir, dans sa catégorie de prix, d’un bon rapport qualité/prix alors que L’Arnaude me semble boxer dans une catégorie qui n’est pas tout à fait la bonne. En effet, pour quasiment 8 euros, soit tout même bien plus de 50 de nos anciennes balles, on est en droit d’exiger bien plus qu’un petit rosé sympathique, certes gentiment emballé mais dont la personnalité me semble bien frêle.

D’accord je ne suis ni Parker, ni l’imposante palette du GJE qu’est d’ailleurs  pas prêt de me réinviter, mais un ancien marchand de vin qui, certains matins, allait fourrer son nez dans les échantillons anonymes du jour... Je vous assure ça vaut ce que ça vaut mais, après tout, monsieur et madame tout le monde, face au dédain de la critique pour tous ces vins de milieu de rayon, en est réduit à sa façon à ce genre de confrontation.  

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 18:23

marcel-lapierre

 

Photo empruntée à mon collègue www.glougueule.fr Merci

 

Marcel Lapierre vient de mourir ce jour. Qui mieux qu’un de ses amis, Sébastien Lapaque, peut parler de lui. Dans son livre écrit en 2004 « Chez Marcel Lapierre » il nous menait sur la route des beaujolais « sinueuse, flâneuse, parée des milles couleurs de l’automne » jusque chez Marcel Lapierre, viticulteur à Villié-Morgon. 


Suivons-le sur ses lignes !

 

« Relief apaisé, tons reposants, harmonie des mauves, des verts, des bruns.

 

« J’aime bien ce chemin. En regardant le paysage, on n’a pas besoin de se poser de questions, les idées viennent toutes seules. »


Au domaine des Chênes, Marcel Lapierre vinifie son morgon comme son grand-père et son père avant lui, en laissant le temps au gamay noir à jus blanc de devenir du vin. Le viticulteur qu’un article du magazine Gault et Millau célébra comme « le pape du morgon » dès 1988, avant qu’il ne devienne un mythe de Lyon à Chicago et de Paris à Tokyo, n’est pas un doctrinaire.


Aucun discours dogmatique chez lui, nulle tentation de moquer ses collègues ni d’éreinter ceux qui inondent chaque année le marché mondial d’un pinard obligatoire baptisé beaujolais bouveau, affreux breuvage gonflé à l’acétate d’isoamyle – le fameux goût de banane. Moraliste d’un genre oublié, Marcel Lapierre sait que les gâcheurs de raisin sont à eux-mêmes leur propre punition. Pourquoi les accabler ?


Mieux vaut se promener. Savourer les retrouvailles quotidiennes avec les chemins de l’enfance qui ont épousé les rêves d’un homme. »


 

Marcel Lapierre était de ces hommes libres dont j’appréciais la démarche tranquille et sereine, loin de la nostalgie stérile du bon vieux temps et de l’intégrisme de certaines chapelles. Marcel Lapierre était vigneron, sans ostentation, avec discernement, il gardait comme un bien précieux sa faculté de jugement. Modeste, il ne se vantait pas d’avoir fait école mais, à l’instant où il quitte notre chemin, celui des encore vivants, c’est son emprunte et sa trace que je veux saluer avec amitié et simplicité.

 

Je m’incline devant la peine et la douleur de Marie Lapierre, qu’elle sache que la mort de Marcel donne tout son sens à sa vie, une belle et forte vie. Que Matthieu, leur fils, soit lui aussi assuré de la tendresse de tous ceux, dont je suis, qui ont porté sur le travail de son père le regard ému et reconnaissant d’amoureux du bien vivre. Bonne route à vous et à tous ceux  pour qui Marcel Lapierre était un être cher.

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 00:09

 

Tout est dans le suis-je cher lecteur. En effet, en m’interrogeant ainsi je n’affirme pas me glisser dans la peau du « réactionnaire le plus admiré au monde, y compris par les plus ardents progressistes ». Je n’ai ni son talent, ni sa notoriété, et je ne suis pas comme lui un « libertarien social » partisan de la peine de mort pour les crimes les plus odieux. Mais comme lui « je ne déteste rien que les extrêmes », je refuse de me faire « embarquer de quelque manière que ce soit » et en toute chose je m’efforce de me forger mon opinion par moi-même. Comme le souligne Olivier Bardolle, en bon réac qu’il est, dans son Petit Traité des vertus réactionnaires  chez l’Éditeur « la vérité est complexe, généralement provisoire, et souvent ambivalente » et cette attitude « s’appelle le discernement, ou, en d’autres termes la faculté de jugement. Tout le monde n’en est pas également pourvu, et la plupart des hommes se contentent d’arborer des opinions toutes faites, en général inspirées par l’opinion dominante, sans craindre de vivre parfois en contradiction patente avec ladite opinion. »

Pourquoi faudrait-il en toute chose « choisir son camp », y camper, le défendre par tous les moyens, y compris les plus extrêmes, ne pas fréquenter les gens d’en face, les excommunier, ne pas les entendre, les vouer aux gémonies ? Ne pas choisir son camp ne signifie pas pour autant s’abstenir de prendre position, de toujours rester en retrait, de se laver les mains. Entre les partisans des « grands soirs » et des « lendemains qui chantent » et les « ça était mieux avant » défenseurs du bon vieux temps, il reste un espace à investir, il est central et non centriste, inconfortable, risqué mais seul en capacité de redonner le goût de la conquête, l’envie de se dépasser. Je me suis toujours efforcé d’être un pessimiste actif car comme le dit Bardolle « Les pessimistes ont presque toujours raison mais ne font rien, les optimistes sont presque toujours tort mais ils assurent la marche du monde. » Pour autant, empêtré comme tout le monde dans mes contradictions, je peine, je suis un peu las, conscient parfois de rabâcher, de radoter, de m’installer dans la posture d’un vieux sage.

Reste que, péché d’orgueil ou pas, je préfère à la manière de Fabrice Lucchini me rattacher à ces « vagabonds idéologiques » des passes murailles qui refusent la logique binaire, qui n’en ont rien à péter du « si tu n’es pas avec nous c’est que tu es contre nous... », qui sont intenables, indéfinissables, inclassables, insaisissables... Trop facile me rétorqueront certains de s’exonérer ainsi d’un positionnement clair, en béton, permettant le rattachement non équivoque à une cause, à un camp, à un clan... Mon élevage vendéen m’a vacciné définitivement contre les vertus du croire, du troupeau mené par un bon pasteur. Je fuis l’ « esprit du troupeau » qui transforme le citoyen en craintif, en adepte du principe de précaution appliqué à tout et à rien, en ce n’est pas de ma faute, en demandeur d’interdits multiples soi-disant protecteurs, en replié sur sa sphère privée, sans souci de ses voisins ni de la vie collective, en consommateur qui s’achète de la « bonne conscience en libre service ».

Caillou-9232.JPG

Même si Olivier Bardolle par bien des côtés m’irrite, m’exaspère par ses références permanentes à l’ermite de Meudon qui vilipendait ceux « qui ne mettent pas leur peau sur la table », me gonfle avec sa fascination pour des héros qui ne sont pas les miens, il n’empêche que je le lis, je le comprends, et que tout réac qu’il fut, je souscris à ce qui suit : « De fait, l’égalitarisme du troupeau – et des différents troupeaux communautaires – ne consiste pas à tenter de se libérer de sa condition grégaire mais bien à vouloir se fondre dans le groupe pour dissoudre sa responsabilité individuelle dans le destin collectif. Enfin exonéré du dur devoir de faire son métier d’homme au sens où l’entendait Pavese, l’animal humain se met à l’abri au cœur de la harde. C’est la stratégie du gnou africain. Ce sont le nombre, la masse, qui incitent à ce type de comportement où l’on abdique son libre arbitre pour s’en remettre au gnou dominant, censé donner la bonne direction, et surtout la dynamique de groupe que constitue le troupeau (un troupeau qui charge est irrésistible, on le sait bien). Le risque étant que le gnou dominant peut très bien être un Führer, un Caudillo, ou un Lider Maximo, c’est-à-dire un Tyran. Et le Tyran n’est ni une figure réactionnaire ni un modèle progressiste, le réactionnaire de bon aloi est trop individualiste pour s’en remettre à la loi du despote et le progressiste averti aime trop l’idée de liberté pour accepter de marcher au pas. Ainsi l’égalitarisme de troupeau est-il rejeté par les hommes de bonne volonté à quelque bord qu’ils appartiennent, car dans une démocratie éclairée et suffisamment sûre d’elle-même et de ses valeurs il s’agit avant tout, comme le souhaitait Diogène de Sinope, de faire naître et d’encourager des hommes libres. Autant dire que nous ne sommes pas au bout de nos peines, tant le courage fait défaut et que l’idéal sécuritaire, partout, a pris le pas sur l’aspiration à la plus grande liberté possible et à l’élévation spirituelle. »  

Espace de Liberté, oui j’ai écrit au fronton de ma petite maison Liberté et, même si ici nous ne débattons que du vin, de son petit monde, de ses problèmes, des femmes et des hommes qui le font, l’aiment, le vendent ou de ceux qui tournent autour, rien ne nous interdit de participer, à notre place, rien qu’à notre modeste place, à tout ce qui permettra de « faire naître et d’encourager des hommes libres » car « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. » Albert Camus (Discours de Suède) cité par Bardolle comme étant la formule préférée d’Alain Finkielkraut.

 

Bonne journée à tous !

 

* Dans son film Grand Torino Clint Eastwood campe un infâme vieux misanthrope raciste Walt Kowalski « qui n’hésite pas à sacrifier sa vie pour son exact contraire, un jeune asiatique dont tout semble le séparer, sauf l’affection qu’il lui porte au-delà des barrières de l’âge et de l’origine. » Si vous n’avez pas vu le film achetez-vous le DVD ça vaut le coup.

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 02:00

Le matin où j’écrivais « Je perdis la bataille en gagnant la guerre qu’elle m’avait déclarée » Jasmine, qui prenait soin de moi comme du lait sur le feu, au lieu de m’apporter comme chaque matin un grand bol de café fumant s’approchait sans bruit sur la pointe des pieds. Le soleil se hissait doucement au-dessus de la crête épandant sur la peau de la mer, à peine ridée par une fine houle, un trait d’argent. Mes yeux éveillés tôt se troublaient. Mon estomac criait famine. Je n’entendais pas Jasmine s’approcher. « Tu me trouves comment ? » Je sursautais, elle était nue et fraîche. « Désirable ! » Elle levait ses mains au ciel et esquissait un pas de deux « Alors prends moi et fais-moi un nouveau petit »  Je me récriais « Mais je suis vieux mon amour ! » Jasmine se ruait sur moi pour m’entourer de ses bras « Tu ne t’en tireras pas comme ça mon amour, c’est trop facile. Je te propose un petit jeu. Si tu gagnes c’est toi qui décide et si tu perds c’est moi. D’accord ! » J’opinais en lui caressant la croupe. « Pas touche vieux barbon libidineux ! Concentre-toi ! » Je prenais un air inspiré en ôtant mes lunettes pour me frotter les yeux. Jasmine affichait un sourire mutin qui en disait long sur sa certitude de gagner. « Aujourd’hui mon homme qui allons-nous fêter ? » Le piège se refermait. La mutine connaissait mon allergie profonde pour tout ce qui touchait aux dates de naissance et autres fêtes de saint-patron mais je ne voulais pas me rendre sans avoir bataillé. Bandant mes neurones je plongeais dans le flou de mon calendrier interne pour mieux me retrouver dans un trou noir. Jasmine me mordillait le lobe de l’oreille en me massant le cou. Son odeur d’épices et de vanille orientait mon énergie vers des rives plus chaudes que celles de ma pauvre tête et sous ma grande blouse ample l’objet de ma défaite s’animait. Ce ne pouvait être la sainte Jasmine car je me souvenais que nous l’avions fêtée l’an dernier au moment des vendanges ; du côté de son anniversaire j’avais réglé le problème en installant une alarme, pour le jour-dit, sur mon Iphone. Mathias alors ! Non, il était né le jour de Noël et nous avions fêté son saint patron en mai. Je jetai l’éponge.

 

« Mathias mon amour...

-         Pour quelle raison gourgandine ?

-         Sa fête !

-         Qu’est-ce que tu me chantes nous l’avons célébrée en mai avec faste au resto de Bocognano... rappelle-toi le feu de bois et les marrons...

-         Exact mon beau mais comme nous sommes ici sous la juridiction religieuse de Cargèse où, comme tu le sais, cohabitent le rite romain et le rite byzantin. Le 8 août c’est la saint Mathias du côté de Byzance... alors c’est la fête !

-         D’où tu sors cette science ?

-         Wikipédia mon amour !

-         Donc j’ai perdu !

-         Non tu as gagné une femme heureuse !

-         Tu ne l’étais pas avant ?

-         Si, mais maintenant je le suis deux fois plus !

-         D’accord mais mes petits trucs vibrionnant sont peut-être désactivés ?

-         La meilleure façon de le savoir c’est de leur offrir une nouvelle chance mon amour...

-         Et si Mathias se réveille ?

-         Il verra ses parents faire l’amour...

-         Non je vais te féconder en plein air...

-         Comme tu veux je suis une femme soumise...

-         Qui obtient tout ce qu’elle veut. Dis-moi je suppose que si j’avais gagné à ton petit jeu longuement mûri je n’aurais eu d’autre choix que de te faire un enfant...

-         Oui mon amour, ça va de soi ! 

 

Nous étions dimanche et, suite à notre accouplement, nous descendîmes à Ajaccio. Le petit gazouillait dans sa poussette Bébé Confort modèle rustique tout terrain, petites roues à pneus pleins, siège skaï bleu roi patiné par plein de petites fesses, que j’avais dégoté dans le garage de nos propriétaires. Jasmine arborait une robe blanc ivoire, ample et floue, courte, bras nus, agrémentée de multiples petits volants à l’ouverture des manches et tout autour de l’ourlet du bas, avec des sandales blanches. La vision d’une aussi jeune femme, rayonnante, belle comme un cœur, pimpante, au bras d’un type aux cheveux blancs qui passait son temps à se préoccuper d’un petit mouflon aux cheveux de jais tout bouclés lui ressemblant comme deux gouttes d’ eau, plaisait aux insulaires. Sans doute le respect du aux patriarches. Les marchands des Puces nous connaissaient, ils prenaient de nos nouvelles et ne manquaient jamais de complimenter Jasmine, et sur le petit, et sur elle. Moi j’avais droit à un couplet ambigu sur ma grande chance de posséder un tel bijou. Introduire une poussette dans la masse compacte des chineurs en ce premier dimanche d’août eût été une folie que seules osaient quelques jeunes mères corses soucieuses d’affirmer leur revendication identitaire face aux envahisseurs du Nord. Mathias adorait la position privilégiée de mes bras. Jasmine, libre de tout mouvement, jouait les éclaireuses en fouinant sur les étals. L’observant je ne pouvais m’empêcher de penser, en la voyant si heureuse, auréolée de bonheur, que j’allais devoir me préoccuper de son avenir et de celui de nos enfants. Mon sens des responsabilités étant ce qu’il est, c’est-à-dire nul, j’allais charger Raphaël de cette tâche. Accroupie, Jasmine me hélait.

 

Sa position et sa robe en corolle la faisait ressembler à un bel oiseau protégeant son nid. Déjà, après nos ébats face à la mer, alors que Jasmine venait de passer presqu’une heure dans la salle de bains à se préparer, lorsqu’elle revint dans la salle commune où je terminais d’attifer un Mathias qui prenait un malin plaisir à se tortiller comme un petit ver de terre, je lui avais finement dit, face à sa tenue Prénatal et à son air extatique,  « Tu commences ta couvaison... » pour m’entendre répondre « Oui mon beau, j’aime sentir en moi ta semence à l’œuvre.  Elle est vive et incandescente... » Je m’étais bien gardé de lui répondre que le produit de mes gonades devaient être aussi poussif que moi sur mon vélo. Pour l’heure Jasmine agitait au-dessus de sa tête un petit bouquin dont la jaquette affichait le rouge et le noir. Mathias exprimait à sa façon sa volonté d’atterrir, je le déposai sur la bâche. Jasmine me tendait l’opus « Sois jeune et tais toi » l’un des slogans d’une de ces affiches nées dans les soutes de la révolution soixante-huitarde avec l’ombre rouge du Général bâillonnant un jeune type bien coiffé posé sur un pavé noir « KUNST EN REVOLTE het politieke plakaat en de opstand van de frense studenten.  Le peu d’allemand que j’avais acquis lors de mon bref séjour dans la marmite de Berlin ne s’avérait même pas nécessaire à la compréhension du bouquin publié en 1968 en la sage République Fédérale de Bonn. « Ce sera le cadeau de Mathias pour sa fête » m’annonça Jasmine. Ma réponse « il va adorer ! » me valait une remontrance bien sentie « Ne plaisante pas avec l’éducation de notre fils. Je veux qu’il sache tout sur son père... » Je m’esclaffais « c’est vrai que nous n’avons pas eu droit aux monuments aux morts ni a une médaille commémorative... »  

Caillou-9196.JPG

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 00:09

De François David j’ai le souvenir qu’il me laissa sur place dans la dernière ligne droite d’un cross organisé par les « Scouts Marins » fin 1980 au Champ de Mars. Nous avions distancé depuis belle lurette mon patron de l’époque, PML directeur de l’Office des Vins de Table. Il était lui au cabinet de Jean-François Deniau Ministre du Commerce extérieur du gouvernement Barre.

Comme il l’écrit dans l’Avant-propos de son petit opus So British! L’humour à l’anglaise chez Albin Michel  « dès mon plus jeune âge, j’ai vécu alternativement à Paris et à Londres. À cette occasion, tel un entomologiste, j’ai pu observer la façon dont les Français et les Anglais se comportent vis-à-vis de leurs semblables, notamment lorsqu’ils veulent faire de l’esprit »


Ironie à la française rimant avec supériorité contre esprit à l’anglaise se déclinant avec humour au second degré affirme-t-il. Soit, ne lui en déplaise nos amis anglais ne sont pas totalement dépourvus d’arrogance et parfois les gaulois savent eux aussi se moquer d’eux-mêmes.


Bref notre O’ fonctionnaire anglophile qui n’a pas avalé son pébroc comme la plupart de ses confères de l’ENA nous propose 90 opening joke ou closing joke pour égailler vos discours d’après boire.


J’en ai choisi 3, pas tout à fait au hasard, non quelles fussent les plus savoureuses mais parce qu’elles me rappelaient quelquechose.


 

N°1 « Seul sur la scène d’une salle de concert, un violoniste joue de son instrument avec passion. Deux britanniques installés dans une loge commentent.

Le premier demande :

- Que pensez-vous de son exécution ?

Le second répond :

- Je suis pour. »

 

N°2 « Dans un bar sont accoudés un Allemand, un Anglais et un Français. Jésus Christ entre dans le bar et demande au barman :

- Pourrais-je avoir quelque chose à boire ?

Le barman regarde son long manteau blanc et voit qu’il n’a pas de poche.

- Vous avez de quoi payer, monsieur ?

Non, répond Jésus-Christ.

- Dans ces conditions, je regrette... dit le barman.

Immédiatement l’Allemand tend son verre de bière et dit :

- Jésus, acceptez mon verre de bière.

L’homme le boit, serre la main de l’Allemand et dit :

- Merci monsieur vous êtes un homme de bien.

L’Allemand regarde sa main, bouge ses doigts et s’exclame :

- Miracle ! Mon arthrose a disparu.

À son tour, l’Anglais tend son verre :

- Jésus acceptez ce whisky.

Jésus boit, serre la main de l’Anglais et dit :

- Merci. Vous êtes aussi un homme de bien.

L’anglais se redresse et s’écrie :

- Miracle ! Mon lumbago s’est envolé.

À son tour le Français tend son verre :

- Jésus acceptez ce verre de vin.

Jésus boit le vin, tend la main vers le Français. Celui-ci se rétracte et dit :

- Non, pas moi. Je suis en congé maladie.

Devant un public anglo-saxon, le succès est garanti. »

 

 

N°3 « Un jeune élève corse vient de passer son brevet et rentre le soir à la maison.

Son père lui demande :

- Alors petit, ça s’est bien passé ton examen ?

- Papa tu vas être fier de moi.

- Ah bon, pourquoi petit ?

- Ils m’ont interrogé pendant deux heures. Je n’ai rien dit... »


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