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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 00:09

Marie-Amélie passait un long moment à se pomponner dans la salle de bains, temps que je mis à profit pour élaborer un plan me permettant d’échapper à la nuit de stupre et de fornication qu’elle nous promettait. Afin de ne pas succomber à la tentation, la fougue de la comtesse n’aurait aucune peine à me faire glisser au long de ma plus grande pente, je décidais de me prendre une mufflée d’enfer. Je sonnais le garçon d’étage pour qu’il me portât un double gin tonic. Dans la perspective d’un lendemain pas trop comateux j’optais pour une biture à l’alcool blanc qui laisse moins de trace que des liquides plus complexes. J’en étais à mon troisième double lorsque la comtesse se décidait à sortir. Avouer que j’eus le souffle coupé en la voyant relève d’une réalité physique. Elle arborait un petit débardeur blanc d’ivoire qui découvrait son nombril et une mini-jupe noire en stretch gaufré qui laissait filer ses longues cuisses jusqu’à des sandales à lanières nouées à mi-mollet. Maquillée sans excès mais avec une touche de provocation : des lèvres rouge sang et un essaimage de paillettes d’argent sur ses joues rosées et sa gorge enserrée dans un quintuple rang de perles de culture, la comtesse me rejoignait et se posait sur l’accoudoir de mon fauteuil. La chaleur de l’alcool, son parfum de jasmin poivré, sa main qui se glissait dans l’espace de mon col de chemise ouvert, me portait à l’incandescence. J’allais succomber lorsque le téléphone sonnait. Marie-Amélie en ondulant de son petit cul allait décrocher. C’était l’ambassadeur. Elle l’expédiait avec un langage de palefrenier. J’en profitais pour me lever et me diriger vers la porte. Elle me rejoignait et passait son bras sous mon bras, je ne me souviens plus lequel d’ailleurs. « Que voulez-vous jeune homme, j’ai sans doute l’air d’une vieille grue qui s’offre un gigolo mais ce pays qui part en couilles me libère de mon mépris de moi-même ! J’ai envie de baiser, de roter et de pisser debout... »

 

Marie-Amélie ne croyait pas si bien dire, la fin de notre soirée atteignit des sommets avant de nous précipiter dans une de ces nuits où l’on s’endort tout habillé sur le lit et où l’on ronfle la bouche ouverte. On nous servit sous la charmille, il faisait frais. L’établissement regorgeait de yankees volubiles. Nous carburions au Krug millésimé. La comtesse en avait fait porter une caisse. Elle me racontait sa vie sans aucune retenue et je la trouvais émouvante. Deux de nos voisins les plus proches, caricatures de militaires en costume civil, reluquaient les cuisses de Marie-Amélie avec une insistance qui la fit se propulser face à eux en grimpant sur une chaise libre. Dans cette position élevée je découvrais avec stupeur qu’elle ne portait pas de slip, du moins je le crus sur le moment car le lendemain matin je découvris la ficelle qui ne cachait rien du postérieur de Marie-Amélie qui m’expliqua que c’était un slip brésilien qu’elle avait acheté à Paris en faisant du shopping avec Francesca. « C’est extraordinaire ça ne fait pas de trace sous les jeans... » me répondit-elle en s’étonnant de ma pudibonderie. Les natifs du Texas frôlaient l’apoplexie et je les sentais prêt à dégainer leurs dollars pour les glisser dans le soutif de la comtesse. Celle-ci, sa coupe de champagne à la main, entonnait d’une voix forte et juste, ce qu’elle présenta comme l’hymne de son pays natal.

 

La digue du cul, en revenant de Nantes

En revenant de Nantes

De Nantes à Montaigu, la digue, la digue,

De Nantes à Montaigu, la digue du cul.

 

La digue du cul, je band' mon arbalète

Je band' mon arbalète

Et la lui fout dans l' cul...

La digue du cul, je rencontre une belle

Je rencontre une belle

Qui dormait le cul nu...

 

La digue du cul, la belle se réveille

La belle se réveille

Et dit: "J'ai l' diable au cul... 

 

La digue du cul, non, ce n'est pas le diable

Ce n'est pas le diable

Mais un gros dard velu...

 

La digue du cul, qui bande et qui décharge

Qui bande et qui décharge

Et qui t'en fout plein l' cul...

 

La digue du cul, il y est qu'il y reste

Il y est qu'il y reste

Et qu'il n'en sorte plus...

 

La digue du cul, il fallut bien qu'il sorte

Il fallut bien qu'il sorte

Il est entré bien raide, la digue, la digue,

Il en sortit menu, la digue du cul.

 

Le mot cul est un sésame universel. Il sonne bref et juste dans toutes les oreilles du monde. Tel un chef d’orchestre face à ses choristes, Marie-Amélie se fit un devoir de fourrer dans les cranes étasuniens le refrain de sa chanson paillarde. Elle y parvint après moult tentatives. Épuisée elle se laissa ensuite choir dans des bras accueillants qui s’empressèrent de lui servir à boire et de la peloter. La comtesse dans ce méli-mélo gardait une forme de dignité aristocratique, morigénant les trop entreprenant, frappant à coup de fourchette les mains qui s’aventuraient trop avant. Et puis, sans doute lasse de ces entreprises douteuses, elle se dégageait des emprises, se relevait, se versait une nouvelle coupe, la levait et proclamait « à vos femmes, à vos chevaux et à ceux qui les montent... » et s’auto-traduisait en américain ce qui faisait pousser des hennissements aux étalons en rut.

 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 00:09

La France, ce vieux pays de Droit romain écrit, qui adore empiler les lois et les règlements, fabriquer des codes à reluire rouge, dont le plus abouti est celui des IMPOTS qui n’a pas attendu McDo pour être obèse, pondre via sa bureaucratie des circulaires interprétatives, survit car ses citoyens appliquent un grand principe pour son droit public « nul n’est censé respecter la loi » La règle horizontale, celle qui toise tout le monde à la même hauteur, égalitaire dit-on, fait les délices de ceux qui se spécialisent dans l’utilisation des trous, des failles, pour le fiscal ont dit des niches – je ne sais pourquoi cette appellation fait florès y compris pour désigner des marchés fort rémunérateurs – pour tourner la loi. La vigne, la fabrication du vin et son transport, ont été de tout temps en France le paradis de la fiscalité et de la répression des Fraudes : pensez-donc à la DGGDDI et à la DGCCRF les hommes et les femmes du Vin occupaient le haut du pavé. En écrivant cela je ne leur jette pas la pierre car ils savaient, avec doigté et intelligence, démêler les fils et faire preuve de pragmatisme : pas vrai Robert et Dominique ! Ils faisaient parti de la famille. Aujourd’hui c’est plus diffus, plus dématérialisé dit-on. Reste aux vignerons à se dépêtrer ! La simplification administrative est un sujet que chérissent les Ministres en arrivant mais leur peu d’allant à se mettre les mains dans le cambouis de leur Administration fait que, l’Union Européenne aidant, la ponte continue !

 

Bref, j’offre à l’ami David Cobbold ce texte so british pour qu’il comprenne mieux l’ambigüité à la française qui nous permet de vivre sur nos textes, en les exhibant à la face de la Terre entière, pour mieux les tourner.

 

 

« Un dîner d’adieux fut offert à Aurelle par les officiers de cette division écossaise avec laquelle il avait passé quatre années rudes et vivantes.

Il dut, avant de se mettre à table, boire un cocktail et un sherry, puis encore un vermouth italien, réveillé d’une goutte de gin. Un empressement affectueux que ce mélange de boissons, plus que britannique, lui firent sentir avec délicatesse, qu’il était, pour ce dernier soir, non plus un membre, mais l’hôte du mess.

- J’espère, lui dit le colonel Parker, que vous ferez honneur à l’éduction que nous vous avons donnée et que vous viderez enfin tout seul votre bouteille de champagne.

- Je vais essayer, colonel, mais j’ai encore beaucoup à apprendre.

- Il est vrai, grommela le colonel, que cette paix arrive mal à propos. Tout commençait à s’organiser. Je venais d’acheter un cinéma pour nos hommes ; nos artilleurs travaillaient de mieux en mieux ; j’avais des chances de devenir général et Dundas m’apprenait le jazz. Et voilà les politiciens qui font la paix et Clémenceau qui démobilise Aurelle ! Ah ! la vie n’est qu’une damnée chose après l’autre.

-  Oui, messiou, soupira le général Bramble, c’est triste de vous voir partir ; restez encore huit jours avec nous.

- Je regrette, sir, mais je suis démobilisable avec le troisième échelon et j’ai mon ordre de transport en poche : je dois me présenter demain à Montreuil-sur-Mer, d’où l’on m’enverra à Arras, d’où l’on m’expédiera à Versailles, d’où je rentrerai à Paris, si je survis à ce circuit... Je resterais bien volontiers, mais je dois suivre le sort de ma classe, ainsi que disent, non sans grandeur, les militaires.

- Pourquoi, dit le colonel Parker, s’obstiner à envoyer des soldats dont les civils redoutent le retour et qui sont nécessaires au confort des officiers supérieurs ?... Nous autres, Anglais, nous avions adopté pour notre démobilisation, un projet plus intelligent. Les hommes, classés par professions, partaient seulement le jour où les ouvriers de leur métier manquaient en Angleterre. Ainsi, nous devions éviter le chômage. Un gros volume expliquait, avec clarté, tous les détails : c’était vraiment très bien... Well, au jour de l’application, cela a marché aussi mal que possible. Tout le monde s’est plaint, nous avons eu de petites émeutes, les journaux les ont dramatisés et, après quelques semaines d’essais, nous en sommes revenus, Aurelle, à votre système de class qui est égalitaire et imbécile.

- C’était facile à prévoir, dit le docteur : tout règlement qui néglige la nature humaine périra. L’homme, qui est un animal absurde et passionné, ne peut se complaire dans un système intelligent. Pour qu’une loi soit acceptée par le plus grand nombre, il est nécessaire qu’elle soit injuste. La démobilisation française est inepte, c’est pourquoi elle est excellente.

- Docteur, dit le général, je ne veux pas que vous disiez que la méthode française est inepte : c’est le dernier soir que messiou passe avec nous, laissez-le tranquille.

- Cela n’a aucune importance, sir, dit Aurelle : ils n’y comprennent rien, ni l’un ni l’autre. Il est certain qu’en France, en dépit de décrets et de circulaires absurdes, tout va plutôt mieux qu’ailleurs. Mais ce n’est pas parce que nos lois sont injustes, c’est parce que personne ne les prend  au sérieux. En Angleterre, votre faiblesse, c’est que si l’on vous ordonne de démobiliser les hommes par classes, vous le ferez. Chez nous, on le dit, mais par des sursis, par des passe-droits, par mille injustices assez justes, on s’arrange pour ne pas le faire. Un bureaucrate barbare a voulu que l’interprète Aurelle, pour se faire démobiliser, eût à parcourir le circuit Montreuil-Arras- Versailles, dans un wagon à bestiaux. C’est inutile et vexatoire. Mais croyez-vous que je le ferai ? Jamais. J’irai tranquillement demain matin, à Paris, par le rapide, et j’y montrerai un papier couvert de cachets à un scribe du G. M.P. qui, après quelques plaintes désabusées, me démobilisera en maugréant. Le grand principe de notre droit public, c’est que nul n’est censé respecter la loi.

- Hough ! fit le général suffoqué.

- Docteur, dit le colonel Parker, versez du champagne à messiou, il est trop lucide.

Des départs de bouchons se firent entendre aussitôt sur un rythme rapide de mitrailleuses en action. Le colonel Parker commença un discours sur les charmes des femmes birmanes, si aimables et si douces ; le docteur, pour des raisons techniques, leur préférait les Japonaises. »

Les Discours du Docteur O’Grady André Maurois chez Grasset 1922

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 00:09

Bien plus que les bateleurs géotrouvetout qui s’agitent sur les écrans plats – les étranges lucarnes se sont englouties – pour aspirer de l’audience je préfère les journalistes qui s’astreignent à enquêter sur le terrain, à écouter, à entendre. Éric Dupin à pris son temps, le nez au vent (une méthode que je m’efforce chaque jour de faire mienne) pour « aller à la rencontre des Français sans idée préconçue, sans préjugé, sans arrière-pensée ». La lecture de son livre Voyage en France La fatigue de la modernité au Seuil m’a convaincu de sa sincérité. Il a atteint son objectif. Contrairement à ses confrères journalistes « qui partent habituellement sur le « terrain » avec une idée assez précise de ce qu’ils doivent relater (...) qui recueillent des témoignages pour nourrir une histoire qu’ils connaissent déjà. » Dupin, à pied, à vélo, en auto, s’est vraiment glissé dans quelques plis et replis de la France. Pour autant il n’a pas mis en scène « la France qui souffre », ni celle des « terroirs » il s’est contenté d’écouter et de « prendre la température de cette curieuse contrée qu’est la France, un royaume de râleurs perçu comme un pays de Cocagne à travers le monde. » Merci à lui. Enfin, et c’est à souligner, Éric Dupin s’est bien « gardé, la plupart du temps, de porter des jugements sur les propos de (ses) interlocuteurs, ce qui ne signifie assurément pas, (qu’il) les approuve tous. » et, je lui sais gré, de ne pas avoir « non plus alourdi les témoignages en les lestant des analyses qu’ils pouvaient (lui) suggérer. » Pour susciter la réflexion rien ne vaut en effet le brut de décoffrage.

 

Mon choix de l’histoire de Gilles Merlet dont la famille était de bouilleur exclusif de Hennessy, à Saint-Sauvant, depuis le début du XXe siècle, tient à un fait d’histoire : lors de ma mission dans la zone délimitée Cognac j’ai rencontré Gilles Merlet par l’entremise de GA Morin je crois. Je ne sais s’il s’en souvient, moi si. Moi aussi j’ai fait du terrain, pas tout à fait le nez au vent, mais sans idée préconçue, sans à priori, pour comprendre. Je ne sais si j’y suis parvenu mais tout au moins j’ai essayé et Dieu sait si les pressions qui s’exerçaient sur moi étaient grandes. www.merlet.fr

 

« Á l’inverse, Gilles Merlet illustre la mondialisation heureuse. Barbe blanche et regard acéré, ce chef d’entreprise me reçoit dans la pièce où il est né, transformée en bureau, de sa maison familiale. Nous sommes dans le village de Saint-Sauvant, entre Saintes et Cognac. Gilles appartient à une famille de viticulteurs depuis quatre générations. Son père distillait du cognac « On était bouilleurs exclusifs d’Hennessy depuis le début du XXe siècle. »

Gilles a repris l’exploitation familiale au début des années 1970 ; C’était l’époque de la « première grande crise du cognac ». Celui-ci est à 95%  un produit d’exportation. « En France, on invite les gens à l’apéritif, plus au dessert. Le marché du digestif est mort dans ce pays. Les Français boivent du whisky, pas du cognac. On l’exporte un peu partout dans le monde, aux Etats-Unis, en Angleterre, mais aussi en Asie et notamment au Japon. » Or, les ventes de cognac plongent quand les affaires ne marchent pas très bien. D’où une sévère surproduction dans les années 1970. Les surfaces plantées avaient été exagérément agrandies et, pour ne rien arranger, des faux cognacs, produits en Espagne ou en Russie, inondaient le marché.

Pour s’en sortir, Gilles décide, avec succès, de se diversifier dans le jus de raisin : « On a ici un cépage l’Ugni Blanc qui donne des vins un peu acides mais qui est excellent pour faire du jus de raisin. » Il se lance ensuite dans la plantation de cassis après avoir découvert un moyen de mécaniser sa récolte. Gilles produit de la liqueur de cassis et même du kir tout prêt en bouteille.

Ce goût des mélanges le mènera loin. En 2000, un ancien champion de tennis américain, désireux de lancer un cocktail à base de cognac, le contacte. »Je me charge de promouvoir la marque, et vous serez mon producteur exclusif », lui propose-t-il. « Il voulait quelque chose de fun pour les jeunes, un truc assez costaud pour résister à la fonte des glaces. » Comprenez que le breuvage doit être suffisamment corsé pour qu’un amas de glaçons dans le verre, un usage courant outre-Atlantique, ne fasse pas totalement disparaître son goût. Gilles multiplie les formules plus ou moins savantes mais rien ne satisfait l’Américain.

Je vous en prépare une dernière », le somme-t-il un jour. Un produit bizarre de couleur bleue où se mêlent cognac, vodka et six ou sept fruits différents. Les papilles de Gilles ne sont pas vraiment emballées. « Il ne vont quand même pas boire ça », se dit-il in petto. Et bien si. L’Américain est ravi : »Ne touche à) rien, c’est parfait ! » Gilles comprendra coup l’une des raisons de son succès. « Je me suis rendu compte que mon cocktail avait le même rapport sucre/acidité que le Coca-Cola. » Il le baptisera « Hypnotic » et le conditionnera dans des sortes de bouteilles de champagne au design avant-gardiste.

Astucieusement lancé dans le milieu  du show-biz new-yorkais grâce à la complicité d’un rappeur et d’un disc-jockey, Hypnotic fait fureur. Gilles en expédiera pas moins de 825 000 caisses en 2003, année de l’apogée de cette étrange boisson. Après son heure de gloire, le produit passe de mode, Gilles jette son dévolu sur la « cachaça », une eau-de-vie brésilienne fabriquée à partir de la canne à sucre. Il achète en 2008  une distillerie au Brésil et fait vieillir l’eau-de-vie dans de vieux fûts de cognac.

L’entreprise Merlet emploie désormais une cinquantaine de salariés, majoritairement de la région. Elle a rompu avec Hennessy et tente de lancer sa propre marque de cognac. Gilles est aussi et surtout fier de ses gammes de liqueurs, au cassis ou au citron, et de cocktails de fruits variés. « Le cognac mène à tout à condition d’en sortir », conclut-il en regrettant que beaucoup de viticulteurs de la région de Cognac se conduisent un peu trop en rentier... »

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 00:09

Le choc des photos des ceps aurait pu suffire à me séduire et  à capter votre attention. Comme vous pouvez le constater, ils sont à eux seuls de vivantes œuvres d’art. Dans la lumière blanche d’un ciel pur, ce vignoble de Pyrgos, en Grèce, accroché aux Hautes Terres (150 à 250 mètres d’altitude) dans un sol volcanique de pierre ponce, sans argile ni matière organique, indemne pour toujours du phylloxéra, qui se voit tous les 70 à 80 ans régénéré par l’arasement des ceps. Conséquence de cette mesure radicale, leurs racines sont donc très anciennes : de 300 à 400 ans. Preuve que la vigne, liane vivace, peut sous des climats violents s’épanouir : ici aux hivers cléments 8-10°C succèdent des étés très chauds, venteux et secs. Ici elle forme des enlacements qui sculptent un réceptacle étonnant.

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Mais, si la beauté formelle de cette vigne est réelle, ce n’est pas pour elle et par elle que je suis venu mettre mon nez, qui n’est pas grec, dans un verre d’Assyrtiko by GAIA Wild Ferment. C’était en fin de journée. J’en avais plein les bottes. Je m’étais fait saucer sur mon vélo par une giboulée de mars. Alors j’avais pris le métro. Faisait lourd et je me sentais un peu perdu au milieu de ces Grands Crus du Monde proposés au Pavillon Lenôtre. Comme le disait mémé Marie j’ai alors rousiné (tourner en rond en ne sachant trop que faire) et puis j’ai vu le bras de Yiannis Paraskevopoulos tendant une belle carafe vers des verres assoiffés. Le liquide qu’elle contenait offrait une belle luminescence d’un jaune tirant sur le vert. Alors n’écoutant que mes instincts, sans me poser de questions sur le pedigree du vin et du faiseur de vin, j’ai tendu mon verre.

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Le choc ! Trouver les mots pour exprimer ce que j’ai ressenti relève, plus encore qu’à l’ordinaire, de la mission impossible. Cette cuvée porte bien son nom : elle est sauvage au sens de nature sauvage. Comme si, dans la peau de Malaparte, j’arrivais par un sentier de chèvres et que je découvrais le cap Massullo : « Il y avait à Capri, en la partie la plus sauvage, la plus solitaire, la plus dramatique, en cette partie entièrement tournée vers le midi et l'orient, où l'île, d'humaine, devient féroce, où la nature s'exprime avec une force incomparable et cruelle, un promontoire d'une extraordinaire pureté de lignes, qui déchirait la mer de sa griffe rocheuse. Nul lieu, en Italie, n'offre une telle ampleur d'horizon, une telle profondeur de sentiment. C'est un lieu, certes, propre seulement aux êtres forts, aux libres esprits. Car il est facile de se laisser dominer par la nature, d'en devenir l'esclave, de se laisser déchiqueter par ces crocs délicats et violents, de se faire engloutir par cette nature comme Jonas dans sa baleine » Ritratto di pietra (Portrait de pierre), écrit à Capri en 1940.

 

Si je cite le très contesté Malaparte c’est que son lien avec la Grèce était fort. J’ai fait, il y a quelques années, au petit matin, le chemin jusqu’à sa Casa Matta et face au paysage qui s’offrait à mes yeux : la paroi à pic de Matromania, les trois gigantesques rochers des Faraglioni, la péninsule de Sorrente, les îles des Sirènes, les reflets azurés de la côte d'Amalfi, et ceux, dorés, du rivage de Pesto, je me sentais en effet engloutit, dominé par cette beauté sauvage, un tout petit homme. Certains vont dire que je verse dans la grandiloquence mais, concédez-moi, que je ne me livre que très rarement à propos d’un vin, et pour celui-ci, dont je  ne sais ce qu’il doit à sa terre et ce qu’il doit à la main de l’homme – peu m’importe d’ailleurs – j’ai été bouleversé, ému, par son intensité, sa fraîcheur, sa richesse, sa belle acidité en finale. Avant de vous en parler j’ai hésité longuement car, même si ça n’apparaît pas de prime abord, je suis un garçon pudique qui rechigne à étaler ses émotions intimes. Alors, faites comme le recommande Yiannis Paraskevopoulos, carafer ce grand blanc et laisser le décanter 30 mn avant de l’affronter pour recevoir le choc de sa sauvagerie.

 

Vous comprendrez aisément que je ne vais maintenant vous tartiner des trucs techniques sur ce vin. Si vous souhaitez vous informer alors rendez vous sur le site www.assyrtiko-wines.com  où Yiannis Paraskevopoulos qui est docteur-ingénieur en Œnologie de l’Université de Bordeaux II éclairera votre lanterne (c’est en grec et en anglais). Si vous souhaitez acquérir Assyrtiko by GAIA Wild Ferment allez sur le site de Valade&Transandine Vignobles du Monde www.transandine.fr (Grèce et Gaia)

 Assyrtiko by Gaia Wild Ferment 2009

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 09:43

Cher Michel Issaly,

 

Tu as planté la tente des Rencontres Nationales des Vignerons Indépendants de France des 27 et 28 avril à Bordeaux qui est plein de châteaux link Le tien est un Laffite, un Laffite-Laguens www.chateau.laffite.fr . Deux journées consacrées aux Gourous du Vin. Fort bien, tes tables rondes sont entourées que de gens bien, compétents, et tout et tout. Ce qui me chagrine, hormis ce titre (les gourous ça ne fleure pas la barrique mais les maîtres à penser qui ne sont souvent que de bien mauvais bergers) c’est son pluriel. À Bordeaux il n’y a qu’un seul gourou : Robert Parker ! Tout le reste c’est un peu du remplissage.

 

Sans faire injure à mes nombreux amis invités autour de tes tables (sont-elles vraiment rondes Michel ?) pourquoi ne l’as-tu pas invité ?

C’est un oubli ou un parti-pris Michel ?

Faute d’avoir le Bob tu aurais pu demander à Michel Rolland ou à Jean-Luc Thunevin de, non pas le remplacer, mais de venir exposer son importance prescriptrice sur la place de Bordeaux. C’eut été passionnant et fort enrichissant pour tes ouailles. Là je t’assure je me serais déplacé pour torcher une chronique dès plus Parkérisé.

 

Bon, tu me diras, ma chronique la voilà ! Bien sûr l’ex-petit rapporteur que je suis, fort connu des VIF – qui en leur temps ne lui firent guère une standing-ovation – ne peut jamais s’empêcher de ramener sa fraise.

 

Je te propose, afin de combler le vide de l’absence du Grand Bob sur un sujet qui ne concernait que lui, d’expédier à tes ouailles, en même temps que les minutes de tes Rencontres, la bande-dessinée de Benoist Simmat et Philippe Bercovici « Les Sept péchés capiteux » Robert Parker. Comme autrefois tout finissait en France par des chansons dans le cas présent tes ouailles prendront le parti d’en rire.

9782356482129_cp.jpgEn attendant cet envoi, je propose pour patienter de visionner l’interview de Benoist Simmat par Jean-Michel Peyronnet, autour d’un verre de Beaujolais Nouveau de Georges Descombes. (pourquoi ne pas la projeter comme mise en bouche à tes rondes tables?)

 

Allez, à bientôt Michel, autour d’une belle entrecôte de Salers à la Maison de l’Aubrac car, comme tu le sais, je fais maintenant dans la viande bovine car du côté du vin je ne suis plus en odeur de sainteté.

 

Avec mes amitiés.

 

Jacques

 

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 00:09

L’Union Européenne, hormis l’euro, qui est sa devise officielle et la monnaie unique commune à dix-sept de ses États membres, et de quelques politiques communes : dont la plus célèbre : la PAC, n’est, plus de 50 ans après sa naissance sous l’impulsion de Robert Schuman et d’Alcide de Gasperi, qu’un pâle ersatz des Etats-Unis d’Europe. À dire le vrai, même si en vertu des fameux accords de Schengen nous circulons librement à l’intérieur de ses frontières, nous ne partageons vraiment pas grand-chose ensemble, nous n’avons guère le sentiment d’être les citoyens d’une communauté de destin et de bâtir ensemble une entité territoriale et humaine forte et solidaire. Le chacun pour soi, les nationalismes, les régionalismes, attisées par les menaces, réelles ou fantasmées, ne laissent guère de place à un réel vivre ensemble. Je ne suis ni européiste, ni eurosceptique, mais tout bêtement un euro-réaliste qui, puisqu’il est né sitôt après le dernier grand conflit européen, sait ce que cette communauté nous a apporté – en dépit de ses insuffisances, de sa timidité, de sa couardise, de sa bureaucratie, de sa vulgate libérale – : la paix, une prospérité partagée et un ancrage qui peut nous permettre, dans les grandes fractures de la mondialisation, de faire contrepoids aux nouveaux empires économiques.

 

Mon propos de ce matin n’a pas l’ambition de redonner à la gangue européenne de la vigueur, de faire lever sa lourde pâte mais, plus modestement, de partager avec nos voisins italiens, un mot que je trouve beau : l’agriturismo. Il sonne bien, il chante, il monte, s’élève, léger, charmant, il fleure bon la campagne, je n’ose écrire le terroir, il évoque de bonnes tables : « Qu’est-ce que la gloire de Dante à côté des spaghettis ? » s’exclamait en 1954 l’écrivain Giuseppe Prezzolini, il embrasse bien plus largement que le balourd oenotourisme des produits de haute civilisation : les fromages, les vins et l’huile d’olive entre autres. En effet, je trouve étrange que de beaux esprits qui passent leur temps à nous seriner les plus beaux accords mets-vins s’empressent aussitôt d’enfermer le vin dans son pré-carré de châteaux et de Clos fut-il Vougeot. Pas étonnant que le mouvement Slow Food soit né dans la péninsule même si, hormis la dérision de son appellation, son emprunt à la langue anglaise dominante est la preuve de notre incapacité à forger des mots qui nous ressemblent. Pour avoir un temps travaillé dans l’huile d’olive, et m’être rendu à la foire de Vérone, la défense de l’origine fait parti des gènes de nos voisins italiens.

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Ma proposition est simple : elle s’apparente à la procédure bien connue de l’adoption. Plutôt que d’avoir recours à un mot laid, poussif, pour nommer ce nouvel accueil des urbains de tous les pays dans notre univers du bien vivre, pourquoi ne solliciterions-nous pas nos voisins italiens, qui partagent avec nous les mêmes valeurs, pour, avec leur consentement, adopter ce mot. Le faire nôtre. Je ne doute pas que nos amis italiens accueilleraient cette initiative avec enthousiasme : nous pourrions prendre comme ambassadrice Carole Bouquet viticultrice sur l’île de Pantalleria et comme ambassadeur le directeur Italien de l’OIV : Federico Castelluci. Une fois l’adoption approuvée, gravée dans le bronze ou le terroir si vous préférez, nous ferions une grande fête où nous mêlerions, sans discrimination, nos vins et nos fromages bien sûr, mais tout ce que nos tables peuvent receler de produits de saison goûteux, de charcuterie, de viande, de poissons et de glaces, de sorbets et autres pâtisserie, seul le café ne serait qu’italien. La « boisson du Diable », introduite au XV e à Venise, n’a pas d’équivalent dans le monde. Ce serait la fête des Voisins à l’échelle de deux pays. Nous apprendrions plus encore à nous connaître et, ainsi, je suis persuadé que nous ferions progresser l’idée que cette Union mal foutue vaut mieux que la solitude de nos vieilles nations. 888481833.jpg

Certains vont dire que je suis foutraque, que mes idées sont braques, qu’à l’heure où l’on bloque des trains à Vintimille, il y a mieux à faire que de célébrer l’adoption d’une belle appellation qui ainsi nous deviendrait commune ! En êtes-vous si sûr ? L’Italie vous connaissez ? Avez-vous pris la peine de la découvrir ou ne faites-vous pas comme avec vos voisins : bonjour-bonsoir, chacun chez soit et les cochons seront bien gardés. En tant que petit chroniqueur de la Toile je m’efforce d’être curieux des autres et comme je ne peux passer mon temps chez eux alors je lis : leur littérature ou des ouvrages tel que celui publié par Autrement : l’Atlas de l’Italie contemporaine qui, donne une vision synthétique, accessible à tous, de ce pays avec lequel nous partageons « une histoire commune faite d’incompréhension et d’admiration réciproque » Comprendre ce pays singulier pour mieux se comprendre est le maître-mot de cet ensemble de textes et de cartes. Approche, historique et géographique, qui permet de sortir de nos clichés et de nos idées reçues.

 

La botte italienne, cette péninsule qui s’étire sur 1300 kilomètres à la pointe de laquelle une grande île, dont le nom nous semble synonyme de mafia : la Sicile et, sous notre Corse rétive, la Sardaigne massive. Reste que, ces derniers jours, c’est un confetti d’île, à mi-distance de Catane et de Sfax, qui fait la une de l’actualité. Son nom, jusqu’à ce moment historique, évoquait le Guépard de Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa. L’Italie de Berlusconi, du malgoverno, du calcio, d’Umberto Bossi, de Mussolini, des années de plomb, du cinéma néo-réaliste, des Ferrari et de la Vespa, « une marqueterie de paysages et d’écosystèmes particuliers qui ont favorisé la formation de multiples patries et campanilismes » avec la césure entre son Nord industrieux et son Sud pouilleux : avec deux capitales Rome et Milan... L’Italie qui n’est pas la fille aînée de l’Eglise mais, où l’empreinte du catholicisme renforcé par l’enclave du Vatican même si les papes ne sont plus, depuis l’éphémère Jean-Paul 1 er, italiens, reste forte. L’Italie de l’absolue richesse de son patrimoine artistique : Florence et sa galerie des Offices, Venise sa Biennale et sa Mostra, la Rome antique..., L’Italie et son piccolo è bello le small is beautiful à l’italienne : petites unités à base familiale spécialisées dans des secteurs à technologie mâture et à haute valeur ajoutée : les Tods de Della Valle, Gucci, Prada, Armani, Alessi... L’Italie des mommoni (fils à maman) ces bomboccioni qui vivent longtemps dans les jupes de la mamma (résidence tardive au domicile familial : 70% des 20-34 ans en 2008). L’Italie longtemps terre d’émigration est maintenant la pointe la plus avancée de l’immigration « Aujourd’hui, ce promontoire au littoral difficilement contrôlable représente un Eldorado pour des masses d’immigrés venus de pays pauvres ou émergents, ou une simple étape dans leurs marches, semées d’embûches vers l’ouest et le nord. L’Italie, point de passage obligé entre l’Orient et l’Occident, creuset historique des influences de ces deux entités, est membre d’une Europe dont l’épicentre se situe désormais au nord et tend même à s’orienter vers l’est. »

 

Il y eu, dans un passé récent, entre l’Italie et la France « une guerre du vin » et j’ai le souvenir du Traité de paix et d’amitié cosigné par Filippo Pandolfi et Henri Nallet, Ministres de l’Agriculture, d’abord dans le Vieux Nice au Palais de la Préfecture des Alpes Maritimes, appelé aussi Palais des rois sardes, l’ancienne résidence des rois de Sardaigne, puis à Bordighera dans une villa où eut lieu le 12 février 1941 une rencontre entre Benito Mussolini, alors chef du gouvernement, et le caudillo Francisco Franco pour discuter de l'entrée en guerre de l'Espagne au côté des forces de l'Axe. Souvenirs, souvenirs, si je retrouve le Traité dans mes archives je chroniquerai...

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 00:09

À pied, à cheval ou en voiture et, bien sûr, pour se rendre au-delà des mers, en avion, le Beaujolais Nouveau, inondait villes et villages, animait de grandes libations joyeuses, s’imposait, gagnait chaque année des adeptes, s’installait comme une marque mondiale et rien ne semblait arrêter sa résistible ascension. Success story incontestable mais le ver était dans le fruit, l’image s’est brouillée, la répétitivité a lassé, le goût de banane a pris un goût d’artificiel, ce fut la curée : on brulait ce que l’on avait dit  adorer. Les temps difficiles s’installaient dans le Beaujolais.

 

Rappelez-vous, le 19 février 2010 je titrais Le Beaujolais « Grand Corps Malade » : je m’auto-missionne... Et j’écrivais : « Que le beau vignoble du Beaujolais soit un « Grand Corps Malade » j’en suis bien d’accord mais, sans prendre la distance un peu froide qu’affiche encore trop souvent le corps médical face à la souffrance morale de ses patients, il me semble qu’il faut se garder d’en rester à une telle approche purement compassionnelle. Avoir de l’empathie, j’en ai et je ne fais pas parti de ceux qui couvrent le Beaujolais d’opprobre,  ne doit pas conduire ni à une forme de globalisation des problèmes qui se posent, ni à s’enfermer dans une victimisation du produit. La recherche de « coupables » peut rassurer mais elle n’apporte guère de lumière au diagnostic (...)

 

« C’est donc avec mon petit balluchon que je me porte volontaire pour « aider » avec ma méthode semelles de crêpe, pas pour « assister », le Beaujolais n’a pas besoin de béquilles, d’infirmiers  ou de docteurs miracles – ce qui ne signifie pas pour autant que les conséquences sociales des difficultés ne doivent pas être traitées avec les moyens adéquats – mais d’un accoucheur de décisions. Le salut – c’est mon côté vendéen qui ressort – du Beaujolais viendra de l’intérieur, de ses propres forces. C’est donc à dessein que j’ai titré ma chronique « Grand Corps Malade » en référence à ce grand garçon sympa qui a su, avec ses propres forces, surmonter son handicap lié à son accident pour « réussir ».

 

Suite à cet appel j’ai rencontré beaucoup de sympathie mais pour le reste, l’essentiel, une forme d’indifférence, de silence gêné. J’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur et j’ai poursuivi mon petit bonhomme de chemin en remettant le métier sur l’ouvrage à chaque fois que l’occasion se présentait. Et puis, à Lyon, au SHIRA, en février, j’ai rencontré une petite poignée des 15 du Beaujolais d’Expressions d’Origine. Alors, dans ma petite tête je me suis dit que c’était par là, au-delà même de cette initiative, que passerait le renouveau du Beaujolais. D’où l’idée d’une rencontre les pieds dans les vignes de cette belle région. Pas facile de rassembler tout un petit monde éparpillé et occupé mais je suis passé à l’acte à l’occasion de la Beaujoloise. Nous devions être 5 ou 6, nous ne fûmes que deux mais mon coéquipier était de grande qualité. David Cobbold a livré dans les 5 du Vin, non pas son ordonnance, mais un point de vue plein de pertinence. (lire ici link). Désolé pour la Biojolaise je n'ai pas eu le temps d'y aller, la prochaine fois je m'organiserai autrement... L1000836.JPG

Comme je suis immodeste pour ma part j’estime que ma proposition d’aller en Beaujolais change tout. En effet, jusqu’ici le Beaujolais, sous les Tam-tams du Nouveau, dans la grisaille de novembre débarquait chez nous. Coupé de ses racines il est devenu un produit qui fleurait bon le marketing : les Brasseurs n’avaient-ils pas eux-aussi leur bière de printemps. L’authenticité du Beaujolais Nouveau se diluait dans la grande mer des produits qui la clament sans la posséder dans le style du camembert le Rustique qui a un goût de l’authentique avec son vrai lait pasteurisé. Alors, quelle est la contre-image ? Elle est dans la réalité physique de la belle région du Beaujolais. Lors de la Beaujoloise, certes sous un soleil resplendissant, ça éclaboussait les yeux. Mais, il y avait un bémol, ceux qui étaient là étaient déjà des convaincus. Le Beaujolais a besoin d’aller au-delà de ces cercles et de ces chapelles pour s’adresser à la fois à un public plus large et surtout à des prescripteurs venus de contrées lointaines.

 

Que faire ? Faire au printemps : les Beaux jours du Beaujolais, opération sœur des Grands Jours de Bourgogne, et pourquoi pas en alternance, où pourraient voisiner de vrais professionnels, des grands et moins grands amateurs mais aussi des hommes et des femmes en recherche de nouveaux espaces qui seraient accueillis, guidés pour découvrir le Beaujolais sous toutes ses facettes. Cette région est belle mais elle a besoin de réinvestir dans son vignoble pour qu’il puisse relever ses défis. Patience et longueur de temps : l’important pour l’heure est de réamorcer le cercle vertueux avec l’existant le plus attractif, le plus dynamique, le plus moteur. S’appuyer sur le noyau des réussites ce n’est pas faire injure à ceux qui sont dans la difficulté mais tout simplement mettre en avant ses cartes maîtresses, les jouer à bon escient. Faire plaisir à tout le monde c’est prendre le risque de rester dans un PPCD qui n’attirera pas grand monde en donnant une image floutée et sans relief.

 

Dans notre monde tel qu’il est, il faut choisir un parti, s’y tenir, durer, s’appuyer sur ses points forts, travailler à réduire ses handicaps, dire ce que l’on est vraiment, sans fard ni repentance. Croyez-moi, sur le Net, avec nos petits moyens, nous serons nombreux à relayer le parler vrai du Beaujolais. De ses racines populaires, tant vantées par son héraut Bernard Pivot, ce vin du Beaujolais dans tous ses états, si joyeux, si simple et de bon goût, si convivial, mais aussi l’égal de beaucoup qui se haussent du col, capable de remettre à sa place du beau linge, est le prototype du vin moderne qui, j’en suis persuadé, va retrouver sa place. Encore faut-il que les hommes et les femmes de cette belle région se retrouvent sur l’essentiel pour nous proposer les Beaux jours du Beaujolais. Croyez ma vieille expérience de « Raid Ader » des crises, croire en soi-même, accepter sa diversité, se retrouver sur des chantiers communs, sont les meilleurs ingrédients pour vivre ensemble et rebâtir...

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 00:09

Éric Zemmour boit-il du vin, du bon vin de France ? Voilà une importante question à laquelle je ne saurais répondre mais comme c’est un « bon pioupiou », un gars bien de chez nous, un mec qui aime la France y devrait. Toute personne du PAF ou d’ailleurs en mesure de nous procurer des éléments de réponse sera la bienvenue sur ses lignes.

 

En notant d'emblée qu’il a un air chafouin (celui, celle qui est maigre, de petite taille, avec une mine basse et sournoise) je risque de me voir accusé de délit de sale gueule. Je le prends car c’est ainsi que je le vois sur l’écran d’ I>Télé lorsqu’il se chamaille dans Ça se dispute avec son compère de Marianne (le magazine aux Une racoleuses) Nicolas Domenach tout de noir vêtu clône de Jean-François Kahn en moins volubile. Au dire de Philippe Caubère, Zemmour fait la pute dans une émission de France 2 On n’est pas couché, ou avec son compère Éric Naulleau, qui lui à une tronche de mal équarri d’une gauche mal définie. Ayant visionné sur le Net la vidéo j’ai pu le voir hocher la tête, en un signe d’approbation à sa qualification de pute. Donc nul problème d'utilisation.

 

Le dit Zemmour, exploitant le fait qu’il n’est pas plus con que la moyenne de ses confrères, cultive son petit fond de commerce avec la pugnacité et la constance de mes 2 épiciers tunisiens du boulevard Saint Jacques ouvert jusqu’à 2 heures du matin. Il besogne, normal pour une pute ! Il se situe dans la tradition de la Droite Nationale de l’entre deux-guerres, le talent en moins. Il défend ces français qui sifflaient Karembeu, trop kanak à leur goût et qui avait le culot d’être l’homme de la blonde Adriana. Il sait tout, il a des opinions sur tout, et pour lui tout est de la faute de l’intégration européenne. Tel Candeloro il dévide ses figures imposées et, parfois, lorsque sa dialectique se heurte à la réalité il se risque à un double axel ou une triple boucle piquée.

 

Je ne fais pas partie de ceux qu’il irrite car je trouve qu’il a une fonction salutaire, j’ose même écrire sanitaire : il a un côté Destop bien utile. Bref, en dépit de ses frêles épaules, il porte le poids des non-dits d’une frange de la classe politique, et de sa bouche aux lèvres fines il délivre un message qui plaît à une partie de la France. Je l’écoute de temps en temps en me régalant de ses mimiques et de sa gestuelle car j’adore ce genre de type qui de sa chaire, sans avoir jamais rien fait d’autre de ses dix doigts – c’est démago j’en conviens, mais j’attaque là le polémiste pas le journaliste qu’il fut – se fait le héraut du petit peuple en endossant un discours un peu trop ample pour lui.

 

Quand j’ai ma dose de Zemmour je zappe. Nul n’est tenu de consommer mais il est toujours bon d’écouter les petits commis de la maison d’en face. Jamais je ne m’associerais à ceux qui réclameraient sa tête mais je n’irai pas non plus l’applaudir lorsqu’il fait la pute à l’Assemblée Nationale.

 

Mon goût pour la glose politique sous sa forme polémique vient de mon élevage paternel. La Droite Nationale je connais : mon père fut un temps Croix de Feu du colonel de la Rocque et en culottes courtes j’ai lu la littérature de la Droite qui ne portait pas la Gueuse dans son cœur, celle qui exploitait dans ma Vendée profonde la peur des Rouges. La Peur, la peur de l’autre, de l’étranger, c’est un grand classique de la Droite Nationale. Pour autant, les bonnes âmes d’en face, qui provoquent l’ire de Zemmour, baignent souvent  dans l’angélisme et le ce n’est pas de leur faute, tout aussi stupide. Pour avoir dirigé une unité de 600 personnes sur le Port Autonome de Gennevilliers je me suis frotté de très près à ceux que prétend défendre le chevalier Zemmour, ils voisinaient dans l’usine 25 nationalités et la cité de Transit d’à côté nous causait bien du souci. Bref, il est sûr que la question de la sécurité ne se réglera pas à coup d’incantations car les grandes fractures de la mondialisation ont laissé, et laisseront encore, des blessures sur le corps social le plus exposé. Nos élites, économiques et politiques, ont failli dans leur discours et leur comportement, mais il n’empêche que tant que les citoyens-électeurs carbureront aux promesses nous ne sortirons pas de l’ornière où nous sommes.   

 

Bref, je me dois pour finir vous expliquer mon titre : mon cher père qui se shootait à la politique, nous imposait, dans le plus grand silence, les « Attendez-vous à savoir » de Geneviève Tabouis (qui fut accusée d’être un agent soviétique) le dimanche sur Radio Luxembourg et, le soir avant les informations de 20h, les chroniques journalières En direct avec vous du Pisse-vinaigre Jean Nocher sur la RTF. Je les trouvais péremptoires, surtout la Tabouis, et chiant, surtout le second très père la pudeur (il faisait une fixation sur B.B, à l’époque elle scandalisait les petits bourgeois, la roue tourne...). Ils étaient seuls au micro alors que maintenant on nous offre soit des duettistes : Zemmour-Nauleau, Zemmour-Domenach, Julliard-Ferry (j’adore la permanente teintée de Jacques Julliard face à la belle crinière de Luc Ferry) ou des quarterons assez people dont deux vieux bretteurs inusables : Philippe Tesson et Claude Cabannes.

 

C’est plus ludique, chacun y fait son petit numéro, ça tient plus du bal des egos et ils se battent souvent pour de faux. De mon temps c’était plus violent et c’est en cela que le Zemmour restaure une langue de Droite drue qui oscille entre celle du Che (le belfortain revenu du ciel) et celle de gens qu’on dit braves même s’ils n’aiment pas les arabes ou les « pédés » ou les curés de gauche... Il est représentatif d’une certaine France, il s’inscrit, sans avoir le talent d’un Léon Daudet ou d’un Maurice Barrès, dans une tradition réactionnaire à la fois antilibérale en matière économique, conservatrice au plan de l’ordre social, exécrant les progressistes représentés pour lui par les droits-de-l’hommiste Kouchner, BHL, fruits pourris post-soixante-huitard. Il se situe à la hauteur de notre époque, c’est-à-dire pas très haut, mais je lui reconnais une forme de courage et de constance même si je ne suis pas certain que face à un teigneux du type Marchais sa puissance de tir eut été suffisante car il aurait trouvé plus roublard que lui...

 

Je vous offre une chronique de Jean Nocher du 12 mai 1960

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 02:00

Les femmes possèdent une faculté unique de passer d’un état extrême à un autre tout aussi extrême mais en totale opposition sans aucune espèce de transition. La comtesse m’en fit la démonstration en s’émerveillant comme une gamine devant le spectacle de l’équipement de bickers que nous proposait le garagiste. Elle frappait des mains, s’extasiait, sautait telle un cabri, me prenait à témoin « Mon rêve ! Prendre la route... » Moi je tirais la gueule car je la voyais venir avec ses fripes de motards : je déteste viscéralement l’accoutrement grotesque de cette secte de gastro-couillards ! Tout est gros et lourd, gras, chez eux, sauf le QI. La perspective de me parer de cuir, de chausser ces lourdes écrase-merde ne me plaisait guère mais je savais pertinemment que les fantasmes de Marie-Amélie balaieraient mes préventions. Mon peu d’enthousiasme n’avait pas échappé à la mâtine qui s’empressait de me rassurer en me tendant un casque d’une légèreté incroyable et laissant les oreilles dégagées : « Avec celui-ci vous aurez l’air de James Dean... » Nous nous harnachâmes pendant que le garagiste effectuait quelques réglages sur la moto, une BMW R-75. Cette moto conçue pour recevoir un side-car fut également largement utilisée sans side et fut l'une des deux roues de base des bataillons motocyclistes des divisions blindées et motorisées de la Wehrmacht et des Waffen-SS. La comtesse, tout en ajustant ses lunettes de route, me racontait qu’en 1938, dans le cadre du Pacte germano-soviétique, les nazis, soucieux de leur approvisionnement en matières premières, fournirent en échange à l’armée de Staline les plans de la R-75 et la massive M72 des soviets en fut la copie conforme. D’abord construite à Charkow avant que les ateliers ne soient transférés à Gorkij dans l’Oural lorsque la Wehrmacht envahit l’Ukraine... » Devant mon air ébahi, elle ajoutait en me tapant sur l’épaule « Je suis raide dingue de moto et je vais enfin pouvoir m’éclater sur ce monstre que ce sale petit couillard a sûrement gonflé... »

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Marie-Amélie avait vu juste, la lourde moto, entre ses cuisses gainées de cuir, feulait, son monocylindre répondait parfaitement aux gaz et elle montait les vitesses avec facilité. La position de passager d’une moto, surtout un engin militaire, est à la fois peu confortable et d’un érotisme absolu lorsque l’on se retrouve dans l’obligation d’enserrer la taille de la conductrice. Nous empruntions la route 68 encombrée de camions dans les deux sens. Notre équipage n’attirait l’attention ni de la police, ni de qui que ce soit d’ailleurs, on devait nous prendre pour des excentriques s’offrant une balade dans le Chili de l’Union Populaire. Nous fîmes de l’essence à Curacavi. J’avais, vu le confort allemand de notre R72, le cul en compote et une soif d’enfer qui elle tenait à la sécheresse ambiante. Le pompiste tenait une sorte de cafétéria épicerie où je m’enfilai trois bocks d’une bière pisse d’âne. La comtesse, avant de me rejoindre, s’en était allée se refaire une beauté aux toilettes. À son retour je la félicitais pour ses talents de conduite. Elle avait descendu la fermeture-éclair de son blouson et la peau blanc de lait de sa gorge piquetée de grains de son attirait mon regard. Elle se  posait face à moi, les coudes sur la table « Est-ce que je vous fais bander ? » Ma réponse positive lui tirait un sourire carnassier. « Alors, profitons de vos bonnes dispositions jeune homme ! J’ai toujours rêvé de me faire prendre dans les chiottes ! » Abattu en plein vol j’osai une réponse indigne « Avec le litre de bière que je viens de m’enfiler ça risque d’être la Bérézina... » Un blanc s’installait avant que la comtesse très bravache me lance « vous ne perdez rien pour attendre... »  

 

À la nuit tombée nous nous arrêtâmes dans un hôtel de charme à Los Andes. Architecture coloniale, gazon impeccable, piscine désuète mais bien entretenue, patio empli de plantes vertes, hall douillet où voisinaient des fauteuils profonds, des tables basses et des lampadaires aux abat-jours en peau de porc. Le réceptionniste, dès notre arrivée, sans même nous demander ni nos passeports, ni quoi que ce soit, nous tendait la clé d’une chambre, qu’il qualifia de suite, située au dernier étage. Je m’en étonnais auprès de Marie-Amélie qui, tout en me passant la main dans les cheveux, me répondait avec une ingénuité gourmande « Vous êtes entre les mains de la République mon cher. Faites comme les oiseaux du ciel qui ne sèment, ni ne moissonnent, abandonnez-vous à moi... » J’étais fourbu. La Suite était bien une Suite de dimension, certes modeste, mais meublée avec goût et, luxe suprême la chambre donnait sur une vaste terrasse qui surplombait un panorama extraordinaire : la grandeur et la splendeur de la Cordillères des Andes. Seule ombre à ce tableau idyllique, encore qu’à bien y réfléchir sa présence m’épargnerait sans doute les assauts de la comtesse, Ramulaud, tout de blanc vêtu, se tenait debout, accoudé à la rambarde, en tirant sur sa bouffarde. Il esquissait un baisemain pour Marie-Amélie et grommelait à mon endroit un vague bonjour. « Vous avez tout ce que je vous ai demandé ! » le ton était impérieux. Ramulaud se cabrait face à ce qu’il prenait à juste raison comme un affront : se faire traiter comme un domestique devant un petit connard qui, outrage supplémentaire, devait bénéficier des charmes de madame alors que lui en restait aux promesses. La comtesse en rajoutait une couche « Fort bien, alors vous pouvez disposer ! » Ramulaud manquait d’air il balbutiait « Madame, monsieur l’ambassadeur s’inquiète de vous... » La répartie de Marie-Amélie « Il n’a pas tort, je me donne le putain de plaisir que ce con n’a jamais su me procurer... » l’empourprait et il battait en retraite en me lançant des regards mauvais.  

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 00:09

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Même si vous vous ennuyez en ce dimanche de Pâques, ou si après l’agneau pascal vous prend une envie de surfer, nul besoin de chercher les 3 noms qui se cachent sous les 3 Cloches. Contentez-vous d’écouter ce qui fut un tube dans les années 50 « Écrite par Jean Villard Gilles en 1939 cette chanson est interprétée par Édith Piaf pour la première fois lors de sa première tournée aux États-Unis ; elle est accompagnée par les Compagnons de la Chanson dont le directeur musical Marc Herrand a assuré les arrangements vocaux. » Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir la version Mireille Matthieu...

 

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