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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 00:09

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Le texte qui suit va sûrement défriser les tenants des vérités définitives sur le vin, la nourriture et l’alliance des deux, comme tous ceux qui pensent que notre temps post-moderne marque la fin de l’Histoire. Il est de Jean-François Revel, plus connu par les gens de ma génération pour sa plume exerçant ses talents à l’Express, et qui fut une espèce rare dans le petit monde assez convenu de la gastronomie. À celle-ci il doit son nom de plume : en 1956, professeur de philosophie et auteur il eut le scrupule de ne pas « mélanger lycée et librairie » et comme il fréquentait avec ses amis, rue Montpensier dans le 1ier arrondissement un établissement à l’enseigne de « Chez Revel », il n’alla pas chercher plus loin et ce patronyme deviendra légal en 1977.


« (…) se joignaient chez lui, en un dosage dont il possédait le secret, l’appétit, l’esprit de sérieux et la générosité, trois ingrédients liés par un savoir construit, médité et toujours prompt à l’expérimentation. Un savoir encyclopédique qui serait resté le monopole de ses commensaux éblouis si, en 1979, il n’avait transformé ses propos de tables en un livre charpenté, comme on dit d’un vin de haute côte, et goûteux comme sait, quelquefois, l’être un pain de boulangerie. Ce fut Un festin en paroles. Histoire littéraire de la sensibilité gastronomique de l’Antiquité à nos jours, paru alors chez Jean-Jacques Pauvert. » écrit Laurent Theis dans sa Préface au dit ouvrage réédité chez Texto 8,11€.


L’extrait qui suit est tiré du Prologue de ce livre qui est une mine, un ouvrage de référence pour quiconque à l’ambition d’écrire sur la gastronomie autre chose que des recettes ou de simples critiques de bonnes tables. »

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« Mais plus important que l’histoire des produits alimentaires, c’est l’histoire du goût dont il est question ici, au sens premier, ou plutôt au double sens de ce terme. À savoir : quel était le goût d’un repas, d’un vin, au IIIe siècle avant ou après J.C. ? Et quel était le goût des convives : qu’aimaient-ils, que cherchaient-ils ? À quoi ressemblait le contenu de l’une de ces vieilles bouteilles qu’Horace tirait de son cellier en toutes circonstances ? Et les vins de la Sabine dont, en revanche, il ne dit pas grand bien ? Et les flots de vin courant qui circulaient dans les coupes du Banquet de Platon ? Pour les lecteurs de l’époque, la reconstitution allait de soi.

L’imagination gastronomique, en effet, précède l’expérience, l’accompagne et, en partie, y supplée. Parler aujourd’hui de se faire servir « une douzaine d’huîtres arrosées de chablis » ou de pouilly évoque aussitôt un mariage de saveurs très précis et caractérisé. Cela ne dira rien dans mille ans à un lecteur qui n’aura probablement aucune notion de ce qu’était le chablis ;  tout comme ne lui dira rien l’information que, vers 1900, les huîtres, les belons surtout, avaient pour vin attitré le sauternes (ce qui est oublié maintenant, déjà, et semblerait monstrueux aux amateurs de coquillages de cette fin du XXe siècle). Car ce lecteur futur n’aura sans doute aucun moyen de savoir que les sauternes étaient des blancs doux et les chablis et pouilly des blancs secs. Et encore faudra-t-il qu’il sache que « sec » signifiait en l’occurrence « exempt de tout goût sucré » et non point « fort en alcool ». Nous ne savons pas à quelles expériences gustatives fait allusion Horace quand il écrit, dans un billet d’invitation à Mécène, « tu boiras du mauvais vin de Sabine », précisant qu’il l’a lui-même mis et cacheté dans « une amphore d’argile autrefois remplie de vin grec ». Pourquoi ? Quel vin grec ? Le poète cite ensuite plusieurs crus : le Cécube, le Calès, le vin de Formies, en laissant entendre qu’il est trop pauvre pour en offrir à ses invités. Ces noms, pour nous, sont dépourvus de tout pouvoir évocateur. Tout est coutume, et la coutume n’est jamais définie avec précision pour qui elle va s’en dire, pour qui elle est toujours sous-entendue, de sorte qu’elle est presque impossible à  reconstituer quand elle s’est perdue. Les touristes acceptent comme folklorique et amusant de boire, en Attique, du vin raisiné, parce que cette préparation leur est connue, mais seraient horrifiés si on leur servait du vin coupé d’eau de mer. Ce mélange, pourtant, se pratiquait dans certaines régions de Grèce antique, de même, en général, que se pratiquait universellement le coupage des vins non pas seulement avec de l’eau pure (ce qui subsistera jusqu’au XVIIe siècle après J.-C.) mais encore toutes sortes de liquides ou de solides (solubles ou non) au parfum fortement marqué, ce qui serait  naturellement un scandale pour l’œnologue moderne. Sauf, encore une fois, quand l’association correspond à l’une de nos propres habitudes, ainsi le vin chaud à la cannelle, en France, ou la sangria espagnole, le champagne au jus d’orange, etc. »

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 00:09

 

Mes chers administrés,


Dès que j’eus su, par l’entremise du Président Patrick Hoÿm de Marien, que le Taulier, qui a toujours eu l’amabilité de relayer sur son « espace de liberté » (1) nos initiatives communales, se déplaçait au domaine de Verchant sur les terres de nos voisins et néanmoins amis de l’Hérault pour participer aux IXe journées techniques de Vino Latino, j’ai convoqué en urgence mon Conseil Municipal. De plus le sujet traité : Quelle hiérarchisation pour les vins ?, je le pressentais, ne pouvait qu’attiser le contentieux entre nos deux belles coopératives, la mienne L’Étoile la cave coopérative des « blancs » qui ne fait que des rouges, et celle d’Ulysse Vergnes président de la cave des « rouges » La Moderne  qui a fusionné avec la cave de « Saint-Gapour » la commune d’à côté rien que pour faire du tort à la nécessaire union communale et qui fait de tout comme le supermarché de la sous-préfecture. Contentieux que notre Achille Gauche, seul vigneron en cave particulière de notre commune, ne pouvait qu’attiser surtout qu’il venait de nous annoncer que le Taulier serait à Orange aux journées des VIF.


Bien évidemment, j’avais aussi convoqué pour assister à la séance le club Facebook «Tous derrière les vins de Losse-en-Gelaisse» que, soit-dit en passant, ce mécréant d’Ulysse Vergnes appelle, vu son appellation, le club Fesses Bouc, et le club du 3ième âge de tricot féminin de Losse-en-Gelaisse «Les aiguilleuses du ciel» qu’Achille Gauche, qui est en cave particulière et qu’a toujours été plus porté sur les jupons que sur la vinification, notre DSK à nous, appelle « les chroniqueuses du fiel » vu que la présidente en est  Eugénie Poulain, l’ancienne bonne du curé, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a dit à qui a bien voulu l’écouter, et elles sont nombreuses, qu’il ferait mieux de mettre des glaçons dans son pantalon plutôt que dans son Ricard.


La séance a été houleuse vu que ce démagogue d’Ulysse Vergnes a de suite voulu faire voter une motion préalable qualifiant la hiérarchisation des vins de notre vignoble : d’entreprise visant à la mainmise du grand capital sur le passé glorieux de la coopération viticole, appuyé par ce sournois de Gauche qui en rajoutait trois couches en regrettant la non-participation du Forgeron de Dana qui, bien que vivant chez les catalans, lui paraissait le seul capable de planter l’étendard de la révolte des gueux sur le sommet des chais de ceux qui singent les châtelains de Bordeaux.   

 

Rejetée à mains levées !

 

 Ulysse Vergnes, pas bougon des cépages pour deux sous, a contre-attaqué en proposant que les deux Conseil d’Administration s’y rendent alors en car. S’en est ensuivi un long débat pour savoir quelle serait la quote-part de chaque cave pour payer le car : basé sur les volumes ou sur le chiffre d’affaires ? L’Achille Gauche qu’avait pas pipé mot a soudain tapé sur la table du Conseil  pour proclamer « et moi je sens le gaz ? » et d’ajouter « tels que je vous connais si par hasard vous tombiez d’accord sur le paiement, je suis sûr que vous continueriez à vous empailler pour savoir quel serait le bénéficiaire de vos largesses sur le dos de vos coopérateurs ? Vous avez vos habitudes, je ne vous vois pas en changer. Et puis, je vous le dis, au cas bien improbable que vous mettiez d’accord, je vous colle un abus de bien social au cul ! »


Ça a jeté un froid. Nous nous serions crus revenu au temps de « la guerre du sucre » où, sur dénonciation anonyme, l’un des nôtres fut alpagué sur le tarmac de l’aéroport de Toulouse alors qu’il portait une lourde valise.


Suspension de séance et prise de paroles immédiate de nos deux femmes : la présidente du club Face de Bouc et celle des Tricoteuses du Ciel : « C’est elles qui iraient sur leur cassette personnelle ! » Pas entendu une mouche voler et nous avons pu passer aux choses sérieuses : le vin d’honneur. Le Compte-rendu est de leur encre (si c'est écrit trop petit prière de le réclamer au Taulier par les voies habituelles ou à v.crispel@lagencevinifera.fr 


Amédée Costes,

 

le maire de « Losse-en-Gelaisse », charmante bourgade sise dans un coin reculé de la France profonde, tout au bout d’une route départementale pleine de nids de poules, et qui n’a jamais reçu la visite de Jay Miller et de Pancho Campo…

 

(1)

Le maire de «Losse-en-Gelaisse» à l’attention de Mr Paul Dubrule président du Conseil Supérieur de l’Oenotourisme link

 

Le maire de « Losse-en-Gelaisse » aux soi-disant gastronomes patentés au portefeuille étoffé link


Délibération du Conseil de Losse-en-Gelaisse en date du 8 décembre : faut-il faire appel à Robert Parker pour le mondial de l'aramon?link


Lettre des Présidents de l’Étoile et de La Moderne de Losse-en-Gelaisse qui sont dans le besoin de subventions pour écouler leur vin dans les Pays tiers.link 


Lettre du maire Losse-en-Gelaisse : « la vérité est verte, disons-là vertement » disait Vauban alors « vive le cul de la Pyramide des vins de chez nous ! » link

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 00:09

Ce sont les Vieilles Charrues qui le disent L'album Boys & Girls du groupe du Sud des Etats-Unis Alabama Shakes c’est un disque de rock 'n soul authentique et accrocheur, « une sorte de miracle sonique parfait pour consoler les fans éplorés des White Stripes et d'Amy Winehouse : Brittany Howard et ses acolytes basés à Athens, Alabama ont en effet dans leur répertoire fraîchement gravé pour l'éternité des titres qui évoquent joliment ces deux artistes et leurs mirifiques influences, Led Zep, Al Green, Aretha Franklin, Otis Redding, Creedence Clearwater Revival, Ike & Tina Turner... Passéistes certes, mais sachant surtout écrire des putain de bons titres et les interpréter live en studio avec une énergie salement viscérale les Alabama Shakes ! Dès Hold On, le premier titre de leur opus idéal pour réveiller les morts, on tombe raide dingue de ce rock sudiste faisant penser aux Kings Of Leon... Et après, c'est une suite ininterrompue de futurs tubes entre soul, rock 'n roll, gospel et country blues. »


 

 

Alabama Shakes secoue Paris titre Libé sous la plume d’Esther Degbe

 

Un mois après la sortie de son premier album, le groupe américain a rempli la Flèche d'or pour sa première date française.

 

« Les lumières s’éteignent enfin. Hurlements. Sifflets. Applaudissements. «Welcome to the party», lance Brittany après avoir saisi sa guitare jazz rouge. Elle commence à jouer et il devient impossible de la quitter du regard. Elle pose sa voix avec la douceur d'Aretha Franklin avant de partir dans des râles violents à la manière de Jack White. Sa voix monte très haut, change de tessiture et devient rocailleuse. On se retrouve happé par sa musique, vampirisé par son charisme. Comme un guitar hero, la tête renversée en arrière, elle se balade sur le manche de son instrument avec une aisance insolente, et envoie des solos de guitare bluesy. Après Jack White, John Lee Hoocker. On en oublierait presque l’efficacité de la session rythmique et du claviériste aux petites mains surdouées qui survolent le clavier. Les cinq d’Alabama Shakes dégagent un naturel déconcertant. Sur scène, l’album Boys and Girls se transforme en fête au fin fond du désert »

 

La suite ICI link
JE VOUS OFFRE L'INTEGRALE DE LEUR DERNIER ALBUM BOYS&GIRLS

 

 
 

 

 

 

 

 
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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 16:00

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C’est l’âge, je sais ! Je prends le risque de me voir traiter de soixante-huitard attardé mais, que voulez-vous, ce qui se passe au Québec en ce moment ne peut que me réjouir. Que la jeunesse s’ébroue, proteste, résiste, me semble bien plus salubre, plus réconfortant, plus sympathique, que de la voir se comporter comme un troupeau de petits rentiers effarouchés.

  

« Depuis la mi-février, un mouvement de grève étudiant dénonce la décision du gouvernement québécois de Jean Charest d'augmenter les droits de scolarité de 75% en 5 ans. Ils sont plus de 300.000 en grève: parents, enfants, retraités, professeurs, membres d'organisations et étudiants se réunissent sous le thème « Pour un printemps québécois ». Des milliers arborent du rouge (la couleur du mouvement) dans les cheveux, aux oreilles, sur les sacs ou en épinglette. Certains parlent de "printemps érable", en écho au mouvement de contestation dans le monde arabe et au sirop d'érable, emblème du Québec » La suite sur le site de l’Express par Sophie Malherbe avec AFP, publié le 04/05/2012 à 15:02, mis à jour à 17:33 link


Nus dans la rue visionner la vidéo  où une étudiante proclame là où il faut « je montre ma raie à Jean Charest »link


Pour clore cette chronique je vous offre l’article de Jean-Simon Gagné dans Le Soleil publié le 01 mai 2012 à 23h18 | Mis à jour le 02 mai 2012 à 09h22 Le Québec des vieux cons.

 

J’aime !

 

Quatre cent quatre-vingt-quatorze dollars. C'est le montant des contraventions qui ont été distribuées à des étudiants, pour avoir «entravé la circulation», près de la Grande Allée, vendredi dernier. Bref, pour avoir manifesté pacifiquement, dans la rue.

J'en vois qui se réjouissent. «Bien fait pour eux, disent-ils. Ces morveux récoltent ce qu'ils méritent.»

Ah oui? Il a donc suffi de 12 semaines de grève étudiante pour égratigner notre vernis démocratique? Pour applaudir ce flagrant abus de pouvoir?

Pourtant, n'importe quel juriste confirmera que lorsque la punition est aussi exagérée, c'est la loi elle-même qui perd sa crédibilité. Les policiers qui distribuent ces amendes débiles ne maintiennent pas l'ordre. Ils jouent le rôle du nigaud qui scie la branche sur laquelle il est assis.

Deux écoles s'affrontent. Dans le coin droit, l'ancien maire de Chicago, le cynique Richard Daley, qui disait : «Le policier n'est pas là pour créer du désordre. Le policier est là pour préserver le désordre.»

Dans le coin gauche, le président François Mitterrand, qui répétait en substance : «Si la jeunesse n'a pas toujours raison, ceux qui font le pari de l'humilier ont toujours tort.»

D'accord. Il n'y a pas d'âge pour être un vieux con. Le vieux con, des fois, c'est vous. Des fois, c'est moi.

Je sais seulement que l'exemple à ne pas suivre vient d'en haut.

Pendant des semaines, le gouvernement de Jean Charest a traité les étudiants avec toute la condescendance d'un missionnaire jésuite parti évangéliser les pygmées, dans le Congo belge du XIXe siècle. Combien de fois a-t-on entendu que les jeunes étaient des «enfants gâtés»?

Et voilà que le gouvernement s'accroche désormais à la crise comme un nageur à bout de souffle se cramponne à une bouée. Réussir à mater les grèves, cela constitue son passeport électoral. Sa planche de salut. Sa meilleure chance de remporter des élections rapides, avant que les révélations de la commission Charbonneau n'achèvent de le déshonorer.

Reste qu'il est difficile de ne pas sourire lorsque le gouvernement prétend que la hausse des droits de scolarité constitue une question de principes. C'est qu'au fil des ans, voyez-vous, on a distingué autant de principes derrière les grandes actions de ce gouvernement que de peignes dans le garde-robe d'un chauve...

Soyons honnêtes. La condescendance n'est pas une exclusivité gouvernementale.

Dimanche, il faut voir avec quelle complaisance les trois principaux leaders étudiants ont été accueillis à l'émission Tout le monde en parle.

Quoi? Des jeunes Québécois qui savent s'exprimer? Des jeunes qui ne grognent pas comme des hommes de Neandertal? Des jeunes qui réfléchissent sans se curer le nez avec leur doigt? Les gens présents sur le plateau de l'émission n'en finissaient pas de s'extasier, comme s'ils n'en croyaient pas leurs yeux.

Des fois, les gloussements de satisfaction conduisent tout droit à la bêtise, plus sûrement qu'un coup de matraque sur la tête.

Le seul moment embarrassant est survenu lorsqu'on a rappelé à Gabriel Nadeau-Dubois, le porte-parole de la CLASSE, à quel point le cinéaste Xavier Dolan le trouvait «sexy». Plus léger, tu gagnes à une course de montgolfières. Si c'est cela, la gauche éclairée, qui pourra reprocher au mouvement étudiant de vouloir rallumer une lumière au bout du tunnel?

Du côté de l'humour, malgré la fièvre étudiante, l'humeur apparaît sombre, comme en témoigne cette blague, gracieuseté d'un étudiant...

«Un jour, un énorme tremblement de terre secoue la forêt où Blanche-Neige s'est réfugiée pour échapper à la méchante sorcière. La caverne des sept nains s'effondre, emprisonnant tous les habitants sur des tonnes de débris. Accourue sur les lieux, Blanche-Neige fouille les ruines à la recherche de survivants. Soudain, une voix se fait entendre, sous les décombres.

- Votez pour Jean Charest et le Parti libéral! Votez pour Jean Charest et le Parti libéral!

Un sourire radieux illumine aussitôt le visage de Blanche-Neige.

- Dieu soit loué, s'écrie-t-elle. Simplet est vivant!»

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 00:09

Je commence comme souvent par des souvenirs : celui du Gois de Noirmoutier que nous empruntions dans la C4  de la famille Remaud pour aller pique-niquer dans le bois de la Chaize, connu pour ses chênes verts et ses mimosas, ainsi que ses belles plages ombragées. J’aimais beaucoup ce petit coin de paradis, notre Riviera, avec ses villas blanchies à la chaux disséminées dans cette forêt. Nous abordions le Gois par la commune de Beauvoir-sur-Mer nichée dans la baie de Bourgneuf qui est un vaste arc tiré depuis la Pointe Saint-Gildas, au du sud de l'estuaire de la Loire, jusqu'à Beauvoir-sur-Mer et fermé par l'île de Noirmoutier jusqu'à l'Île du Pilier. Elle inclut ainsi la côte sud du pays de Retz, le littoral du Marais breton et la face est de l'île de Noirmoutier.

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Au Moyen Âge, où elle se nommait Baie de Bretagne, le fond de la baie était plus vaste. Son littoral s'étendait alors jusqu'aux portes de Machecoul et de Challans et était parsemée de plusieurs îles, dont l'Île de Bouin. L'envasement du fond de la baie, suivi de la création de polders et de marais salants, ont contribué à la création du Marais breton, réduisant d'autant la superficie de la baie. Les marais salants en ces années-là  déclinaient faute de rentabilité. Les grandes salines produisant ce que nous appelions le sel fin qui était du sel gemme ou du sel raffiné des Salins du Midi : le sel la Baleine venant des Salins du Midi, prenait le pas sur le gros sel, ce sel gris dont on se servait pour saler le lard et les jambons. Rien ne semblait pouvoir freiner cet inexorable déclin, comme les paysans les paludiers disparaissaient et les marais salants étaient abandonnés.


Revenons un instant en arrière : la baie de Bourgneuf située entre Bretagne et Poitou récoltait un sel de pas très bonne qualité car mal raffiné mais par le fait même ne coûtait pas très cher : il revenait moitié prix du beau sel gemme allemand de Lunebourg. Nos chers voisins anglais qui, jusqu’au XIVe siècle assurait leur consommation en bouillant l’eau de mer, estimèrent alors qu’ils connaissaient les prémices de la révolution industrielle avec l’essor de la draperie, plus économique de s’approvisionner en sel marin de la Basse-Bretagne. Économie de main d’œuvre, de combustibles qui, alors que la guerre de 100 ans était à son apogée, le pragmatisme anglais profitait de la neutralité des ducs (la Bretagne n’était pas encore la France) pour gagner des sous. La baie de Bourgneuf était un véritable no man’s land, une sorte de zone franche entre les deux seigneuries qui avaient conclu un traité. Tout le rivage appartenait à de grands nobles, des abbayes ou des bourgeois des villes dépendant tous du duc de Bretagne. Pour la Bretagne, « pays pauvre d’entre les pauvres » le pactole saunier fut l’objet de tous les soins. Les rois de France perpétuèrent la tradition et le sel de la baie, peu taxé, ne suffisait pas à la demande. « Il reste le parfait exemple d’une relance économique stimulée par une faible imposition. Expérience qui fera toujours rêver les économistes distingués et frissonner les gouvernements. » note avec humour Maguelone Toussaint-Samat.

 

Mais, comme souvent dans l’histoire des hommes, le renouveau des marais salants agricoles allait venir de là où l’on ne l’attendait pas : de la Loire-Inférieure ! Pourquoi donner à ce département voisin du mien cette ancienne appellation. Tout bêtement parce que lorsque j’ai appris les départements français à l’école primaire il en était ainsi : le changement est intervenu en 1957. Je plaisante un chouïa rien que pour vous donner les chiffres et quelques détails sur ce qu’étaient les marais salants de ce département à la fin du XIXe (ils sont tirés d’un petit opus d’Adolphe Joanne géographie de la Loire-Inférieure chez Hachette 1880, les livres scolaires étaient beaux en ce temps-là).


2442 ha dont 1600 pour les marais salants du Croisic, de Batz, de Guérande et du Pouliguen, 425 pour ceux de Mesquer, Saint-Molf et Assérac, 25 pour ceux du Pornichet, et 392 dont 302 abandonnés, pour ceux des Moutiers et de Bourgneuf. Soit 1/7 de l’ensemble des marais salants de l’Ouest.


C’est quoi un marais salant ?


Ce sont « une série de canaux et de réservoirs dont le fond est inférieur de 1,50 à 2 m au niveau moyen de vives eaux : l’eau de mer est introduite pendant les grandes marées par un canal appelé étier ou fossé, dans un grand réservoir appelé vasière, et de là dans un deuxième réservoir appelé cobier ou métière, où elle se concentre par évaporation. Elle se rend ensuite dans des compartiments appelés fares ou vivres, qui sont disposés dans le pourtour de la saline et qu’elle parcourt en diagonale, puis dans de grands compartiments intérieurs nommés adernes ou hauts-ternins, qui sont placés le long de la file des œillets et où l’eau n’a plus qu’une profondeur de 5 cm. Arrivées aux œillets, la couche d’eau est réduite à 2 cm sur les bords et à 5 mm au plus dans la portion centrale.

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Le paludier vient tous les deux jours, pendant la saunaison, avec le rable ou grand râteau plein en bois, attirer sur une petite plate-forme ou ladure le sel qui s’est formé dans l’œillet. Le sel blanc est écrémé à la surface et recueilli à part ; le sel ramassé au fond est en gros cristaux qui retiennent quelques parcelles terreuses du fond et leur doivent leur teinte grisâtre. À Bourgneuf, le sel est déposé sur une partie, disposée en plate-forme, des digues en terre ou bossis qui séparent les salines ; cette plate-forme s’appelle tosselier ; le sel y est recouvert, pour être préservé de la pluie, par des herbes grossières ou rouches. Dans le marais de Guérande, le sel est porté de la ladure au mulon, qui est soustrait à l’action des pluies par une enduit de terre argileuse. »

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L’auteur du manuel constatait en cette fin du XIXe que la culture des marais salants était « complètements abandonnés aux colons par les propriétaires qui, la plupart du temps, ignorent même l’emplacement de leurs œillets. » Il notait qu’un œillet produisait en moyenne pendant les 40 jours de saunaison (entre juin et septembre) 1200 kg de sel gris et 80 kg de sel blanc. Enfin, en conclusion l’auteur soulignait que l’activité avait cessée d’être rentable et qu’un grand nombre d’œillets étaient abandonnés. « Des raffineries de sel existent au Croisic et au Pouliguen. »


Et puis, un beau jour de 1984, à la demande d’un certain Claude Evin, député de Loire-Atlantique, compagnon de route de mon Ministre Michel Rocard alors en charge de l’Agriculture, j’ai reçu dans mon bureau de la galerie Sully, au 78 rue de Varenne une délégation de paludiers de Guérande. Je les ai écoutés avec attention sur un sujet dont j’ignorais tout. Ils m’ont dit que leurs marais salants, les plus septentrionaux d'Europe, avaient failli disparaître dans les années 70, menacés par un projet de rocade. Que les paludiers guérandais s’étaient organisés en syndicat de producteurs en 1972 pour défendre le site et leur profession. Qu’ils étaient environ 180 paludiers entretenir l’architecture de leur marais. En 1980, le bassin n'a produit que 300 tonnes à cause des raisons climatiques mais qu’en moyenne ils récoltaient 9000 tonnes par an. Le problème pour eux c’était que le sel était un produit banal, dont la consommation stagnait autour de 2,7 kg/hab./an, mal payé car le marché de 110 000 tonnes était dominé par de grands groupes : les Salins du Midi 60% sous la marque la Baleine, le groupe belge Solvay avec Cérébos 25% et les salines d’Einville 10%. Un détail qui me frappa à l’époque : le sel de Mer de la Camargue, très mécanisé, lavé ne contenait que du chlorure de sodium, le fluor ou l’iode étaient ajoutés par la suite. Bref, cette petite poignée d’hommes déterminés, voulait donner un avenir à leur produit en prenant une place sur un marché très banalisé.


Dans le groupe un certain Charles Perraud qui sera la cheville ouvrière de ce projet. Gonflés les gus mais, la suite allait le prouver, se sont eux qui allaient bouleverser le linéaire du sel contre les mammouths ankylosés. Rassurez-vous, je ne suis pour pas grande chose dans leur histoire mais, à l’époque, cette rencontre m’a beaucoup marqué car c’était mon pays, et que ces hommes, héritiers d’une tradition quasi-millénaire, prenaient leur destin en mains, ne se laissaient pas intimider par l’ampleur du défi. Quand j’écrivais les discours de Rocard à l’attention de la viticulture du Languedoc-Roussillon, la petite musique des paludiers de Guérande trottait dans ma petite tête et je me disais : il n’y a jamais de cause perdue lorsque des hommes de bonnes volontés se lèvent et, collectivement, se retroussent les manches pour assurer leur destin.

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En 1995, Charles Perraud déclarait à Blandine Hennion de Libération «Nous défendons une politique de filière pour ce produit de terroir. Il a fallu développer la qualité et mettre en place une gestion des stocks avant d'espérer se faire référencer dans les centrales d'achats des grandes surfaces» et celle-ci écrivait « En 1991, cette politique de qualité a porté ses fruits: le sel de Guérande obtient le fameux Label rouge. Finies les seules ventes en vrac, le GPS a pu distinguer trois sortes de sel, le sel agricole pour l'ensilage, le sel gris traditionnel et le Label rouge. Toute la production était payée 1.000 francs la tonne au paludier il y a cinq ans. En 1995, le sel agricole s'achète 1.500 francs la tonne, le sel traditionnel 20% plus cher, et le Label rouge 2.200 francs. Le Pérou? Pas vraiment. Car les paludiers ont dû investir pour développer une gamme de produits en petits conditionnements, pour partie fabriqués par leur filiale les Salines de Guérande, un négociant en déconfiture racheté par le GPS en 1992. » (le GPS est le groupement de producteurs de sel).


Depuis, Le sel de Guérande a été enregistré en IGP par la Commission européenne par parution au JOUE n° L 80 du 20 mars 2012. Il avait été reçu le 22 février 2011 par la Commission. Le traitement et l’enregistrement ont ainsi été très rapides.

Je me propose d’aller, un de ces 4, interviewer Charles Perraud pour reprendre le fil de cette histoire…

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 13:11

Ne voyez aucune malice en la date proposée – d’ailleurs, qui se souvient du 10 mai ? – ce n’est qu’une fantaisie du calendrier. En effet, chaque mois, un jeudi, le restaurant Divinamente Italiano organise une soirée : le jeudivins où le chef Matteo Oggioni  propose de découvrir les spécialités culinaires d’une région italienne en les accordants avec des vins du cru.

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Le jeudi 10 mai donc, c’est le Lazio qui est à l’honneur avec les vins du domaine Piana Dei Castelli, à Velletri au sud-est de Rome auxquels j’ai consacré une chronique link

 

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L’ambition des deux  jeunes fondatrices de Divinamente Italiano: Inès la sicilienne et Raffaella la sommelière est, comme leur enseigne le dit si joliment, de faire déguster des vins qui sauront parfaitement mettre en valeur la qualité des recettes italiennes préparées par leur soins. Mais, plus encore, et ça ne peut que toucher une corde sensible chez vous, chers lecteurs, c’est l’identité et la diversité des terroirs d’Italie qu’elles veulent exprimer au travers de la cuisine et des vins qu’elles proposent aux parisiens.

 

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L’Italie c’est aussi mon pays. Comme Jean Cocteau j’aime à dire que « Les italiens sont des français de bonne humeur » et que nous devrions apprendre à mieux nous connaître afin de sortir de nos clichés réciproques. Créer des liens, tisser la trame de la convivialité grâce au bien-vivre qui est sans nul doute le dernier refuge du savoir-vivre et échanger. L’art de la conversation s’épanouit souvent autour d’une belle et bonne table. Apprécier l’art de la main, celle de l’artisan, qui magnifie des produits de saison, frais, authentiques tout en déliant les langues et les cœurs par la magie du vin, n’est-ce pas, en ces temps difficiles, un peu de douceur dans ce monde de brute.

 

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Alors mes chers amis, vous comprenez aisément que lorsque mon amie Lucia Ceracchi a évoqué devant moi cette soirée au Divinamente Italiano  je me suis tout de suite dit, dans ma petite Fiat d’intérieur, je me dois d’en avertir mes lecteurs. Donc, chers Bons Vivants, chers lecteurs fidèles, si vous êtes parisiens ou franciliens ou simplement de passage dans notre capitale je vous invite à vous rendre sur le site du restaurant link pour découvrir l’Enogastronomia Laziale de Lucia Ceracchi avec les vins du domaine Piana Dei Castelli. C'est 80 euros tout compris. Puis si ça vous chante vous réservez votre soirée et vous vous inscrivez sur le site du restaurant link ou

 

DiVinamente Italiano

 28, rue Notre Dame des Victoires

75 002 PARIS

 Tel : 01 47 03 38 41

contact@divinamenteitaliano.com

 (Le nombre de places est limité)

 

Si vous venez le 10 mai pour ce dîner-dégustation je serai présent et, outre le plaisir de découvrir la belle cuisine du Divinamente Italiano mariée aux vins du domaine Piana Dei Castelli, ce sera pour nous l’occasion de faire connaissance.

 

Voici le Menu des jeudivins du 10 mai (vous pouvons le visualiser sur le site de Divinamento )

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 11:00

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Qui mieux que Francis Lemarque, avec sa tripe populaire, peut chanter un Paris oublié, englouti, au son de son piano du pauvre à bretelles, l’accordéon des bals musettes, en ce 1er mai plein de bruits et de fureur. Il y a des accents d’Aristide Bruant chez le petit Nathan Korb qui est né dans un petit deux pièces au second étage du 51 de la rue de Lappe à Paris au-dessus du bal des Trois colonnes. Son père Joseph, est tailleur, juif polonais, et sa mère Rose est originaire de Lituanie, et le jeune Nathan va grandir avec son frère Maurice et sa sœur cadette Rachel dans le quartier de la Bastille bercé par les bals musettes de la rue Lappe. C’est entre les deux guerres la France et Paris terres d’accueil de beaucoup de déracinés de l’Europe Centrale où déjà se lèvent le vent mauvais de l’antisémitisme, la brutalité des ligues d’extrême-droite qui veulent abattre la gueuse, la République. Enfance joyeuse avec son frère, Nathan quittera l’école dès l’âge de onze ans pour travailler en usine et il gardera toute sa vie, la simplicité et l’amour de son quartier populaire et il restera fidèle à ses origines. Qui pourrait nier que les temps qu’a connu Francis Lemarque n’étaient pas durs, dangereux, mortifères, et pourtant des femmes et des hommes, le peuple, celui des petits matins ou des longues soirées, ne se laissait pas  enrôler par les démagogues prompts à se draper dans les valeurs nationales. Le verbe est dangereux lorsqu’il se déverse sur les peurs. Je pense que, dans le fond de nos campagnes, comme le dit si bien l’ami Luc Charlier, ces peurs ne sont que l’expression de ce qui s’est exprimé tout aux longs des années noires de l’Occupation.


En 1940, il est mobilisé et affecté comme « lieutenant-guitariste » aux activités musico-théâtrales de l'armée. En 1940 il passe en zone libre et s'installe à Marseille. C'est là qu'il rencontre Jacques Canetti, qui deviendra par la suite son agent artistique. Il fait quelques tournées en Afrique du Nord dont une semaine de récitals avec le guitariste gitan Django Reinhardt. Sa mère déportée en 1943 meurt à Auschwitz. Fidèle à son idéal communiste, il rejoint le maquis puis s'engage dans le régiment du douzième Dragon. Un bon Français… non…

800px-Plaque_Francis_Lemarque.jpgFrancis Lemarque fêtera ses soixante-quinze ans au Balajo et il s'est éteint brutalement en 2002, dans sa quatre-vingt-cinquième année, dans sa maison de La Varenne-Saint-Hilaire. Il repose à côté d'Yves Montand dans le cimetière du Père-Lachaise (44e division) à Paris. Une belle vie, celle d’un homme fidèle à ses origines, à ses valeurs, qui chantait la joie de vivre et la vie de Paris. Merci.

 

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 00:09

P.M.F aimait parler aux Français  (causerie à la radio sans pompe dans une langue accessible). Il alliait la simplicité à la compétence et ne versait pas dans les envolées lyriques. C’était un élu de Louviers et comme il le dit dans ce discours « j’ai pensé qu’ici, à l’origine et au centre de ma vie politique, à l’endroit d’où je tire, de votre confiance, toute la force dont j’ai besoin pour poursuivre mon activité de chaque jour… » Lucide et courageux, pugnace jusqu’à l’entêtement, en dépit de campagnes dirigées contre sa personne, P.M.F. cherchait en permanence à expliquer, à convaincre. Gouverner c’est choisir et il assumait ses choix face à ceux qui préféraient brosser les électeurs dans le sens du poil. P.M.F n’a gouverné que quelques mois démontrant crument que nous Français nous sommes prompts à nous indigner, à faire la leçon à la terre entière mais que nous n’avons que peu de goût pour ceux qui parlent vrai et qui ne virent pas de bord à la première bourrasque. Pour autant, je n’érige pas P.M.F en gourou mais, comme c’est par lui que je me construit face à la chose publique, en ce le Premier mai je vous propose la lecture de quelques extraits d’un de ses plus important discours. orange-009.JPG

« Beaucoup, parmi les gouvernants comme dans le pays, agissent en négligeant trop souvent leur devoir fondamental qui consiste à tout subordonner, leurs actes, leurs intérêts, leur popularité, leur carrière professionnelle ou politique, oui, à tout subordonner au seul intérêt national.

 

De ce manquement fréquent, résultent des conséquences graves ; le système représentatif (représentatif cela veut dire représentatif du pays, c’est-à-dire l’intérêt général) est faussé, la démocratie vraie n’est pas réalisée.

 

La démocratie vraie, c’est l’association intime, c’est la fusion de l’État et du citoyen. Aujourd’hui le citoyen et l’État sont devenus étrangers l’un à l’autre. Le citoyen se détourne de l’État et l’État se méfie du citoyen… »

 

L’INDIFFÉRENCE DES JEUNES

 

« L’indifférence actuelle, nous la sentons se manifester surtout chez les jeunes. Les jeunes craignent d’être dupés par un État qui, ils le sentent bien, ne travaille pas pour eux. J’ai souvent eu l’occasion d’attirer l’attention sur la fragilité d’un régime qui n’a pas la confiance des nouvelles classes, qui repose sur la seule résignation  des jeunes. Un régime qui n’a pas avec lui les couches neuves qui montent, qui ne jouit pas de leur foi et de leur coopération, un régime qui n’a pas le contact direct avec la partie la plus vivante et dynamique de la masse populaire, la plus représentative de l’avenir, n’est pas vraiment un régime démocratique.

 

C’est pourquoi l’État a le devoir de s’occuper de la jeunesse. Je sais bien qu’il n’y a pas de problèmes particuliers à la jeunesse. La jeunesse n’a pas de problèmes spécifiques comme peuvent en avoir les agriculteurs, les ouvriers, les classes moyennes. La jeunesse n’est pas une classe ; elle participe à l’ensemble des catégories du pays. Mais dans chacune de ses catégories, dans chacune de leurs activités, la jeunesse subit, plus profondément que les autres parties de la Nation, les conséquences bonnes ou mauvaises des décisions qui sont prises par l’État.

 

(…) Dans le domaine économique on redoute le chômage ; dans certaines périodes et dans certaines circonstances, l’ensemble des travailleurs est menacée par le chômage. Cependant, le plus souvent et sauf en période de crise aigüe, les adultes ont un travail, un emploi et, sauf malchance extrême, ils le conservent. Mais les jeunes qui, au sortir de l’école, arrivent sur un marché du travail pour la première fois, subissent, eux, de plein fouet la menace du chômage lorsqu’elle existe. Car, bien souvent, ils ne parviennent pas à trouver un métier ou un travail et commencent leur vie professionnelle par l’oisiveté, le déclassement et le sous-emploi.

 

Ainsi, tout le problème, même général, retentit plus durement sur les jeunes que sur leurs aînés. L’État doit donc orienter ses décisions en fonction de l’avenir, en fonction des jeunes. Il doit les associer à la préparation des décisions de manière à être assuré qu’elles ne méconnaissent pas les intérêts essentiels du lendemain.

 

« L’ÉTAT IMPOSTEUR, »

 

« Quelle est la cause profonde de cette indifférence, à l’égard de l’action politique, de cette indifférence des abstentionnistes, des jeunes et de ceux qui votent communistes sans être communiste ? La cause, je le disais à l’instant, c’est la croyance si populaire, si répandue, que le machine politique, que le régime dans lequel nous vivons, n’émanent pas vraiment des citoyens, comme cela devrait être dans une démocratie ; c’est la croyance que les citoyens ne disposent pas du pouvoir réel, qu’ils ne pèsent pas vraiment sur les décisions.

Le mécontentement qui se manifeste (…) résulte, non seulement de ce que leurs besoins sont insatisfaits, mais plus encore de leur impression que l’État se désintéresse de leur sort, qu’il ne cherche à les apaiser que par des promesses habiles, qu’il s’efforcera ensuite de ne pas tenir. C’est le sens de cette parole de Malraux, selon laquelle « on considère partout en France que l’État est un imposteur ! »

 

(…) L’État dans son comportement, semble redouter le citoyen, le traiter comme un adversaire, un gêneur, un ennemi. On a, semble-t-il, dans ces dix dernières années, construit un mur entre l’État et le pays ; alors, que, dans une démocratie, l’État et le pays ne doivent faire qu’un, on perçoit aujourd’hui l’existence d’une séparation, quelquefois infranchissable.

 

LE PREMIER DEVOIR : DIRE LA VÉRITÉ

 

« Pour les dirigeants d’abord. Le premier devoir, c’est la franchise. Informer le pays, le renseigner, ne pas ruser, ne pas dissimuler ni la vérité ni les difficultés ; ne pas éluder ou ajourner les problèmes, car dans ce cas, ils s’aggravent ; les prendre de face et les exposer loyalement au pays, pour que le pays comprenne l’action du gouvernement.

 

(…) Mais voici une seconde responsabilité qui leur appartient : c’est de formuler pour le pays des objectifs concrets, précis, nets et que chacun peut apprécier et juger. Trop souvent, hommes politiques, candidats, partis se contentent de promesses vagues et générales dans les programmes électoraux. On promet la paix, la prospérité, le bien-être pour tout le monde. Comment le pays choisirait-il en présence de propositions aussi imprécises, aussi générales, et qui d’ailleurs se ressemblent et se répètent quel que soit l’horizon politique dont elles proviennent ? Le devoir des hommes responsables, c’est de proposer des solutions claires, nettes, et limitées, rédigées dans le langage du peuple, des solutions que chacun puisse comprendre et juger. »

 

Ensuite, P.M.F aborde d’autres thèmes dont certains sont toujours d’actualité: la moralisation de la vie publique, les devoirs de citoyens, la primauté de l’intérêt général1955 c’est loin, très loin et pourtant… je venais d'avoir 7ans... la vie devant moi... je n’en dirai pas plus... la voix de Mendès France (le Chagrin et la Pitié)  

 

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 00:09

« Le « mariage » du vin et du sel animait aussi le littoral atlantique. Non seulement le vin du Bordelais mais également le vin de la Charente où les Romains avaient jadis favorisé les salin. Après le privilège de Probus, lorsque toute la Gaule eut le droit de replanter de la vigne, le vignoble de Saintonge ne cessa de se développer. Dès le IXe siècle, le sel sera un de ses meilleurs agents de propagande aux pays des brumes. Jusqu’à la Révolution, les navires en provenance du nord de l’Europe (chargés de bois et des céréales de Prusse et de Lituanie) ou de l’Angleterre venaient ici s’approvisionner en sel et compléter leur chargement avec des tonneaux de vin des Charentes afin d’améliorer leur lest »

 

« Sel de vin ou les Rubis de Valentine. De tous temps, bateaux transportèrent sel et vin... Tanguant sur les eaux, par les caprices des vagues, leur cale fut l'écrin où naquirent ces « rubis ». Les marins arrivant au port de Libourne ne purent que constater le « sang », échappé des tonneaux renversés, qui entachait la pureté des blancs cristaux. Ne pouvant en faire le commerce, ils les offrirent à la femme d'un caviste : Valentine Cornier. Celle-ci, amusée par l'étonnante couleur, y ajouta des épices et s'en servit pour rendre originaux, de saveur et de vue, les mets qu'elle servait à sa table. Ce condiment raffiné évolua au cours du siècle mais demeura le privilège de la famille, conférant à sa cuisine une empreinte toute particulière » extrait des Vignobles Delbeck  

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Si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on ? Ce passage du Sermon sur la Montagne, même si c’est une allégorie, remet les petits bons hommes que nous sommes face à leur dénuement car il souligne, en premier lieu, une évidence qui fera sourire certains : le sel n’est plus un produit rare, et surtout parce que l’histoire du sel a précédé l’histoire des hommes. En tirer des enseignements – mais est-ce bien  porteur de vouloir tirer des enseignements de l’Histoire puisque notre temps pense que le Monde commence avec lui – pour nos comportements futurs ne semblerait pas inutile.

 

En effet, nos excès, du moins ceux des pourvoyeurs-emballeurs d’une nourriture vite prête – nous font oublier, si tant est que nous le sachions, que le sel, l’économie du sel fut, ne souriez pas, l’un des tout premiers négoces « mondialisé ». J.F Bergier écrit « Le sel a animé d’intenses trafics, fait l’objet de spéculations de la part des producteurs, suscité l’angoisse des consommateurs rarement assurés pour longtemps d’un ravitaillement satisfaisant. Il a justifié des stratégies marchandes et politiques, enrichi les uns, appauvri les autres. En somme, le sel a joué pour des dizaines de générations le rôle que la nôtre assigne aujourd’hui au pétrole. » L’or blanc donc, bien avant la houille blanche, le gemme du sel de la terre ne signifie-t-il pas pierre précieuse !

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Pour preuve l’extrême modernité de l’exploitation par les Celtes  dès le Xe siècle avant notre ère des mines du Hallstatt à plus de 1000 m d’altitude au cœur des Alpes autrichiennes. « Il s’agit là d’une civilisation du sel, vivant pour le sel et par le sel. On savait parfaitement creuser des galeries, les étayer. Et aussi vendre. La richesse des deux mille tombes environnant le site démontre là une véritable opulence, avec des bijoux, des accessoires provenant des quatre coins d’Europe ou du Moyen Orient. Le négoce du sel se faisait vraiment à l’échelle « internationale ». Et que dire des fameuses salines de chaux à Arc-et-Senans, dues à l’architecte de Louis XV Claude Nicolas Ledoux. Il s’agit d’un « véritable complexe industriel, admirable bâtiment en demi-cercle (soleil éclairant toutes les parties qui le composent) et dont le symbolisme monumental s’allait au fonctionnel. Déjà, depuis des siècles, sur les lieux de la proche exploitation, tout un système d’amenées d’eau de source, au moyen de norias actionnées par des chevaux, livrait une saumure liquide que l’on évaporait par bouillons. »

 

« Arc-et-Senans et Hallstatt démontrent bien comment une denrée alimentaire aussi essentielle que le sel peut servir de moyens d’expression au génie multiforme de l’homme : de l’ingéniosité empirique à l’esthétisme visionnaire ». Mais, le sel est vite devenu un moyen du pouvoir sans vergogne et comme le souligne Maguelonne Toussaint-Samat « les céréales et le vin ont leur dieu tutélaire. Le sel, jamais. » Le sel à plusieurs reprises a contribué à faire l’Histoire : « on trouve beaucoup de sel à l’origine de la conquête de la Gaule par les Romains ; du sel et par le sel était déjà venue la prospérité des comptoirs phéniciens de la Méditerranée occidentale, grands producteurs de salaisons et de garum, prospérité qui ne pourra laisser Rome indifférente dès qu’elle sera assez grande pour la faire sienne. » (de même pour la Palestine et sa Mer Morte).  t_moneins.jpg

En effet, on a beaucoup salé les viandes, poissons et légumes jusqu’au XIVe siècle, de même on salit plus les fromages et le pain pour le faire mieux lever et le conserver plus longtemps « On salait le vin comme on sala la bière. » Jusque vers le XIIIe siècle, même s’il fallait le transporter, coûtait bien moins cher que les épices. Tout changea lorsqu’il devint le véhicule de l’impôt. C’est toute l’histoire de la fameuse gabelle, qui trouva son origine dans les salins de Provence (sel de mer), impôt sur le sel qui empoisonnera la vie du peuple pendant tout l’Ancien Régime et qui provoquera des révoltes sévèrement réprimées. Elle était haïe, exécrée comme la plus hideuse des calamités. Ainsi, « En 1548, après l’édit de Châtellerault étendant la gabelle à toutes les provinces de l’Ouest, une véritable guerre civile déchaîna la Guyenne et les troupes royales eurent fort à faire contre les 40 000 paysans rassemblés autour de Cognac et de Châteauneuf. Ayant mis en fuite les soldats, ils s’emparèrent de Saintes qu’ils pillèrent, devenus absolument fous de rage. Tous les pays compris entre Blaye et Poitiers fut ravagé. Puis à leur tour les Bordelais se soulevèrent et le chef de l’administration, Tristan de Monneins, fut coupé en morceaux et salé comme un pourceau. » Le connétable de Montmorency, homme pieux et féroce, « hérissa la Guyenne de gibets, rentra dans Bordeaux comme dans du beurre, désarma les habitants et confisqua les cloches des églises. Ayant imposé à la ville une amende de 200 000 livres, il suspendit le Parlement pour un an, désigna cent-vingt-cinq notables pour déterrer de leurs ongles ce qui restait du corps de Monneins puis les fit pendre ou expédier aux galères. » (la révolte des Pitaux link )

 

Parti de Bordeaux je suis revenu à Bordeaux mais, dans une toute prochaine chronique je reviendrai au sel de chez moi, celui des paludiers, et peut-être qu’une autre fois je m’attacherai à vous conter l’histoire de la gabelle honnie du peuple. Tiens, j’ai écrit le peuple : comme c’est étrange ? Je n’aime pas le convoquer le peuple car il n’a aucune consistance le peuple, en effet le peuple c’est moi, c’est vous, c’est nous, et je ne vois pas au nom de quoi ceux  qui quémandent nos voix parlent pour l’heure en mon nom, en votre nom et en notre nom. Qu’ils attendent d’être élus, d’assumer leur mandat et d’agir en notre nom, pour en avoir le droit.    

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 00:09
 
 

La Nouvelle Star avait ses addict totaux, scotchés à leur écran sur M6, votant à qui mieux mieux pour leur chouchou ou chouchoute pour le plus grand profit des opérateurs de téléphone. Créée en mars 2003, présentée tout d’abord par le grand bellâtre Benjamin Castaldi (2003-2006), puis par Virginie Efira (2006-2007) et enfin par Virginie Guilhaume (2008-2010). En 2011, l’émission-culte des 7 à 107 ans a été mise en sommeil après 8 saisons et les Michel, le forgeron de Dana, Elisa chezmoi et beaucoup d’autres ont été orphelins de Marianne James, Manu Katché, Dove Attia et André Manoukian et ont eu bien du mal à s’en remettre. Le manque absolu, radical... mais l’espoir est revenu lorsque la chaîne a évoqué le retour de la Nouvelle Star.

 

Qu’en est-il ? moi je ne sais pas...

 

Comme c’était un radio-crochet revisité à la sauce Pavillon Baltard avec un bon orchestre il y eu des gagnants Jonatan Cerrada, Steeve Estatof, Myriam Abel, Christophe Willem,  Julien Doré, Amandine Bourgeois ou Soan, mais aussi des heureux perdants Thierry Amiel, Amel Bent ou Miss Dominique… Pour ma part je n’ai suivi que la saison qui vit le triomphe de Christophe Willem.

 

Le dernier vainqueur de la Nouvelle Star, Soan se la jouait rebelle et il n’avait pas ménagé l’émission en déclarant lors du Journal de la Musique sur Nostalgie Belgique en décembre2010 : « Autant l'émission que la tournée, c'était de la merde ce qu'on a fait sur scène ». Mais voilà t’y pas que notre Léon bourlinguant avec son auto du côté de ses brumes natales nous télégraphiait : « Et pourtant, l’autre jour, entre Armentières et Steenvoorde, j’ai entendu une interview d’un gaillard un rien cabotin, retombant lentement d’un shit trop boosté mais dont les quelques extraits m’ont plu. Or, il a gagné la « Nouvelle Star » - pas vraiment une référence à mes yeux ! 

 

J’ai acheté l’album (13,99 €, ça va encore) à midi et me suis déjà passé la galette trois fois. C'est normal, on est à la période des bunyetes. Du côté des références, dès l’entame, sa voix fait immédiatement penser à celle de Bertrand Cantat, surtout quand il chante le rock – ce n’est pas la meilleure partie du disque. Sinon, on évoque irrésistiblement Alain Barrière (« Pour de Bon » par exemple), Alan Stivell et Jacques Brel (« Pour de Bon » encore) . Si seulement il voulait se servir un peu plus de ses abdominaux et un peu moins de son larynx ! Marge de progression certaine. Dès que le rythme se fait ternaire, il devient bon, réellement bon : la valse, la musette, la java, voilà son truc, ou alors des ballades lentes, au beat quaternaire. A partir du titre «Drosophyle », l’album décolle.» Lire l'intégral de la chronique ICI link

 

Les Inrocks devraient embaucher Luc Charlier ça remonterait le niveau et en plus ils boiraient bons coups avec de la Coume Majou les jeunes bobos… L’ordre des morceaux est sur mon blog différent de celui de la galette qu'a écouté Luc. Il ne vous reste plus qu’à nous dire si vous êtes en accordéon, pardon en accord avec Léon…

 

Et pour remercier notre dénicheur de talent ci-dessous la version de Soan de Le vent nous portera de Noir Désir et l'original.

 

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