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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 00:09

Veronique-6376.JPGPour Pâques j'aurais pu vous faire le coup des Cloches de Corneville une Operette de Robert Planquette ou Les Trois Cloches, chanson de l´auteur-compositeur suisse romand Jean Villard-Gilles, 1945. Grand succès d´Edith Piaf et des Compagnons de la chanson interprété par Mireille Matthieu mais j'aurais pris le risque soit de vous bassiner une fois encore avec mes vaches (Corneville est un charmant village normand sis près de Pont-Audemer), soit de me faire accuser d'un retournement de veste opportuniste.

Veronique-6266.JPG

 

Plus concensuel j'ai opté pour un grand classique de la chanson : Stand by me dont les paroles et la musique s'inspirent d'un gospel écrit par le pasteur Charles Tindley en 1905 et enregistré en 1916. Après moult versions elle a été dans sa version connue composée et écrite en 1961 par Ben E. King et Jerry Leiber & Mike Stoller et interprétée par Ben E. King. Depuis, c'est de John Lennon en passant par Ottis Reding Bruce Springsteen et beaucoup d'autres (j'ai fait un choix)pour finir avec Lady Gaga et Vanessa Paradis

 

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 16:00

Juan Antonio Ruiz Jiménez : mais qui c’est celui-là me direz-vous ?

 

Rien qu’un petit monsieur qui m’envoya un soir du papier bleu : ICI link 

 

Loin de moi de tirer sur une ambulance mais comme cet après-midi en faisant un peu de rangement je suis tombé sur ce beau sourire (ci-dessous) j’ai décidé de le lui offrir en remerciement de son absolue mauvaise foi.

Jumilla-002.JPGJumilla-001.JPG Mais d’où vient-il ce beau sourire ? D’ICI

 Jumilla 003

 Jumilla-004.JPG

JUMILLA

 

« Situés dans la région des hautes terres du Levant espagnol, une zone de transition entre les plaines de la Manche et les terres de la Méditerranée, les vignobles de Jumilla s'étendent à travers la ville de Jumilla, en Murcie, et six comtés du sud-est de la province d'Albacete : Ontur, Tobarra, Albatana, Hellin, Montealegre et Fuente Alamo.

Son territoire est situé à une hauteur d'entre 400 et 900 mètres, le climat continental est sec et dur, chaud l'été et froid pendant les courts hivers, et influencé par la Méditerranée, qui se trouve relativement proche. Ses sols calcaires sont bruns et roux, desserré, rocheux, et se sont développés à partir de l'affouillement des roches calcaires du Miocène des montagnes des alentours.

 

La principale variété de la région est le Monastrell. Il s'agit d'une variété noble, austère et robuste qui produit des petites grappes de petits raisins de couleur foncée et riches en sucres et en autres composants nobles. Le bons vins de Jumilla, que ce soient des rouges ou des rosés, sont élaborés avec au moins 85% de cette variété. C'est le cas du Clio.

 

Certains vins rouges jeunes sont obtenus par macération carbonique ou avec un élevage modéré. La plupart sont des vins de cépage de Monastrell mais parfois ils ont du Cencibel ou du Cabernet Sauvignon. Des vins de double pâte, des rosés fruités et des blancs sont également élaborés. Il y a aussi une ancienne tradition de produire de vins vieux de Monastrell, secs ou douces, très raffinés et avec un élevage très long. »

http://www.vinosdejumilla.org

carte2

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 00:09

grand-boise-002.JPGLa Chine, la Chine, les gens du vin s’y ruent et il  est bien loin le Petit Livre Rouge, cher au cœur du guide du Pous avant sa chute dans une autre forme de rouge, qui prenait le contre-pied des érudits chinois qui enseignaient que « Plus un homme s’accouplera avec des femmes différentes, mieux il appréciera l’acte de chair… » en décrétant « Faire l’amour est une maladie mentale qui entraîne une perte de temps et d’énergie. » Les vendeurs chinois de berlines de luxe milliardaires déposent dans la boîte à gants une notice expliquant comment... faire l'amour dans l'habitacle ! link Donc, gentils vendeurs de vins lisez-moi jusqu’au bout car je vous enseignerai l’art de marier les nids d’hirondelle, un des plus beaux fleurons de la gastronomie amoureuse chinoise, avec Jadis un grand blanc de Grand Boise. www.grandboise.com  eros_1.jpg

En Chine l’érotisme est aussi ancien que respectable, y coexistaient une sexualité purement littéraire considérée comme de l'érotisme, une sexualité liée à la peinture ou à la sculpture considérée comme de la pornographie, une sexualité médicale considérée comme de la prophylaxie et une sexualité alchimique liée à des pratiques ésotériques ou magico-mystiques. « Pour les lettrés chinois du temps jadis ces différents aspects n'étaient considérés que comme des manifestations différenciées du même principe. La sexualité, débarrassée des interdits tardifs, était beaucoup plus simplement perçue comme l'une des activités humaines essentielles permettant le plein épanouissement de l'individu dans la société. La société chinoise traditionnelle demeurait donc très libérale en ce qui est de la sexualité sous ses aspects les plus divers à l'exception d'un interdit majeur considéré comme un « crime inhumain» sanctionné par la peine de mort : l'inceste.

 

Le « Livre de l'histoire dynastique des Han antérieurs «  (Han Shu  de Ban Shu, compilé au premier siècle relate que ce fut le fils du prince Kiu, Ai Yang, qui fut le premier à faire peindre sur les murs de son palais des scènes érotiques. Cela lui permit, par la suite, de passer à la postérité comme l'inventeur du genre. Le terme « Ai Yang Hua » (Dessins de Ai Yang) désigna donc pour les lettrés, et pendant près de deux millénaires, les peintures et estampes érotiques. Par homophonie Ai Yang Hua signifiait également les «Fleurs (Hua) pour éduquer (Yang) l'amour (Ai) ». Encore de nos jours on désigne du terme fleuri (Hua) les lieux de plaisir... Un « bateau fleuri », une « maison fleurie », une « chambre fleurie «  signifient tout simplement un lupanar flottant, un lupanar terrestre et une chambre de passe.

eros_2.jpg 

Le « cœur de fleur » (Xin Hua) est l'une des multiples appellations populaires du vagin et une « fille fleur jaune » (Wang Hua Nu) est une vierge délurée. Dans le même esprit des « fleurs dans un nuage de fumée » (Yan Hua Zhai) ne sont autre chose qu'un lieu de perdition apprécié des marins où se cumulent jeu, boisson et sexe. Enfin, une référence, très littéraire, à l'homosexualité masculine trouve une expression très imagée dans le fait de « couper la manche fleurie » En effet, un jeune prince, cité dans le Livre des Odes  ou Canon des Poèmes  (Shi Jing), un des grands classiques, préféra trancher la manche de sa veste de brocard sur laquelle son compagnon s'était assoupi que de le réveiller. Plus populairement une « veste fleurie » (Hua Shang) désignera donc un homosexuel quelque peu fortuné.

 

Ce qui frappa surtout Marco Polo  lorsqu’il arriva en Chine, à la fin du XIIIe siècle, c’est le charme et la grâce des femmes de ce pays. C’est ce qu’il dit dans Le Livre des merveilles : « Les femmes sont d’une beauté remarquable, et fort expertes à séduire un homme par des discours flatteurs et appropriés,  de sorte que celui qui les a rencontrés une fois demeure comme étourdi et si fasciné par elles qu’il ne peut les oublier. Et si c’est un étranger et qu’il doit quitter la cité, il ne songe qu’à y retourner. »

 

Dans la très abondante littérature érotique chinoise il faut mettre en avant les « livres coussins » à consulter allongé sur son lit. Pino Correntini auteur de Cinq mille ans de cuisine érotique chez Robert Laffont 1992 indique que leur pouvoir de suggestion s’exerçait d’autant mieux que les amants avaient dégusté un bon petit plat aphrodisiaque. La posture dite « du chien de l’automne précoce » qui exige que des amants qu’ils s’accouplent en se plaçant dos à dos semble adéquate pour déguster le potage aux nids d’hirondelles mais plus problématique pour la suite.

 

Les nids d’hirondelle, un des plus beaux fleurons de la gastronomie amoureuse chinoise, sont constitués « par les filaments presque transparents d’une algue e mer odorante que les oiseaux « cimentent » avec une substance gélatineuse et blanchâtre qu’ils sécrètent à l’époque des amours. Les nids d’hirondelles les plus fins, ceux qu’apprécient tous les habitants du Céleste Empire, sont uniquement composés de cette  sécrétion et on les trouve dans les épiceries fines en boîte de 60 à 100 g, déjà lavés et prêts à l’emploi. »

                                                      POTAGE

                                      AUX NIDS D’HIRONDELLE

Pour deux personnes

1 petite boîte de nids d’hirondelle

½ l de bouillon de poule

½ l d’eau

10 à 1é champignons parfumés

 

Plongez les champignons parfumés dans le demi-litre d’eau et laissez-les macérer quelques heures.

Versez-les ensuite avec leur eau dans une grande casserole contenant déjà du bouillon de poule. Allumez le feu et portez à ébullition.

Retirez du feu dès le premier frémissement et plongez alors dans la casserole les nids d’hirondelle qui vont gonfler dans le bouillon et devenir opalescents. Laissez-les tremper pendant une heure et dégustez tiède.

 

Là-dessus faut-il boire quelque chose ? Oui, tout sauf du thé, c’est chaud et avec le potage rien ne vaut un grand Blanc donc un Grand Boise Jadis 100% Rolle. Pourquoi ? Je pourrais répondre parce que j’aime bien Olivier Dauga mais ce serait mal vu par la confrérie des cireurs de pompe qui viennent aux déjeuners de presse, d’abord pour manger, et puis ensuite  pour torchonner un papier pompé dans le dossier de presse. « Merde, coco je suis indépendant sur mon blog, ma plume n’est pas ma fourchette, elle ne me nourrit pas. Je ne fais de courte échelle mais je ménage la chèvre et le chou. Donc j’adore le Jadis de Grand Boise pour ses allures de jeune fille en fleurs, en robe longue, vaporeuse, tout juste ce qu’il faut de sérieuse, en ballerines, pimpante avec ce qu’il faut de piquant, une belle bouche, longue sensuelle, polissonne mais raffinée… une « fille fleur jaune » tout ce dont peut rêver un grand amateur de cuisine aphrodisiaque lisant un « livre coussin ». Avouez que ça à une autre allure que les éternels baratins sur l’accord mets-vins…

grand-boise-001.JPG

 

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 00:09
Je n’ai pas une tête de punk même si certains n’apprécient pas ma tronche de cake mais y’a des moments où le son du ton de ce j’entends m’oblige à débrancher. Oui ma petite musique intérieure me gueule : « débranche taulier ! »  Alors rien ne vaut pour couvrir les insanités, les outrances, les mots faux, le son live des Clash qui me fait du bien car, comme le dit Joe Sturmer, il est celui d'« un phoque fou aboyant au milieu d'une multitude de marteaux-piqueurs »

Et puis, les Clash se place dans la tradition des musiciens activistes qui se sont rebellés contre le Thatchérisme. Thatcher est la mère de toutes les dérives financières que nous avons subi, avec Ronald Reagan, qui lui est le père, simples haut-parleurs d’une palanquées d’économistes ultra-libéraux, l’école de Chicago, Milton Friedman, « Prix Nobel » d'économie 1976 en tête, qui ont bourrés les têtes de nos dirigeants avec leur libre marché libertarien et leur monétarisme. Je garde en mémoire les grandes envolées contre le trop d’Etat de ceux qui disent maintenant vouloir nous protéger. Bref, pour moi les Clash, contrairement aux Sex Pistols qui n’avaient rien dans le chou, avec Joe Sturmer eurent de vrais engagements politiques et comme l’écrit Billy Bragg « S'il n'y avait pas eu les Clash, le punk aurait été simplement une raillerie, une épingle de sûreté et une paire de pantalon de servage »


Pour Lester Bangs, ce qui crédibilise le discours du groupe, c'est son authenticité plus que les origines sociales de ses membres. Ainsi, dans son article The Clash long d'une trentaine de pages, il écrit à leur sujet : « Le fait est que, comme Richard Hell le dit, le rock 'n' roll est une arène dans laquelle vous vous recréez, et tout ce qui est dit au sujet de l'authenticité est juste un tas de connerie. Les Clash sont authentiques parce que leur musique porte en elle une telle conviction brutale, pas parce que ce sont de Bons Sauvages. »

 

Le site officiel des Clash link

 

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 00:09

Une Somme est « un recueil qui résume toutes les connaissances relatives à une science, à un sujet » la plus connue est La Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin. «Vin de bourgogne Le parcours de la qualité 1er siècle-XIXe siècle» de Louis Latour aux éditions de L’Armançon 50€ entre, à mon sens, bien dans cette définition  même si l’auteur qualifie modestement son ouvrage d’essai d’œnologie historique. Bien évidemment, en dépit de ma boulimie de lecture, la somme de Louis Latour m’est arrivé par le courrier la semaine passée, je n’ai pas eu le temps de lire 835 pages mais, comme je le fais dès qu’un livre entre ma possession je l’ausculte avec soin, lisant au gré de mon feuilletage des passages, notant sur l’un de mes petits carnets des chapitres que je vais lire en premier sans souci de la chronologie. Ce matin je vais donc vous proposer de déguster de « Belles feuilles », forme d’ampélographie littéraire, « la variation des couleurs est une tradition bourguignonne »

grololo-001.JPG

Je n’aurai pas l’outrecuidance de vous présenter Louis Latour  MATHIEU GARCON du journal Les Echos le fait de belle façon au travers de la maison Latour.

Photo-Louis-LATOUR.gif

« La plus ancienne des maisons bourguignonnes ne garde pas seulement dans ses caves quelques flacons de pinot noir et de chardonnay (les seuls cépages de la Bourgogne), mais également une tradition bien tenace. Depuis 1797, date de sa création, les dirigeants s'appellent tous Louis. « C'est une règle chez nous. Une génération sur deux se prénomme Louis. Les autres ont un prénom composé. Mon fils aîné, Louis sera, normalement, le prochain président quand j'aurai passé le flambeau », explique Louis-Fabrice Latour, l'actuel président de la maison Latour.

 

Chez les Latour, on ne se pose pas de question inutile quant à la succession. Aucun risque que l'entreprise soit démantelée. L'histoire familiale s'écrit avec l'encrier des anciens. De cette logique implacable, le poids des responsabilités n'en est que plus grand. Les héritiers sont les dépositaires de plus de deux cents ans d'histoire. Chaque génération se doit d'apporter sa pierre, celle qui consolide l'édifice. Déjà, le père de Louis-Fabrice avait commencé à investir en dehors de la terre natale. Dès les années 70, il s'intéresse à l'Ardèche et crée un vin, le grand-Ardèche, issu d'un vignoble de 350 hectares de chardonnay, persuadé qu'il était de tenir un beau terroir et d'être capable d'en tirer un vin de qualité à un prix stable. C'est le cas. Pour étendre l'aventure du pinot noir, il plantera 100 hectares dans le Var. Louis-Fabrice, dans le droit fil de son père, est allé chercher à Chablis des occasions nouvelles d'asseoir la maison Latour et sa notoriété. Ce sera Chablis avec le rachat de la maison Simonnet-Febvre et le Beaujolais avec Henry Fessy (70 hectares). Cette diversification permet de garantir encore mieux la pérennisation de l'entreprise. Un vrai devoir chez les Latour. »

 

Grand Merci à Louis-Fabrice Latour de cet envoi promis et attendu. Mes respects à son père Louis Latour pour cette somme, œuvre d’une vie d’homme de la Bourgogne, à la langue dense et précise, au style limpide, élégant, riche de références et d’érudition, livre de référence, de chevet qui étanchera ma soif de connaissances et comblera mes énormes lacunes concernant l’histoire du vin…

 

« La variation des couleurs est une tradition bourguignonne »

 

«Au prix de quelques aménagements mineurs (choix de variétés colorés, arrachage  des plants de pinot blanc, option en faveur du beurot presque translucide), la production de la Côte a toujours oscillé entre trois pôles, dont les modifications à travers le temps ont été d’une extrême lenteur et ne peuvent être appréciées que sur la « longue durée » entre le XIIIe siècle, date de l’apparition du vin vermeil, et le XVIIIe siècle qui vit l’accentuation de la couleur et la réapparition du vin blanc, comme composant de l’arc-en-ciel bourguignon d’où il avait été évincé depuis la vinification « en rouge ».

 

L’activité viticole des diverses « paroisses » de la Côte, dotées si tôt d’un vignoble fin, par la faveur de quelques puissances établies : l’hôpital de Beaune, le chapitre de la cathédrale d’Autun à Rully et Aloxe, l’abbaye clunisienne de Saint-Vivant à Vosne, l’abbaye de Bèze à Gevrey, le Clos des Ducs à Chenôve, Germolles ou Volnay, de l’abbaye de Mezières à Blagny, etc. des Cisterciens enfin à Vougeot, Meursault, ou Aloxe, toutes ont eu comme dénominateur commun l’élaboration de vins vermeils « typés », selon les directives des cellériers. La diffusion de leur œnologie au-delà des cuveries et des murs d’enceinte des clos, s’est faite progressivement par une contagion facile à comprendre dans le principe, mais évidemment impossible à connaître dans le détail. La continuité œnologique est en ce cas notre seul guide. Elle décrit une sinusoïde difficile à retracer, parfois incompréhensible, autour du thème central qu’est depuis les XIIe-XIIIe siècles l’apparition d’une vinification nouvelle, celle du vin vermeil. Cette évolution fut étalée sur plusieurs siècles. Rappelons par exemple que le vin de Pommard, autrefois décrit comme rosé à l’égal de Volnay, est aujourd’hui considéré comme un vin coloré et tannique. Or cette observation ponctuelle résulte de documents très récents du XVIIIe siècle. Comment pourrions-nous remonter plus loin dans le passé et connaître avec certitude le genre de vins produits dans ce canton viticole trois ou quatre siècles auparavant ?

 

L’œnologie  de consommation offre les mêmes incertitudes. Dans une étude sur le train de vie fastueux de Philippe la Hardi, un auteur nous montre le noble duc tournant dans son hanap, le vin de la nouvelle récolte, disponible dès la Noël, dont il admirait le chatoiement. Son choix était orienté, mais était-il en faveur du blanc eou du rouge ? Il suffirait à  ses zélés cellériers de limiter ou d’augmenter la durée de cuvaison, de réduire la part de raisins blancs, d’extraire plus ou moins de jus coloré au sortir des pressoirs, pour faire varier une intensité colorante qi dépendait aussi de la saison, de la date des vendanges etc. L’orchestration de la vinification du pinot noirien autour du thème de la couleur assimile la vinification à d’autres aspects du décor de la vie médiévale où le choix des élites jouait un rôle déterminant.

 

Le volontarisme œnologique se heurte en effet à des obstacles souvent insurmontables, car la recherche de nuances colorantes précises et parfaitement « typiques » est souvent décevante. Les experts en dégustation déplorent que leurs efforts soient constamment remis en question par le caprice des saisons. Le vin de Bourgogne, sommé à notre époque de présenter une intensité colorante, « normée », échappe souvent à toute contrainte et offre en revanché la séduction des reflets changeants du vin rouge, variables avec chaque millésime. Les canons d’excellence qu’on veut lui imposer sont souvent désaccordés de la réalité œnologique. Cette particularité explique la variété des différents genres, qui fractionnent les villages de la Côte. Dans les années précoces, la couleur est vive et parfois d’un rouge profond. Elle s’oppose souvent aux nuances moins accentuées de millésimes qui n’ont pas, comme on dit en Bourgogne, le « goût de mûr ».

 

Olivier de Serres insiste sur le volontarisme du vinificateur « Il faut que la couleur réponde au  désir » a-t-il écrit. Mais le désir est un souhait qui n’est pas toujours exaucé ! S’ensuivent toutes sortes de conséquences qui font les délices des spécialistes de la dégustation. Dans certains cas, la charge tannique oblige à un vieillissement de quelque durée, afin que les vins perdent leur caractère « rudastre » et trouvent le « droit point » d’une certaine harmonie. Mais les vins vermeils, en réalité des vins blancs, « qui auraient de la couleur », peuvent être appréciés sans délai par les amateurs. C’est donc dès les commencements de la carrière historique du vin vermeil, qu’apparaissent les catégories décrites par l’abbé Arnoux : vins de garde et vins de primeur dont en principe déduits se leur œnologie, manipulés par les vinificateurs de meilleurs crus, issus d’un terroir aux particularités bien connues et d’un stock végétal de pinot fin « immémorial », renouvelé très lentement, surveillé par des vignerons attentifs à la qualité, héritiers d’un savoir-faire millénaire… et surpris cependant à chaque vendange par une nouvelle facette offerte par l’infinie diversité du pinot.

 

On peut dire en tout cas que la limite fixée par ce qu’on peut appeler « l’éthique du vin vermeil », est celui qui sépare le vin fin du vin noir. Toute accentuation excessive de la couleur faisait croire en effet, que le vin vermeil d’une nuance trop accentuée était en réalité un vin commun issu des gouais à  la chair colorée qui poussaient au pied des coteaux. Pour les experts le risque de confusion éveillait immédiatement la suspicion. On comprend les raisons de cette défiance, en un temps où la couleur était déjà comme à notre époque le discriminant le plus facilement observable, mais non le seul, de la qualité d’un grand vin. L’infinie variation des couleurs et des genres est la traduction visuelle et gustative d’une très longue histoire œnologique, renouvelée lors de chaque millésime, qui à peu de chose à voir avec les conclusions hâtives, imprudemment tirées de l’étude de la composition de sols qui ne jouent qu’un rôle mineur parmi la multitude d’autres causes toutes aussi importantes. »

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 00:09

Enfant je fus doté par la nature d’une belle voix de soprane qui me valut de faire le soliste dans le chœur de ma chère école d’agriculture ND de la Forêt et, lors des mariages de monter sur un tabouret pour pousser la chansonnette. Même si ça peut surprendre ceux qui m’affublent d’un gros ego je détestais cette mise en avant. Je le faisais pour faire plaisir à ma sainte mère qui rêvait de me voir chanter la messe. Bref, mon répertoire fut aussi court que les idées de certains : en tout et pour tout deux chansons. Tout d’abord entre 5 et 7 ans à la volette puis ensuite jusqu’à ma mue qui me conféra une voix grave la complainte de mandrin. Ainsi se termina, à mon grand soulagement, ma carrière de chanteur de charme. Plus jamais je n’ai chanté en solo. mandrin-et-ses-ballots-de-tabacs.jpg  

Me prénommant Jacques, et comme dans le langage populaire une jacquerie désigne une révolte paysanne dans la période révolutionnaire la complainte de Mandrin, et ses paroles très explicites ne manquaient pas de sel dans une Vendée des années 50 encore dominée par le Clergé et la Noblesse terrienne. Je rappelle que l’origine de ce mot venait de la guerre des Jacques, dites Grande Jacquerie : soulèvement paysan survenu en 1358 dans les campagnes d'Île-de-France, de Picardie, de Champagne, d'Artois et de Normandie, lors de la Guerre de Cent Ans dans un contexte de crise politique, militaire et sociale. Ses deux causes principales : l'impopularité de la noblesse après la bataille de Poitiers (1356) et la misère des campagnes dévastées par les armées.

  

Bien des années après mon bref vedettariat de noces et de banquet j’ai entendu dans un bar du quai de la Fosse à Nantes link   un beuglant pour marins en goguette, Yves Montand chanter la complainte de Mandrin (c'était un disque bien sûr). Alors après une rude semaine de boulot, toujours mes histoires laitières, j’ai eu envie de vous faire partager, grâce à Montand, le seul tube de ma carrière de chanteur populaire, un poil révolutionnaire.

 

Encore un petit mot d’histoire sur Mandrin « Louis Mandrin, une sorte de robin des bois pour les uns, un bandit pour les autres qui, à la fin du XVIIIe siècle, organisait un réseau de contrebande au nez et à la barbe de la Ferme générale (collecteurs d'impôts indirects), l'institution la plus puissante et la plus impopulaire de l'Ancien régime. Véritable héros aux yeux du peuple, il lui permettait d'acquérir à bas prix des produits coûteux comme le sel ou le tabac, des marchandises rares ou prohibées. Pour les autorités, il était l'homme à abattre. Mais l'histoire de Mandrin est hautement plus passionnante encore...

 

Nous sommes en 1754. Louis Mandrin a 27 ans. Mandrin veut se venger des fermiers généraux qu'il tient pour responsables de sa ruine et de la pendaison de son frère Pierre. C'est à lui en tant que chef de famille, de laver ces affronts...

Mandrin identifie à ses propres intérêts les intérêts de ceux dont il est responsable. De même que sa faillite affecte tout le clan, la pendaison de Pierre, en jetant l'opprobre sur sa famille, l'atteint personnellement dans son honneur. Suivant cette logique, les « fautes » commises par quelques employés de la Ferme doivent être expiées par la compagnie toute entière. Au début de l'année 1754, Mandrin déclare la guerre à la puissante Ferme générale. La légende de Mandrin est en marche...

 

Plusieurs régiments royaux dont ceux de Fischer et de La Morlière furent mobilisés pour barrer la route à Mandrin, fin stratège et homme rusé qui échappa systématiquement à ses poursuivants. La suite ICI link

 

 Nous étions vingt ou trente

Brigands dans une bande,

Tous habillés de blanc

A la mode des, vous m'entendez,

Tous habillés de blanc

A la mode des marchands.

 

La première volerie

Que je fis dans ma vie,

C'est d'avoir goupillé

La bourse d'un, vous m'entendez,

C'est d'avoir goupillé

La bourse d'un curé.

 

J'entrai dedans sa chambre,

Mon Dieu, qu'elle était grande,

J'y trouvai mille écus,

Je mis la main, vous m'entendez,

J'y trouvai mille écus,

Je mis la main dessus.

 

J'entrai dedans une autre

Mon Dieu, qu'elle était haute,

De robes et de manteaux

J'en chargeai trois, vous m'entendez,

De robes et de manteaux

J'en chargeai trois chariots.

 

Je les portai pour vendre

A la foire de Hollande

J'les vendis bon marché

Ils m'avaient rien, vous m'entendez,

J'les vendis bon marché

Ils m'avaient rien coûté.

 

Ces messieurs de Grenoble

Avec leurs longues robes

Et leurs bonnets carrés

M'eurent bientôt, vous m'entendez,

Et leurs bonnets carrés

M'eurent bientôt jugé.

 

Ils m'ont jugé à pendre,

Que c'est dur à entendre

A pendre et étrangler

Sur la place du, vous m'entendez,

à pendre et étrangler

Sur la place du marché.

 

Monté sur la potence

Je regardai la France

Je vis mes compagnons

A l'ombre d'un, vous m'entendez,

Je vis mes compagnons

A l'ombre d'un buisson.

 

Compagnons de misère

Allez dire à ma mère

Qu'elle ne m'reverra plus

J' suis un enfant, vous m'entendez,

Qu'elle ne m'reverra plus

J'suis un enfant perdu.

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 00:09

Comme me le soulignait à juste raison Jean-René le lecteur qui m’a fait parvenir ce texte de Lucien Rebatet tiré des Décombres « Ce n'est pas votre lecture favorite,  j'imagine  :-)

 

Et l'alcoolisme – même qualifié de mondain –  n'est pas . . . votre tasse de thé,  si j'ose dire ! »

 

Pour ceux d'entre vous qui ne savent pas Lucien Rebatet fut un journaliste collaborateur forcené, critique à « Je suis Partout» Voici un échantillon de ses écrits ignominieux « Je ne verrais aucun inconvénient, pour ma part, à ce qu’un grand virtuose musical du ghetto fût autorisé à venir jouer parmi les Aryens pour leur divertissement, comme les esclaves exotiques dans la vieille Rome. » Mais attention : « Si ce devait être le prétexte d’un empiètement, si minime fût-il, de cette abominable espèce sur nous, je fracasserais moi-même le premier des disques de Chopin et de Mozart par les merveilleux Horowitz et Menuhin. »

28116425.jpgDurant mes années de FAC je me suis coltiné les Décombres et, après avoir vu « Le Chagrin et la Pitié »  des tonnes de livres d’Histoire publiés chez Fayard sur cette période très sombre de notre Histoire. Si je vous propose ce texte c'est pour un tas de raisons sur lesquelles je reviendrai dans de prochaines chroniques.

 

« Monsieur Barnarat, lyonnais d'origine, offre un type superbe de citoyen démocratique. Son emploi du temps quotidien mérite une petite narration.

Levé sur le coup de neuf heures, M Banarat commence se traiter par deux ou trois chopines de vin blanc. Vers onze heures et demie, il consulte son horloge et proclame que l'instant des apéritifs sérieux a sonné. Homme de règles et de principes, il a sa marque de pernod, dont le choix a été le fruit d'une longue expérience, qu'il fait venir de loin, et qu'il est seul à boire dans Romans, où l'on fabrique une douzaine d'anis considérés. Il en étanche cinq a six verres jusqu'aux environs d'une heure et demie où il rompt le pain, en débouchant du Beaujolais. Le déjeuner ne va point, cela s'entend, sans une bonne demi-tasse de marc ou d'armagnac. M Barnarat s'autorise le petit verre avec la clientèle jusqu'au moment où il se rend à la partie de boules, qui occupe le principal de son après-midi. Avec les boules, le vin rouge du pays est obligatoire. Il ne m'a pas été donné d'estimer en personne par quel nombre de pots M Barnarat lui rend hommage, mais je lui fais confiance, d'autant que le jeu de boules est altérant. Je ne parle naturellement point des jours de championnat, où le gosier de notre héros défie toutes les statistiques.

 

Aux alentours de six heures M Barnarat regagne son café. Un cercle d'amis fidèles l'y attend pour célébrer le sommet de la journée, le grand, véritable et solennel apéritif. C'est le moment où, volontiers, M Barnarat entame le récit de sa dernière campagne, qu'il a faite en septembre en qualité de lieutenant de garde-voies entres Saint-Vallier et Saint-Rambert d'Albon. Il a été renvoyé à ses foyers au bout de trois semaines, et son amertume s'exhale chaque soir à neuf au quatrième verre de son pernod. Car je n'ai point besoin de dire que le pernod préside la séance. M Barnarat, je le jure, ne sera point quitte qu'il n'en ait vidé ses dix verres où l'eau tient la moindre part, et la tablée du compère lui tient tête vaillamment. Chacun a son cru de pernod favori, mais la purée d'absinthe est de même couleur dans tous les verres. Un seul des chevaliers n'y goute point. Tourmenté par ses viscères, il avait vu un docteur qui lui dit : « supprimez votre pernod ». Il s'est mis depuis au noir mandarin. Je dois dire pour l'histoire que de toute la compagnie, il est de loin le plus maltraité, la face lie de vin, bavant, la main tremblante, ouvrant péniblement un oeil strié et glaireux, d'un gâtisme accusé à moins de quarante-cinq ans.

 

Le ton s'échauffe et s'envenime. Bousculant l'homme au mandarin dont la salive file, les buveurs s'affrontent, se vouant mutuellement à la male mort. M Barnarat vitupère l'intolérance religieuse à la face du tailleur, qui lui réplique par une diatribe forcenée sur la quadrette victorieuse au concours de boules de Pâques 1925.

 

On boit la tournée de réconciliation vers neuf heures ou dix heures ! Il n'est point si rare que la cérémonie se prolonge jusqu'à minuit, et non plus qu'on atteigne le quinzième ou vingtième pernod. M Barnarat s'en va manger la soupe avec quelque morceau dûment arrosé de boudin ou de caillette. Enfin, avant de clore sa porte, il vide avec les derniers clients quelques couples de demis bien tirés, qu'il entremêle plaisamment d'un ou deux chasse-bière, à moins que les bouchons de champagne ne sautent en l'honneur d'une « Fanny » retentissante, d'une belote magistrale ou de quelque autre grand évènement.

 

Il me faut confesser que cet éminent éclectique a pu aborder la soixantaine avec la pupille alerte, le pied encore léger, la taille cavalière, le poil dru et brillant. On a pu voir toutefois qu'il est ménager de ses forces. Sa femme, levée à l'aube, debout quinze heures durant et qui ne boit que de l'eau minérale, porte sur son échine lasse et sa figure flétrie tous les stigmates des maux épargnés à son maître et seigneur. »

 

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 00:09

Pourquoi le Tarn ce matin ?

 

En effet, dans la France de la vigne et du vin le département du Tarn n’est pas inscrit au fronton (pas pu m’en empêcher même si cette appellation est entre le Tarn et la Garonne mais pas dans le Tarn) des lieux où prospèrent les appellations de prestige, il fait plutôt dans la roturière. Et pourtant, les amateurs savent mieux que quiconque qu’on y trouve d’excellents vignerons, des amis du taulier dont je tairais les noms afin de ne pas les compromettre, sauf celui de Michel Issaly qui m'a convié aux Rencontres Nationales des Vignerons Indépendants de France les 12-13 avril à Orange.

 

Et bien c'est à cause de mes vaches. Ces dix derniers jours ceux qui les élèvent dans le Tarn et le Sud-Aveyron faisaient l'objet de mes préoccupations. Qui allait ramasser leur lait ? Mes gars s'inquiétaient au téléphone. Même leur Préfet qui me donnait du Monsieur Berthomeu (sic) sans doute par effet de mimétisme. A force de jongler avec des millions de litres de lait au téléphone j'en devenais chèvre... Mais il ne faut jamais désespérer, il existe encore en notre petit monde des gens de bonne volonté. Je tairais leurs noms, ils travaillent pour de grandes entreprises, mais je les remercie du fond du coeur pour ce qu'ils ont su faire et qu'ils n'étaient pas obligés de faire.

 

 J'en reviens donc aux tables à sacrifices des premiers vignerons de , la Haute Vallée du Tarn qui se situe dans le Sud-Aveyron. Les limites administratives ne s’embarrassent pas toujours des subtilités de nos AOC : Saint-Affrique et Gaillac sont à la même longitude. Donc, en cette Haute-Vallée la tradition populaire appelait des monuments énigmatiques : les « tables à sacrifices ». 

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La plus célèbre d’entre-elles se situe au lieu-dit Savignac sur la commune de Saint-Affrique. Il s’agit d’une haute table de grès de plus de 3 mètres de longueur sculptée en forme d’écusson. Non loin de là, sur une crête rocheuse dominant le lycée agricole de Saint-Affrique, un bloc mal dégagé présente, dans sa partie supérieure, un grand bassin déversoir. Sur l’une des parois latérales du monument, deux têtes conjointes sont sculptées dans un style naïf. Il s’git d’un homme et d’une femme qui pourraient bien être les anciens maîtres des lieux. À Marzials, sur la commune de Montjaux, dans un petit bois de chênes, le promeneur pourra découvrir un bloc de grès de plusieurs tonnes dont la partie est évidée en forme d’écusson. Non loin de Candas, près de la source d’Aiguebonne, deux splendides bassins contigus, munis chacun d’un déversoir d’écoulement confirment que ce que les gens du cru nommaient « tables de sacrifice » sont des pressoirs ou fouloirs à vins du type le plus archaïque.

 

Ils sont antérieurs aux pressoirs à vis de bois, et « tout porte à penser qu’ils furent aménagés vers le Xe siècle sur les adrets viticoles, partout où la géologie du terrain le permettait. » Le professeur Enjalbert dans une étude parue dans la Revue du Rouergue montre « que l’augmentation de la population et une certaine spécialisation agricole favorisèrent le développement du vignoble sur les versants bien exposés » des vallées de la Muse, du Tarn et du Dourdou. « C’est alors que commencèrent à être édifiés les innombrables murs de vignes en terrasses qui, même en grande partie abandonnée, forcent encore l’admiration par la masse de labeur qu’ils représentent, et qui, des Gorges aux Raspes, constituent des ornements distinctifs du paysage de la vallée. »

 

« Voilà les plus anciennes traces du vignoble local, un vignoble dont la production était acheminée à dos de mulet vers les montagnes du Massif Central et qui, sans être très célèbre, prenait place néanmoins dans toutes les affaires locales. N’est-ce pas « un muid de vin clairet » de la vallée du Tarn que les consuls de Millau offrirent à Jean Chandos, représentant du roi d’Angleterre, lorsqu’il vint prendre possession de la ville en 1362 ? » 

 

Extrait d’un article d’Alain Vernhet chargé de recherches au CNRS Conservateur des Fouilles de la Graufesenque dans « les Bacchanales culturelles autour du pic st Loup » 1981-1982

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 00:09

Dure semaine pour le Taulier, tendue, exaspérante, faites d’attente, de réponses qui ne viennent pas, de sentiments d’impuissance mêlés à l’intuition qu’il ne faut pas lâcher, s’accrocher, remettre l’ouvrage sur le métier. Je n’aime pas perdre, non pour gagner mais pour avoir le contentement du devoir accompli. Mes chroniques me lavent la tête, me permettent de contenir le trop-plein de mon exaspération, freinent mon envie de dire à certains que je ne suis pas dupe de leur hypocrisie, de leur petits calculs. Sur mon lisse tout glisse, j’encaisse en silence, j’argumente, mais il n’empêche que tout cela laisse des traces. Certes pas des bleus, je ne mets pas mon avenir en jeu moi, pas comme c’est types d’en bas pour qui je tente de fléchir des positions aussi inflexibles qu’arrogantes. Ainsi va la vie que l’on vit…


Alors pour décompresser, évacuer la tension, recharger de l’énergie, rien ne vaut une immersion dans la musique, bain de jouvence, proximité avec l’intimité de 2 interprètes habités par la passion, le goût de la perfection : après trente ans de séparation, Keith Jarrett a retrouvé en 2007 le contrebassiste Charlie Haden et composé Jasmine, stupéfiant album au romantisme exacerbé. Jarret se dit « Eperdument amoureux de Jasmine. »


S’offrir « Cent quarante minutes de musique intime, douce, élégiaque, romantique… » comme l’écrivait Paola Genone dans l’Express de juin 2010. Dans cet article Keith Jarrett avoue « Pour la première fois, j'ai joué assis, normalement, je joue debout, cambré, je me crispe, m'entortille autour des notes, des crampes dans les doigts, dans un état de perpétuelle tension. » Là, ses doigts déliés caressent les touches, des mélodies jouissives déferlent…

J’ai donc décidé de vous offrir cette déferlante jouissive…


« J'avais envie d'un huis clos : juste mon putain de Steinway bringuebalant, le crissement de la porte de bois et la contrebasse de Charlie. C'était romantique. Cela fait des années que je me suis juré de ne plus mettre le pied dans un studio. Je déteste le côté désincarné de ces usines. Je ne voulais pas non plus de public, car je n'avais aucune idée d'où mènerait cette rencontre. Finalement, nous avons enregistré plus de dix heures de musique. J'ai adoré jouer en duo : auparavant, il y avait toujours un batteur entre Charlie et moi ; nous n'en avons plus besoin. Le rythme est en nous. C'est ce qui a permis à Charlie de converser avec moi dans les mélodies. Nous étions sur un tapis volant. »


Grâce à Jasmine j’ai quitté le plancher des vaches pour me retrouver moi aussi sur un tapis volant. Bon dimanche…


 « Pendant trois jours, nous avons vécu en osmose. Il y a quelque chose de très impudique dans cette musique, d'incroyablement sensuel dans notre façon de nous livrer l'un à l'autre. Charlie et moi sommes tombés amoureux sur ces notes. Il est impossible de reproduire cette expérience. Pour le moment, nous utilisons Jasmine comme une thérapie : Charlie l'écoute tous les soirs. Moi aussi. Hier, j'étais seul, assis à la table de ma cuisine... Je me suis mis à écouter Jasmine avec un verre de vin. D'habitude, quand je fais un disque, je le range et je l'oublie »

 

 

 

 

 

 

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 00:09

Seule une femme pouvait écrire le texte qui suit ; une femme sarde ; une inconnue devenue célèbre grâce au bouche à oreille qui a fait de son premier roman traduit en français – c’était son second en Italie – Mal de pierres en 2007 un best-seller en France. J’y ai participé en le découvrant lors de mes vacances en Corse et je suis devenu addict de Milena Agus. Ses romans sont publiés aux éditions Liana Levi www.lianalevi.fr des livres d’un format que j’adore, élégant, facile à glisser dans mon sac. Depuis le Mal de pierres, je guette la sortie de ses nouveaux livres : Battement d’ailes, Mon voisin, Quand le requin dort, pour les acheter et les lire d’une seule traite – ils ne sont pas épais dans tous les sens du terme. Le dernier, dont est tiré cet extrait, La comtesse de Ricotta 13,50€, ne fait pas exception : c’est un nouveau petit bijou, sensible, avec un style lapidaire et une construction toujours originale Milena Agus m’accroche, me séduit. La romancière aime les mensonges de la fiction et moi j’adore qu’on me mène par le bout de la plume en des lieux inexplorés.

 

« La Sardaigne au cœur. Pour Milena Agus, cette île est une miraculeuse inspiratrice, et le vent qui y souffle fait tourner les pages de ses livres comme les ailes des moulins : il y a du don Quichotte chez l'auteur de Mal de pierres, qui prend tellement ses rêves pour des réalités qu'elle croit parfois « vivre les yeux fermés ». Chevillée corps et âme à sa chère Sardaigne, elle y moissonne une oeuvre pleine de contrastes délicats, entre ombre et lumière, comme ces ruelles de Cagliari qu'elle décrit avec la sensualité d'une aquarelliste. » Pierre Clavel L’Express en 2010.

 

Pour La comtesse de Ricotta 2 critiques.

 

«C’est une joie délicate de se plonger dans l’imaginaire de Milena Agus.» La Libre Belgique

 

«Un petit roman délicieux, saugrenu, à l’humour grave, qui explore l’irrépressible désir d’absolu de la gent féminine.» La Vie

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Le choix de cet extrait est bien sûr motivé par le goût du vin.

 

« Maddalena et Salvatore ont éteint la lumière et laissé les fenêtres ouvertes, car en Sardaigne à l’automne il fait encore chaud, les feuilles tombent mais on continue de se baigner.

 

La lune, comme une opaline, éclairait la table encore dressée et rendait tout phosphorescent.

« Déshabille-toi et assieds-toi à table, dans la lumière de la lune », a ordonné Salvatore.

 

Maddalena s’est déshabillée et ils se sont assis, elle a passé son verre de vin glacé sur ses mamelons pour les durcir. Ses seins se tenaient bien fermes et ainsi éclairés paraissaient plus gros.

 

« Écarte les jambes. Mouille-toi le joni avec du vin et lèche tes doigts. Dis-moi quel goût ils ont. »

 

Il s’est levé de table et s’est placé devant elle.

« Maintenant, défait ma ceinture et sort mon lingam. Lèche-le comme tu sais bien faire. Dis-moi quel goût il a avec le vin et le goût de ton joni. »

 

Elle a mis les doigts dans son joni, après les avoir plongés dans le vin. Elle les a léchés et a essayé de décrire tous les goûts. Jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus et jouissent en même temps, lui dans sa bouche et elle dans sa propre main. Ils ont joui sans avoir le temps d’entrer l’un dans l’autre, alors qu’elle était peut-être fertile ce soir-là.

 

Voilà pourquoi Maddalena n’est pas contente. Parce que le présent n’existe pas s’il n’y a pas de futur. Ils ont gâché une occasion, fous de désir qu’ils étaient, et c’était peut-être le moment où les spermatozoïdes de Salvatore étaient les plus forts et les ovules de Maddalena les plus accueillants.

 

Après, Salvatore est allé dans la chambre et s’est tout de suite endormi. Maddalena s’est mise au balcon, en chemise de nuit transparente car elle ne pense jamais qu’on peut la voir, mais la nuit était claire, bleue et douce, et de l’autre côté de la rue toutes ces lumières sur la mer. »  

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