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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 00:09

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L’intérêt de certains urbains, mangeurs et parfois buveurs, pour le monde paysan est évident. C’est un beau cas, comme disait les chirurgiens de la vieille école, il permet des confrontations musclées sur les plateaux de télé entre José Bové et les agriculteurs-pollueurs, des nostalgies du bon vieux temps d’avant avec les poules de mémé qui picoraient dans l’aire et le cochon du pépé qui braillait avant d’être sacrifié, des débats sans réelle réponse sur l’inquiétante question des pénuries alimentaires liées à l’insuffisance des capacités de production, les concurrences énergétiques, le gaspillage… Bref, on glose beaucoup, la FAO pond des rapports, les experts de toute obédience s’écharpent sans vraiment convaincre sur les pistes à emprunter pour progresser. J’avoue avoir du mal avec ces approches où le dossier est soit totalement instruit à charge par des militants ou à l’opposé en défense d’une agriculture peu soucieuse de son environnement par des lobbies puissants. Rien de très probant, chaque camp campe sur ses positions inexpugnables, et pendant ce temps-là une forme d’agriculture disparaît, une autre « géant aux pieds d’argile » prospère et la malnutrition dans le monde ne recule guère.

 

Ainsi donc :  


 1- Le 16 octobre, sur ARTE  joli succès pour l’émission « Les moissons du futur » diffusée à 20h50 et cela malgré la rude concurrence du match de Coupe du Monde 2014 diffusé sur TF1.


N.B. Vous pouvez (re)voir le documentaire jusqu'au 23 octobre sur ARTE+7.link 


2- Les 15es Rendez-vous de l'histoire à Blois consacrés aux paysans se sont tenus du 18 au 21 octobre. linkarton18930-5f868.jpg

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Je vous livre sans commentaire : le pitch de l’émission« Les moissons du futur » et un extrait de la tribune d’Emmanuel Le Roy Ladurie dans le Monde de samedi « Les paysans survivront ! »


1-« Les moissons du futur » 


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 « Existe-t-il une alternative au modèle agricole actuel, issu de la révolution verte lancée dans les années 1960? La réponse est oui pour la journaliste et réalisatrice Marie-Monique Robin qui affirme dans son dernier film qu'il est possible de nourrir le monde sans pesticides et sans engrais chimiques.


Ce documentaire est le troisième volet d'une enquête entamée avec "Le monde selon Monsanto" (2008), le géant des semences, des OGM et des produits phytosanitaires, et "Notre poison quotidien" (2010), sur l'évaluation des produits chimiques. Ce nouveau documentaire est prolongé par la sortie d'un livre ("Les moissons du futur", La découverte, Arte éditions, 19,50 euros).


S'appuyant sur le travail d'Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur l'alimentation, la journaliste est allée au Mexique, au Malawi, au Kenya ou en Allemagne rencontrer les tenants de l'agroécologie. Fin de la monoculture, suppression des intrants chimiques, réduction de la dépendance à l'égard des énergies fossiles, restauration de la richesse et de la fertilité du sol font partie des principes de cette agriculture durable. Elle doit permettre de mieux lutter contre la pauvreté rurale et de répondre aux changements climatiques, précise Olivier de Schutter dans ce documentaire.


Que ce soit à travers l'agroforesterie (qui utilise l'arbre comme facteur de production, NDLR), ou la technique du "push and pull" pour lutter contre les ravageurs, Marie-Monique Robin entend démontrer que ces techniques n'ont rien d'un retour en arrière mais qu'elles sont issues de la recherche et de la science. Et que les rendements sont équivalents à ceux de l'agriculture classique. Un point sensible vivement contesté par l'industrie agro-alimentaire.


L'enquête se place aussi sur le terrain économique: difficile en effet de parler d'un autre modèle agricole sans évoquer les mécanismes économiques qui conditionnent l'avenir des filières de production et les revenus des agriculteurs. Comment concrétiser ces "promesses de l'agroécologie", pour reprendre l'expression employée par Marie-Monique Robin, dans un pays développé comme la France, absente du documentaire? Il faut une véritable "révolution agricole", autant technique que culturelle, affirme l'agronome Marc Dufumier (Inra) en conclusion du documentaire. »


2- Les paysans survivront !



L'agriculture se développera à l'avenir en gagnant du terrain sur les plaines fertiles, au risque de nuire à l'environnement. Comment peut-elle se maintenir sans rogner la biosphère ?

 

«  (…) Ce qui s'est vraiment produit aux Etats-Unis, c'est l'abandon éventuel des terres les moins rentables, ainsi que le gigantisme accru des exploitations terriennes d'outre-Atlantique. Pour celles-ci, l'unité de base est dorénavant, dans bien des cas, le millier d'hectares, et non pas la dizaine ou la centaine d'hectares, comme c'est le cas, en revanche, en France, voire dans d'autres pays d'Europe.


Notre agriculture française survivra elle aussi, semble-t-il. Elle se maintiendra, au titre de chaque exploitation survivante, sur une superficie mise en valeur de plus en plus vaste par regroupements terriens. Les vignerons feront exception. Mais les grands fermiers " macro-entrepreneurs rustiques " rassemblent d'un seul tenant et rassembleront plus encore les domaines, certes contigus, qui continueront, eux, à dépendre de propriétaires différents. Ce devenir affectera surtout les terroirs de plaines ou de contrées relativement planes et recouvertes, si possible, de limons fertiles. Il est vrai que l'usage souvent massif des engrais et des pesticides permet déjà d'augmenter les rendements de façon considérable au détriment de l'environnement. Ce faisant, les agriculteurs, et ils le savent fort bien, prennent des risques génétiques peut-être considérables pour leur descendance.


L'agriculture bio est-elle une solution ? En principe, oui, mais le producteur travaille toujours ou presque toujours à la marge de la profitabilité : il n'envisage pas volontiers, on le comprend, pour mieux préserver l'environnement, d'éroder les maigres profits qu'il attend de son activité.


« (…) l'agriculture de plaine entre en compétition avec d'autres investissements, porteurs de profits plus considérables.


La construction de maisonnettes dans la plaine de Caen, sur un rayon de plusieurs kilomètres ou davantage aux alentours de la ville, dévore préférablement des sols limoneux et fertiles ; ils sont dorénavant perdus pour la production agricole, celle-ci indispensable néanmoins pour l'export et pour l'alimentation des milliards d'individus supplémentaires ; ceux-ci viendront s'ajouter aux chiffres de population mondiale déjà existants. Les mêmes réflexions s'imposent à propos de l'établissement de larges autoroutes et d'aéroports immenses, eux-mêmes grands amateurs de terrains plats. 


L'agriculture de montagne est abandonnée, et pour cause, dans les vallées alpines et ailleurs. Les vignerons, oléiculteurs, jardiniers et même céréaliculteurs du Languedoc avaient imaginé, à flanc de coteaux des Cévennes ou des pré-Cévennes, une production agricole installée sur des terrasses artificiellement étagées sur des pentes de collines, voire de montagnes.


Ces terrasses avaient coïncidé avec la mise en valeur agricole croissante des terroirs méridionaux lors des XVIIIe, voire XIXe siècles. Il n'est évidemment pas question de recultiver ces prodigieux escaliers d'agriculture ou de viticulture, tant le travail fait uniquement à la main ou à la rigueur avec des mules y était pénible et, c'est le cas de le dire, assez peu rentable.


La formidable augmentation des rendements du blé, froment et autres céréales d'une quinzaine de quintaux à l'hectare (ou moins encore au XVIIe siècle) jusqu'à 100 quintaux à l'hectare, plafond presque indépassable de nos jours, est un bienfait pour nos exportations frumentaires vers les pays déficitaires en production des grains au sud de la Méditerranée et ailleurs. Mais il y a un prix à payer : dans les campagnes de l'ouest de la France, les terres schisteuses à très faible épaisseur de sol arable sont devenues porteuses de moissons assez considérables... et les coccinelles ont disparu, victimes des insecticides. Les bleuets et les coquelicots qui cernaient autrefois les vastes parcelles labourées, puis emblavées, se sont évanouis, si l'on peut dire, dans la nature.


Il ne sert évidemment à rien de gémir, puisque, à cette liste quelque peu impressionniste des divers méfaits subis par l'environnement rural, on pourrait ajouter bien d'autres phénomènes du même genre. Ne parlons pas des flatulences des vaches et autres bovidés : elles contribuent, à force de méthane, au réchauffement du climat, en compétition avec le CO2. L'évocation du réchauffement mondial n'est pas inutile.


La situation, quant à ce problème, n'est pas très différente de celle que nous venons d'évoquer pour l'agriculture de plus en plus industrialisée. D'une part, le plus grand nombre des Européens, sinon des Américains, fait preuve d'une prise de conscience désormais perspicace quant aux périls " calorifiques " issus de l'accroissement d'injections atmosphériques des gaz à effet de serre. Mais d'autre part, très peu parmi les citoyens du Vieux Continent, notamment paysans, acceptent d'envisager, de façon concrète, une réduction de l'usage de l'automobile et de la motorisation en général.


Le problème est presque insoluble : les désirs de confort de nos populations, en soi légitimes, sont en contradiction flagrante avec les exigences, elles aussi fondées, du respect de l'environnement sous ses diverses formes. La pensée hégélienne elle-même, amoureuse des propositions contradictoires et de leurs solutions dialectiques, s'y casserait les dents, qu'elle avait pourtant fort longues. »


Emmanuel Le Roy Ladurie de l'Académie des sciences morales et politiques Professeur honoraire au Collège de France.


 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 00:09

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Selon des chercheurs US la nostalgie constitue un levier émotionnel puissant appelé à prendre de l'ampleur avec le vieillissement des baby-boomeurs. Leurs résultats ont notamment montré que les marques utilisant des référents nostalgiques ont une meilleure image que celles qui ne font pas appel à ce sentiment.


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En 2009, Le Rustique a repris la main sur le marché du camembert avec son paysan debout devant son champ placardé dans le métro parisien. L'Angélus de Millet revisité. Dans la même veine Lesieur la marque d'huiles a exhumé un spot de 1986 et son slogan «Pas d'erreur, c'est Lesieur» pour relancer ses ventes. Et, dernier en date, les Skalli exhument Rivoire&Carret de l'oubli. Au bas de chez moi j’ai pu le constater.

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Disparu des supermarchés depuis les années 1990, Rivoire & Carret, inventée après-guerre par les chefs Claudius Rivoire et Jean-Marie Carret, la marque aux deux toques, numéro 1 des pâtes dans les années 1950-1960 et inventeur du paquet cartonné moderne (les pâtes étaient jusque-là vendues en vrac chez l'épicier) qui incarnait le savoir-faire de la cuisine française, est de retour en rayon depuis mai avec des ravioles à la française cuisinées («Nous proposons au rayon épicerie des pâtes cuisinées avec la qualité du frais et un prix accessible»).Rivoire & Carret, connue par sept Français sur dix, se veut dans l'air du temps. La publicité use donc de la fibre nostalgique pour rassurer des consommateurs français en mal de repères.


Avant de revenir à la nostalgie, un instant je me laisse aller à l’être, nostalgique, pour rappeler que Robert, l’homme des vins Skalli, a passé la main fin 2011, en  cédant son entreprise au Bourguignon Boisset... « Je suis très heureux que ce soit Boisset qui insuffle son esprit de famille à Skalli dans une volonté de faire perdurer aussi bien les marques dans la continuité des produits que les partenariats que nous avons mis en place depuis des années. Je suis ravi que cette famille soit aussi engagée dans la viticulture que dans la qualité des vins et ait la volonté de les faire croître à travers le monde. Je suis très confiant dans l’avenir que je dépose entre ses mains», a confié Robert Skalli.


L’esprit de famille ce n’est pas rien chez les Skalli…, en effet « La PME revient de loin. Propriété de la famille Skalli depuis quarante ans, elle a failli ne pas survivre, en 2002, à la vente de ses activités riz et pâtes fraîches à Panzani, détenu à l'époque par le fonds PAI. Revenus aux commandes en 2007, les Skalli ont redressé le groupe, bénéficiaire depuis 2008. Ils ont remis en selle leur marque vedette Lustucru, relancé l'innovation et réduit les ventes réalisées en promo. Ces dernières sont passées en un an de 45 % à 38 % des volumes. Lustucru souhaite revenir à 15 % de part de marché. » Rappelons que Lustucru (10,9 %)  est le n° 3 du secteur derrière Panzani (35,3 % de part de marché en valeur) et Barilla (20,6 %).


«Nous sommes convaincus que nous avons les produits qu'il faut dans la conjoncture actuelle», ajoute Antony Cohen-Skalli, numéro 2 du groupe (c’est l’un des fils de Robert)

La nostalgie serait donc l’antidote miracle à la fois au stress né de la multiplicité des crises et au vieillissement des consommateurs ? C’est un peu court comme analyse car le phénomène touche aussi les jeunes générations qui se mettent à acheter Eau Sauvage de Dior car la marque a eu l'idée géniale d'utiliser une photo d'Alain Delon prise par Jean-Marie Périer sur le tournage de La Piscine en 1966, année de création du jus. La campagne a permis à Eau Sauvage de revenir au top des ventes. Pour moi le mal est plus profond et je vous livre mon interprétation qui, bien sûr, est sujette à caution.



Edouard Limonov qui fut, grâce à la biographie d’Emmanuel Carrère, la coqueluche de la rentrée littéraire l’an dernier, et qui connaît bien la France pour y avoir vécu de nombreuses années, dit avec son sens aigu de la provocation de Lénine punk, anti-Poutine et national-soviétique : «Ce qu’il faut c’est qu’elle (la France) sorte de cette stupeur de vieillarde qui la caractérise aujourd’hui


Le pauvre Frank Alamo, qui vient de nous quitter, avec quelques autres qui tournaient dans la France profonde depuis 2006 avec « Age tendre et têtes de bois », en était un emblème de cette France vieillarde, lui la fugace star des années 60 : quelques tubes : une reprise de Da Dou Ron Ron des Crystals et File, file, file chanté par les Crickets, Allô Maillot 38-37, Biche o ma biche… et puis plus rien… « Avec son visage angélique et ses tenues de parfait minet, Frank Alamo symbolisait toute l'insouciance et l'appétit de vivre des années 1960» note le Figaro. « Sa voix si émouvante, sa présence radieuse, manqueront à cette tournée qui continue sans lui, avec encore un peu plus de nostalgie », a regretté jeudi soir la ministre de la culture Aurélie Fillipetti. NOSTALGIE c’est la légende des années 60, 70 et 80 ! Radio FM en direct www.nostalgie.fr c’est tout dire !


Ça veut dire que nous vivons les yeux rivés dans le rétroviseur, même les plus jeunes sont persuadés que c’était mieux avant… comme si les années 60 avaient été un Eden dont nous serions chassés. La fameuse société de consommation, dont la porte fut grande ouverte par l’esprit de 68, laisserait la place à une société de restriction revenant vers un passé revisité par la publicité. Nous avons vécu, nous dit-on, en partie à crédit. C’est vrai. La rigueur, le désendettement sont à l’ordre du jour, les lendemains seront durs. Pour autant, en dépit du vieillissement de la population, notre natalité devrait être synonyme de vitalité. Et c’est là qu’est le paradoxe Français, dans la sphère privée nos concitoyens, dans leur grande majorité, sans être d’un optimisme béat, ne se considèrent pas comme des damnés de la terre, mais en revanche dans la sphère publique c’est vraiment la cata : nous sommes incapables de retrouver notre cohésion, la fragmentation de la société suscite des oppositions frontales, interdit toute forme de compromis acceptable par le plus grand nombre, chaque groupe campe sur ses positions. Nous piétinons, nous régressons, comme le dit Limonov nous sommes frappé d’une stupeur de vieux ronchons.


Et le vin dans tout ça me direz-vous ? Au risque de vous surprendre, pour moi c’est l’un des secteurs d’activité de notre pays où la vitalité et l’inventivité a été, au cours de ces dix dernières années, la plus grande. Une nouvelle génération de vignerons, de négociants et de dirigeants de coopératives, a pris son destin en main et le monde du vin s’est profondément renouvelé dans ses pratiques et sa vision du commerce. Pour eux, le goût de l'authentique n'a rien de nostalgique, il est dans le flacon et non sur l'étiquette. Le seul problème, et il est de taille, face à ces bouleversements de fond, c’est que le mode de représentation est resté enkysté dans des structures d’un autre âge et qu’en conséquence les décideurs de ce pays gardent une vision obsolète du secteur. Je suis frappé par l’ignorance qui  règne à tous les étages du pouvoir et par l’incapacité des décideurs de se saisir des vrais problèmes du secteur. La dynamique existe, reste à ce qu’elle puisse se fédérer autour d’une vision commune, que les individualités fortes comprennent que la seule réussite personnelle ne peut bousculer les pesanteurs administratives, professionnelles et politiques… Se forger un destin commun voilà une belle perspective pour des femmes et des hommes qui créent de la richesse sur nos territoires. Alors, moi qui suis au bout de ma trajectoire professionnelle, j’exhorte au retour de l’esprit collectif, de ce qu’a été le mutualisme, l’entraide, afin de fédérer les bonnes volontés, constituer de véritables contrepoids. Se contenter de réagir sur Face de Bouc, de soutenir Hervé Bizeul en postant un commentaire sous ses chroniques n’est pas suffisant. Comme le disent les publicitaires : il faut atteindre le niveau de part de bruit pour se faire entendre et les feux de paille ne durent que le temps des feux de paille…


Je radote, c’est l’âge : je suis dans la tendance…

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 00:03

Je voulais titrer « Salauds de Pauvres ! » puisque sous le « ils* » de mon titre se cachent 7 pays européens : l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas, la République Tchèque, la Suède et le Royaume-Uni qui ne comprennent pas l’intérêt d’une aide alimentaire européenne. En clair : que chaque pays se démerde avec ses pauvres !


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Le programme historique d’aide alimentaire européen (PEAD) adopté en 1987 c’est l’héritage de l’action de Coluche. Avec seulement 1 € par Européen celui-ci permet depuis 25 ans d’assurer les besoins vitaux de plus de 18 millions de personnes en grande difficulté.

   

Ces 500 millions d’euros par an étaient issus de la PAC dont le budget total est de 60 milliards d’euros. Concrètement les crédits du PEAD étaient destinés à la transformation, à l’acheminement et à la distribution de produits issus des stocks des surplus communautaires (poudre de lait, sucre, beurre, blé, etc.). Les Etats membres pouvaient utiliser ou non ces denrées selon leur choix. En France, les stocks d’intervention mis à disposition sont troqués contre des denrées alimentaires grâce à des appels d’offres réalisés par FranceAgrimer.  


Pour les * Banques Alimentaires, la Croix Rouge Française, les Restos du Cœur et le Secours Populaire cette aide représente de 23 à 50% des denrées alimentaires distribuées, soit 130 millions de repas.


La quasi-disparition des stocks d’intervention issus de la PAC a entraîné une remise en cause du PEAD en 2011 par la minorité de blocage des pays cités ci-dessus qui considéraient que cette aide ne relevait plus de l’UE mais des Etats membres.


Le 14 novembre 2011, un accord franco-allemand a donné un sursis de 2 ans au PEAD mais en excluant la possibilité de sa prolongation dans le cadre de la PAC. La seule solution c’est que cette aide renaisse dans un nouveau programme.


Il y a donc état d’urgence sur  2 niveaux :


-         Le principe d’une nouveau programme : Avant décembre 2012 il faut que ce nouveau programme soit avalisé par les chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion de la finalisation du budget européen pour les 7 ans à venir.


-         Le montant des crédits affectés à ce nouveau programme : le montant envisagé de 2,5 milliards d’euros sur 7 ans est bien en-dessous des 3,5 milliards d’euros qui permettraient de maintenir l’aide à son niveau actuel et loin des 4,5 milliards d’euros recensés dans les pays participants.


Que faire ?


Comment agir ?


Aller sur le site www.theairfoodproject.com qui vous expliquera tout.


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J’en appelle :


-         à mes amis vigneronnes et vignerons dont je connais le grand cœur, le sens du partage et l’esprit de solidarité.


-         à mes collègues blogueurs : « nous qui passons notre temps à parler de bonne chère et de bons vins, levons un instant le nez de nos belles assiettes et de nos beaux verres pour soutenir l’action des 4 grandes associations françaises d’aide alimentaire aux personnes les plus démunies.


- à vous tous lecteurs de toute nationalité, amateurs, buveurs, flaneurs, gens d'en bas et gens d'en haut, rats des villes et rats des champs, au féminin comme au masculin...


-         à Stéphane Le Foll Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire pour qu’il se souvienne  que les Restos du Cœur de Coluche font partie de l’ADN de son Ministère depuis le jour où Coluche est venu présenter à Henri Nallet son projet. À cette époque nous nous sommes mobilisés, nous avons retroussé nos manches pour un projet qui ne faisait pas l’unanimité. J’en étais et je ne comprendrais pas que cet héritage soit dilapidé. Puisque notre nouveau Ministre à l’oreille de notre nouveau Président je lui demande d’être notre porte-parole actif et efficace.


Voilà, il est 23 heures, je suis rentré sur mon vieux vélo hollandais de la présentation de l’action, quai de Jemmapes, par les bénévoles des 4 associations et d'Havas et je me fais le porte-parole de Véronique Colucci qui était présente ce soir pour que nous nous bougions le cul. Je le lui ai promis. Ne me faites pas mentir.


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D’avance je vous remercie.

 

Mobilisons-nous !

 

Moi je le suis…

 

à bientôt sur mes lignes.

 

Votre Taulier très remonté

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 00:09

Ce dimanche mes chroniques link ont pour dénominateur commun Bénédicte Martin qui connut son temps de gloire en 2003. Sous le titre LA VIE SENSUELLE DE BÉNÉDICTE M Audrey Diwan, écrivait le samedi 01 Novembre 2003 dans Tecknikart : « Petite nana à croquer, écrivaine douée et phénomène médiatique surhypé : voici la véritable histoire de Bénédicte Martin, auteur d’un recueil de nouvelles érotiques intitulé « Warm Up » qui risque de faire tomber beaucoup de feuilles cet automne. Ou comment devenir un bon coup éditorial en cinq leçons.


« Elle fait du porno espiègle… » À en croire Frédéric Beigbeder, éditeur chez Flammarion, sa dernière recrue est l’instigatrice d’une nouvelle forme de féminisme. Nicolas Rey la compare déjà à Henry Miller. Et Tecknikart consacre trois pages de ce numéro automnal à cette anti-Catherine Millet. La rumeur a bien fait son travail. Warm Up, premier livre de Bénédicte Martin, n’est pas encore sorti que le tout-Saint-Germain-des-Prés est déjà sur le qui-vive. Dans son recueil, chaque nouvelle, courte, percutante, bandante, ressemble à un court-métrage classé X, la poésie en plus. »


Eric Dahan, chroniqueur de la nuit à Libération, remarqua cette étrange nymphette à une soirée hip hop au bowling de l’Etoile : « Le lendemain, je l’ai appelée et lui ai demandé de poser nue pour moi. Ça nous a pris dix minutes, elle était très naturelle.» En prime, elle lui montre ses premiers jets d’auteur. « J’ai été frappé par une certaine maîtrise du récit. Je lui ai dit : « Tu n’as peut-être pas grand-chose à dire mais tu le dis très bien » La photo de Bénédicte en tenue d’Eve illustre la chronique Nuit blanche de Dahan. La petite a pris goût aux flashs qui le lui rendent bien. « J’aime son romantisme caché et son libertinage de surface, continue Dahan. Chez une fille, c’est très excitant. J’ai envie de la faire tourner dans un film érotique dès que j’aurai le temps. Elle est partante. »



De l’eau a coulé sous les ponts de la Seine depuis mais dans le Point, que n’aime pas tante Aline j’ai retrouvé ce texte de Patrick Besson, qui pendant la dernière campagne électorale empruntait la plume d'un écrivain, célèbre ou inconnu, pour nous la raconter.


Ma nuit sans défense avec Jean Sarkozy, par Bénédicte Martin



« Rouge ma bouche sur sa peau blanche. Je l'entends qui jouit, loin de ma nuque.


Derrière la baie vitrée, Tokyo ne dit rien. La ville ne nous regarde pas. Demain, dans l'avion de Singapore Airlines, il relira ses cours de droit.


Je croyais, quand il m'a proposé d'aller avec lui à ce sommet mondial contre les États voyous au Sri Lanka, qu'il avait fini ses études.


Je redresse mes épaules nues. J'aime son regard sur mes cheveux en bataille rangée. Le saké nous attend sur la table de nuit.


On est passés par Tokyo. Ça l'amusait et ça m'amusait qu'il s'amuse. Je marche dans la suite. Il dit que j'ai huit tatouages. Je rectifie : neuf.


Il ne sait même pas compter les tatouages. Il faut dire que ce n'est pas facile, car les filles nues bougent. Sur mon bras, il y a le nom de ma fille. Sur ma fesse, celui de mon chien. Sur la fesse droite. Sur la gauche, il n'y a rien. J'en ai parlé au tatoueur.


- Peut-être, Aurore, faut-il garder une surface libre sur ton corps.


- Libre de quoi ?


J'aime le soleil qui se lève dans ses cheveux sur l'oreiller humide de larmes et de salive.


Il décroche le téléphone. Je lui demande ce qu'il fait. Il me dit qu'il décroche le téléphone. Il a envie d'un petit déjeuner. Comment peut-on avoir envie d'un petit déjeuner ? On peut avoir envie de mourir ou de baiser. Mais un petit déjeuner ?


Je m'appelle Aurore, mais on aurait dû m'appeler Crépuscule. Aucune fille ne s'appelle Crépuscule. Pourtant, beaucoup de filles s'appellent Aurore. Dont moi.


Je promène ma nudité pensive autour du lit. Jean me tend les bras. Je fais celle qui ne comprend pas et ce n'est pas difficile, car je ne comprends pas. Ce que je fais là, où va le monde. Je prends quand même le sexe de Jean dans ma main. C'est rassurant, au moins pour ma main. Pour le reste, je ne sais pas.


L'objet tendre dans son enveloppe de satin : la peau de l'homme que je désire. Au début, sa beauté de fille me gênait. J'étais obligée, pour jouir, d'imaginer qu'il était une fille. Puis j'ai reçu l'homme dans ma personne, l'homme souple et sucré. Je l'ai admis comme une évidence verticale.


Nous ne nous arrêtons pas de faire l'amour quand le serveur japonais apporte le petit déjeuner de Jean. Voyant mon public multiplié par deux, j'en profite pour crier de plaisir. »


 


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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 00:09

Primo une nana qui se prénomme Marie-Ange ça a pour moi le petit côté léger des Gazelles, troupe de danseuses de la Mothe-Achard en Vendée où les Solange et les Marie-Ange étaient légion, qui me fait rêver à mes jeunes années.


Secundo une gonzesse qui ose écrire dans l’ambiance très politiquement correcte actuelle « si vous voulez faire chier un maximum  d’innocents, jetez-vous sous une rame de métro à une heure de pointe »  ça force le respect du vieux cycliste parisien que je suis qui, les jours de pluie, obligé de plonger sous terre, à toujours du mal à supporter l’annonce des fameux accidents de personne à la station Odéon.


Tercio j’ai un a priori très favorable pour une madame qui a tiré le portrait de ce cher Pierre Desproges et qui a écrit une biographie de William Sheller.

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Pas sûr pour autant que j’accompagnerais la Marie-Ange avec sa copine « qui fait critique gastronomique » dans le dernier « resto qui se la pète » (page 182) pour fouler « des moquettes de dix centimètres d’épaisseur » et se retrouver « au centre du désert de Gobi, en moins peuplé » Non pas parce que le lieu soit à chier « du gris, du jaune poussin, du design post Feng Shui, une délicate senteur de savonnette à la rose, une musique genre « veuillez patienter quelques instants tous nos conseillers sont en ligne » et qu’il n’y ai âme qui vive dans le binz ou parce que Marie-Ange et sa chroniqueuse ont  « déjà testé trois pinards » et attaquent le quatrième (même si ça m’énerve les gens qui parlent de pinard). Non, tout simplement, parce que je ne suis pas sûr qu’elles aient payé l’addition. Peut-être que je me trompe et je suis prêt à faire acte de contrition.


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Pas sûr non plus que j’aille dîner chez elle, encore faudrait-il qu’elle m’invitât, car vu que « cuisinez sans souci, qu’ils disent » (page 114) lui semble  plus inabordable que la Somme de Thomas d’Aquin, et qu’elle met « vingt seconde pour cramer un steak »  et que lorsqu’elle s’attaque au mijotage elle obtient un « résultat désagréable : les aliments nageaient à la surface du mouillement comme des noyés dans le sas d’une écluse ambiance Maigret. » Faut pas pousser le bouchon trop car ça a tout à fait la même gueule que les mecs qui affirment ne pas savoir faire cuire un œuf.


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Ceci écrit la Marie-Ange avec son « Ça M’énerve » chez LEPASSAGE www.lepassage-editions.fr 17€ fait tout de même, à la manière d’une parisienne non-révisée, œuvre de salubrité publique en traitant des nuisances de tous les jours « les irritations, les furoncles, les gâchis d’humeur, les casse-couilles en tout genre, les hotlines, la feuille de laitue décorative piégée dans la sauce (Gastronomie page 48)… Et puis, comme la Marie-Ange dit MERCI, page 186, «  à Gégé, qui m’a vendu le petit vin sympa avec l’étiquette rigolote. » le secrétaire-perpétuel autoproclamé de l’Amicale du Bien-Vivre dites des Bons Vivants ne peut que vous proposer de lire en amuse-bouche sa chronique « Mon caviste préféré me conseille » et je la dédie à Paco d’Ivry qui ce samedi accueille plein de vigneronnes.


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-         Bonjour Gégé, je voudrais un petit vin sympa.

-         Quelle couleur ?

-         Rouge.

-         Pour aller avec quoi ?

-         Je ne sais pas, je suis invitée… Des nouilles, je crois.

Il a une étiquette rigolote, celui-là. Il est sympa ?

-         Trop charnu pour les nouilles.

-         Ey l’autre, là ?

-         Il est gourmand sur le  fruit mais il a un nez un peu  réduit.

-         C’est grave ?

-         Le nez réduit, ça sent le cul, faut l’aérer. Celui-ci a l’acidité volatile, et l’autre plutôt le nez lactique, qu’est-ce que tu préfères ?

-          ???

-         Sinon, y a celui-là, il est tendu comme un string.

-         Heu…  Ça m’inspire pas trop…

-         Prends l’autre, alors. Tellement c’est minéral, on a l’impression de sucer de la caillasse.

-         Et un vin qui sent le vin, tu as ?

-         Ah oui, le petit nouveau, là. Ç a gazouille et y a de la mâche.

-         De la salade ?

-         Non, de la structure.

-         E dans le genre léger qui fait pas mal demain ?

-         Celui-là ! Il est d’une incroyable buvabilité !

-         Bon, ben je vais prendre celui avec l’étiquette rigolote.

 

P.S. Hormis les mots de la catégorie nouilles, sympa, rouge, etc., tous les termes employés ici sont empruntés au vocabulaire en vigueur dans le métier, sinon c’est pas drôle.

 

Reçu le lendemain de l'écriture d e ma chronique et  ça m'énerve

 

Bonjour Madame,

Je me permet de vous contacter puisque je travaille actuellement au développement du rayonnement de mon site internet de conseils et de tutoriels pour la maison. Dans ce cadre, je développe des partenariats rémunérés avec des sites comme le vôtre, puisqu'ils sont en adéquation avec la démarche qualité que je souhaite mettre en place.


Le partenariat rémunéré que je vous propose pourra se présenter de la forme suivante :

Un partenariat d’une durée significative (au moins 6 mois voire un an) se caractérisant par la mise en place d’un petit texte de quelques mots présent sur votre page d’accueil avec un lien renvoyant vers mon site.

Je reste à votre disposition si vous avez de plus amples questions.
En attendant une réponse de votre part, je vous remercie par avance de votre considération.

Bien cordialement,

 

Elodie

 

Elodie Perrin elodie.darieusec@gmail.com

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 00:09

485761 418355531561925 426888990 nCes 3 -là sont de redoutables et redoutés prédateurs des temps modernes, elles tombent dans leurs bras musclés comme des fleurs, une à une, sous leur charme ravageur. Nous les sans-grades, les sans particule, les sans barbe, les sans idées ni liquides ni solides, nous ne pouvons que constater l'étendue des dégâts qu’ils font auprès des filles en fleurs. Même que nous nous concertons pour revendiquer un quota féminin afin de modérer la razzia de ces Seigneurs, saigneurs aussi, d’Embres&Castelmaure qui, tel Giovanni Drogo dans le désert des Tartares attendent sur la frontera du Sud, celle où s’achevait le Royaume de France, les Barbares du Vin pour les bouter hors de notre Vieux Pays. Déjà au printemps, les hordes de Pancho Campo et de Jay Miller,  furent repoussées par les troupes franco-anglaises des maréchaux Pousson et Budd, secondés par le maréchal des Logis d'ici. Mais lorsqu’un jupon pointe le bout de sa dentelle, plus de rémission, c’est l’union sacrée, la révolution dans les Corbières – même si PDHM blêmit à cette seule évocation -  le temps de la grande moisson des cœurs (fine allusion au passé de céréalier de PDMH) est arrivée.


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Je ne décoconne pas. Alicia Raho, adepte du divan vous le prouve sur link  Comme cette chronique m’est dédiée je vous mets en appétit pour que vous reportiez chez elle en cliquant ci-dessus. Alicia qui est sur Face de Bouc  déclare être née le 9 décembre 1962 et je crois qu’elle habite les P-O. 


SEANCE 72 : LE VIN ET L'ESPRIT DU VENT :

 

Éternel antidépresseur

 

Eloge de la paresse

 

Faut pas rouler des mécaniques

 

Vavavoum

 

Non ce ne sont pas des titres de romans mais bien des noms de vins !

 

Portés par L’esprit du vent, qui est aussi l’esprit espiègle de d’Embres&Castelmaure.

 

Ils sont trois le grand président Patrick Hoÿm de Marien, le vinificateur-éleveur-directeur Bernard Pueyo et le sieur Pousson grand grapheur … Je ne les connais pas personnellement, je ne les ai jamais rencontrés, et pourtant je les aime bien pour ces vins qu’ils inventent pour vous, pour moi, pour nous  !!

 

On dirait une chanson !


Voilà, ils chantent leur vin !


Il y a le nom malin qui vous invite, l’étiquette qui vous fait sourire, le texte qui vous donne à réfléchir, et le petit goût de reviens-y….


Le vin est entré dans ma vie à quarante ans.


Bel âge pour se laisser enivrer par le contenu du flacon.


Autour de bons petits plats.


A l’ombre d’un restaurant romantique.


En apéritif dans un beau verre …


A suivre donc chez elle sur son divan link

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 00:09

Hervé, un seul reproche : c’est un peu long pour un Ministre. J’ai donc pour cette nouvelle transmission sur la Toile après la tienne et celle de ceux qui ont mis des liens, renvoyé le début de ta lettre à Pierre Moscovici est personnelle (lire ICI link) et n’ai gardé que tes propositions. Lundi, si tu m’y autorises, je ferai porter un pli papier l’intégralité de ta missive, avec remise en mains propres aux Ministres cités (1-2-3). Bien sûr, il y a tellement de filtres et de barrières dans les Ministères, et le bastion de Bercy est pas mal dans le genre. Vous pouvez lire aussi: Les « pigeons » doivent faire de la politique Le Monde.fr | 05.10.2012 à 12h14 • Mis à jour le 05.10.2012 à 14h55 par Les Arvernes, collectif de hauts fonctionnaires de Bercy (les Gracques de la droite) link Je suis très peu porté sur les belles déclarations des hauts fonctionnaires de Bercy, de gauche comme de droite, qui campent sur leurs privilèges et qui devraient mettre leurs actes en conformités avec leurs idées. L’Administration des Finances est le pire bastion de l’arrogance et du conservatisme. Mon slogan serait « dégraisser l’Inspection des Finances, merci ! » Mais comme je ne suis pas sectaire les bonnes idées sont à prendre là où on les trouve…


(1)    Jérôme Cahuzac ministre délégué chargé du budget

(2)    Fleur Pellerin ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique

(3)    Stéphane Le Foll ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire

(4)    Guillaume Garot ministre délégué à l'Agroalimentaire


HB

 

Lettre ouverte à Pierre Moscovici

 

Monsieur le Ministre, Cher Pierre,


Le sujet, c'est : as-tu simplement conscience que nous employons, en plus de nous-même, bien sûr, 7 millions de salariés ? Que nous facturons 35 % du chiffre d'affaire de la France et 42 % de sa valeur ajoutée. Que nous exportons, alors que nous ne sommes parfois qu'un couple, dans plus de 30 pays ? Qu'avec les auto-entrepreneurs, nous avons été 580 193, l'année dernière, nouveaux venus, à nous prendre en main, à sauter dans le grand bain, seuls, malgré la conjoncture ? Oh, pas nous, vignerons. Nous tous, gérant de TPE. Ceux qui sont derrière ceux qui révisent ta voiture, ont construit ta maison ou repeint ton appartement, réparent ton évier, cultivent, élèvent, font ton pain du matin, te servent au restaurant, gardent tes enfants, te dépannent quand il te manque du lait le dimanche. Tout ce qu'on appelle la vie. La vraie. L'économie, avec un petit «e», peut-être, mais qui ne peut, celle-là, venir de Chine ou y partir...


Pourquoi t'écrire, alors ?


Pour te donner quelques idées, si tu le veux bien.


Tu sais, nous, les TPE, on est des pragmatiques. Alors, je vais te donner quelques pistes, simples, sans doute trop pour ton équipe de grands pontes mais, je te l'assure, ces mesures ne te coûteraient pas grand-chose et pourraient te rapporter, à toi et à la France, beaucoup.

Je me lance, je n'ai pas peur du ridicule, tu vois...


Proposition n° 1 : tiens les promesses de ton président. Donne nous le taux d'impôt sur les sociétés que tu nous a promis. Un petit coup de pousse, 15 % jusqu'à 50 000 euros de bénéfices parce que 15 %, on est tous content de les payer. On trouve ça juste, on a besoin du reste pour investir et tu peux taxer ce que l'on distribuera, on dira rien et on sera pas tenté par la fraude, que tu n'imagines pas combien tu es en train d'attiser. Mais si, en plus, nous l'intégrons au capital, ce bénéfice, par une augmentation de capital en «dur», exonère le carrément, s'il te plait, comme les Allemands. En moins de trois ans, nous serons tous bénéficiaires, nos bilans feront plaisir à voir, nos fonds propres seront remis à neuf et nos banquiers nous sourirons.


Proposition n°2 : au-delà de 50 000 euros, toujours l'impôt sur les sociétés à 15 %, Mais SEULEMENT si on embauche un salarié en CDI par tranche de 100 000 euros de bénéfice, ou un jeune en apprentissage ou en formation par alternance. Si nous sommes 500 000, soit seulement 20 % d'entre nous, ton problème de chômage est RESOLU. Crois-tu vraiment que ce sont les entreprises du CAC 40 qui vont créer 500 000 emplois en France en 12 mois ? Pourquoi alors allez-vous leur faire des courbettes ? C'est bête, mais je vais t'expliquer : ma mesure, c'est un salarié de plus pour mon entreprise (et Dieu sait que j'en ai besoin...), un fonctionnaire ou un assisté de moins. 15 000 euros de salaires et de charges contre 15 000 euros de confiscation, pour lui donner sans qu'il travaille. Pas bête, hein ?


Proposition n°3 : relance s'il te plait l'investissement... En nous autorisant simplement à amortir sur 3 ans tous les matériels achetés dans les 24 mois. Comme ça, ton successeur ne pourra pas revenir en arrière ;-) Ça te paraît idiot ? Parles en autour de toi... Tu as une armée de fourmis qui ne demandent qu'à bosser. REGARDE-les. Considère-les. Écoute-les. Tu seras surpris du résultat. Fais pareil, tiens, pour les bâtiments professionnels, en passant leur taux d'amortissement possible de vingt à dix ans. Le boom du bâtiment va t'étonner.


Proposition n°4 : relançons ensemble l'automobile, tu veux bien ? Amortissement sur 24 mois d'un véhicule utilitaire, 12 mois pour un véhicule utilitaire tout électrique. Ni bonus, ni rien. Juste ça. Ah, enlève la taxe idiote sur les véhicules de société, et appelle à acheter Français, puisque tu ne peux pas empêcher la concurrence étrangère. Ça devrait marcher aussi très, très bien. On est pas bête, tu vois. Pas aussi intelligent que toi, mais pas bête non plus. Si on nous demande gentiment, on peut acheter Français...


Proposition n°5 : donne plus d'ampleur au financement entre particuliers et entreprises de proximité. Simplifie les démarches. Autorise à déduire un investissement DIRECT, dans une PME de moins de 30 employés, de ses impôts (tu taxeras un jour les dividendes...), en interdisant strictement le passage par des fonds spéculatifs et la prise de commissions indues. Il y a des centaines de milliers de Français qui partagent tes opinions politiques et qui, pourtant, seraient ravis d'accompagner la construction du bâtiment de leur garagiste ou l'extension de leur pâtisserie. Tous entrepreneurs ? Pourquoi pas. Cela permettrai un vrai «pont» social, nous serions mieux compris, alors qu'en ce moment, tu nous désignes plutôt à la vindicte la plus démagogique...


Bon, voilà, Cher Pierre, Monsieur le Ministre, cinq propositions que je sortirai de ma manche si je faisais de la politique.


J'en ai d'autres, comme ça, toutes aussi simples, toutes aussi stupides, penseras tu sans doute.


Une bonne vingtaine qui nous donnerai le moral, de l'espoir, de l'énergie et qui, peut-être, nous donnerait envie de mettre toute notre énergie pour tirer, un peu, à notre échelle, de la France de l'impasse où elle se dirige. A condition, au fait, d'arrêter aussi de nous entraver par de nouvelles règles administratives, quotidiennement, parce qu'on va finir par en crever...


Mais bon, je sais, je ne me fais pas d'idées, ce billet ne sera lu que par 1 000 personnes et demain, samedi, j'irai vendanger et bosser 12 heures, heureux et fier d'être une TPE..


Et puis ça m'a fait un bien, tu peux pas imaginer

 

Au plaisir de te revoir un jour, sans doute pas pendant les cinq ans qui viennent.

 

Après, qui sait, nous croiserons nous un jour, dans la rue ?

 

Hervé Bizeul, vigneron, gérant de TPE.www.closdesfees.com


P.S. : si tu m'invites à déjeuner au ministère, je te parlerai, si tu veux bien, des faisceaux qui relient les différents cerveaux et sont ultra sensibles à la punition (ce que tu fais...) mais aussi encore plus à la récompense (ça marche bien mieux...)

 

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 00:09

Quand il fait chaud, très chaud, c'était en juillet, je ne sais pas dans quel état j’erre mais je garde toujours les pieds sur terre et pour trouver de l’air je me porte sur les hauteurs de Paris où pour mon plus grand malheur déferlent des hordes de touristes harnachés comme s’ils allaient combattre, laids et bruyants. J’adore les gus qui, par 38 à 40°, grimpent la butte Montmartre avec de grosses chaussures de randonnée aux pieds, de lourds sacs à dos, j’ai même vu des rombières avec des bâtons de rando. Par bonheur il subsiste quelques havres de paix dans les rues basses comme la rue d’Orsel où j’ai découvert une épicerie bretonne « Ty Miam Goz »link  


J’y ai fait les emplettes de deux flacons : un Vin de France Muskadig Breizlink et un cidre à la châtaigne Kystin Cuvée XVII Sasha Crommar BP56801 Ploërmel Cedex 06 20 25 68 88 kystin@gmx.fr Comme je pars en vacances, et que je n’ai pas eu le temps de déguster ces nectars je vous joins les fiches descriptives. Cependant sur celle du Muskadig Breiz deux des plus grandes stars de la blogosphère dégustative sont cités : Emmanuel Delmas et Fabrice Le Glatin, le gratin quoi, mieux que le Taulier en tout cas. Ça les fait bander, si je puis m’exprimer ainsi, et vous pouvez leur faire confiance c’est leur rayon…

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Le concepteur du cidre à la châtaigne Sasha Crommar est un écossais vivant en Bretagne, il fait aussi du poiré, j’y reviendrai en compagnie de petits frères bretons et normands pour agrémenter la dégustation de Cupcakes qui sont les nouvelles stars bigarrées des filles qui font des gâteaux rigolos.

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 00:09

Dans le jardin familial du Bourg-Pailler, hormis les cerises, mon petit fruit rouge d’été préféré était la castille. Nom étrange pour un fruit, plus connu sous le nom de groseille ou de groseille rouge, Ribes rubrum, originaire du nord de l’Europe, et qui selon de Candolle est spontané dans l’Europe septentrionale et tempérée, de même que dans toute la Sibérie jusqu’au Kamtchatka, et en Amérique du Canada et du Vermont, à l’embouchure de la rivière Mackensie. » Inconnu des Grecs et des Romains, sa culture a été introduite au Moyen Âge et la plante cultivée diffère à peine de la plante sauvage.


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Il s’agit de petits fruits d’environ 8 à 10 mm, en grappes, « légèrement translucides, d’abord verts qui passent ensuite par une gamme de couleurs fauves allant du jaune citron graduellement à l’orange avant d’arriver enfin au rouge automnal. Au cours du mûrissement des fruits il arrive d’observer des dégradés d’une couleur à l’autre ou des bariolages, des taches vertes sur champ orangé ou rouge feu. Quand le fruit est mûr les feuilles jaunissent. Le fruit demeure sur le plant en offrande aux oiseaux ou à la cueillette lorsque la bise est venue. »

L'autre type de groseille, fruit du groseillier épineux, est la groseille à maquereau. Plus grosse (Ribes uva-crispa) d'abord vert pâle, devenant, selon les variétés, blanchâtres et translucides ou rouge sombre à maturité. Son nom tiendrait au fait que les maquereaux (poissons) étaient traditionnellement cuisinés accompagnés de ces fruits. Dans le Nord et le patois de la France, ce fruit est également appelé « croupoux », « croque poux », « gratte-poux », « croque-poux » ou encore « Pétasse » dans la Nièvre.


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Mes préférées étaient ces dernières lorsqu’elles étaient encore vertes, craquantes âpres et très acides : cette prédisposition pour l’acidulé a structuré  Les castilles, elles, nous les mangions bien mûres comme des douceurs. En revanche, je détestais la gelée de groseille, trop sucrée, trop douçâtre et j’adorais le ratafia de groseilles et le celui de cassis que nous appelions vin de cassis car il était rouge-noir, que faisait la grand-mère (bien évidemment ma consommation se résumait à la coloration de mon verre d’eau fraîche).


Les groseilles ont une teneur en vitamine C qui équivaut presque celle de l’orange et les qualités antioxydantes de la groseille rouge et son contenu en flavonoïdes sont maintenant reconnues.


Ratafia de groseilles :


1kg de groseilles rouges

1 litre d’eau-de-vie de fruit à 40% vol

500g de sucre cristallisé

3 bois de cannelle

2 clous de girofle


Écrasez légèrement à la fourchette en bois et mettez au fur et  à mesure dans un grand bocal les fruits lavés, égouttés et égrappés. Couvrez d’eau-de-vie. Ajoutez cannelle et clous de girofle. Fermez et laissez macérer un mois à température de votre cuisine. Remuez le bocal deux fois par semaine. Puis moulinez (grille fine) les fruits avec l’alcool. Filtrez. Faites d’autre part un sirop de sucre avec un verre à moutarde d’eau. Ajoutez-le à la macération et reversez le tout dans le bocal. Fermez et laissez reposer une semaine. Filtrez. Mettez en bouteilles. Bouchez et ne consommez qu’un mois plus tard.


Groseilles à maquereaux au vinaigre :


Choisissez des fruits très fermes, juste mûrs. Lavés les sous un filet d’eau, équeutés les et remplissez un bocal avec une branche d’estragon, 2 bois de cannelle, le zeste d’un citron tronçonné en menus morceaux, 10 grains de poivre blanc et 3 clous de girofle. Faites bouillir 1 kg de sucre cristallisé dans 1 litre de vinaigre blanc. Retirez du feu au premier frémissement et laissez refroidir. Puis versez dans le bocal, recouvrez bien. Ferme hermétiquement. Laissez macérer deux mois au frais et au sec.

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 00:09

« Imaginez... Un yaourt à la fraise tout vert, un blanc de poulet bleu, un verre de lait jaune vif... ainsi commence la chronique de Valérie Péan de la Mission Agrobiosciences  « Une histoire culinaire très pigmentée... » Il est des goûts et des couleurs qui ne font pas bon ménage et nous rebutent instinctivement. De fait, en matière d’alimentation, la vue est le premier des sens sollicités. Mieux, c’est elle qui conditionne le nez et le palais : la forme et l’aspect d’un aliment génèrent dans notre cerveau une attente précise en termes d’odeur et de saveur. Surprenez vos sens et votre matière grise par une alliance insolite entre l’apparence d’un côté, et les goûts et odeurs de l’autre, et vous risquez la déconfiture. Dans ce processus où prime le regard, la couleur joue un rôle essentiel, induisant nos préférences et nos rejets. ( lire la suite ICI link )


« Tout autant que l’odorat ou le goût, l’aspect d’un aliment, tout particulièrement sa couleur, est un élément primordial. Et pour cause : il conditionne la première impression que l’on s’en fait, y compris le type de saveur attendue. De là l’importance des colorants dans notre alimentation. Ou encore le dégoût que peut susciter la vue d’un aliment dont la couleur n’est pas conforme à l’idée que l’on s’en fait »


« En novembre 2007, une étude publiée dans la très sérieuse revue scientifique The Lancet ébranlait l’industrie des colorants chimiques. Suspectés d’exacerber l’hyperactivité et de favoriser le déficit d’attention des enfants, exit les colorants synthétiques flashy incorporés dans les bonbons !


Si la porte était alors grande ouverte au développement des colorants naturels (on connaît déjà le jus de betterave ou d’épinard), pas si simple pour autant de fabriquer de tels produits capables de résister aux process de l’industrie agroalimentaire. »


Afin d’illustrer ces réflexions j’ai choisi de publier : Coloriages alimentaires : la chimie des colorants naturels un entretien avec Sylvain Guyot, chercheur à l’Inra de Rennes


Sylvie Berthier. Vous travaillez dans une unité de l’Inra sur les fruits, qui sont souvent des aliments souvent très colorés. Quelles sont les molécules impliquées dans cette coloration et jouent-elles un rôle particulier au sein des fruits ?


Sylvain Guyot. Ces molécules colorées dans les fruits sont très diverses et sont souvent issues du métabolisme secondaire des plantes. Comprenez, elles ne jouent pas un rôle fondamental dans la croissance du fruit, par exemple, mais tiennent un rôle secondaire. Parmi ces molécules, on en distingue deux grandes catégories : d’une part, des pigments hydrosolubles (solubles dans l’eau), comme les anthocyanes que l’on trouve dans la peau du raisin, des fruits rouges. D’autre part, des molécules peu solubles dans l’eau, comme les caroténoïdes de la carotte ou le lycopène, qui donne sa couleur rouge à l’épiderme de la tomate.


Concernant leur fonction, c’est peu connu, mais il s’agit probablement d’un rôle attracteur vis-à-vis des animaux fructivores, notamment les oiseaux qui en ingérant le fruit, donc les graines, puis en les libérant par voies naturelles contribuent à la dissémination de ces graines dans l’environnement et participent à la propagation de la plante.


Il est important de rappeler qu’il existe trois catégories de colorants. Les premiers, naturels, sont extraits d’un végétal, d’un fruit ou d’un légume. Exemple, une anthocyane rouge ou violette, extraite du raisin. La seconde catégorie de colorants artificiels concerne des molécules fabriquées, obtenues par synthèse chimique. Elles n’existent pas dans la nature. Enfin la troisième catégorie, un peu ambiguë, regroupe les colorants fabriqués par synthèse, mais en réalité ce sont des copies de molécules naturellement présentes dans les végétaux. C’est le cas du βcarotène qui donne sa couleur orange à la carotte. Il peut être obtenu par extraction de la carotte, mais le plus souvent il est fabriqué à l’identique par synthèse chimique.


Sylvie Berthier : Avec la loi européenne qui oblige à étiqueter sur le risque d’hyperactivité, le marché des colorants naturels est-il en expansion ?


Sylvain Guyot : Les industriels ont pris conscience qu’il fallait développer des colorants naturels bien avant que la loi existe, car ils avaient été prévenus du problème posé par certains colorants de synthèse. Cela, alors même que l’étude réalisée par une équipe anglaise, montrant une hyperactivité due à certains colorants, reste assez controversée par une partie de la communauté scientifique.


Malgré tout, la suspicion est là. Les industriels ont donc pris les devants pour faire face à la pression législative et à celle de la société. Les consommateurs souhaitent beaucoup plus de naturel dans leur alimentation. Ne pas contenir de colorants de synthèse devient un argument économique pour les industriels.


De plus en plus, ces derniers essaient de remplacer la Tartrazine jaune, qui est un colorant de synthèse, par des carotènes. Le problème : les colorants naturels sont un peu moins stables, et résistent moins bien aux traitements thermiques utilisés dans la fabrication de bonbons, de confiseries… Les couleurs vont être un peu moins éclatantes, flashys, qu’avec les colorants de synthèse qui, eux, sont très résistants.

 

Sylvie Berthier : Pour en venir à vos travaux, vous avez trouvé, un peu par hasard, un colorant naturel jaune, issu de la pomme, le POP… qui a donc toute sa place dans l’industrie des pigments alimentaires. Qu’est-ce que c’est ce fameux POP ?


Sylvain Guyot : POP, cela veut dire Produit d’oxydation de la phloridzine. La phloridzine étant une molécule incolore présente dans la pomme, appartenant à la famille des polyphénols, qui peut s’oxyder naturellement. Vous en avez tous fait l’expérience : quand vous coupez une pomme et que vous la laissez s’oxyder à l’air, elle brunit très vite. C’est par ce phénomène que se produit l’oxydation de la phloridzine et surtout celle des autres polyphénols incolores présents dans la pomme.


Le POP met en scène trois acteurs séparés au départ, chacun dans leur loge. Il s’agit des polyphénols, donc de composés présents dans la pomme, de l’oxygène et d’une protéine également présente dans le fruit, la polyphénol oxydase. Tant que la pomme est intègre, qu’elle n’est pas transformée, ces trois acteurs sont chacun dans leur loge. Mais dès que la fruit est coupé, broyé, pressé, l’oxygène, le polyphénol (dans le cas du colorant POP, c’est la phloridzine) et la polyphénol oxydase entrent en contact. Il s’opère alors une réaction naturelle d’oxydation, au cours de laquelle la phloridzine, initialement incolore, est transformée en une nouvelle molécule très colorée, très jaune et, surtout, très hydrosoluble.


Sylvie Berthier : Ainsi, un nouveau pigment jaune naturel est créé : le POP. Et il est soluble dans l’eau. Quelles sont les applications potentielles pour ce pigment ?


Sylvain Guyot : Le fait que le POP soit jaune et très soluble dans l’eau lui permet de concurrencer un colorant artificiel comme la tartrazine, par exemple, lui aussi jaune et hydrosoluble. Et il n’existe pas à ce jour tellement d’autres alternatives pour remplacer la tartrazine. Un produit comme le POP pourrait être intégré aux sodas, à des confiseries, à du riz coloré.


Sylvie Berthier : Le POP pourrait donc remplacer la tartrazine, suspectée d’être allergène. L’Inra a d’ailleurs déposé un brevet. Où en êtes-vous du développement de ce produit ?


Sylvain Guyot : A l’échelle du laboratoire, nous avons réalisé toutes les études nécessaires afin d’optimiser la synthèse de ce colorant. Cette année, en 2011, nous avons franchi une nouvelle étape, en passant, toujours dans nos locaux, à une échelle intermédiaire, celle du pilote industriel. Nous avons ainsi produit une centaine de grammes de POP. Ce n’est pas énorme, mais suffisant pour le mettre à la disposition de différents utilisateurs potentiels, des fabricants de colorants, des industriels, afin qu’ils testent véritablement son efficacité et son intérêt dans leurs jus de fruits ou autres plats cuisinés… Nous avons par ailleurs quelques contacts avec l’industrie cosmétique qui utilisent des colorants jaunes dans ses fonds de teint, par exemple.


Reste que le naturel n’est pas toujours sans danger. Devez-vous réaliser des tests toxicologiques, pour prouver que votre colorant n’est pas plus dangereux que la tartrazine ou autre ? Vous avez raison. Nous avons fait quelques tests, sur des cellules in vitro, montrant que le colorant POP n’est pas de cytotoxique. Cela reste insuffisant pour que notre colorant obtienne l’autorisation de devenir E quelque chose. Avant cela, il faut constituer un dossier très lourd, mener des études très poussées en matière d’effets secondaires ou d’effets néfastes potentiels. Bref, il reste un important travail pour tester l’innocuité du colorant. Si le colorant POP doit être commercialisé, ce sera fait. Mais sachant que le POP est issu d’un processus naturel - on le retrouve par exemple dans le jus de pomme-, nous avons peu d’inquiétude quant à son innocuité.


Sylvie Berthier : Le marché pour ce type de composé est-il important ?


Sylvain Guyot : Il peut l’être mais il reste des verrous dans la production à grande échelle du colorant POP. Il est produit à partir de la phloridzine et l’obtention de cette molécule particulière reste assez coûteux. Nous avons donc encore du pain sur la planche afin de bien évaluer la rentabilité du colorant. La question : est-il capable économiquement de concurrencer des colorants de synthèse qui sont beaucoup moins chers ? Reste que dans le contexte actuel, où l’on cherche vraiment à remplacer les colorants chimiques par des colorants naturels, il est possible que les industriels soient prêts à payer un peu plus pour des produits obtenus par des méthodes naturelles.


Lucie Gillot : Faut-il prendre la pomme dans son intégralité ou des sous-produits, ce qui permettrait d’obtenir un coût inférieur. Et la pomme-de-terre peut-elle faire l’affaire, sachant qu’elle connaît aussi des mécanismes d’oxydation ? Elle devient violette quand on la coupe.


Sylvain Guyot : Globalement la phloridzine, la molécule incolore qui nous sert de base pour produire le POP, est fortement concentrée dans le pépin de la pomme. Elle se trouve en quantité assez importante dans les résidus de transformation, notamment le marc qui est séparé du jus de pomme.


Quand nous produisons du jus de pomme, nous récupérons tout le résidu solide qui contient les pépins, les peaux… C’est ce marc de pomme qui nous sert de matière première pour produire la phloridzine, qui sera ensuite utilisée pour fabriquer le POP. Concernant l’enzyme, qui permet d’oxyder la phloridzine et à la transformer en POP, plusieurs voies sont possibles. Nous pouvons aussi utiliser des enzymes produites par des champignons alimentaires, comme les champignons de Paris . La pomme de terre, elle aussi, contient cette enzyme et pourrait être une des sources de sa production. Toujours sur la pomme de terre, qui en s’oxydant donnent d’autres colorants, il y a, c’est vrai, des pistes à creuser. Nos projets, en cours, portent sur l’extraction de la couleur à partir de sous-produits de l’industrie légumière et fruitière. Ainsi, en 2012, nous allons développer un programme financé par la région Bretagne. L’objectif : à partir d’épluchures de carottes rouges ou de violettes, de fraises invendues ou de marc de pomme, extraire d’autres colorants naturels destinés aux produits alimentaires.

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