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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 00:09

S’il est une engeance que je fuis comme la peste ce sont les P.P (traduction fournie à la demande) qui ont l’art et la manière de fabriquer des nœuds savants afin de se mettre ensuite en avant pour les dénouer tout en se défendant d’en être à l’origine. Ils ou elles, cultivent l’art de monter au rideau au moindre prétexte, de s’en envelopper tels des vrais martyrs d’une société sans foi, ni loi, d’ameuter et de rameuter sur Face de Bouc le petit peuple des désœuvrés toujours prêt à enfourcher les bonnes et justes causes aussi minces soient-elles, de pointer le doigt sur les barbares qui font saigner leurs plaies ouvertes, de faire pleurer Margot et son chat sur la difficulté qu’ont les gens méconnus à être reconnus, durer, perdurer face à l’évidence que leur étonnement feint n’était que pause ridicule, volonté de faire du bruit, du buzz, des tempêtes dans un verre d’eau.

 

Coupez !

 

Clap de fin !

 

Halte au feu !

 

Plus de temps à perdre je débranche !

shaka-ponk-cantat-zenith-paris 

Je me branche sur Bertrand Cantat  et SHAKA PONK : Palabra Mi Amor link. Je me saoule de son et je vous invite à me suivre sur mes chemins de traverse avec Olivier Techer qui a beaucoup compatis et m’a assuré de son soutien face à l’adversité qu’il a lui-même subie…

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 16:00

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« Venice, Californie, avait autrefois de  quoi plaire à ceux qui aiment être tristes : du brouillard à peu près tous les soirs, et le grondement des installations de forage au long de la côte, et le clapotis de l’eau noire dans les canaux, et le crissement du sable contre les  fenêtres quand le vent se levait et chantait sur les aires dégagées et les promenades désertes. »

 

C’est la première phrase, le premier paragraphe de La solitude est un cercueil de verre publié en 1985 sous le titre original Death is a lonely Business par Ray Bradbury. Ce livre n’est certes pas le plus connu, ni aussi le meilleur, de celui qui est présenté comme la légende de la science-fiction, et dont la famille a annoncé mercredi le décès à 91 ans. Je ne suis pas un grand lecteur de SF mais Fahrenheit 451 (1953), inspiré par les autodafés nazis de livres écrits par des Juifs, ou encore Chroniques martiennes (1950), sur les risques de déshumanisation face à l'avancée des sciences sont des classiques.

 

Cette première phrase m’a fasciné : j’ai toujours été un obsédé de la première phrase lorsque je me retrouvais devant la page blanche d’une dissertation puis, comme en 1985, d’un discours pour le compte de mon Ministre. La première phrase c’est l’accroche, celle qui donne envie, celle qui marque, celle qui donne le tempo de l’écriture. Ainsi je pouvais rester un temps fou à griffonner, à gommer, à chercher comment entrer en écriture. Les 5 et de la première phrase de Bradbury – je n’ai jamais eu en main la version originale du livre – installaient le climat de ce livre où Bradbury rompait avec le genre où il excellait pour rendre un hommage au roman noir américain. Sa dédicace : à la mémoire de Raymond Chandler, Dashiell Hammett, James M.Cain et Ross MacDonald en témoigne.

 

Ray Bradbury dans ce roman ne maîtrisait pas forcément tous les codes du genre mais son humour, sa capacité à créer des ambiances, à restituer ce qui fait le charme d’une énigme policière : dans le vieux tramway rouge, grinçant, le jeune narrateur tête brûlée, romancier en devenir, seul avec un poivrot ivre qui lui souffle « Oh ! La solitude est un cercueil de verre. » avant de disparaître alors qu’en contrebas, dans le canal, un vieil homme se balance, mort, dans une ancienne cage à lion. L’inspecteur Crumley n’a pas d’épaisseur, il flotte tout autant que le narrateur dans un Vénice du bout du bout du monde plein de nostalgie.

 

Dans La solitude est un cercueil de verre Ray Bradbury ne peut se départir de sa plume de romancier, il ne se soumet pas à l’implacable réalisme du roman noir qui noue des intrigues complexes pour mieux les démêler. Lui écrit, car pour lui « l'écriture s'apparente à un noyau de passion enrobé d'une coquille d'intelligence », celle-ci ne devant « servir qu'à s'assurer qu'on ne fait pas de grosses bêtises ». « Dans la vie, comme dans l'écriture, il faut agir par passion : les gens voient que vous êtes honnête et vous pardonnent beaucoup", soulignait Bradbury.

 

« A l’intérieur m’attendaient :

 

Un studio vide de six sur six contenant un divan élimé, une étagère comprenant quatorze livres et beaucoup d’espace disponible, un fauteuil rembourré acheté au rabais chez Good Will Industries, un bureau en pin brut venu de chez Sears Roebuck et sur lequel trônait une machine à écrire Underwood  Standard modèle 1934, non huilée, aussi grosse qu’un piano de concert et aussi bruyante que des sabots dansant des claquettes sur un parquet nu. » page 25

 

On comprend mieux, après avoir lu cette phrase, que Bradbury déclarât « La chose la plus amusante dans ma vie, c'était de me réveiller chaque matin et de courir jusqu'à la machine à écrire parce que j'avais eu une nouvelle idée »

 

« ROMAN SANS TITRE

Avec mon nom en dessous. Et la date, 1er juillet 1949.

 

Ce qui faisait trois mois plus tôt.

 

Je frissonnai, me déshabillai, me séchai, enfilai un peignoir et revins me planter devant devant mon bureau.

 

J’effleurai la machine à écrire en me demandant s’il s’agissait d’un ami perdu de vue, d’un homme ou d’une maîtresse désagréable.

 

A un certain moment, quelques semaines plus tôt, elle avait émis des sons qui évoquaient la Muse. Maintenant le plus souvent, je restais assis devant cette foutue machine comme si quelqu’un m’avait coupé les mains à hauteur du poignet. Trois ou quatre fois par jour, je m’asseyais là, torturé par les élans littéraires. Rien ne venait. Ou, dans le cas contraire, cela finissait par terre en boules froissées que je balayais chaque soir. Je traversais ce long désert connu sous le nom de Panne Sèche, Arizona. » page 26.

 

Écrire !

 

Pour saluer le départ de Ray Bradbury je le cite dans Chroniques martiennes « Vous n'avez pas à brûler les livres pour détruire une culture. Faites seulement que les gens cessent de les lire » en espérant que les autodafés virtuels n’aient pas entamé cette destruction !

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 00:09

Avec le vin je n’ai pas besoin du mode d’emploi pour aimer, tout bêtement parce que je ne sais pas lire les notices et que ça s’apparente pour moi à la littérature du genre les 12 règles pour réussir son couple. Et puis quoi encore, les missionnaires évangélisateurs des peuplades ignares – j’en suis une à moi seul – m’emmerdent : je suis pour la laïcité du vin ! Ras-le-bol des croisés, des excommunicateurs, des fais pas ci, fais pas ça, de quelques bords qu’ils fussent : j’assume ma liberté de buveur ! Oui je l’affirme, même ça peut paraître un peu cul-cul : tous les goûts sont dans le nature, dans le vin je les pratique tous dès qu’ils me satisfont…

 

Démonstration : VENEZIA GIULIA RIBOLLA GIALLA 2005 Bianco - Radikon

 

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J’ai péché une première fois link grâce au maestro Alessandro Merlo, ICI link

 

Et puis, ayant pris beaucoup de plaisir, j’ai péché une seconde fois en compagnie de deux acolytes fondus de vins nature, de véritables encyclopédies ambulantes et assoiffées capables de décliner le nombre de ceps d’un cépage oublié dans une parcelle de quelques centiares d’un vigneron qui vendange en tongues et qui vinifie ses baies avec le soin d’une mère qui donne le sein à ses jumeaux. Eux, y sont pas jumeaux, mais ils font la paire : Guillaume Nicolas-Brion et Guy Olivier.

 

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Pour le premier le cépage Ribolla Gialla donne un vin assez suave et que la vinif dans le style naturel (mais propre) accentue la finesse du vin. Le vieillissement lui donne le petit côté caméléon à table : un blanc « classique » en entrée, un vin oxydatif sur le fromage et un côté un peu xérès pour le digestif.

 

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Pour le second « De manière globale, les vins de Stanko Radikon sortent complètement des autoroutes du conformisme du vin italien. Ses blancs ont une robe or foncé. Ils détonnent aussi par leur caractère finement acidulée, et une fraîcheur digeste marquée par des arômes d'agrumes. Cette alchimie provient d’une méthode vinification bien particulière : macération avec les peaux des raisins, puis repos de 3 ans dans des foudres de chêne, enfin mise en bouteille du vin sans ajout de soufre, sans collage et sans filtration. Concernant plus particulièrement le ribolla gialla 2005 dégusté, il était d'une grande classe avec sa robe ambrée et ses notes minérales, puis épicées en fin de bouche. »

 

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Vous comprenez pourquoi j’ai succombé à la tentation. Sans aucun rouge au front je me suis laissé entraîner par l’ami Alessandro Merlo dans les étranges filets de ce ribolla gialla 2005 qui me fait penser à un mystérieux philtre d’amour aux reflets d’or, carafé, et je me vois mollement étendu, tel un sénateur romain décadent, humer la coupe que me tend une Messaline aux yeux verts, la porter à mes lèvres, suspendre mon mouvement avant de laisser le nectar de dieux sans aucun doute barbares emplir ma bouche pour me porter à ce fameux septième ciel où les anges n’ont pas droit de cité. Pour encore plus de félicité, par petites bouchées, je dégustais les asperges-lardo di  Colonatta-œuf d’Alessandro. Que du plaisir !

 

Laissons-là ma prose décadente pour revenir à l’essentiel : le vigneron géniteur de ce ribolla gialla 2005 bianco : 

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Stanko Radikon me dit-on est un franc-tireur sur une terre de non-conformistes. En effet, à Oslavia link, au nord de la ville frontalière de Gorizia dans la zone de l'Isonzo du Frioul, s’accrochent sur quelques arpents de coteaux une poignée de vignerons talentueux et individualistes. La référence de ces vignerons aux origines ancestrales de leur travail, Stanko la résume très simplement « C'est la façon dont mon grand-père faisait du vin dans les années 30 », est fortement lié au pays voisin, la Slovénie ce qui fait qualifier de « slovène » le style des vins du Frioul - récolte manuelle, macération de la peau étendue, de longues fermentations en barrique anciennes, sans contrôle des températures, ni de levures ajoutées ou d’enzymes, et peu ou pas de soufre.

 

Les vignes à l'origine ont été plantées par le grand-père de Stanko, Franz Mikulus, avec le cépage local, le Ribolla Gialla. En 1948, les parents de Stanko, qui avaient hérité la propriété du grand-père maternel, avaient planté du Merlot, du Tocai Friulano (Sauvignon Vert) et du Pinot Grigio. Aujourd'hui, Stanko, sa femme, Suzana et fils Sasa perpétuent la tradition familiale. Pour ceux qui veulent en savoir deux liens linket link

 

Extraits :

 

« The winery's philosophy is to always make a natural, organic wine with the least human intervention possible and with the maximum respect for the soils and nature. In the vineyard, the vines are planted extremely tight (between 6. 500 to 10,000 plants per hectare). We do not use any chemicals or synthetics and the treatments using absolutely innocuous, non-harmful products are minimized. Through careful pruning and selection at the time of harvest, the hand harvested yields are kept well below 2.25 tons per acre.

In the cellar, the grapes are de-stemmed and then macerated on the skins for 30 days more, with experimentation of 6/7 months for the whites, and 35 days for the reds. The pressing is done softly using a pneumatic press. All phases of the vinifications are in Slavonian oak barrels, first in wood vats and then in large barrels in which the wines are aged for about 3 years before bottling. The vinifications are done using only the natural yeasts present on the grapes. There is no sulfur added at vinification or bottling. »

 

Pour ne pas faire prétentieux j’ai plaisir à souligner que Stanko, comme moi, estime que la bouteille de 750 ml  est une cote mal taillée pour le partage à deux. Par conséquent, il a mis ses vins en bouteilles d’un litre et d’un demi-litre dont il a créé les prototypes et les a fait fabriquer dans une usine locale. Je les trouve originales et gracieuses dans les deux calibres car, toujours perfectionniste, Stanko a mené des études auprès d'un fabricant de liège pour mettre au point ce qu'ils pensent être la bonne taille de liège pour ces deux mesures de bouteilles : la proportion optimale de perméabilité de surface-air pour le vieillissement de leurs vins. Il est plus étroit, plus petit que le liège modèle classique. L’élégance du col étroit confère à la bouteille de la finesse et lui de s'adapter à la plupart des espaces où se logent les 750 ml.

 

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 00:09

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Que les mères de famille se rassurent, les pères aussi, si leur grand dadais ou leur grande asperge, leur petit niais ou leur petite délurée, ne sont pas atteints du syndrome de Tanguy « Tu es tellement mignon, si tu veux tu pourras rester à la maison toute ta vie ! », et s’apprêtent à aménager dans quelques m2, même vivre en couple, loin d’eux. Que vont-ils manger ces pauvres petits ? Et c’est là que surgit GNB le toqué de BB qui rassure : Pas de Panique, je cuisine !

 

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Guillaume Nicolas-Brion link est sans contestation l’héritier post-moderne de Françoise Bernard appliquant son art à l’usage des petits loups et louves qui ne veulent pas se contenter « des produits surgelés sans âme, des sandwiches sous vide sans goût ou des plats à emporter sans éclat. » Il prône le retour au terroir, pardon je m’égare, devant les fourneaux – Guillaume c’est plus commode que derrière, oups ! – et d’affirmer « Et ça n’a rien d’une corvée ! » Avec son compère Frankie Alarcon à l’illustration, il plaide pour :

 

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-          La simplicité : pour confectionner sa pizza maison « il suffit de mélanger de la farine de l’eau et de la levure, c’est à la portée de tout le monde, non ? »

 

-          Le côté ludique… « assez marrant »

 

-          L’économie ménagère : « vous avez vu le prix d’une crêpe au restaurant ? » s’exclame-t-il justifiant son héritage de l’inoxydable Françoise Bernard.

 

-          Le goût : « bien meilleur »

 

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Toujours précis comme un coucou suisse, Guillaume, précise les paramètres de l’écosystème d’une cuisine : hygrométrie, degré C, type du four et de l’énergie utilisée… Il y ajoute son côté coach : le nécessaire entraînement et le facteur émotionnel sans pour autant rappeler les clichés classiques concernant la réussite d’une mayonnaise par nos compagnes adorées. Enfin, héritier de nos riches heures de mai, Guillaume, bombe sur son mur « L’imagination au pouvoir ! » et de citer Alain Chapel « la cuisine, c’est beaucoup plus que des recettes. Des produits d’abord et avant tout, et des émotions sans doute qui s’enracinent dans des paysages, des visages, un quotidien familier, un bonheur plus ample que la table

 

Le tout est dans un chouette coffret : 50 fiches réparties en 6 thèmes qui collent « aux meilleurs moments de la vie quotidienne des étudiants» (alors Guillaume tu négliges les travailleurs, travailleuses, jeunes bien sûr !):

 

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-          Le quotidien qui bouge ! menu Nomade (fiche verte)

 

-          Pour un moment convivial ! menu Plateau TV. (fiche violette)

 

-          Pour une bouffe rapide ! menu Après le Ciné. (fiche rouge)

 

-          Pour un plat qui impressionne ! menu Pour la fête (fiche grise)

 

-          Pour boire un coup ! menu Pour la fête / Cocktails. (fiche grise)

 

-          Pour un repas copieux ! menu Lendemain de cuite. (fiche jaune)

 

-          Pour un menu léger ! menu Avant l’été. (fiche orange)

 

Et avant de se lancer dans les pluches et la bonne tambouille drivée par notre GNB de bons conseils :

 

-          À chaque légume sa saison.

-          À chaque fruit sa saison.

-          Et les produits bios dans tout ça ?

-          Et le vin dans tout ça ?

-          Pour aller plus loin : quelques références de livres de cuisine.

 

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Franchement, pères et mères de famille inquiets de votre progéniture courez vite chez votre libraire faire l’acquisition de « Te Fiche pas de moi, je cuisine ! » de Guillaume Nicolas-Brion et de Frankie Alarcon chez Milan. C’est utile. C’est bien fait. C’est pratique. Ce n’est pas cher 10,90 €.

 

Le secrétaire-perpétuel autoproclamé de l’A.B.V. que je suis, lui a accordé, à la manière de la reine d’Angleterre et des Royal Warrants of Appointment, mon haut-patronage à cet ouvrage d’utilité ludique et publique. Enfin, comme j’ai le bras long, si vous souhaitez faire dédicacer votre exemplaire je plaiderai votre cause auprès des auteurs.

 

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 00:09

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Comme un dimanche, le premier d’un mois juin enfin plein de soleil succédant à un mouillé quitté sans regret alors que j’ai toujours préféré les mois de mai. Puisque nous sommes à une semaine d’un nouveau à deux tours choix je vous en propose d’en faire un qui me semble de nature à ne pas provoquer une abstention massive ou un vote blanc.


Mes fesses dansent avec mes verres.

Mes instants durent avec mes joies.

Ô toi, l’amant, es-tu saoul,

Ou es-tu dégagé de l’ivresse ?

Lève-toi, prends-moi,

Renverse-moi, couvre-moi.

Par ma vie, lève-toi pour embrasser

Les sommets de mes joues.

 

Ali Al-Baghdâdî (XVIe siècle)


 

 

So give me one more chance let me try to explain

I've got the words in my heart

But not in my brain

And now I'm all tongue tied

But at least I tried

To build a little bridge to you

In a moment of weakness I give up on the romance

And I fall for a cliché but without thinking I say:  Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ?

But you turn your back

And come back with a slap !


 

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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 00:09

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Les scientifiques sont gens prudents, leur éditeur aussi – il s’agit de la Presse des Mines – puisque le sous-titre de leur ouvrage, sobrement – un comble – intitulé : Le vin et l’environnement, n’apparaît pas sur la jaquette Geneviève Teil, Sandrine Barrey, Pierre  Floux et Antoine Hennion dans la foulée d’un programme de recherche financé par le Ministère de l’Écologie : « Les vins sans pesticides ? Une analyse de la prescription à la consommation » se sont attelés à la lourde tâche de mettre en forme des expressions très diverses sur un sujet souvent abordé de façon passionnelle.


Tout scientifiques qu’ils sont nos 4 mousquetaires, à parfaite parité, sous la houlette de Geneviève Teil, n’en expriment pas moins un point de vue qui, s’empressent-ils de souligner, n’est celui de personne en particulier, mais celui de tous. N’empêche que sous la froide rigueur de la recherche, sur un tel sujet, une forme très maîtrisée de leur passion commune s’exprime dans le sous-titre.


Faire compter la différence, belle ambition, vaste programme car c’est vouloir la faire entendre pour la faire reconnaître à la fois par le plus grande nombre et surtout par les décideurs professionnels et politiques. Pour rester dans le registre gaullien ce serait une ardente obligation que de lui voir conférer une certaine valeur, et voire même, et c’est là où les choses se gâtent, lui reconnaître une supériorité sur les pratiques antérieure. Peut mieux faire écrivaient les professeurs sur les carnets scolaires à l’attention des élèves, dotés d’un bon potentiel, mais se laissant manifestement aller à la facilité, au je m’en foutisme, au minimum syndical.


Oui, nos viticulteurs, comme nos vinificateurs, peuvent mieux faire ! Bien sûr, comparaison n’est pas raison, cependant notre viticulture, tout comme l’élaboration des vins qui en sont issus, au cours de ce qu’on a appelé un peu facilement les Trente Glorieuses, s’est laissée aller à la facilité en se goinfrant d’intrants divers et variés. Le vin, produit non essentiel à la nutrition, est l’enfant de la vigne qui est elle-même une des plus grosses consommatrices d’herbicides et de pesticides de notre agriculture. Paradoxalement, le mouvement dit bio, ne l’a touchée que très récemment, avant de s’amplifier et d’apparaître comme « un torrent impétueux » que nul ne pourra arrêter.


Y aurai-t-il donc le long fleuve tranquille d’une viticulture qui continuerait de vivre sa vie comme si de rien n’était, ou presque, mais qui devrait faire face à des courants contraires de force et d’importance inégales ? La réponse est oui. Nous sommes face à des stratégies d’affrontement, de cohabitation impossible, de séparation de corps, de divorce pour faute, de surtout de jamais en parler, d’exclusion, d’excommunication, d’oukase, de mise en avant d’une échelle de Richter du propre et du sale, de noms d’oiseaux : charlatan, imposteur, empoisonneur, du chacun chez soi et les vaches seront bien gardées… Dans notre petit monde de la vigne et du vin, qui n’est d’ailleurs pas si petit que cela puisqu’on y distingue même un  Nouveau et un Ancien Monde, comme en témoigne le livre d’Alice Feiring Le vin nu sur lequel j’ai chroniqué hier, aborder la question du respect de l’environnement par les viticulteurs est un sujet à haut risque et, si je puis l’écrire : il sent le soufre ! C’est la bataille d’Hernani pour le niveau de bruit et, en degré de détestation, surtout chez les zélotes, il rejoint la célèbre affaire qui divisa si profondément notre pays au début du XXe siècle.


J’exagère à peine, et moi qui fréquente, sans discrimination aucune, toutes les parties en présence, je puis témoigner de la virulence et de la quasi-impossibilité de dialogue entre les divers courants. Au mieux, on s’ignore, au pire on s’insulte. Le grand mérite de l’ouvrage piloté par Geneviève Teil c’est de tenter « avant tout de rendre des efforts, couronnés ou non de succès, de tous ceux qui se sont engagés d’une façon ou d’une autre… » dans un meilleur respect de l’environnement. « Contrairement à nombre d’études qui cherchent à comprendre pourquoi le bio ne s’impose pas à eux, la parole est ici donnée en priorité à ceux qui agissent pour donner une place à l’environnement. »


Une telle approche dépassionnée, utile, bien plus que les postures de certains gourous urbains plus préoccupé de leur ego et de leurs idées reçues que du devenir des vignerons, me satisfait. En effet, ce sont les gens qui font, qui agissent, dont il faut tenir compte bien plus que d’une « force supérieure » qui imposerait, contraindrait les femmes et les hommes de la vigne et du vin à agir.


Comme l’écrivent les auteurs dans leur INTRODUCTION « L’engouement actuel pour le bio n’est pas né comme une source qui jaillit de nulle part. La qualité environnementale des vins tourmente bien des producteurs, revendeurs, consommateurs, journalistes, restaurateurs, fonctionnaires, chercheurs. Depuis plus de vingt ans, ils pointent du doigt cette production prestigieuse, emblématique : la vigne est la meilleure amie de l’homme, mais c’est aussi une une très grande consommatrice de produits phytosanitaires. Et c’est une culture pérenne ; aucune rotation des cultures ne permet d’alterner les traitements ou d’utiliser des complémentarités entre plantes. Depuis des dizaines d’années les vignes sont aspergées des mêmes pesticides, fongicides et autres herbicides. »


Et de poser la question « Cette accumulation permet-elle de contenir les maladies ou favorise-t-elle les résistances ? Présente-t-elle un danger pour la santé des viticulteurs ou des consommateurs, pour les sols et les terroirs qui ont fait la réputation des vins français, pour l’environnement, la faune, la flore ? Aucune de ces questions n’a de réponse simple, universelle, qui permettrait de prendre des mesures immédiates, de faire des lois. »


Les auteurs le constatent « Agrobiologie et agriculture raisonnée sont donc en opposition farouche, car chacune représente une menace pour l’autre ; elles se voient en concurrence pour donner un contenu à la notion de protection de l’environnement et conquérir le marché de la qualité environnementale. Au début des années 2000, de nouveaux acteurs s’invitent à la table de la qualité environnementale : les vignerons de terroir. Ils entrent dans le débat « par la bande », parce que les pratiques respectueuses de l’environnement sont pour eux des pratiques respectueuses de leur terroir. Leur problème est agnat tout un problème de qualité gustative. Des vignerons très engagés dans la recherche de l’expression du terroir notent un changement du goût de leurs vins. Ils ne sont pas les seuls. Les jurys de dégustation des AOC qui goûtent les avant de donner leur accord  de commercialisation font de même. Mais au lieu d’associer comme les producteurs ce changement de goût à une meilleure expression du terroir, ils reprochent à  ces vins de ne pas « être conformes aux canons organoleptiques de la typicité de leur appellation ». Il leur arrive ainsi de refuser le label AOC à certins vins, alors qu’ils sont issus d’une zone d’appellation et qu’ils respectent toutes les contraintes du cahier des charges, parce qu’ils manquent de typicité. »


Ceux d’entre vous qui me lisez depuis les origines savent bien que telle est ma porte d’entrée sur les questions environnementales. J’ai été un compagnon de route fidèle, et somme toute courageux, de la démarche de la petite poignée d’hommes et de femmes qui ont initiés le mouvement « vignerons dans nos appellations », que d’amis ai-je ainsi découvert, puis de SEVE qui lui a succédé. Jamais je me suis substitué à leurs réflexions, ni parlé en leur nom car je ne suis pas vigneron. Si je souligne ce point d’histoire c’est que, trop souvent, ceux qui s’autoproclament penseur et porte-parole des diverses mouvances ou courants de l’agrobiologie sont des urbains qui gravitent à divers titres dans le monde du vin. Accompagner un combat, défendre des vignerons maltraités par les grands-prêtres de la typicité : oui ! Penser et agir à leur place : non ! Cette manière de faire conforte les dirigeants des organisations professionnelles dans leur attentisme, leur immobilisme. Je n’ai jamais cru à l’efficacité des avant-gardes révolutionnaires dominées par des intellectuels ou de petits bourgeois et, surtout j’ai toujours constaté, leur peu de goût pour le débat démocratique. Imposer ses idées, ses conceptions, exiger un ralliement pur et simple des autres, sans transition, sans prise en compte des contraintes économiques et commerciales tel est trop souvent la stratégie de ceux qui ne s’insèrent pas dans une démarche collective.


Le grand mérite de l’ouvrage Le vin et l’environnement c’est, tout en gardant sa rigueur scientifique, de bien montrer que l’irruption des vignerons de terroir pousse plus avant la mise en cause de la signification de la différence à faire. »Pour ces adeptes d’un renouveau du terroir, les AOC viticoles ne signifient plus rien. Il faut les reconstruire. Ils ébranlent aujourd’hui les procédures de garanties et de preuve de nos dispositifs de signalisation de la qualité en voulant réinstaurer le terroir. » Certains beaux esprits objecteront que le terroir nul ne sait le cerner et le définir et que vouloir identifier un lien entre une appellation et son terroir est une pure vue de l’esprit. Alors pourquoi le mettre à toutes les sauces comme le font les représentants du syndicat des droits acquis des AOC dont le dernier avatar est le nouveau président du comité vins de l’INAO ? Revenons aux origines des appellations origines, sortons de l’ambiguïté  des appellations attrape-tout qui ne voient leur salut que dans la norme, le soi-disant air de famille.


Une telle approche ne règle pas tout d’un coup de baguette magique mais elle place le sujet de l’environnement au bon niveau, celui qui donne à réfléchir à la réalité des images du vin que nous mettons en avant pour affirmer son authenticité, sa différence et sa réelle maîtrise par la main de l’artisan. Dans la mondialisation, notre approche, celle qui prévalait chez les pères fondateurs des AOC, constitue un avantage comparatif indéniable qui, s’il continue de se diluer, de se normaliser, d’être abimé des pratiques peu soucieuse des éléments constitutifs  de notre fameux terroir, disparaîtra. Encore plus explicitement notre modèle social de vignerons nombreux sur nos territoires viticoles ne peut s’accommoder d’une approche où la rentabilité ne passe que par des pratiques calquées sur un productivisme d’un autre âge. Ni élitisme hautain, ni démagogie des professionnels de la profession, mais reprise en mains par les vigneronnes et les vignerons de leur destin. Belle ambition, vaste programme certes mais, sans cela, nul ne pourra se plaindre des dérives et des pesanteurs bureaucratiques de notre système.


Pour autant, comme les auteurs, je ne sombre pas dans l’angélisme « pour montrer que l’on peut faire différemment, il ne suffit pas de convaincre. Il leur faut montrer que cette différence compte, qu’elle a une importance, des effets, qu’elle garantit des débouchés en pleine crise, qu’elle améliore la qualité des vins, qu’elle diminue les coûts de production, qu’elle protège la santé et l’environnement, qu’elle est recherchée par les importateurs, qu’elle intéresse les consommateurs… Bref, cette différence doit non seulement être une finalité en soi mais aussi une ressource pour produire mieux, quel que soit le sens donné à ce terme. »

  

Le vin et l’environnement 32€ pour 325 pages aux Presses des Mines www.pressesdesmines.com est un ouvrage de référence pour qui prétend aborder sérieusement le sujet. Ayant assisté, à l’Ecole des Mines, à sa présentation par Geneviève Teil, présentation judicieusement accompagnée d’une belle dégustation, je puis affirmer sans risque qu’il serait judicieux que le Comité National des vins de l’INAO consacre du temps à l’audition des auteurs pour mener par la suite une réflexion  de fond sur l’évolution de notre système d’AOC gravement menacé me dit-on par la seule libéralisation programmée des droits de plantation. J’ai comme l’impression qu’en cette matière les enjeux ne se situent pas là où les maîtres du troupeau font accroire qu’ils sont ! Réguler dit-on ! Oui, mais commençons par mettre de l’ordre dans la maison pour que certains volumes produit sous les grandes ombrelles ne perturbent pas l’ensemble en maintenant les prix à un niveau où les efforts demandés aux vignerons ne sont pas finançables…

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 16:00

Les lauriers sont coupés, le Festival de Cannes numéro 65 a roulé son tapis rouge, les marches du Palais sont désertées, la Croisette est rendue aux retraités, les stars se sont envolées, les starlettes ont remballé leurs appâts, Nanni Moretti a enfourché son scooter, les petits marquis qui se prennent pour des happy few sont rentrés dans leur trois pièces cuisine sur cour dans le XVIIIe, le train-train quotidien reprend son cours…

 

Par bonheur, rompant la monotonie de nos jours et le vide sidéral de nos nuits, venu du Sud de la France, montât jusqu’à Paris l’Appel  du 18 juin des Grands Vins du Languedoc. Que des Stars, rien que des Découvertes : 30 Domaines et Maisons incontournables, s’offriront à nous, Parisiens tête de vins, au Printemps de la Mode Boulevard Haussmann. Au temps de la profusion des giratoires urbains et ruraux, j’avoue goûter le suc de ce qui est dit incontournable, donc qui ne peut être contourné. Alors nous ne tournerons pas autour du pot nous irons nous jeter dans les bras accueillant de nos nouvelles stars du Languedoc.

 

Mon souci premier sera ma vêture de ce grand jour : adopterais-je le style pingouin décontracté ou le Duflot revisité : jean troué, tong et Marcel à fleurs pour monter les marches jusqu’au l'étage numéro 6 ? Le second, incontournable bien sûr, irais-je en belle compagnie, au risque que ma compagne éclipsât les stars locales ? Bien évidemment, pour ne pas faillir à ma réputation non usurpée de prescripteur de tendance, je m’y rendrai sur mon vélo hollandais, tel un Petit Dégustateur Normal. Je prierai les dieux de l’Olympe ou Dieu tout court afin de ne pas y croiser les quelques déçus de l’Ancien Régime qui n’ont pas encore fui vers des cieux plus cléments.

 

Dans la Cour des Grands du Languedoc je me garderai bien, que le forgeron de Dana se rassure, de procéder à une quelconque hiérarchisation ou de concocter une forme revisitée d’un classement à la mode bordelaise… je serai tout entier tendu vers la découverte en bon défricheur que je suis.

 

Le Languedoc est cher à mon cœur, Jean Clavel et quelques autres le savent, alors ne voyez pas dans mes propos raillerie mais seulement l’expression d’un Taulier qui, à force de lire des CP : communiqué de presse alambiqué, de recevoir des invitations chantournées comme des buffets Henri III, de se voir rappelé à l’ordre : répondre SVP, d’être harcelé par de charmantes jeunes femmes qui s’inquiètent de sa présence au pince fesses de machin ou au à la party de Fanzine dans un loft branché, SATURE !

 

Mais qu’importe, si ces lumignons attirent les lucioles : tant mieux ! Seule l’extension du domaine du vin me chaut, tout le reste n’est que paroles… paroles… paroles… Moi je ne suis qu’un allumeur de réverbère (voir en fin de chronique)

 

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CHAPITRE XIV

 

La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même:

 

- Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.

 

Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur:

 

- Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère ?

 

- C'est la consigne, répondit l'allumeur. Bonjour.

 

- Qu'est-ce que la consigne ?

 

- C'est d'éteindre mon réverbère. Bonsoir.

 

Et il le ralluma.

 

- Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ?

 

- C'est la consigne, répondit l'allumeur.

 

- Je ne comprends pas, dit le petit prince.

 

- Il n'y a rien à comprendre, dit l'allumeur. La consigne c'est la consigne. Bonjour.

 

Et il éteignit son réverbère.

 

Puis il s'épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.

 

- Je fais là un métier terrible. C'était raisonnable autrefois. J'éteignais le matin et j'allumais le soir. J'avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir...

 

- Et, depuis cette époque, la consigne a changé ?

 

- La consigne n'a pas changé, dit l'allumeur. C'est bien là le drame ! La planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé !

 

- Alors? dit le petit prince.

 

- Alors maintenant qu'elle fait un tour par minute, je n'ai plus une seconde de repos. J'allume et j'éteins une fois par minute !

 

- Ça c'est drôle ! Les jours chez toi durent une minute !

 

- Ce n'est pas drôle du tout, dit l'allumeur. Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble.

 

- Un mois ?

 

- Oui. Trente minutes. Trente jours ! Bonsoir.

 

Et il ralluma son réverbère.

 

Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami:

 

- Tu sais... je connais un moyen de te reposer quand tu voudras...

 

- Je veux toujours, dit l'allumeur.

 

Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux.

 

Le petit prince poursuivit:

- Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n'as qu'à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras.

 

- Ça ne m'avance pas à grand'chose, dit l'allumeur. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir.

 

- Ce n'est pas de chance, dit le petit prince.

 

- Ce n'est pas de chance, dit l'allumeur. Bonjour.

 

Et il éteignit son réverbère.

 

Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même.

 

Il eut un soupir de regret et se dit encore:

- Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux...

 

Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures !

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 00:09

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Chère Alice,

 

Vous êtes New-Yorkaise, une forme de Woody Allen du vin, du vin nature bien sûr, d’un vin dont la philosophie est qu’on n’y ajoute ni n’en retire rien, et vous estimez, assez justement,  que l’adjectif  naturel est utile car le public a besoin d’un terme général lui indiquant le type de vin qu’il cherche, « et que naturel vient naturellement » imparfait certes mais, faute de mieux il sert en attendant qu’un autre terme voit le jour, « tel que pur, nu, réel ou même simple ».

 

Entre nous Alice en dehors de nu, qui est très sexy, qualifier le vin de nature c’est génial car ça sent le soufre, ça irrite, ça met le feu aux poudres, ça excite les « pontes » du vin qui estiment que vous vous laissez subjuguer par le concept, non parle goût ». Ce n’est pas pour me déplaire, d’autant plus que lorsque Jason Lett vous suggère de vinifier du sangratino en Californie en fonction de vos « principes », vous avez l’honnêteté d’avouer que « d’appuyer trop sur le principe » ça vous met mal à l’aise. « La manière de faire du vin n’est pas une question morale. Le vin captif de sa cuve n’a rien à voir avec le poulet emprisonné dans sa cage ».Vous savez mettre de l’eau dans votre vin et lorsque votre amie Pascaline rugit « il est somptueux. Je suis fière de toi » en le goûtant « jamais je n’aurais eu le culot de faire ce que tu as fait. » vous avez presque commencé à pleurer, même sans la mélopée de Tom Waits et en oubliant le mouillage.

 

Vous êtes américaine, disons étasunienne, donc réaliste, et vous comprenez que Ridgely Evers, qui est un petit producteur de vin, « un infime » dites-vous, lorsqu’il vous accorde le privilège de faire un vin qui suive d’une manière générale vos « principes », doive gagner sa vie. Vous le dites sans détour : « S’il m’était loisible de courir pour moi-même tous les risques imaginables, je  ne devais pas oublier qu’il lui fallait produire un vin qu’il fut à même de vendre ».

 

Vous êtes aussi taquine car lorsque François Morel, « avant d’aller plus loin » avec vous exige que vous vous accordiez sur le mot naturel, et fait le distinguo entre vin naturel et vin au naturel, qui tient lieu de titre à son livre, vous adorez « cette manière française de faire porter l’accent sur un simple effet de langage, tout à la fois plein de sens et difficile » Mais vous avouez votre penchant pour le Vieux Monde qui « vous était plus aisément assimilable ; il était soudé, direct et de plus petite taille. Il se soumettait moins au politiquement correct et semblait recourir davantage à l’ironie, et je me sentais à l’aise au milieu de la vieille architecture. Les chais et les vignerons qu’y avais fréquentés faisaient des vins issus d’une terre dont ils étaient l’expression, non en vue du goût présumé d’un marché. Même leur sens de l’humour s’accordait mieux avec le mien. Il pouvait y avoir de fréquentes disputes, des hurlements même, mais ils renforçaient à terme la cohésion. Et sans l’ombre d’un doute, le goût de leur vin, plus racé et plus acide, me convenait davantage. »

 

Bien Alice, c’est beau ce que vous venez d’écrire mais vous n’êtes pas beaucoup sorti dans la France profonde tout court et celle du vin en particulier, vous en êtes restée à vos petits cercles, les gaulois vous ne les connaissez pas ! Mais, comme vous avez de l’humour je ne vais pas vous vanner plus longtemps.

 

Vous avez le sens de la formule –même si la référence aux disciples de Léon pourrait sous-entendre une forme développée d’intransigeance et de sectarisme – lorsque vous notez que « La volonté de vinifier sans du tout de soufre trace la frontière entre les deux factions du vin naturel : les intransigeants d’un côté, de l’autre ceux qui sont « bien assez naturel comme ça » - à la manière de deux branches issues du trotskysme, unies par un même but, mais suivant des chemins divergents. »

 

Vous êtes sentimentale aussi et le vin sait exercer sur vous le même effet que cette balade de Tom Waits, Walltzing Melissa chez Benoît Courault en Anjou « La réaction dépasse la portée de la science. Un vin technique est incapable de me bouleverser de la sorte. Le vin naturel comporte en revanche une vérité émotionnelle dont je ne peux pas ne pas tenir compte. »

 

Vous devez, sans aucun doute, être considéré Outre-Atlantique comme «l’emmerdeuse de service» puisque vous avouez sans fard que vous avez « gagné la réputation de vous charger du sale boulot des autres. Qu’un magazine veuille une liste des dix vins les plus surfaits, c’est vous que la rédaction appelle. Qu’on souhaite un éditorial sur les tares de l’industrie vinicole californienne, c’est vous qu’on appelle. Qu’on désire s’attaquer à l’industrie commerciale du vin, c’est encore vous qu’on appelle ». Pour preuve un éditorial dans le Los Angeles Times que le rédac-chef avait intitulé Le vin californien ? À l’égout ? Du lourd, du chaud devant, Alice, pas sûr que du côté de nos GCC ils goûteraient l’acidité de votre plume.

 

Vous avez un faible pour Nicolas Joly, moi pas ! Rassurez-vous ça n’a rien à voir avec ses idées, son combat, c’est au-delà comme un je ne sais quoi de ce personnage, fort médiatique, « sûr de lui et dominateur… » que je ne supporte pas.

 

Vous aimez bien Éric Texier, moi aussi ! Lui, doute en permanence et il n’enjolive pas (désolé c’est venu sans préméditation). Comme vous le notez Éric a étudié « Chauvet avec autant d’attention que votre grand-père le Talmud » et, avec votre franchise coutumière, vous dites sans détour que « comme les écrits scientifiques de celui-ci sont d’un abord trop ardu même dans ma propre langue, je me suis appuyée sur les interprétations qu’il m’en fournissait. » C’est lui qui vous accompagne chez Marcel Lapierre, vous le remerciez et lui de répondre « Je ne me suis pas exactement fait prier. Après tout, Marcel Lapierre, puis un dîner avec Jean Foillard : où serait le problème ? »

 

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Au vol du Marcel sur Jules Chauvet d’abord : « La première fois que je l’ai rencontré, il m’a dit « sucre et soufre sont les deux mamelles du Beaujolais (…) Chauvet n’avait rien créé de nouveau, il avait simplement effectué un retour à une manière anti-technologique de faire du vin. Car, si tu n’aimes pas le vin, tu n’éprouves aucune incitation à travailler avec la nature. Et Chauvet adorait le vin. »

 

Toujours Marcel, avec un havane, « Les vins naturels doivent être l’expression du terroir et de la vendange. Mais un vin qui se contente de refuser le soufre et n’exprime rien n’est pas naturel. » Éric s’inquiète de votre compréhension ? Vous aviez saisi chaque mot et vous estimiez que « c’était une déclaration pleine de profondeur et digne d’être longuement répétée. » Marcel reprenait « Les gens s’imaginent que, pour faire un vin naturel, ils doivent procéder selon a soi-disant méthode Chauvet » Marie renchérissait « Ils continuent des traditions sans savoir d’où elles proviennent. Mais c’est les transformer en dogmes. » Mais comme le note Éric « Les vins chauvettistes semblent appartenir, par leur goût et par leur style, à une coterie. Cela dit, je la préfère à d’autres. » Moi aussi !

 

Alice tu as un petit faible – tiens je te tutoie – pour Claude Chanudet l’anar qui estime « qu’en tant que vigneron il faut fournir au consommateur un bon vin et qu’en tant qu’anar, pense qu’il faut laisser faire ce qu’ils veulent aux vignerons. » Je suis sur la même ligne que lui lorsqu’il s’irrite qu’on lui demande de se justifier « Comment ça ? Tu fais du vin sans soufre : quelle est ta défense ? Le monde conventionnel, lui, ne se voit pas obligé de défendre son usage des produits chimiques. C’est cela qui m’échappe. » Pour moi les extrémistes des deux bords se confortent dans l’irréductibilité, ceux qui compte pour moi sont ceux qui se remettent en question, doutent. Mettre tout le monde dans le même sac est trop facile et ne fait pas bouger les lignes.

 

Vous êtes Alice aussi très calée sur des sujets qui ne sont pas ma tasse de thé, la filtration tangentielle, la thermovinification, la micro-oxygénisation, contrairement à vous, faire du vin ne m’a jamais tenté, alors je n’aime pas soulever le capot pour voir comment ça fonctionne. Comme Jean Foillard pour moi « Le vin naturel doit être du vin. Sa signification, sa place dans le monde du vin naturel, est affaire de transparence. » Oui Alice vous avez raison de souligner «  Ce mot de transparence est plein de courage et peu sont ceux, même dans le monde du vin naturel, qui en assume l’idéal. » Lorsqu’Éric, se comparant à son fils Martin qui est dans le vent du naturel intransigeant, note à juste raison : « Pour moi, c’est une autre affaire. Comme je recours à 20 mg de soufre, certains des bistrots à vins naturels de Paris pensent que je suis un criminel. Dans les restaurants conventionnels, comme j’ajoute 20 mg de soufre à mon Châteauneuf ou mon Condrieu blancs, on m’apprend que mes vins vont se gâter parce que la dose est trop faible. Pour d’autres, parce que j’utilise cette quantité, c’en est autant de trop. Je suis industriel pour ceux-ci et fanatique pour ceux-là. Plus ça va, plus le monde refuse les zones grises et oblige à ce qu’on se jette dans une extrémité ou l’autre. » il met le doigt sur le côté binaire de ce temps.

 

Bon point, comme moi Alice vous allez chez Fish la Boissonnerie rue de Seine, où j’ai le souvenir d’Éric Dupin, l’ancien journaliste de Libé, contemplant avec stupéfaction la couleur un peu trouble du blanc que je venais de commander mais qui avoua, en fin de repas, l’avoir apprécié tout de même.

 

J’adore, à propos de votre amie Amy Lilliard, exilée en Ardèche avec son compagnon Matt Kling, qu’elle est dégustatrice du « Robert Parker français » Michel Bettane qui « n’avait jamais déguisé son dégoût de la chose et, à le lire, on aurait cru que ceux dont il faisait les délices eussent préféré des fruits blets et talés à de pommes rebondies cueillies dans leur fraîcheur à même le rameau. » Elle est réaliste votre copine lorsqu’elle regrette qu’ « en France ce mouvement autour du vin naturel a quelque chose d’une secte. Tu es, disons, comme moi. Tu fais de ton mieux ; tu fabriques ton vin sans rien, puis tu ajoutes du soufre et vlan !, on te fiche à la porte. Ça me ronge, parce que, hormis le soufre, nous sommes totalement naturels. Et pourtant, parfois, j’aimerais bien qu’on m’accepte dans ce club ! »

 

J’en reviens à Éric Texier, au Tell Bells, « repaire des vins non tripatouillés » dans le Lower East Side de New-York, à propos de Jules Chauvet « si tu prends le temps de lire l’œuvre de Chauvet, tu y trouveras tout et son contraire. À un moment, il s’enthousiasme pour la sélection des levures, puis il la laisse tomber. Idem pour le carbonique. Avancer qu’il recommandait la carbonique pour n’importe quel vin, c’est vraiment dénaturer son travail. Itou pour le SO2. À mon sens, c’était plutôt un type du genre « Pourquoi le faire si on n’en pas besoin ? » Bien sûr, toi tu t’interroges « tu penses donc que l’intransigeant était Néauport ? »

 

J’exècre comme toi le Round Up ! Tiens je te tutoie dès que ça devient border line.

 

Pour Vincent Pousson quelques saillies de ton chapitre : cet obscur objet du désir : un vrai vin espagnol.

 

« Dire que ce Californien (Todd Blomberg venu en Galice suivre l’amour de sa vie) – et juif à ma semblance, de surcroît – expatrié en Espagne, est l’un de sauveurs des vins ravagés de ce pays et, dans ce cas précis, du cépage albariňo. » Comme à l’accoutumé tu n’y vas pas de main morte « la région volée de son identité, était depuis lors entre les mains de chirurgiens plastiques occupés à la refondre. Gallo y est l’un des gros investisseurs étrangers à l’œuvre. » Pour des raisons qui éludent l’entendement, on se mit à recourir à la technologie afin de transmuter le cépage, tout de quiétude, anguleux et minéral avec une acidité à la fraîcheur incomparable, en une beuglante aromatisée. Grâce à la désacidification, on lui avait ôté son acidité. Ce vin que j’avais toujours considéré comme le muscadet d’Espagne s’était vu transformé en une citronnade sucreuse et sans histoire. »

 

J’adore la plaisanterie qui circule « que la Galicie est en fait la DO Raul Perez – consultant renommé. » et ta langue crue lorsque tu parles de son « vin châtré » dont le « charme, la personnalité ont été gommés, pour aboutir à une saveur proprette, moderne, directe et inintéressante. »

 

Comme toujours Éric Texier donne une bonne réponse au reproche que le bio n’a pas un bon bilan carbone car il faut plus de travail mécanique » dixit Miguel Torrès « la culture bio est comme la démocratie : c’est un mauvais système, mais c’est le moins pire de tous. Je le sais pour faire pousser des vignes et produire un vin de leurs fruits qui en exprime le terroir et le cépage. »

 

D’accord avec toi « Nous bûmes jusqu’à 4 heures du matin, puis titubâmes en direction de nos lits. Et, miracle (fréquent) du vin sans soufre : nous ne souffrîmes pas de gueule de bois.»

 

Pas sûr que Vincent soit d’accord avec ton ami José qui aimait beaucoup Jay Miller. « C’est un crème » disait-il. Bien sûr, José tempêtait « on ne doit pas vendre ces vins en fonction d’un chiffre (la note sur 100 de Wine Advocate) » et là, Vincent opinera lorsqu’il affirme « que l’octroi de notes au vin à détruit l’Espagne. Les gens se sont mis à faire des vins uniquement en vue de ces points, puis ont eu recours à de tricheries pour leur donner un goût qui les rendent aimables à ces examinateurs. »

 

Tu poses la bonne question à propos de ces vignerons réfractaires « Était-ce leur motivation – à souffrir, voire à être pauvre ? » Tu donnes clairement tes propres motivations « Ce qui me pousse à écrire à leur sujet n’est pas la taille de leur domaine. Il ne s’agit pas de louanger systématiquement ce qui est petit et mimi et photogénique ; il s’agit d’intensité, de passion et d’engagement – et, bien sûr, de goûts. Les sports extrêmes sont ce qui fait battre la chamade à certains cœurs. Pour moi, c’est la viticulture extrême et ses pratiquants.»

 

Tu défens ta paroisse avec fougue et brio « tous les vins naturels ne sont pas délicieux. Comme avec les autres, il en est de bons, de mauvais et de banals. J’ose toutefois avancer que ceux d’entre nous qui aiment le naturel sont doués d’une plus grande tolérance (et d’une soif plus grande) pour davantage d’irrégularité et davantage de variétés de styles au sein de la catégorie : orange, évanescents, concentrés et, certes, oxydatifs. »

 

Je laisse à Pierre Overnoy, homme authentique, le dernier mot « Un goût est comme une vague. Il faut en saisir le premier nez et en observer l’évolution. Ne recherchez pas la longueur du vin, mais sa joliesse. »

 

Cependant je ne peux m’empêcher de reprendre la répartie de Jacques Néauport a ta question angoissée « Mais pourquoi étiez-vous d’abord intéressé à faire du vin sans soufre ? »

-         Parce que nous étions des soûlards ! »

 

Enfin Alice comme tu aimes le fromage qui pue quand tu passes à Paris je te guiderai jusque chez Philippe Alleosse le meilleur affineur de la capitale.

 

Bon séjour dans le terroir profond et saches que je recommande la lecture de ton livre Le Vin nu chez Jean-Paul Rocher 19€. Simplement, à l’avenir demande à ton éditeur un tout petit effort pour la traduction, les premières pages sont assez pénibles à lire…

 

Jacques Berthomeau

 

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 00:09

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Jean Yanne est mort au mois de mai, le 23 mai 2003, et cette chronique de lundi de Pentecôte n’est pas un hommage car ça l’aurait fait chier lui l’anar, un « bel anar » dans toute sa splendeur comme le dit son ami et biographe Jean Durieux (Jean Yanne : ni Dieu ni Maître (même nageur) Le Cherche Midi 2005) « systématiquement contre tout, et brillant avec ça. Du genre à dire à midi pourquoi il déteste la gauche, de manière archi-brillante, et le soir prendre le contre-pied de ce qu’il  a dit, de manière tout aussi brillante. C’est un anar, un vrai de vrai. »


En dépit de sa part de quelques relents poujado, j’avoue avoir un faible pour Jean Yanne avec ses rouflaquettes, son côté râleur avec une voix et un physique qui vont avec, les poils putain ! C’était raccord « Les acteurs qui prétendent mettre des semaines à entrer dans la peau de leurs personnages sont soit des menteurs, soit des incompétents » balançait-il. Chabrol l’avait compris lorsqu’il lui propose le rôle dans Que la bête meure « Voilà, dans le film il y a un personnage grossier, un type vulgaire, odieux, un salopard, absolument dégueulasse. Je ne vois que toi pour le faire. »


Le n°3 de Schnock la revue trimestrielle des Vieux de 27 à 87 ans 14,5 € fait sa couverture sur Jean Yanne et je tire ma science en tirant la substantifique moelle : je ne pompe pas, je brode et c’est du boulot les mecs et les gonzesses !

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Yanne était un bon vivant. Au temps de sa splendeur avec son pote et associé Jean-Pierre Rassam, il régalait tout le monde au restaurant. Durieux lui disait « Jean , mais on a pas besoin d’être à dix à chaque fois quand même… » et il répondait « T’occupe pas, c’est les frais généraux ». Durieux rajoute « il y avait de l’argent qui rentrait, et qui ressortait aussitôt. Tous les soirs, c’était gueuleton sur gueuleton. Y avait que ça qui comptait. Les meilleurs vins, les meilleurs restaus, tout y allait… »


Rassam et lui avait leurs habitudes chez Madame Claude. « on allait tous chez Madame Billy et Madame Claude. Ils racontaient avoir vu le Président Poher chez l’une des deux, je ne sais plus laquelle : nu, marchant à quatre pattes et imitant le coq… » DSK et Poher, bonnet blanc et blanc bonnet.


Marcel Dassault était fasciné par Jean Yanne « Quand Jean lui rendait visite à son cinéma Le Paris, vous ne pouvez pas savoir : il avait tout ce qu’il voulait (…) tout. Je le vois encore sortir de chez Dassault et dire « Les loufiats qu’il a autour de lui, il mettait des billets de cinquante sacs dans la main pour les remercier ». Un curieux bonhomme, mais pas tout à fait con non plus. Et Jean s’amusait avec tout ça, bien entendu. »


La tirade préenregistrée de Gerber (Yanne) contre Plantier (Bernard Blier) dans Tout le monde il est beau Tout le monde il est gentil


« Plantier, vous êtes un con. Vous me trouvez grossier, et moi, mon cher ami, je vous trouve vulgaire. Vous ne comprenez pas ? Je vais vous expliquer : dire merde ou mon cul, c’est simplement grossier. Maintenant voyons donc tout ce qui est vulgaire : prendre une voix feutrée et sur un ton larvaire… Vendre avec les slogans au bon con d’auditeur les signes du zodiaque ou le courrier du cœur connaissant son effet sur les foules passives. Faire appel à Jésus pour vanter une lessive. Employer les plus bas et les plus sûrs moyens. Faire des émissions sur les vieux, sur la faim, le cancer. Enfin, jouer sur les bons sentiments afin de mieux fourguer les désodorisants. Tout cela c’est vulgaire, ça pue, ça intoxique. (…) Vendre la merde, oui, mais sans dire un gros mot. Tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau. Mais là, mon cher Plantier, vous ne pouvez pas comprendre. Et dans un tel combat, je ne puis que me rendre. Alors Plantier, salut, je préfère me taire. Je crains, en continuant, de devenir vulgaire. »


Une tirade culte dans Que la bête meure :


« Eh ben ce ragoût est tout simplement dégueulasse ! La sauce, c’est de la flotte… Pourquoi tu l’as pas fait réduire, (…) Je t’ai déjà dit vingt fois : quand la viande est cuite, tu la tiens au chaud, et la sauce tu la fais réduire à part, dans une casserole, à part dans une casserole je l’ai dit ou je l’ai pas dit ? (..) Et la cuisine, hein, c’est le seul art qui ne mente pas. On peut se gourer sur la peinture, sur la musique, mais pas sur la bouffe, pas d’histoire, c’est bon ou c’est mauvais. »


Enfin, le summum, de la muflerie dans Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat avec Marlène Jobert.


« T’as jamais rien réussi et tu ne réussiras jamais rien. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu es vulgaire. Irrémédiablement vulgaire. »

« Quand je t’ai rencontré tu lisais Henri Troyat. »


  • La phrase du titre de ma chronique est une boutade de Jean Yanne à propos de Jean-Pierre Rassam qui se droguait. Il mourra d’ailleurs d’une « surdose médicamenteuse »en 1985.
  • « Je hais les routes départementales… » le permis de conduire  
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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 00:09

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« La pochette annonce la couleur : pastiche de l’affiche d’un film de Russ Meyer, série B fichtrement amorale de 1965, cultissime Mudhoney. Histoire de mauvaise fille. Norah y est la dangereuse échevelée à la place de la pulpeuse Antoinette Christiani. Comprendre : on est en plein « camp », au second degré sulfureux. »

 

« Résumons: Little Broken Hearts est un bon album, solide, complet, qui se révèle même attachant après plusieurs écoutes. Il porte quelques très jolies chansons et la voix de Norah Jones y est le plus souvent éblouissante. Mais il pourra séduire ou agacer pour le même motif: il est si luxuriant en arrangements et ourlé au millimètre en production qu’on peut finalement le trouver un peu lisse. On se voit bien l'écouter en conduisant sur des grands axes, avec l’assurance de ne jamais franchir la vitesse limite ni d’avoir d’accès d'énervement envers un abruti de notre espèce automobiliste.

Au pire, le risque est même que l’album ne trouve pas son public. Trop pop pour les premiers fans de Norah Jones amateurs de chanson jazz au piano. Trop propre pour les clients de pop-rock un peu plus nerveuse et enlevée. » 

 

PHILIPPE BROCHEN Libération link 

 

D'autant que la jazz girl du début des années 2000 le cosigne avec Brian Burton, alias Danger Mouse, producteur pop très en vogue. Le résultat est un disque de pop classieuse, où le velours de la voix de Jones sert des mélodies tristes et des paroles à pleurer. Mais le tout donne envie de sourire, parce qu'on est toujours heureux de voir une chanteuse à succès ne pas succomber aux sirènes de la presse à scandale. Norah Jones ne sort pas avec Justin Bieber, n'est pas l'égérie de Christian Audigier ou le visage du dernier parfum Chloé. Pourtant, elle existe. Comme Adele, qui, médiatiquement, marche dans ses pas. Chapeau bas

 

Clémentine Goldszal Le Point link

 

 

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