Comme au temps d’Avignon certains se disputent le titre de Pape du vin pendant que le reste du clergé, haut et bas, monte en chaire pour admonester les mécréants, les hérétiques, les schismatiques, et les athées comme ma pomme.
Ça me fait penser au temps des prêcheurs qui venaient dans la paroisse Saint-Jacques pour la Mission, beaucoup de calvaires en Vendée témoignent de ces passages pour raviver la foi des braves paroissiens.
Ces prêcheurs, très dans le style de ce que pratiquent les gourous des sectes américaines, ne faisaient pas dans la dentelle, ils terrorisaient, surtout les femmes gardiennes de la religion dans nos campagnes ; les hommes, eux, attendaient que l’orage soit passé.
Le missile le plus redoutable, celui qui touchait au cœur les femmes, était le péché de chair, le plaisir, les filles, la lessive à la main et patin couffin…
Cette engeance ayant fait le vœu de chasteté je me disais qu’en savaient-ils, puisqu’officiellement ils ne pratiquaient pas ?
Sauf que, comme le notait Gustave Flaubert dans son Dictionnaire des Idées reçues :
Prêtres : On devrait les châtrer. Couchent avec leurs bonnes, et ont des enfants qu’ils appellent leurs « neveux ».
Le clergé du vin – tous ceux qui grenouillent autour des vignerons – n’a même pas cette porte de sortie, cette échappatoire, en dehors de branler sa plume ou d’astiquer son clavier elle ne mets pas les pieds dans un chai pour faire le vin.
Nul besoin de savoir faire du vin pour écrire sur le vin j’en conviens.
La blogosphère a étendu le domaine de ceux qui, en long en large et de travers, étalent leur science du vin. Ma pomme, qui grenouille dans le même bénitier, confesse depuis longtemps, qu’il n’y connait rien, qu’il s’en porte bien, ce qui lui attire les foudres d’un des Papes du vin, le Roux de Roux&Combaluzier dit B&D.
Ces écrivaillons me saoulent, ils n’en ratent pas une, ils fondent sur les « levures » comme la vérole sur le bas-clergé. Ils se permettent de donner la leçon, y compris aux vignerons, d’étaler leur savoir-faire, de tancer leurs collègues, de faire étalage de leur science du vin, de leur culture, de se positionner comme des détenteurs de vérités révélées.
Que savent-ils ?
En général, ce qui traine un peu partout sur les réseaux sociaux, les épluchures qui font le buzz et dont ils se gavent.
Écrire, quoi de plus facile !
« Un auteur, comme chacun sait, n'est capable de rien d'autre que d'écrire, et écrire est à la portée de n'importe qui. Pas besoin d'avoir des connaissances ou des compétences spécifiques, ou des choses particulières à dire sur soi, aucune information digne de ce nom qui s'impose, il suffit d'avoir un peu vécu, personne ne vous demandera de présenter un diplôme. »
Alors, écrivons, contentons-nous d’écrire, informons-nous comme tout un chacun, pour choisir en fonction de nos goûts, de notre volonté de boire ce que nous estimons bon, sain, authentique, mais de grâce ne faisons pas de la technique l’alpha et l’oméga du vin.
La dérive techniciste, surtout pour un produit comme le vin, dit de culture, non indispensable à la ration alimentaire, masque des combats beaucoup plus terre à terre, des non-choix, des postures bien commodes… Le clergé qui, comme toujours, vit sur la bête, soit se masque hypocritement les yeux pour ne pas s’aliéner une grande part de sa clientèle, soit pour celle d’en face faire comme-ci la vigne France n’était pas un ensemble complexe, avec une histoire, des pesanteurs et des contradictions.
Et si nous en revenions à une vision esthétique du vin ?
« La qualité du beau n’a de signification qu’en référence à une espèce capable de l’éprouver, c’est-à-dire, aux êtres humains. Est belle toute perception ou sensation susceptible de provoquer une émotion agréable sans lien direct avec une quelconque fonction d’utilité et sans qu’il soit nécessaire d’en fonder l’origine en raison. Il est possible de demander à quelqu’un s’il trouve un objet ou une idée beaux, mais certainement pas d’exiger de lui qu’il nous en démontre les raisons objectives. » Axel Kahn
On va me rétorquer qu’en l’espèce il s’agit de bon plutôt que de beau, j’en conviens mais, comme il s’agit dans les 2 perceptions d’une question de goût personnel je persiste à croire que mettre des mots mécaniciens sur sa perception, sa sensation, n’apporte rien aux autres.
Et c’est là que les athéniens s’atteignirent, les mots du clergé du vin ne sont là que pour faire miroir à leurs auteurs : voyez comme je suis supérieur à la piétaille, moi je sais, moi je dis, moi j’écris, moi je vous fous la honte…
AMEN
Cette chronique écrite, comme souvent est tombée le lendemain la confirmation sous la plume d’un petit cureton du vin qui, dit-il, à la fin de sa chronique, ne veut pas qu’on le prenne pour un con. Qu’il se rassure grâce à sa prose prétentieuse et minable nous avons la réponse. Selon lui, du haut de sa chaire branlante qui va se casser la gueule dans quelques temps, le chenin ne serait pas un grand cépage. Libre à lui mais, comme juge au racolage non-artistique on fait beaucoup mieux que lui. Quand est-ce que cette espèce en voie de déclin va-t-elle cesser de se tortiller pour subsister ? Je ne sais, mais ce que je sais c’est que n’est pas en se payant méchamment la fiole de Patrick Baudouin, en croyant faire de l’humour, qu’il sauvera sa corporation. Et dire que j’ai fait route commune avec ce genre de crétin ! Mais qu’est-ce que nous en avons à foutre que le chenin soit ou non un grand cépage ? Nous buvons du vin et nous n’avons nul besoin pour le faire de nous référer à un plumitif qui lui, sans contestation possible, est d’une cuvée bien médiocre.
La patrouille me signale que c'est du second degré : du lourd sans doute moi je suis athée et je déteste les curés même belges... n'est pas Desproges qui veut... ça ne s'adresse qu'aux paroissiens de la Paroisse comme en témoignent les commentaires. Les non-initiés bitent que dalle mais ça tout le monde s'en branle...