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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 00:09

En ce temps incertain qui précède ce dont les Français raffolent le plus : la campagne électorale pour l’élection présidentielle je n’ai pas pu m’empêcher de jouer avec le mot Champagne qui comme chacun sait signifie campagne. Ce faisant, contrairement à ce que j’écrivais souvent pour  justifier les errances de ma plume, je n’ai pas l’esprit de l’escalier mais plutôt l’esprit de marelle. En effet, suite à la remarque d’un lecteur je suis allé vérifier la signification de cette expression et j’ai découvert  que l’esprit de l’escalier, ou esprit d’escalier signifiait que l’on pense souvent à ce que l’on aurait pu et dû dire de plus juste, après avoir quitté ses interlocuteurs ; « l’inspiration nous vient en descendant l’escalier de la tribune », mot de Diderot, dans son Paradoxe sur le comédien.

 

Pour le mot compte associé à campagne il évoque les valises pleines de précieux liquide alors que le taulier en suggérant que je me colle à un conte de champagne n'a pas voulu sous-entendre que, moi, Marie de Saint Drézery marquise de Bombon je me mettais à la colle avec un comte de Champagne.


Vous voyez comme c'est simple l'esprit de marelle ; marelle qui, avec son parcours dessiné sur le sol : simple tracé à la pointe du pied dans la poussière ou marqué à la craie sur le bitume du préau de l’école, va de la terre au ciel et se joue à cloche-pied. Jeu d’évitement : les pierres des autres et les limites, c’est aussi un jeu de filles. Et alors ? J’aime les filles mais pour satisfaire les tenants de la virilité je peux aussi faire dans la métaphore sportive et dire que je fais des passements de jambes, que  je change de pied pour tenter de vous surprendre mais comme je n’ai pas le talent de Zidane il m’arrive souvent de m’emmêler les guiboles.


Tout ça pour vous dire que venant de lire le second opus de Jean-Paul Kauffmann « Voyage en Champagne 1990 » il me fallait rebondir face à la dédicace taquine de JPK « Pour Jacques Berthomeau qui n’aime pas le champagne, je crois, non ? » Aurais-je manqué au Champagne sur cet espace de liberté ? Non bien sûr, ce désamour supposé, je le sais, n’a rien à voir avec mon amour immodéré du vin de Champagne, mais trouve ses racines profondes dans ma mauvaise réputation. Je ne suis pas sortable et surtout en Champagne. Et pourquoi me direz-vous ? Je ne sais pas, ou je fais comme si je ne le savias pas, seul Ghislain de Montgolfier pourrait vous éclairer.


Trêve de mystère et boules de gomme ce qui est incontestable c’est que je n’ai mis les pieds en Champagne que quatre fois dans ma vie et, à chaque fois, en fonction, loin des vignes : un voyage d’études avec des énarques et un dîner chez Ruinart juste avant 1981 puis suite à mon rapport pour rencontrer le président de la CNAOC et Yves Bénard et enfin récemment pour un autre rapport dont je tairais le nom. Comme vous le constatez c’est l’horreur absolue, la mise à nue d’un chroniqueur imposteur, et c’est pour cette raison que, toute honte bue, je ne pouvais ce matin que me livrer d'abord à ce coming out et ensuite, pour me sortir de ce mauvais pas, sortir ma botte secrète : Marie de Saint Drézéry.


Pour ne rien vous cacher au cœur de l’Ouragan Marie de Saint Drézéry se cache un zéphyr de légèreté qui permet d’aborder les sujets qui fâchent. Notre marquise de Bombon sait poser le doigt là où ça fait mal avec grâce et élégance. Le taulier lui a beaucoup crapahuté du côté de Cognac qui est l’image inversée de l’organisation du champagne. Il y a croisé : Christophe Navarre actuel PDG de Moët-Hennessy, Dominique Hériard-Dubreuil qui s’est aventurée en Champagne avant de s’en retirer, les gens de chez Pernod-Ricard qui juraient qu’on ne les reprendrait pas à vendre du champagne (Besserat de Bellefon) et que le cognac n’était pas leur tasse  de thé et qui sont revenus en Champagne avec Mumm et Perrier Jouet et ont conforté leur position à Cognac avec Martell… Que du beau monde, mais qu’irait-il faire en Champagne ?


En deux chroniques magistrales en janvier 2008 : Les champenois y font rien comme les autres...link et Je rêve d'épouser la veuve du sacristain de Bouzy...link  le taulier s’était déjà aventuré sur les terres de la Champagne pouilleuse mais lorsque JPK dans sa postface lève les mêmes lièvres (lire ci-dessous), alors il m’a dit avec grandiloquence : Marie tu seras mon Missi Dominici ! 

 

« La nouveauté est que le Great Game* champenois se joue pour une large part à Paris et non plus à Epernay ou à Reims. Ce déplacement du pôle de décision vers la capitale, qu’ont choisi d’habiter les chefs de maison des grands groupes et leurs états-majors, est un objet de préoccupation pour l’avenir. L’absence d’enracinement est un handicap pour un produit issu de la terre. Une marque de champagne a besoin d’être représentée autrement que par un gestionnaire qui sait baisser les coûts et optimiser les stocks. Il entre en effet dans cette fonction une dimension humaine et culturelle impliquant un ancrage solide et durable dans l’environnement immédiat. Poser au milieu du vignoble pour la photo, convier à déjeuner la presse dans les salons désuets de la marque soigneusement entretenus et repartir ensuite pour la capitale constituent les limites de l’exercice. »


Et, avec son air de pas y toucher, un peu chanoine sur les bords, le taulier m’a dit : « tu y passeras aussi tes week-end, sinon tu manqueras l’essentiel : la messe ou le temple, le passage à la pâtisserie et la brocante… » et il a soupiré : moi je me contenterai d’aller à la rencontre des petits vignerons qui font et a sitôt appelé son vieil ami Ghislain de Montgolfier en me confiant, avant que celui-ci ne décrochât, qu’il me faudrait trouver un éditeur ce qui serait plus facile pour moi que pour lui qui n’est qu’un chroniqueur de l’inutile…

  • Expression inventée par Rudyard Kipling pour désigner au XIXe la lutte d’influences en Asie centrale  entre l’Angleterre et la Russie. Le Grand Jeu est aussi le nom de la revue lancée en 1928 par quatre lycéens de Reims parmi lesquels Roger Vaillant et René Daumal.
  • Le terme de chef de maison serait intéressant à décrypter, à Cognac on ne parle que de chefs de famille pour désigner ceux qui s’affrontent au BNIC.9782849902011.gif
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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 00:09

Leader-Price-002.JPGComme j’y étais invité, sur le coup de midi mardi, je suis allé à la dégustation du beaujolais nouveau de Dominique Piron, assemblé avec Jean-Pierre Coffe pour Leader Price au restaurant Mon Vieil Ami, en l’Île Saint Louis. Il était écrit sur l’invitation que c’était autour de délicieux plats lyonnais... et en musique, grâce à l’accordéoniste Roland Romanelli...

 

Moi j’aime bien Dominique Piron et déjà l’an dernier j’avais salué son initiative pour promouvoir du bon Beaujolais Nouveau vendu par Leader Price. Pour moi c’est clair tout ce qui concourt à redonner au Beaujolais, et au Nouveau qui fut un beau temps fort de la convivialité festive, me va. Tout le reste n’est que littérature, parti-pris et petites chapelles d’excommunicateurs qui se disent buveurs. J’affirme qu’on peut aimer le Beaujolais de JP Brun, de l’ami Cyril Alonso, et de quelques bons vignerons du cru, et ne pas mettre au piquet le Nouveau de Leader Price assemblé par JP Coffe.

 

Je sais que Coffe « exaspère » la blogosphère et sur mon espace de liberté je ne l’ai pas ménagé. Ceci écrit c’est la vie que l’on vit. Le Nouveau de Coffe était de très bonne facture, joyeux, j’ose même écrire originel. Ne jamais jeter le bébé avec l’eau du bain et relire ma chronique de jeudi  link le monde du vin ce sont de belles et jolies bouteilles mais aussi des cols qui permettent de mettre en marché des volumes. La GD est faite pour cela alors lorsqu’elle le fait bien je ne vois pas au nom de quoi il faut lui cracher dessus.

L’an dernier Leader Price avait vendu 27000 bouteilles de BN, cette année les commandes sont en hausse : 30 000 bouteilles dont 6000 partiront à l’export principalement chez nos amis belges. Le prix de vente en magasin 3,95 €.

 

Vous allez me dire que je vous ai embarqué sur une fausse piste avec le titre de ma chronique puisque je vous parle du BN de papy  Coffe. J’en conviens mais si vous avez été attentif à mon entame : le mâchon, fort bon d’ailleurs, était en musique avec Roland Romanelli l’accompagnateur de Barbara. Il y était en compagnie de Rébecca sa muse chanteuse avec qui il produit un spectacle « Barbara 20 ans d’amour » au théâtre Hébertot 7 bis Bd des Batignolles dans le XVIIe à Paris http://www.caspevi.com/barbara-20-ans-damour/


« Vingt ans…Elle a eu le temps de m’apprendre ce qu’est la vie, la musique, l’amour…

Ce spectacle, je le lui devais; il est le reflet de ce que j’ai vécu auprès d’elle : ses colères, ses joies, ses éclats de rire… son professionnalisme, sa mauvaise foi aussi, son côté exclusif… et son amour pour ce métier qui était toute sa vie. 

Il est aussi ma plus belle récompense, et je le vis avec sincérité, avec amour et respect, en compagnie de Rébecca, la partenaire que j’ai choisie, et avec qui j’ai parfois la troublante impression de revivre certaines situations, certaines ambiances dont était tissée notre complicité, tant artistique qu’amoureuse… 

Mon espoir est de donner à vivre au public à travers ses chansons, ces instants si intenses où l’on apprend la vie, et de graver dans la mémoire des jeunes, présents, passés et à venir, ce nom d’un monstre sacré qui pour moi ne s’éteindra jamais, BARBARA. »


Roland ROMANELLI

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 00:09

« Pour une minorité avide, les cours du vin doivent correspondre à la hausse maximum, le client doit cracher (il n’y a pas d’autre mot). Le juste prix, compromis entre les exigences du producteur et les possibilités de l’amateur, provoque chez eux une franche hilarité. Pourquoi se priver quand on est en position de force ? Dans leur cerveau, ils ont logé ces certitudes : nos crus classés sont des produits de luxe (des produits financiers aussi), leur surface n’est pas extensible (elle l’est un peu tout de même, en plus, c’est permis), la demande est supérieure à l’offre (pour l’instant), le rapport de force sera toujours en notre faveur (il a déjà commencé à changer avec la crise de la dette : l’austérité va se traduire par une austérité des comportements qui ne manquera pas de jaillir aussi sur le luxe et le marché chinois). Mais il est vrai qu’une poignée de crus historiques tirera toujours son épingle du jeu. »


C’est ce qu’écrit Jean-Paul Kauffmann dans sa postface de son opus Voyage à Bordeaux 1989. Il ajoute « Cette fois, un seuil a été franchi<. L’écart est tel qu’il ne saurait justifier des prix aussi prohibitifs même si ce propriétaire peut invoquer la loi de l’offre et de la demande. Certes un cru classé est une marchandise mais il ne détient pas qu’une valeur commerciale. C’est aussi une création originale dans la mesure où elle est doublement culturelle, issue d’une terre en même temps que d’une civilisation. « Attention, produit atypique et inclassable, à ne pas mettre entre toutes les mains. » C’est une mise en garde qu’on pourrait afficher sur des panneaux au milieu du vignoble »

574948462.jpgDeux hommes viennent de mourir, peu connus du grand public : Hubert Nyssen et Guy Dejouany. Le premier a créé en 1968, avec sa seconde épouse, au Paradou, dans la vallée de Baux, à quelques kilomètres d’Arles une association : l’Atelier de cartographie thématique et statistique (Actes). « Il commence par l’écriture » puis il passe ensuite à l’édition avec les fameux petits livres 10x19 d’Actes Sud et leurs couvertures dessinées par son épouse Christine le Bœuf. « Mais Hubert Nyssen n’aurait pu imaginer que, trente ans plus tard, sa maison sortirait 500 nouveautés par an, aurait un catalogue très international de quelques 9600 titres. » note Josyane Savigneau dans le Monde. Grâce à lui j’ai pu découvrir Nina Berberova, Paul Auster, Don De Lillo et bien d’autres…


Créateur donc, mais contrairement à beaucoup de ceux qui ont mené une grande aventure personnelle, il a su transmettre. Depuis 2000 il s’est progressivement retiré de l’activité éditoriale en confiant la direction d’Actes Sud à sa fille Françoise. « Il a su accompagner ses désirs de développement, et ceux de son mari, Jean-Paul Capitani : le siège d’Actes Sud est devenu aussi une librairie, un restaurant, un hammam, un cinéma. » « Je n’aime pas posséder, capter, j’aime que tout circule… » disait Hubert Nyssen.


Une pleine page dans le Monde pour la disparition d’Hubert Nyssen et presqu’autant pour celle de Guy Dejouany dans les Echos. « Le Sphinx » qui avec les Ambroise Roux à la CGE et Marc Viénot à la Société Générale, a été dans les années 80 un bâtisseur d’empire à la française avec la Compagnie Générale des Eaux. D’une PME spécialisée dans la distribution de l’eau il fit un pilier du CAC : 200 000 salariés, 2000 filiales et 24 milliards d’euros de CA. « On l’a souvent comparé à Mitterrand, pour sa façon de tirer à distance les ficelles entre les hommes, nourrissant les ambitions des uns contre les autres, édifiant un management d’émulation » explique Henri Proglio qui fut l’un de ses vassaux. Dejouany repoussa deux fois l’âge de son départ à la retraite mais rattrapé par le juge Jean-Pierre, il passera la main au désormais célèbre Jean-Marie Messier trente-sept ans, prototype de la tête d’œuf à la française, qui « n’avait jamais rien dirigé d’autres que sa secrétaire… » selon la formule d’un des membres du CA de l’époque. La suite vous la connaissez, c’est la saga calamiteuse de Vivendi-Universal et la chute de J 4M Marie Messier Moi Même…

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Voilà, ce n’était rien que pour vous dire que je n’aime rien tant que les bâtisseurs, les vrais, comme Hubert Nyssen, qui a commencé dans sa bergerie et 20 000 francs de capital. Les autres, les voraces, ce que n’était pas à titre personnel Guy Dejouany, tous ceux qui se contentent de bâtir leur fortune personnelle à coups de stock-options, de rémunérations mirobolantes, de retraites-chapeaux, comme l’était Daniel Bouton, le Président déchu de la Société Générale un grand acheteur de GCC, tout en n’assumant pas leurs choix hasardeux, sont à l’image de nos sociétés où « l’élite » économique et financière des profiteurs. Et qu’on ne vienne pas me rétorquer que je suis de ceux qui n’aiment pas la réussite. Bien au contraire je m’en réjouis toujours lorsqu’elle a valeur d’exemple, lorsqu’elle est le fruit du faire de femmes et d’hommes qui créent, osent, prennent des risques mais savent, à l’heure de la reconnaissance sociale, se souvenir de ce qu’ils ont été.

 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 00:09

Le vin du jour se dénomme 1963  ORIGINE c’est un Bordeaux Supérieur élaboré par Patrick Boudon www.vignoble-boudon.fr C’est un Petit Verdot majoritaire (70%), un vin AB, et pour faire bon poids : un point d’interrogation : pourquoi 1963 ?

Marjolaine-004.JPGComme vous vous en doutez je répondrai à cette question mais il vous faudra patienter car, pour votre taulier, 1963 est un point de bascule important, équidistant de 1958, l’année de ses 10 ans et 1968 celle de ses 20 ans car c’est l’année où il a passé sa première partie de bac (supprimée cette année-là) en série M’ (sciences) et que sa grosse note en français lui a fait choisir la série Philo à l’Institution Amiral Merveilleux du Vigneaux au Sables d’Olonne. Même si ça va faire sourire les djeunes je quittais alors pour la première fois, à la rentrée de septembre, mon patelin natal : la Mothe-Achard. Jusqu’en première en effet je fréquentais l’école d’Agriculture de ND de la forêt située à 500 mètres de la maison de mes parents au Bourg Pailler.


Ainsi, chaque matin et chaque soir nous prenions le car pour rejoindre les Sables d’Olonne, et dans le car y’avait des filles qui elles allaient à Sainte Marie du Port. Les filles donc et, comme vous les savez celles-ci occuperont une place privilégiée dans la vie du taulier. Cependant, au risque de décevoir les égrillards, 1963 fut une année où ma conscience politique commença à lever. En quelques dates ci-dessous des petites graines germaient dans le terreau de la bien-pensance de mon enfance. Irruption aussi de la musique dans mon petit univers.

 

1963 fut donc une année à la fois lourde : assassinat de Kennedy, mort de Jean XXIII, marche des droits civiques, le garrot de Franco et légère : les filles, les Stones, la réconciliation avec les « boches » de pépé Louis, le non de De Gaulle aux anglais… Et pour sourire, si je puis dire : deux tubes Dominique de sœur Sourire et Elle était si jolie d’Alain Barrière à l’Eurovision


14 janvier : Charles de Gaulle rejette la candidature du Royaume-Uni au Marché commun.

 

22 janvier : Signature du traité de l'Élysée d'amitié entre le président français Charles de Gaulle et le chancelier de l'Allemagne fédérale Konrad Adenauer.

 

20 avril : Exécution en Espagne du communiste Julián Grimau.

 

En juin, sortie du premier 45 tours des Rolling Stones, avec, sur la face A, une reprise de Chuck Berry, Come one, et, sur la face B, I want to be loved de Willie Dixon.

 

3 juin : mort du Pape Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli), pape italien (1881).

 

26 juin : Voyage triomphal de John F. Kennedy en Europe et à Berlin, accueilli par une immense foule sur la Rudolph Wilde Platz, il prononce une brève allocution «Ich bin ein Berliner».300px-JFK_speech_lch_bin_ein_berliner_1.jpg

 

10 août : Fingerstips de Stevie Wonder (âgé de 12 ans), est en tête du palmarès international.

 

28 août : Marche vers Washington pour le travail et la liberté, une gigantesque marche pour les droits civiques à Washington (200 000 manifestants) avec le discours de Martin Luther King contre la ségrégation raciale : I have a dream.300px-1963_march_on_washington.jpg

 

22 novembre : Assassinat du président John Fitzgerald Kennedy à Dallas.

 

Alors pourquoi avoir baptisé cette cuvée 1963  ORIGINE?

 

Patrick Boudon : « Origine : intuition, respect de l’homme et de son environnement sont les valeurs qui ont motivé mon père à reconvertir le vignoble à l’agriculture biologique cette année là. Depuis, j’ai l’intime conviction d’avoir mis en place un équilibre essentiel de nature à permettre l’expression la plus pure du raisin. Une belle rencontre entre mon terroir et le vigneron que je suis, à partager avec vous. »

Marjolaine-003.JPGCe 1963  je l’ai dégusté et apprécié à Marjolaine hors la présence de Patrick Boudon. C’est très majoritairement un Petit Verdot (70%) vendange 2008. Comme me l’a dit Patrick Boudon, avec humour, lorsque je suis repassé sur son stand c’est un « vin de garage » : un tout petit nombre de bouteilles.  Du caractère, une force tranquille, vin chaleureux et fruité qui va bien avec ce début d’automne lumineux et un peu frisquet le matin.

Mais bien sur le Vignoble Boudon c’est bien plus que 1963, vin de l’origine : Château Haut-Mallet etDomaine Du Bourdieu, 30 ha de vignes dans l’Entre Deux Mers, produisant en moyenne 150 000 bouteilles par an. www.vignoble-boudon.fr

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Little Stevie Wonder - Fingertips 1964 par essentialme

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 00:09

Cocorico ! C’est à la Une des Echos : La France redevient le premier producteur mondial de vin,link en volume bien sûr. Le directeur de l’OIV Frederico Castelluci le 8 novembre a permis au vin de sortir des pages obscures de la presse spécialisée. Je ne vais pas comme mes chers confrères, y compris bloggeurs, m’en tenir au verbatim de Frederico Castelluci mais tout d’abord mettre en perspective les statistiques volumiques pour que les charmants petits loups et louves qui comptent en quilles apprennent ce que sont les ordres de grandeur ; ensuite je soumettrai à votre sagacité les tableaux de chiffres et les courbes publiées par l’OIV.

 

La production mondiale est stable 2011 : +1% à 269,8 millions d’hl c’est 36 000 000 000 bouteilles de 75 cl (36 milliards soit 5 kils par habitant de la Terre) et 1% de plus c’est 360 millions de bouteilles à siffler en plus.

 

Vertigineux, non !

 

Pour la France la récolte 2011 c’est 49,6 millions d’hl soit +9% de plus et donc en bouteilles : 6 613 000 000 soit un surplus  de bouteilles d’environ 66 millions de cols.

 

Presqu’autant que d’habitants de notre vieux pays va falloir rendre le vin obligatoire pour éponger le surplus.

 

Pour ne pas vous saturer la tronche de gros chiffres je ne recommence pas l’opération pour l’Italie dont la production plonge de 13% à 42,2 millions d’hl.

 

Et pourtant on arrache de la vigne en Europe surtout (cet hiver 2011-12 se terminera la troisième et dernière campagne d’arrachage dans le cadre de la nouvelle OCM vins). 45000 à 50 000 ha devraient donc être rayés du potentiel viticole européen.

 

Dans l’ordre l’Espagne 28 000 ha, l’Italie 9000 ha et la France 6000 ha…

 

Et pourtant la production n’a pas régressée, elle reste stable. Donc la productivité de la vigne européenne augmente. Vive les petits rendements !

 

Du côté de la concurrence la croissance des surfaces plantées dans l’hémisphère Sud et aux USA s’est ralenti, voire a régressée sauf au Chili. Pour les volumes : les USA affichent une baisse de10% à 18,74 millions d’hl, l’AFS est stable avec 9,25 millions d’hl et le Chili explose : +15,5% à 10,6 millions d’hl. L’Argentine 15,5 millions d’hl progresse légèrement et l’Australie 11,86 millions d’hl est stable.

 

France vigneronne : « combien d’hectolitres de vins en Languedoc-Roussillon en 2011 ? » et « en termes de comparaison ça équivaut à quel pays ? »

 

Que de vin, que de vins… Dites-moi comment on vend tout ça, à qui, dans quels pays ?

En termes d’écoulement, le sieur Castelluci table, dans l’hypothèse la plus pessimiste sur 235 millions d’hl et la plus optimiste sur 251,5 millions d’hl…alors que pour 2010 ce fut 243 millions d’hl.

 

Le Monde, qui reste encore une référence,  dans son 4 pages Economie titrait«  La France redevient le premier producteur de vin de la planète et sous-titre : au niveau mondial, la consommation devrait pâtir de la crise économique ». C’est en effet la bonne question car nous ne nageons pas, hormis les bulleurs des GCC, dans une douce euphorie. Après le trou d’air de 2008 et l’embellie de 2010 la consommation va-t-elle de nouveau piquer du nez ?

 

Méfions-nous des effets de focale : la crise de la dette souveraine touche la zone euro et, comme le développement de la consommation se situe hors zone euro, l’actuelle dynamique des exportations françaises devrait se maintenir sauf effet de contagion lié à une propagation de la pression sur les pays endettés, dont la France.

 

Le vrai risque c’est la pression sur les prix liée à la progression des volumes. Ce phénomène est souligné par le directeur de l’OIV « le vrai risque pour les petits producteurs est la grande distribution. Elle représente près de la moitié des ventes en Europe et fait jouer la concurrence pour baisser les prix. » Il clair pour moi que les vins d’entrée de gamme, dont beaucoup d’AOC régionales risquent de souffrir sur leur marché domestiques : France et UE sauf à ce qu’elles trouvent une meilleure sortie sur les pays tiers.

 

Mais tout ça c’est de la grosse cavalerie, du jaja à deux balles, des boutanches qui ne plaisent pas à ceux qui comptent les ventes de bouteilles sur leurs doigts. Cependant, dites-moi les gars et les filles on en fait quoi de toutes ces vignes, de tous ces vignerons ? On arrache leurs vignes  et on les reconvertit ? En quoi dites-moi ? Et puis ceux qui sont dessus on les réorientent vers quoi ? Pas de souci y’a ka… Y’a ka quoi ? Moi je suis assez rase-mottes sur ces questions, faut pas se contenter de me chanter la petite chanson habituelle qui court dans les salons de ceci ou de cela. Quand je dis ça vous savez parfaitement que je n’incrimine pas ceux qui font des petits ou des grands vins d’artisans mais je me contente de poser une question dont on ne peut pas se débarrasser facilement car elle est du genre sparadrap du Pr Tournesol.

 

Notre monde du vin compte tellement de beaux esprits, qui se réunissent à grands frais dans des lieux agréables pour soi-disant réfléchir à l’avenir, produire de l’intelligence, que je suis persuadé qu’ils vont se mobiliser pour y répondre… Tonton pourquoi tu tousses ? Ah, tu as avalé de travers ta dernière gorgée de GCC… Je suis désolé…

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 00:09

 

Avec Jean-Paul Kauffmann nous ne nous croisons que peu souvent, physiquement du moins, mais mon petit doigt me dit que, chaque matin, ou presque,  ça nous arrive. Des liens quoi ! Alors, lorsque le postier a déposé un petit paquet emplit de deux livres dans ma boîte aux lettres, j’ai beaucoup aimé cette réciprocité. Et puis,  il y avait un petit mot sur chaque page de garde, bien plus qu’une dédicace, je vous assure ça encourage.

 

Je commence, en respectant la chronologie, par « Voyage à Bordeaux 1989 » chez Équateurs parallèles. Dans sa postface de JPK écrit que cette période, qui évoque un monde obsolète, celui du début des années 80, voire la fin des années 70, fut celui de sa découverte de l’univers du vin. Il menait, comme je le fais ici, une double vie, en étant rédacteur en chef de l’Amateur de Bordeaux le week-end et journaliste en semaine au Matin de Paris. « C’était mon hobby. En guise de délassement, certains choisissent le rugby, la guitare électrique ou la collection de timbres, moi je passais mon temps dans le Médoc ou à Sauternes, une distraction et non un métier. Je me suis toujours considéré comme un amateur, sans esprit de compétition ou d’autorité. L’amateur ne boit pas pour exhiber son savoir ou son habileté de dégustateur mais pour discerner ce qu’il aime et mieux comprendre sa délectation en se conformant à son propre jugement (…)

 

« J’abordais alors le vin avec une certaine naïveté dans ce moment unique qui précède la connaissance. Je le découvrais en même temps que mes lecteurs, les premiers essais constituant souvent les meilleures leçons (…)

 

« L’époque n’était sans doute pas ingénue, mais elle était plus simple, plus lisible, moins rouée qu’aujourd’hui. Elle se caractérisait surtout par un état mouvant, incertain. Ce champ des possibles avait un côté bon enfant (…)

 

« J’étais enthousiaste. Mon zèle devait attendrir mes interlocuteurs capables de perdre un après-midi dans des dégustations où l’on retraçait l’histoire complète du vin. Nous remontions le sens interdit du temps en goûtant tous les millésimes disponibles, les années moyennes ou franchement médiocres voisinant avec des bouteilles de légende telles que 1928, 1929, 1945, 1947, 1949. Une longue halte marquait le 1961 : « Le premier millésime moderne, le millésime Peynaud.  (…)

 

« J’ai toujours eu un faible pour les sciences inexactes telles que la météorologie, l’économie, sans compter la plus irrationnelle, la science-fiction. Mais de tous ces savoirs improbables, la dégustation reste sans doute le plus fascinant parce qu’il est une herméneutique, c’est-à-dire un art tout d’interprétation. À l’époque, cet exercice n’en était qu’à ses balbutiements. Il reste toujours à mon sens empreint d’une certaine puérilité dans la mesure où, sous couvert d’une description exhaustive, chacun interprète en fonction de ses propres représentations et de ses préférences.

 

Goûter le vin reste néanmoins une excellente école du jugement personnel. Il est aussi un assez bon révélateur de l’individualité. Interpréter ne consiste pas seulement à identifier mais aussi à s’identifier. « Le vin est professeur de goût et, en nous formant à la pratique de l’attention particulière, il est le libérateur de l’esprit et l’illumination de l’intelligence* », à écrit Paul Claudel. La dégustation possède au moins cette vertu qu’elle démasque la nature profonde des êtres. L’arrogance, la rigueur, l’humilité, la poltronnerie, la sagacité, l’opportunisme, la ruse, la cuistrerie, une certaine forme de sagesse (la liste n’est pas exhaustive) s’y découvrent fugitivement. Il suffit d’observer et d’attendre l’instant de l’aveu.

J’ai beau me méfier de l’exercice, je garde de ces dégustations passées un souvenir émerveillé. J’y ai appris le caractère relatif de la connaissance même s’il m’arrive de succomber parfois à la fatuité de celui qui identifie ou devine. »

 

Comme vous le savez je suis un grand amateur de petits livres (j’évoque ici le format bien sûr) que je peux aisément glisser dans la poche de ma veste ou dans mon célèbre sac Pan Am. Ce sont mes livres de soif, légers mais indispensables à ma satiété en tout lieu et en tout temps. Autant mes livres de chevet sont pansus, lourds, intransportables, mes petits livres jaillissent et m’abreuvent dans les salles d’attente bruyantes des aéroports que je fréquente pour aller voir mes vaches ou à la terrasse d’un café tranquille alors que je viens d’attacher mon grand destrier noir à la grille d’un jardin public.

 

« Voyage à Bordeaux 1989 » de Jean-Paul Kauffmann 17x11, 150 g, 150 pages, fut donc ces derniers jours mon compagnon fidèle et discret. Il en a fait des voyages avec moi, sans jamais se plaindre de mes traits de crayon  ni rechigner à se voir manipuler aussi bien dans les airs qu’au fond de la terre (le métro seulement). Mais puisque j’évoquais samedi Bordeaux-Bourgogne je ne puis m’empêcher d’évoquer le fait que, comme lui, ce fut Lalou Bize-Leroy qui m’a appris à aimer le Bourgogne. Comme lui j’ai déjeuné à Auvenay après avoir recollé les morceaux, non du vase de Soissons, mais d’une affaire déclenchée par Henri Nallet Ministre de l’agriculture link Je la vois bien dire à JPK, inflexible, intransigeante, comme elle le fit souvent avec moi qu’elle était perturbée par cette histoire d’assemblage : »Disposer de plusieurs cépages est une manière d’apporter des correctifs. Je suis opposée aux artifices qui permettent le repentir. J’aime cette idée qu’un cépage est une clé, la clé unique qui ouvre un terroir et permet d’en atteindre la vérité et le mystère. »

 

Ce livre a été écrit, dans la maison des Landes que Jean-Paul Kauffmann venait d’acquérir à un « moment périlleux de son existence »,  il y a 22 ans dans la foulée d'un texte qui lui est cher Le Bordeaux retrouvé où il relatait certains épisodes de sa captivité – trois années du 22 mai 1985, son enlèvement à Beyrouth avec Michel Seurat, jusqu’à sa libération le 4 mai 1988 – à travers la métaphore du vin. J’ai donc choisi pour illustrer ma chronique un beau dessin de SERRE. 

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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 02:43

La vie n’est jamais un long fleuve tranquille surtout lorsque vous confiez vos intérêts à un hébergeur sans visage qui tient votre diffusion entre ses mains sans avoir à vous rendre des comptes. C’est gratuit ! Sauf qu’overblog, mon hébergeur, s’est bâti et développé grâce aux ouvriers de la première heure dont je suis. Avec eux c’est pire que le 22 à Asnières : aucun SAV en ligne, c’est ainsi que l’on bidouille nos serveurs, que l’on se justifie à postériori avec des arguments du même tonneau que ceux qui nous sont délivrés dans les aéroports et les gares pour justifier les retards. Bref, depuis dimanche plus aucun message ne part de mon administration, comme d’ailleurs de celle de tous les hébergés d’overblog qui ont des abonnés. Par bonheur, les chroniques se mettent en ligne en temps et en heure et vous pouvez y avoir accès en direct en allant sur www.berthomeau.com . Cependant pour votre confort je fais une tentative nocturne pour que vous puissiez avoir accès aux chroniques qui ne sont pas arrivées jusqu’à vous à l’heure du petit déjeuner.


Si ça fonctionne, bonne lecture et à bientôt sur mes lignes en espérant qu’overblog se ressaisisse sinon je changerai de crèmerie.


1- Paolo Conte : l’idole d’un de mes Ministres est en concert à Paris ce mois-ci link 

 

2 - CHAP 9 : Brigate Rosse, mes années de plomb en Italie, Berlusconi disposait d’un allié en la personne de Bettino Craxi Président du Conseil et Vice-Président de l’Internationale Socialistelink

 

3- Le vin de Claire !link

 

4 - Le Vinjoli à capsule verte : un vin nature qui pète link

 

5 - 1ières Rencontres des Cépages Modestes à Saint Côme d’Olt Aveyron : le plaidoyer de Robert Plageoles la protection des cépages et le retour aux variétés originelles sans greffage link

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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 00:09

Je pensais pouvoir me rendre aux Premières Rencontres des Cépages Modestes qui se sont déroulées les 29 et 30 octobre à Saint Côme d’Olt  en Aveyron mais je n’ai pu le faire pour cause de surrégime. Me reposer un peu fait aussi parti de ce je dois faire. Mon absence était largement compensée par celle de Michel Grisard fidèle lecteur et président du Centre d'Ampélographie Alpine Pierre Galet de Montmélian. Il a beaucoup regretté de ne pas y avoir croisé Sylvie Cadio,  pourtant annoncée, mais il m’a fait un petit compte-rendu et surtout signalé l’intervention de Robert Plageoles www.vins-plageoles.com qui a plaidé, avec son brio habituel, pour que soient menés les « deux combats conjugués de la protection des cépages et le retour aux variétés originelles sans greffage sont essentiels à la survie de la viticulture ancestrale. » Avec l’autorisation de Robert Plageoles je vous la propose chers lecteurs. Merci à lui et bonne lecture. 1233_image3.jpg

                                          photo du site winetourismfrance.com  

« Il y a 25 ans quand dans mes conférences, je prononçais le mot « ampélographie », les yeux des auditeurs s'écarquillaient, signe d'interrogation sur la compréhension du mot ! L'ampélographie : qu'es aco ?

Pierre Galet est né dedans, et je pense à lui lorsque je prononce ce terme on ne peut plus viticole, mais hélas parfaitement ignoré de beaucoup de vignerons, de spécialistes supposés de la vigne et du vin, et surtout des médias !

Ce terme trop difficile pour l'auditeur non averti ne doit pas être utilisé trop souvent, au dire des censeurs de la communication audiovisuelle : c'est trop compliqué ! Alors on se contente de parler du vin - surtout des cépages avec parcimonie, quelquefois du vigneron  et presque jamais de l’ampélographie.

 

Et pourtant…

 

J'ai une pensée pleine de condescendance pour les vedettes des revues et médias, vantant les mérites des vins prestigieux, gloires de notre monde moderne.

 

J'ai une pensée pleine de tristesse pour leur ignorance totale des héros de ces merveilles : les cépages.

 

En effet quel intérêt y a-t-il de savoir que le merlot, cépage Bordelais mondialisé, était considéré avant le 19ème siècle comme un cépage secondaire nommé « crabutet noir » ? Aucun assurément. Il occupe actuellement la 7ème place au classement des cépages dans le monde, couvre 75 régions ou pays différents, soit 200.000 ha !

 

Mais la région Bordelaise a avalé le champion sans états d'âme et seulement magnifié le résultat !

 

La culture du bénéfice financier compte d'avantage que le savoir culturel !

 

Et que dire du pinot « vulgarisé » à l'extrême. Il est cultivé dans près de 150 régions ou pays différents à hauteur de 60 000 ha.

 

Que fait-on des 39 différentes variantes du Pinot dans notre monde viticole ? Sont-elles connues des vignerons ? Que reste-il de leurs valeurs ?

 

L'oubli a bien œuvré, la focalisation sur le vin issu du pinot générique a fait le reste.

 

Il y a quelques années, quand je demandais à certains journalistes parisiens de parler davantage des vins de Gaillac, la réponse était simple : « c'est un vignoble peu connu »

 

Et quand j'insistais sur les cépages millénaires, la réponse était pire : « personne ne les connait ».

 

C'est le chien qui se mord la queue : on ne parle que de ce que l'on connait ! Ce qui ferme définitivement la porte à ce que l'on ne connait pas !

 

La culture à l'envers…

 

Petit à petit les choses changent.

 

Sous la pression de la mondialisation, les réactions de sauvegarde se font plus précises.

 

Quand je suis rentré à Vassal en 1982 grâce à Boursicaut de l'ENSAM de Montpellier, j'ai eu l'impression d'être le premier demandeur de cépages dans le temple de l'ampélographie. Le volume actuel de demandeurs a explosé, les vignerons ne veulent pas mourir écrasés par l'uniformité.

 

Les vignerons, grâce à un juste retour de mémoire, tentent de sauver ce patrimoine fantastique des cépages mis à notre disposition au domaine de Vassal à Marseillan, mais aussi dans tous les conservatoires régionaux qui se sont créés.

 

La réaction est en marche, nos collègues italiens ne sont pas en reste. Lors d'une conférence à Florence, j'ai pu constater qu'ils étaient beaucoup plus actifs que nous, témoin Mastroberardino, vigneron célèbre qui a planté les 11 cépages antiques de Pompei, in situ, dans les mêmes parcelles d'avant la destruction volcanique de la ville !

 

L'Espagne n'est pas en reste.

 

L'Ukraine avec ses domaines autour de la mer Noire, perpétue la protection des cépages locaux, comme son voisin la Géorgie avec les 500 cépages toujours utilisés... et ses techniques de vinification comme les vins Kakheti.

 

N’oublions pas le conservatoire ampélographique de Magaratch en Crimée. Avant l’éclatement de l’URSS, il était le plus important conservatoire du monde.

 

Vassal a relevé le défi. Profitons-en ! D’autant que le conservatoire ayant aiguisé des appétits immobiliers, il a failli disparaitre. Devant les attaques par voie de presse de quelques vignerons défenseurs d’un exceptionnel patrimoine mondial, l’heureux propriétaire des 25 hectares du conservatoire (un champenois) a reculé et revu ses ambitions destructrices.

 

A nous maintenant, avec l’lNRA de Montpellier, de jouer et de perpétuer cette collection unique mise en place depuis plus de cinquante ans, grâce notamment aux travaux de Pierre Galet !

 

Galet, l’homme providentiel déjà reconnu mondialement, ne sera jamais assez remercié pour tout ce qu’il a fait et qu’il fait encore pour cette science presque oubliée des modernes : l’ampélographie.

 

Et cet homme exceptionnel, révélateur des efforts et essais des vignerons de notre « vieux monde », depuis plus de 10.000 ans, mérite non seulement le respect dû à un savant, mais rend absolument indispensable la lutte que nous devons mener contre l’oubli de milliers de cépages.

 

Restons vigilants contre les tentatives de nos élites technocratiques tentées de normaliser ce que l’homme a créé !

 

Soyons respectueux de toutes ces créations, de toutes ces merveilles variétales, et protégeons ces acquis dus à l’intelligence et à la patience des hommes.

 

Je l’ai écrit, dit et proclamé de nombreuses fois : « ll n’y a pas de mauvais cépages, il n’y a que de mauvais vignerons ».

 

Toutes ces identités créées par l’homme enrichissent notre patrimoine viticole et en même

temps notre patrimoine culturel.

 

Nous devons, comme les « compagnons du devoir » dans d’autres disciplines, protéger les acquis de nos ancêtres.

 

Demain sera difficile. La mondialisation se précise. Celle des cépages aussi.

 

Difficile de ne pas penser à la Chine, marché viticole de demain. Quelques chiffres :

- en 2000, Production : 2 millions d’hectolitres

- en 2005, Production : 5 millions d’hectolitres

- pour 2020, Production prévue : 25 millions d’hectolitres.

 

Dans une production mondiale de 280 millions d’hectolitres, la Chine en 2020 atteindra presque 10 % de cette production !

 

L’Inde arrive elle aussi, à toute allure, dans cette compétition mondiale ! De quoi donner le vertige a l’Europe !

 

Dans cette évolution se glissent dangereusement les cépages principaux des régions les plus réputées de France.

 

Cette mondialisation des cépages, dans ces puissances économiques que sont la Chine - et l’Inde bientôt - représente un danger mortel pour notre ampélographie traditionnelle.

 

ll nous reste heureusement de nombreuses variétés solides et de qualité exceptionnelle pour lutter contre cette vulgarisation des gouts et des saveurs.

 

Nos originalités régionales y pourvoiront sans complexes et sans difficultés. La vieille Europe (au sens large du terme) a une multitude de ressources et beaucoup d’imagination.

 

Je ne voudrai pas terminer mon exposé sans dire un mot sur le plus grand drame viticole de la planète : le phylloxera !

 

En trois phrases :

- il a tué la mémoire mondiale des cépages,

- il a, par le greffage sur plants américains pour le combattre, dénaturé l’identité des cépages originels :

- il faut, le plus vite possible, revenir à l’origine de la vigne avant le phylloxéra.

 

C’est l’héritage que nous devons laisser aux jeunes générations de vignerons.

 

Dès l’apparition de la maladie, les hommes ont œuvré pour résister aux attaques du phylloxéra. Dans de nombreuses régions viticoles vers les années 1890-95 des expériences de lutte chimique avaient démontré que l’on pouvait combattre l’insecte.

 

Malheureusement, la formule de greffage a stoppé les recherches.

 

Tous ceux ou celles qui ont eu le bonheur de goûter des vins issus de vignes pré-phylloxériques ont pu constater l’écart de qualité et d’originalité avec les vins issus des vignes greffées.

 

Rien n’est impossible : les deux combats conjugués de la protection des cépages et le retour aux variétés originelles sans greffage sont essentiels à la survie de la viticulture ancestrale.

 

Ceux qui doutent sont condamnés, à plus ou moins long terme, à subir la loi de la technologie galopante de la vinification et l’uniformisation des vins de la planète, et en complément la disparition des vignerons amoureux de leur métier. »

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 00:09

Bordeaux-Bourgogne, la grande guerre du vin français : Bordeaux ou Bourgogne? Puissance ou élégance? Les deux régions attisent les passions. Mike Steinberger*  link écrivait dans une chronique « un aficionado anonyme (cité dans le livre de Jean-Robert Pitte, «Bordeaux-Bourgogne. Les passions rivales»; Hachette Littératures) résume parfaitement les choses: «Le Bordeaux fait pisser, le Bourgogne fait bander». On ne saurait mieux dire. Mais ma passion pour le Bourgogne n'est pas qu'une affaire de goût (ou de sexe): c'est aussi une question d'idéal. Le Bourgogne et sa culture agricole sans prétention représente tout ce que j'attends du vin; le Bordeaux — plus que jamais le monde de l'entreprise, du marketing et du luxe clinquant - représente tout ce que je refuse qu'il devienne. En Bourgogne, le vin reste le vin; dans le Bordelais, le vin n'est plus qu'un chiffre. »

 

Comme vous vous en doutez je ne vais pas à mon tour sucer la roue de l’immense Pr Pitte en enfourchant une haridelle ou tomber dans la facilité. Ce n’est pas mon genre de beauté. Donc, avec l’esprit d’escalier qui me caractérise  ce matin je prends tout ce beau monde à contrepied en vous mettant au parfum de la guerre qui a opposé les vins de Bourgogne et de Champagne et ainsi amorcer deux chroniques où une plume talentueuse vous contera ses voyages en Champagne et à Bordeaux. Vous n’y comprenez goutte ! Peu importe, lisez et savourez !

 

* chronique berthomesque  link

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 00:09

Comme prévu voici un extrait de l’excellent ouvrage d’Eugen Weber « La fin des terroirs » chez Pluriel dont je vous parlais hier. Il concerne le vin. Prenez le temps de le lire car il évoque un temps pas si lointain : la fin du XIXe siècle qui permet de mieux comprendre l’ouverture de la séquence que je qualifierais « du gros rouge national », la fameuse « boisson totem »  de Roland Barthes dans Mythologies qui après son apogée entre les deux guerres entamera son déclin au détour des années 70 pour sombrer lentement jusqu’à la fin du XXe siècle. L’irruption des vins de cépages de grand volume ne sera qu’une pure substitution dans un autre univers. Bonne lecture !

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« Il reste à examiner un autre symbole du changement : le vin. Une fête sans lui serait incomplète ; et le vin, tout comme la viande, fut pour les paysans l’un des fruits de la modernisation, un don de la Troisième République. Quand Adolphe Blanqui effectua son enquête en 1850, les trois cinquième de la population n’en consommaient pas. On se plaignait certes beaucoup de l’ivrognerie, mais il s’agissait d’eau-de-vie, non de vin. Très bon marché, l’alcool distillé localement était un produit des mauvaises conditions de transport ; on en but moins dès que les communications s’améliorèrent. Il y avait une autre source d’ivrognerie : le manque de familiarité avec les liquides que l’on ingurgitait. Les Bretons, par exemple, acquirent très tôt dans toute la France la réputation d’alcooliques abrutis. Mais les observateurs impartiaux attribuaient leur penchant pour l’ivresse, moins aux quantités qu’ils pouvaient boire qu’à leur inexpérience. Les paysans bretons, observe Olivier Perrin en 1835, buvaient chez eux presque toujours de l’eau ; même quand ils avaient du cidre, ils le gardaient pour la vente et n’en buvaient eux-mêmes qu’en de très rare occasions. Si bien qu’un pèlerinage ou un voyage en ville constituaient inévitablement une source de troubles. Maxime le Camp a confirmé cette observation : il déplorait que les hommes qui avaient bu fussent incapables de se conduire correctement pendant un pèlerinage auquel il s’était rendu. De fait, tout indique que dans les années 1860, la plupart des paysans buvaient fort peu de vin, ou pas du tout. Dans la Nièvre, ils en prenaient peut-être deux fois par an, au carnaval et à la fin de la moisson. Il en allait de même dans le Sud-Ouest, où, dans les années 1850, le vin était un luxe, un produit rare et « hautement prisé par les paysans comme une boisson de choix ». Selon ce qu’ils pouvaient se procurer, les paysans buvaient de la « piquette », faite avec de l’eau versée sur les peaux des raisins que ceux-ci étaient pressés ; du cidre, généralement mauvais, surtout quand il était préparé avec les mêmes pressoirs que ceux utilisés pour l’huile ; du cidre de poire ; des boissons fermentées à base de cerises ou de baies ; et, plus rarement, de la bière, laquelle restait une boisson bourgeoise. Et naturellement de l’eau.

La consommation abondante et habituelle de l’alcool était limitées aux régions quoi manquaient de commodité de transport, et où les tonneaux, peu nombreux, devaient être vidés avant d’être à nouveau remplis avec le produit d’une nouvelle récolte. Comme nous l’avons vu, le manque de communication pesait également lourdement sur la production de l’alcool de vin ou de pomme, mais même dans ce cas (comme avec le calvados du pays d’Auge), l’ « eau de feu » était réservée aux fêtes – en tout cas jusqu’à la fin du siècle. Pour la même raison, la majeure partie du vin produit dans certaines régions, comme à Argenteuil (Val d’Oise), était consommée localement. Il ne restait cependant accessible qu’à un petit nombre. Comme le rapportait en 1861 le commissaire de police de Bessines (Haute-Vienne) : »Peu d’habitués, parce que les boissons sont chères. »

Leur prix était encore augmenté par les taxes imposées par les autorités, qui voyaient d’un œil très sévère la consommation d’alcool, particulièrement dans les lieux publics. Le débit de boissons du village – une maison comme les autres, qui se distinguait seulement par une botte de houx ou de genévrier, voire même par du foin ( le « bouchon », qui maintenant signifie taverne) – avait mauvaise presse dans les documents officiels. Source de laxisme moral, de cabales politiques, de complots et de mauvais agissements contre les voisins et les personnalités publiques, le débit de boissons, quel que fût son nom (auberge, cabaret, buvette), était soumis à des lois, des règlements et des contrôles de police (quand il y avait une police), mais on ne pouvait pas le supprimer. Unique consolation d’une routine misérable, possibilité de s’évader des impossibles conditions de vie domestiques, principal lieu de rassemblement du village (ou lieu de réunion pour les divers clans), il était irremplaçable. Selon des sources indirectes, cependant, il semble que les rapports officiels concernaient essentiellement les petites viles, et que, pendant la majeure partie du XIXe siècle, dans la plupart des villages, la population rurale n’avait ni le temps, ni les moyens (ni donc l’envie) de s’adonner à la boisson. On buvait les jours fériés. Le fait que la plupart des chansons à boire se chantent en français et s’apprenaient au cours du service militaire indique que la consommation de boisson était peu répandue localement, et que pour une grande part, le vin ne s’est généralisé qu’avec l’instauration du service militaire universel en 1889. Il ne s’agit cependant pas de nier, bien sûr, la libéralisation du commerce du vin après 1880, cadeau de la IIIe République à ses partisans les plus fidèles.

En même temps que la consommation publique du vin fut encouragée, il en alla de même pour sa consommation privée. En 1869, beaucoup de paysans pouvaient se vanter d’avoir un « tonneau en cave » qu’ils ouvraient les jours de fête. Les chemins de fer apportèrent le vin dans des régions où son prix avait été longtemps prohibitif. Dans les années 1890, sur les plateaux de l’Aveyron, les paysans, autrefois sans lien avec l’extérieur, buvaient du vin. Dans d’autres régions pauvres, comme le Limousin et les Landes, on se mit à boire du vin à l’époque de la fenaison et de la moisson ; et s’enivrer en compagnie n’était plus réservé aux grands jours de fête. Et les mêmes chemins de fer qui apportaient le vin dans les régions isolées permettaient d’utiliser les terres au mieux de leur capacité spécifiques : ils permettaient la spécialisation, et par voie de conséquence la disparition d’un vin si mauvais que les paysans affirmaient qu’il fallait trois hommes pour l’avaler : celui qui le buvait, celui qui le faisait boire et celui qui le soutenait. »

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