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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 00:04

Mon espace de liberté doit à Stéphane Toutoundji une série de chroniques qui ont eu un beau succès d’audience « les 3 mêmes questions à des œnologues »*. En effet dans le cours de 2008, mon ami César Compadre de Sud-Ouest m’avait confié « vous qui aimez les gens qui n’utilisent pas la langue de bois vous devriez interroger Stéphane Toutoundji… » Lorsque j’avais lancé ma première bordée de questions Stéphane Toutoundji m’avait donné un accord rapide et enthousiaste http://www.berthomeau.com/article-24114255.html. Instruit de cette expérience je lui ai demandé à nouveau de s’exprimer, sans détour, sur la cérémonie des Primeurs de Bordeaux et tout particulièrement celle de 2009 qui a fait ces jours derniers l’objet de chroniques aussi diverses que variées (les mauvais esprits, je sais, pourront ainsi s’amuser avec ce dernier qualificatif). Même célérité et même disponibilité : l’entretien est dense et vivant. Merci à vous Stéphane Toutoundji de venir ainsi quelques minutes sur mes lignes.

 stephane-20toutoundji.jpg

JB : André Lurton, la statue du Commandeur, dans un livre d’entretien avec Gilles Berdin « allume » gentiment les dégustations des primeurs : « erreur technique... belle opération de relations publiques parce qu’elles drainent une foule de curieux... ce n’est pas la meilleure chose que le bordelais ait pu inventer... c’est une aberration. Vous avez des milliers de types qui viennent courir la nature et qui, à 80% n’y comprennent rien. Ils s’en mettent plein la bouche, ont la langue rouge et s’en vont d’un cru à l’autre en faisant leur commentaire... » Je fais partie des 80%, et j’y suis allé, alors Stéphane Toutoundji rassurez-moi.

 

ST : Pour commencer, deux petits remarques par rapport aux propos d’André Lurton que je ne connais pas personnellement mais pour qui j’ai le plus grand respect a en partie raison. Cette dégustation des primeurs est en effet une erreur  technique car elle arrive trop tôt dans la vie du vin. Les vins se goûtent en effet beaucoup mieux au mois de juin car le temps a fait son œuvre et les produits sont plus présentables et correspondent mieux au produit final. Nous nous en apercevons les années où Vinexpo a lieu à Bordeaux, les vins sont toujours meilleurs en juin surtout les années de qualité moyenne. Par contre, je pense que  les dégustateurs qui viennent à Bordeaux pour la semaine des primeurs sont de plus en plus professionnels. La crise est passée par là et le business s’est assaini. Les commentaires y vont toujours bon train mais personne ne peut l’empêcher.

 

JB : Je suis rassuré mais reste le ballet des prix, ce jeu subtil de la place de Bordeaux auquel le pékin ordinaire ne comprend goutte et où un « grand spécialiste »comme moi n’y retrouve pas ses chats. Expliquez-moi ? Expliquez-nous ? Comment se fait-il que, contrairement à l’univers de la mode où la haute couture constitue une fantastique locomotive de toutes les déclinaisons du prêt-à-porter et des produits dérivés, les GCC de Bordeaux, qui se meuvent eux aussi dans l’univers du luxe, ne semblent pas jouer ce rôle ? Drôle de place, si je puis m’exprimer ainsi !

 

ST : La dégustation des primeurs est la grande messe annuelle bordelaise où des acheteurs venus du monde entier se retrouvent affublés d’un petit badge avec leur nom et leur qualité non pas humaine mais professionnelle pour goûter des centaines d’échantillons pendant quatre jours avec comme arme leurs palais, un verre et pour certains leur ordinateur. Vous me direz des échantillons de quoi ? Des échantillons du bébé de l’année qui n’a que six mois, mais qui est souvent très rouge ou très boisé ou les deux  qui se dégustent dans des châteaux tous plus accueillants les uns que les autres. Dans chaque lieu les propriétés sont regroupées par appellation et chaque château a sa table avec l’échantillon de l’année. C’est un ballet incessant entre les crachoirs et les tables et les rencontres dans ces lieux sont nombreuses, courtiers, négociants, journalistes etc. Plus vous êtes important dans le business, plus vous êtes sollicités pour des déjeuners ou des dîners dans des châteaux au nom magique où peu de monde a accès .La semaine se finit ainsi avec quelques kilos en plus et l’impression pour certains de faire partie de la jet set du vin. Tous les acteurs rentrent dans leurs pays respectifs en étant vaccinés ou pas au Bordeaux de l’année.

 

JB : C’est alors que tout commence. Le grand suspens, l’insoutenable attente qui tient tous les acteurs et les spectateurs en haleine.

 

ST : Oui, les propriétés attendent  les notes des journalistes et surtout celles de Monsieur Parker et  la campagne primeurs peut commencer. C’est un système commercial totalement archaïque mais qui fonctionne. Je vais tenter de vous l’expliquer : chaque château produit un nombre  de bouteilles par an converti en nombre de caisses pour le monde entier. Le propriétaire s’appuie sur un ou plusieurs courtiers qui sont les intermédiaires entre la propriété et le négoce de la place de Bordeaux. Chaque château va proposer un nombre de caisses aux négociants clients à un prix donné. Ensuite le négociant va pouvoir proposer ce nombre de caisses à ses clients du monde entier en respectant parfois quelques restrictions de la propriété (par exemple : desideratas de la propriété par rapport à un background de commercialisation…). Le courtier touche une commission sur le bordereau signé entre le château et le négociant. Les négociants vont quand à eux payer les vins en deux ou trois fois jusqu’à la livraison  selon des termes définis avec la propriété. Toutes ces transactions sont virtuelles car le vin ne quitte pas le cuvier et  les clients revendent ensuite à leurs clients particuliers qui recevront leurs caisses deux années plus tard. Vous voyez, c’est simple ! La propriété sort en primeurs et les vins restent disponibles à la vente pendant une période donnée par le propriétaire (un mois par exemple) et  la campagne est close même si le château n’a pas vendu tous ces vins. Il faut bien comprendre que ces ventes en primeurs jouent sur la rareté des produits, le signal envoyé dans le monde entier est fort et clair : si vous voulez du Château X, vous ne pouvez l’acquérir qu’en primeurs.

 

JB : Belle mécanique mais comment se fait-il que, contrairement à l’univers de la mode où la haute couture constitue une fantastique locomotive de toutes les déclinaisons du prêt-à-porter et des produits dérivés, les GCC de Bordeaux, qui se meuvent eux aussi dans l’univers du luxe, ne semblent pas jouer ce rôle ? Drôle de place, si je puis m’exprimer ainsi !

 

ST : Cela marche pour certains et moins bien pour d’autres. Et malheureusement cela n’aide en rien la majorité des vins de Bordeaux qui traversent une crise sans précédent. Pourquoi ? Tout simplement parce que les grands crus bordelais font rêver le monde entier et c’est devenu un luxe de pouvoir boire ces vins qui représentent tout au plus 5% du volume annuel produit à Bordeaux. Les autres vins sont en concurrence avec tous les autres vins du monde et là, le bas blesse. Ce système de négoce de place très traditionnel épaulé par le courtage n’a pas su ou pas voulu s’adapter au business moderne de la vente et du marketing : pas de vins de marque représentatif en volume et pas de vrai travail de démarche commerciale pour les autres vins de Bordeaux. C’est plus facile de vendre trois caisses d’un premier cru du médoc qu’un camion d’un Bordeaux générique. En quelque sorte, le négoce ne joue plus son rôle, et si en plus vous rajoutez une qualité parfois moyenne des vins, vous comprendrez aisément que la crise soit là sur le Bordelais depuis des années. Il y a une vraie rupture entre les grands crus et les autres vins car les uns sont soumis à un marché de la demande et les autres au marché de l’offre. Et l’offre au niveau mondial est pléthorique avec une consommation mondiale inférieure à la production. 

 

JB : Revenons à Fabulous 2009, n’en jetez plus, c’est un dithyrambe, des lauriers, des superlatifs, va-t-on encore nous faire le coup du millésime du siècle, pour moi qui ne suis qu’un rationo-rationnel, rien qu’un chroniqueur assez faiblement dégustateur, dites-moi vous, homme de l’art, quels sont les éléments objectifs qui fondent ce jugement globalement positif du grand millésime 2009 ?

 

ST : Le 2009 est un très grand millésime .La notion de millésime à Bordeaux prête toujours à sourire car le coup du millésime du siècle revient de temps en temps. Mais ce millésime est particulier car il a tout. Il est bon depuis le début et présente un côté sexy jamais vu sur Bordeaux .La réussite d’un grand vin passe par un équilibre parfait entre plusieurs composants : l’alcool, les anthocyanes, les tanins, l’acidité, le ph, le dosage du bois etc., etc. En 2003 par exemple l’alcool était élevé comme cette année mais l’acidité totale des vins était basse, cela a donné des vins déséquilibrés. La production d’un grand millésime à la latitude bordelaise est liée à la climatologie en premier lieu car le vin se fait avec du raisin. Le cycle végétatif doit être parfait du mois d’avril au mois d’octobre avec de l’eau quand il faut, du soleil au bon moment et ainsi de suite.  2009 est de ces millésimes là, la nature nous a offert des raisins parfaits et le travail de l’homme a fait le reste. Ce millésime est riche en alcool mais cela ne se sent pas dans la dégustation, question d’équilibre, le fruit est magique, présent depuis les premiers remontages, tenace, puissant, magnifique et le boisé se fond à merveille avec les tanins. Tout est là, parfaitement à sa place, et c’est en cela que ce millésime est merveilleux, presque irréel.

JB : Même si je ne suis ni acheteur, ni critique, mais un petit chroniqueur de la Toile une question me démange, alors je l’ai gardée pour la fin : « L’œnologue moderne qui va du cep au rayon, est-il aussi, comme ironise André Lurton, un grand préparateur d’échantillons pour la dégustation ? Livrez-moi le fond de votre cœur Stéphane Toutoundji ? »

 

ST : Reste la grande question de la préparation des échantillons  .L’œnologue fait son travail et met en place des process techniques adaptés à la présentation des vins en primeurs : la fermentation en barrique intégrale en est le dernier exemple. Les raisins sont placés dans une barrique où les deux fermentations alcooliques et malolactiques vont se dérouler. Les vins seront ainsi plus faciles à déguster au mois d’avril. Si les primeurs avaient lieu plus tard, ce genre de travail ne serait pas nécessaire.

Comme un nez en parfum, nous disposons dans les chais  pour les assemblages de plusieurs lots de vins issus de différents cépages et de plusieurs tonneliers avec des barriques différentes. Pour la dégustation primeurs, il faut proposer un échantillon qui se goûte de la meilleure manière à un instant t, comme une photo. Il y a de plus en plus de sérieux dans les chais et l’enjeu est tel de nos jours que les exagérations n’existent plus trop. Cela fait partie de notre métier, cet exercice a rendu un confrère riche et célèbre, certains ont le talent pour le faire, mais ce talent ne sert pas uniquement pour cela, le don va servir aussi à l’assemblage final et  à toutes les décisions importantes de la vie du vin. Donc il n’y a rien de choquant à aider un peu la présentation d’un vin par un boisé plus discret ou plus marqué tant que les lots viennent du château et que l’assemblage final respectera les quantités. Mais, les acheteurs et le marché goûtent et regoûtent les vins et cet auto contrôle est fiable. 

 

* Pour lire ou relire  Les 3 mêmes Questions à :

 

- Stéphane Derenoncourt http://www.berthomeau.com/article-24738275.html

- Laurent Dulau http://www.berthomeau.com/article-26140762.html  

- Sophie Pallas http://www.berthomeau.com/article-23994499.html

- Denis Dubourdieu http://www.berthomeau.com/article-24542920.html

- Marc et Matthieu Dubernet http://www.berthomeau.com/article-24785463.html

- Patrick Léon http://www.berthomeau.com/article-25327671.html

- Thierry Gasco http://www.berthomeau.com/article-25671909.html

- Bruno Kessler http://www.berthomeau.com/article-26876709.html

- Olivier Nasles http://www.berthomeau.com/article-24076130.html

- Alain Gayda http://www.berthomeau.com/article-25069239.html

- Guy-Henri Azam http://www.berthomeau.com/article-24469781.html

 

 

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 00:09

Cette splendide interrogation émane de Claude Gudin, qui a été jardinier, ingénieur et docteur en biologie végétale et qui, sans contestation, est lui bien pourvu d’un solide sens de l’humour. Son dernier opus « Une histoire naturelle des sens » au Seuil science ouverte en témoigne, on peut traiter des sujets sérieux avec érudition et ne pas se priver de faire sourire : « l’olfaction ou l’odorat qui permet de pouvoir sentir l’autre même si on ne peut pas le voir » « on en a décelé chez les perches, ces gentils poissons qui inventent la fellation » « le nectar, ce jus sucré produit par la fleur en rut » « le Christ avait-il du poil aux pattes ? » Et dire que cet homme est passé par l'Institut national de la recherche agronomique, certes pour en sortir pour aller chez BP puis au CEA ! Son livre est un vrai petit bijou à lire absolument par les « longs nez et les gorges profondes » du vin.

 

Je m’en tiendrai à un petit morceau de son épilogue et à une critique du chapitre qui concerne justement les « longs nez et les gorges profondes » du vin.

 

Épilogue (extrait)

« Conclure eût été difficile, résumer pas facile ; il m’a semblé qu’avec les sens, il y avait matière à épiloguer. En ce sens, les cinq sens nous ouvrent les pistes que le cerveau a explorées, suivies, défrichant au passage son environnement pour le transformer par la culture dans les deux sens du mot.

N’est-ce pas par exemple en suivant les pistes de nos papilles, celles du salé, du sucré, de l’acide, de l’amer, que nous avons construit le jardin planétaire où nous logeons ?

Cette recherche de nourriture idéale, compatible avec le programme génétique de nos papilles, nous a amenés à créer des monstres au milieu desquels nous vivons aujourd’hui en leur donnant le nom de nature. Sauf à de rares exceptions où la nature peut encore être considérée comme sauvage, celle qui nous entoure est plantée, jardinée, et sent la sueur et la matière grise de l’homme, tout comme une cathédrale gothique ou un viaduc.

Depuis le néolithique, nous avons hybridé, cloné, greffé, bouturé, pollinisé, fait voyager les espèces d’un continent à l’autre en modifiant profondément leur génétique, doublant, quadruplant ou plus leur nombre de chromosomes pour en faire des géants ou des nains, des gros ou des maigres. Ainsi sont les arbres qui nous entourent, les fruits et les légumes que nous consommons. Quant aux animaux, inutile d’épiloguer longtemps, l’homme a manipulé génétiquement ce qui, sans lui, aurait pu s’appeler nature pour satisfaire les besoins que lui révèlent ses sens. À une époque où le « tout écologique », il est bon de le rappeler. »

 

Ma critique :

Le constat initial : « Le goût du vin ne va pas de soi et les enfants en général ne l’apprécient pas spontanément. Il faut une véritable éducation pour y avoir accès, celle des papilles pas encore très familiarisées avec l’âpreté des tanins, et surtout celle des parents et de l’environnement social. Cela demande un vrai rituel d’initiation, au moment du passage à la majorité. Rien n’est plus socialisé et moralisé que le goût du vin, et ce vraisemblablement depuis les débuts de l’humanité. » ne me pose aucun souci. En revanche, le creuset culturel dans lequel l’enfant baignerait et qui ferait du vin à l’âge adulte une boisson incontournable relève d’une vision un peu daté. Quand à affirmer « qu’il ne suffit pas de boire du vin pour l’apprécier » c’est vraiment sacrifier à la pensée dominante chez cette « élite » dont Claude Gudin parle. Je le cite : « Une véritable élite, celle des « taste vin », a dressé et entraîné les papilles, le palais et la vue. Elle est à l’origine de l’art de goûter et de définir les qualités et les défauts du vin. Un tel expert sera capable par le goût de déceler l’origine du cru, le cépage, l’emplacement du vignoble, l’année du vin, tout en qualifiant par sa couleur, son odeur, sa tenue en verre et en bouche, identifiant son degré d’alcool, ses tanins et bien d’autres éléments qui nécessiteraient des analyses de laboratoire souvent moins performantes que les papilles du goûteur. Cela suppose une culture d’œnologue. L’amateur éclairé va évaluer la constitution générale du vin, son corps, sa robe, en examinant le verre, puis flairer lentement le contenu et le faire danser en tournant pour en libérer le bouquet. Ensuite, les yeux clos, concentré sur sa synthèse visuelle et odorante, il va boire plusieurs petites gorgées. La première baigne la langue et frôle le palis, puis elle est ramenée près des lèvres afin d’y être aérée. On aspire un peu d’air et on le fait siffler dans le vin. À partir de là, le goûteur va décliner les qualificatifs du corps (capiteux, nerveux, généreux, etc.), de la couleur (vif, dépouillé, scintillant, etc.), du moelleux (tendre, velouté, souple, etc.), du bouquet (affriolant, séducteur, sensuel...). Voilà ce qu’il est possible de faire et d’apprendre avec nos dix mille papilles si elles sont bien dressées pour apprécier un vieux Châteauneuf-du-Pape. »

 

En dehors du côté chien savant de ce dressage des papilles, vous avez oublié cher Claude Gudin dans la capacité de cette aristocratie à tout deviner avec leurs 5 sens : l’âge du vigneron après lecture de l’étiquette. En effet, fort peu de ces « longs nez et gorges profondes » se privent de cette indication pour nourrir leur jugement. Bien évidemment je ne conteste pas l’existence de ces amateurs éclairés, de ces professionnels, qui ne sont pas pour autant des œnologues mais plutôt des œnophiles ou tout bêtement des négociants ou des acheteurs, mais je suis plus que réservé dans leur capacité à éduquer le plus grand nombre et surtout à participer à la transmission du goût du vin vers les jeunes générations. Celle-ci se fait d’élite ancienne à une nouvelle élite, en grande consanguinité, le tout venant est rejeté dans les ténèbres extérieures. Bien plus, cette élitisation de la consommation du vin constitue même un repoussoir très puissant. Enfin, cette vision, très concours du meilleur sommelier du monde, est fort éloigné d’un des ressorts puissants de l’acquisition du goût du vin : le simple plaisir du partage entre amis, copains et copines, sur une terrasse de café, pour une petite bouffe au resto, pour le pot de départ de Ginette ou le mariage de Paulette avec Fredo. J’aurais du écrire l’arrivée de Vanessa à l’agence ou le Pacs de Mickey et de Karim.

 

Ma légère ironie à son endroit ne doit pas pour autant vous décourager de dévorer « Une histoire naturelle des sens »  de Claude Gudin   par ailleurs auteur d’une « Histoire naturelle de la séduction » toujours au Seuil « La nature fait souvent de jolis pieds de nez à la culture. Quelle différence entre le flamant qui déclare sa flamme en rose à la femelle et l'amoureux transi qui offre un bouquet de fleurs (une gerbe de sexes en rut) à la dame qu'il convoite ? Quelle différence entre le sac en crocodile qu'on offre en cadeau et la mouche enveloppée de soie offerte par Monsieur araignée ? Quelle différence entre la danse de l'aigrette mâle et celle de la dame des Folies-Bergère avec ses plumes d'aigrette pour séduire les banquiers ? Quelle différence entre l'oiseau-jardinier de Nouvelle-Guinée qui construit une cabane puis la peint en bleu pour y attirer la femelle et le paysagiste amoureux qui fait un jardin pour l'élue de son cœur ? Avec la séduction, il y a du travail pour tout le monde. »

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 00:06

Même si je commence à provoquer de l’urticaire chez les anti-Parker primaires je persiste et je signe en abordant ce matin le côté lumineux de la Force – j’adore grâce à Martin mon petit fils Dark Vador qui est classé 3ième des 100 plus grands méchants de l’histoire du cinéma par l’American Film Institute après Hannibal Lecter (le Silence des Agneaux Antony Hopkins) et Norman Bates (Psychose Anthony Perkins).

 

Oui, j’ose l’écrire, lorsque le Bob Parker, dans sa liste de ses 486 élus à sa si attendue notation du millésime 2009, inclus des « sans grades », des vignerons du Bordeaux du bas, moi, que voulez-vous, ça me met en joie. Qui plus est, lorsque ceux-ci ne lui ont fait ni ronds de jambes, ni génuflexions pour qu’il vint opérer son auguste dégustation. C’est beau comme un jeu dont on connaît et accepte les règles sans pour autant vendre son âme « au côté obscur de la Force ». Comment voulez-vous qu’il n’en fut pas ainsi puisqu’Hélène et David Barrault viennent à nouveau d’obtenir une belle note pour « La Côte du Château Tire Pé ». Que voulez-vous je suis ainsi fait j’adore le mélange des genres qui casse l’uniformité froide des clichés glacés type Maisons&Jardins, je raffole des espaces ouverts sans porte ni cloison, j’aime les rencontres improbables, celles qui font des étincelles, celles qui brisent les lignes, celles qui raccordent des mondes.

 

Pour moi rien n’est plus excitant que la contradiction, les miennes d’abord – j’ose l’écrire : parfois je me demande si je suis toujours bien d’accord avec moi-même – mais aussi et surtout les vôtres. Rien n’est plus triste qu’un monde de consensus mou qui n’accouche que de l’immobilisme. Se confronter c’est sortir de sa citadelle, de sa chapelle, de sa tribu, où, entre-soi, on se congratule, on se conforte dans la détestation de ceux d’en face, on refait le monde en respirant un air bien confiné. Se frotter à l’autre, aux autres, c’est apprendre à se connaître soi-même. Le fameux « L’enfer c’est les autres » de Sartre, contrairement à l’interprétation qui en est faites, ne dit rien d’autre. « Les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. »

 

Je m’égare me direz-vous. Pas autant que cela : lorsque qu’Hervé Bizeul me taxe d’ignorer les pauvres je lui réponds avec vigueur sans le classer dans les infréquentables ; lorsque j’hérisse Bernard en chroniquant sur Nicolas Joly je n’en deviens pas pour autant un adorateur des thèses de Steiner ; lorsque j’aborde les effets du réchauffement climatique et que je chauffe les oreilles de l’ami Jean-Marie je ne verse pas dans l’écologisme catastrophiste ; lorsque j’étrille la Blanchard du Monde j’en appelle seulement à son intelligence ; lorsque je retiens ma plume à propos de Françoise Laborde je fais preuve de charité chrétienne à son égard en me remémorant les Béatitudes... Donc, en me réjouissant du coup de pouce de notoriété à ceux qui n’en ont guère de la part de Parker, je n’en deviens pas pour autant un zélateur inconditionnel de ce genre d’exercice assez réducteur. Moi je prends sans restriction le « côté lumineux de la Force ».

 

 

LE COTE TIRE PE    2009                                                     BORDEAUX       RED   (88-90)

One of my favorite low level Bordeaux, this exceptionaly well made wine displays a dense purple color in addition to abundant blackberry and blueberry fruit intertwined with notions of licorice and incense.

Fleshy, full-bodied, this delicious Bordeaux coasts the palate. It should drink beautifully for 3-4 years. (Tasted once.)

 

 

La Côte de Tire Pé est un assemblage de 50%merlot+50%cabernet franc, ce dernier cépage étant comme le dit David « salutaire dans ce genre de millésime ». Extraction douce, température FA 24-26 degré, pas de levurage ni autre adjuvant, hormis un peu de SO2 à l'encuvage, l’obsession du vinificateur étant de préserver un équilibre et une élégance dans un millésime « généreux »... www.tirepe.com

 

Pour ceux qui veulent tout savoir, La Côte de Tire Pé est depuis l’origine, voici près de 5 ans, présenté à la dégustation de Robert Parker par www.duclot-export.com avec qui Hélène et David travaillent par ailleurs. Pour moi, par-delà les éternels grincheux, je me réjouis de voir qu’une vraie locomotive, tel Robert Parker, joue le rôle de trait d’union entre des vignerons qui font de beaux vins hors les GCC et certains acheteurs qui lui font confiance. La construction de notoriété d’une appellation aussi générique que celle de Bordeaux passe par ce type de lien. Que pour autant on ne fasse pas tout un plat autour de la note Parker à La Côte de Tire Pé, Hélène et David en conviennent facilement, mais comme dit l’adage « il n’y a pas de mal à se faire du bien... » Alors le petit chroniqueur tranquille que je suis, perclus de contradictions,  qui un beau jour, en déjeunant chez Devez a eu le bonheur de découvrir «  Les Malbecs du château Tire Pé : un Bordeaux étonnant ! »  http://www.berthomeau.com/article-34620921.html se dit, en se gondolant, que les « Bob’s Comment »c’est comme les blagues Carambar, ça n’a rien de très drôle mais ça buzz méchamment...  

etiquette-.jpg   

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 00:06

Au temps des cours complémentaires (voir chronique de mai 2007  Qui se souvient des cours complémentaires ? http://www.berthomeau.com/article-6562953.html ) le carnet de notes gardait tout son prestige et, chaque semaine, la croix d’honneur ornait le sarrau de celui (pas de filles avec nous) qui avait accumulé les meilleures notes. Comme ce cher Robert Parker a redonné aux notes, avec une touche américaine puisqu’il note sur 100 avec une plage et des + alors que nos maîtres et maîtresses, plus modestes, nous attribuaient des notes sur 20 – le zéro faute à la dictée devait se doubler d’une présentation impeccable et d’une belle écriture à la plume sergent major plongée dans l’encre violette – j’ai pensé que la classe de la maison fondée par Jean-Pierre Moueix valait bien que je lui attribuasse un beau carnet de notes pour y compiler les fameuses notes des primeurs du millésime 2009. Je me suis permis d’en tirer une moyenne générale : impressionnante !

 

N° 1 : Château Hosanna (Pomerol) 98-100 *

N°2 : Château Trotanoy (Pomerol) 97-100 *

N°3 : Pétrus (Pomerol) 96-100

N°4 : Château La Fleur-Pétrus (Pomerol) 96-98 +*

N°5 : Château Bélair-Monange (St Émilion 1ier Grand Cru Classé) 94-96+*

N°6 : Château Providence (Pomerol) 92-95*

N°7 : Château Magdelaine (St Émilion 1ier Grand Cru Classé) 92-94+

     et Château Latour à Pomerol (Pomerol) 92-94*

N°9 : Château Certan-Marzelle (Pomerol) 91-93

N°10 : Château Lagrange (Pomerol) 90-93

N°11 : Château La Grave (Pomerol) 89-91

N°12 : Château Lafleur-Gazin (Pomerol) 87-89

 

Moyenne Générale de la classe : 92,33-96,25 soit étant donné les + 92,50-96,50

Moueix-20JP.jpg 

En mai 2003 sur Le Devoir.Com Jean Aubry écrivait à propos du fondateur de la « dynastie » Moueix :

Jean-Pierre Moueix, le gentleman de Libourne

« J'ai croisé Jean-Pierre Moueix au 54, quai du Priourat à Libourne en 1987, alors que je venais rencontrer Jean-Claude Berrouet, l'oenologue le plus célèbre mais aussi le plus discret du Libournais, pour fignoler les derniers préparatifs de mon stage de vinification à Pomerol. Seize millésimes plus tard et 66 ans après avoir fondé les Établissements Jean-Pierre Moueix, le gentleman de Libourne s'éteignait en mars dernier à l'âge de 90 ans, non sans avoir enfilé, depuis la Seconde Guerre mondiale, parmi la plus belle collection de vignobles de la rive droite au collier de perles familial.


Avec instinct, obstination (c'est un Corrézien), labeur, beaucoup de labeur (toujours un Corrézien) et surtout, surtout, avec ce goût du travail bien fait dont l'onde de choc se répercute encore aujourd'hui dans les activités de négoce et à travers les prestigieux vignobles maison en appellation Pomerol et Saint-Émilion.

 
En cela, les vins de Moueix demeurent plus que jamais comme étant l'archétype du Bordeaux classique où l'équilibre règne en maître.

 
Ce sera, en 1952, l'achat de Magdelaine, qui allait passer en 1er Grand Cru Classé de Saint-Émilion en 1955 ; puis suivront Trotanoy, Lafleur-Pétrus et Lagrange en 1953, fermage à Latour en 1963, direction à Pétrus en 1964, La Grave (1971), métayage à Lafleur Gazin (1973), Certan Marzelle et surtout Hosanna en (1999) ; puis La Providence, en copropriété, en 2002. Afin de conserver à la fois une dimension humaine et un esprit tout ce qu'il y a de familial, les Établissement Jean-Pierre Moueix, aujourd'hui présidés par le fils Christian (Dominus et Napanook en Californie), se départaient en 2000 de 13 propriétés dont, entre autres, les Fronsac et Canon Fronsac La Dauphine, Canon de Brem, Canon Moueix et la Croix Canon. »

 

La Suite sur le descriptif de chacun de ces châteaux en Wine News N°72 (en haut à droite du blog)

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 00:09

Pour sûr que cette fois-ci, à l’ANPAA le drapeau est en berne. Eux, si rapide à dégainer des communiqués de presse triomphalistes pour saluer leurs victoires sur les affreux « qui veulent entraîner notre belle jeunesse dans l’ivresse », pour le coup, la queue basse, se sont murés dans un silence outragé.*

 

L’Arrêt de la Cour d’Appel de Paris du 26 février 2010 (n°69, 11 pages) est un bijou dont je vais vous révéler les plus belles facettes, les plus beaux attendus pour faire chic. Avant cela saluons la Cour devant laquelle l’affaire a été débattue le 11 juin 2009, en audience publique : le président Fabrice Jacomet et ses deux conseillers : Jean-Louis Laurent-Atthalin et Bernard Schneider. En dehors de notre contentement qu’elle ait fait droit au CIVB, nous nous devons de donner un coup de chapeau, même de lever notre verre à sa santé, en respectant bien sûr son indépendance, pour la qualité et la pertinence de ses attendus.

 

L’ANPAA ayant perdu en 1ier instance : jugement du 19 décembre 2006 du TGI de Paris 4ième chambre 1ier section, a fait appel.

 

Que prétendaient les prohibitionnistes masqués ?

 

- les articles L 3323-4 du code de la santé publique et L 115- 1 du code de la consommation n’autorisent pas la présence de personnages dans les publicités en faveur des boissons alcooliques en faisant valoir que la référence à une appellation d’origine ne permet pas de procéder à la mise en scène de personnages, que les facteurs humains visés par le dernier article s’entendent exclusivement de usages locaux entourant le produit et à un savoir faire, que la convivialité suggérée n’a d’autre objectif que d’inciter à la consommation du vin, que certaines es affiches comportent des slogans illicites tels “ les Bordeaux, des personnalités à découvrir “ la juxtaposition à côté du nom de la qualité de négociant ou de viticulteur et du vin concerné, qui a pour seul objet non d’ informer le consommateur mais de personnaliser le vin

 

- la lecture des débats parlementaires confirment cette interprétation puisque le terme de représentation du projet a été remplacé par celui de référence, et que le nouveau texte s’il permet une référence à des appellations d’origine n’autorise pas celle aux éléments constitutifs de ces appellations d’origine tels les facteurs humains, tandis que le bureau de vérification de la publicité ne peut interpréter la loi aux lieux et place du juge,

- les affiches ne comportent pas les mentions sanitaires conformes aux dispositions de l’article L 3223-6 dès lors qu’elles ajoutent à la mention légale “l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, les mots “à consommer avec modération” qui en amoindrit la portée

- au regard des dispositions de l’article L 3355- 1° du code des débits de boissons, du coût de cette campagne publicitaire, du caractère massif de cette diffusion-notamment sur la devanture d’ une auto école - touchant un grand nombre de citoyens, dans le seul objectif de développer l’achat par eux du vin de Bordeaux, en faisant appel à leur imagination et désir alors qu‘elle lutte contre les addictions, elle est fondée en ses demandes indemnitaires.

 

Rappelons en nous fondant sur la description qu’en a fait le TGI de Paris ce que mettaient en avant les affiches : par exemple  « un jeune homme en chemise blanche tenant à la main droite un verre à pied à de mir empli d'une boisson de couleur bordeaux assis à côté d'une jeune femme en robe noire tenant à la main gauche un verre à pied à demi rempli d'une boisson de couleur bordeaux ; au dessus de ces personnages, on peut lire en petits caractères; "Catherine, viticultrice et Edouard, négociant à Bordeaux" ; la légende de cette publicité indique en gros caractères rouges : "Les Bordeaux, des personnalités à découvrir" et en gros caractères noirs :"Bordeaux", "Bordeaux supérieur", présentation suivie en bas d'affiche par une adresse e-mail et le message sanitaire requis. » à l’époque le27 décembre 2005 j’avais commis une minuscule chronique « Catherine et Edouard » http://www.berthomeau.com/article-1472543.html   non pour parler du fond de la campagne mais pour mettre en avant l’un de mes dadas la « communication couplée entre publicité de marques et communication collective »

campagne_pub_bx_000.jpg 

Le CIVB répliquait principalement:

- « la représentation de professionnels du vignoble bordelais sur les publicités était licite car d’une part aucune juridiction n’a jamais contesté le principe d’une représentation figurative (l’ANPAA l’a même admis pour une publicité pour le Champagne) et d’autre part que les textes cités et les conventions et traités internationaux autorisent des références aux facteurs humains. »

-         Sur les slogans attaqués l’ANPAA « se borne à des affirmations péremptoires »

-         Sur l’ajout incriminé au message sanitaire « la loi impose non une formulation spécifique mais une teneur précisant la dangerosité de l’abus d’alcool » le message doit être pris dans sa globalité et non abusivement tronçonné.

 

La société INSERT (attaquée elle aussi par l’ANPAA) chargée de la logistique de la campagne répliquait aussi :

-         que les personnages représentés étaient bien des professionnels de la filière liés à la fabrication : viticulteurs, maître de chai, ou à la distribution et à la commercialisation : négociants

-         que « l’attitude générale des personnages et la composition de l’affiche expriment une attitude neutre de présentation du produit et non de sa consommation exclusive de toute outrance que ne contredit pas le caractère souriant des personnages et délivrant un message informatif. »

-         que l’ANPAA poursuit à son encontre « une politique d’intimidation et un régime d’interdiction » contrevenant au principe  de la liberté du commerce et de l’industrie ;

 

Je ne vais pas vous asséner les 13 considérants de la Cour d’Appel  pour ne pas provoquer une indigestion juridique mais me contenter de reproduire le 7ième et le 8ième :

Considérant que, au regard de l’exigence d’une analyse stricte des restrictions apportées, le juge n’a pas a procéder à des distinctions que la loi ne fait pas, tandis que compte tenu des dispositions légales et réglementaires comme des usages professionnels rappelés, la représentation figurative de professionnels appartenant à la filière de l’élaboration, de la distribution et de la commercialisation de vins de Bordeaux comme le caractère avenant, souriant, jeune, en tenue de ville, de personnes ou groupe de personnes, présentant différentes marques de vins en levant le bras en tenant un verre, avec une impression manifeste de plaisir ne peuvent être utilement reprochés dès lors que les autres exigences de la législation et réglementation applicables sont respectés, une telle représentation n’étant pas, par elle même de nature à inciter à une consommation abusive et excessive d’alcool étant observé que par essence la publicité s’efforce de présenter le produit concerné sous un aspect favorable pour capter la clientèle et non pour l’en détourner.

 

Considérant que de la même manière est vaine l’argumentation, au regard des dispositions de l’article L 115-1 du code de la consommation, comme de la définition donné par l’arrangement de Lisbonne, et des termes de la recommandation du Bureau de Vérification de la Publicité on ne saurait réduire, l’expression <facteurs humains >que visent ces différents textes, aux usages locaux entourant un produit, c’est à dire des usages de production spécifiques d’une région, ce qui revient à limiter les facteurs humains aux seuls aspects de la production et à exclure l’activité de négociation, de distribution et de commercialisation, à méconnaître la transmission d’un savoir faire personnel entre générations successives qui caractérise les professionnels de la filière du vin, y compris dans le domaine de la distribution.

 

PAR CES MOTIFS

Confirme le jugement ;

 

 

Y ajoutant ;

 

Condamne l’Association Nationale de Prévention de l’Alcoolisme et Addictologie

(ANPAA) à payer, d’une part, au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), d’autre part, à la SA INSERT, chacun la somme de 3000 € ;

 

Condamne l’Association Nationale de Prévention de l’Alcoolisme et Addictologie

(ANPAA) aux dépens d’appel ;

 

Admet les avoués qui y ont droit au bénéfice de l’article 699 du code de procédure civile.

 

 

Le Greffier

 

Le Président

 

 

* Le dernier communiqué de l’ANPAA du 3mars 2010 finement intitulé « Ne confondons pas Université et foire aux vins »où, sous la plume de leur inamovible directeur Patrick Elineau, elle pourfend les duettistes Coffe-Pitte « Ces dégustations risquent d'amoindrir les efforts d'attention des étudiants pendant les cours et leurs capacités de concentration, et de leur faire découvrir un moyen aussi facile que néfaste de gérer le stress lié à la poursuite de leurs études (...)Quant à l’Université, elle doit rester un lieu d’étude et de savoir, à l’abri des promotions commerciales et des conflits d’intérêt avec des acteurs économiques(...) Mme la Ministre de l’enseignement supérieur doit être consciente des risques de banalisation de la consommation de vin qu’entraînerait la mise en œuvre de cette mesure qui apparaît, sous l’emballage d’une recommandation éducative et nutritionnelle, comme le cheval de Troie d’une viticulture désireuse de conquérir un nouveau marché. »

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 02:13

« Mais qu’est-ce que fichait ici cette belle tige ? » Reprenant mes esprits j’abandonnais mon vélo le long d’une palissade de chantier pour emboîter lui emboîter le pas. Marcher avec des talons aiguilles est un art, une esthétique qui ne va bien qu’aux déjà grandes. Celles qui veulent se hausser, tricher, ne font que se dandiner telles des dindes ridicules se promenant au milieu des flamants roses. Jeanne, avec ses abdos en béton de tenniswoman, enchainait ses courtes foulées avec une fluidité qui conférait aux ondulations de sa croupe ferme un tangage harmonieux. Comme pour ajouter à la difficulté, la mâtine, portait une jupe droite étroite qui limitait l’allonge de ses compas. Toutes autres que la belle Jeanne, eussent sautillées, se serraient tordues les chevilles sur un macadam inégal, empli de nids de poules, auraient perdues de leur superbe. Elle altière, le buste projeté, le menton tendu sans arrogance, déjouait tous les pièges et filait vers le quartier des ambassades. Je laissais entre nous une belle distance afin de ne pas me faire repérer. Mon avantage c’est qu’à aucun moment elle ne pouvait m’imaginer présent à Berlin-Est. À plusieurs reprises, alors qu’elle attendait aux feux tricolores pour traverser une avenue, en me plaçant dans un angle mort, je pouvais l’observer de profil. Souriante, à peine maquillée, les deux premiers boutons défaits de son corsage blanc donnaient à sa poitrine exposée une candeur mystérieuse. Pour moi, il ne faisait aucun doute elle se rendait à un rendez-vous galant.

 

Même si ça peu paraître étrange cette perspective me portait au plus haut point d’ébullition. Elle éveillait en moi l’instinct de voyeur. Mon imagination carburait à plein régime. Je la voyais entrer dans un grand hôtel. Monter dans une chambre où l’attendrait un hiérarque du régime. Je soudoierais le portier et je la suivrais. À l’étage je volerais un passe pour me glisser dans la chambre voisine. Avant même que les deux amants aient eu le temps de s’étreindre j’aurais enjambé tous les obstacles pour me retrouver sur le balcon. Bien sûr la porte-fenêtre serait entre-ouverte et le vent gonflerait légèrement les rideaux. Sous cette protection illusoire je verrais un grand type en uniforme vert-de-gris la défaire avec frénésie. D’abord le corsage d’où jailliraient ses seins qu’il désenclaverait d’un geste sec. La fermeture-éclair de la jupe droite filerait le long de sa hanche laissant jusque ce qu’il faut d’espace pour que le cylindre de tissu entame une descente au long de ses cuisses gainées de soie couleur chair. L’émotion m’étreindrait face au spectacle de Jeanne, debout, poitrine nue, en porte-jarretelles prête à subir l’assaut de son amant. Celui-ci lui intimerait l’ordre d’ôter son petit slip de dentelle. Elle s’exécuterait avec grâce dans une gestuelle lente qui m’offrirait la vision sublime de ses fesses hautes. J’en tremblais de désir. Oui il la prendrait en levrette, offerte à son va-et-vient asynchrone de type ridicule avec son pantalon tire-bouchonné sur ses chevilles. J’enrageais. Jeanne se faisait poissonnière, charretière, exhortait son étalon à plus de vigueur, le suppliait de la réduire à l’état de putain. Imperceptiblement je m’étais rapproché d’elle et je m’aperçus même pas que nous nous trouvions face à une grille encadrée par deux guérites où deux factionnaires, munis de kalachnikov, arboraient sur leurs casquettes et leurs uniformes l’étoile rouge de l’Union Soviétique.

 

« Merde ! Jeanne entrait dans l’ambassade d’URSS comme on entre dans un moulin et c’était à peine si les gardes ne lui présentaient pas les armes » J’en restais pantois et je n’eus d’autres ressources que de continuer ma marche jusqu’à un petit square où je trouvai refuge. Mon trouble amoureux c’était évaporé pour laisser la place à une foule de questions. Comme ici tout le monde espionnait tout le monde sans doute travaillait-elle pour le compte du KGB. Je m’asseyais sur un banc face à deux vieux qui me regardèrent d’un air soupçonneux. Ma tenue ne correspondait guère aux canons vestimentaires des démocraties populaires. Pour les rassurer je leur décochai le plus affriolant de mes sourires. En réponse ils pointèrent leurs regards vers le bout de leurs godasses miteuses. Tout en surveillant l’entrée de l’ambassade je moulinais mon hypothèse et plus je la moulinais plus elle me paraissait peu vraisemblable. En effet, jamais une occidentale au service du KGB ne se pointerait au grand jour, la bouche en cœur, au grand jour, chez ses employeurs. À la minute même elle serait grillée. Alors, petit à petit, mon scénario de partie de jambes en l’air reprenait des couleurs. La belle Jeanne se rendait à un rendez-vous galant et il ne faisait aucun doute que dans cette hypothèse c’était plutôt avec l’ambassadeur qu’avec son chauffeur. J’allumai une cigarette. Je vis le regard furtif, plein d’envie, des deux vieux et je me levais pour leur tendre mon paquet. Le plus décati s’en emparait d’un geste brusque. Avant même que nous échangions la moindre parole j’apercevais Jeanne qui sortait en hâte de l’ambassade. Entravée dans sa jupe droite elle s’efforçait de courir. Mes élytres décelaient un danger imminent et je me lançais à sa poursuite. En moins de deux minutes je me retrouvai à sa hauteur. Elle ne parut pas surprise de ma présence. Essoufflée, elle se contenta de me lancer tout en s'efforçant de hâter le pas « vous tombez bien je suis dans la merde jusqu’aux oreilles ! »   

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 00:03

Mon titre, volontairement provocateur, mais qui inclut tout de même le doute en plaçant calamités entre guillemets – en effet s’il en est de bien réelles d’autres s’apparentent aux épouvantails à moineaux ou à des appeaux destinés à détourner l’attention – est destiné simplement à mettre en exergue la difficulté que nous éprouvons face à, pour faire court, à des éléments contraires qui entravent notre activité. Bien évidemment j’exclus du champ de mon propos les calamités naturelles, contre lesquelles il est souvent difficile de se prémunir mais qui sont en général assurables, pour me concentrer sur les cas, de très beaux cas d’ailleurs, de deux têtes de turc qui concentrent sur elles de fortes et tenaces inimitiés dans le monde du vin : Robert Parker et Claude Evin.

 

Avant de vous récrier, de me traiter d’imposteur parce que j’ose mettre en vis-à-vis, sur un quasi pied d’égalité deux personnalités aussi différentes et surtout dont l’action se situe aux antipodes l’une de l’autre, laissez-moi le temps de m’expliquer. Tout d’abord, puisque mon propos ne consiste pas ici à mesurer ou à quantifier le degré de « nuisibilité » de l’un ou de l’autre, mais de mettre en lumière ce que l’un et l’autre – je n’écris pas l’un ou l’autre – représentent dans le jeu économique et social, mon choix n’est en rien provocant. En effet, je suis tout à fait conscient que, même ceux qui honnissent Robert Parker, tel notre tonitruant Perico Légasse, lui reconnaîtraient des qualités alors qu’ils auraient bien du mal à en attribuer à Claude Evin. Cependant, s’il vous est possible, le temps d’une lecture, de laisser de côté vos affects, vous pourrez peut-être me donner acte d’une certaine pertinence dans mon analyse.

 

Prenons le cas le plus facile celui de Robert Parker. Qu’a-t-il fait ? Goûter des vins, les noter, puis compiler ses notes pour composer un Guide plutôt bien fait qui a trouvé  son public. Que Robert Parker, comme tous ses confrères, goûtât beaucoup de vins et qu’il les notât selon son goût, ne le disqualifie en rien. Qu’il revendiquât un goût particulier qui lui fasse préférer les vins puissants et fruités et qui l'enclin à attribuer des notes très, très élevées à ces vins n’est pas non plus une « faute professionnelle ». Le succès aidant, qu’il soit devenu de plus en plus influent, qu’il ait scénarisé sa méthode, que ses notes pesassent lourds sur les prix, que son goût ait « Parkérisé » les vins de Bordeaux, ne font pas pour autant de Robert Parker un « homme à abattre ». La position qu’il a prise sur la Place de Bordeaux il la doit à lui-même, à ses qualités de dégustateur, à son sens des affaires, mais il la doit aussi aux acteurs : propriétaires et négociants et, j’ose l’écrire, à la relative faiblesse de ses concurrents sur le marché de la critique. Sur ce dernier point certains pourront me rétorquer que sa nationalité lui a permis de s’imposer car le marché américain pesait très lourd pour le petit monde des Grands Crus Bordelais. Certes mais, peu importe, il faut prendre Robert Parker pour ce qu’il est, et rien de plus, comme un acteur du marché.


En écrivant cela j’ai bien conscience de m’exposer à la critique virulente de ceux qui professent qu’il ne faut pas vendre son âme au marché, qu’il faut résister, s’opposer aux dérives, freiner la spéculation, revenir à des pratiques plus proches de la réalité du produit. Que ça plaise ou non, la notoriété de nos vins s’est bâtie autour des marchands et ce sont eux qui traduisent le mieux les tendances. Que celles-ci ne soient pas celles que nous souhaitons ou défendons relève de l’éternel débat entre la tradition et une modernité mercantile. Pour autant, Robert Parker doit-il être chargé de tous les péchés du monde, en quoi serait-il responsable de certaines dérives du produit ou de la bulle spéculative ? D’ailleurs, avec juste raison, il s’en défend quand il ironise sur les 3 millésimes du siècle en une décennie et qu’il fait remarquer que son travail est à destination de ceux qui boivent du vin et non des spéculateurs. Son parallèle entre les premiers crus et l’industrie du luxe est pertinente et, dans ce domaine, la balle est plus dans le camp de la Place de Bordeaux que dans le sien. J’entends par là que, comme le note Robert Parker, « contrairement à ce qui se passait il y a 20 ou 30 ans, il y a aujourd’hui des centaines de vins bordelais de qualité, et l’amateur se tournera vers des châteaux moins connus ou des appellations moins prestigieuses pour trouver d’excellents rapports qualité/prix. » En clair, la déclinaison d’un modèle se rapprochant de celui de la couture est parfaitement applicable à Bordeaux et surtout souhaitable eut égard aux tendances de la consommation : féminisation, rajeunissement et extension des blocs géographiques de consommation.

Le cas de Claude Evin semble lui plus difficile à plaider. Mais, comme je l’ai fait pour Parker, il ne s’agit pas de le défendre ni même de le condamner, mais de comprendre ce qu’il représente pour bien situer sa fonction, ou celle de ses successeurs, dans l'univers du vin. Qu’entends-je par là ? Dans le cas de Parker il a représenté à l’origine, et même encore aujourd’hui, une forme de consumérisme pragmatique qui a rencontré son public. Pour ce qui concerne Evin, et même si ça fâche certains d’entre vous, il a représenté en son temps l’expression majoritaire de l’opinion publique. En effet, que vous le vouliez ou non, et le clivage n’est pas politique : l’interdiction de la publicité à la télévision est le fait de Michèle Barzach, et Simone Veil, Jacques Barrot, et tous les Ministres de la Santé se sont appuyés sur les grandes peurs de l’opinion publique alimentées par le lobby hygiéniste. En effet, c’est Claude Got qui, avec le Pr Tubiana et quelques autres, a élaboré une stratégie et l’a appliqué pour instrumentaliser les décideurs politiques en s’appuyant sur l’opinion publique (voir La stratégie du Go de Claude GOT http://www.berthomeau.com/article-18021256.html et 3 Questions à Claude Got http://www.berthomeau.com/article-21056879.html). L’existence et la persistance dans notre pays d’une législation aussi restrictive nous la devons à la fois à ce bloc dur que je viens d’évoquer et à l’incapacité du monde du vin à élaborer et à exprimer des réponses qui influencent une majorité de l’opinion publique.

Que la constitution d’un contre-pouvoir face au bloc hygiéniste  ne soit ni simple, ni facile, j’en conviens, mais pour autant ça ne nous exonère pas d’une part de responsabilités dans cette affaire. C’est en cela que j’ai affirmé que même les « calamités » font parties du marché et que, si les acteurs du vin veulent peser positivement sur l’évolution de celui-ci, au lieu de se plaindre, de se draper dans des postures d’outragés, ils se doivent d’en prendre les moyens. Pour l’heure, en dépit des réels progrès de Vin&Société, si j’évoque ce sujet c’est à la suite d’un billet de François le Débonnaire sur son blog à propos d’un débat sur LCI  à propos de l’autorisation d’une chaîne payante sur le vin. Il écrit : « Hallucinant moment d'ayatolisme à 14h30 sur la chaîne LCI où un sieur Gérard Dubois (Professeur ?) et une journaliste du CSA, Madame Laborde ont sans aucune vergogne coupé systématiquement la parole à Thierry Desseauve et Jean-Michel Peyronnet, promoteur de la future chaîne payante Edonys sur le vin. » Que Dubois tape sur nous il est dans son rôle mais que Françoise Laborde, Gersoise dont le goût prononcé pour le vin est connu – je l’ai souvent croisé dans les pinces-fesses du type Fête de la Fleur ou raouts pour pique-assiettes people chers à Jean-Pierre Tuill – voir chronique 3 Questions à Françoise Laborde http://www.berthomeau.com/article-15268102.html , en fasse des tonnes parce que sa nouvelle fonction au CSA lui est montée à la tête, est symptomatique du chemin qu’il nous reste à parcourir.

Pour être encore plus direct : « pour influer, peser aussi bien sur les tendances que sur l’opinion publique, il faut acquérir un certain poids spécifique, de la crédibilité, s’inscrire dans la durée. Robert Parker a su s’imposer, Claude Got a su mettre la pression sur les décideurs politiques pour les instrumentaliser : Claude Evin et son conseiller de l’époque le Dr Jérôme Cahuzac, l’actuel Rapporteur Général de la Commission des Finances, n’étant que la face émergée de l’iceberg hygiéno-prohibitionniste. Et nous pendant ce temps-là qu’avons-nous fait ? » Moi ça fait plus de 10 ans que je plaide ce dossier mais comme sœur Anne, je ne vois rien venir ou presque...

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 00:07

Le quartier St Jean dans le vieux Lyon, la rue du Bœuf, même si c’est un taureau bien couillu qui est statufié à l’angle de la place Neuve Saint Jean, très représentative de la belle architecture Renaissance du quartier. J’arrive depuis l’hideuse gare Perrache, le jour baisse et avec mon petit GPS je chemine vers le Café-épicerie entre de somptueuses demeures du XVIe et du XVIIe. Dîner, non pas dans un bouchon, la cuisine lyonnaise pèse un peu sur l’estomac pour la nuit, mais dans un restaurant loin des « pièges à touristes ».


180px-Rue_du_boeuf-2C_Lyon.jpg

Mon choix :

 - une Boîte de Sardines “Ramon Peña” avec du très bon pain et du beurre d’Isigny de la Mère Richard : un délice !


- une Andouillette Bobosse à la ficelle grillée accompagnée d’une purée maison, légère, goûteuse, présentée en tranches ce qui facilite le maniement de l’andouillette qui d’ordinaire part dans tous les sens.


- un pot de crème pistache, ganache chocolat. J’adore l’alliance pistache/chocolat.


- le tout arrosé d’une bouteille de coteaux du Lyonnais Le Bouc et la Treille, 2006 Cuvée de Garde élevé à l’ancienne par Stéphane Vier. Du gamay comme je l’aime, fruité, enchanteur, léger, une belle bouche, finale en forme de revenez-y vite. Tout pour plaire ! Prix canon du restaurateur : 39 € (le prix départ affiché au GAEC le Bouc et la Treille tourne autor de 5€) ça douille du côté marge : proprement scandaleux ! Le vin le moins cher en rouge était un Côtes du Lubéron, Domaine de Marie, 2005 26€. Ce n’est pas avec de tels prix assommoirs que nos chers restaurateurs développeront les ventes de vins dans leurs établissements.

Coteaux_Lyonnais_Rouge_2006.JPG

 

Laure Gasparotto dans le Point écrivait en 2008 « Un seul négociant installé sur l’appellation coteaux-du-lyonnais, et une cave coopérative sui produit à elle seule la moitié des volumes, grâce aux apports d’une centaine de vignerons (qui ont d’autres activités). Voilà qui traduit une culture locale restreinte où règne l’hégémonie des genres. Peu de concurrence entre les uns et les autres, donc, qui trouvent comme marché essentiel les citadins de Lyon venus remplir leur coffre de leur voiture pendant le week-end. Ici, c’est une tradition que les cavistes ne discutent même pas. Une trentaine de domaines indépendants règnent encore sur les collines ouest de la ville, de Saint-Jean-des-Vignes et Chasselay, au nord, à Saint-Romain-en-Giers, au sud. La plus grosse des caves particulières, le domaine du Clos Saint-Marc commercialise toute sa production en direct et tourne essentiellement avec 4000 clients lyonnais. « C’est notre locomotive à tous, explique Stéphane Vier, du domaine le Bouc et la Treille, car ce domaine met tout son vin en bouteilles et les quatre associés font preuve de dynamisme. » En attendant, quand un vigneron de l’appellation part à la retraite, c’est comme une bibliothèque qui meurt : personne ne reprend le flambeau. La pression foncière est telle que les vignes sont arrachées. Alors, que reste-t-il de ce vignoble historique planté par les Romains ? Des bons vins de copains, comme on dit communément, à un prix moyen de 3,80 euros pour les cuvées classiques et à 5 euros pour les cuvées plus travaillées. Essentiellement rouges, issus de gamay, ces vins sont à mettre à côté des produits régionaux, comme l’andouillette et le saucisson ».


Ce texte est représentatif de la littérature journalistique sur le vin. J’aimerais qu’on me donne la clé de cette phrase « Voilà qui traduit une culture locale restreinte où règne l’hégémonie des genres ». De plus, en quoi les cavistes auraient à discuter la vente directe à la propriété ? L’économie de proximité ça existe. Enfin, une phrase du type « quand un vigneron de l’appellation part à la retraite, c’est comme une bibliothèque qui meurt : personne ne reprend le flambeau. » me laisse rêveur, comme si la vigne et le vin dans ce pays vivaient dans une sorte de bulle hors de l’économie réelle. Contre la pression foncière urbaine le meilleur antidote pour préserver le sol vigneron c’est la demande des consommateurs. Si l’AOC a le vent en poupe, se développe, les arbitrages se feront et les élus devront en tenir compte avant de miter les territoires. L’exemple du voisin Beaujolais est là pour le démontre : personne n’attend personne dans notre vaste monde mondialisé.

 

Enfin, pour les poulains du Président Aulas, ils ne leur reste plus qu’à méditer sur le célèbre aphorisme attribué au footballeur anglais Gary Lineker après la défaite de l’équipe d’Angleterre contre celle d’Allemagne en 1990 : « Le football est un sport inventé par les Anglais qui se joue à onze contre onze, durant 90 minutes et à la fin ce sont toujours les Allemands qui gagnent ... » Rendez-vous à Santiago Bernabeu pour la finale avec les Italiens de L'Inter...

 

Pour le vin c’est le G.A.E.C. LE BOUC ET LA TREILLE

A.O.C. Coteaux du Lyonnais - Rouge et blanc.
Bouteilles - Bag in Box 5l et 10l.
Stéphane VIER - Yves AUBRY.
Adresse : 82 chemin de la Tour Rissler
Horaires d'ouverture vente au public : jeudi et vendredi de 17h à 19h - samedi de 10h à 12h30
Tel : 04 72 26 07 53 ou 06 60 21 59 22

leboucetlatreille@sfr.fr

La cuvée 2006 est épuisée à Poleymieux, le millésime disponible pour cette cuvée est 2008, médaillé de bronze à Macon en 2009.(Prix depart cave 31€ le carton de 6 bouteilles).

FICHE TECHNIQUE 

 

COTEAUX DU LYONNAIS  ROUGE CUVEE DE GARDE 2008 
 
 

VITICULTURE 

Nature du sol : 50% gneissique et 50% argilo-calcaire sur Bajocien en majorité.

Cépages : Gamay Noir à jus blanc.

Age des vignes : 20 ans

Vignes en coteaux, exposées Est , Sud est.

Altitude : 300m

Travail des sols : enherbement naturel avec deux tontes annuelles.

Epamprage et ébourgeonnage manuels

Rendements : 45 hl / ha 
 

VENDANGE, VINIFICATION : 

Vendanges manuelles : 1ere cuve le 30/09/08 et 2e cuve le 1 et 2/10/08 Temps sec et frais (5°c-16°c)

Très bon état sanitaire. Température de la vendange à l’encuvage : 15°C.

Vendange  non égrappé  (1ere cuve) et égrappée (2e cuve)  .

Levures : sélectionnées

Cuvaison : 10 jours(1ere cuve) et 13 jours (2e cuve).

Fermentation malo-lactique : 100%

Pas de collage. 
 

ELEVAGE : 

5 mois en cuve et en fut de chêne(10%), 7 mois en bouteille. 
 

ENBOUTEILLAGE : 

le 23/03/09- 4690 bouteilles. Filtration classique (terre + plaque)

Disponibilité actuelle : 3500 bouteilles 
 

CONCOURS ET/OU PRESSE : 

Médaille de bronze MACON 2009  

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 01:40

Les notes de Robert Parker ne sont pas de vraies notes mais ce sont des plages alors pour vous proposer un autre regard j’ai décidé, comme à la plage, de faire des châteaux de sable. Si vous vous donnez la peine de consulter les listes qui suivent ma présentation vous pourrez, surtout pour les tas de sable importants, tirer des enseignements intéressants. Sans doute, comme pour les châteaux de sable, certains penseront que mon exercice est vain. Pas si sûr : allez donc voir par exemple la plage 90-92... C'est très instructif et la superficie des aires de Robert Parker sont révélatrices...

 

Ci-dessous la note puis le nombre de châteaux ayant obtenus cette note

98-100 ........... 11

97-100 .... 3

96-100 ....... 8

95-100 . 1

97-99 . 1

96-99 . 1

96-98 .......... 10

95-98 ....... 8

94-98 ... 3

95-97 ........ 8

94-97 ... 3

94-96 .............. 14

93-96 ... 3

93-95 ............... 15

92-95 ...... 6

92-94 ........................... 27

91-94 ...... 6

91-93 ......................................... 41

90-93 .................... 20

90-92 ........................................................ 56

89-92 ....... 7

89-91 .................................. 30

88-91 ....... 7

89-90 . 1

88-90 ........................................................... 57

87-90 ......... 9

88-89 ........... 11

87-89 ....................................... 39

87-88 ........................................ 40

87 . 1

86-88 ............. 13

86-87 .... 4

85-87 ........... 11

85-86 . 1

84-86 ...... 6

82-85 . 1

81-83 . 1

 

Liste des Châteaux par plage de notation

 

98/100 ........... 11

Cheval Blanc, Clos l’Eglise, Cos d’Estournel*, Doisy Daene L’Extravagant, Haut Brion, Lafite-Rothschild, Latour, Margaux, La Mission Haut Brion, L’Eglise Clinet, Hosanna*

 

97/100 .... 3

Clinet*, Pontet-Canet, Trotanoy*

 

96/100 ....... 8

Angélus, Léoville-Las-Cases, Léoville-Poyferre*, Montrose*, Petrus, Clos l’Eglise*, L’Evangile*, Pavie.

 

95/100 . 1

Bellevue Mondotte

 

97/99 . 1

 De Suiduraut

 

96/99 . 1

 Vieux Château Certan*

 

96/98 .......... 10

Beauséjour (Duffau-Lagarosse), Branon+, Coutet, Doisy-Daene, Ducru Beaucaillou+, La Fleur Pétrus+*, Gracia, Haut Bailly+*, Mouton-Rothschild+, Smith-Haut-Lafitte+*

 

95/98 ....... 8

Clos Fourtet, La Conseillante, La Fleur de Bouard Le Plus, La Mondotte, Le Pin, Valandraud, La Mondotte+, Pichon-Longueville Comtesse de Lalande

 

95/97 ........ 8

 Ausone, Les Asteries *, Ausone +, Le Dome*, Château de Fargues, Malescot-St Exupéry, Rieussec, Sigalas Rabaud

 

94/98 ... 3

Domaine Saint-Pierre*, Climens, La Fleur de Bouard Le Plus

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

94/97 ... 3

 Lafleur, Pape Clement+, Troplong-Mondot

 

à suivre en Wine New N°71 (c'est en haut à droite du blog) allez-y pour consulter la fameuse plage 90-92... vous y trouverez même un Mammuth

 

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 00:08

Même dans ma thurne parisienne, à peine ai-je tracé le titre de cette chronique que déjà je m’imagine sur les pentes raides du Monte Sant’ Angelo alors que « les feuilles tendres du vermentinu et du biancu gentile verdissent sous l’œil des chèvres sauvages et le vol d’un couple de rapaces qui tournoient dans le ciel. »

« Tout insulaire est une île, et le propre des îles, est d’être toutes différentes. Si Antoine Arena ressemble pourtant à celle qui l’a vu naître, c’est que la Corse, en dépit des apparences, est moins une île qu’un archipel, un amas d’îlots que les reliefs et ses montagnes réunissent et isolent – l’hiver surtout. À l’intérieur de ces petits mondes clos composant cette mosaïque, tout est différent, plus ou moins : la végétation, les usages et jusqu’à la langue qui semble venir d’une île plus lointaine... »

Tom-7424.JPG

J’aime beaucoup cette idée d’archipel, d’un chapelet d’îles essaimé pour lequel, Antoine Arena le sait, j’ai en des moments difficiles et dangereux consacré avec passion une part d’un temps qui aurait pu se contenter de n’être que parisien. J’aime cette mosaïque et comme le dit Antoine « les plus beaux terroirs sont souvent périlleux. On prend des risques pour les conquérir, et ensuite, pour les travailler. L’important est de faire évoluer les traditions, les façons de faire des anciens. On ne peut pas les reprendre telles quelles, mais il s’agit de les refonder. J’ai un grand respect pour ce que faisaient les vieux, mais nous devons nous sentir capables d’aller plus loin, de prolonger ce qu’ils ont fait. Il paraît que c’est ça, le progrès. Des vignes de mon grand-père, nous n’en avons gardé qu’une seule. Une des parcelles d’en bas, près de la route. Ils étaient moins fous que nous, dans le temps. Ils cherchaient moins la difficulté. Elle venait toute seule. Ils n’avaient pas les moyens que nous avons. »

Oui la difficulté venait à eux ! Grande sagesse à méditer par les adorateurs d’un passé repeint aux douces couleurs de notre temps si opulent mais si insoucieux de la collectivité et si tourné vers le charme de son pour soi. Comme l’écrit si bien Georges Bardawil, « Antoine Arena est tout d’un bloc. On le dirait taillé dans le calcaire duquel, il y a deux ans à peine, il arrachait à la barre à mine et à l’excavatrice de quoi agrandir Carco, la parcelle de trois hectares plantés sept ans plus tôt. Ce n’était rien qu’un hectare dont lui et ses deux fils, Jean-Baptiste et Antoine-Marie, peuvent être fiers. » Les voisin du village, les prenaient pour trois fous. Moi j’aime les fous ! Mais souvent les fous sont les seuls sages de la bande humaine, sans doute parce qu’ils défrisent les idées reçues on ne les prend pas au sérieux.

Quand Antoine dit « Les crises, c’est comme le vent, ça fait partie du paysage, et ça peut même parfois avoir du bon. L’homme est comme la vigne que le vent qui souffle oblige à s’enraciner dans son terroir ou ses certitudes. Je pense encore qu’une crise peut en cacher une autre, et même plusieurs. Il ne faut pas tout confondre, comme on nous pousse à le faire. » Des propos qui me vont droit au cœur et quand Antoine ajoute « Jusqu’à une époque récente, nous dormions sur nos deux oreilles. On se croyait non seulement les meilleurs, mais à peu près seuls au monde à savoir faire du vin. Et nous étions d’autant meilleurs que nous étions les seuls. On ignorait qu’il y avait des vins qui se faisaient ailleurs dans le monde (...) Et puis, patatras ! Ils sont bel et bien là. Et ils nous font concurrence. » je me dis qu’avec René Renou, chacun dans notre registre, nous étions certes des fous mais nous avions raison de bousculer l’establishment frileux.

Voilà, à ma manière, en utilisant le superbe matériau de Georges Bardawil, un hommage rendu à Antoine Arena. Mais si j’ai pris cette liberté avec la trame du portrait que trace, avec talent et passion, Georges Bardawil du vigneron de Patrimonio, c’est pour mieux vous donner envie de courir acheter* son bel ouvrage « Une promesse de vin : des terroirs et des hommes » chez Minerva. Ce livre bien plus qu’une simple galerie de portraits c’est l’œuvre d’un grand sourcier patient, attentif, sensible, d’un inventeur de trésors au sens de notre code civil, d’un découvreur de ceux que j’appelais dans ma jeunesse les héros du quotidien. Dieu que son éditeur est réducteur lorsqu’il présente son ouvrage comme une enquête, Georges Bardawil, arpenteur de terroir est à 100 lieux du gris sur gris des sociologues, à des années lumière des poseurs de questions ouvertes ou fermées, lui, à la manière des maîtres de la géographie humaine, il va vers les hommes et les femmes de la vigne, se pose, les écoute, prend le temps, c’est tout juste si le balancier de la comtoise ne rythme pas ce temps qu’il laisse à ses interlocuteurs pour qu’ils se confient, se laissent aller à nous dire ce que la vigne et le vin a fait de leur vie.

 

Avant de quitter la Corse et Antoine Arena je voudrais lui dire à propos du brocciu avec lequel Marie Arena a fait le fiadone ( l’ouvrage de Georges Bardawil offre des recettes du cru en fin de chaque portrait, si je puis m’exprimer ainsi) comme  Émile Bergerat dans son livre Souvenirs d’un enfant de Paris 1887 : « Qui n’en a pas goûté ne connaît pas l’île » et ainsi de m’attribuer, pour ma capacité à le manier pour préparer l’Organetti di a Marina, un simple certificat d’étude primaire d’intermittent de la  l’occurrence une Cuvée Lissandra 2008 Patrimonio blanc chez Lavinia 30,50 € /la bouteille et 27,45 € / par 6 (commentaire : Le Vermentino, le grand cépage des blancs corses, donne ici – sur terroir calcaire – un vin magnifique de fraîcheur, d’élégance florale et de finesse minérale) se marierait bien avec mon Organetti di a Marina

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* l’ouvrage de Georges Bardawil n’est disponible que sur demande soit chez les producteurs et chez l’auteur. Je peux servir d’intermédiaire bénévole pour les amateurs.

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