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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 00:05

Je ne vais pas jouer les chochottes, j’y suis comme un type qui fait du stop sur l’autoroute. Où me direz-vous ? Sur Facebook bien sûr : chaque matin j’y référence ma chronique du jour. J’y suis, en dehors de cette publication, passif. J’ai 237 amis et je suis bombardé de demandes pour devenir fans de tout et de rien. Bref, je ne vais pas vous raconter ma vie sur Facebook puisque je n’y passe pas ma vie, mais je vous propose de lire deux textes de Nick Mc Donnell tiré de « Guerre à Harvard » chez Flammarion publié en 2004. Comme le dit la 4ième de couverture « il dresse le portrait percutant d’une jeunesse nourrie à Fox News et aux jeux vidéo qui tente d’oublier la guerre au risque de s’oublier elle-même. » L’inventeur de Facebook y occupe la place centrale : à lire absolument si on veut mieux comprendre les States.  

 

« Un type de notre promo a gagné un milliard de dollars en créant le site Internet Facebook. Il s’appelle Mark Zuckerberg. En première année, il habitait avec un bon ami à moi. Dans leur pièce commune, Mark avait le bureau du coin et, à chaque fois que je venais, je le trouvais en jogging, penché sur son clavier ergonomique en train de taper des lignes de code. Il portait souvent un kit mains libres. Au début, on ne savait pas trop avec qui il parlait au téléphone. De gros capitalistes, disait la rumeur, des nababs de la Silicon Valley, dont certains étaient passés par Harvard.

 

Le coloc de Mark aussi portait tout le temps un jogging, mais il ne téléphonait pas à de gros capitalistes. Sam n’était pas millionnaire, il était noir et champion de triple saut – un jour, il a battu le record de Harvard en sautant 16,34 mètres. Comme la plupart des athlètes de la fac, il portait un jogging gris marqué dHa, le sigle du département d’athlétisme de Harvard. On appelait ça des « dhas », et dans certains milieux (les filles qui se tapaient des sportifs, les parents fiers), ils étaient très demandés. On ne pouvait pas plus les acheter qu’une place dans l’équipe de squash, de foot, de course à pied ou dans un club, pas plus qu’on ne pouvait payer pour échapper à une accusation de viol, à la mobilisation pendant la guerre du Vietnam, à une condamnation pour possession de coke, ou pour entrer dans la culotte d’une fille ou changer une note éliminatoire. Mais en fait,  si, c’était possible.

 

Sam et Mark étaient très différents, mais ils se trouvaient certaines affinités – c’est d’ailleurs un des principes de Facebook. On peut naviguer d’un profil à l’autre, page après page, un peu comme si l’on observait des gens dans la même pièce. Ou des colocs. Sauf qu’il peut y avoir des différences énormes entre les profils. Certains affichent leur photo de mariage et une citation de Martin Luther King, tandis que d’autres écrivent « Je t’emmerde » en quatre langues pour déconner. »Religion : Emilio Estevisme ». L’un à côté de l’autre, ces gens peuvent être amis sur Facebook.

 

Mais aussi différents que soient les profils, on retrouvait certaines constantes. En cliquant sur le profil d’un musicien, on faisait assez vite le tour de l’orchestre de Harvard. En cliquant sur le profil d’un étudiant noir, on rencontrait rapidement toute la communauté noire de Harvard. Évidemment, on n’était pas tous violonistes et on ne dormait pas tous dans la même chambre qu’un Noir, comme Mark pendant sa première année. Malgré tout, d’une certaine façon, on était tous reliés.

 

Au fil des ans, j’ai entendu beaucoup de gens dire « Merde, si seulement j’avais partagé ma chambre avec Mark en première année, j’aurais investi dans Facebook dès le départ et je serais devenu riche. » Mais, bien sûr, Sam n’est pas devenu riche. Du moins pas encore. Mark a abandonné la fac et déménagé à Palo Alto avant la fin de la deuxième année. Maintenant, Sam est en fac de droit à Georgetown. »

 

« En quatrième année, pas mal de gens s’étaient inscrits sur Facebook. Mon ami qui habitait avec Mark Zuckerberg en première année était convaincu que les publicitaires, peut-être même le gouvernement, pouvaient consulter les informations qu’il avait entrées sur le site et le traquaient, alors il d’est désinscrit. Comme beaucoup, mon ami craignait sue Facebook ne soit vendu au département de la Sécurité Intérieure.

 

Ça paraît insensé mais, à mesure que Mark commençait à apparaître dans le New York Times et le Wall Street Journal, les histoires incroyables à son sujet devenaient vraisemblables. Sans rire.

 

Par exemple, on racontait qu’un investisseur potentiel avait invité Mark à dîner pendant les vacances de printemps la première année. Mark, chemise hors du pantalon et jean sale, était en retard. Il a été encore plus en retard quand sa Jeep est tombée en panne. Quand il a fini par arriver à son dîner, il a raconté à son investisseur ce qui s’était passé. Le lendemain Mark a trouvé une Audi A4 toute neuve devant chez lui avec un mot glissé sous l’essuie-glace, l’invitant à prendre la bonne décision.

 

Une autre histoire. Mark avait besoin d’un logo, mais il ne connaissait pas de designer. Il est allé voir un type qui habitait dans le même bâtiment que lui et qui savait dessiner. Il a frappé à sa porte un soir et lui a demandé de dessiner « un genre logo ». « Je te donnerai 1,25% de tout ce que ça me rapportera », a dit Mark. Quarante minutes plus tard, le type avait dessiné le portrait de Mark de trois quarts qui était encore récemment le logo de Facebook. Mark a tenu parole, et l’année dernière le dessinateur a touché pas loin de douze millions de dollars.

 

C’était sans doute un prix raisonnable pour 1,25% de tant de réseaux. Harvard, New York, Kansas : il y en a un nombre infini. Il y a même un réseau Irak sur Facebook, qui compte huit cent vingt et un membres. Les émissions préférées des membres de ce réseau sont 24 heurs chrono, Family Guy, Lost, les Simpson, Scrubs. Les mêmes que dans le réseau Harvard. Par contre, il n’y a presque aucun livre en commun, à part les Harry Potter. La saga est numéro deux en Irak et numéro un à Harvard. Le livre préféré du réseau Iraq est : » Je ne lis pas ».

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 00:09

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De nos jours ternes postmodernes, les beaux châteaux de Bordeaux peuvent tomber dans n’importe quel baquet venu d’un vulgaire coursier de F1 : un Schumacher ou un Alonso. Autre temps autre mœurs lorsque nos rois armaient le bras de capitaines et de leurs équipages pour « courir sus » aux ennemis de son pays en temps de guerre. La lettre de Course est une lettre patente qui confère au navire et à son équipage le statut de corsaire lui permettant de rechercher, attaquer, saisir et détruire les navires ou les équipements d'une nation adverse dans les eaux territoriales internationales ou étrangères. Le corsaire doit déclarer ses prises et traiter les équipages et les passagers comme des prisonniers de guerre. Les corsaires capturés sont eux-mêmes considérés comme des prisonniers de guerre et non comme des pirates.

« La « course » a été abolie en 1856 par la Déclaration de Paris. Cependant, les États-Unis n'en sont pas signataires. Selon la constitution américaine, le Congrès conserve le droit de « déclarer la guerre, d'accorder des lettres de marque et de représailles et d'établir des règlements concernant les prises sur terre et sur mer » (Article 1, section VIII). Tout récemment, l'administration Bush, après les attentats du 11 septembre 2001, a renforcé le droit constitutionnel de prises en mer en faisant voter une loi, September 11 Marque and Reprisal Actes of 2001, qui autorise le Département d'État à octroyer des lettres de marque sans attendre l'aval du Congrès. »

Jacques Conte, protestant de Charente-Maritime, armateur de corsaires qui avait commencé sa carrière comme mousse fut à partir de 1784 le roi de la Course. L’homme, hormis son sens des affaires, avaient bien des atouts pour réussir « Jeanne, l’une de ses sœurs d’un premier lit, avait épousé l’avocat François Guestier, originaire de Talmont, le père de Daniel futur négociant et armateur associé aux Barton. Marie, l’autre sœur, s’était mariée avec Pierre Sorbé, négociant protestant originaire de l’Agenais. »

C’est sous le Directoire que la chance sourit à Jacques Conte. « Entre 1795 et 1806 il arme huit corsaires : L’Aventure, l’Aigle, Le Huron, L’Heureux ou Petit Heureux, La Vengeance, La Confiance et La Bellone. Ils effectuent 32 croisières soit 15% du total des armements en course de Bordeaux entre 1793 et 1814. Seul 3 navires sont pris alors que le taux des pertes atteint 70%. Il faut dire qu’ils sont commandés par les meilleurs capitaines du moment : le Bordelais Jacques Perroud (1773-1822) sur La Bellone ou le malouin Robert Surcouf (1773-1827) sur La Confiance. Ces huit navires enlevèrent à l’ennemi 150 bâtiments dont 103 furent introduits dans des ports français. Ils rapportèrent une somme brute de 29,6 millions pour un bénéfice net de 13,3 pour les actionnaires. »

Jacques Conte devient donc millionnaire en quelques années. « Cette réussite lui permet d’accéder à la notabilité sous le Consulat. Quatre mois après le décès de sa première épouse, Jeanne Sorbé, il se remarie avec Béatrix d’Hanache, un colon de Saint-Domingue, lié à la faillite de Romberg, Bapst&Cie et ruiné par la révolte des esclaves. Deux mois plus tard, il achète le château de Beychevelle pour 262 400 francs. Alliance avec la noblesse et investissement terrien de prestige révèlent un désir de respectabilité pour celui qui restait encore un parvenu. Mais l’apogée est de courte durée. Sous l’Empire, une conjonction de facteurs conduisent à une effacement progressif (...) En 1825, Conte fut contraint de vendre le domaine de Beychevelle à son petit neveu, Pierre-François Guestier junior. La transaction s’élevait à la somme colossale de 650 000 francs. Le château, qui comprenait une trentaine de pièces, fut vendu avec tout son mobilier (23000 francs) en bois peint ou en bois des Îles et du Brésil. La splendeur de Conte était révolue. Quand il s’éteignit, onze ans plus tard, à Villenave d’Ornon, dans une chambre du domaine de son gendre, Jean de Lanasaa, Jacques Conte laissait pour 786 francs de biens personnels. Météore du commerce bordelais, trop lié aux spéculations hasardeuses de la course, Jacques Conte ne réussit pas à assurer sa succession et à créer une dynastie. »

 

Les extraits entre guillemets sont tirés de Négociants et Marchands de Bordeaux de la Guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830)  de Philippe Gardey au PUPS pages 254-255 et 382 et 383

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 00:08

Non ce n'est pas un poisson d'avril, ce matin mon blog passe le Cap des 500 000 lecteurs. Je pars à Bordeaux deux jours user mes semelles de crêpe dans les châteaux et donc j'en profite pour vous livrer un énorme scoop «l'Inventaire d’une cave personnelle de négociant Bordelais» avec ce commentaire cinglant : moisson décevante !

Mais jusqu’où poussera-t-il la provocation ?

Bonne question chers lecteurs de Bordeaux et d’ailleurs, comme tout bon rédacteur en chef qui se respecte – même si beaucoup de rédac-chef ne respectent pas forcément leurs lecteurs – je suis prêt à tout, ou presque, pour vous captiver. Même à descendre dans le secret des caves avec un bougeoir ou une lampe pigeon armé de mon petit carnet à spirale pour y faire l’inventaire. J’adore la poussière ! Mais je dois vous avouer que celle que ce matin je vais éviter de vous souffler au nez est celle d'archives. En effet, je suis plus un rat de bibliothèques qu’un rat de caves.

Mes présentes recherches remontent au Directoire où, dans la grande folie des boissons, le punch fait fureur. Les inventaires montrent que beaucoup de négociants ou marchands bordelais possèdent des services complets pour le punch : bols, saladiers et grande cuillère à servir. De plus « dans 12% des inventaires on voit apparaître les verres à champagne, ce qui est tout à fait nouveau. » Bref, descendez donc avec moi dans cette fameuse cave personnelle de négociant bordelais.

 

« Mais il faut pousser les portes des celliers, des caves et des caveaux, pour nous faire quelque idée des vins qui étaient consommés. Il faut avouer, cependant, que la moisson est assez décevante. Si, dans ses chais, le négociant entrepose des centaines de tonneaux et des milliers de bouteilles en caisse, dans sa cave personnelle, le tableau est tout différent. Pour les années 1821-1825, nous possédons les inventaires de 13 caves de négociants et de 5 caves de marchands. Pour les uns comme pour les autres le contenu est en général modeste et peut se résumer ainsi : une à quatre barriques de vin issu du domaine, une barrique de vinaigre, 50 à 300 bouteilles de vin vieux, du vin très ordinaire pour les domestiques et beaucoup de bouteilles vides.

Rares sont les caves qui sortent un peu du lot. Jean Touton laisse ainsi vieillir 700 bouteilles de vin rouge dans sa cave de la Rousselle. Chez Nicolas Durécu, on recense 900 bouteilles de vin vieux et 100 bouteilles de vin ordinaire de son domaine de Mérignac, mais aussi 30 bouteilles de vin fin dont l’origine n’est malheureusement pas précisée. Le reste confirme les modes de consommation que nous avons étudiées plus haut, puisqu’il consiste en : 2à bouteilles de rhum, 15 bouteilles de Cognac et 80 bouteilles d’eau-de-vie et liqueurs diverses.

Peut-on croire un instant, cependant, que c’est avec de si maigres caves que les riches négociants recevaient ? Il est évident que, pour les grandes occasions, ils puisaient directement dans leurs stocks commerciaux et offraient à leurs convives les meilleurs crus bordelais. »

 

Page 540 in Négociants et marchands de Bordeaux de la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830) Philippe Gardey au PUPS

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 00:14

Encore une pitrerie Berthomesque me direz-vous ? Non! Aujourd’hui – donc hier pour vous – je me suis soumis à un exercice que je n’avais plus pratiqué depuis fort longtemps : me remettre dans la peau du « rapport Berthomeau ». Même si ça peu faire sourire certains, ce fut une « douleur ». Rassurez-vous, je ne vais pas sombrer dans le dolorisme pleurnichard et m’appesantir sur de bien petites blessures qui, loin de me marquer, de me décourager m’ont permis de me retrouver à la tête de l’espace de liberté sur lequel vous vous retrouvez, pour beaucoup d’entre vous, chaque matin. Revenir sur le passé ne change pas le passé mais remettre le doigt sur un sujet récurent n’est pas totalement dénué d’intérêt.    Genou-7143.JPG

Au lendemain de ce dit rapport je fus catalogué, en une grande part du vignoble français, comme l’homme des marques car, répondant à la question qui m’était posée à propos du positionnement des vins français par rapport à ceux du Nouveau Monde, m’appuyant sur deux vignobles : celui de Champagne et celui de Cognac, je me contentais de mettre sur la table les voies et moyens de ce qui m’apparaissait l’une des réponses possibles pour les vignobles que je qualifiaient, chiffres en main, de volumiques. Ensuite j’ai ferraillé, j’ai animé le groupe stratégique Cap 2010, j’ai défendu avec mes petits camarades la note stratégique « Les Défis du Vin Français », puis, comme dirait l’autre, les choses sont rentrées dans l’ordre, chacun à repris sa casquette et les vaches ont été bien gardées comme on disait dans ma bonne vieille Vendée – j’ai gardé les vaches dans ma jeunesse –... je n’en dirai pas plus. Le déni de réalité ne change pas la réalité.

 

Alors, ne voulant pas refaire le plat, je vais me contenter d’en repasser un : c’est une chronique écrite le 23 juin 2006, donc au milieu du gué, baptisée : le sarrau. C’est peut-être du réchauffé mais y’a des plats « aiment ça ». Bon appétit !

 

« J'ai ouï-dire que pour lutter contre la toute puissance des marques dans les cours d'école le biographe d'Henri IV préconisait la blouse obligatoire : le retour du sarrau ! Après tout, pourquoi pas,  s'il n'y a pas d'autres sujets d'importance à mettre en débat nous pouvons nous remobiliser comme lors du référendum : un face à face très chaud entre les « ouiouistes » et les « nonistes »  du sarrau.

 

Depuis 5 ans dans le monde du vin nous avons joué à ce petit jeu de rien du tout qui débouche sur rien du tout : marques contre AOC, tradition contre modernité, copeaux or not copeaux, complexité contre simplicité, Languedoc contre Bordeaux...

Résultat : la purge, les « méchants eurocrates » qui ont une calculette à la place du coeur tirent les conséquences de notre incapacité à vendre le vin produit : proposition d'arrachage massif  du vignoble. Pour les non-initiés, il s'agit d'un arrachage volontaire, iront ceux qui voudront ou qui ne pourront pas faire autrement. Genou-7145.JPG

Pour en revenir, au sarrau, hier au soir je dînais aux Pipos face à l'Ecole Polytechnique : pour je ne sais quelle raison les Polytechniciens étaient de sortie, en uniforme, alors vive l'uniforme ! En fait, ça ne nous changerait pas beaucoup de ce que nous côtoyons tous les jours.

 

Je cède la plume à Olivier Bardolle « Des ravages du manque de sincérité dans les relations humaines » L'Esprit des Péninsules

 

 « Dans notre société hypermoderne et « performeuse », la pure spontanéité est devenue rarissime. Tout le monde est plus ou moins factice, joue un rôle avec une gravité sans faille. Du PDG qui enfile chaque jour son costume sombre de tueur en col blanc au bad boy des cités qui arbore ostensiblement sa tenue ultra-codifiée de gangstarap, tout le monde fait l'acteur, endosse une panoplie permettant de s'identifier socialement. Il n'y a pas si longtemps, les métiers avaient un uniforme, dans la rue on pouvait voir passer le charpentier, le maçon, ou le bougnat, cette fierté d'appartenir à une corporation les dispensait d'avoir à jouer un rôle, il leur suffisait d'être, tout simplement. Depuis, les frontières se sont brouillées, et chacun choisit son propre habit de scène au magasin des accessoires, c'est-à-dire chez Armani ou chez Décathlon, ce qui aboutit, non à la diversité, mais au contraire, à une forme de standardisation fondée sur quelques archétypes convenus et débouchant sur l'anonymat pur et simple... »

 

Beau sujet de Baccalauréat pour nos futurs viticulteurs ou mieux petit devoir sur table, du genre dictée de Bernard Pivot, pour tout ce que la France compte de grands esprits, plumitifs variés, critiques autoproclamés, qui pensent le vin pour le plus grand profit – c’est-à-dire en leur lieu et place – des petites bêtes étranges que sont les consommateurs. Étant entendu que le consommateur de vin, se doit d’être pétri par notre culture nationale du vin, imprégné d'histoire, indifférent à toutes les tendances, surtout si c'est une nana de Birmingham ou un chauffeur routier de l'Ohio, qui attendent, avec la même ferveur, qu'ils attendent leur feuilleton télé, d'être éduqué, formaté, guidé dans notre monde merveilleux du vin par nous et nous seuls. Si c’était vrai ça se saurait.

  

Comme le dit Bardolle, à propos des intellectuels parisiens de la « rive gauche », notre vocation consiste à éclairer le monde « en toute simplicité » Que nous le regrettions ou non « les hommes ont la passion des idées simples, le complexe, l'ambigu, le raffiné les inquiètent, la mentalité générale procède d'une psychologie de basse-cour. Tout doit être conforme, convenu, prévisible. »

 

Je le regrette comme beaucoup d’entre vous mais la réalité, même lorsqu’elle est déplaisante, doit être affrontée comme telle, surtout si on a le désir de l’influencer, de la changer. Relever le défi des vins à la française face à la donne mondiale n’a rien à voir avec des abandons, des renoncements mais consiste, d’une manière très basique, à mettre nos actes en accord avec nos déclarations d’intention : « Dire ce que l’on fait, faire ce que l’on dit » pour tous nos vins des plus grands aux plus modestes... Mais comme le disait le cardinal de Retz : « On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment» Bonne journée à tous.

La « Task Force » de l’Opération Beaujolais « Grand Corps Malade » reçoit de nombreuses adhésions, le guichet reste ouvert. Je vous tiendrai au courant mais je n’ai que 2 mains et encore ma tête.

à bientôt sur mes lignes...

 

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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 00:09

Devais-je traduire mon extrême bonheur par ce titre extrême ? Cédais-je en cela à la facilité ou exprimais-je ainsi l’intensité de mon plaisir ? Au terme d’une intense introspection je me posais une dernière question : « mais pourquoi diable prendrais-je un air contrit pour un beau et simple péché de gourmandise ? »
Assurément non !
J’assume mon statut de goûteur non patenté sans couvrir ma tête de cendres. J’entends déjà les plus impatients d’entre vous m’interpeler : « aux faits Berthomeau, aux faits... »
Minute papillon, ce matin mes mots sont indolents, ils prennent leur temps. Batifolent. Se prélassent. Oui, il est des jours où tout va, l’air est léger, le ciel pur, la pédalée fluide, et dans les arbres des contre-allées des Champs Elysée les oiseaux gazouillent, même que je me prends à rêver qu’à nouveau, un beau jour de juillet, y poussera du blé avec cette fois-ci plein de «gentils coquelicots mesdames» de «gentils coquelicots nouveaux ».

Comprenez, chers lecteurs, qu’avoir l’ambition de vous surprendre chaque jour, d’aiguiser votre appétit, de vivifier vos neurones, relève du péché d’orgueil. Rassurez-vous je ne suis pas en train d’égrener les 7 péchés capitaux mais de vous mener par la main jusqu’à ma table, celle de ce jour heureux où, cédant à une aimable invitation, je pédalais jusqu’au Laurent. Philippe Bourguignon, hôte souriant, voulait voir mon fier et noir destrier. Mais ce n’était que sa Gazelle de remplacement accrochée à un panneau de stationnement. Je sens que j’énerve même mes plus chauds partisans alors, pas de quartier, après cet envoi : je touche !
Oui « Après le choc des mots, le poids des photos ! »

Prenez-en plein les yeux !
Chapelle.BLC.sans_mill-2-.jpgTom 7233


















Et maintenant, parlons peu mais parlons vin ! C’est un grand blanc ! C’est un cru classé ! C’est un 100% rolle ! C’est une cuvée d’exception ! C’est un 2008 ! C’est le must du Château Sainte Roseline : La Chapelle Sainte Roseline !
www.sainte-roseline.com . En cette Provence dont l’image se résume trop souvent à celle du rosé, le château Sainte Roseline, avec ses 108 hectares de vignobles, tout en faisant la part belle à la couleur fétiche (50%) produit aussi des vins rouges (40%) et des blancs (10%). Je les suis depuis que je me suis autoproclamé dégustateur non patenté. Je les appréciais à leur juste valeur mais jusqu’ici je n’avais rien écrit sur mes lignes. Non que je fusse, comme certains qui, en notre beau pays, estiment que n’est grand que ce qui est petit, mais tout simplement parce je ne m’étais jamais trouvé en situation de le faire. Je suis ainsi fait, parfois lent, souvent impatient mais toujours vaillant.
 

Et puis, voilà qu’en ce mercredi 24 mars, touché par la grâce, le buveur assis que je suis s’est élevé vers les sommets du plaisir. Une forme de ravissement profond où l’émotion esthétique première, née du regard porté sur la Palette de légumes raves relevés d’huiles aromatiques et épicées, imaginée et réalisée par le chef du Laurent Alain Pégouret, cédait très vite la place à une émotion gustative, fine et légère, canaille, piquante, née d’une union réussie.

Le mariage se fit dans la simplicité. Pensez-donc chers lecteurs : un Grand Blanc de Provence avec des raves de toutes les couleurs ! Quel défi ! Coup de génie car, en dépit de mes préventions contre les marieurs et les marieuses de mets et de vins, ici, La Chapelle Sainte Roseline 2008 prenait son envol, atteignait sa quintessence en flattant, par sa fraîcheur et sa vivacité, mes papilles émoustillées par ces navets roturiers épicés.
Bravo les artistes !
Chapeau bas pour de la belle ouvrage vigneronne confortée par l’épure d’un chef !
Pour autant n’en concluez pas que mon enthousiasme ne se fonde que sur l’ambiance très cosy du Laurent. Qui peut le plus peut le moins La Chapelle Sainte Roseline 2008, reste en toute circonstance un grand blanc du Sud, élégant, raffiné et gorgé d’aromes floraux qui s’accordera aussi bien avec un beau loup grillé (chez moi c’est du bar) ou avec un merveilleux risotto aux truffes ou plus simplement avec une belle farandole de crudités de saison.


Pour l’édification des ignorants je reviens un instant aux raves (ne pas prononcer rêves bande de sacripants !). Le mot rave est un nom vernaculaire ambigu qui désigne en français des plantes potagères cultivées pour leur racine comestible. Cependant, le de Candole indique que d’autres variétés des mêmes espèces sont cultivées pour les feuilles (les choux), les inflorescences (les choux-fleurs), ou encore pour l’huile qu’on extrait des graines (colza, navette, etc.) Le roi des raves, le plus connu est bien sûr le navet  qui peut être blanc, jaune ou rouge. Ensuite, presque sur un pied d’égalité vient la betterave d’un beau rouge profond, puis le fameux céleri-rave blanc d’argent. Moins connus : le chou-rave, le brocoli-rave et la Rabiole du Limousin.


Enfin, rien que pour le plaisir deux belles photos et une belle chanson de Gilbert Bécaud pour donner un grand coup de chapeau à la perfectionniste Aurélie Bertin, fille de Bernard Teillaud, qui a repris les rênes voici 2 ans des deux beaux grands domaines dans cette Provence que chante Bécaud : le Château Sainte Roseline et le Château des Demoiselles. 
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Mosaïque de Marc Chagall «le repas des anges» dans la chapelle Sainte Roseline

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 Le Rosé 2009 La Chapelle Sainte Roseline photographié devant Intérieur au Violon hiver 1917-1918 d'Henri Matisse qui est en couverture du catalogue de l'exposition Méditerranée de Courbet à Matisse (Grand Palais sept. 2000-janvier 2001)

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 00:08

Tom-7287.JPGAider le Beaujolais à sortir de l’ornière : l’idée fait son chemin. Le débat sur mon « Espace de Liberté » s’est engagé. Vif mais souvent pertinent, il ne peut suffire car trop souvent sur la Toile le soufflé monte aussi vite qu’il ne redescend. Des bonnes volontés venues d’horizon divers m’ont fait savoir qu’elles étaient disposées à me prêter main forte. J’ai pris bonne note en me demandant comment traduire en action cet élan. Et puis, jeudi dernier, j’ai pointé mon nez enfariné en Bourgogne, Nuits Saint Georges puis Beaune pour la 10ième édition des Grands Jours. Un déplacement, très «carbon neutral» dont je vous reparlerai dans les jours à venir, qui m’a permis de croiser des « acteurs » intervenant en Beaujolais. Comme de bien entendu nous en «avons parlé» et, là encore, j’ai apprécié la qualité de l’écoute et une réelle volonté d’agir. J’ai donc couché sur mon cahier Opération Beaujolais « Grand Corps Malade » des noms. Le soir, au dîner de l’Union des Maisons de Vins de Bourgogne, j’ai entendu son Président : Louis-Fabrice Latour évoquer l’accord signé, sous l’égide d’Yves Bénard le Président du Comité National Vins&Eaux-de-vie de l’INAO, entre la Bourgogne et le Beaujolais préfigurant la Grande Bourgogne. Juste avant de partir, un de mes collègues du Conseil Général du Ministère, en me transmettant un travail qu’il avait réalisé dans une autre région viticole, me faisait part aussi de son intérêt pour la démarche. Bref, voici brosser l’ébauche d’un léger frémissement qui me conforte dans mon approche pragmatique.


Reste, et ce n’est pas évident, à trouver le liant ou le lien qui permette de démultiplier les bonnes volontés, d’additionner les compétences, de les aider à contribuer, de faire que cet écheveau se transforme en pelotte. Belle ambition certes mais qui se heurte aux emplois du temps des uns et des autres, aux possibles dissonances, au peu de goût de certains pour les réunions, et enfin au point le plus sensible, puisqu’il s’agit de ma part d’une auto-saisine, le fait de travailler pour du beurre puisque personne parmi les instances officielles du Beaujolais, à l’exception du fils et petit-fils de vigneron qui m’a saisi du problème, ne m’a jamais rien demandé. Alors que faire et surtout comment faire ? Tout d’abord rester dans notre rôle, ne pas nous transformer en missionnaires en charge de « l’évangélisation » des masses, s’en tenir à une approche de proximité, modeste, attentive, indemne de toute exclusive, hors les chapelles et les ayatollahs. Créer le mouvement, instiller de la confiance, sortir des idées reçues, explorer toutes les pistes ouvertes, dire et écrire, mobiliser les énergies pour le renouveau. Tenir un tel discours va me valoir sans doute les lazzis des éternels sceptiques ou les reproches de ceux qui estiment que je m’occupe de ce qui ne me regarde pas. Rassurez-vous, je suis vacciné.

 

Hasard de l’écriture et de l’instantanéité du Net, ce matin, alors que je ponds cette chronique, un commentaire d’Isabelle, dont j’ai apprécié le Moulin à Vent à Montreuil, tombe : « On est fort en beaujolais: on continue à parler de nous, même quand la crise est au plus fort, quand on dit que plus personne ne veut acheter du beaujolais! Ça fait presque 20 ans que la crise est arrivée dans notre région. On n'a pas voulu la voir faisant une confiance aveugle aux négociants et étant persuadé que le consommateur ne pourrait pas se passer de boire de Beaujolais... Et ça m'énerve aussi un peu quand j'entends les vignerons des crus qui accusent le Nouveau d'être la cause de leur malheur. Ils n'avaient qu'à se bouger un peu...réagir quand le beaujolais avaient encore la cote...au lieu de ça on déclassait des beaujolais villages ou des crus en Nouveau! Et oui, parce qu'en beaujolais, les rendements autorisés étaient supérieurs... » Et de conclure : « Arrêtons de compter sur les autres pour s'en sortir? Il faut que chacun se sente enfin responsable de sa cave et de son vin et prenne le courage de mettre son nom sur la bouteille et d'aller le vendre. Arrêtons de se justifier d'être en beaujolais. Soyons fier de notre région, de nos vins. Jamais je n'ai à m'excuser d'être en beaujolais : c'est à prendre ou à laisser! On y trouve des vins magnifiques de fruit, de fraîcheur et de caractère. Vive le beaujolais! »

 

Paradoxalement, même si Isabelle en appelle, non à compter sur les autres, mais au sursaut de ses collègues pour sortir le Beaujolais de sa crise, je trouve dans son commentaire un encouragement à venir prêter main forte à celles et ceux qui ne baissent pas pavillon. Démarche amicale, loin des ordonnances des docteurs je sais tout, à cent lieux des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs, qui place l’opération « Beaujolais Grand Corps Malade » dans cet esprit de prise en charge par les intéressés. Compter d'abord sur soi-même comme je l’avais déjà écrit dans ma première chronique : « C’est donc à dessein que j’ai titré ma chronique « Grand Corps Malade » en référence à ce grand garçon sympa qui a su, avec ses propres forces, surmonter son handicap lié à son accident pour « réussir ».  

Comme je me suis autoproclamé « accoucheur de décisions » je vous sollicite donc, chers lecteurs et lectrices, pour être membres actifs dans mon équipe que j’ai pompeusement baptisée : « Task Force » pour frapper les esprits et bien souligner l’esprit qui l’animera : être de simple relayeurs auprès des gens du Beaujolais !

 

Pour ceux que ça intéresse c’est simple : vous me faites parvenir sur ma messagerie berthomeau@gmail.com votre adhésion à la « Task Force ». Ça vous engagera à quoi me direz-vous ? À ce que vous souhaiterez, à ce nous souhaiterons ensemble, à ce que nous ferons ensemble. Ainsi soit nous créerons une forme originale de réseau communautaire pour aider, soit mon initiative fera un gros plouf et je continuerai de tracer mon chemin en solitaire.

à bientôt sur mes lignes... 
 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 03:12


Bob me tendait une note :

 

N. AN-5 AG-2/1014

Le Ministre d’État chargé de la Défense Nationale

Le 11 février 1971

 

Note à l’attention du Président de la République

 

« Peu de temps après votre élection, vous avez dit de la politique européenne : « Pour la France, c’est avant tout d’être bien avec Washington et Moscou. »

S’il est un domaine où cette réflexion s’applique entièrement, c’est bien celui de la Défense. Il convient d’autant plus d’en être convaincu que la tentation de « coopération européenne » risque de nous attirer dans une situation où nous perdrions le bénéfice de notre indépendance, sans contrepartie sérieuse. J’ajoute que l’organisation de notre défense et notre capacité de puissance militaire ne nous permettent pas des engagements inconsidérés.

Je reprends ces deux points.

  1. Le premier est celui de la coopération européenne en matière militaire.

Nous sommes l’objet d’actions de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne qui sont présentement séparées, mais qui peuvent un jour être jumelées. Les deux pays se servent, pour nous tenter, de thèmes d’ordre général. Du côté allemand, on estime avoir besoin d’un soutien pour compenser le désengagement américain... Du côté anglais, on se fait et on se fera de plus en plus le champion d’une défense européenne dont il sera dit qu’elle est la première étape pour acquérir, à l’égard des États-Unis, une situation militaire crédible.

Ces thèmes d’ordre général servent de prélude à des invites précises : participation du comité nucléaire de l’O.T.A.N. ; à l’organisme dit « Eurogroup » ; demande de participer à des discussions de planification pour les forces conventionnelles et d’emploi pour les forces nucléaires.

Il convient de considérer ces thèmes d’ordre général, autant que ces invites précises, comme des pièges. Il s’agit en fin de compte de nous enlever notre indépendance et de modifier nos conceptions stratégiques. Sans doute ne peut-on pas toujours répondre par des négatives, et ce n’est pas altérer substantiellement nos conceptions que d’admettre dans des conversations d’état-major une discussion dur certains plans communs d’action, à condition d’affirmer toujours qu’il s’agit là, à nos yeux, d’hypothèses parmi d’autres.

Aller plus loin serait un risque considérable ou, plus exactement, une certitude de voir altérer nos relations tant avec les Etats-Unis qu’avec l’Union Soviétique...

 

  1. Un second point doit être mis en lumière : l’organisation de notre capacité militaire... Notre puissance militaire est orientée vers l’augmentation progressive de notre capacité propre de défense, sans doute en nous permettant, le cas échéant, de faire bonne figure dans une stratégie interalliée, mais en fait notre capacité à participer dans n’importe quelles conditions, dans n’importe quel endroit, à une longue ou dure action militaire, à caractère continental est limitée, et ne peut pas l’être, compte tenu de l’ensemble des données, notamment financières qui commandent notre politique.

Cette réflexion est capitale pour notre diplomatie : nos engagements doivent être limités à notre capacité d’intervention, qu’il s’agisse de l’Europe ou de l’outre-mer.

 

Michel Debré

 

Chloé lisait au-dessus de mon épaule. Nos amis américains nous observaient avec une fausse décontraction fortement teintée de condescendance. Lecture faite, je décidais, à nouveau, de cogner fort et, pour corser mon propos, de truffer mon attaque d’un vocabulaire inaudible par la quasi-majorité des cow-boys présents. Mon entame se fit mielleuse « Merci, mon cher Bob, vous êtes trop bon de porter à mes yeux de second couteau une telle littérature. Vos services n’ont pas perdu la main. Ils continuent d’arroser au plus haut niveau et la récolte est fructueuse... » Chloé me massait le cou. Je montais en régime : « Après m’avoir offert comme mise en bouche deux beaux spécimens du Département d’État ; à propos de mise en bouche, entre nous, cher Bob, votre Eva m’a tout l’air d’une vraie goulue. Y’a pas à dire c’est un plus avec les puritains de la Côte Est pour qui un petit pompier en loucedé ce n’est pas péché. Je constate que vous ne me démentez pas... » Bob restait impassible sûr qu’il était que ses coéquipiers n’entravaient rien de mes propos. Chloé allumait une cigarette. « Donc, avec le PQ du père Debré payé à prix d’or vous me faite le coup classique du mépris. En clair, primo tu me mets sous le nez que vos affidés : les rosbifs et les teutons de Bonn font tout pour nous enfiler, ça s’est un scoop ! Même les bourrins de la DST l’ont compris, c’est dire ; deuxio, tu me montre qu’en dépit de nos rodomontades nous sommes tout juste capables d’avoir assez de carburant pour que nos chars aillent jusqu’à Varsovie, après faut qu’on vous demande de l’aide. Bref, tu me balance que nous ne sommes que des va de la gueule ! Entre nous je vais te dire : tout ça pour ça ! Tu me déçois beaucoup Bob. Il va me falloir du plus costaud si tu veux que je te donne un coup de main pour ton opération Rouge Gorge. »

 

Comme dans un vaudeville Eva Harriman pointait, au beau milieu de ma péroraison,  son joli petit bout de nez poudré. Je me fis grossier « alors ma poule : on écoute aux portes ! » Elle ne bronchait pas. Avec une froideur inhabituelle Chloé prenait la parole « Et si nous passions vraiment aux choses sérieuses. Virez-moi la volaille et puis causons entre gens du même monde ! » Nous ne restâmes plus que quatre, Chloé et moi sur le canapé, Bob debout derrière le fauteuil où venait de prendre place Eva qui croisait ses belles jambes sans aucun souci pour la vision qu’elle m’offrait. Elle attaquait dans un français pointu « La clé de la question européenne est l’Allemagne. Elle est au cœur de l’Europe et, en dépit de ses liens culturels et économiques avec l’Occident, elle risque toujours d’être attirée vers l’Est qui détient des millions d’allemands en otage. Notre intérêt bien compris c’est d’arrimer chacune des deux Allemagnes à leur bloc respectif. La construction européenne piège la RFA en l’obligeant à tenir compte de la France. Pour la RDA le lien est plus fort mais l’attrait de l’Ouest pour ses habitants reste un problème préoccupant. Chez nous, avec l’amendement Mansfield au Sénat, pour un désengagement américain en Europe, l’important est d’agiter la menace que fait planer sur l’espace européen l’arsenal militaire soviétique. Les russes savent pertinemment que sans le bouclier nucléaire américain l’Europe est en danger. Ils jouent la France contre la RFA. Sur cet échiquier les mouvements gauchistes sont les seules pièces qui peuvent perturber les règles du jeu. Nous avons donc décidé, avec l’Opération Rouge Gorge, de noyauter leurs principaux chefs en donnant des gages à tous. Vous êtes nos virus... »

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 00:09

Une fois passé l’annonce du seul pourcentage qui vaille la peine que l’on s’attarde sur lui : celui de la participation des électeurs inscrits, les soirées électorales à la télévision nous offrent le spectacle d’un tourbillon échevelé de pourcentages qui, surtout dans des scrutins locaux, offrent la particularité de couvrir des réalités fort contrastées. Mais la réalité des voix obtenues par les uns et par les autres n’intéresse en rien la gente journalistique, ce qui compte pour elle c’est de mettre en avant des combats singuliers entre Macheprot et Tartemolle ou la renaissance d’un Phoenix de ses cendres.

Dimanche soir l’angoisse rongeait les commentateurs parisiens : « est-ce que l’ex-postulante à la fonction suprême allait monter, si vous me permettez l’expression, sur la première marche de la « vague rose » qu’avait d’ailleurs quelques auréoles vertes et rouges ? » Ils frétillaient. « Allait-elle ainsi griller la politesse à sa rivale installée dans le fauteuil de son ex : le volage et infidèle François ? » Faut dire que dans le pays du beurre AOP « Charente-Poitou » la dame brandissait fort tôt, avec une gourmandise carnassière l’oriflamme de sa victoire. Bref, ses 60,61%, lui offraient-ils à nouveau un destin national ?

Franchement je trouve que, même s’ils n’avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent, nos lecteurs de prompteurs en ont fait des tonnes. Y’en a pas un seul qui a pensé – mais ces gens-là pensent-ils ? – à remettre les % en perspective et ainsi faire un peu dégonfler le soufflé. Moi, en vieux routier de la carte électorale, je savais que la dame du Chabichou allait devoir se contenter de la pire des places : la 2de. En effet, du côté de la grosse région Midi-Pyrénées, un vieux routier de la politique, Martin Malvy, du haut de ses 74 ans, allait rafler la mise : 67,77% soit 7 points de plus, donc bien plus que l’épaisseur d’un boyau.

AnquetilPoulidor692H500.jpgMais une fois ceci écrit revenons à la réalité des voix :

-         les 67,77% dans le Midi-Pyrénées représentaient 740 430 électeurs sur 1 040 942 suffrages exprimés et 2 038 0033 inscrits.

-         Les 60,61% de celle qui voulait remonter sur Paris représentaient 392 292 électeurs sur 647 202 suffrages exprimés et 1 284 411 inscrits.

-         Le troisième sur le podium avec ses 59,68% est lui aussi un jeune homme de 67 ans : René Souchon en Auvergne soit 305 815 électeurs sur 512 455 exprimés et 994 049 inscrits.

-         à ce petit jeu du poids d’un fauteuil de président ou de présidente les 3 poids lourds sont dans l’ordre : Huchon 1 720 644 électeurs (56,69%), Queyranne 994 372 électeurs (50,76%) et Vauzelle 747 297 électeurs (44,11%). Sur cette base j’aurais bonne mine à crier « Huchon président ! »

-         Ile de France+Rhône-Alpes+Provence-Alpes-Côte d’Azur c’est 14 205 785 inscrits sur un total de 42 434 822 soit un 1/3 du potentiel.

-         Enfin le vieux de chez vieux, le tombeur de Jospin, l’innommé, lui a fait 387 481 voix en PACA et sa progéniture 301 201 voix dans le Nord-Pas-de-Calais...

Il est des soirs d’élections où je rêve de voir René Rémond ressusciter d’entre les morts pour mettre un peu de pertinence dans les commentaires. Mais, comme tout le monde s’en fout, la prochaine fois j’organiserai un banquet de l’Amicale des Bons Vivants... si tant est qu’elle aussi ne soit pas devenue un grand fleuve d’abstentionnistes mon appel du 22 mars L’Appel des Verres : le seul «Mouvement du 22 mars» refondateur s’étant révélé un bide total   http://www.berthomeau.com/article-l-appel-des-verres-le-seul-mouvement-du-22-mars-refondateur-47193159.html et dieu sait qu’il était aussi beau, même bien plus, qu’un discours... mais là je m’égare... je suis un incompris du genre à faire moins de 5% à l’élection au bureau du club des boulistes de la Roche Migennes... mais pour le bien vivre : ne vous abstenez pas, votez pour moi ! Et un petit coup de Résidents de la République pour la route ! 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 00:02

Notre temps, qui se dit si soucieux de la nature, des petits oiseaux, des gentils insectes, des lapins folâtres et des abeilles butineuses, par un étrange oukase de la cohorte des biens pensants, des pédagogues gris, des gardiens de la santé publique, tient nos enfants à distance de la vigne comme si celle-ci, liane infernale, allait avant même que leurs dents de lait soient tombées les enlacer, les séduire, pervertir leurs jeunes esprits, noircir leur âme pure, leur ouvrir le chemin qui les mènera tout droit l’âge aidant, vers l’enfer des adorateurs de son jus fermenté. Alors, au lieu de débiter à longueur de contre-étiquette des banalités sur l’accord parfait d’un Gigot d’agneau avec une Première Cote de Bordeaux ou sur l’incomparable royaume des schistes et des grès de Saint Chinian ou chanter la gloire du Petit verdot et du Gros Manseng, donner aux mamans, soucieuses d’éveiller l’imagination de leurs mouflons et mouflonnes, des textes tel que celui qui suit.  merle_noir_004_-aquarelle-.jpg

« À Cabara, en bord ‘eaux de la rivière, et à Saint-Aubin de Branne, en sol majeur de roc et d’argile, les terres de mes vignes sont travaillées à la charrue pour préserver la vie de la nature.

Perché au faîte des vignes, chaque jour, le merle voit couler l’eau douce de la rivière vers la mer.

Et chaque jour, également, au rythme des marées, il voit la rivière remonter inlassablement vers sa source et donc vers la mémoire de ses origines.

Le merle inspiré par ce rituel quotidien, offre alors ses chants au seul agrément des &amateurs en se tenant volontairement à l’écart du savoir étrange de prétendus experts et de soi-disant notables concentrés sur la typicité des sélections officielles et des standards en chaîne.

Par son propre chant, à sa manière, il exprime sa fierté d’être libre sans jamais imiter le chant du rossignol.

À la vie dure des honneurs et aux cours magistraux des hommes le merle aux noirs reflets préfère le cours de la rivière.

Des écoles il ne connaît que les cours de récréation : là au moins les règles y sont sincères et véritables...

Permettez-moi simplement d’être sensible, par la Nature des choses, à tout ce que le merle et la rivière me racontent...

Chaque oiseau, de ses propres plumes, signe son chant. »

merle_male.jpg
L’ami
François des Ligneris  auteur de ce beau texte écrit pour les Grands qui ont gardé un cœur d’enfant mais je ne doute pas qu’il existât encore des mamans capables de broder, sur la trame de cette histoire de merle juché sur le faîte des vignes regardant aller et venir la rivière, avec des mots d’enfant un conte qui leur fasse aimer les chemins de la simplicité, de la liberté et de l’altérité. Le titre : Le Prince Sarment leur mettra déjà l’eau à la bouche et comme le dit François leur permettra peut-être de comprendre que ce modeste petit bout de bois qui part dans tous les sens est un indispensable trait d’union entre le cep et le raisin « sans les sarments de la vigne, il n’y aurait pas de raisins, donc pas de vin... Gloire soit rendue aux sarments, princes du vin à venir et de nos rêves secrets ! »

Le Prince Sarment  est un Vin de Table de France titrant 13,5° issu des vignes de  François des Ligneris vigneron à Cabara et Saint-Aubin de Branne en Gironde www.UADF.COM et l’étiquette est une aquarelle de Marc Couturier. Je viens de le boire ce soir alors que le thermomètre de ce début de mars vient de faire une rechute. Il m’a réconforté tel un ami solide et chaleureux. Et puis, pour ne rien vous cacher j’adore les merles car ils ne pas bégueules, toujours en mouvement ils sont démonstratifs, insolents, rieurs et persiffleurs. Des bons vivants quoi !

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 00:05

J’extrapole ! À peine chers lecteurs, je me contente de pousser le bouchon, si je puis dire, à l’extrême limite de ce qui sépare la science-fiction d’un futur possible.  D’où me viens cette idée saugrenue ? Du concept de « ferme verticale » fondé sur l’idée de cultiver à une échelle significative des produits alimentaires dans des tours de manière à produire sur une faible emprise au sol, y compris en ville pour répondre à des besoins de proximité (locavores et circuits courts). Les farmscrapers sortent tout droit d’un concept développé en 1999 par Dickinson Despommier, professeur en santé environnementale et microbiologie à l’Université Columbia à New-York avec des étudiants d’une « Medical Ecology Class ». Selon lui, de telles tours, pourraient être construite pour environ 84 Millions de $. L’architecture de ces tours a été développée par Andrew Kranis de Columbia University et Gordon Graff d’University of Waterloo.

« Ce que nous proposons ici est radicalement différent de ce qui existe déjà. Nous envisageons la récolte d’une très grande variété de produits dans une quantité suffisante pour soutenir même la plus grande ville du monde sans trop dépendre des ressources, au-delà de l’empreinte urbaine.

Notre groupe a déterminé qu’une seule ferme verticale avec une empreinte architecturale équivalente à un pâté de maisons de New York et d’une hauteur de 30 étages pourrait fournir assez de calories pour satisfaire les besoins alimentaires de 50 000 personnes (2 000 cal/ jour/personne), et principalement en employant des technologies actuellement disponibles », assure Dickson Despommier

 

« Le projet Sky Farm, présenté par le designer Gordon Graff pourrait ainsi s’ériger sur 1,3 ha à Toronto, atteindre les 230 mètres sur 58 étages et produire autant qu’une ferme de 420 ha. L’arrangement des cultures se fait en fonction des besoins de chacune en termes d’ensoleillement, de température... En haut du building, de la laitue. Quelques étages en dessous, des carottes, puis des haricots verts. En continuant la descente, nous arrivons aux épinards, puis aux poivrons, au blé et aux pommes de terre. Nous ne sommes plus qu’à une dizaine d’étages de haut, l’élevage de poulets pour la viande comme pour les œufs commence, à côté des tomates, des courgettes et des fraises. Promesse : de la nourriture pour 35 000 personnes. »

En 2008 le New York Times écrivait qu’une ferme pourrait voir le jour à Manhattan, et ô surprise l’agence d’architecture retenue pour mener à bien ce projet serait... française « Augustin Rosenstiehl, a French architect who worked with Dr. Despommier to design a template “living tower”, said he thought that any vertical farm proposal needed to be adapted to a specific place. Mr. Rosenstiehl, principal architect for Atelier SOA in Paris, said: “We cannot do a project without knowing where and why and what we are going to cultivate. For example, in Paris, if you grow some wheat, it’s stupid because we have big fields all around the city and lots of wheat and it’s good wheat. There’s no reason to build towers that are very expensive.

tow2.jpgEn effet, SOA planche depuis des années sur un projet de «tour vivante » en collaboration étroite avec Despommier. Selon Pierre Sartoux et Augustin Rosenstiehl, inventeurs du concept, « la séparation entre ville et campagne, urbanisme et espaces naturels, lieux de vie, de consommation et espaces de production alimentaire est de plus en plus problématique pour un aménagement durable du territoire. » D’où leur idée de concevoir une tour à énergie positive fondée sur l’éolien et le solaire, au sein de laquelle on produirait fraises, tomates, et toute autre denrée alimentaire répondant à un besoin local. Une ferme de banane sur les Champs-Élysées ? 487kgs de bananes par jour ? Le reste des chiffres bientôt sur le site ! http://www.eco-tower.fr/

skyfarming070409_6_560.jpgAfin de ne pas déclencher une bataille rangée entre les Anciens et les Modernes, entre les carbon neutral et les supporters du Mammouth allègre, entre les Verts et les Pas mûrs, entre les partisans de l’agriculture paysanne et les défenseurs des gros tracteurs, les In et les Off qui s’empaillent sur la Passion du Vin, je ne vais pas vous énumérer la longue liste de tous les bienfaits de « l’agriculture verticale » car tel n’était pas mon propos de ce matin. Mais, à propos, quel était donc votre propos me feront remarquer certains ?

Tout bêtement d’ériger une Wine Tower à la Défense sur le modèle déjà développé par Bernard Bled (ex SG de la Ville de Paris sous J. Chirac) qui a fait planter 10 ares de vigne sur la dalle de béton en bas de l'esplanade, juste au-dessus du tunnel qui mène à l'autoroute 14. Selon notre homme « c'est une initiative symbolique pour donner une autre image de la Défense et insister sur son caractère humain et convivial ; preuve que le béton n'est pas antinomique avec la qualité de vie. Et quoi de plus symbolique que la vigne pour revenir aux sources ? Il y a la terre, l'homme et le fruit de son travail » (voir ma chronique du 5 juillet 2007 Vin de Béton du http://www.berthomeau.com/article-Vin de béton-NaN.html)

Il s’agirait donc sur le plan technique de transformer et de diversifier le projet. En effet puisque l'opération menée pour le sieur Bled, par « La rue des Vignes » société spécialisée dans la plantation et l'entretien de vignes en Ile-de- France, a consistée à complanter du Chardonnay et Pinot Noir de Bourgogne et à importer de la terre : 800 m3 venant de Bourgogne, soit 80 cm de profondeur, déposés sur une couche de pierre de lave destinée à drainer les excès d'eau, dans la Wine Tower toute la France des Grands Vins pourrait être ainsi empilées et offriraient aux hordes touristiques débarquant dans notre capitale la vision grandiose et en vraie grandeur de la hiérarchisation de nos chères appellations françaises. Afin de ne froisser aucune susceptibilité régionale, de ne vexer personne et surtout par les Présidents, je ne vais pas proposer dans cette chronique l’affectation des étages mais je propose que l’INAO nomme une Commission de Classement pour réaliser cette noble et difficile tâche. Je vous laisse imaginer les installations de vinification (tout en gravitation), les cuves inox façon Beaubourg, les chais de vieillissement dans le ventre de la Défense.
Voilà un Grand Projet mobilisateur pour le Grand Paris mes très chers amis !
Affaire à suivre assurément...

 

  

 

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