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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 02:00

Le retournement de Sacha passa bien sûr par les femmes, Karen et Chloé s’y employèrent avec la rouerie du sexe dit faible en exploitant sans vergogne le goût qu’ont les nabots pour les hautes tiges. Pour ne pas éveiller de soupçons je servis d’intermédiaire en plaçant lors d’une beuverie en tête à tête avec Sacha que Chloé en pinçait pour lui. Il s’esclaffait bruyamment avant de me servir que ses responsabilités de chef lui interdisait de se laisser-aller aux folies de l’amour, baiser lui suffisait. Cette profession de foi déboucha, dès le lendemain soir, par une irruption de Sacha dans l’alcôve où Chloé qui, comme par hasard, dormait dans les bras de Karen. Elles le consommèrent, telles des mantes religieuses, sans répit, le pompant, l’asséchant, le réduisant à l’état de serpillère essorée.  La nuit n’y suffit pas, elles ne le lâchèrent qu’en fin de matinée. Karen vint me rejoindre alors que je m’apprêtais à sortir. Dans son style inimitable elle entreprit de me délester de la semence que j’avais du accumuler en pensant à elle toute une nuit sans elle. Son agenouillement fut sublime et, pendant que ses longs doigts glacés me défaisaient, elle me disait que tout ce qu’elle venait de faire avec Sacha c’était pour moi qu’elle l’avait fait, par amour. À l’instant où elle désincarcérait mon sexe déjà en érection Karen, me jurait une fidélité absolue. Moi seul pouvais revendiquer la possession absolue de son corps. J’étais son homme, son maître, le futur père de ses enfants.

Le plan de nos amis américains consistait à faire en sorte que Sacha, soi-disant démasqué par leurs services, passe le Mur pour se réfugier en RDA et, bien sûr, de continuer de travailler là-bas pour la Stasi à d’autres tâches – le travail de flicage ne manquait pas dans cette sinistre démocratie populaire – tout en entretenant, avec l’accord de ses chefs, des relations avec ses anciens copains de l’Ouest qui, bien sûr, lui fourniraient des renseignements gracieusement offerts par les services occidentaux. Ce type d’opération relevait du pur classicisme sans pour autant qu’une quelconque des parties en présence puisse réellement savoir au bout du bout qui intoxiquait qui, qui manipulait qui. Avec le recul je suis intimement persuadé que tout le monde s’en foutait, l’important c’était d’entretenir la machine, de développer le fonds de commerce du renseignement, de pomper le maximum de crédits aux gouvernements, d’entretenir l’illusion de la menace, de conforter les chefs dans leur paranoïa, de se donner l’illusion de vivre dangereusement. La grande famille des espions se serrait les coudes, elle pratiquait un marketing de l’offre très efficace pour une demande qui ne recelait aucune limite. Restait à convaincre cette bourrique de Sacha d’entrer dans notre jeu sans qu’il ait le sentiment de trahir ses idéaux.

Comme toujours la solution vint de là où ne l’attendions pas : de Sacha lui-même. Son entichement pour Chloé relevait du calcul : pour lui, elle seule, du fait de sa culture politique, de son sens aigue de la stratégie, de son goût du pouvoir, pouvait prétendre au titre envié de compagne officielle du guide suprême. Il la saoulait de ses analyses alambiquées mais elle tenait bon. Bien lui en pris car un soir, après un dîner arrosé et pour une fois plantureux car l’un de nos nouveaux camarades venaient de débarquer de son Piémont avec une valise pleine de victuailles, il se déballonna sans qu’elle ne lui demande quoi que ce soit. Pour lui, la cause de la paix, le triomphe des travailleurs, passait non par nos manifestations stupides au cœur du Berlin embourgeoisé mais par la RDA qui, en dépit de ses insuffisances, de ses atteintes aux libertés, de sa soumission aux Soviets, recelait encore des ingrédients susceptibles de bouter l’impérialisme américain hors d’Europe. Son projet, qu’il murissait depuis des mois, était de plier bagages et de passer à l’Est. Chloé tenta pour la forme de le dissuader. Imperator il la coupait « tu viens avec moi, bien sûr ! » Alléluia le poisson était bien ferré, elle lâcha du fil en l’assurant qu’elle le suivrait mais qu’il lui fallait faire un aller-retour en Italie avant. Pour encore mieux le tenir au bout de sa gaule Chloé ajoutait qu’il valait mieux qu’elle ne le rejoigne que plus tard pour que les pointilleuses autorités de la RDA évite de les soupçonner de je ne sais quel coup tordu. Sacha apprécia à sa juste valeur cette précaution et intima l’ordre à Chloé de satisfaire son péché : se caresser devant lui, ce qu’elle fit avec un réel enthousiasme.

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 00:09

Par la grâce de Margot de Nicolaÿ (voir 3 Questions à Margot de Nicolaÿ, jeune et passionnée du vin http://www.berthomeau.com/article-24504440.html , plus so british que jamais depuis qu’elle a rejoint Londres, j’ai été convié jeudi soir, rue d’Édimbourg dans un restaurant basque «La Passée» à une conférence organisée par un club de jeunes gens et de jeunes filles, «Initiateurs d’avenir». Le thème sous forme de cette question provocatrice : « La biodynamie : avenir de l'agriculture ? » ne pouvait que m’allécher et la présence de Nicolas Joly, le pape de la biodynamie, m’inciter à me transporter jusqu’au 9ième arrondissement et à me glisser dans cette pépinière de têtes bien faites. Merci au président du club www.initiateurs-davenir.com , Bruno Croizé-Pourcelet, d’avoir suivi la suggestion de sa vice-présidente d’inviter une vieille barbe comme moi au risque de troubler le bon ordonnancement de la conférence.

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Je n’avais jamais croisé dans ma vie professionnelle Nicolas Joly. Mes connaissances sur les fondements de la biodynamie sont inexistantes mais, contrairement à beaucoup, je ne nourris, ni ne professe une quelconque hostilité de principe à l’égard de cette pratique. Bien plus, je fais parti de ceux, fortement rationalistes, qui d’une manière pragmatique admettent que, si ça fonctionne, pourquoi aiguiser des armes bien inutiles à son encontre. Mon seul bémol, et c’est un point dur chez moi, je suis hostile à tout esprit de chapelle, à la stigmatisation, aux oukases du type « si tu fréquentes les X... ou si tu oses écrire sur les Y, tu es un traître à la cause... » Moi je fréquente tout le monde, ou presque, et je suis un défenseur acharné du dialogue, des adhérences même entre des parties antagonistes.

Donc, me voilà installé avec mon petit carnet et Nicolas Joly se déploie après avoir noté, avec humour, la présence d’un vieux canard gris dans la couvée des jeunes oisillons. L’homme à une gestuelle à l’image de ses convictions : fluide, communicative, séductrice. Je ne vais pas faire état dans ce billet du fond de son propos, ce qui serait trop réducteur, mais vous donner envie d’aller l’écouter. C’est un passionné mais aussi un réel défricheur d’avenir, pragmatique et sincère, dont on ne peut balayer les analyses d’un revers dédaigneux de la main. Nicolas Joly n’est ni un illuminé, ni un gourou sectaire mais de ceux qui, dans un système dominé par le conventionnel, font entendre une partition différente. Au-delà des théories, des controverses, ce qui m’intéresse dans la démarche de Nicolas Joly c’est son côté Chaissac, dérangeant, hors norme, tout en étant un entrepreneur, homme de la vigne et du vin. Cultiver les différences au nom d’un retour aux équilibres de cette « terre qui ne possède pas la vie mais qui la reçoit » n’est pas vain.

Un seul point m’a un peu irrité dans l’approche de Nicolas Joly, et bien sûr j’en ai fait état en le questionnant au grand dam de quelques jeunes pour qui ce n’était pas convenable, c’est de méconnaître ou d’enjoliver la condition paysanne pré-productiviste. Nous avons prolongé la discussion après la conférence et j’ai eu le plaisir de trouver un homme attentif aux remarques et ouvert au dialogue. Vous allez dire que je suis tombé sous le charme de Nicolas Joly. Là n’est pas la question, ce qui me passionne dans toute approche non conventionnelle c’est sa capacité à faire bouger les lignes, à nourrir des avancées, à sortir le débat du pathos administrativo-professionnel. Ceux qui, enfermés dans leurs tours d’ivoire, assis sur leurs certitudes, ricanent ou vilipendent, devraient venir se confronter aux iconoclastes, à charge pour ceux-ci de sortir du confort de l’entre-soi.

Voilà pour ce billet d’humeur du dimanche, si vous vous souhaitez en savoir plus sur la biodynamie allez sur le site www.coulée-de-serrant.com ou connectez-vous à http://www.bio-dynamie.org . Merci à Margot et à Bruno pour leur aimable invitation et désolé pour ceux de leurs membres que j’ai insupporté avec mes questions de « fils de paysan de la Vendée profonde » qui, soit dit en passant, ont permis à Nicolas Joly de donner le meilleur de lui-même car dans un débat, la contreverse est seul porteuse d’avancées qui bâtissent l’avenir... Après le choc des mots nous avons bien sûr dégusté dans la plus grande convivialité...

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 00:08

André Malraux, notre premier Ministre de la Culture, nous a légué les maisons de la culture qui, depuis 1991, sont aussi dénommées Centre d’animation Culturelle... Majuscule ou minuscule je n’ironiserai pas trop sur cet enfermement de la culture en des maisons ou des Centres, ce serait de ma part céder à la facilité même si les maisons semblaient plutôt dédiées aux chevelus alors que les Centres penchaient fortement du côté des dames permanentées. Toutefois, en parodiant la célèbre boutade de Paul Claudel à propos de la Tolérance, pour bien souligner le côté réducteur de ces lieux je m’exclamerais : « La culture ? Il y a des maisons pour ça ! »

 

Afin d’étayer mes réticences face à une conception étroite d’un Centre Culturel du Vin, à Paris ou ailleurs, et surtout montrer que je ne suis pas hostile aux lieux culturels de quelque nature qu’ils fussent, je mettrai en avant l’immense succès, qui ne se dément pas, du Centre Georges Pompidou. Pourtant Dieu sait cette « raffinerie bigarrée » en plein cœur de Paris, sur le plateau Beaubourg, a fait s’étrangler les bien-pensants de la Culture ! Le trait de génie de ses concepteurs c’est d’en avoir fait, par la magie d’un geste architectural pas si gratuit que ses détracteurs l’affirmaient, un réel lieu de vie culturelle, multiforme, ouvert, grouillant, chamarré mêlant des populations d’origine diverses.

 

Puisque j’en suis à la parodie je reprendrai à mon compte le jugement sans appel de mon voisin vendéen Georges Clémenceau « La culture du vin est une chose trop sérieuse pour être laissée aux gens du vin... » Que nous aimons notre entre soi de gens du même monde ! Dieu que beaucoup de nos festivités sont d’un triste à faire fuir même les bonnets de nuit ! J’exagère bien sûr mais, avec le bénéfice de mon âge, sans faire du jeunisme, j’affirme tranquillement « de grâce n’imposons pas notre vision un peu surannée aux générations futures... » Avant de décréter qu’il faut un Centre Culturel du Vin à Paris posons-nous la question de savoir si ça correspond à un besoin, à une attente et, si nous souhaitons créer une demande, sortons des sentiers battus. Innovons ! Ma proposition, sans doute jugée farfelue par le monde très sérieux du vin, d’une City Winerie dans l’ex-Trou des Halles, relevait d’une forme de provocation pour bien montrer, qu’au-delà des outrances de nos amis New-Yorkais, l’intérêt d’un tel lieu serait qu’il mêlât, outre vin et gastronomie ce qui est dans l’ordre des choses, mais surtout qu’il y greffât aussi la musique.

 

Pour autant il ne s’agit pas de s’agenouiller devant les modes et les tendances des nouvelles générations mais de leur faire une place pour qu’ils aient envie de pousser la porte de ce type d’institution sans être déjà des convaincus. Ce lieu, si tant est qu’il puisse voir le jour, doit se projeter dans le futur, ne pas se contenter d’être une forme de conservatoire de la culture du vin. Bien évidemment, comme à Beaubourg, le projet pourrait accueillir une grande bibliothèque publique, un lieu d’exposition permanente, des ateliers de dégustation, des masters class, des expositions temporaires. Je rappelle  la très belle exposition au Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou sur le thème «Châteaux Bordeaux» qui se déroula du 16 novembre 1988 au 20 février 1989. (Voir chroniques http://www.berthomeau.com/article-34694357.html et http://www.berthomeau.com/article-34694464.html ) La liste des possibles est ouverte, tout est possible sauf qu’il ne reste plus qu’à trouver les sous pour financer le projet et que ça c’est une autre histoire bien française qui risque de s’enliser dans les sables des féodalités vinicoles de notre vieux pays.

 

Allez, cher François, toi qui adore lever des montagnes, attaque-toi à ce sommet, par la face Nord ou la face Sud, et je serai à tes côtés avec mon enthousiasme que le temps n’arrive pas à éroder. Pour terminer de la musique : pour François La Callas et pour d'autres le déjanté Tom Waits et la délicieuse Scarlett Johansson...

 

 

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 00:09

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Cette année je m’émancipe. Je joue solo, ou presque. Petite auto louée avec difficulté à l’aéroport de Bordeaux – mon secrétariat, c’est-à-dire moi-même, faisant tout au dernier moment, les loueurs ne me proposaient que des camionnettes – adjonction d’un GPS et me voilà engagé dans ma campagne « primeurs ». Mon temps étant compté j’ai décidé de ne pas me coltiner, comme l’année passée, tous les podiums proposés par l’Union des Grands Crus Classés : Smith Haut Lafitte (pour les Graves et Pessac-Léognan), Beau Séjour Bécot (pour les Saint Emilion), Gazin (Pomerol), Cantemerle (Médoc, Haut-Médoc, Moulis, Listrac), Desmirail (Margaux), Batailley (Pauillac, Saint-Julien, Saint-Estèphe), Dauzac (Sauternes, Barsac). Donc programme à la carte sous un ciel plombé qui balançait des seaux d’eau à tout propos.

Même si je ne suis pas un adepte du golf, même si les aventures de ce pauvre Tiger Wood contraint par la bien-pensance étasunienne à subir une cure de désintoxication de son addiction au sexe – belle piste pour nos « amis » de l’ANPAA toujours à la recherche de galette pour arrondir leur fonds de commerce – m’ont passionné, j’estime que la notion de handicap s’applique assez bien à mes parcours dégustatif. En effet, le Scratch Score Standard permet d’évaluer la difficulté d’un parcours : en clair pour un joueur possédant zéro de handicap si le SSS est inférieur au par, le parcours est considéré comme facile et, si le SSS est supérieur au par, le parcours est répété difficile. Si vous n’avez rien compris tant pis ma comparaison n’ayant d’autre objectif que d’illustrer ma position de dégustateur systématiquement sous le par.

Comparaison n’étant pas très souvent raison je ne remettrai pas sur le feu mon projet d’évaluer les « dégustateurs » qui a déjà fait un flop en 2006 avec une chronique « Agence de notation »  http://www.berthomeau.com/article-4052466.html, flop amplifié par la crise financière qui a largement discrédité ce type d’institutions. Pour revenir à moi-même, ce qui en soi est un vaste programme, face aux podiums des GCC je suis bien démuni. En effet, beaucoup de mes éminents collègues dégustateurs patentés, dont l’ami Michel Smith qui qualifiait récemment, dans une chronique au vitriol, l’exercice de comédie http://www.les5duvin.com/article-la-comedie-des-primeurs-47330780.html, estiment que ce type de dégustation n’a pas lieu d’être car elle repose sur un produit en devenir. Vous vous doutez bien, eu égard à ma situation très nettement au-dessous du par, que je ne vais pas m’immiscer dans la contreverse. Cependant, les plus futés ou les plus perfides m’objecteront que, si je me rends en grandes pompes aux primeurs c’est que j’estime l’opération digne d’intérêt.

La réponse est, absolument oui ! Je m’en explique en vous posant une question : « à quoi servent les défilés de mode des grands couturiers à Paris ? » La réponse est d’une simplicité époustouflante : « à vendre des griffes ! » Qui pourrait, en effet, croire que toutes ces jeunes filles anémiques, avec leur démarche en double 8, leur hyper-sophistication, déambulent sur les podiums pour seulement présenter des vêtements improbables ? Personne, je l’espère ! Le but est de créer un évènement pour le buzz. Les « baveux » de stricte obédience s’assemblent au long des podiums en grappes, minaudent, cancanent, pérorent pendant que les télévisions absorbent comme des éponges leurs commentaires éculés pour soutenir leurs images convenues. C’est génial ! Le retour sur investissement, en dépit du coût des squelettes ambulants, est maximal. Alimenter la noria médiatique tel est le but de ce cérémoniel sans grande originalité. Pour pimenter l’opération, bien évidemment, quelques pincées de pur people aux premières loges donnent une touche supplémentaire (j’ai adoré la promotion du Raphael Einthoven cette année). C’est du commerce. C’est du buiseness. Je comprends parfaitement que les puristes se drapent dans leur dignité d’esthète outragé, mais, sauf à entrer dans les ordres et de se vêtir essentiellement d’une robe de bure et de sandales de moines, je n’ai pas de produit de substitution.

Donc, pour moi l’opération primeurs à Bordeaux est le support obligé de l’entretien et de la promotion de la griffe GCC, de sa notoriété. Le rituel et le cérémoniel des dégustations ne sont là que pour servir de trame et je trouve ça très bien ainsi. Comme disait ma mémé Marie « on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre... » alors pourquoi diable, dans un monde où les amateurs poussent, dans des pays en plein boum économique, comme des champignons, se priver à Bordeaux de l’attrait des grands châteaux de Bordeaux ? Que ce soit de la frime, du snobisme, du je ne sais quoi, peu me chaut ! L’important dans l’affaire des primeurs c’est que les acheteurs de vin du monde entier fassent le déplacement. Sincèrement cher Michel ça n’enlève aucun client aux vaillants et méritants vignerons du Languedoc. Dans le grand opéra du vin français, qui a aussi des allures d’opéra-bouffe, la construction de la notoriété des uns ne passe pas par la minoration de la notoriété des autres. Notre intérêt bien compris, celui des vignerons en priorité, c’est que chacun de nos vignobles se forge, avec les moyens qui lui semblent les plus adaptés, ses codes et sa manière. Que nos amis bordelais insupportent certains d’entre vous je suis le premier à le reconnaître mais, pour autant, leur capacité d’attraction est un atout pour la France du vin.

Bref, mon périple au bord des podiums des primeurs s’est déroulé en 3 actes :

1-      la dégustation Médoc au château Batailley en compagnie d’une vraie dégustatrice : Anne-Laurence, puis déjeuner dans les chais de Batailley en compagnie de l’œnologue Eric Boissenot ;

2-     une dégustation « en ligne » de l’échantillonnage le plus complet des GCC primeurs dans un lieu tenu secret, puis cap sur l’extrême pointe du Médoc pour un dîner amical ;

3-     le lendemain 3 rendez-vous : à Mouton avec Philippe Dhalluin,  à Cos avec Jean-Guillaume Prats, à Palmer avec Thomas Duroux, ensuite quartier libre pour le « dégustateur imposteur en costume Victoire ».

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Le contenu de mes notes attendu avec angoisse par la place de Bordeaux vous sera révélé ultérieurement, sans doute en même temps que la réalité de mon beau costume Victoire. Pour l’heure quelques notes d’ambiance de la plus haute importance :

-         à Batailley j’ai discuté avec Philippe Casteja et le DG de la Caisse de Crédit Agricole d’Aquitaine Guy Château de mon projet de Fonds d’Investissement Vin. Je suis incorrigible !

-         pour faire sourire Michel, comme j’adore les comédies avec les portes qui claquent, les maris trompés qui sortent par la fenêtre, les amants dans le placard à balais et la petite bonne qui a un chemisier échancré... je propose la scène suivante : le monsieur rentre chez lui fourbu d’une longue journée de dégustation primeurs et madame, soupçonneuse et jalouse, lui demande à brûle pourpoint : « montre-moi tes mains ! » puis « ouvre la bouche ! » et devant le côté immaculé des divers instruments dégustatifs de son époux légitime lui déclare « dans tes commentaires évite de parler de bouche tendue ça ferait jaser toute la place de Bordeaux ! »

-         les 24 GCC Médoc de Batailley étaient presque tous de très belle tenue, parole d’expert !

-         le déjeuner assis à Batailley était simple et de bon goût. Bravo ! Nous avons conversé  

-         au dîner l’omelette aux cèpes était succulente et j’ai passé avec bonheur le petit test des 2 vins carafés celui du propriétaire et un GCC, y'avait pas photo même pour un Ostrogoth de mon espèce ce qui aurait, sans aucun doute, ravi François le Débonnaire.

-         le lendemain je me suis perdu dans Pauillac mais ensuite, une fois sauvé des eaux, j'ai pu converser avec Philippe Dhalluin, l'homme des châteaux  de la grande maison Philippe de Rochschild, c'est ainsi que je fais ma petite pelote de chroniqueur. Merci pour l'accueil.

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-         J’ai croisé Caroline Notin à Mouton, heureusement qu’il y en a des qui travaillent eux... Goûté le Petit Mouton et le seigneur du lieu (j'avais goûté à Batailley Clerc Millon et d'Armailhac) oserais-je écrire sur le sujet ? Mystère, je réfléchis. Et si je devenais par la grâce de mon inconscience le Bob Parker made in France ? 

Tom-7325.JPG -         la discussion off avec Jean-Guillaume sur un de mes sujets favoris « la politique » me conforte dans l’idée que ma zone d’excellence se situe plutôt dans ce registre que du côté des GCC. Goûté les Pagodes de Cos et le Cos bien sûr. Voir les réflexions ci-dessus : mon imagination n'a jamais eu de limite est-ce que mon impudence les franchira ? 

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-         ai croisé un lecteur lors de mon passage à Palmer, Thomas Duroux me semble représenter une génération qui saura ouvrir de nouvelles fenêtres pour le vin. Ai goûté Alter Ego puis le Palmer. J'ai beaucoup aimé l'approche de Thomas Duroux sur la conception de son second vin et nous sommes convenus de nous revoir. Peut-être que je vais franchir le pas 

-         à la Winery d’Arsac,  rien que pour me faire pardonner auprès de Michel d’avoir joué la comédie des primeurs j’ai sifflé un verre de Bergeron de Savoie 2004 cuvée tradition de JP et JF Quénard de Chignin mais maman a du me faire les gros yeux d’en haut puisque je me suis tapé un steak frites alors que nous étions le vendredi saint...

- la suite de mon périple fait parti de mes petits secrets d'arpenteur de terroir en semelles de crêpe. 

-         au retour l’avion d’AF était plein et il pleuvait dru sur Paris...

à bientôt sur mes lignes... et si vous voulez lire des commentaires intelligents sur les Primeurs 2009, en attendant les miens qui eux seront ni fait, ni à faire, je vous conseille de lire sur Rouge, Blanc, Bulles : « Rencontre avec les 2009 » d’Anne-Laurence http://rougeblancbulles.blogspot.com  

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 00:01

Mon raisonnement est d’une simplicité biblique : un gars : Pierre Chanau, qui embouteille tout ce qui suit ci-dessous à la propriété, soit 18 appellations d’origine différentes, c’est un monsieur qui a beaucoup de propriétés donc c’est un gros vigneron.


Qui est Pierre Chanau
envoyé par Miss_GlouGlou. - L'info internationale vidéo.

 dans les rouges : un Côte du Rhône Villages 2007 2,27 euros (par lot de 3), un Gaillac 2007 1,99 euros (par lot de 6), un Côtes du Roussillon Villages 2008 3,95 euros, un Anjou 2008 2,92 euros (5 bouteilles achetées une gratuite), un Chinon 2008 3,25 euros (5 bouteilles achetées une gratuite), un Touraine 2008 2,25 euros (par lot de 6), un Bourgogne 2008 4,13 euros (par lot de 6), un Beaujolais Villages 2008 2,80 euros (par lot de 6),

2) dans les rosés : Corse 2009 2,30 euros (par lot de 3), un Côtes de Provence 2009 2,71 euros (par lot de 6), un Cabernet d’Anjou 2009 2,19 euros (par lot de 3), un Rosé de Loire 2008 2,33 euros (par lot de 6),

dans les blancs : un Bourgogne aligoté 2009 3,67 euros (par lot de 6),  un Chablis 2007 6,25 euros (par lot de 6), un Bergerac 2009 2,46 euros (par lot de 6), un Pacherenc Du Vic-Bilh 2007 4,99 euros, un Alsace Pinot gris 2007 3,54 euros (par lot de 6)

dans les effervescents : un Crémant d’Alsace 4,34 euros (par lot de 6)

Bien sûr, je me pose la question ce Pierre Chanau est-il le cousin germain de Jean-Pierre Chenet et le beau-frère d’Augustin Florent ? Je n’en sais fichtre rien et je ne vais pas mettre un privé sur le coup. Cependant, même si je n’ai pas vérifié, ces deux cocos là je suis à peu près sûr qu’ils n’embouteillent pas à la propriété y doivent se contenter de le faire, au mieux, dans la région de production.

Bref, notre brave Chanau, du moins en apparence, n’a pas de château à Bordeaux ni de propriété en Champagne. Mais bon, à Bordeaux c’est facile de s’annexer un ou plusieurs petits châteaux ce n'est pas ce qui manque (mon petit doigt me dit que le Bordeaux Supérieur 2008 Versant Royal à 2,99 euros qui est aussi au catalogue, sans être un fils naturel de Ségolène n’en serait pas moins un parent proche de Pierre Chanau). Du côté de la Champagne je ne suis pas sûr que le Comte de Perrey à 8,95 euros ait bien tous ses quartiers de noblesse, et que le Georges Lacombe à 11,90 euros, qui par bonheur ne se prénomme pas Lucien, ne soit pas un parent proche de son épouse qui elle n’est pas la Veuve Emile à 13,90 euros puisque, que je sache, Pierre Chanau n’est pas veuf (je n’ai pas reçu de faire-part en ce sens).

Une grande satisfaction pour moi c’est l’irruption de Lucienne Michel, qui n’a aucun lien de parenté avec Louise mais qui, en tant que cousine remuerait du germain avec notre Pierre, avec son BGO 2006 à 2,60 euros. Oui mes amis, celui qui va disparaître parce que je l’ai sans doute mal défendu (lire une splendide et vibrante chronique du 11 avril 2008 « BGO : tempête sur les tonneaux… » http://www.berthomeau.com/article-18610677.html )

Vous me suivez j'espère. Là je cause comme dans ma Vendée profonde où la déclinaison des parentèles faisait partie des fondamentaux de toute bonne conversation. Reste le cas étonnant de ce catalogue c’est l’absence de Chanau en Languedoc : comment un type aussi astucieux que ce Chanau n’a-t-il pas de vignes dans notre Californie française ? Rassurez-vous chers lecteurs, notre Pierre Chanau y trouve des vignes où il veut comme il veut auprès de ceux qui le veulent bien ou qui ne peuvent pas faire autrement. Ainsi ce Corbières 2007 Johan du Barrou à 2 euros ne serait-il pas un bâtard de notre Pierre Chanau tout juste baptisé pour la circonstance ? Je ne sais, et je ne vais pas continuer longtemps de m’interroger sur l’arbre généalogique du Comte d’Orgeval un Cahors 2008 à 2 euros qui, me dit-on, à provoqué en duel le Baron de Lestac de Bordeaux, ou m'emêler les neurones sur L’extravagant de Fitou 2005 à 3,25 euros qui n’est pas le sobriquet d’un président de cave coopérative bien connu en Fitounie, ou bien encore me faire du mauvais sang à propos de l'inquiétant abbé Dom Balaguere un Ventoux 2007 à 2,99 euros qui n’est pas le lointain parent d’un certain Pérignon, car vous vous doutez bien que j’y perdrais mon latin.

En écrivant ce que j’écris je ne stigmatise en rien ce pauvre Pierre qui, après tout, fait son boulot aussi bien que ses concurrents et, comme mon suspens est éventé depuis le début auprès d’esprit aussi avertis que les vôtres, je laisse au guide Hachette le soin de lever le voile avec un Lirac PIERRE CHANAU 2005 Vin très réussi « La marque d'Auchan, qui propose de nombreuses appellations. Son Lirac est élaboré par la maison Skalli. Grenache, syrah, mourvèdre et cinsault sont assemblés dans ce vin grenat intense au nez de fruits rouges et de sous-bois. L'attaque gourmande prélude à un palais équilibré, rond et fondu où un boisé vanillé souligne un fruit persistant. À servir dès maintenant sur un pigeon aux olives, par exemple » Donc ici c’est l’ami Bob qui s’y colle, là ce sera telle coopérative, là-bas de tel négociant.

Au regard des prix pratiqués dans le nouvel hypermarché AUCHAN Okabé du Kremlin-Bicêtre pour son ouverture le 25 mars je peux écrire que les vins de notre Chanau sont des prix de négos tirés au cordeau :

-         de 1,99 euros à 2,99 euros : 9 vins

-         de 2,99 euros à 3,99 euros :5 vins

-         de 3,99 euros à 4,99 euros : 3 vins

-         plus de 5 euros : 1 vin.

Je ne vais pas entonner le nième couplet sur la GD Hervé Lalau le fait très longuement et très passionnément sur son blog « Les Chroniques Vineuses »http://hlalau.skynetblogs.be/post/7793369/et-si-on-parlait-de-la-grande-distribution . Moi je vais me contenter d’ironiser sur le goût très prononcé de nos grands épiciers pour les noms patronymiques qui rassurent le chaland. L’adjonction de la mise propriété ou au domaine ou au château qui enracine dans le terroir le pékin ou la veuve au nom de fantaisie prête à sourire car elle n’est un gage de rien du tout n’en déplaise à ceux qui disent que c’est un gage d’authenticité. La mise pour le compte de est un fait, ce qui importe en l’espèce c’est la qualité du process qui ne transforme pas un vin quelconque en un vin authentique mais qui peut aussi massacrer un vin de bonne qualité. Se cacher derrière son petit doigt ou plus précisément derrière des vessies que l’on fait prendre pour des lanternes relève d’une forme d’infantilisation des consommateurs.

Alors vous comprendrez mieux que je me daube des fameuses marques dites de distributeur pour ce qui concerne le vin http://www.berthomeau.com/article-reflets-de-france-c-est-dans-les-vieux-pots-qu-on-fait-le-meilleur-vin-46481278.html et que dans une toute prochaine chronique je vais revenir sur le cas d’une marque de vin qualifiée elle de nationale.

 

Les acolytes - je n'ai pas écrit les alcooliques - de Pierre Chanau sont :

- Frédéric Botté : acheteur bourgogne, Beaujolais, Alsace, Jura, Savoie, effervescents;

- Mark Kreswell : acheteur vins étrangers, Loire et Sud-Ouest;

- Fabrice Matysiak : acheteur Bordeaux;

- Paul-Edouard Pinte : acheteur Provence, Corse, Languedoc-Roussillon et Vallée du Rhône.

Vous avez tout loisir de leur demander de rencontrer leur chef vénéré Pierre Chanau. J'ai son numéro de portable mais je ne peux le divulguer car je ne désespère pas qu'il acceptât un jour de répondre à mes 3 Questions...

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 02:02

Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë,



Paris, votre ville, la mienne aussi, au XXe siècle a rayé de sa carte tous ses fiefs de marchands de vin. C’est regrettable pour la capitale de notre beau pays qui se veut le Pays du vin. Bordeaux, me direz-vous, de part le prestige de ses Grands Crus Classés, s’est arrogé ce titre de capitale du vin. J’en conviens mais, Paris restant Paris, l’afflux de nos concitoyens et de visiteurs étrangers comme au Salon International de l’Agriculture en témoigne, ne pas imaginer sur son territoire une présence emblématique du vin constitue à mon sens une grave erreur préjudiciable au rayonnement international d’une activité qui a démontré sa capacité de conjuguer avec bonheur tradition, vitalité et variété de nos territoires ruraux et capacité à affronter la mondialisation.

Avant de pousser plus avant ma démonstration quelques mots sur les anciens fiefs de marchands de vin à Paris. Rappelons-nous. Tout d’abord sur la rive gauche, quai Saint-Bernard, à quelques encablures de l’Île de la Cité : La Halles aux vins, implantée depuis 1666, et qui a laissé la place au campus de Jussieu dans les années 70 lorsque les Universités parisiennes furent dotées, suite à mai 68, par la grâce d’Edgard Faure, de numéros en chiffres romains et, qui en 1987, sur l’emprise la plus proche de la Seine, a accueilli l’Institut du Monde Arabe. Sur la rive droite, l’ancienne commune de Bercy, partagée en 1660 entre Charenton et Paris, où des entrepôts de vins s’étaient installés dès le XVIIIe à l’extérieur de la barrière de l’octroi de la Rapée, restructurés par Viollet-le-Duc, Bercy sera jusqu’au milieu du XXe, en dépit d’une réputation sulfureuse pas toujours justifiée, un haut lieu du vin. Après une longue résistance des marchands de vin, de ce lieu mythique, il ne reste plus, ou presque, que le nom d’une station de Métro : Cour St Émilion.

72.jpgRien de plus normal me direz-vous, nos vins sont, pour la plupart, mis en bouteille dans leurs régions de production et la mise à la propriété est un must pour beaucoup de vos administrés amateur de vin. Donc plus besoin de péniches, de tonneaux, d’entrepôts, de tireuses, de casiers, de flottes de camionnettes, de flopées de petits épiciers pour que le jaja arrive jusque sur les tables parisiennes. Le gros rouge, la boisson totem magnifiée par Roland Barthes dans Mythologies, et Nectar, l’emblématique caviste de la maison Nicolas, dessiné par Loupiot, ont vécu alors comme le disaient les murs de Paris en mai 68 « Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes » et libérons notre imagination !

NICOLAS.jpgPermettez-moi tout d’abord, monsieur le Maire, de vous proposer un lieu emblématique pour implanter une « City Winery » à Paris. Comme je suis un citoyen-électeur soucieux, et des finances de la ville, et du rayonnement de notre ville-capitale, ma proposition se permettra, si je puis m’exprimer ainsi, de vous ôter une épine du pied.

Dans un premier mouvement j’ai pensé au 104, www.104.fr, grand et magnifique vaisseau, qui peine à trouver  son ancrage et des passagers. Trop excentré, trop loin du cœur de la ville, à choisir faute de mieux.

Et puis, chemin faisant, le souvenir du plus illustre de vos prédécesseurs, acteur et héritier d’un Pompidolisme qui aimait tant raser et bétonner, m’a mis la puce à l’oreille. En effet, je me suis dit, cet homme grand cajoleur du cul des vaches limousines, à deux faits d’armes à son actif : l’éradication du Bercy pinardier et surtout le comblement du fameux Trou des Halles. Belle performance que d’avoir transformé l’ancien ventre de Paris en une forme de trou du cul de Paris. Cette horreur architecturale, digne de l’urbanisme commercial qui sévit aux lisières de nos villes, est devenue un cloaque commercial, un non-lieu, un ensemble vide que vous voulez, Monsieur le Maire, rénover, faire revivre donc !

Bonne pioche pour un projet tel que celui de l’implantation d’une « City Winery » à Paris, en plus c’est à deux pas du Centre Pompidou qui, avec sa tripaille multicolore exposée aux regards, prend parfois des allures d’une Winery toute droit sortie du geste provocateur d’un architecte en état d’ivresse créatrice.

Mais qu’est-ce donc que cette « City Winery » ?

Un projet qui devrait séduire votre adjoint à la Culture Christophe Girard ! C’est un chai de 2000 m2 situé à Soho’s Hudson Square, à deux pas de Wall Street, au sud de Manhattan, donc en plein cœur de New-York-City, Big Apple, www.citywinery.com Mais c’est plus qu’un chai. Son concepteur, Michael Dorf un producteur de musique, a voulu faire de ce lieu un véritable creuset alliant tout ce qui touche à la culture urbaine d’une ville qui ne dort jamais. En effet, comme l’écrit César Compadre dans le journal Sud-Ouest « City Winery combine 4 composantes : un chai où le client peut élaborer son propre vin, une salle avec une scène surélevée pour des concerts, un bar à vin et un restaurant, enfin l’organisation de soirées privées ou d’évènements comme des mariages. Le lieu (rez-de-chaussée et sous-sol) est ample et élégant comme un grand loft avec hauteur sous plafond, couleurs chaleureuses ton bois clair, structure métallique au plafond et 300 places assises. »

Décoiffant monsieur le Maire ! Limite border-line mais si en phase avec un beau paquet de vos administrés enserrant ce quartier. Imaginez l’impact d’un tel projet sur nos visiteurs japonais, chinois ou même étasuniens, les Halles retrouveraient leur attraction première. Je m’enflamme mais, m’objecterez-vous, pourquoi diable me faire l’avocat d’un projet qui n’existe que dans ma tête éruptive ?

Faute à son Excellence Charles H. Rivkin Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique qui m’a convié, en sa résidence privée du 44, Faubourg Saint-Honoré, à quelques encablures de l’Elysée, à une petite sauterie de producteurs de vins américains. Comme je suis un garçon simple j’y suis allé à vélo, le mien pas l’un des vôtres qui, entre-nous, font un peu trop livreur de pizza. Après les contrôles d’usage, en un lieu où nos amis étasuniens parlaient tous l’américain – et dire que l’on moque les français qui ne parle que le français quand ils veulent aller vendre du vin aux étasuniens – j’ai eu soudain l’extrême plaisir d’entendre, derrière une table, un gaillard jovial s’exprimer dans notre dialecte menacé. Je me suis précipité et là, le choc d’une photo d'une station de métro transformée en vendangeoir m’a tout de suite excité les neurones...

Tom-7246.JPGLe gaillard jovial c’est David Leconte, né près de Crozes-Hermitage. Il y a grandi au milieu des vignes puis il est parti faire ses études d’œnologie à Montpellier la ville du Leader Maximo du South of France. Embauché à Tain l’Hermitage par l’ami Chapoutier puis, déjà voyageur, il a travaillé pour Pernod-Ricard dans la province d’Hebei. Retour bref en France et grand départ vers les Etats-Unis, en Virginie exactement pour travailler dans un laboratoire d'analyses puis migration vers la côte Ouest pour la Californie dans les Herzog Wine Cellar comme assistant-maitre de chai. Enfin, et c’est lui qui le dit « Enfin, j'ai été approché par Michael Dorf, grande figure de la vie nocturne new yorkaise, qui souhaitait créer un lieu convivial où l'on pourrait donner la possibilité aux clients de faire leur propre vin, choisir leurs cépages, participer à toutes les étapes de la vinification sous la direction du winemaker mais aussi recevoir ses amis, déguster du vin et un délicieux repas et écouter de la bonne musique. Cette idée folle de faire réellement du vin en plein centre de Manhattan m'a plu et je me suis lancé dans ce challenge »

Sans vouloir déprécier notre belle capitale, votre ville, ma ville, nous sommes vraiment à la traine. À New-York le mouvement « Do It Yourself » qui « était plutôt l’apanage des jeunes barbus tatoués de Brooklyn » touche aussi maintenant, sous l’impulsion des locavores (voir ma chronique du 27/05/2008 Les «locavores» : une espèce en voie d’apparition… http://www.berthomeau.com/article-19897396.html ) la production de nourriture : apiculture sur les toits, potagers urbains... comme celui du précurseur de l'agriculture urbaine américaine en 1995 avec sa première serre expérimentale dans l'Upper East Side, à l'est de Central Park. 14 ans après, et 400 000 dollars d'investissements, son potager de 2800 m2 fournit son restaurant er ses épiceries fines en herbes, tomates, fraises, salades en tout genres, carottes et betteraves d'avril à fin novembre. Notre brave Alain Passard semble être en retard d'une guerre avec son potager lointain...

Pour couronner le tout maintenant voici, avec la City Winery, l'irruption de la production de vin sur le territoire de la Grosse Pomme.

À Washington Michèle Obama, prenant au mot son président de mari, a inauguré, en mars 2009, le potager bio dans un coin de la pelouse sud de la Maison Blanche qui produira : épinards, laitues, petits pois, brocolis ou radis afin a-t-elle soulignée : « que notre famille ainsi que le personnel et tous ceux qui viennent à la Maison Blanche aient accès à des légumes et des fruits vraiment frais »

Fort bien vous allez m’objecter « mais d’où viennent les raisins ? »

La journaliste Claire Levenson vous répond Monsieur le Maire : « Le catalogue propose des Syrahs, Pinot Noirs, Cabernets et Rieslings, et vous pouvez composer votre étiquette comme il vous plaît. Les grappes font le voyage depuis la Californie et l’Oregon en camion réfrigéré*, d’Argentine en bateau et bientôt de France. » * j’ajoute en cagettes.

Pour ma part j’ai dégusté chez l’ambassadeur :

-         Spring Street, Pinot Noir 2008 (Russian River)

-         Hudson Square, Syrah 2008 (North Cost California)

-         Downtown White, Chardonnay 2008 (Los Carneros)

Mais un chai en ville c’est polluant me direz-vous ?

César Compadre de Sud-Ouest vous répond Monsieur le Maire : « À Manhattan, cette activité industrielle ne semble poser aucun problème : des ventilateurs expulsent le gaz carbonique lors des vinifications ; les rafles et marcs finissent en compost via le même circuit que les déchets de cuisine ; les lies accompagnent même les plats. »

Je vous sens un peu ébranlé Monsieur le Maire et je vais, si vous me le permettez, enfoncer le clou : faire son vin, y apposer sa propre étiquette, c’est le rêve des bobos de toutes obédiences. Certes, c’est David Lecomte qui se tape le plus gros du boulot mais « certains participants aident à trier les raisins, viennent régulièrement goûter le jus en fermentation, puis faire des assemblages de vins avant la mise en bouteille. »

Je vous vois sourire Monsieur le Maire car vous allez décocher la question qui tue : « combien ça coûte cette amusette pour lawyers ou traders compulsifs ? Bonbon je suppose... »

Vous supposez juste puisque 200 d’entre eux ont allongé entre 6 000 et 9 000 dollars pour une barrique de 225 litres mais, comme ceux qui syndiquent un pur-sang, rien ne s’oppose à ce que vous achetiez une barrique en communauté (soit 276 bouteilles donc un prix de revient de 27 à 38 dollars). Vous pouvez aussi faire du troc de bouteilles avec d’autres membres mais je crois que la revente est illégale.

Reste un point crucial à traiter : le bilan carbone de l’opération. Nous le ferons bien sûr et, croyez-moi, avant même l’érection de la Wine Tower à la Défense (voir ma toute récente chronique : http://www.berthomeau.com/article-la-verticale-des-fous-la-wine-tower-des-vignes-en-ville-a-tous-les-etages-46221538.html) des solutions très carbon neutral peuvent être mise en œuvre facilement.

Voilà, j’ai été un peu long mais le jeu en valait la chandelle, Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë, car inclure, dans l’ensemble qui va effacer l’horreur qu’est le Forum des Halles une « City Wine » et tout ce qui va avec, ce serait tout à la fois redonner à ce lieu ses anciennes lettres de noblesse de grand garde-manger de nos produits de terroir et faire que le Vin retrouve une place symbolique à Paris notre capitale.

En attendant sans impatience votre réponse, Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë, je me tiens à votre disposition pour répondre à toutes les questions que vous vous poseriez sur ce projet. Recevez l’expression de mes salutations les meilleures.


Jacques Berthomeau


PS. Si vous souhaitez plus de détails ou visionner les photos de « City Wine » consultez le blog de Jean-Michel Selva journaliste du journal Sud-Ouest basé à New-York

 

1869104048.jpg1786937858.jpg1565577864.jpghttp://newyorkcity.blogs.sudouest.com/vin/

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 00:09

Depuis que mon statut bien usé de «grand serviteur de l’État» s’est enrichi du titre envié de « long nez et de gorge profonde » non patenté, je me retrouve invité et propulsé en des enceintes emplies de la fine fleur de l’aristocratie du bouchon et du flacon. Ma longue expérience des alcôves ministérielles me permet d’afficher, en des lieux de haute tradition, la sérénité d’un vieux routier mais je ne puis m’empêcher de penser « S’ils savaient ! Ils me feraient subir le sort des nobles de l’Ancien Régime au temps des Grands Jours : ils me décapiteraient en effigie pour imposture.   

Les Grands Jours ça fleure bon l’Ancien Régime puisque de source sûre - merci professeur Norbert - ils furent créés au Moyen Âge par les comtes de Champagne avant d’être récupérés par le Roi, après la Fronde, pour mettre au pas la noblesse. Tribunaux d’exception, présidés par un Commissaire du Roi, composés de magistrats étrangers à la Province en cause, forme d’assises extraordinaire, ils jugeaient en premier et dernier ressort d’affaires civiles et criminelles. Comme c’était du dernier chic, certains nobles obtenaient du roi de tenir les Grand Jours dans leur apanage. L’ordre valait bien quelques têtes dans un panier (on décapitait en ces temps là).


Des Grands Jours, il y en eut partout, à Bordeaux mais aussi à Beaune en Bourgogne, mais les plus célèbres sont ceux d’Auvergne où le procureur général Denis Talon proclamait que ces assises permettaient de « tirer les peuples de l’oppression des puissants » Cependant beaucoup n’étaient décapités qu’en effigie, c’est-à-dire ne subissait la peine que fictivement, un peu comme l’ont fait par la suite certains manifestants brûlants des mannequins représentants un homme politique honni, ainsi le comte d’Espinchal seigneur de Massiac fut exécuté en effigie mais son château fut confisqué et rasé.


Vous voilà donc rassurés sur mon funeste sort et sachez que dans ma vie je n’ai eu droit qu’à des « Non à Cap 2010 » badigeonné sur des cuves de caves coopératives par des « bestiaux » à qui de grands féodaux avaient fourni la peinture blanche et la nature du slogan. Bref, le jeudi 25 mars au petit matin frisquet je m’embarquais vaillamment dans un wagon du TGV national destination Dijon. En ce long tube métallique je fus privé de ma boisson matinale favorite : le café pour cause de trajet trop court. En la capitale du nouveau duc de Bourgogne fraîchement adoubé par de fidèles électeurs (même le célèbre JP Soisson n’a pu réussir la performance de François de se faire confirmer dans son mandat) je sautais dans un flamboyant TER direction Nuits Saint Georges. Les gares de la ligne fleurent déjà bon la splendeur du vignoble : Vougeot, Beaune, Meursault...


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Débarqué au petit jour à la gare de Nuits, qui semblait posée au milieu de nulle part, j’entreprenais de me rendre pédestrement au 5 quai Dumorey muni de ma « petite boussole moderne » : le GPS de mon Iphone. En effet, pour « expier » mes fautes d'occupant intempestif des ors de la République chers lecteurs (voir chronique publiée le 4 août 2009 : La nuit du 4 août : abolition des privilèges, sauf le mien http://www.berthomeau.com/article-21109272.html ) j'avais décidé que mon Grand Jour de Bourgogne serait « carbon neutral » donc pédestre. J’avoue que je fus à deux doigts de me perdre sur le triste chemin de la gare mais, bandant mon courage, je parvins jusqu’au quai Dumorey où, à peine entré dans l’enceinte de la maison Jean-Claude Boisset, je croisais Jean-Claude Boisset que je saluais. Nous sommes de longue connaissance avec Jean-Claude et ce retour Quai Dumorey prenait pour moi des allures de pèlerinage puisque j’y avais entamé ma quête d’idées, auprès du club des 10, pour tenter de pondre ce qui devint mon rapport éponyme qui me priva de prénom.


Plongée dans la cave voutée pour une matinale des Maisons et Domaines de JCB : Louis Bouillot (le crémant), Domaine de la Vougeray, Jean-Claude Boisset (avec l’ami Grégory), Ropiteau frères (Meursault), J.Moreau&fils (Chablis), Bouchard Aîné&fils (Beaune), Antonin Rodet (Mercurey) pour la Bourgogne et Mommessin et Hospices de Beaujeu pour le Beaujolais. Je commence par ce dernier car, comme vous en vous doutez, il se trouve au cœur de mes préoccupations de l’opération Beaujolais « Grand Corps Malade ». Mon tour de chauffe se poursuit et, tel une égraineuse je remplis mon petit carnet de notes. Vous aurez droit, dans une prochaine chronique, à la relation de cette dégustation impeccablement organisée. À ce propos, permettez-moi de dire à ceux de mes confrères qui, par « idéologie », ne mettent jamais les pieds en ces lieux pour eux « infréquentables », qu’ils ont tort. Restreindre son champ vision par des œillères conduit à l’ignorance et au déni de réalité.

Amen !


Retour pédestre à la gare puis saut de puce jusqu’à Beaune où le passage souterrain de la gare est digne d’un collecteur d’égout mal entretenu. Je gagnais à pied le long des remparts  l’Hôtel de la Poste où je déposais mon balluchon, puis soleil aidant petite flanerie dans le centre de Beaune où je m’offrais le luxe d’un rafraichissement en terrasse. À l’heure dite, ou presque, la navette me happait pour me transporter jusqu’au Château du Clos Vougeot. J’aime les voyages en autocar, surtout dans les cars modernes, car on y est haut perché : l’angle de vision s’ouvre et c’est un bonheur. Nous arrivions aux abords de l’enceinte sacrée mais notre bus fut bloqué par des stationnements « à la française » : que la plaie automobile est parfois à l'image de notre vieux pays : incivique, alors face au vent, et dieu sait qu’il cinglait une bise glaciale (j’y récolterai le lendemain un orgelet) nous gagniions le cellier Cistercien pour la dégustation de Grands Crus. Ici tout est Grand, y compris le Président Louis-Fabrice Latour qui m’accueille avec chaleur. En effet, je suis l’invité, en ce lieu prestigieux, de l’Union des Maisons de Vins de Bourgogne.


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Après quelques serrages de louche je me collais donc, avec systématisme et professionnalisme, au 20+20 soit 20 Grands Crus Blancs et  20 Grands Crus Rouges. L’angoisse me rongeait, allais-je tenir le choc ? Confronté à la vérité du Grand Cru allais-je pouvoir coucher sur mon petit carnet fort élégant autre chose que des banalités d’un « usurpateur de notoriété ». La magie du lieu me dopait. J’enchaînais me faufilant entre certains « encombrants » qui, avec une certaine suffisance, se permettaient de stationner ou de bavasser au pied des saintes tables. Service diligent et impeccable, un vrai bonheur que d’aller et de venir : le 12 monsieur, merci, puis le rituel dégustatif répétitif, honnêtement : je jouissais ! Jouissance spirituelle empreinte d’une réelle élévation d’esprit qui vous fait pénétrer en des espaces insoupçonnés.


Tiens les gars de la DGDDI ont des têtes de gars de la DGDDI. Le Préfet, lui, a une tête qui me revient, oui Christian de Lavernée qui fut directeur au 78 rue de Varenne. Irruption du nouveau connétable de Bourgogne, l’ami François Patriat, les félicitations tombent drues sur son éternel sourire, à quelques pas de lui son concurrent défait, François Sauvadet, fait bonne figure. Je m’attaquais alors à la lignée des 20 Grands Rouges et ma quête de religiosité en fut troublée mais j’allais, tel un fantassin en bandes molletières, vaillamment au terme de mon labeur extatique.


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Vous aurez droit aux secrets de mon petit carnet de dégustation lorsque les poules auront des dents. Je plaisante bien sûr mais il me faudra peut-être le Nihil Obstat de Patrick Essa de www.degustateur.com pour commettre l’irréparable. Patience donc car, après l’apéritif bourguignon, nous gagnâmes le salon d’honneur, à l’étage, où un dîner de prestige nous fut servi. Comme je ne vous cache rien, en ma future et hypothétique chronique de Clos Vougeot, je vous transcrirai le menu solide et liquide de ce souper fort agréable. Discours de bienvenue de Louis-Fabrice Latour puis intervention bilingue d’Aubert de Vilaine, précise et passionnée avec la retenue qui sied à ce grand monsieur pour mobiliser les énergies derrière la candidature au Patrimoine Mondial de l’UNESCO « les climats du vignoble de Bourgogne »  www.climats-bourgogne.com  (vous pouvez devenir acteur de cette candidature en rejoignant l’association ad hoc).


Applaudissements nourris !


Nous dînons et nous conversons. Louis-Fabrice Latour, notre hôte, nous délivre, en une allocution très « négoce bourguignon », tout ce qu’il faut savoir sur les tendances et les nuances de la Grande Bourgogne en 2 langues aussi.


Applaudissements !


Nous dînons et nous conversons, et c’est un Louis-Régis Affre, ému, qui monte au micro pour évoquer les deux grandes figures du négoce bourguignon : Georges Faiveley et Louis Latour qui ont marqué sa carrière de « grand serviteur du négoce des grands vins français ».


Bravo !

La belle soirée tire à sa fin et, avant que nous remontions dans notre bus, l’Union des Maisons de Bourgogne, nous offraient une écharpe noire siglée en lettres d’or « Grandes Maisons/Grands Crus ». Merci cher Louis-Fabrice, de vous préoccuper de la protection de mon cou « d’imposteur en beau costume Victoire » qui est si fragile, si passible d’être la proie d’une « exécution en effigie » pour avoir osé participer à ces « Grands Jours »... qui par bonheur étaient ceux d'une Bourgogne hospitalière. 

 

à bientôt sur mes lignes... pour le meilleur et le pire... la transcription de mes petits carnets... 

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 00:09

Parler d’œufs le lundi de Pâques rien de plus normal, sauf que ce jour-là y sont plutôt en chocolat et que les cloches de retour de Rome les ont balancés la veille dans les jardins potagers. Mais je profite de cette actualité pour tirer la sonnette d’alarme : les limonadiers modernes abandonnent de plus en plus l’œuf dur de comptoir. Vous savez ceux que l’on trouve par 6 dressés en rond sur un présentoir autour d’une salière. Espèce en voie de disparition : réagissons !

 

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Que voulez-vous pour moi c’est un paquet de souvenirs qui passerait ainsi à la trappe, toute une gestuelle de bord de bar, un rituel de bourse-plate. En effet, au temps de mes études de Droit à Nantes où nous passions plus de temps dans les cafés que dans les amphis de la Jonelière (des préfabriqués où nous nous gelions les fesses en hiver et étuvions aux beaux jours) – pardon Norbert pour ce manque d’assiduité qui explique tous les trous de mon savoir juridique – le soir après le cinéma ou les tonus (les fêtes) nous nous retrouvions dans un petit bistro tout étroit qui faisait face à l’atelier de composition du journal Presse-Océan (ex-Résistance de l’Ouest). Sa caractéristique : être ouvert jusqu’à pas d’heure. Vu l’état de nos moyens financiers l’œuf dur s’imposait et le ballon rouge suivait pour faire couler le morceau.

 

Comme l’écrit Jacky Durand dans Libération « l’œuf dur est un aliment singulièrement dual : il tient tout à la fois de la frugalité et de l’abondance, de l’en-cas où il est seul en scène et du gueuleton où il joue les troisièmes rôles dans des recettes du dimanche. » En ces temps de bourse plate mais de jour le jour nous ne vivions pas d’amour et d’eau fraîche mais d’œufs durs et de petit rouge ; pour l’amour c’était plus compliqué mais là n’est pas la question du jour. Dans de prochaines chroniques je reviendrai, non sur nos exploits amoureux pré-soixante-huitard, mais sur deux must de l’œuf : les aux plats et l’œuf mayo.

 

Le rituel de l’œuf dur de bord de bar est très précis. Pour écailler l’œuf dur il faut un certain doigté, je dirais même du touché comme un pianiste, sinon c’est l’écrabouillement, la ruine, l’épandage de débris de coquille sur le zinc du bar, l’horreur quoi. Pour faire un œuf dur qui s’écaille facilement en bande régulière qui n’accroche pas le blanc il faut que l’œuf originel ne soit pas trop frais. Bref, le toc-toc discret qu’évoque Prévert (le titre de ma chronique) fait la différence entre l’habitué et le gus qui se la joue popu. Une fois l’œuf dénudé le décapiter à la bonne hauteur, c’est-à-dire sans mordre dans le jaune, d’un coup de bouche demande une expérience de vieux routier. Vient ensuite l’assaisonnement en tapotant la salière, celle-ci dans les bonnes maisons fonctionne sans avoir recours à un curage des trous. La dégustation, par petites bouchées, sépare le monde en deux camps irréductibles : les goinfres et les gourmets. Pour les premiers c’est 2 ou 3 bouchées avec en ligne la descente immédiate du ballon de rouge, pour les autres c’est la becquée entrecoupée de petites gorgées de nectar (à notre bar c’était du rouge syndical 6 étoiles de la maison Sénéclauze dit cotes-du-rhône). Sévissait aussi en ces temps-là des barbares accompagnants leurs œufs durs de bocks de bière pression avec en son sein une peuplade redoutable : les adeptes du Picon bière.

 

En France l’œuf de poule est roux et, contrairement à une idée reçue la coloration de la coquille ne joue aucun rôle dans le goût de l’œuf. Cuire un œuf dur est à la portée du premier individu de sexe masculin élevé comme un gros naze par sa mère puisqu’il suffit de le faire cuire une dizaine de minutes dans de l’eau bouillante. La cuisson d’un œuf mollet relève lui d’un talent réel que peu d’individus mâles en pantoufles possèdent d’où l’expression féminine qu’ils reçoivent en revers lorsqu’ils protestent devant leur télé sur la qualité du frichti surgelé réchauffé micro-ondes :« va te faire cuire un œuf ! »

 

Alors, chers lecteurs, allon-nous assister les bras croisés, sans réagir, à la disparition du petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain au pied d’un ballon de rouge ? Ce serait un pan entier de la culture populaire française qui disparaîtrait et ce serait inacceptable. Exigeons de nos limonadiers le retour sur le zinc du petit présentoir de 6 œufs durs et de la salière ! Je propose pour que les bobos fassent chorus avec nous : l’œuf dur bio accompagné de sel gris de Guérande...

Bon appétit et Joyeuses Pâques !

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 02:09

En relisant mes pages, Jasmine me faisait remarquer que pour sa génération « le Mur de Berlin », la guerre froide, la guerre du Vietnam c’était quasiment de la préhistoire tellement ça lui semblait loin et surtout complètement hors du temps, comme si ça n’avait été qu’une parenthèse dans l’Histoire. Je lui faisais remarquer que pour les intéressés, les peuples sous la botte soviétique, cette petite parenthèse avait quand même durée un peu plus de 40 ans. Jasmine se marrait parce qu’elle venait de lire dans le journal local qu’après son élection comme président de l’Assemblée de Corse, le communiste Dominique Bucchini, avait sabré le champagne avec ses alliés nationalistes au son des chœurs de l’Armée Rouge. Je lui plaçait ma réplique favorite « stalinien un jour, stalinien toujours » tout en reconnaissant aux communistes corses le mérite de la constance et d’une certaine forme de clarté dans un paysage où les lignes entre les camps et les clans étaient brouillées et facilement franchissables dans les deux sens. Matthias, notre fils, venait de percer sa première dent avec une vaillance et un stoïcisme qui faisaient l’admiration de sa mère. Moi, vu mon âge, je virais au gâtisme absolu avec cet enfant qui s’offrait à la vie tout sourire dehors.

 

Toujours un peu vieux pédago gauchiste je rappelais à la jeune maman que contrairement aux versions officielles que les bonnes âmes nous servent aujourd’hui, les allemands de l’Ouest, ceux de Bonn la petite capitale de la RFA, n’aimaient guère les Berlinois de l’Ouest. Deux années avant la chute du mur, la vitrine la plus avancée de l’Occident libre, le petit joyau enfoncé dans le cul des pays du Pacte de Varsovie, et plus concrètement dans celui de l’autre Allemagne dite Démocratique, coûtait aux contribuables ouest-allemands la bagatelle de 22 milliards de deutschemarks, soit comme l’écrivait un de ces économistes adepte de la formule qui frappe les esprits « 41 857 marks à la minute ». Berlin-Ouest relevait pour beaucoup de la danseuse coûteuse et, chaque fois qu’ils postaient une lettre, le timbre de solidarité obligatoire du Notopfer Berlin – 10% de sacrifice pour la détresse – ça leur laissait, de 1948 à 1956, un goût amer sur la langue. Bien sûr, l’image humble et courageuse, du bourgmestre Willy Brandt qui saura par des gestes symboliques, lors de la répression sanglante par les russes de l’insurrection hongroise en 1956, où  il prit la tête dizaine de milliers de jeunes manifestants se mettant en route vers la porte de Brandebourg au cri de « Russes dehors ! » ou lors de son agenouillement en 1970 devant le mémorial du ghetto juif de Varsovie, masquer toutes ces petites mesquineries petite bourgeoise.

 

Pour en revenir à nos petits jeux du Berlin des années 70, qui peuvent prêter à sourire en ce début du XXIe siècle, où par-delà les effets d’intoxication du camp de ceux qui justifiaient l’enfermement, donc l’asservissement de leurs populations à un régime policier et bureaucratique, par la résistance à une autre mainmise : celle de l’impérialisme américain, choisir son camp relevait d’un vrai courage. S’en tenir au discours bêlant des pacifistes « plutôt rouge que mort » ou à celui des partisans de la lutte armée des FAR débouchant sur le vide et la violence aveugle, c’était se donner bonne conscience. Chloé et moi, nous avions choisi de nous situer à la lisière mais d’en être, de nous plonger les mains dans la merde même si les éclaboussures nous transformaient en « traîtres à la cause des peuples opprimés ». La responsabilité des communistes occidentaux et de leurs compagnons de route, dans ce partage stupide en deux camps irréductibles, est entière. Qu’ils viennent aujourd’hui, surtout en France, se recycler en derniers défenseurs des opprimés me glace et m’énerve à la fois. L’Opération Rouge Gorge, même si elle était foireuse, relevait du seul vrai combat, celui qui permettait d’entretenir la flamme dans les têtes de ceux qui ne voulaient ni fuir la RDA, ni se coucher ou coucher avec les séides de la Stasi. Pourrir la vie des hiérarques calcifiés d’en face et foutre la merde chez les allumés des FAR, même avec le fric et la logistique des services américains, c’était inconfortable mais fichtrement plus utile que les soit disant engagements de Sartre et des frelons de la GP.

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 00:03

Mon singulier n’est que générique, votre belle bouteille peut se parer du pluriel bien sûr. Nous sommes le jour de Pâques et c’était le jour où maman, comme le voulait la tradition, nous servait du gigot d’agneau avec des flageolets. En ces temps là, la viande d’agneau, comme la viande tout court, hormis celle des volailles de notre basse-cour et des lapins des clapiers de mémé Marie, relevait du luxe sur les tables de la Vendée profonde. Les moutons achetés par les bouchers de la Mothe-Achard venaient du Sud de la Vendée, à la fois de la Plaine où ils pâturaient comme dans le Bassin Parisien les chaumes des emblavures céréalières et des prés salés de la baie de l’Aiguillon s/Vie.

 

L’Anse de l’Aiguillon fait face à l’Île de Ré, aux limites de la Vendée et de la Charente-Maritime, et la Sèvre Niortaise vient y mêler ses eaux avec l’Atlantique dans une embouchure qui s’évase sur plus d’un km de largeur. Viennent aussi  s’y déverser les principaux canaux de dessèchement du Marais Poitevin (Venise Verte). Elle est en partie poldérisée du fait de l’abri constitué par la flèche sableuse de la pointe de l’Aiguillon et depuis le décret du 9 juillet 1996 c’est une Réserve naturelle nationale. Les communes qu’elle recouvre, du moins celles de Vendée, Champagné-les-Marais, Saint-Michel-en-l’Herm, Sainte-Radegonde-des Noyers... sonnent toujours à mes oreilles.

 

Nous mangions donc de l’agneau de pré-salé. Certes le nôtre n’a jamais atteint la notoriété de ceux de Pauillac ou de la Baie du Mont-Saint-Michel ou de la Baie de Somme même si ces derniers mettent sur le marché que des quantités confidentielles. En quelques mots dans la « famille agneau » sachons distinguer : l’agneau de boucherie, dit agneau blanc même si sa viande est rosée claire, est élevé et engraissé en bergerie ; l’agneau d’herbe qui a grandi en plein air se nourrissant d’abord de lait maternel puis d’herbe. Sa chair est plus colorée que celle du précédent ; l’agneau de lait qui, comme son nom l’indique, se nourrit exclusivement du lait de sa mère, il est léger, 7 à 10kg, vu son âge d’abattage : 1 à 2 mois, sa chair est blanche et d’une saveur peu prononcée ; enfin l’agneau de pré-salé moutonbis.jpg

Le lieu d’engraissement de celui-ci lui confère une viande d'une saveur exceptionnelle due principalement aux herbes marines salées qui tapissent les prés recouverts par les grandes marées et dont se régalent les brebis. « Les marais salés sont la partie supérieure de la zone de balancement des marées (estran ou espace intertidal). Ils se développent dans le fond des baies et des estuaires, là où une sédimentation fine se produit, à l’abri des houles et des forts courants. Les plantes qui occupent cet espace sont adaptées à la présence d’eau salée et se répartissent selon un gradient de salinité du substrat. Sous pâturage, les marais salés sont constitués d’une prairie très largement dominée par la Puccinellie qui est pratiquement la seule plante capable de supporter un pâturage régulier. »

 

Par les temps qui courent ces marais salés sont de fantastiques usines biologiques qui devraient constituer pour les consommateurs, soit disant préoccupés par l’agriculture durable en tant que citoyens, des lieux qui ne soient pas que des réserves d’indiens mais aussi des pompes à valeur ajoutée pour les éleveurs. Mais, comme d’habitude, sous la pression du moins cher que moins cher, des nouveaux épiciers monopolistiques, les Français consomment essentiellement de la viande de mouton importée de Nouvelle-Zélande. Au lieu de toujours râler, de verser des larmes de crocodiles sur la disparition des éleveurs du Massif Central, d’aller chercher midi à quatorze heures, mettre sous le nez de nos concitoyens la somme de leurs contradictions permettrait sans aucun doute de leur faire prendre conscience que l’élevage à l’herbe, dans les zones difficiles, constitue le seul recours. Nous nous retrouvons dans la configuration de l’industrie textile dans les années 80. Si rien n’est fait pour que le revenu de ces éleveurs ne soit plus constitué que par des primes européennes, et en dépit des éternels poujadistes qui nous serinent que leurs impôts doivent essentiellement financer les flics et les militaires et que les éleveurs n’ont qu’à se reconvertir et faire pousser des fraises hors-sol, la réinjection d’un tout petit peu d’argent dans le prix de ces produits de haute qualité sociale et environnementale est un impératif. Là encore qu’on ne vienne pas me chanter la ritournelle que le « moins cher du moins cher » n’est là que pour réinsuffler du pouvoir d’achat aux catégories les plus défavorisées. Allez donc voir le contenu des caddies à la sortie des grandes surfaces et vous serez édifiés.

 

C’était mon couplet pascal (si vous souhaitez en savoir plus sur le fond de mon analyse allez lire ou relire après le gigot pascal ma chronique (Le discount ou comment fabriquer des pauvres : merci JP Coffe de promouvoir le modèle WAL•MART http://www.berthomeau.com/article-31535901.html ). La facilité de beaucoup, qui relève de l’ignorance et d’une certaine forme de mépris, m’exaspère. Je leur conseille, même s’ils se tamponnent de mes conseils, d’aller voir le film de Dominique Marchais « Le temps des Grâces ». C’est un vrai documentaire qui rend intelligent car il ne présente pas la réalité en noir et blanc mais avec tous ses contrastes, ses nuances, ses contradictions... Comme l’écrit un critique de cinéma c’est « Une enquête belle et profonde sur le monde agricole français d’aujourd’hui. Le film questionne de l’intérieur la rationalité qui a présidé aux grandes métamorphoses du travail de la productivité et du paysage. A travers des récits d’agriculteurs, d’agronomes, d’écrivains et d’autres témoins, à un rythme aussi serein que prenant, il évoque le rôle que pourrait tenir l’agriculture dans un nouvel art de vivre et un projet politique commun. »  le_temps_des_graces-7d92b.jpg

Donc comme j’ai fait tout le boulot pour le gigot de l’agneau pascal reste pour vous à contribuer, donc à choisir la belle bouteille qui va avec et, si vous avez un peu de temps à perdre en ce jour de Pâques au temps peu clément, vous pouvez éclairer ma lanterne et celle de mes chers lecteurs par le truchement des commentaires.

Joyeuses Pâques à tous !

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