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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 00:08

Ce matin je vous livre à l’état brut ce que nos chers journalistes, en mal de formules creuses, baptisent des faits de société.

Tout d’abord les fameux apéros géants des jeunes bretons qui font écrire à Ouest France : « Les invitations sur Facebook font des émules. Après Rennes, voici Brest, Lorient, etc. Ce qui provoque, aussi, des inquiétudes. » Voir aussi http://veilleur.blog.lemonde.fr/2010/04/05/les-aperos-geants-inquietent-les-pouvoirs-publics/  

 

 Plus de 5 000 internautes réunis à Rennes, le 25 mars, pour un apéro géant place du Champ-de-Mars : la fête s'est terminée vers 3 h du matin, les secours ont évacué 19 personnes en état de coma éthylique. Mais l'idée a fait florès.

Dans la foulée, une autre invitation a été lancée sur Facebook, pour ce vendredi soir, à Brest. Plus de 7 000 personnes ont répondu à l'invitation d'une lycéenne brestoise de 19 ans. Malgré les mises en garde de la préfecture du Finistère. L'arrêté préfectoral interdisant la consommation d'alcool, le jeudi soir, à Brest, a d'ailleurs été prolongé jusqu'au 1er juillet 2011. Mais, en l'occurrence, il ne s'applique pas à ce vendredi soir.

Dans le Morbihan, les mises en garde sont similaires. Ce qui a fait reculer les organisateurs de Vannes, qui ont tout simplement décidé d'annuler leur rendez-vous. À Lorient, une grosse pression a également été mise sur l'organisateur, lui rappelant qu'il pourrait être tenu pour responsable d'éventuels débordements. Plus de 5 000 personnes se sont déjà inscrites à cet un apéro géant, prévu le 17 avril.

À noter qu'à Saint-Pol-de-Léon, un autre apéro géant est également prévu, ce samedi. Ainsi qu'à Morlaix, le 22 mai. À moins que tout ne se dégonfle. À Lannion et Auray, le 3 avril dernier, l'événement annoncé n'a finalement pas eu lieu : l'apéro a fait un flop.

Enfin, plus insolite, tout aussi festif (et moins alcoolisé), un... riz au lait géant est, lui, prévu à Henvic (Finistère), les 12 et 13 avril.

Ensuite dans le même temps je lis sur le Post du 13 avril que « Les femmes diplômées boivent plus que les autres ? et que c’est la conclusion (surprenante selon la rédactrice du papier Hélène Decommer) d'une étude de la London School of Economics, l'une des plus prestigieuses institutions au monde pour les sciences économiques et sociales.  « La London School of Economics a étudié les comportements de milliers d'hommes et de femmes de 39 ans, tous nés au Royaume-Uni pendant la même semaine, en 1970. Chez les hommes, le lien entre diplôme et consommation d'alcool existe aussi, mais il est moins flagrant, selon les résultats de l'étude. Alors, pourquoi les femmes diplômées sont-elles plus vulnérables à l'addiction à l'alcool? Et avant tout, cette tendance se retrouve-t-elle aussi en France ? »
Selon le processus classique dans les médias modernes la rédactrice du Post se tourne vers un spécialiste Patrick Fouilland, président de la Fédération française d'addictologie, alcoologue et directeur du centre d'alcoologie du Havre qui lui donne des éléments de réponse qui se résument à une sentence « C'est le modèle de nos sociétés qui conduit à cela » « Le recours à l'alcool, c'est aussi une conséquence de la course à la performance »
Belle découverte monsieur l’alcoologue, il faut dire que vous et vos semblables qui regardiez jusqu’ici toujours le doigt (le flacon) lorsque le sage vous montrait la lune (l’alcoolisme) n’êtes jamais en reste d’à peu près, de formules creuses et surtout de petites phrases insidieuses comme celle-ci, en réponse à pourquoi l’alcool ? « Parce que c'est à la fois un produit festif et un psychotrope. L'alcool a un effet défatiguant, déstressant, désinhibant, etc. C'est un produit qu'il est facile de se procurer et c'est le psychotrope le plus socialement admis » Dieu que le générique alcool, qualifié de psychotrope, est commode pour mettre dans le même sac des réalités très différentes.
Donc, pour revenir à nos apéros sauvages qui, bien sûr, vont rejoindre le grand fourre-tout des faits de société, la bonne question à vous poser messieurs les prohibitionnistes masqués, hygiénistes tristes, aligneurs d’interdits en tous genres est celle-ci: « et si ces apéros monstres, qui inquiètent tant les pouvoirs publics, n’étaient que de gigantesques bras d’honneur à votre endroit ? S’ils n’étaient que l’expression d’une volonté de soulever votre chape de plomb ? » Que ce type de rassemblements spontanés, incontrôlés, monstres : 7000 personnes à Brest, plus de 13000 prévues le 13 mai à Nantes, donne lieu à des débordements, à des excès de boissons alcoolisées, ce n’est pas étonnant mais les réduire à de pures beuveries, à des rassemblements de jeunes pochtrons c’est encore regarder le doigt (l'excès) et non la lune (les raisons du phénomène).
La référence au modèle de société pour expliquer un constat du type de celui fait par l'étude anglaise sur les femmes diplomées, le recours facile aux faits de société pour expliquer aussi bien le caillassage des bus de banlieues chaudes et les débordements des apéros monstres, et les questions bateaux du genre « quel regard portez-vous sur la société actuelle ? » pour sous-entendre que par le passé tout allait bien dans le meilleur des mondes, participent au discours vaseux, sociologisant, psychologisant, qui en met plein la vue aux profanes mais qui permet aux impuissants d’entretenir la confusion sur les causes et les effets. Je m'étonne que la DGS n'est pas imaginé de mettre sur pied des cellules de soutien psychologique pour les organisateurs Fascebookés des apéros monstres !
Et toute cette confusion, ce recours à des soi-disant spécialistes, ça nous donne dans le dernier numéro d’Addictions une Tribune libre « L’alcool tue » signée Dr Michel Marty psychiatre, psychanalyste, président de l’ANPAA 64 qui n’est qu’une diatribe, qu’un discours enflé, enflammé, la démonstration d’une forme de rage impuissante. Que nos jeunes se tuent sur nos routes en état d’ivresse est révoltant, inadmissible, mais écrire que « le dieu alcool a choisi ses victimes » relève de cette incapacité, qu’ont tous les « ...logues » patentés, à comprendre que leur « guerre » contre l’alcoolisme il la mène mal, que leur stratégie est mauvaise, que leur armée est commandée par de piètres généraux, qu’ils ne sont pas sur les vrais théâtres d’opération, qu’ils ne s’attaquent pas aux causes, qu’ils cherchent des coupables, des complices là où il n’y a souvent que des hommes et des femmes qui ne sont pour rien dans le fait que l’alcoolisme perdure, attaque toutes les couches de la société, se renouvelle avec les changements du temps.  
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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 09:15

Le 18 avril 1988, Pierre Desproges à l'âge de 49 ans déclarait avant de s’envoler pour un voyage aller sans retour : « Je m'emmerde ici, ça me gêne d'être debout comme un con, devant vous qui êtes assis comme des cons. »

Pour marquer cette funeste date d’une pierre blanche et se repentir d’avoir contribué à cet enlèvement définitif les avions du monde entier ont décidé de rester clouer au sol jusqu’à nouvel ordre.

Pour la petite histoire ce sont les Islandais*, cher au cœur de Desproges, et non pas les Anglais, qui cette fois ont tiré les premiers en laissant un volcan au nom imprononçable Eyjafjöll épandre sa fumée noire en signe de deuil.

Et comme savait si bien le trousser Desproges ça nous donne une histoire de cornecul qui dérègle notre petit quotidien mondialisé et donne un mot d’excuses aux grands du Monde pour zapper des funérailles officielles. Encore un coup des avions, sacré Desproges t’en fais de belles dans les nuages !

Bref, qui oserait dire aujourd’hui « La vulgarité, ce n'est pas dire des gros mots. C'est Patrick Sabatier qui fait semblant d'être apitoyé par le destin d'une matrone variqueuse dont il n'a rien à foutre, et qui lui offre une Fiat alors qu'elle ne sait pas conduire » ? Personne ! Pas même Guillon...

Alors comme il faut une chute à tout je partage avec lui cet aphorisme : « le bide représente l'espoir fou de rencontrer, enfin, l'incompréhension totale, la solitude absolue ».

 

Les islandais

« L'Islande est un grand pays de 103 000 kilomètres carrés uniquement composé de glaciers et de volcans. Autant dire que quand on ne se les gèle pas, on se les brûle, ce qui explique en partie l'extrême lenteur du développement du tourisme islandais. En dehors des militaires américains de la base de Reykjavik, qui font briller leurs bombes thermonucléaires avec un chiffon de soie en espérant sans trop y croire le déclenchement de la Troisième, seuls quelques mordus de la pêche à la morue se risquent à passer leurs vacances en Islande.


En résumé, on peut dire que les islandais gagnent à être connus. Alors que Julio Iglesias, non. »

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 00:12

« Les traîtres sont des divas, Edward. Ils ont des dépressions nerveuses, des crises de conscience et des besoins exorbitants. Les Wolfgang de ce monde le savent. Si vous ne leur menez pas la vie dure, ils ne croiront jamais que vous valez la peine d’être acheté. » Qui plus que le grand John Le Carré a su décrire de l’intérieur le monde étrange des espions qui venaient du froid ? Pas grand monde et son affirmation s’appliquait à merveille à Sacha qui adorait croire que les services du bloc communiste le prissent pour une prima donna diva repérée, ferrée puis engraissée à prix d’or ce qui ne l’empêchait pas de m’abreuver de ses crises de conscience. Pour l’entretenir dans ce perpétuel déséquilibre Chloé cultivait avec un soin de jardinier sa propension cyclothymique en le poussant dans le sens de sa plus grande pente. Pendant la guerre froide les opérations de retournement d’agents, d’un bord ou de l’autre, au profit du camp adverse relevaient de la routine pure et simple mais, dans le cas de Sacha, même s’il avait pris langue avec des émissaires de la RDA, celle-ci se révélait un peu plus difficile car l’oiseau ne correspondait pas au profil classique de l’espion. Il croyait, ou peut-être feignait-il de croire, à ce qu’il professait c’est-à-dire que la cause de la paix passait par son ralliement au camp communiste alors comment en faire l’instrument de l’impérialisme américain qu’il vomissait ?

Pour une fois la réponse à cette question cruciale vint de moi. Sacha vouait aux vins français une passion non feinte. J’en avisai Bob pour qu’il passât une commande de Grands Crus Bordelais, de beaux  fleurons de Bourgogne et de quelques caisses de Krug et de Dom Pérignon. Mon plan, pour ne pas éveiller les soupçons de Sacha, consistait à organiser un pseudo casse dans la cave de la villa des américains pour y faire la razzia de leurs grands vins français. Le tuyau venant, toujours le détail qui crédibilise, de la petite bonne des cow-boys que je venais de séduire récemment. Ainsi fut fait à l’aide d’une camionnette de blanchisseur, soi-disant volée par mes soins, que mes commanditaires avaient mis à ma disposition. Pour corser légèrement notre intrusion, toujours le détail qui crédibilise, Bob fit une petite incursion dans la cuisine pendant que nous opérions en sous-sol. Sacha se liquéfia. Bob repartit en claquant la porte. Sacha alla pisser sur le tas de charbon tout en jurant en allemand. Je lui bourrai les côtes en le charriant ce qu’il apprécia que très modérément. Nous rentrâmes en silence. Sacha fit une crise car Chloé ne nous attendait pas. Je me fâchai tout rouge en le traitant de révolutionnaire en peau de lapin, d’enfant gâté et de couard. À mon grand étonnement il fondit en larmes.

Cet intermède inattendu me permettait de commencer mon travail de sape. Je dégotais des glaçons dans le grand frigo de l’étage des mères  et je déposai un Dom Pérignon 1962 dans un seau en acier galvanisé. Sacha, en boule sur son vieux canapé, ressemblait à un chiot privé de mère. Dans notre razzia, le hasard bien orienté par mes soins nous avait offert un lot de saucissons secs et de saucisses sèches, deux beaux jambons, une grande cagette de fromages français : du Beaufort, du Comté, du Salers, un grand Brie et de la Tomme de Yenne, et deux belles miches de pain. Pour faire bon poids j’avais aussi embarqué un bocal de cerises à l’eau-de-vie et deux bouteilles de Cognac non prévus à l’inventaire. Pour servir le champagne mon imagination palliait l’absence de verrerie adaptée en réquisitionnant deux ciboires qu’un de nos adeptes, dans un moment de rage païenne, venait de voler dans la sacristie d’une église des beaux quartiers. Les bulles ravivèrent le moral de mon futur agent double. Ensuite j’organisai une dînette à la française accompagnée d’un Latour 192ç, d’un Haut-Brion 1948 et d’un Corton-Charlemagne 1962 avec le fromage. L’euphorie aidant je lui parlais de la France patrie des droits de l’Homme et du bien-vivre. Pour une fois Sacha m’écoutait avec une réelle attention. Je le sentais prenable mais, à mon grand étonnement, ce fut lui qui me tendit la perche alors qu’il sirotait un Delamain tout en tirant sur un Puros cubain : « et si tu me servais de relais avec les vrais démocrates français, je pourrais peut-être œuvrer pour l’amitié entre les peuples... »    

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 00:09

Par les bons soins d’un éminent membre de l’Amicale du Bien Vivre dont je tairai le nom afin de ne pas compromettre sa réputation auprès de la rédaction du Monde et de la complaisante et no crédible Sandrine Blanchard http://www.berthomeau.com/article-30304997.html et http://www.berthomeau.com/article-credibilite-zero-sandrine-blanchard-echotiere-de-la-vie-moderne-taille-des-costars-au-duo-coffe-pitte-46425415.htmlj’ai eu connaissance de l’existence du texte : « Fac à Vin » publié sur le site www.lejgo.com sous la rubrique L’Ego du J'Go. Qu’est-ce donc ce J’Go ? La réponse du créateur Denis Meliet un gascon « En créant le J’GO, je n’ai fait que tenter de partager une partie des émotions de ma jeunesse… Le bruit, les parfums des cuisines, les cueillettes au jardin, les courses pour attraper les poulets dans les basses cours, le rendez vous sacré du tue cochon. Dans les restaurants J’GO, du producteur qui élabore son produit avec soin jusqu’au commis de salle qui dépose votre commande sur la table, chacun s’applique à vous faire partager son amour de la cuisine authentique et sa passion pour la culture gasconne. Dans tous nos établissements, vous sentirez la présence des hommes et des femmes qui cultivent, élèvent, vendanges et travaillent pour vous proposer avec fierté le meilleur d’eux même. » Pour l’heure J’GO, ce sont 3 restaurants : 1 à Toulouse et 2 à Paris. Je vais m’y rendre sous peu mais pour l’heure : lisez cet excellent papier.

 

« Dans un rapport rendu le mois dernier à la ministre de l’enseignement supérieur, Jean-Pierre Coffe plaide en faveur du retour du vin dans les restaurants universitaires. En éduquant à la dégustation de jaja, y écrit-il en substance, on lutte contre le fameux «binge drinking», cette pratique en vogue qui consiste à picoler n’importe où, n’importe quoi n’importe comment, pour le simple plaisir de rouler sous la table. 

Le raisonnement est, il est vrai, assez douteux, mais la levée de bouclier qu’il provoque l’est encore plus. Pour ses détracteurs, le pourfendeur du jambon polyphosphaté se soucierait davantage du lobby viticole que de la santé des étudiants, et encouragerait la consommation de vin pour sauver les vignerons de la faillite. Quiconque a fréquenté une université récemment sait à quel point les étudiants n’ont besoin de personne pour boire mal, fumer trop, manger peu et se coucher tard, bref, pour être jeunes.

Mais il y a plus drôle encore, puisque certains opposants à la dégustation de vin à la cantoche disent s’inquiéter de l’état de somnolence que la consommation d’alcool pourrait entrainer durant les cours magistraux de l’après-midi. Il suffit de poser la question aux étudiants (dont, rappelons-le, 50% consomment du cannabis selon un sondage de 2003), pour apprendre qu’au palmarès des trucs qui les endorment, figurent la qualité médiocre des programmes, le manque cruel de conviction des maîtres de conférence, la machine à café qui est en panne, et « l’after » de la veille. Mais bien entendu, comme il est impossible de changer les programmes, impossible de former les maîtres de conférences à l’éloquence, impossible de rompre les contrats signés avec les sociétés de maintenance des automates à boisson, et impossible de priver les étudiants de sortie, c’est au pinard qu’on s’en prend.

Pourtant, en écoutant les vignerons qui viennent au J’Go parler de leur vigne, de leur terroir, de leurs efforts et de leurs cépages, on éprouve davantage l’envie de devenir paysan, œnologue, caviste ou maître de chai, que celle d’embrasser une carrière d’ivrogne. »

 

* définition d’avoir bu l’eau des nouilles in Dictionnaire du français qui se parle de Pierre Merle éditions Mali « être sans intérêt (en parlant de quelqu’un), complètement abruti. « Non, mais t’as bu l’eau des nouilles, toi ! » (« Tu racontes vraiment n’importe quoi ! »)

En prime le double de notre Sandrine : Gérard Blanchard qui lui « fume la moquette! » 

 

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 00:09

L’amour, l’amour, l’amour... être épris de... d’amour espris... je trouve l’expression enlevée, fine, légère, aérienne. Et puis, au souvenir récent de beaux flacons, avec mon esprit d’escalier, que d’aucun trouve bien folâtre, une homophonie est venue subrepticement chanter à mes oreilles. D’ordinaire, en maniant un français un peu suranné, plutôt que de dire d’un quidam qu’il est bourré, on peut dire de lui qu’il est pris de boisson. Ne jamais perdre sa liberté, être pris par la patrouille, toujours garder le contrôle mais laisser éclater sa passion, son grand amour du vin, des belles bouteilles, nobles ou roturières, alors pourquoi ne pas dire ou écrire, qu’un tel ou une telle sont éprise de boisson. Je sais, en qualifiant le vin, surtout les grands, de boisson, je vais me faire morigéner par toutes les confréries d’amateurs patentés « Chez nous monsieur nous ne buvons pas, nous dégustons ! » Vous vous doutez bien que je m’en tamponne absolument.


Restait tout de même pour moi à faire une petite vérification : « cette expression était-elle usitée ? » Dans le grand Robert elle n’est pas citée mais comme je suis un fouineur impénitent alors j’ai trouvé à propos du livre les « Métamorphoses de Tintin » de Jean-Marie Apostolidès ceci : « Puisant à la psychanalyse, à la sémantique et à la critique littéraire, Jean-Marie Apostolidès se livre à une enquête passionnante sur l'histoire de Tintin. D'où vient-il ? A-t-il seulement une famille ? Et des opinions politiques ? Quels sont ses rapports avec les femmes ? Comment Tintin vieillit-il ? A ces questions, et à beaucoup d'autres, ce livre répond, pour le plus grand bonheur des tintinologues de 7 à 77 ans. Où l'on voit se dessiner peu à peu, derrière la figure militante de l'adolescent des années 30, un Tintin plus sceptique et tolérant qui, ayant rétabli la justice au bout du monde, abandonne son obsession du Bien et se retire à Moulinsart en compagnie d'un marin épris de boisson et d'un vieil original qui cultive son jardin... »


« Milles sabords ! » voilà notre capitaine Haddock, grand amateur de whisky, affublé de mon expression. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Qu’importe ! L’important est ce qui va suivre. Lundi de la semaine passée nous étions 5. Après une première avancée apéritive au Dom Pérignon 2000 nous sommes descendus pour une expédition pré-dinatoire à la cave. C’est bien plus qu'une cave c'est une caverne d'Ali Baba et les Quarante Voleurs avec un sésame ouvre-toi digne du Mystère de la Chambre Jaune de Gaston Leroux. J’adore ! Sans grands palabres nous avons y avons extrait les 8 flacons ci-dessous pour agrémenter les excellents mets du repas.


Question simple : suite à ce choix et à l’honneur fait ensuite aux flacons, puis-je écrire sans risque de m’attirer les foudres de la congrégation des hygiénistes : tous les 5, 2 femmes et 3 hommes, étions-nous épris de boisson ? Réponse : Je pense que oui mais nous n’étions point gris n’en déplaise aux gardiens de notre santé, nous étions simplement heureux.


Le plus drôle, dans cette histoire mêlant le sublime à l'agréable, pour les détectives amateurs qui chercheraient à savoir où se situait ces agapes c'est que nous n'avons laissé aucun indice qui les mettraient sur notre piste.


Grand merci à Michel et à son épouse, au maître-queue pour les mets, de ce grand moment de convivialité, de brassage d’idées, de bien manger et de bien boire. Affaire à suivre de très près sur mes lignes et il ne vous est pas interdit de commenter...


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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 00:09

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La guerre des prix fait rage sur nos murs : le Leader Price de notre Coffe national dégaine et se proclame « le moins cher ! », « le 1ier sur les prix » avec un caddie de 49 produits dit « essentiels du quotidien » il inflige un camouflet à ce ramenard de Michel Edouard et au Mammouth endormi qui positive à nouveau. Visuellement pour le passant pressé qui jette un œil sur les panneaux d’affichage : c’est la claque absolue, comme dirait les jeunes pousses : la honte ! Y’a pas photo les pourcentages claquent :

Leclerc : 22% plus cher avec un caddie à 85,16 euros

Carrefour 34% plus cher avec un caddie à 93,59 euros.

Leader Price se la pète grave avec ses 70 petits euros et ses 4 centimes.

Vous me connaissez moi on ne me la fait pas comme ça faut toujours que j’aille fourrer mon tarin là où il ne faut pas, en l’occurrence ici dans le caddie « le moins cher ! » pour savoir ce que sont pour les potes de Jean-Pierre Coffe les 49 produits dit « essentiels du quotidien » ?

Pour le vérifier c’est simple je les énumère :

1et 2 = du beurre doux et ½ sel

3 = crème fraîche

4 à 6 = des desserts (crème au chocolat noir, vanille, yaourts brassés aux fruits

7 à 15 = fromages (Coulommiers, Camembert moulé à la louche, Roquefort AOC, fromage le Délicieux, raclette en tranches, emmenthal râpé, Maasdam de Hollande en tranches, pointe de Brie)

16 à 25 = charcuterie (jambon supérieur avec couenne  par 6 et par 2, blanc de poulet, jambon supérieur découenné, saucisses de Strasbourg, lardons fumés, confits de gésiers, saucisse sèche courbée, saucisson sec, saucisson sec pur porc)

26 à 28 = conserves (maïs doux, tomates pelées, haricots verts très fins)

29 = sauce bolognaise

30 = huile de tournesol

31 à 32 = condiments (flacon d’échalotes et ciboulette)

33 à 36 = petit déjeuner (pain nature américain, brioche tranchée, pains au lait et chocolat, confiture de fraises)

37 à 38 = riz basmati et thaï

39 = crème de cassis

40 = cola

41 et 42 = café pur Brésil et pur arabica

43 = pavés de saumon

44 = steaks hachés 100% pur bœuf

45 = films étirables

46 = liquide vaisselle

47 = disques à démaquiller

48 = déodorant bille

49 = gel coiffant effet mouillé

 

Comme la réponse à ma question titre : « Y-a-t-il une bouteille de vin dans le caddie de JP Coffe « le moins cher du moins cher » chez Leader Price ? » est négative, avant d’y revenir quelques remarques.

La première pour de rire : je comprends que les communicants de Casino n’aient pas mis en avant Jean-Pierre Coffe sur l’affiche car c’eut été la première faille dans la crédibilité de la notion de produits essentiels au quotidien. En effet, le dernier produit : gel coiffant effet mouillé pour ce cher homme est bien évidemment essentiel à sa capillarité.

La seconde pour noter que les fromages et la charcuterie se taillent la part du lion dans le caddie : 19 produits mais pas de pain, sauf de l’américain, et rien à boire avec sauf du Cola. Mais que font les rigolos de la nutrition et du www.manger.bouger voilà de la pure fabrique « d’obèses et de malades ». Mais comme je suis seulement un défenseur du terroir cher à notre Jean-Pierre, pour la beauté du geste je vous communique les prix des fromages dit de qualité dans le caddie de JPC :

-         le camembert moulé à la louche : 1,55 euros (le calendos pur plâtre 1,14 euros)

-         le Roquefort qualifié d’AOC (je ne savais pas qu’il en existât du non AOC) 1,69 euros la part de 150 g

-         la pointe de Brie : 0,95 euros les 200g

La troisième est une question existentielle qui me ronge : peut-on vivre sans film étirable et disques à démaquiller ?

La quatrième est horrifiée pour le consommateur adorateur des pâtes alimentaires que je suis : comment peut-on exclure ce produit du caddie ? Est-ce parce que la compétition des prix eut tourné à l’avantage des 2 concurrents ? Je ne sais mais carton rouge à papy Coffe !

La cinquième et dernière concerne le vin : que celui-ci fusse de moins en moins sur la table au quotidien je veux bien en convenir mais alors pourquoi priver cette pauvre crème de cassis à 3,29 euros, considérée comme essentielle, de son compagnon naturel : le vin blanc ? Mystère ! Ou bien alors est-ce parce qu’il n’existe pas de vin estampillé Leader price ? Je ne sais mais comme me dirons certains la terre ne va arrêter de tourner parce que Coffe a oublié de glisser dans son caddie une boutanche de blanc qualité riquiqui...

Morale de l’histoire : dans le grand royaume du n’importe quoi dans lequel nous vivons ce genre de comparaison sur un supposé caddie représentatif du quotidien des français les as du toujours moins cher que moins cher prennent les consommateurs pour une cohorte de débiles profonds tout juste capable de se faire hameçonner par de gros pourcentages qui tuent. Ce n’est pas l’expression d’une saine concurrence mais celle d’un affaissement complet de l’économie ménagère qui, comme chacun le sait, est la seule économie de proximité qui vaille car elle permet de raccorder le consommateur au citoyen.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 00:02

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Ce n’est pas une légende mais l’histoire d’un jeune homme de 18 ans qui en 1961, après son service militaire, décide de faire le négociant. De le faire pas n’importe où, en Bourgogne s’il vous plaît, et sans la plus petite connaissance de ce métier. Mais notre jeune homme a du nez, une Juva 4 m'a-t-on dit, 4 appellations dans son fond de commerce, un sens inné des affaires et du chemin qu’il faut prendre pour arriver : quelques mois après son installation il achète à crédit 50 ares de terres en friche de Gevrey-Chambertin et les replantent. Parti de zéro, comme on dit dans les sagas américaines, avec sa chemise et une Juva 4, le voilà cinquante ans après premier négociant bourguignon et n°3 français avec 265 millions d’euros de chiffres d’affaires. Dans notre vieux pays qui adore le small is beautiful, et envie la réussite, ça ne déclenche pas la sympathie ou l’admiration de monsieur et madame tout le monde – pour les plumitifs du vin je ne vous dis pas c’est pire que les raisins verts – qui préfère celle de Zidane ou du dernier minet ou dernière pouffette de la Star Academy. Ainsi va la vie dans notre belle France.


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ce n'est pas celle de JCB mais celle de mes souvenirs de petit Vendéen...

 

Moi qui aime bien Jean-Claude Boisset je n’ai qu’un seul reproche à lui faire : de ne pas être devenu le n° 1 du vin français depuis sa base bourguignonne en filant au long du Rhône vers le grand Sud. Certes il l’a fait mais ceci est une autre histoire qui n’a pas été écrite et comme Jean-Claude ne m’a jamais demandé de devenir le DG de sa belle maison – grand bien lui a pris susurreront les perfides – je ne pousserai pas plus loin mes regrets. Nous en reparlerons ensemble, en tête à tête, et je connais la réponse de Jean-Claude Boisset. Pour une bonne part je partage ses analyses mais il n’empêche que dans cette fichue compétition mondiale, sur plan plus global ou au niveau régional, s’exonérer de toute réflexion stratégique, où la mener sans lui donner l’envergure nécessaire, c’est avancer à la petite semaine sans se soucier des grandes lignes de fractures qui se sont ouvertes et qui ne se sont pas près de se refermer. Comme j’ai l’impression de radoter, et que pour beaucoup l’horizon du vin reste borné aux acheteurs de la GD – que je respecte bien sûr – ou au ballet gentil des petits qui certes séduit mais reste et restera de l’épicerie fine.


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Après mes litanies habituelles, genre grand messe chantée, passons aux choses sérieuses : le Fixin Blanc de JCB. C’est du rare : les 3 ha de Chardonnay sont les seuls de l’appellation. 3000 bouteilles à vis, c’est à l’image de la nouvelle orientation impulsée depuis 2002 par la Maison Boisset. Approche « Domaine » avec des approvisionnements par contrats d’achat de raisins sur 40 ha. Du cousu-main, des petites cuvées de sept pièces en moyenne, c’est le domaine d’un jeune homme passionné, le souriant Gregory Patriat. Refléter au plus près le terroir, exprimer les caractéristiques du millésime, faire en sorte que la main de l’homme se fasse discrète et que le bois garde sa fonction originelle, j’aime bien ce dit Gregory « en général, j’aime les vins atypiques, qui bousculent les carcans et les idées reçues. Mes Pommards Premier Cru sont plutôt féminins, tout en dentelle, tandis que mes Savigny sont plutôt rustiques aux tanins mûrs et serrés. Le terroir nous les a offert dans ce style, conservons-le ! S’il est vrai que j’ai un penchant pour les vins très fins plein de fruit, de rondeur j’aime aussi qu’ils puissent défier le temps... »


Que voulez-vous ce a privatif me comble d’aise en jetant dans la géhenne la fameuse typicité mécanicienne des croskilleurs (lire ou relire ma chronique Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC http://www.berthomeau.com/article-20287518.html ). Du haut de ses 35 ans Gregory jette la passerelle entre les 2 rives, innove en respectant la tradition, avance et il faut rendre hommage à Jean-Claude et à ses deux enfants Nathalie et Jean-Charles, de permettre à Gregory Patriat de jouer avec charme et simplicité sa partition sur le meilleur de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune.


Mais j’ai gardé, comme toujours dans notre pays de fines gueules, le meilleur pour la fin : le Saint Aubin Premier Cru en Remilly 2008. C’est un Côte de Beaune blanc 100% Chardonnay 65 00 bouteilles. C’est mon chouchou ! Comme dirait ma complice Margot j’en mettrais bien une caisse sous mon lit. C’est vif ! C’est frais ! C’est de la joie à l’état pur ! Moi j’aime ce type de vin droit sans raideur, fin comme un string sur une peau à peine vanillée par les premières caresses du Dieu soleil, tendre comme la caresse d’un zéphyr à la fin d’une chaude journée d’été, aérien comme une libellule et surtout qui sait si bien faire briller les yeux des filles du long des golfes clairs... Je m’emporte mais puisqu’il m’emporte pourquoi réfrènerai-je mes ardeurs épistolaires. Mais comme les bonnes choses ont une fin je ne puis m’empêcher, avec mon mauvais esprit habituel, de souligner que je viens de réaliser la « performance » de faire dans le small is beautiful à propos du numéro 3  du vin français. Mais rassurez-vous je garde dans ma besace un futur papier sur les Crémants Grand Terroir de Louis Bouillot et comme la Maison Mommessin officie dans le Beaujolais mon auto-mission Beaujolais « Grand Corps Malade » me permettra d’y revenir. Je rassure les membres de la Task-force je n’oublie pas le dossier mais je suis un peu charrette en ce moment alors patience et n’hésitez pas à me faire parvenir des munitions entre temps.

JCB_Btl_Saint-Aubin_1er_Cru_en_Remilly_2007.JPGTom-7321.JPG 

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 00:09

Pour tout produit de consommation, y compris le vin, conquérir ou séduire la classe moyenne, constitue un objectif prioritaire tant sur son marché domestique que sur ses marchés traditionnels d'exportation et surtout dans les pays nouvellement consommateurs. C'est la loi des grands nombres. Elle recèle les seules poches de croissance du marché.

La classe moyenne, la middle class, ce groupe social hétérogène et flou qui regroupe près d’un français sur deux, ça fait beaucoup de monde et pour Henri Mendras en 1988, lorsqu’il publie la Seconde Révolution Française, avec « l’émiettement des classes », la sociologie de la France se schématise en forme de toupie. Selon lui « hormis une petite élite (3% de la population) et une frange d’«exclus» (7%), la société française se regrouperait au sein d’un vaste centre. À côté d’une vaste «constellation populaire» rassemblant 50% de la population, H. Mendras dessine une «constellation centrale» (25%) en forte expansion, notamment les cadres. Caractérisée par une mobilité sociale intense, cette constellation serait un lieu d’innovations sociales qui se diffuseraient à l’ensemble d’une société aux frontières entre groupes moins rigides »

La bulle financière puis la crise en cours, sans remettre en cause ce schéma, ont bien évidemment à la fois resserré les frontières du noyau central, fait gonfler la frange des exclus et des précaires alors que l’élite « économique et financière » sortait du coup de torchon sans descendre vraiment de son inaccessible piédestal.

Ce préambule pour souligner que, pour un produit comme le vin, très souvent  considéré comme statutaire, marqueur d’une manière d’être ou de recevoir, l’examen des tendances qui animent ce «groupe central» est primordial et devrait aller bien au-delà des catégorisations simplistes des analyses marketing. En effet, au-delà du clivage pur des Catégories Socioprofessionnelles CSP, des strates de revenus, c’est le sentiment d’appartenance qui clive aussi les classes moyennes soit qu’elles se sentent déclassées ou en voie de l’être, soit qu’elles se surclassent en adoptant ou en copiant les codes des classes dites « supérieures. Les  grands médias : télévision et presse magazine, au travers d’émissions, de reportages ou de la publicité popularisent les signes extérieurs d’appartenance : vêtements, parfum, nourriture, voitures, logement, vacances qui, sous des formes «adaptées» descendent dans la rue. Le fameux positionnement des produits de marques par le prix, constitue le miroir que l’on tend à ceux et celles qui sont en quête d’une forme d’ersatz de reconnaissance sociale.

Tom-7161.JPGFort bien et comme ce qui est vrai pour la France l’est plus encore pour notre perfide voisine anglaise je fonce sur mon objectif quitte à ce que les grands prêtres du vin me traitent de déjanté, de conteur de n’importe quoi. Et oui que voulez-vous voir Kate Moss, au dernier festival de Glastonbury, «chaussée de bottes de chasse qu’on ne voyait autrefois que dans les prés boueux où se déroulent les courses de haies hippiques et qui sont en vente aujourd’hui dans les boutiques à la mode.» m’intéresse. Que le Barbour (blousons huilés ou matelassés des gentlemen-farmers) soit du dernier chic, que le tweed redevienne in, que les nœuds papillons et la moustache canaille reviennent en force chez nos jeunes voisins anglais n’appartenant ni à la gentry, ni à la noblesse, peut paraître dérisoire en ces temps de crise. Je peux en convenir aisément mais, par-delà l’écume de la mode classieuse, ce qui m’intéresse c’est ce qu’écrit dans le Guardian Andy Beckett.

Tom-7156.JPG« D’autres tendance récentes ont œuvré en faveur du renouveau du chic. L’écologisme et la demande de produits locaux ou artisanaux vont plus dans le sens d’un capitalisme distingué et terrien que dans celui de sa version urbaine et industrielle. Le renouveau d’intérêt manifesté par les consommateurs pour les produits typiquement britanniques, depuis les plats traditionnels jusqu’aux marques « patrimoniales », en passant par les vacances ventées au bord de la mer, a amené beaucoup de membres de la classe moyenne, consciemment ou non, à redécouvrir des goûts que les classes supérieures n’ont jamais complètement abandonnés »

C’est l’anti bling-bling mais sous une forme de retour « aux traditions », au terroir, aux confitures bio du Prince Charles grand défenseur des AOC à la française, mais sous une forme à l’opposé des codes bobos qui eux se veulent proches d’un petit producteur fantasmé. D’accord me diront certains mais tout ça se passe dans un pays où, dans la vie de tous les jours et la vie politique, comme l’écrit Andy Beckett « la question de la classe a toujours été une bombe à retardement. Le déclin de l’aristocratie n’a pas été suffisamment complet pour la désamorcer ». Les privilèges de classe et leurs signes extérieurs y ont toujours créé du ressentiment «beaucoup de ceux qui possèdent la terre sont les mêmes qui l’ont toujours possédée».

Certes j’en conviens mais pourquoi diable les tendances qui traversent la middle class british seraient pour nous vendeurs de vins français indignes de notre intérêt. Même si le chic tory n’est qu’une mode passagère chez nos voisins, l’observer, l’analyser, me semble la seule attitude professionnellement correcte. En effet, si nous voulons bien mettre notre mouchoir sur nos petites chapelles et prendre nos consommateurs pour ce qu’ils sont, nos vins de tradition française, en Angleterre tout particulièrement, peuvent redorer leur blason.

Pour illustrer mon propos je prends le cas des Bordeaux lié à l’Angleterre depuis un joli bail. Au lieu de nous bassiner ici avec leurs petits châteaux à 2 balles ne serait-il pas plus intéressant pour eux de lancer une offensive vers cette cible adepte du BCBG rural avec les cadets des grands châteaux du genre du magnifique Alter Ego de Palmer (voir un test comparatif http://test-comparatif.quechoisir.org/F-REF3286-Seconds-vins-de-Bordeaux/?f=_ ) because le prix qui tout en restant chaleureux est abordable pour des bourses moyennement remplies qui veulent se la jouer gentry. Ce serait des Bordeaux de middle class avec un vrai nœud paillon noué à la diable, chic et de bon goût, pas le ringard rigide des pubs des années 90 totalement cheap, style plouc endimanché. Ainsi la connexion, que l’on trouve dans la couture entre la haute et le prêt-à-porter, se ferait entre le grand luxe et le luxe abordable. Aucun de nos concurrents du Nouveau Monde ne dispose de ces atouts mais les stratégies les plus évidentes semblent hors de portée de la France du vin.

« De quoi qui s’occupe celui-là ! » Je m’arrête car je sens que j’énerve mes amis du CIVB. Je publie cette chronique, l'air de rien, après mon petit périple des primeurs, pour voir comme au poker. Et pour terminer ce papier sur une note d’humour bien français « y faut pas confondre les BCBG avec le BCG... »  comme le disait mon cousin Raymond et chez ces gens-là du côté de NAP «on dit merde mais pas mince et jamais bon appétit».

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 00:05

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Chose promise chose due et toute honte bue je vais vous distiller au jour le jour le contenu de mes carnets de dégustations. Avant, car j’adore les chemins de traverse, permettez-moi de vous présenter mon costume Victoire et de vous entretenir de ma passion pour les costars qu’on ne trouve pas dans toutes les armoires ! Bêcheur en plus l’ex « grand serviteur de l’État » reconverti en « dégustateur imposteur » : j’assume ! J’ai horreur des marques, alors comme vous pourrez le constater en lisant cette lointaine petite chronique d’octobre 2006 « Mon costar Kennedy » http://www.berthomeau.com/article-Mon costar Kennedy-NaN.html  je déniche des pièces qui, sans être rares, je n’en ai pas les moyens, ne se retrouvent pas sur les épaules de tous les gars que je croise sur le trottoir. Élitiste avec ça le gars : j’assume ! Donc j’ai mes adresses, j’y suis fidèle, et c’est le cas de Victoire qui se fournit chez des créateurs italiens. Donc 4 ans après mon Kennedy j’offre à vos regards ce nouveau costar Victoire. Il m’a coûté 460 euros. Je ne dis pas que c’est donné mais comme le précédent, si Dieu me prête vie, dans 4 ans il sera toujours d’attaque. Je ne jette rien. Je suis un conservateur. Pour moi les vêtements et les chaussures sont des investissements pas du produit de consommation jetable. Bref, je ne vous cache rien et pour finir comme j’adore aussi les minuscules anecdotes en voilà une, sans grand rapport avec mes vagabondages vestimentaires, mais qui m’a toujours fait sourire : c’est l’histoire d’un chef de cabinet d’un Ministre de l’Agriculture, Christian Bonnet je crois, qui prénomma sa fille Victoire suite à celle de son idole VGE en 1974. C’est beau comme l’enthousiasme, non !

 

Pour en revenir à ma dégustation, « Grandes Maisons Grands Crus », au château du Clos Vougeot, lors de mon Grand Jour de Bourgogne http://www.berthomeau.com/article-mon-grand-jour-de-bourgogne-l-histoire-d-un-degustateur-imposteur-en-beau-costume-victoire-48039806.html que j’ai réalisé à l’aveugle je vous livre, sans aucun commentaire car j’avoue que je n’ai aucune envie de m’emberlificoter dans des mots que je ne fais pas miens, mes préférences. Ils m’ont plu, séduit, intrigué, ébloui pour quelques-uns, pour que je les extraits d’une sélection de Grands Vins. C’est mon choix d’acheteur, rien que le mien  Tom-7320.JPG

22 Blancs

1 à 9 : Chablis Bougros, Les Preuses, Vaudésir, Valmur, Les Blanchots (2) tous 2008, Les Blanchots 2002

 Mon choix :

4 Chablis Valmur 2008 : Maison Jean-Marc Brocard

9 Les Blanchots 2002 : Maison Laroche

 

10 à 16 : Corton-Charlemagne 2008

 Mon choix :

10 : Maison Louis Latour

12 : Maison Seguin Manuel

15 : Maison Albert Bichot

16 : Maison Olivier Leflaive

 

17 à 22 : Chevalier Montrachet 2008 Batard Montrachet (4) 2008  et 1 2002

 

Mon choix :

19 : Batard Montrachet 2008 : Maison Jean-Marc Boillot

21 : Batard Montrachet 2008 : Maison Louis Jadot

22 : Batard Montrachet 2002 : Maison Jean-Marc Boillot

 

18 Rouges

 

 N°23 à 27 : Corton-Bressandes 2008, Corton-Renardes 2008, Corton-Grancey 2002, Corton 2002, Corton-Pougets 2002

 

Mon choix :

24 : Corton-Renardes 2008 : Maison Stéphane Brocard

25 : Corton Grancey 2002 : Maison Louis Latour

 

28 à 31 : Charmes-Chambertin 2008, Clos de la Roche 2008, Clos de Vougeot (2) 2008

 

Mon choix :

29 : Clos de la Roche 2008 : Maison Jean-Claude Boisset

 

32 à 35 : Echezeaux (2) 2008 Grands-Echezeaux 2008 et 2002

 

Mon choix :

32 : Echezeaux 2008 : Maison Albert Bichot

35 : Grands-Echezeaux 2002 : Maison Joseph Drouhin

 

36 à 40 : Charmes-Chambertin (2) 2002 Mazis-Chambertin (2) 2002 Chambertin Clos de Bèze 2002

 

Mon choix :

37 : Charmes-Chambertin 2002 : Maison Prosper Maufoux

 

MES PODIUMS

En Blancs :

22 : Batard Montrachet 2002 : Maison Jean-Marc Boillot

12 : Corton Charlemagne 2008 Maison Seguin Manuel

19 : Batard Montrachet 2008 : Maison Jean-Marc Boillot

 

En Rouges :

35 : Grands-Echezeaux 2002 : Maison Joseph Drouhin

29 : Clos de la Roche 2008 : Maison Jean-Claude Boisset

25 : Corton Grancey 2002 : Maison Louis Latour  

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 00:09

Plus le temps passe plus je suis persuadé que la réponse à la question Le Vin à la française est-il irréductible au concept de marques mondiales est oui. Par vin à la française j’entends évidemment le vin conçu sur un modèle économique AOC ou appliquant des règles du même type. Pour exister, se développer en investissant dans sa promotion et sa distribution mondiale une marque de vin doit s’appuyer sur une ressource identifiée et maîtrisée par le metteur en marché. Étant entendu que si les concepteurs de marques veulent maîtriser cette ressource, la pérenniser sur le long terme pour accompagner le développement de leur marque leur intérêt bien compris est que les viticulteurs sourceurs en tirent des revenus pour en vivre et investir dans la modernisation de leur vignoble et de leur outil de vinification. Air connu donc mais ni les paroles, ni la musique n’ont changé en 10 ans. « Il faut que tout change pour que rien ne change... »

La brutalité de ma réponse va en étonner plus d’un mais les dix années qui viennent de s’écouler en ont fait la démonstration. En effet, les deux grands bassins de production que sont le Languedoc, avec les vins de pays d’Oc, et Bordeaux, avec son AOC Bordeaux, n’ont pas su ou pu servir de terreau à ce type de marques (dans une moindre mesure le bassin rhodanien avec une marque nationale identifiée : Cellier des Dauphins a lui aussi fait du sur-place avec les conséquences que l’on connaît).  J’ose même écrire, et les chiffres me donnent raison, que nous avons régressé et que nous serons, dans la présente décennie, dans l’incapacité de profiter, pour certains types de vins, du développement de la consommation mondiale. Comme dirait l’autre : la messe est dite et je ne vois aucun signe tangible d’un retournement de cette situation.

Certains se réjouiront de voir l’hydre du vin dit « industriel » s’éloigner de notre vieux pays pétri de ses traditions viticoles et estimeront que le modèle artisanal suffira à assurer l’essentiel de nos ventes tant sur le marché domestique qu’à l’exportation. C’est vrai pour la part la plus authentique de nos appellations d’origine et de certaines IGP bien positionnées mais, pour celles moins bien identifiées, en mal de notoriété, au profil de vin mal adapté à la demande, l’horizon déjà peu clément me paraît plein de menaces. D’où me vient ce pessimisme ? De l’observation de l’évolution de notre marché domestique sur ce type de vins. Il rétrécit certes mais surtout les deux grands acteurs qui y opèrent sont dans l’incapacité de jouer dans la cour des grands, c’est-à-dire d’imposer aux distributeurs des marques nationales répondant aux codes régissant les marques des grands produits de consommation.

Je ne vais pas pousser plus avant mon analyse car le format d’une chronique ne s’y prête pas. De plus je ne vais pas non plus jouer au grand stratège donnant des conseils aux deux groupes, Castel et Grands Chais, qui se tirent la bourre sur notre beau territoire en jouant la carte du développement externe en rachetant des négociants régionaux, part de marché dans la GD oblige. Le premier, après avoir racheté la SVF puis Nicolas, s’est taillé la part du lion sur notre marché domestique (même si cette part reste modeste au regard de ce que l’on constate dans d’autres secteurs alimentaires) et le second s’est d’abord construit, avec sa marque JP Chenet, à l’international. Bref, nos deux locomotives généralistes peinent à traduire leurs puissances respectives sur le marché mondial.  La première, en dépit de résultats significatifs  à l’export, reste sur le modèle des marques de son pré-carré français sans pouvoir les internationaliser. La seconde peine à donner à sa marque emblématique un réel contenu et un positionnement de marque mondiale en étendant son sourcing à d’autres bassins de production que l’Oc et le Gers.

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Rien de très bouleversant et de très neuf dans ce que je viens d’écrire. Alors, pourquoi me direz-vous ce soudain pessimisme ? Ça va vous surprendre : la vision sur un panneau d’affichage de la campagne de publicité de la marque Blaissac distribuée par la SVF « Un Bordeaux à la hauteur, en toutes circonstances ». Manifestement vous ne voyez pas le rapport entre les 2 et il va falloir que je m’explique. Tout d’abord soyons clair : qu’une marque de vin s’affiche sur les murs de Paris c’est si rare qu’à priori on ne peut que s’en réjouir. La notoriété de la marque Blaissac ne dépassant pas les travées de la GD il ne faut pas être grand clerc pour comprendre les motivations des gens de la SVF : conforter et développer leur place dans les linéaires des hypers et des supers. Fort bien, développer ses ventes est l’essence même du métier de négociant. Cependant je m’interroge : quelles sont à Bordeaux les marques concurrentes de Blaissac ? Essentiellement : Baron de Lestac et Malesan qui sont des marques, tout comme Blaissac, du groupe Castel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : «10 Millions de cols/an pour Baron de Lestac, 6 Millions pour Blaissac, 6M pour Malesan... » c’est du lourd. Saine émulation entre marques ou stratégie sous pure contrainte des désidératas de la GD ?

L’histoire et l’origine de ces marques : de Lestac pure création de Castel (anagramme comme Chanau du groupe éponyme), Blaissac vient du portefeuille SVF et Malesan provient du rachat des marques vins de Bernard Magrez, apportent la réponse : pour ne pas voir sa part de marché globale baisser le maintien des 3 marques est vital. Arguer de différences de positionnement prix, du contenu des bouteilles, pour ce type de produit générique ne me semble pas très pertinent. Et c’est là que les athéniens s’atteignirent : dans la logique d’investissement publicitaire lourd les géants de l’agro-alimentaire compactent leurs marques pour les mondialiser : voir Danone, Nestlé, Unilever... Dans le vin français c’est mission impossible. Avec ses presque 25 millions de cols de Bordeaux générique le groupe Castel pourrait, bien plus qu’il ne peut le faire avec ses 3 marques, générer suffisamment de valeur derrière une marque unique et ainsi espérer la mondialiser. Ce que j’écris n’est qu’un constat et non un jugement de valeur sur la stratégie du groupe Castel. Être fort sur son marché domestique, pas en nombre de cols vendus, mais en puissance de feu générée, permet d’investir dans l’internationalisation de sa marque. Le marché français du vin ne le permet pas, et ne le permettra pas plus dans l’avenir, alors comme je l’ai déjà écrit : la messe est dite ! Ne sortez pas vos mouchoirs trop de larmes seraient des larmes de crocodiles, comme le dit le professeur Pitte : « laissons ces vins là aux va-nu-pieds, ils sont indignes du prestige de nos vins à la française... »

 

Note en bas de page : l'affiche est très codée France du bon goût : pain et fromages, là-dessus rien à redire, ce que j'adore sur l'étiquette de notre Blaissac c'est la mention signée par l'intéressé «mise en bouteille dans nos chais par Valensac Morency » (de mon temps à la SVF le Valensac était une de nos nombreuses marques, elle semble toujours exister chez SVF pour  un St Emilion, un Médoc et un AOC Bordeaux). Dernière remarque : la mention élu produit de l'année de 2010 ça me fait sourire mais bon c'est ainsi que va la vie dans la consommation d'aujourd'hui...

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