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27 décembre 2015 7 27 /12 /décembre /2015 06:00
J’vais fâcher l’Onfray en vantant auprès des jeunes les mérites de 2 BD qui revisitent notre Histoire : le crépuscule de la collaboration avec Céline et les années de plomb de la Ve République…

La diète médiatique de l’ermite bas-normand aura été de très courte durée, dimanche dernier sur Europe 1, dans « Il n’y a pas qu’une vie dans la vie » l’émission d’Isabelle Morizet, il a fustigé l’abandon de la lecture, en particulier sur les classiques de la littérature.

 

« Je prépare un gros livre qui s’appelle Décadence » a-t-il annoncé.

 

«Les classiques ont disparu, avec la bénédiction de l’Education nationale, avec la bénédiction de la ministre de la Culture, qui trouve que c’est très bien d’en finir avec les humanités. Le savoir et la culture se sont effondrés. On lit de moins en moins. Le politiquement correct consiste à dire qu’on lit sur les tablettes, donc qu’on lit toujours, qu’on lit plus. Mais c’est faux. […] On ne lit plus les classiques. Ce n’est pas parce qu’on lit un mode d’emploi d’aspirateur qu’on a lu une tragédie de Shakespeare».

 

«La littérature, quand elle est primée, parfois, est une littérature terrible, mal écrite, déglinguée… » « Je me souviens au début que Michel Polac m’avait reproché d’écrire trop bien, mes livres étaient trop bien écrits. J’ai adoré le concept de «trop bien écrit», a lancé notre Michel Onfray, d’un ton quelque peu ironique. « Cela voulait dire qu’il fallait mal écrire pour être un écrivain véritable ».

 

Mais jusqu’où ira-t-il ?

 

Attention chers adorateurs-adulateurs de ce pauvre Michel, je ne fais là aucune fixette à son encontre. Bien au contraire, libre à lui de s’exprimer, de débattre, de polémiquer, de s’épancher pour la énième fois sur son père ouvrier agricole et sa mère femme de ménage, de nous éduquer, de philosopher…

 

Mais dites-moi, ça veut dire quoi bien écrit ?

 

Sa dernière prestation, avec la Mylène Farmer, le conte philosophique L’étoile polaire, est sans doute bien écrite mais si mièvre…

 

Ha ! Le talent

 

Louis-Ferdinand Céline, le Dr Destouches, le médecin des pauvres, l’écrivain sulfureux, odieux et talentueux était bourré de talent…

 

« J’ai été con toute ma vie ! J’ai cru ceci. J’ai cru cela…Ah ! Oui !... Tous tordus qu’ils sont et ils vous crachent à la gueule quand vous vous approchez trop ! Vicelards avec ça !... Maintenant je m’en fous !... Ils ne m’ont pas écouté, ils m’ont vomi, volé, spolié, fait le plus de mal possible… La mort qui est au bout seule compte… Pour moi quand elle viendra, je lui dirai que je suis bien content… Salut la compagnie ! J’ai eu moi aussi des raisons de vivre… Vous comprendrez… Je suis lyrique… La petite musique… L’émotion… Les fariboles du cœur… La vie ! Vous comprenez ?... La vie !... Ah ! J’ai été bien servi, merci !... Ça oui ! Vraiment du bon et puis beaucoup de mauvais !...Ça aussi, ça me remonte à la gorge… La condition humaine, c’est la souffrance, n’est-ce pas ?... Je n’aime pas la souffrance, ni pour moi ni pour les autres… Vous comprenez ?... »

 

Votre serviteur, grand lecteur depuis sa tendre enfance, en vous conseillant d’acheter pour vos jeunes deux BD qui revisitent notre Histoire, participe sans doute à la décadence qui désespère notre philosophe qui écrit si bien.

 

Peu me chaut, la BD n’est pas un sous-genre littéraire et ces deux ci tout particulièrement.

 

 

  1. « La cavale du Dr Destouches », de Christophe Malavoy, Paul et Gaëtan Brizzi, éd. Futuropolis, 17 euros.

L'acteur Christophe Malavoy, qui est aussi réalisateur et auteur, a écrit le scénario d'un album adapté des trois livres de Céline la trilogie allemande – « D’un château l’autre », « Nord » et « Rigodon » qui racontent sa fuite en Allemagne en 1944.

 

« Vous aimez les Pieds nickelés ? Alors, vous serez ravis d’accompagner Céline, sa femme Lucette, le chat Bébert et l’acteur pétainiste Robert Le Vigan dans leur fuite rocambolesque au cœur de l’Allemagne nazie en 1944. Une épopée dessinée qui restitue toute la fougue de l’écrivain aussi maudit qu’adulé. »

 

Lucette Destouches, 103 ans, qui reçoit régulièrement Malavoy dans son pavillon de Meudon pour tailler le bout de gras, a, en tout cas, été enchantée par cet album fort en gueules (70 personnages !) qui lui est « naturellement dédié ». Mieux qu’un adoubement, une consécration. « J’ai essayé, avec ce livre, d’aller contre les idées reçues. Céline, il faut le prendre pour le meilleur et pour le pire. » Là, c’est sûr, on tutoie le meilleur. »

 

2. « Cher pays de notre enfance - Enquête sur les années de plomb de la 5e République », de Benoît Collombat et Etienne Davodeau - Editions Futuropolis - paru le 08/10/2015 - 224 pages - 24 euros

 

C'est une « enquête dessinée » signée du journaliste de France Inter Benoît Collombat qui, en 2003, a réalisé une contre-enquête sur la mort suspecte de Robert Boulin et en fera un livre publié en 2007 « Un homme à abattre : Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin » (Fayard) et le dessinateur Etienne Davodeau bien connu pour sa BD-culte : les Ignorants.

 

Étienne Davodeau et Benoît Collombat nous font pénétrer de plain-pied dans les coulisses sanglantes de ces années troubles. Le premier est né en 1965 ; le second, en 1970. Tous les deux ont grandi dans la France gaulliste de la Ve République, ce cher pays de leur enfance.

 

« Dans les années 1970, on tue à Lyon le juge François Renaud qui dérange. C’est le premier haut magistrat assassiné depuis la Libération ; des voyous braquent des banques pour financer les campagnes électorales du parti gaulliste ; le pouvoir crée de toutes pièces des milices patronales et des syndicats jaunes pour briser les grèves ; le Service d'Action Civique (le SAC), la milice du parti gaulliste, multiplie les exactions, jusqu'au massacre du chef du SAC marseillais et de toute sa famille à Auriol en 1981.

 

Ce sont, sous les présidences de Pompidou et de Giscard d'Estaing, les « années de plomb » à la française. La violence en politique a structuré toute une génération de décideurs politiques dont certains sont encore en activité.

 

Les auteurs en nous faisant visiter les archives sur le SAC, enfin ouvertes, en partant à la rencontre des témoins directs des événements de cette époque - députés, journalistes, syndicalistes, magistrats, policiers, ou encore malfrats repentis -, nous emmènent là où la vie politique d’une grande démocratie s’est parfois égarée.. »

 

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26 décembre 2015 6 26 /12 /décembre /2015 06:00
Et si pour vous requinquer après avoir bien réveillonné vous vous offriez de la confiture de nouilles au petit déjeuner.

Comme l’aurait dit, avec son intonation gutturale, Salvador Dali « je suis fou de la nouille ! » au point d’en manger en entrée, en plat et en dessert… Cette addiction ne m’avait, jusqu’à maintenant, jamais poussé à en consommer au petit déjeuner. C’est aujourd’hui chose faite en ce lendemain d’un Noël sous haute surveillance : pensez donc, pour leur messe de Minuit, les paroissiens de l’église de Saint Germain des Prés furent fouillés par des vigiles privés.

 

Si j’en suis arrivé à cette extrémité c’est que j’ai consommé de l’Os à Moelle.

 

À cet instant je vous sens un peu déboussolé, tourneboussolé comme le dirait notre Ex jamais avare de dérapage lexical, aurais-je trop abusé comme Noé du jus fermenté de la vigne ?

 

Que nenni ! Bien sûr j’ai bu avant l’arrivée du Petit Jésus mais sans excès car, comme de bien entendu, j’ai suivi les judicieux conseils de nos anges gardiens de Vin et Société : jamais plus de 3 verres sinon bonjour les dégâts ! Je plaisante, bien sûr, rien que pour faire bisquer ce cher Jacques Dupont.

 

La vérité, qui est toujours au fond de nos verres, est beaucoup plus simple : en feuilletant ma nouvelle Bible : Le Bouquin de l’Humour de Jean-Loup Chiflet, je suis tombé sur une pépite de Pierre Dac dans l’Os à moelle.

 

 

La Confiture de Nouilles

 

« Dire qu’il existe des gens qui préfèrent François Mauriac à Pierre Dac.

 

Comment se peut-ce ? Si je devais écrire une biographie un jour, j’écrirais celle de Pierre Dac. Je voudrais tant expliquer aux cons et aux jeunes l’importance de cet homme dans la pensée moderne. Pierre Dac est à l’esprit d'aujourd’hui, ce que Charles Trenet est à la chanson. Merci Pierre Dac de nous avoir enfoncé tant de portes ! »

 

SAN-ANTONIO, (Emballage Cadeau, Editions Fleuve Noir).

 

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

 

La Confiture de Nouilles, qui est une des gloires de la confiserie française et dont nous allons vous démontrer les différentes phases de fabrication, remonte à une époque fort lointaine; d’après les renseignements qui nous ont été communiqués par le conservateur du Musée de la Tonnellerie, c’est le cuisinier de Vercingétorix qui eut, le premier, l’idée de composer ce chef-d'œuvre de la gourmandise.

 

Il faut reconnaître que, d’ailleurs, la nouille n’existant pas à cette époque, ladite confiture de nouilles était faite du gui ; mais alors, me diront les ignorants : "Ce n’était pas de la confiture de nouilles, c’était de la confiture de gui !" Erreur, que je leur répondrai: c’était de la confiture de nouilles fabriquée avec du gui.

 

Avant d'utiliser la nouille pour la confection de la confiture, il faut évidemment la récolter; avant de la récolter, il faut qu’elle pousse, et pour qu’elle pousse, il va de soi qu’il faut d’abord la semer.

 

Les semailles de la graine de nouille, c’est-à-dire les senouilles, représentent une opération extrêmement délicate. Tout d’abord, le choix d’un terrain propice à la fécondation de la nouille demande une étude judicieusement approfondie. Le terrain nouillifère type doit être, autant que possible, situé en bordure de la route départementale et à proximité de la gendarmerie nationale.

 

Avant de semer la graine de nouille, les nouilliculteurs préparent longuement le champ nouillifère pour le rendre idoine à la fécondation. Ils retournent la terre avec une charrue spéciale dont le soc est remplacé par une lame Gillette, ensuite délaissant les engrais chimiques, nettement contre-indiqués dans le cas présent, ils fument le champ nouillifère avec du fromage râpé. Cette opération s’effectue indifféremment avec une seringue ou une pompe à vélo.

 

Lorsque le champ est suffisamment imprégné de fromage râpé, on verse sur toute sa surface de l’alcool de menthe dans la proportion d’un verre à Bordeaux par hectare de superficie; cette opération qui est confiée à des spécialistes de l’École de Nouilliculture, est effectuée avec un compte-gouttes.

 

Après cela, on laisse fermenter la terre pendant toute la durée de la nouvelle lune et dès l’apparition du premier quartier, on procède alors aux senouilles de la graine de nouilles. Il ne faudrait pas vous imaginer, Mesdames et Messieurs, que la graine de nouilles est d’un commerce courant et qu’on la trouve communément chez les grainetiers ; si vous croyez cela, il est indiscutable que vous broutez les coteaux de l’erreur. La graine de nouilles ne s’obtient qu’après une très longue préparation de laboratoire, car elle est le produit d’un croisement de foie de veau avec le concombre adulte; voici d’ailleurs quelques précisions sur cette merveilleuse con]onction qui est la gloire de nos chimistes, dont la science n’a d’égale que la modestie.

 

On met côte à côte, dans une lessiveuse, une tranche de foie de veau et un concombre adulte, on place le tout dans un autoclave et on l’y laisse 45 jours à une température de 120º sous la bienveillance d’un contrôleur de la Compagnie du Gaz; au bout de ce laps de temps, on ouvre l’appareil et on n’a plus qu’à recueillir la précieuse graine que l’on va verser dans la terre prête à la recevoir et qu’elle va féconder.

 

Les senouilles s’effectuent à l’aide d’un poêle mobile dans lequel est versée la graine, laquelle est projetée dans la terre par un dispositif spécial dont il ne nous est pas permis de révéler le secret pour des raisons de défense nationale que l’on comprendra aisément. Après ça, on arrose entièrement le champ avec des siphons d’eau de seltz, on sèche ensuite avec du papier buvard, on donne un coup de plumeau et on n’a plus qu’à s'en remettre au travail de la terre nourricière et à la nature immortelle, généreuse et démocratique. Lorsque les senouilles sont terminées, les nouilliculteurs qui sont encore entachés de superstition, consultent les présages; ils prennent une petite taupe, la font courir dans l’herbe et si elle fait : "ouh!" c’est que la récolte sera bonne; si elle ne fait pas "ouh!" c’est que la récolte sera bonne tout de même, mais comme cela les croyances sont respectées, et tout le monde est content.

 

Pendant la germination, il n’y a presque rien à faire ; tous les huit jours seulement, on arrose le champ avec de l’huile de cade, de la cendre de cigare, du jus de citron et de la glycérine pour éviter que la terre ne se crevasse.

 

Pendant la moisson, les nuits sont témoins de saines réjouissances auxquelles se livrent les travailleurs de la nouilliculture, la jeunesse danse et s’en donne à cœur joie aux sons d’un orchestre composé d’un harmonium, d’une mandoline et d’une trompette de cavalerie ; les jeunes gens revêtent leur costume régional composé d’une redingote, d’une culotte cycliste, d’espadrilles et d’un chapeau Cronstadt ; les jeunes filles, rougissantes de joie pudique, sont revêtues de ravissantes robes de toile à cataplasme, ornées d’empiècements en schpoutnoutz, et se ceignent le front d’une couronne d’œufs durs du plus gracieux effet Un feu d’artifice tiré avec des lampes Pigeon clôture la série des réjouissances et chacun rentre chez soi, content du labeur accompli, pour procéder alors à la confection de la confiture de nouilles, objet de la présente étude.

 

La nouille encore à l’état brut, est alors soigneusement triée et débarrassée de ses impuretés; après un premier stade, elle est expédiée à l’usine et passée immédiatement au laminouille qui va lui donner l’aspect définitif que nous lui connaissons – le laminouille est une machine extrêmement perfectionnée, qui marche au guignolet-cassis et qui peut débiter jusqu’à 80 kilomètres de nouilles à l’heure – ; à la sortie du laminouille, la nouille est passée au vernis cellulosique qui la rend imperméable et souple; elle est ensuite hachée menue à la hache d’abordage et râpée. Le râpage se fait encore à la main et avec une râpe à bois. Après le râpage, la nouille est alors mise en bouteilles, opération très délicate qui demande énormément d’attention ; on met ensuite les bouteilles dans un appareil appelé électronouille, dans lequel passe un courant de 210 volts; après un séjour de 12 heures dans cet appareil, les bouteilles sont sorties et on vide la nouille désormais électrifiée dans un récipient placé lui-même sur un réchaud à alcool à haute tension.

 

On verse alors dans ledit récipient : du sel, du sucre, du poivre de Cayenne, du gingembre, de la cannelle, de l’huile, de la pomme de terre pilée, un flocon de magnésie bismurée, du riz, des carottes, des peaux de saucisson, des tomates, du vin blanc, et des piments rouges, on mélange lentement ces ingrédients avec la nouille à l’aide d’une cuiller à pot et on laisse mitonner à petit feu pendant 21 jours. La confiture de nouilles est alors virtuellement terminée. Lorsque les 21 jours sont écoulés, que la cuisson est parvenue à son point culminant et définitif, on place le récipient dans un placard, afin que la confiture se solidifie et devienne gélatineuse; quand elle est complètement refroidie, on soulève le récipient très délicatement, avec d’infinies précautions et le maximum de prudence et on balance le tout par la fenêtre parce que c’est pas bon!

 

Voilà, Mesdames et Messieurs, l’histoire de la confiture de nouilles, c’est une industrie dont la prospérité s’accroît d’année en année, elle fait vivre des milliers d'artisans, des ingénieurs, des chimistes, des huissiers et des fabricants de lunettes. Sa réputation est universelle et en bonne ambassadrice, elle va porter dans les plus lointaines contrées de l’univers, et par-delà les mers océanes, le bon renom de notre industrie républicaine, une et indivisible et démocratique. »

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25 décembre 2015 5 25 /12 /décembre /2015 06:00
Un américain humecte les lèvres de son nouveau-né avec du château-latour comme on le faisait pour les futurs rois de France.

Comme nous sommes le jour d’une naissance célèbre je ne résiste pas au plaisir de vous rapporter ce qui s’est passé lors de la naissance de Théo, fils de Kay Salter, journaliste pour The New York Times et Food and Wine et de James Salter écrivain, décédé en juin 2015.

 

C’est narré dans leur livre Chaque jour est un festin publié aux éditions de La Martinière.

 

 

Le couple vit à Paris, en 1985, madame attend un heureux évènement et se promène dans le château de Versailles. « Voilà pourquoi, en fin d’après-midi, en pleine galerie des Glaces… madame informe son époux… qu’il va falloir sauter l’étape cartes postales… pour renter à Paris. »

 

En dépit de conseils d’amis attentionnés le couple a décidé de choisir Paris « comme lieu idéal pour commencer cette vie à trois. »

 

Ils ont trouvé «… un obstétricien grisonnant et distingué, le Dr Bazin, breton de surcroît, comme nous l’avons appris plus tard ; or les Bretons, par tradition, sont plutôt laconiques. »

 

Comme de bien entendu l’accouchement se passe à l’hôpital américain de Neuilly.

 

Jim, le mari « … a lu quelque part que, jadis, on humectait de bon vin français les lèvres des futurs rois de France nouveau-nés afin qu’ils n’en oublient pas le goût. Il a donc apporté une bouteille de château-latour, pour son excellence mais aussi pour sa valeur historique : à l’origine, ce château était une forteresse bâtie pour résister aux pirates. Durant la guerre de Cent Ans, elle fut occupée tour à tour par les Anglais et les Français. La tour en ruine est le seul vestige de cette forteresse et reste la pièce maîtresse de Latour. * »

 

Alors que madame roule vers la salle d’accouchement, le mari met au parfum le Dr Bazin qui, convoqué en plein dîner, est encore en habit de soirée :

 

« Nous vous faisons toute confiance, docteur, lui dit-il. Mais juste un petit détail.

 

- Lequel ? demande Bazin.

 

- Quand le bébé sera né, nous aimerions lui humecter les lèvres d’un bon vin français.»

 

« Bazin, qui parle un anglais correct jusqu’à un certain point, met quelques secondes à comprendre. Son regard parcourt la pièce, tombe enfin sur la bouteille de château-latour posée sur l’étagère au-dessus du lavabo. Il s’avance, soulève la bouteille.

 

« C’est ça, le vin ?

 

- Oui.

 

- Vous auriez pu choisir pire », observe-t-il avant de me rejoindre en salle d’accouchement » rapporte Kay.

 

Tout se passe bien, et à 1 heure du matin, le mari, « debout dans le couloir devant la salle d’accouchement, entend un cri vigoureux d’un nouveau-né, suivi de près par une autre exclamation, de Bazin cette fois :

 

« Débouchez-là ! »

 

Alors « Nous frottons les lèvres de Théo de quelques gouttes de vin, après quoi tout le monde – médecin, infirmières, Jim, plus un ami qui s’est précipité à l’hôpital en apprenant l’imminence de l’évènement – partagent la bouteille pour fêter ça. Le vin est à la hauteur de sa réputation. »

 

7 semaines plus tard, ils retournent aux USA et deux année s’écoulent.

 

« … voyant passer une caisse d’un autre bordeaux, château-léoville-barton 1985 – l’année de naissance de theo –, nous l’achetons, 1985 se révèle l’un des grands millésimes du dernier quart du XXe siècle. Plus tard, lorsque Theo a l’âge d’en boire, nous lui demandons, plein d’espoir :

 

 

« Tu reconnais ? »

 

Oui, il a l’air de s’en souvenir. »

 

Belle histoire !

 

Joyeux Noël à toutes et à tous.

 

* En réalité, cette tour ronde, à toit en dôme, est un pigeonnier construit au XVIIe siècle. Rien ne subsiste de la forteresse médiévale à Château-Latour.

1985 : des Bordeaux exceptionnels

 

Alors très élégants suite à leur vinification, les rouges du Bordelais sont devenus suaves et d'une extrême finesse au terme d'une longue garde. Les Médoc, tendres et fruités, bénéficient d'une structure tannique fondante. Les Saint-Emilion affichent une finesse et une concentration idéales.Cheval-Blanc, Pichon Lalande et Lynch Bages fourmillent de richesse et d'équilibre. Quant aux blancs secs, ils offrent une complexité délicieuse.

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24 décembre 2015 4 24 /12 /décembre /2015 06:00
 Tradition de la grande bûche de Noël. Dessin de Léon Lhermitte paru dans Le Monde illustré du 1er janvier 1884

Tradition de la grande bûche de Noël. Dessin de Léon Lhermitte paru dans Le Monde illustré du 1er janvier 1884

On attendait ainsi la Messe de minuit…

 

Et j’en ai attendu des messes de Minuit dans la grande cuisine du Bourg-Pailler, ancien relais de poste, où y’avait une grande cheminée, dans laquelle sur le trépied une grande marmite bouillotait en permanence, mais où la tradition de la bûche de Noël, comme partout ailleurs, avait disparue.

 

Pour autant il n’était pas question de réveillon, sitôt rentré de la Messe de Minuit seule la brioche et le chocolat chaud avaient droit de cité. Faire bombance eut été une insulte à l’image du Petit Jésus demi nu sur son lit de paille dans la crèche de Bethléem. À la Mothe-Achard la grande crèche c’était à l’église Saint-Jacques pas à la mairie ça aurait choqué les bigotes, grenouilles de bénitier. Autre temps, autres mœurs. J’adorais l'ange noir qui, lorsqu’on glissait une pièce dans sa besace, hochait sa tête ornée d’un large sourire.

 

À propos du Petit Jésus c’est lui bien sûr qui apportait les cadeaux déposés dans nos souliers, le Père Noël en Vendée était une ordure.

 

La seule bûche qui avait cour à la maison était celle de maman. 

 

Maintenant qu’à Paris les feux de cheminée sont tout juste tolérés alors comme au Bourg Pailler je me replis sur la bûche d’un vrai pâtissier. Cette année exit le sieur Conticini qui a fait défaut à la parole donnée.

 

 

 

À la veille de Noël laissons là ces chicayas pour nous pencher sur l’origine de la bûche de Noël

 

« La bûche de Noël, représente Jésus-Christ qui s’est comparé lui-même au bois vert. Dès lors, continue notre auteur, l’iniquité étant appelée, dans le quatrième Livre des Proverbes le vin et la boisson des impies, il semble que le vin répandu par le chef de famille sur cette bûche signifiait la multitude de nos iniquités que le Père Eternel a répandues sur son Fils dans le mystère de l’Incarnation, pour être consumées avec lui dans la charité, dont il a brûlé durant le cours de sa vie mortelle ».

 

La Semaine religieuse du diocèse de Langres du 23 décembre 1905

 

« Souvent, cette coutume était un impôt en nature, payé au seigneur par son vassal. A la Noël, on apportait du bois ; à Pâques, des œufs ou des agneaux ; à l’Assomption, du blé ; à la Toussaint, du vin ou de l’huile. »

 

« Beaucoup de religieux et de paysans, recevaient pour leurs feux des fêtes de Noël un arbre ou une grosse bûche nommée tréfouet ».

 

Léopold Bellisle

 

Le tréfouet que l’on retrouve sous le même nom en Normandie, en Lorraine, en Bourgogne, en Berry, etc. c’est, la grosse bûche qui devait, suivant la tradition, durer pendant les trois jours de fêtes. De là, du reste, son nom : tréfeu, en latin tres foci, trois feux.

 

Dictionnaire de Jean de Garlande

 

« Dès que la dernière heure du jour s’était fondue dans l’ombre de la nuit, tous les chrétiens avaient grand soin d’éteindre leurs foyers, puis allaient en foule allumer des brandons à la lampe qui brûlait dans l’église, en l’honneur de Jésus. Un prêtre bénissait les brandons que l’on allait promener dans les champs. Ces brandons portaient le seul feu qui régnait dans le village. C’était le feu bénit et régénéré qui devait jeter de jeunes étincelles sur l’âtre ranimé.

 

Cependant, le père de famille, accompagné de ses enfants et de ses serviteurs, allait à l’endroit du logis où, l’année précédente, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche. Ils apportaient solennellement ces tisons ; l’aïeul les déposait dans le foyer et tout le monde se mettant à genoux, récitait le Pater, tandis que deux forts valets de ferme ou deux garçons apportaient la bûche nouvelle.

 

Cette bûche était toujours la plus grosse qu’on pût trouver ; c’était la plus grosse partie du tronc de l’arbre, ou même la souche, on appelait cela la coque de Noël. On mettait le feu à cette coque et les petits enfants allaient prier dans un coin de la chambre, la face tournée contre le mur, afin, leur disait-on, que la souche leur fît des présents ; et tandis qu’ils priaient l’Enfant-Jésus de leur accorder la sagesse, on mettait au bout de la bûche des fruits confits, des noix et des bonbons. A onze heures, tous les jeux, tous les plaisirs cessaient. Dès les premiers tintements de la cloche, on se mettait en devoir d’aller à la messe, on s’y rendait en longues files avec des torches à la main. Avant et après la messe, tous les assistants chantaient des Noëls, et on revenait au logis se chauffer à la bûche et faire le réveillon dans un joyeux repas. »

 

Cornandet

 

Encore au début du XXe siècle, dans certaines provinces, le gâteau allongé en forme de bûche que l’on donnait aux enfants le jour de Noël portait le nom de coquille ou petite bûche, en patois, le cogneu.

 

« Et dans sa joie, le bon aïeul élève en l’air le gobelet de verre : O feu, dit-il, feu sacré, fais que nous ayons du beau temps ! Bûche bénie, allume le feu ! Aussitôt, prenant le tronc dans leurs mains brunes, ils le jettent entier dans l’âtre vaste. Vous verriez alors gâteaux à l’huile et escargots dans l’aïoli heurter dans ce beau festin vin cuit, nougat d’amandes et fruits de la vigne. D’une vertu fatidique vous verriez luire les trois chandelles, vous verriez des esprits jaillir du feu touffu, du lumignon vous verriez pencher la branche vers celui qui manquera au banquet, vous verriez la nappe rester blanche sous un charbon ardent et les chats rester muets ! »

 

 

Jules Simon, dans une description reproduite par un grand nombre de journaux du XIXe siècle comme les Annales politiques ou la Revue française expliquait qu’en Bretagne, Noël était la plus grande fête de l’année.

 

« Ce que nous, pauvres paysans, nous aimions le plus dans cette fête, c’était la Messe de minuit. Maigre plaisir, pour vous autres citadins qui aimez vos aises ; mais qu’était-ce pour nous, paysans, qu’une nuit blanche ? Même quand il fallait cheminer dans la boue et sous la neige, pas un vieillard, pas une femme n’hésitait.

 

On ne connaissait pas encore les parapluies à Saint-Jean-Brévelay, ou du moins on n’y connaissait que le nôtre, qui était un sujet d’étonnement et d’admiration. Les femmes retroussaient leurs jupes avec des épingles, mettaient un mouchoir à carreaux par-dessus leurs coiffes, et partaient bravement dans leurs sabots pour se rendre à la paroisse. Il s’agissait bien de dormir ! Personne ne l’aurait pu. Le carillon commençait dès la veille après l’Angelus du soir, et recommençait de demi-heure en demi-heure jusqu’à minuit ! Et pendant ce temps-là, pour surcroît de béatitude, les chasseurs ne cessaient pas de tirer des coups de fusil en signe d’allégresse ; mon père fournissait la poudre. C’était une détonation universelle. Les petits garçons s’en mêlaient, au risque de s’estropier, quand ils pouvaient mettre la main sur un fusil ou un pistolet.

 

Le presbytère était à une petite demi-lieue du bourg ; le recteur faisait la course sur son bidet, que le quinquiss (le bedeau) tenait par la bride, Une douzaine de paysans l’escortaient, en lui tirant des coups de fusil aux oreilles. Cela ne lui faisait pas peur, car c’était un vieux chouan, et il avait la mort de plus d’un bleu sur la conscience. Avec cela, bon et compatissant, et le plus pacifique des hommes, depuis qu’il portait la soutane, et que le roi était revenu.

 

On faisait ce soir-là de grands préparatifs à la maison. Telin-Charles et Le Halloco mesuraient le foyer et la porte de la cuisine d’un air important, comme s’ils n’en avaient pas connu les dimensions depuis bien des années. Il s’agissait d’introduire la bûche de Noël, et de la choisir aussi grande que possible. On abattait un gros arbre pour cela ; on attelait quatre bœufs, on la traînait jusqu’à Kerjau (c’était le nom de notre maison), on se mettait à huit ou dix pour la soulever, pour la porter, pour la placer ; on arrivait à grand’peine à la faire tenir au fond de l’âtre ; on l’enjolivait avec des guirlandes ; on l’assurait avec des troncs de jeunes arbres ; on plaçait dessus un gros bouquet de fleurs sauvages, ou pour mieux dire de plantes vivaces. On faisait disparaître la table du milieu ; la famille mangeait un morceau sur le pouce. Les murs étaient couverts de nappes et de draps blancs, comme pour la Fête-Dieu ; on y attachait des dessins de ma sœur Louise et de ma sœur Hermine, la bonne Vierge, l’Enfant Jésus.

 

Il y avait aussi des inscriptions : Et homo factus est ! On ôtait toutes les chaises pour faire de la place, nos visiteuses n’ayant pas coutume de s’asseoir autrement que sur leurs talons. Il ne restait qu’une chaise pour ma mère, et une tante Gabrielle, qu’on traitait avec déférence et qui avait quatre-vingt-six ans. C’est celle-là, mes enfants, qui savait des histoires de la Terreur ! Tout le monde en savait autour de moi, et mon père, plus que personne, s’il avait voulu parler. C’était un bleu, et son silence obstiné était peut-être conseillé par la prudence, dans un pays où il n’y avait que des chouans. L’encombrement était tel dans la cuisine, tout le monde voulant se rendre utile et apporter du genêt, des branches de sapin, des branches de houx, et le bruit était si assourdissant, à cause des clous qu’on plantait et des casseroles qu’on bousculait, et il venait un tel bruit du dehors, bruits de cloches, de coups de fusil, de chansons, de conversations et de sabots, qu’on se serait cru au moment le plus agité d’une foire.

 

A onze heures et demie, on entendait crier dans la rue : Naoutrou Personn ! Naoutrou Personn ! (M. le recteur, M. le recteur). On répétait ce cri dans la cuisine, et à l’instant tous les hommes en sortaient ; il ne restait que les femmes avec la famille. Il se faisait un silence profond. Le recteur arrivait, descendait de son bidet que je tenais par la bride (c’est-à-dire que j’étais censé le tenir, mais on le tenait pour moi ; il n’avait pas besoin d’être tenu, le pauvre animal). A peine descendu, M. Moizan montait les trois marches du perron, se tournait vers la foule découverte, ôtait lui-même son chapeau, et disait, après avoir fait re signe de la croix : « Angelus Domini nuntiavit Mariae ». Un millier de voix lui répondaient.

 

La prière finie, il entrait dans la maison, saluait mon père et ma mère avec amitié, M. Ozon, le maire, qui venait d’arriver de Pénic-Pichou, et M. Ohio, le maréchal ferrant, qui était greffier du juge de paix. M. Ozon, M. Ohio étaient les plus grands seigneurs du pays. Ils savaient lire ; ils étaient riches, surtout le premier. On offrait au recteur un verre de cidre qu’il refusait toujours. Il partait au bout de quelques minutes, escorté par M. Ozon et M. Ohio, puis, aussitôt, on se disposait à bénir la bûche de Noël. C’était l’affaire de dix minutes.

 

Mon père et ma mère se tenaient debout à gauche de la cheminée. Les femmes que leur importance ou leurs relations avec la famille autorisaient à pénétrer dans le sanctuaire, ce qui veut dire ici la cuisine, étaient agenouillées devant le foyer en formant un demi-cercle. Les hommes se tenaient serrés, dans le corridor, dont la porte restait ouverte, et débordaient dans la rue jusqu’au cimetière. De temps en temps, une femme, qui avait été retenue par quelques soins à donner aux enfants, fendait les rangs qui s’ouvraient devant elle, et venait s’agenouiller avec les autres. Tante Gabrielle, revêtue de sa mante, ce qui annonçait un grand tralala, était à genoux au milieu, juste en face de la bûche, ayant à côté d’elle un bénitier et une branche de buis, et elle entonnait un cantique que tout le monde répétait en chœur.

 

Vraiment, si j’en avais retenu les paroles, je ne manquerais pas de les consigner ici ; je les ai oubliées, je le regrette ; non pas pour vous, qui êtes trop civilisés pour vous plaire à ces souvenirs, mais pour moi. Et, après tout, je n’ai que faire de la chanson de tante Gabrielle, puisque je ne sais plus un mot de bas-breton. L’air était monotone et plaintif, comme tout ce que nous chantons chez nous à la veillée ; il y avait pourtant un crescendo, au moment où la bénédiction allait commencer, qui me donnait ordinairement la chair de poule... »

 

Origine et histoire de la Bûche de Noël d’après « La nuit de Noël dans tous les pays » paru en 1912

Dans les plus humbles chaumières flambait la bûche de Noël, porte grande ouverte aux pauvres gens demandant un gîte pour la nuit. On leur versait en abondance le vin, la bière ou le cidre…
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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 06:00
Le lapin de garenne est un fin gourmet qui sait reconnaître les saveurs sucré, amer, acide et vous l’êtes-vous ?

« Il n’en est pas à un paradoxe près. C’est bel et bien un mammifère, mais il est « rangé » dans la catégorie volaille. Docile et sédentaire, il n’a pourtant été domestiqué que très tardivement. Prolifique, il pullule en un rien de temps, mais se voit régulièrement décimé par de foudroyantes épidémies. Formidable appoint pour lutter contre l’insécurité alimentaire dans le Monde, il est animal de compagnie chez nous, où la consommation de sa viande se réduit comme peau de chagrin. Une enquête sur les traces du lapin. »

 

Manger du lapin de garenne c’est pour certains un peu la double peine car c’est un lapin occis par un chasseur.

 

J’assume !

 

LIRE : Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse !

 

La garenne c’est quoi ?

 

Une garenne est un espace boisé ou herbeux où vivent des lapins sauvages. C'est aussi un terrier possédant de multiples entrées.

 

La garenne est donc un réseau complexe de plusieurs terriers interconnectés par des galeries.

 

Ce sont les lapines qui décident de l’emplacement du terrier et de son agencement ; la majeure partie, sinon la totalité, du travail de creusage est assuré par elles.

 

La garenne est établie dans les ronciers, les haies, les landes, garrigues, les bordures de terres cultivées ou de forêts et les zones côtières, mais aussi dans les zones montagneuses au-dessous de 1400 à 2000 m d'altitude dispose d’une entrée principale assez large, jusqu’à 50 cm, qui a la forme d’un couloir utilisée essentiellement pour les fuites d’urgence et de plusieurs autres, plus discrètes, des trous verticaux dans lesquels un seul lapin peut pénétrer.

 

Le lapin de garenne, lapin européen, Oryctolagus cuniculus, est assez petit de 34 à 50 cm de long (de la tête à la queue), pèse de 1.1 à 2.5 kg, son ventre et sa queue sont blancs, le reste de sa fourrure varie du gris/brun au gris foncé/noir et il a une tache rousse sur le dos. Il vit en communauté sur un tout petit territoire qui n’excède jamais 3 à 4 ha. Il est casanier et sédentaire il ne s’éloigne que très rarement de plus de 200 à 800 m de son terrier et son territoire restera le même tout au long de sa vie.

 

Le Couple Royal, le Roi ou mâle dominant et la Reine, qui est souvent la femelle la plus âgée, s’installe généralement dans le terrier le plus spacieux et le plus confortable.

 

Les vassaux habitent les terriers plus petits, mal foutus, mal situés, humide…

 

Chaque terrier est occupé par un groupe familial composé d’un couple dominant et de jeunes. C’est un havre de paix de 3 à 10 lapins en moyenne, pouvant aller jusqu’à 25. Les jeunes restent généralement dans la cellule familiale jusqu’à la saison de reproduction suivante. Le Roi les accepte. De fin juillet à fin octobre, les jeunes dorment blottis contre leurs parents.

 

Le Roi n’est pas monogame, il s'autorise quelques infidélités en période de reproduction, il peut aussi avoir des «concubines» mais il a une attitude respectueuse envers sa Reine. Si elle n'est pas disposée à s'accoupler, il ne la harcèle pas ; galanterie qu'il oublie vite au contact de femelles inférieures.

 

Il patrouille régulièrement son territoire pour le marquer avec ses glandes anales et déposer des crottes très odorantes pour bien délimiter son royaume et signifier à ses rivaux qu’il est le Roi. Les mâles dominants utilisent aussi un autre type de balisage appelé grattis. Ils creusent de petits trous de 5 à 6 cm de profondeur et déposent des crottes tout autour. Ces marquages participent à la fertilisation du sol grâce à l'azote contenu dans les crottes.

 

Le Roi est intransigeant ses vassaux doivent se déplacer pour le laisser passer, s’ils restent immobiles, pour le provoquer, manifester son agacement en grattant le sol, les attaquer, les pourchasser ou effectuer une parade d’intimidation ou leur envoyer un gros jet d’urine sur leur tronche pour les humilier… Plus il y a de concurrents jeune plus le Roi doit être autoritaire s’il veut garder sa place. Le Roi a le privilège de féconder la quasi-totalité des femelles, rôle qui suscite beaucoup de « vocations»

 

La Reine, qui occupe une place importante dans la société des lapins de garenne qui est une société matriarcale, les rois peuvent changer mais la Reine reste la même, elle peut changer de Prince Consort. Les lapines sont casanières, elles ne s’éloignent pas beaucoup de leur terrier, elles restent ensemble, s’occupent des plus jeunes, grignotent tranquillement autour du terrier, creusent des galeries et font des siestes au soleil par beau temps. La Reine est moins agressive que le Roi avec ses concurrentes, si elles ne pénètrent pas sur son territoire, elle les ignore ou les supporte.

 

Au début de la période de reproduction, les jeunes mâles adultes, vigoureux et sûrs d’eux, font souvent preuve d’insolence, ils vont tenter de bousculer la hiérarchie pour prendre la place du Roi. C’est donc un temps de combats, parfois très violents.

 

Si le Roi est défait il se retrouve relégué dans un terrier inférieur ou chassé de la garenne et il peut mourir, soit des suites de blessures, soit d’épuisement et de faim.. La Reine reste Reine et accepte le nouveau Roi.

 

Le lapin de garenne est un fin gourmet qui sait reconnaître les saveurs (sucré, amer, acide etc.) s’il a le choix il préfère les saveurs douces, il ne se fait donc pas prier pour déguster des fruits et baies sauvages ou cultivées.

 

La recette du lapin de garenne

 

Allez acheter votre lapin de garenne « Peau de lapin, peau de lapin… » bien sûr vous faites dépiauter votre garenne puis sur le billot faites-le débiter en pièces à votre convenance, plus la tête si vous le souhaitez.

Le lapin de garenne est un fin gourmet qui sait reconnaître les saveurs sucré, amer, acide et vous l’êtes-vous ?

Vous vous saisissez d’une poêle épaisse et profonde que vous garnissez d’huile pour qu’elle en soit parée. Placez-là sur feu vif.

 

Faites rissoler toute une tête d’ail débitée mais non mondée puis déposer les pièces de lapin, ça va grésiller sec, attention aux yeux ! Retourner les pièces.

 

Lorsqu’elles sont dorées verser un grand verre de vinaigre blanc, 25 cl au moins, ça fait des fumerolles !

 

Au bout de 10 mn retirer les pièces et placez-les sur un tamis recouvert de papier de ménage pour les essorer. Idem pour l’ail.

Le lapin de garenne est un fin gourmet qui sait reconnaître les saveurs sucré, amer, acide et vous l’êtes-vous ?

Foncez le fond d’une cocotte en fonte avec du blanc de poireau, deux brins suffisent, et 7 ou 8 carottes bien nettoyées.

 

Disposez les pièces dessus en les tapotant avec une cuillère en bois.

 

Pas d’huile ni de beurre, salez et poivrez.

 

Concassez par-dessus une belle couche de champignons blancs finement émincées puis des rattes lavées mais pas pelées (3 ou 4 par personnes) et 2 ou 3 petits navets pour l’odeur.

 

Disposez un bouquet de persil en rayonnement, avec les queues au-dessus de la préparation.

Le lapin de garenne est un fin gourmet qui sait reconnaître les saveurs sucré, amer, acide et vous l’êtes-vous ?
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Couvrez.

 

Feu le plus doux possible de 1 heure et demi à 2 heures.

 

10 à 15 mn avant la fin, découvrez et jetez un verre de vinaigre blanc de fruits et une cuillerée de moutarde de Meaux délayée dans celui-ci.

 

Recouvrez et agitez, laissez recuire.

 

C’est fini.

 

Virez le persil et dressez sur un plat chaud.

Le lapin de garenne est un fin gourmet qui sait reconnaître les saveurs sucré, amer, acide et vous l’êtes-vous ?
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Pour le vin Côte-Rôtie 2013 de Jean-Michel Stephan

 

«Jean-Michel Stéphan, incontournable vigneron en Côte Rôtie, vinifie depuis 1991. Cette cuvée Nature provient des terroirs des deux côtes, la Brune et la Blonde, avec des vignes s’échelonnant de 15 à 40 ans. Vinifiant suivant des méthodes biologiques, cette cuvée détient une robe profonde et limpide, le nez est aromatique aux arômes de fruits noirs et d’épices accompagné d’une pointe de notes lardées et mine de crayon ; la bouche est agréable, la matière est ample et veloutée, les tanins sont fins et soyeux.»

 

Cave des Papilles

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 06:00
Le nouveau classement de St Émilion est à l’OMC, avec l’inclusion de critères hors-terroir, du pain béni pour les lawyers anglo-saxons…

Rappelez-vous la chanson de Guy Béart LES GRANDS PRINCIPES !

 

Et les PETITS ARRANGEMENTS… avec bien sûr de BONS SENTIMENTS...

 

Par-delà le jugement sur l’affaire du dernier classement de St Émilion opposant des plaignants, exclus de celui-ci, à l’État, il n’en reste pas moins vrai que, sur le fond du règlement du classement, le cahier des charges de l’AOC « saint-émilion grand cru » homologué par le décret n°2011-1779 du 5 décembre 2011, JORF du 7 décembre 2011, le ver est toujours dans le fruit.

 

Selon les juges du TA de Bordeaux tout a été fait et bien fait… dans les formes… Le jugement souligne « la légalité de la procédure d’élaboration du règlement de classement et la qualité des travaux de la commission de classement »

 

Dans son communiqué l’INAO pousse un large soupir de soulagement tel Ponce Pilate : « près de trois ans après la fin des travaux de classement des vins de Saint-Émilion « Grand cru » (…) un jugement du tribunal administratif de Bordeaux vient de valider les propositions formulées en 2012. Par cette décision, le tribunal administratif confirme la validité de la démarche suivie, la fiabilité des procédures mises en place, la rigueur avec laquelle elles ont été appliquées. »

 

Mais sur le fond, motus, les gardiens du temple de l’INAO, en bons Tartuffe qu’ils sont, ferment les yeux sur la tripotée de critères, hors terroir, inclus dans le règlement de classement du Grand Cru à la sauce Sainte Émilionnaise.

 

Comme le constate avec humour un bon expert, Jacques Dupont : « Tout cela validé par l'Inao, l'institut national des appellations d'origine, dont la vocation, nous semblait-il, était davantage de garantir l'origine justement, les terroirs, plus que de certifier la présence d'hôtesse et de salle de séminaire... » 

 

Mais rappelons que pour être un grand cru il faut d’abord être un cru tout court.

 

« Faut-il redire que ce classement des St Emilion n'a rien à voir avec un classement de terroirs comme en Bourgogne – ce que je regrette à titre perso – mais dont le but était de mettre en avant des domaines prêts à offrir une nouvelle approche de la clientèle. »

 

C’est signé Mauss non suspect de Bordeaux bashing.

 

Nous sommes donc dans une stricte affaire de biseness : comment mieux draguer une certaine clientèle ?

 

Mais alors que vient faire le bras armé de l’État dans cette affaire ? Pourquoi ces signatures ministérielles au bas d’un décret pour officialiser une procédure de classement ? Est-ce bien nécessaire et surtout n’est-ce pas une faille, un coin introduit dans les grands principes de l’AOC, au nom de petits arrangements entre amis ?

 

Il va m’être répondu que le classement de St Émilion a toujours été de cette nature. J’en conviens aisément mais la dernière mouture accentue plus encore ses vices originels. De plus, nous ne sommes plus entre nous, dans notre étroit hexagone si habitué aux petits arrangements, mais confrontés aux débats au sein de l’OMC sur la protection de nos AOP. Alors attention de ne pas nous donner des verges pour nous faire fouetter par les merveilleux chicaneurs que sont les lawyers étasuniens.

 

Vu par ces ardents défenseurs du droit des marques nous sommes face à des marques : les châteaux saint-émilionnais en l’espèce, qui viennent, tels des poussins, se réfugier sous l’aile de mère poule : l’État via l’INAO, pour faire acter une procédure qui devrait relever du droit privé. Belle acrobatie juridique certes mais qui, à mon sens, vide de sa substance nos belles pétitions de principes sur la supériorité du terroir.

 

Les beaux chais, la qualité de l’accueil, la communication via le cinéma, et patati et patata sont des valeurs commerciales que nos concurrents du Nouveau Monde peuvent mettre en avant et exploiter tout comme nous qui souhaitons faire acter par l’OMC la spécificité de nos châteaux.

 

À mon sens, c’est agir avec beaucoup de légèreté que de persister à mettre sous la coupe du droit public une procédure de strict droit privé.

 

La référence au classement de 1855, fait par des courtiers, est sans objet, c'était en un temps où l'AOC était dans les limbes, l'INAO même pas en gestation. Ce classement est une antiquité dont certains songent à la faire classer au Patrimoine de l'UNESCO.

 

Celui de StÉmilion, taillé sur mesure sous la houlette des principaux bénéfiaires, n'a rien à devoir ni de près ni de loin à l'INAO. Les partisans du trop d'État n'aiment rien tant que de revendiquer son aide quand ça les arrange. Ce type de classement doit être le fit d'un club qui définit et gère ses règles de notoriété. En relevant du droit privé il s'éviterait des contentieux longs et de nature à jeter du discrédit sur les motivations de ceux qui en profitent.   

 

 

Je l’ai déjà écrit, je persiste et je signe.

 

« N’en déplaise à ceux qui se pavanent en traitant ceux qui ne pensent pas comme eux d’esprits faibles, sous-entendant ainsi qu’ils sont des esprits forts, en dépit de la signature de 2 Ministres en bas de cet arrêté, les critères du nouveau classement de saint-émilion sont contestables en droit public. L’Etat n’a pas à cautionner une pure opération commerciale qui débouche sur un enrichissement patrimonial. Ce type de compétition, je le répète relève du droit privé, de la liberté des parties de se soumettre à des règles qu’ils se sont données.

 

Il est très important de rappeler que le texte de l’arrêté du 6 juin 2011 a été rédigé par le syndicat de saint-émilion sous l’œil bienveillant de l’INAO, puis approuvé par le Comité National de l’INAO avant d’être soumis à la signature des 2 Ministres qui n’ont eu pour seule alternative : signer le texte en l’état ou le rejeter sans pouvoir d’amendement. »

 

Je sais, ou me doute, que mon point-de-vue n’intéresse plus personne dans les hautes sphères mais, en revanche, il est jugé digne d’intérêt en d’autres lieux. Et si j’occupais ma belle retraite en mettant ma vieille expérience des AOC au service de ceux qui ne les transforment pas en « chiffons de papier »

 

En cette fin d’année j’y songe sérieusement car je suis un drôle d’oiseau… et qui plus est une belle perruque blanche couvrirait ma tonsure originelle... Ce serait d'un chic so british !

 

Quelques chroniques traitant du classement de Saint-Émilion :

 

ICI

 

 

aussi ICI

 

et encore là 

 

et encore ICI

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 07:51
De l’amour des hommes, il y en a en chaque vigneron, on ne fait pas du vin sans amour : signé Don Saverot et ceux qui « feraient mieux de cultiver des carottes » comment le font-ils ?

Quand arrêtera-t-on de nous faire prendre des vessies pour des lanternes avec ce type de discours unanimiste ? Faut vraiment arrêter de prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

 

Je m’explique !

 

« Et puis, au détour d’une interview entendue lors de l’émission « On va déguster » sur France Inter voilà que cette star du VIIe arrondissement s’érige tout d’abord en juge inflexible : pour lui 90% des vins français valent au mieux le caniveau pour ensuite mieux se dresser en un procureur impitoyable pour qui les producteurs de ces vins feraient mieux de cultiver des carottes, pour enfin délivrer du haut de sa suffisance une sentence sans appel : 10% des vins français sont dignes d’être admis dans le Gotha des petits marquis du vin. »

 

Qui est donc cette star ?

 

Le 127e du classement de la RVF : le sommelier prodige Enrico Bernardo chronique du 20 juillet 2010 

 

5 ans après peut-être a-t-il mis un peu d’eau dans son vin de caniveau ?

 

Mais les 35e et 36e Boris Calmette : la voix des coopérateurs et Joël Castany : le phénix de Vinadéis qu’en pensent-ils eux ?

 

Et le Gérard le 46e qu’en pense-t-il, lui qui source dans les coopés de son Languedoc

?

Et Mr Farges 41e le Bordelais qui monte à Bruxelles, tout est bon dans le Bordeaux, comme dans le cochon ?

 

Et Marc Sibard le 66e « des vins industriels sont trop souvent présentés comme des vins de terroir. »

 

Et Olivier Bourdet-Pees le 119e l’héritier de l’homme au béret de Plaimont ?

 

Qui les achète ?

 

Papy Castel le 4e et le père Joseph l’alsacien invisible 6e

 

Qui les vend ces 90% ?

 

Le 13e Laurent Delpey pour Carrefour.

 

Les 52e Didier Coustou et Stéphane Berty pour le beau MEL.

 

Le 53e Jean-François Rovire chez Système U.

 

Le 88e Patrick Scheiber pour ce cher Pierre Chanau.

 

Le 174e Emmanuel Gabriot pour Monop.

 

Lisez-moi bien, il y a de la place pour tout le monde mais comme cette canaille de Talleyrand le disait fort bien « on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment. »

 

La dilution par extension du domaine de l’AOC-AOP et des IGP nous mène tout droit à l’uniformité.

 

L’amour certes mais avec des degrés dans la passion…

 

J’avoue en avoir ma claque de ce genre de couplet racoleur !

 

Et dire que l’on se gargarise en ces temps difficiles de la faillite des élites.

 

Dans Confessions d'un chasseur d'opium, Nick Tosches explique à propos du vin que : « C’était autrefois la boisson noble et sans apprêt des paysans nobles et sans apprêt – des paysans bien plus nobles et compétents que ces connards bourrés de fric qu’on escroque en leur faisant croire que le vin appelle d’autres commentaires que "bon", "mauvais" ou "ferme ta gueule et bois un coup" »

 

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 08:00
CHAP.15 opération Chartrons, « on a besoin d’un leader, pas d’un contremaître » chez NKM virée par le stalinien Sarkozy ça défouraille sec…

5 mois, et la voilà assise en face de moi au Yard, avec son petit chignon ananas, toujours aussi belle, et c’est comme si nous venions de nous quitter la veille. Je suis toujours aussi amoureux d’elle et elle le sait. «Le verbe aimer est difficile à conjuguer: son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel» – disait Jean Cocteau

 

L’amour !

 

Camus tape juste « L'homme a deux faces : il ne peut pas aimer sans s'aimer. » et avec elle parler d'amour, c'est lui faire l'amour. Rien au monde ne saurait prendre sa place dans mon cœur. J’en suis là et j’en finirai là. Finir en beauté !

 

Tourgueniev dînait avec Flaubert et quelques amis, le 2 mars 1872, et il leur raconta que dans sa jeunesse il avait eu pour maîtresse, la fille d’un meunier, qu’il rencontrait lorsqu’il allait à la chasse. « Elle était délicieuse, pâle, avec un léger strabisme divergent, et elle n’acceptait jamais rien de moi. Ni argent ni cadeau. » Un jour pourtant, elle lui demanda un présent : un savon. Tourgueniev n’eut aucune peine à la satisfaire. Dès qu’elle eut le savon entre les mains, elle disparut un instant, puis réapparut toute rougissante, tendant ses mains désormais parfumées. Elle lui demanda de les embrasser, comme il baisait les mains des dames dans les beaux salons de Saint-Pétersbourg. Tourgueniev tomba à genoux devant elle. Jamais, dit-il, il n’y eut dans sa vie un moment comparable à celui-ci.

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, ma chère Longueurs&Pointes candidate à la primaire ? Secret de polichinelle, elle a fait un nouveau pas dans cette direction ce mardi. « C’est une question qui se pose naturellement. Ce qui s’est passé dimanche, avec les résultats des élections régionales, m’a rapprochée de cette hypothèse », a répondu la députée sur France Info. NKM s’est également insurgée de la façon dont elle a été écartée de la future direction du parti LR par Nicolas Sarkozy, lundi : « J’ai reçu le verdict avant le procès par une dépêche AFP. J’aurais trouvé ça mieux qu’il me le dise en face. »

 

Virée sans entretien préalable, ni préavis, mais « il n'y a aucun drame, elle a 40 ans, elle peut subir une traversée du désert pendant deux ans puis rebondir. » Comme on s’aime beaucoup chez les jeunes prétendants « Elle ne construit pas quelque chose en étant contre quelqu’un, or elle tente de se construire contre Sarkozy. Elle est toute seule, trop fofolle, elle n'a ni ligne directrice ni colonne vertébrale » juge un proche de Bruno Le Maire.

 

Scories que tout cela…

 

Après un premier tour triomphal, pour la bande à Marine le plafond de verre, barrière symbolique et psychologique dont on dit qu’elle empêchera toujours le FN de gagner, avait sauté. C’était sans compter avec l’adoption, par une partie de l’électorat, un peu molle du bulletin au premier tour, d’un comportement stratégique lorsque le risque de voir passer le FN est fort. Face au risque FN, une part importante d’électeurs qui n’avaient pas voté au premier tour s’est donc mobilisée. «Le taux d’abstention au premier tour chez les inscrits qui se disaient proches de la gauche atteignait 47%. Alors qu’il n’était que de 43% à droite et de 44% chez les électeurs qui se sentaient proches du Front national». Le FN ne rafle donc aucune région, et perd très largement en Paca, Nord-Pas-de-Calais et en Alsace, là où il avait le plus de chance de passer. «Le plafond de verre électoral entamé, mais pas brisé»: cette phrase, titre d’un chapitre signé par la chercheuse Nonna Mayer dans le livre collectif Les faux-semblants du Front national, est sans doute plus juste. Le «plafond de verre» est toujours d’actualité, même s’il a pris quelques fissures.

 

«Estrosi l’emporte avec une majorité confortable, qui n’aurait pas été possible s’il n’y avait pas eu des reports de voix de gauche en sa faveur, commente Vincent Pons. Cette victoire est due au comportement responsable du PS, qui a retiré sa liste, et ensuite à l’attitude des électeurs.»

 

Ce constat optimiste doit être nuancé. Si le verre n’a pas brisé, il est fissuré et sans une action rapide de type Carglass il risque de voler en éclat. Le FN progresse de plus en plus dans toutes les catégories. « Depuis 2012, sa progression est forte dans toutes les catégories socioprofessionnelles, dans toutes les tranches d’âge, chez les hommes comme chez les femmes. Désormais, le FN fait de bons scores chez les étudiants, les cadres, les professions intermédiaires. Il progresse chez les diplômés, y compris de l’enseignement supérieur»

 

2016, année sans élections, va placer la Primaire des Républicains au centre et c’est là que l’opération Chartrons, que l’on raillait il y a un an, à gauche comme à droite, ce qui se comprend aisément, prend tout son sens. Si dans un premier temps, Juppé élimine Sarkozy, avec une mobilisation de l’électorat modéré en sa faveur, par la bande il met pratiquement Hollande hors-jeu comme le montre, le sondage TNS Sofres des 14 et 15 décembre, soit au lendemain du second tour des régionales.

 

Dans le cas où Nicolas Sarkozy serait désigné comme le candidat de la droite, il recueillerait 24 % d'intentions de vote, François Bayrou 10,5 %. Dans ce cas, François Hollande ne recueillerait que 19 % quand Marine Le Pen, elle, en engrangerait 26 %.Si le président du MoDem ne se présentait, Sarkozy verrait son score passer à 26 % contre 22 % à Hollande et 27,5 % à Le Pen. « On le voit: la présence de Bayrou est en fait légèrement plus handicapante pour Hollande que pour Sarkozy. Dans le premier cas, le différentiel entre les deux finalistes de 2012 est de 4 points sans le président du MoDem et de cinq s'il est présent. » L'absence de Bayrou a un impact sur les autres candidats.

 

D'une certaine manière, le vote MoDem apparaît comme un vote sans doute pas anti système, mais extérieur au système. Car sans lui, Marine Le Pen grimpe à 27,5 %, Nicolas Dupont-Aignan bondit de 4,5 % à 7 % et même Jean-Luc Mélenchon passe de 10,5 à 12 %. «Si le total des voix de gauche est loin d'être négligeable, il reste quand même fragile dès qu'est évoquée la présence de François Bayrou, puisque le total baisse de 4,5 points», explique Emmanuel Rivière, directeur de l'unité Opinion de TNS Sofres.

 

La présence d'Alain Juppé à la présidentielle change la donne du premier tour. C'est la seule configuration où Marine Le Pen ne virerait pas en tête avec 28 % contre 31 % pour le maire de Bordeaux. C'est aussi la plus mauvaise hypothèse pour François Hollande qui avec 20 % voit l'écart le plus grand (8 points) entre lui et le deuxième qualifié. D'une certaine manière, Hollande comme Sarkozy, ont un intérêt à être adversaires au premier tour de 2017…

 

Au second tour, les Républicains remporteraient l'élection. La présidente du FN serait dans l'incapacité de remporter l'élection. Face à elle, Nicolas Sarkozy recueillerait 64 % des voix. De son côté, Alain Juppé atteint les 70 % avec des reports de voix impressionnants de 100 % des électeurs UDI et MoDem au premier tour, de 94 % du Front de gauche et de 95 % du PS… mais seulement 86 % de la part des électeurs Républicains. «Il est clair qu'Alain Juppé possède la capacité de captation la plus large en étant le seul à devancer Marine Le Pen. En revanche, il n'est pas un candidat capable de faire baisser Marine Le Pen. Il existe une étanchéité entre ces deux électorats. Ça positionne tout de même Alain Juppé comme un bon candidat de rassemblement et de second tour», avance Emmanuel Rivière.

 

Autre enseignement de ce sondage, l'échec du Front national et singulièrement celui de Marine Le Pen au second tour des régionales, n'est pas perçu comme un élément déstabilisateur dans la mobilisation du vote FN. «Les électeurs frontistes sont toujours les plus déterminés et sûrs de leur choix, note Emmanuel Rivière. 96 % des sympathisants FN voteraient Le Pen quand 80 % des sympathisants LR choisiraient Sarkozy et seulement 72 % Juppé».

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 06:00
Zouc frêle dans son corps meurtri « cette si grande dame, qui a bien voulu faire une parenthèse dans sa retraite» venant chercher son Prix jurassien des arts, des lettres et des sciences

Qui se souvient de Zouc ?

 

Moi bien sûr !

 

Et je ne suis pas le seul car ma chronique du 20 mars 2011 « ZOUC son état est celui d'un soldat de la guerre de 14 qui aurait reçu un éclat d'obus en pleine poitrine... » est l’une de celles qui vit toujours.

 

J’y écrivais

 

« L’humoriste est un homme de bonne mauvaise humeur » Isabelle von Allmen dites ZOUC, humoriste suisse, était le calque parfait de ce trait acéré de Jules Renard qui lui était tout sauf marrant. Cet imparfait accolé à Zouc réveille en vous, du moins ceux qui l’ont connue, le souvenir de son épaisse silhouette enveloppée dans une éternelle robe noire, de ses chausses noires elles aussi, de sa bouille de concierge avec sa raie au milieu et ses cheveux tirés, de ses yeux en perpétuel mouvement, de ses mimiques bougonnes, de son économie de mots. Jean-Michel Ribes estime que « Dès 1970, Zouc […] a inventé une nouvelle façon de faire rire, aux antipodes de la blague et de la vanne ». Elle occupait le haut de l’affiche puis plus rien, le trou noir. Cela fait près de quinze ans qu'on n'a pas revue Zouc. Pourquoi ? »

 

La suite ICI 

 

Et sur mon écran son nom est réapparu mercredi : Et soudain Zouc est réapparue écrivait Olivier Perrin dans le journal Le Temps en septembre 2015.

 

« Frêle dans son corps meurtri, l’humoriste a suscité une énorme émotion, palpable dans les médias, en venant chercher au Noirmont (JU) son Prix jurassien des arts, des lettres et des sciences. Son impact semble rester majeur dans l’histoire du spectacle »

 

«La vie n’a pas gâté cette fille de famille pieuse, élevée à Saignelégier. Sa révolte, sa défense des minorités, mais surtout son immense sensibilité la mènent jusqu’à un hôpital psychiatrique. […] La jeune femme vit toujours sur un fil ténu entre dépression et création. Parce que Zouc, d’abord, est une auteure de sketches d’une précision chirurgicale, de portraits de personnages d’une finesse extrême.»

 

La suite ICI 

 

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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 06:00
Bolshoi Ballet- Coppelia: Mazurka

Bolshoi Ballet- Coppelia: Mazurka

Mon addiction aux pâtes, les sèches surtout, est maintenant pour vous un secret de Polichinelle.

 

L’une des pires tortures que l’on m’a infligé dans ma belle et insouciante jeunesse c’est de me mettre sous le nez un plat de pâtes « colle d’affiche » ; tel fut le cas lorsque je fus pensionnaire et, quelques temps plus tard, chez une amie qui enseignait la cuisine aux filles dans une école ménagère. Pas le choix, au réfectoire il était hors de question de faire des restes, et chez mon amie je me devais, par politesse, de vider mon assiette. Surtout que mon amie savait que j’aimais beaucoup les pâtes.

 

Cuire les pâtes n’est pas à la portée du premier venu.

 

Tout d’abord il est essentiel de s’adapter aux multiples formes des pâtes : « il y a les longues, il y a les courtes, comme dans la vie ; et il y a les rondes et puis les plates, il y a toutes les formes, pompes et circonstances, comme le montrent des planches gravées italiennes du XVIIIe, du XIXe et souvent du XXe. »

 

 

 

 

Pour répondre à la question-titre je vais transcrire la prose de Cul in air d’un certain Jean-Paul Manganaro.

 

La casserole à pâtes : « elle peut être haute ou large, il faudrait qu’elle ne serve qu’à ça, un peu comme une poêle à frire, la haute pour les spaghetti, la large pour les courtaudes et les naines, ne vous emmêlez pas les pattes dans cette histoire. »

 

L’eau : « abondante, généreuse, pas minérale ni gazeuse, débit du robinet – à moins que vous n’aimiez l’eau de pluie et de parapluie, dans ce cas profitez des grandes pluies saisonnières –, trois quarts de la casserole quelle que soit son ampleur... »

 

Le sel : « une cuillerée à soupe de sel pour deux litres, trois cuillerées pour quatre et ainsi de suite, mais pas plus, apprends définitivement que le pas assez salé tu peux le rattraper mais que tu ne rattrapes jamais le trop salé, ni le petit salé d’ailleurs. »

 

Le jeté de pâtes : « mets ensuite sur un feu audacieux, vif, libertin et péremptoire, dominateur en somme, porte à ébullition et quand cela bout à grand bouillon alors seulement jette les pâtes. Oui, jette-les, d’un coup de main assuré et tranchant, qu’elles aillent au bain toutes ensemble, à leur dernière fêtes, comme les gens à l’eau dans les îles du Levant, comme de jolis pingouins ou manchots dans les vagues antarctiques, comme les têtards qui tous en même temps rafalent l’espace glauque et l’aquatique. »

 

La mazurka des pâtes : « faut vraiment qu’elles aient de l’espace, faut que les pâtes dansent leur mazurka et non qu’elles soient assises comme dans un cabinet médical ou agenouillées sur un prie-Dieu de paille, ou qu’elles piétinent en se cognat les unes contre les autres comme dans le métro à l’heure qui pointe et vraiment – vraiment – c’est pas la peine de gaspiller votre huile… en en versant quelques gouttes pour qu’elle n’encollent pas : c’est une question de place, il leur faut la largesse des salons où l’on danse et non l’étroitesse des prisons où l’on s’entasse et s’agglutine. »

 

Le temps de cuire : « la méthode ancienne est la suivante : faut goûter la cuisson, en prenant une fourchette si c’est des pâtes longues, et d’un geste leste et sans affectation, saisir le fil de pâte et l’attraper de l’index et du pouce de la main libre et porter ça sous la dent et tailler, du bas vers le haut – c’est la mâchoire qui mord, l’autre, celle du haut, laisse faire. Les deux dents doivent décider ensemble du terme de cuisson et la pâte se laisser mordre par cette morsure amoureuse, elle doit être tendre, oui, mais ferme, offrir le laps de vie qui lui reste et non sa décomposition de sveltesse et de jeunesse et non ses quatre-vingts de tristesse : d’où que l’on dit des pâtes al dente, pour indiquer ce qui reste de résistance. »

 

« Le geste d’attraper le fil de pâte s’apprend assez vite après quelques ratés ; les pâtes courtes s’attrapent, elles, à la cuillère, c’est donc un jeu d’enfant. »

 

Autre règle générale : « les pâtes ne sauraient être cuites sans que l’on sache avant avec quoi on va les combiner : je veux dire par là que les sauces avec lesquelles vous allez les accommoder peuvent être plus ou moins denses et épaisses, plus ou moins liquides. »

 

Égouttage : « pour les pâtes assemblées avec des sauces denses… retirez de l’eau de cuisson un demi verre d’eau chargé d’amidon… qui vous servira à délayer pâtes et sauce au moment de les mélanger…. Toujours dans ce cas, au moment d’égoutter les pâtes, ce n’est pas la peine de vous démancher les épaules avec la passoire, quelques petits coups suffisent, laissez juste s’écouler l’eau, regardez-la partir et confiez-lui vos secrets, vos malheurs, les petites peines du jour et, délesté(e)s, réjouissez-vous s’autres jours vous attendent, singuliers et pluriels. »

 

« Faites le contraire, c’est-à-dire secouez fermement la passoire si votre sauce est plutôt liquide, ce qui sied à une sauce, surtout huileuse ou à la tomate. »

 

Les doses : « pour un appétit normal, comme dans notre république actuelle, une dose correspond à cent, cent-vingt grammes, quatre-vingt si votre convive frôle l’anorexie, cent cinquante à deux cents si c’est un molosse, après refusez ; les pâtes en cuisant doublent de volume, pesez si vous voulez vos pâtes cuites, et vous verrez. »

 

Le mélange : « avec les pâtes longues… tu fais ça avec deux fourchettes que tu enfonces bien en-dessous où se trouve la sauce et tu ramènes à la surface les linguines déjà imbibées et ainsi de suite, fatigue ça tout comme la salade… »

 

Le grain de sel du Taulier : « pour le sel choisissez du gros sel gris ; pour le mélange, lorsqu’il s’agit de ragù, il faut avoir un bon coup de poignet pour opérer le mélange en tenant fermement la queue de la poêle… »

 

Alors à votre choix : pâtes à la poutargue, aux coques, aux moules…

 

Buon appetito

 

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