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27 décembre 2015 7 27 /12 /décembre /2015 06:00
J’vais fâcher l’Onfray en vantant auprès des jeunes les mérites de 2 BD qui revisitent notre Histoire : le crépuscule de la collaboration avec Céline et les années de plomb de la Ve République…

La diète médiatique de l’ermite bas-normand aura été de très courte durée, dimanche dernier sur Europe 1, dans « Il n’y a pas qu’une vie dans la vie » l’émission d’Isabelle Morizet, il a fustigé l’abandon de la lecture, en particulier sur les classiques de la littérature.

 

« Je prépare un gros livre qui s’appelle Décadence » a-t-il annoncé.

 

«Les classiques ont disparu, avec la bénédiction de l’Education nationale, avec la bénédiction de la ministre de la Culture, qui trouve que c’est très bien d’en finir avec les humanités. Le savoir et la culture se sont effondrés. On lit de moins en moins. Le politiquement correct consiste à dire qu’on lit sur les tablettes, donc qu’on lit toujours, qu’on lit plus. Mais c’est faux. […] On ne lit plus les classiques. Ce n’est pas parce qu’on lit un mode d’emploi d’aspirateur qu’on a lu une tragédie de Shakespeare».

 

«La littérature, quand elle est primée, parfois, est une littérature terrible, mal écrite, déglinguée… » « Je me souviens au début que Michel Polac m’avait reproché d’écrire trop bien, mes livres étaient trop bien écrits. J’ai adoré le concept de «trop bien écrit», a lancé notre Michel Onfray, d’un ton quelque peu ironique. « Cela voulait dire qu’il fallait mal écrire pour être un écrivain véritable ».

 

Mais jusqu’où ira-t-il ?

 

Attention chers adorateurs-adulateurs de ce pauvre Michel, je ne fais là aucune fixette à son encontre. Bien au contraire, libre à lui de s’exprimer, de débattre, de polémiquer, de s’épancher pour la énième fois sur son père ouvrier agricole et sa mère femme de ménage, de nous éduquer, de philosopher…

 

Mais dites-moi, ça veut dire quoi bien écrit ?

 

Sa dernière prestation, avec la Mylène Farmer, le conte philosophique L’étoile polaire, est sans doute bien écrite mais si mièvre…

 

Ha ! Le talent

 

Louis-Ferdinand Céline, le Dr Destouches, le médecin des pauvres, l’écrivain sulfureux, odieux et talentueux était bourré de talent…

 

« J’ai été con toute ma vie ! J’ai cru ceci. J’ai cru cela…Ah ! Oui !... Tous tordus qu’ils sont et ils vous crachent à la gueule quand vous vous approchez trop ! Vicelards avec ça !... Maintenant je m’en fous !... Ils ne m’ont pas écouté, ils m’ont vomi, volé, spolié, fait le plus de mal possible… La mort qui est au bout seule compte… Pour moi quand elle viendra, je lui dirai que je suis bien content… Salut la compagnie ! J’ai eu moi aussi des raisons de vivre… Vous comprendrez… Je suis lyrique… La petite musique… L’émotion… Les fariboles du cœur… La vie ! Vous comprenez ?... La vie !... Ah ! J’ai été bien servi, merci !... Ça oui ! Vraiment du bon et puis beaucoup de mauvais !...Ça aussi, ça me remonte à la gorge… La condition humaine, c’est la souffrance, n’est-ce pas ?... Je n’aime pas la souffrance, ni pour moi ni pour les autres… Vous comprenez ?... »

 

Votre serviteur, grand lecteur depuis sa tendre enfance, en vous conseillant d’acheter pour vos jeunes deux BD qui revisitent notre Histoire, participe sans doute à la décadence qui désespère notre philosophe qui écrit si bien.

 

Peu me chaut, la BD n’est pas un sous-genre littéraire et ces deux ci tout particulièrement.

 

 

  1. « La cavale du Dr Destouches », de Christophe Malavoy, Paul et Gaëtan Brizzi, éd. Futuropolis, 17 euros.

L'acteur Christophe Malavoy, qui est aussi réalisateur et auteur, a écrit le scénario d'un album adapté des trois livres de Céline la trilogie allemande – « D’un château l’autre », « Nord » et « Rigodon » qui racontent sa fuite en Allemagne en 1944.

 

« Vous aimez les Pieds nickelés ? Alors, vous serez ravis d’accompagner Céline, sa femme Lucette, le chat Bébert et l’acteur pétainiste Robert Le Vigan dans leur fuite rocambolesque au cœur de l’Allemagne nazie en 1944. Une épopée dessinée qui restitue toute la fougue de l’écrivain aussi maudit qu’adulé. »

 

Lucette Destouches, 103 ans, qui reçoit régulièrement Malavoy dans son pavillon de Meudon pour tailler le bout de gras, a, en tout cas, été enchantée par cet album fort en gueules (70 personnages !) qui lui est « naturellement dédié ». Mieux qu’un adoubement, une consécration. « J’ai essayé, avec ce livre, d’aller contre les idées reçues. Céline, il faut le prendre pour le meilleur et pour le pire. » Là, c’est sûr, on tutoie le meilleur. »

 

2. « Cher pays de notre enfance - Enquête sur les années de plomb de la 5e République », de Benoît Collombat et Etienne Davodeau - Editions Futuropolis - paru le 08/10/2015 - 224 pages - 24 euros

 

C'est une « enquête dessinée » signée du journaliste de France Inter Benoît Collombat qui, en 2003, a réalisé une contre-enquête sur la mort suspecte de Robert Boulin et en fera un livre publié en 2007 « Un homme à abattre : Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin » (Fayard) et le dessinateur Etienne Davodeau bien connu pour sa BD-culte : les Ignorants.

 

Étienne Davodeau et Benoît Collombat nous font pénétrer de plain-pied dans les coulisses sanglantes de ces années troubles. Le premier est né en 1965 ; le second, en 1970. Tous les deux ont grandi dans la France gaulliste de la Ve République, ce cher pays de leur enfance.

 

« Dans les années 1970, on tue à Lyon le juge François Renaud qui dérange. C’est le premier haut magistrat assassiné depuis la Libération ; des voyous braquent des banques pour financer les campagnes électorales du parti gaulliste ; le pouvoir crée de toutes pièces des milices patronales et des syndicats jaunes pour briser les grèves ; le Service d'Action Civique (le SAC), la milice du parti gaulliste, multiplie les exactions, jusqu'au massacre du chef du SAC marseillais et de toute sa famille à Auriol en 1981.

 

Ce sont, sous les présidences de Pompidou et de Giscard d'Estaing, les « années de plomb » à la française. La violence en politique a structuré toute une génération de décideurs politiques dont certains sont encore en activité.

 

Les auteurs en nous faisant visiter les archives sur le SAC, enfin ouvertes, en partant à la rencontre des témoins directs des événements de cette époque - députés, journalistes, syndicalistes, magistrats, policiers, ou encore malfrats repentis -, nous emmènent là où la vie politique d’une grande démocratie s’est parfois égarée.. »

 

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commentaires

P
Fixette ou pas fixette, tu ne m'auras plus cher Taulier. Et oui, il y a des miracles à Noël ! Et surtout une lecture, celle du Dictionnaire " Chic" de Philosophie de Frédéric Schiffter qui consacre 6 pages à M.O. en fin de lecture quitte à passer pour le genre de celui pour qui le dernier qui parle à raison, j'ai eu envie de jeter tous ses livres . Quant aux BD, merci j'm'en va les quérir dès d'main tant Céline me fascine ( Voir ce que dit Philippe Murray dans son essai sur Luis Ferdinand Céline ) et que je suis friand, en bon lecteur du Canard de tous les sales petits secrets des politicards. Finalement j'suis p't être comme ça : le dernier qui parle à raison.
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