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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 06:00
Du rififi chez les inséminateurs de vins de Bordeaux : même que Michel Rolland dit des gros mots

La place de Bordeaux a enfin ses deux mots valise pour expliquer tous ses maux : Bordeaux-Bashing !

 

Et pourtant, sur cette belle place où les grands vins naissent bien plus vite que les cent fleurs, à l’heure dites des Primeurs, œuvrent les 5 plus grands inséminateurs de vin de la planète.

 

Même qu’à l’aube du premier avril, ces bretteurs (combattants des bretts), ces nouveaux grands manitous du vin, ces guérisseurs d’écrouelles croisaient le fer chez Alain Passard, à l’Arpège rue de Varenne à quelques pas de ce pauvre Stéphane Le Foll bashé grave, lors du congrès de la FNSEA à Laval, par l’Inconnu du vin, un certain Despey Jérôme, bien connu du côté de l’auge qui nourrit les sous-chefs du grand syndicat lorsqu’ils occupent l’essentiel de leur temps (au moins 3 jours) à Paris dans les antichambres ministérielles.

 

Les agriculteurs en ont « marre de l'amateurisme au plus haut niveau de l'État. Nous attendons que les ministres suivent ou dégagent », a-t-il lancé, suscitant comme ses collègues les huées de la salle à chaque mention du nom de Stéphane Le Foll.

 

Je suis sûr que, la queue entre les jambes, il dira, avec l’air contrit des faux-culs, à Monsieur le Ministre qu’il ne pouvait pas faire autrement face aux troupes, qui aime bien châtie bien dira-t-on.

 

Bref, du côté d’entre les jambes, du côté des « inséminateurs » des vins de Bordeaux, le Michel Rolland est sans aucun doute le plus sévèrement burné lorsqu’il défouraille sans sommations sur quiconque lève la plume pour pratiquer le fameux Bordeaux Bashing qui a le dos aussi large que la Porte d’Aix.

 

« Il n’y a pas d’antidote à la connerie. Elle est de plus en plus monumentale. Pour moi, 2015 est un très grand millésime. Il y a trop de cons pour s’en apercevoir. On s’en apercevra dans dix ans, comme d’habitude. On est dans un monde sans couilles, on vit avec des sans couilles. Point à la ligne. Il n’y a pas un journaliste qui s’en apercevra. De toute façon, il n’y a pas un journaliste qui a du poids dans le monde aujourd’hui. On n’en a rien à cirer des journalistes. Ça n’a rien à voir avec le marché. Ils peuvent dire, écrire et penser ce qu’ils veulent, tout le monde s’en fout comme de l’an quarante ! Quand ils sauront ça, peut-être commenceront-ils à devenir humbles. Pas à devenir intelligents, car ce sera difficile, mais à raisonner différemment.»

 

C’est beau comme un lever de jambe le long d’un arbre, la prostate sans doute, tout en finesse et subtilité.

 

Pourquoi donc pisser sur ce qu’on a tant vénéré ?

 

Un propriétaire facétieux me répond :

 

Je suis prêt à parier qu'il a eu quelques clients bananés par le Wine Spectator. Moi j'ai eu 89-92. Ça fait jamais plaisir.

 

Bon, après tout je m'en tape, je ne vends pas en primeur.

 

À mon avis c'est un coup du négoce pour que les prix ne s'envolent pas tout de suite.

 

Et dans 2 ans, le WS ragoûtera et rajoutera 3 points à tout le monde, et les négociants empocheront le pactole.

 

Suckling qui met des notes de malade aux clients de HdB conseil.

 

Et Molesworth qui taille tout le monde sauf les vins Moueix.

 

C'est amusant cette année...

 

Oui et ce n’est pas fini car le Bibendum de Barcelone, qui n’aime rien tant que de placer ses bijoux de famille sur le zinc, entrait dans le même temps en épectase par la grâce de cher Michel.

 

« Comment ne pas en tirer une petite gloriole? Tant pis pour la fausse modestie, mais il me plaît de lire ces quelques mots de Michel Rolland aujourd'hui dans le quotidien argentin La Nación. Le célébrissime Flying winemaker annonce la fin d'une époque, celle-là même sur laquelle il a fondé sa réputation. En un paragraphe, péremptoire, définitif, il enterre le système de notation des vins. Ridicule concours de quéquette dont je n'ai eu de cesse de me moquer, ici, encore il y a quelques mois. Je l'avoue, il est agréable d'avoir raison trop tôt…

 

Ce que dit le barbu gascon est simple, en voici une traduction littérale:

 

« Je crois que désormais, les notes n'ont plus d'avenir. Ça a été une époque. Ça a fonctionné durant les trente-cinq dernières années, mais aujourd'hui elles vont disparaître, parce que n'importe quel dégustateur peut avoir son opinion de ce qui est le meilleur; ce sera une bonne opinion, mais ce sera la sienne, mais pas la vôtre ni la mienne. Nous allons goûter un vin, et à moi, il ne va pas me plaire mais à vous oui. Alors, qui a mauvais goût? Vous ou moi? Nous ne savons pas. »

 

Là je me gondolais comme on dit chez Aldi avec le MOF de service dont j’ai déjà oublié le nom. 

 

Bref, ces appellations diverses et a variées pour désigner ces nouvelles fées des chais me permettent de justifier celle d’inséminateurs de vin, une forme de paternité extérieure fort utile pour mettre bas de beaux vins. Ne voyez là de ma part aucune malice, les inséminateurs aiment les paillettes...

 

À ce stade je passe la plume au Stéphane Bern des châteaux de Bordeaux, le grand, l’irremplaçable, l’unique César Compadre sans doute rameuté par Isabelle Bunisset pour être le témoin des agapes des 5 grands manitous de la place de Bordeaux.

 

« Ils sont appelés « conseillers » dans d'autres métiers, l'univers viticole préfère les baptiser « consultants ». Sûrement parce que leur rôle va bien au-delà de celui, par exemple, d'un simple conseiller juridique ou fiscal comme on en trouve pléthore dans le monde du travail et de l'entreprise.

 

Éric Boissenot, Hubert de Boüard, Stéphane Derenoncourt, Denis Dubourdieu et Michel Rolland, tous Girondins de naissance ou d'adoption, sont des pointures de ce métier. À eux cinq - avec leurs équipes -, ils conseillent des centaines de propriétés dans le Bordelais, ailleurs en France et dans le monde entier. Les plus grands noms du Médoc, de Saint-Émilion, d'Afrique du Sud, du Chili ou de Californie, mais aussi des châteaux plus modestes, ayant cependant les moyens de se les payer. »

 

L'article ICI

 

Bashing vous avez dit Bordeaux Bashing, étrange façon d’expliquer la croissance molle, disons très queue basse des exportations de Bordeaux en Europe (fine allusion aux burnes évoquées par le père Michel) :

 

 

« En 2015, l'Europe ne représente plus que 39% du volume exporté contre 45% en 2014 », a précisé le président du CIVB Bernard Farges, qui a souligné la forte baisse de la demande allemande. Le chiffre d'affaires a progressé de 2% au Royaume-Uni (204 millions d'euros) malgré une baisse des volumes de 7% (184.000 hectolitres).

Hors Europe, les vins de Bordeaux ont enregistré une légère hausse des volumes expédiés vers les États-Unis avec 179.000 hectolitres et un chiffre d'affaires en hausse de 14% à 203 millions d'Euros, notamment grâce aux effets de change. 2015 a également été marquée par un fort intérêt pour les vins haut de gamme à Hong Kong avec une baisse de volume de 7% mais une forte progression du chiffre d'affaires à 271 millions d'euros (+26%). Le premier marché pour les vins de Bordeaux reste néanmoins la France, où ont été commercialisés 58% des volumes en 2015, soit 4,8 millions d'hectolitres, en baisse toutefois de 5%. »

 

Jacques Dupont : Comment voyez-vous l'avenir des ventes primeurs, et au-delà l'évolution du métier de négociant, pièce maîtresse du système ?

 

Ariane Khaida Duclot : Comme les dernières campagnes n'ont pas eu un franc succès, si on rate cette année, c'est dangereux pour l'avenir des primeurs. Ces dernières années, l'envolée des prix de certains crus emblématiques a fragilisé le système. Mais les propriétaires voyagent, reçoivent, échangent beaucoup, et semblent réagir, on sent qu'il y a une prise de conscience.

 

De même, le métier de négociant est en train de changer… Avant, les notes de Robert Parker tombaient, et nous n'avions pas grand-chose à rajouter… On se réapproprie un devoir et une capacité de prescription. Pour ça, il faut des équipes formées, c'est un gros travail, mais nous ne sommes pas seulement des « passe-plats ».

 

Avec la Vinicole on réinstalle les vins de Bordeaux sur les cartes de vins, on passe beaucoup de temps à faire déguster, à recevoir, à réapprendre Bordeaux aux sommeliers, ça fait partie intégrante de nos activités. Aujourd'hui on a 300 grands restaurants à Manhattan où l'on trouve des verticales complètes de Bordeaux (différents millésimes d'un même château). L'enjeu est de faire le même travail en France.

 

L’intégrale ICI

 

Et si ce désamour n’était que le fruit du bûcher des vanités des Primeurs GCC, cet arbre resplendissant qui cache la pauvre forêt des bouteilles de Bordeaux alignées dans les tristes travées de notre GD ?

 

Antoine Gerbelle Quand la fièvre monte, on accuse le thermomètre... ‪#‎finderègne‬

 

Guillaume Baroin Pro  Ce n'est pas bien monsieur Rolland de mordre la main de ceux qui vous ont donné médiatiquement vie!
Pourtant depuis Mondovino vous avez été habitué au Rolland-Bashing, non?
Je ne ferai pas le même commentaire en remplaçant le mot journaliste par consultant, il en existe d'excellents et de mauvais... comme dans toute profession.

 

Comme je suis bon garçon je vous invite à lire la réponse au Bordeaux Bashing d’une plume qui en profite pour se faire un petit coup de pub, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.

 

 

 

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 08:00
Une légende circula, à savoir que le commun des mortels ne résistait pas aux talents amoureux d’Oriana qu’un temps limité

Si vous n'avez pas lu le premier épisode c'est ICI

 

 

 

Mais le lendemain surgit un imprévu. Six dignitaires fascistes emmenés par le vice-federale d’Agrigente, Pasquinotto, débarquèrent dans la maison de passe, firent évacuer les clients et prirent leur place. Les fascistes s’engagèrent auprès de la tenancière à occuper ces dames jusqu’à l’heure de la fermeture ou à payer de toute façon l’équivalent de la recette d’une soirée normale.

 

Pasquinotto choisit Oriana, en lui proposant de passer avec lui les quatre heures disponibles.

 

Oriana opposa un refus ferme. Au mieux, considérant qu’il était vice-federale, elle pourrait monter à une demi-heure.

 

Pasquinotto piqua une colère et alla protester auprès de Madame, laquelle prit Oriana à part et fit tant et si bien que, pour cette seule et unique fois, la jeune femme obtempéra.

 

Une petite heure plus tard, Oriana sortit en trombe de sa chambre en poussant de grands cris et courut chercher madame. Celle-ci monta, entra dans la chambre de sa pensionnaire et se mit à crier elle aussi. Les cinq dignitaires accoururent, toutes affaires cessantes, en costume d’Adam.

 

Pasquinotto gisait en travers du lit, bouche déformée, langue pendante, les yeux révulsés. Mort sur le coup.

 

« Infarctus », certifia le docteur Sciacchitano, appelé en grand secret.

 

Ses collègues rhabillèrent le cadavre tant bien que mal, l’installèrent dans la voiture, se firent promettre le silence par les filles et repartirent pour Agrigente.

 

Mais la chose s'ébruita quand même.

 

Aussitôt une légende circula, à savoir que le commun des mortels ne résistait pas aux talents amoureux d’Oriana qu’un temps limité, qui oscillait précisément entre le quart d’heure et la demi-heure. Au-delà, on s’exposait à un risque mortel.

 

« Elle a le c… comme le poing de Primo Carnera expliqua le professeur Santino. On encaisse un coup, voire deux, mais cinq vous envoient ad patres. »

 

Trois soirs plus tard se présenta un as de l’aviation, un lieutenant médaille d’argent, qui avait vu plusieurs fois la mort en face et qui voulait la revoir en passant une heure avec Oriana. Laquelle se fit d’abord prier, mais finit par accepter.

 

Le lieutenant monta l’escalier un bras autour de la taille de la jeune femme et l’autre levé pour répondre aux souhaits de la bonne chance et aux incitations des clients.

 

Il le redescendit indemne et souriant une heure et cinq minutes plus tard, parmi les applaudissements de l’assistance.

 

La thèse du professeur Santino recevait un démenti cinglant.

 

à suivre

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 06:00
Avis aux parigos-bobos L’Innomintato de Coletti c'est aussi pour les prolos® qui ont gagné au Loto !

J’adore les bulles quand elles sont du vin, c’est mon côté simplet. Comme j’ai de bons amis du côté du vin de pays de champagne, qui m’oublient un peu depuis qu’ils sont devenus des stars, et du côté des roturiers du crémant, je peux donc écrire que j’ai en ai un peu ras la coupe du marketing bétonné des maisons champenoises de toute obédience.

 

Arrogance qui pourrait se révéler à terme préjudiciable à leur beau modèle économique. Le coup de semonce de la crise de 2008 ne semble pas les avoir vaccinés, produit normalisé, lissé, sans aspérité proposé sur les murs de la GD à des prix qui me laissent rêveurs.

 

Même si la recette est éprouvée depuis des décennies comme le disait mon grand-père « ça durera moins longtemps que les contributions indirectes », car les temps changent et sous le long fleuve tranquille des effervescents de luxe se glissent des petites bulles naturistes bien agréables.

 

S’ils veulent camper sur leurs certitudes après tout c’est leur problème pas le mien.

 

Je pratique allègrement l’extension du domaine des bulles en allant fouiner du côté de l’Italie où je suis tombé amoureux fou de Coletti.

 

Tout ça c’est la faute des cantinières d’altitude du Lapin Blanc qui se fournissent en doses de Coletti auprès du dealer de vin, un certain Antoine Gruner sis dans les marches de l’Est.

 

Ce gars-là y fait tout pour que je succombe à la tentation en flattant mes bas instincts de traître à la classe ouvrière de nos pères.

 

Son dernier coup en date c’est de mettre sous le nez son Innomintato de Coletti dont il me certifie qu'il est aussi bon pour les prolos®

 

 

Vous aurez remarqué que ce dealer, vu mon addiction, a sitôt déposé la marque «L’Innomintato de Coletti c'est aussi pour les prolos® »

 

Savent compter les vino-alternos alors que, pauvre de moi, je ne sais que conter et enfourcher mon vélo pour combler mon manque en filant chez le grand aveyronnais du Lieu du Vin acheter ma dose d’ Innomintato de Coletti.

 

Arrivé à bon port je tombe sur deux jolies jeunes femmes qui tiennent en lieu et place du grand Philippe la machine à dealer les doses d’Innomintato.

 

Pour vous mettre au parfum de qui est Massimo Coletti je n’ai pas trouvé mieux que le sieur Patrick Böttcher maître-es-vin nature d’Italie.

 

« Un œnologue, vrai de vrai, que ce Massimo, italien de surcroit, et un œnologue qui tient un Wine Bar, ce n’est déjà pas commun, mais là où la chose devient plus palpitante, c’est quand, dès la première visite, le bonhomme dégoupille quelques bouteilles de Prosecco en susurrant… voilà, ceci est mon vin.

 

D’autant encore plus palpitante que le liquide dans les verres ressemble à tout sauf à l’idée que nous avons tous du Prosecco… celui-ci est trouble, enfin légèrement trouble, et surtout il est sec, très sec.

 

Et là Massimo, reprend la parole : « Ça vous étonne, n’est-ce-pas ? Pourtant c’est ainsi que faisaient nos ancêtres avant l’internationalisation des vins. Et chez nous, chez Coletti, on veut retrouver cette tradition par tous les moyens ».

 

Et même si le domaine, vu sa jeunesse, ne fait pas encore partie de ces mouvements des Vini Naturali d’Italia, même si aucun certificat bio ou autre n’est actuellement revendiqué, cette seule volonté de retrouver les vins artisanaux du passé, ce goût naturellement original, cela suffit largement à capter toute mon attention et la vôtre j’espère. »

 

La suite ICI 

Avis aux parigos-bobos L’Innomintato de Coletti c'est aussi pour les prolos® qui ont gagné au Loto !

L’INNOMINATO 2014

 

Rosé refermented in bottle sparkling

 

Grape:

 

80% Manzoni 13.0.25 (cross between Raboso and Muscat of Hamburg )

20% Manzoni 6.0.13 (cross between Riesling and Pinot blanc)

 

Areas of origin of the grapes :

 

Old cru Martinon, San Fior ( TV )

 

Height of the grape :

 

57 m above sea level

 

Soil type:

 

Mix of clay soil with peebles

 

Climate:

 

tempered with cold winters and hot as well as humid summers

 

Average rainfall :

 

1000 millimeters with heaviest fall in June and November, lightest in January and August

 

Growing and pruning method:

 

Guyot

 

Density:

 

3600 plants/hectare

 

Production:

 

maximum 7000kg /hectare

 

Harvest:

 

from 20 to 30 september

 

Winemaking :

 

selection in the vineyard and manual harvest , de-stemming and soft pressing for the white

 

Manzoni for a period of 4 hours, while the Manzoni Rosé is macerated with the skins for

 

5/6 days . Fermentation occurs naturally with indigenous yeasts in stainless steel tanks,

 

without the addition of chemical additives. Ageing with surlies until the end of March.

Second fermentation takes place in the bottle and at least 18 months of aging in bottle.

 

No degorgement

 

Analytical data:

 

Alcohol 12% vol

Sugar 0 gr/lt

Total Acidity 9 gr/lt

Pressure 4 bar

Sensory characteristics:

 

Aspect :

 

Raspberry pink color with deep red reflections, fine perlage with slight turbidity given by naturally occurring deposit in the bottom of the bottle

 

Perfumes

 

Elegant scent of yellow peach, carmin rose, red berries and pink grapefruit peel

 

Taste

 

Dry, creamy bubbles with structure. Good fullness and length, closely mirroring the scent

 

Serving suggestions:

 

Excellent as an aperitif, and is best accompanied with dishes based on fish and shellfish, even raw. Great with a risotto with scallops and a hint of saffron.

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, en 2007, les Français ont élu Saint-Tropez. Raté. En 2012, ils ont élu Tulle. Raté. En 2017, ils voudront quelqu’un qui a de l’allure

La vie de François Mitterrand : un roman !

 

Un homme à histoires c’est un roman de Patrick Rotman, grand arpenteur de la deuxième gauche gourmand d’un Mitterrand qui, au milieu des années 50, à la quarantaine aimante les femmes et collectionne les ennuis : l’affaires des fuites en 1954, le faux-attentat de l’Observatoire en 1959. 

CHAP.16 code acratopège, en 2007, les Français ont élu Saint-Tropez. Raté. En 2012, ils ont élu Tulle. Raté. En 2017, ils voudront quelqu’un qui a de l’allure

« Devant le miroir de la salle de bains, François Mitterrand refit son nœud de cravate et essuya à l’aide d’une serviette les traces de rouge à lèvres qui ourlaient son visage. Il dut frotter sous la mâchoire pour faire disparaître la traînée de carmin […]

 

… Mitterrand repassa dans la chambre. Des vêtements féminins étaient éparpillés sur la moquette. Un escarpin noir à talon aiguille avait atterri sur un fauteuil. Une jeune personne alanguie dormait dans le lit, tournée vers le mur. Le drap avait glissé, découvrant un dos large et bronzé zébré par les marques plus pâles des bretelles d’un soutien-gorge. Le député s’assit près du corps abandonné dans le sommeil après l’amour. Sa main glissa sur la peau douce entre les omoplates vers la déclivité des rien dont la douceur soyeuse lui rappela le velouté des feuilles de sauge de sa Saintonge natale […]

 

… les femmes s’abandonnaient au brun ténébreux sans qu’il ne levât l’index. Il se contentait de choisir sa partenaire d’un jour entre les innombrables sollicitations qui l’assaillaient […]

 

… La jeune femme quitta le canapé-lit défait dont les draps entortillés avaient reflués sur le parquet. Elle enjamba l’homme alangui à côté d’elle qui lui caressa le flanc au passage. Dans le cabinet de toilette exigu, elle enfila un peignoir, trop petit pour elle. Doué de parole, celui-ci aurait eu bien des corps à décrire. Elle s’approcha d’une glace fendillée sur le côté. Des traces de rimmel lézardaient ses pommettes proéminentes. Les pourtours de sa bouche, barbouillés de rouge à lèvres, ressemblaient à une framboise écrasée. Elle entreprit un ravalement de façade, avec la minutie nécessaire à une entreprise si délicate. Comme elle s’appliquait du mascara sur les cils qu’elle avait longs et recourbés, le visage de François Mitterrand apparut dans l’encadrement du miroir. Il s’était rhabillé de pied en cap et avait même pris soin de renouer sa cravate en soie bleu foncé. Il observa la femme qui lui présentait des hanches étroites avec la satisfaction d’un propriétaire heureux des services offerts […]

 

« Ce qui est admirable chez Mitterrand, c’est cette blessure en lui, si profonde, cette faiblesse intime qu’il dissimule avec tant d’obstination. Il a payé cher de s’être montré moins fort que ses adversaires. Moi, j’aile cette faille secrète. Elle témoigne qu’il appartient à une autre espèce que ceux qui ont tenté de la faire trébucher. »

François Mauriac à propos de la demande de lever l’immunité sénatoriale de Mitterrand suite à l’affaire de l’Observatoire.

 

Tourner la page Juppé, l’opération Chartrons commencée dans l’indifférence, les quolibets et même l’hostilité est un réel succès ; reste à l’intéressé de tenir la route pour transformer l’essai à la Primaire.

 

« À partir de là, comment expliquer que la droite républicaine choisisse aujourd’hui d’abandonner ses traditions les plus avérées alors que, sur le papier, le contexte politique lui donne l’occasion d’une victoire naturelle dictée, au-delà du rejet de l’adversaire, par l’adhésion de l’opinion à ses valeurs constantes ? La réponse, c’est la primaire.

 

Celle-ci a un effet excitant. Elle nourrit la surenchère. Elle incite à la radicalité. Elle pousse la droite là où elle penche. Rien de plus normal : c’est une compétition interne. La gauche, dans cette exercice, en 2011, recherchait le candidat le mieux placé pour gagner. Le cœur de son électorat le voulait modéré. Ce fut Hollande. La droite, en 2016, cherche une martingale du même genre, sauf qu’elle attend, pour sa part, un champion qui soit décomplexé. C’est le problème de Juppé.

 

Si on y regarde d’un peu plus près, les programmes des différents candidats – ordre et sécurité, libéralisme économique et flexibilité sociale – ne sont pas fondamentalement différents. Ceux qui jouent gagnant cherchent des points d’équilibre. Ceux qui sont challengers cherchent des angles. Les uns et les autres ne n’avancent pas au même rythme. Ils se distinguent plus par des postures que par des idées. Tous, en revanche, sont dans la même épure qui est celle d’une droite qui affiche clairement la couleur avec à la certitude d’être à nouveau dans le sens de l’Histoire.

 

C’est dans ces conditions que s’est imposé le thème de la rupture dans la rupture. Il sert de marqueur. Il atteste de la détermination des candidats à remplir leurs promesses, le moment venu. L’enjeu n’est pas mince aux yeux d’une opinion qui doute. Dans la primaire de la droite, en effet, personne n’est vraiment vierge. Sarkozy, Fillon et, avant eux, Juppé, ont déjà exercé les responsabilités du pouvoir au plus haut niveau. Le Maire, NKM ou même Morano ont été ministres dans un passé récent.

 

À un titre ou un autre, ils sont donc tous comptables de l’inefficacité puis des échecs de leur camp. C’est d’ailleurs ce que leur reproche la fraction de leur électorat qui s’est laissé séduire par le Front national. Pour la convaincre que, cette fois-ci, le changement serait bien au rendez-vous, les candidats à la primaire, quel que soit leur statut, ont été contraints de donner des gages. Le peuple de droite, au sens large, attend des actes et non des mots. Quelle meilleure réponse que la mise en place, dès le lendemain de la présidentielle, de procédures garantissant, via le référendum ou les ordonnances, le changement annoncé ?

 

La chronique ICI

 

Pourquoi Hollande et Sarkozy n'ont pas encore perdu contre Juppé 

 

« Hollande c’est fini. Et Sarkozy aussi. Le Pen, c’est impossible. Les autres n’existent pas. Ce sera donc Juppé président en 2017. C’est ainsi. Sondage après sondage, le vainqueur de la prochaine élection présidentielle parait déjà élu. Fêté. Encensé. Alain Juppé ne dit rien, c’est qu’il écrit. Alain Juppé ne fait rien, c’est qu’il se prépare. Toute interprétation négative de la vie et l’œuvre d’Alain Juppé en ce début de printemps hollandais (il pleut) est impossible.

 

Alain Juppé n’est pas âgé, il est expérimenté. Il n’est pas vieux, il est sage. Il n’est pas rigide "droit dans ses bottes", il est déterminé. Il n’est pas l’homme de tous les échecs, il est opiniâtre. Il n’est pas le Premier ministre qui a précipité la France dans la rue en 1995, il est un visionnaire qui avait vingt ans d’avance. Il n’est pas un produit des années Mitterrand-Chirac, il est ancré dans l’histoire. Il n’est pas un vieux cheval de retour, il est le renouveau. Et tout le reste à l’avenant.

 

Tout argument qui devrait handicaper l’ancien (double) ministre de François Mitterrand et Premier ministre de Jacques Chirac se retourne désormais en sa faveur. Sans que cela paraisse pensé par d’habiles communicants politiques. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Quand on contemple l’émergence d’un phénomène Juppé, on a le sentiment de relire les premières notes de Jacques Pilhan et Gérard Colé consacrées à ce que devrait être la campagne 1981. La même dialectique est à l’œuvre, qui consiste à retourner les handicaps en qualités, peindre le plomb en or. C’en est même troublant.

 

Comme le dit un communicant historique qui se définit comme un ingénieur social : « En 2007, les Français ont élu Saint-Tropez. Raté. En 2012, ils ont élu Tulle. Raté. En 2017, ils voudront quelqu’un qui a de l’allure ». « De l’allure », c’est-à-dire qui sache incarner cette forme particulière fonction qui est celle de président de la Ve République, surtout dans un pays qui doute de ses élites (quand il ne les rejette pas) en mal de rassurance et de compétence. Juppé est fort de ce qu’il apparait le meilleur remède aux maux incarnés par les deux derniers présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Sa popularité nait de l’anti-sarkozysme et de l’anti-Hollandisme qui structurent aujourd’hui la vie publique. »

 

Sarkozy, chronique d’une désillusion 

 

« A quelques mois de la primaire des Républicains, alors que le monde médiatique bruisse de rumeurs sur la possible candidature de Nicolas Sarkozy, je ne peux m’empêcher des haussements d’épaules, partagé entre incrédulité et lassitude. Y songe-t-il seulement ? Pense-t-il que ce qui avait si bien marché en 2007 et échoué en 2012 pourrait soudain, dix ans après, reconquérir le coeur des Français ? Je ne pense pas. Ou plutôt, je n’y crois plus, au sens presque religieux du terme.

 

Engagé à l’UMP en 2011, j’ai fait partie, en modeste militant, des foules extatiques qui agitaient des drapeaux aux meetings de la Concorde, de Villepinte et du Trocadéro l’année suivante. Je vibrais au son des discours, tractais le matin devant le métro avant de partir en cours et faisais partie d’une cellule de réflexion au sein du bureau des Jeunes populaires chargée de préparer un programme pour les moins de 30 ans. Alors que tous les sondages prévoyaient un désastre électoral, je ne me résignais pas, honnêtement convaincu qu’il pouvait l’emporter. J’étais submergé par cette ivresse des campagnes, perdu dans le mirage de l’idéalisation d’un homme dont les contradicteurs étaient forcément des menteurs et les critiques forcément des billevesées. Le 6 mai au soir, à la Maison de la Mutualité, j’étais saisi par l’émotion, transi de voir apparaître sur les écrans le visage de François Hollande, forcément élu par défaut, forcément mauvais.

 

Quand je repense à cette période, je me demande si j’étais inconscient ou tout simplement naïf. Peut-être « puceau de l’horreur » comme disait Céline : c’est-à-dire incapable de me formuler l’existence d’un monde que je ne connaissais pas, que je n’entrevoyais qu’en surface et qui m’aura à force d’épreuves totalement meurtri tant il est violent. Car quatre ans après, je n’ai que mépris pour la personne que j’étais et avoue ma honte d’avoir sincèrement cru en cet homme. »

 

Présidentielle 2017 : « Les jeunes se positionnent nettement plus à droite qu’à gauche, aujourd’hui » 

 

« La spécificité d’un « vote jeune » tend à s’effacer. Cette classe d’âge suit désormais les fluctuations et les mouvements de l’ensemble du corps électoral. L’ancien tropisme de gauche est en voie de disparition. Les jeunes, aujourd’hui, se positionnent nettement plus à droite qu’à gauche. Si l’on additionne les intentions de vote des « primo-votants » en faveur des candidats du centre, de la droite et de l’extrême droite, on arrive à 66 % dans l’hypothèse d’une candidature de Nicolas Sarkozy et à 69 % si c’est Alain Juppé.

 

Au sein de la jeunesse, comme dans le reste de la population, les orientations politiques sont liées à des clivages socioculturels, notamment le niveau de diplôme. Les intentions de vote des jeunes étudiants restent par exemple moins favorables à Marine Le Pen que celles des jeunes actifs, avec ou sans emploi. A contrario, ils se tournent davantage vers les partis de gouvernement, LR et PS, qui font jeu égal, ainsi que vers les écologistes. La jeunesse non scolarisée, ou faiblement diplômée, est sensiblement plus abstentionniste. »

 

L’ascenseur social bloqué en Allemagne 

 

« Lettre de Berlin. Les absurdités qui découlent de la bureaucratie allemande sont parfois insondables. Prenons l’exemple de Klaus Leichsenring. Ce paisible sexagénaire de la Saxe est ce que l’on appelle un « Hartz IV ». Il vit comme environ sept millions d’Allemands des prestations sociales mises en place par le gouvernement Schröder en 2003, notamment pour les chômeurs de longue durée. Un système équivalent au RSA français qui permet à M. Leichsenring de ne payer qu’une partie de son loyer, l’autre partie étant prise en charge par les pouvoirs publics, selon des critères extrêmement précis.

 

Or, justement, dans le cadre d’un programme de rénovation, le bailleur de son immeuble a décidé d’ajouter un balcon à chacun des 24 appartements de la résidence pour un coût de 30 euros par mois. Mais contrairement à ses 23 voisins, M. Leichsenring estime la dépense trop élevée pour son maigre budget, et l’Etat n’entend pas augmenter sa participation. Résultat : le balcon a bel et bien été construit, mais pas la porte qui permet d’y accéder.

 

Supposée simplifier les dispositifs en vigueur et favoriser le retour à l’emploi, la quatrième loi Hartz (la fameuse Hartz IV) se révèle d’une complexité inouïe. En moyenne, chaque dossier comporte 650 pages, ce qui en dit long sur le degré d’intrusion des pouvoirs publics dans la vie privée des bénéficiaires. Par exemple, l’aide reçue pour votre consommation d’eau ne dépend pas seulement du nombre de personnes dans votre foyer, mais également de leur âge, voire de votre possession (ou non) d’une bouilloire électrique. Quant au système de remboursement des semelles orthopédiques, il semble davantage conçu pour inspirer les héritiers spirituels de Kafka ou Courteline que pour servir l’intérêt général. »

 

Michel Onfray tout ça c’est la faute de Jean XXIII

 

« J'ai vu les effets de Vatican II à la messe étant gamin, avant on avait les filles d'un côté, les garçons de l'autre et le prêtre de dos, les yeux tournés vers le soleil levant et cela faisait sens. On attendait la Lumière car le Christ était la Lumière.(...) Le prêtre s'adressait à Dieu et était l'intercesseur de ses ouailles qui étaient derrière lui mais tous tournés dans le même sens. Et d'un seul coup on a dit : on change tout ça, on installe l'autel au milieu du cœur et on tourne le dos à Dieu puisque le Tabernacle est derrière (...). Et puis, on dit que la musique n'a plus besoin d’être sacrée, d’où la guitare dans La vie est un long fleuve tranquille, on a le curé qui s'habille en jean. Maintenant, on tutoie Dieu et on ne parle plus en latin. L'Eglise a dit : « on n'a plus besoin de sacré, la transcendance est dans l’immanence », c'est-à-dire qu'elle avalise l'évidence de ce que la civilisation dit : nous avons perdu le sens du sacré judéo-chrétien. »

 

Acratopège

 

Définition du CNRTL « Sans qualités particulières, qui ne sort pas de l'ordinaire. »

 

4 synonymes banal, commun, ordinaire, plat.

 

13 antonymes bizarre, brillant, curieux, étonnant, étrange, extraordinaire, insolite, original, paradoxal, rare, remarquable, singulier, surprenant.

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 06:00
Andrea Camilleri l’homme qui aimait les FEMMES… Oriana un nom de guerre pour exercer le plus vieux métier du monde.

Si à 50 ans on n'a pas lu un roman sicilien d’Andrea Camilleri, c'est qu'on a raté sa vie.

 

« Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. » François Truffaut via Charles Denner : Bertrand Morane dans L'Homme qui aimait les femmes sorti sur les écrans en 1977.

 

Ceux qui me suivent depuis l’origine de cet espace de liberté savent que je suis totalement addict aux romans siciliens d’Andrea Camilleri.

 

Son dernier livre publié en France chez Fayard Femmes est sorti en Italie en 2014 (Donne, tout simplement).

 

 

C’est un bijou. Courez l’acheter chez votre libraire !

 

C’est une galerie de personnages féminins, classées par ordre alphabétique de prénoms, de sa grand-mère à son éditrice en passant par des rencontres fugaces ou des personnages historiques : Antigone, Néfertiti, Desdémone, la Béatrice de Dante, Jeanne d'Arc etc. ces destinées intenses, originales, émouvantes, parfois drôles, sont toujours racontées avec admiration par un Camilleri ouvertement du côté des femmes.

 

Loin de tout voyeurisme ou parfum de scandale, le grand écrivain italien livre ici le jardin secret de ses images féminines et rend avec pudeur un hommage plein de gratitude à celles qui ont marqué son parcours d'homme et d'écrivain.

 

« Dans l’ouvrage, il est l’enfant timide, à dix-sept ans, le jeune homme qui sort la nuit dans Agrigente à vélo, à la rencontre d’une Allemande magnifique, obsédée par l’hygiène. Tour à tour marin improvisé et amant passionné, c’est un ensemble de femmes douces et enivrantes qu’il raconte, aussi belles et terribles que la Sicile... »

 

« Outre le sens du récit et du dialogue, outre le regard profondément humain sur les misères psychologiques et sociales, ce plaisir tient sûrement au sentiment d’étrange familiarité qu’arrive à communiquer l’auteur. Familiarité d’une langue et d’une société qui nous restent très proches, étrangeté radicale de tournures et d’une culture forgées par une nature si particulière et une histoire si singulière. Ce qui donne, pour finir, la saveur inimitable, aux papilles comme à l’oreille, d’une Sicile immuable et parfaitement moderne. »

L’angoisse du traducteur devant une page d’Andrea Camilleri

Le samedi 19 juin 2004, par Serge Quadruppani

 

 

Si vous souhaitez mieux connaître Andrea Camilleri lisez ceci :

 

Andrea Camilleri.

 

Je suis né dans un village qu'il s'appelle Porto Empedocle, environ il y a 80 ans. Et, entre ma maison et la mer, il y avait seulement une file de petites maisons. La première fois qui m'est arrivé la possibilité de me déplacer pour quelque jour à l'intérieur de la Sicile, je ne réussissais pas au prendre le sommeil. À l'aube je me suis rendu compte qui m'était manqué la rumeur de la mer. La mer était dans ma jeunesse partout. Mon enfance a été splendide. J'étais fils unique, deux frères étaient morts premier de moi, donc on peut imaginer comme je venais traité. Mon père était un inspecteur général de la capitainerie du port et mes camarades étaient fils de pêcheurs et paysans. Je voulais être égal à eux et j'ai fait chaque genre de méchancetés comme une vraie charogne. Pour ça, je suis fini en collège. »

 

- Antonio Torrenzano : Est-ce que la Sicile aide la production narrative? Il me semble encore que dans vos romans il n'ya pas la proverbiale loi du silence des Siciliens ?

 

- Andrea Camilleri.

 

Je ne crois que ce soit le climat. Gesulado Bufalino, Leonardo Sciascia, Luigi Pirandello ou Giuseppe Tomasi de Lampedusa sans l'humus sicilien quoi auraient-ils été ? Les Siciliens ne sont pas “omertosi”, il suffit seulement savoir décrypter leur manière de raisonner.

 

- A.T. Pourquoi écrivez-vous en pétrissant l'italien et le sicilien?

 

- Andrea Camilleri.

 

« Je raconte des histoires. Et celui-ci est la manière dans laquelle elles ont été racontées à moi. J'utilise le même usage pour les raconter à mes petits-enfants. J'ai toujours une vision double des choses. Si tu te sens sicilien et tu écris de la Sicile pendant que tu restes ailleurs, c'est comme rester en même temps en deux lieux. Et voilà qu'alors la réalité n'est pas plus vérité, mais une visionne de la réalité. Si même les physiciens y ils disent que le phénomène en soi n'est pas observable, parce qu'il change seulement pour le fait qui es en train de l'observer. La mer semble changer pas couleur, mais la couleur de l'eau elle ne change jamais. »

 

Enfin pour vous donner plus encore envie de lire ce dernier Camilleri je vous propose, découpé en 5 épisodes, le portrait d’Oriana.

 

ORIANA

 

J’ignore comment elle s’appelait, Oriana était le nom de guerre qu’elle avait choisi pour exercer en maison le plus vieux métier du monde.

 

Tous les quinze jours, les filles étaient transférées d’un établissement à l’autre à travers l’Italie, c’était ce qu’on appelait la « quinzaine », qui fournissait de la chair fraîche aux habitués deux fois par mois.

 

Mi-juin 1943, Oriana et cinq consœurs arrivèrent dans la maison de tolérance de mon village, la pension Ève.

 

Avant que les pensionnaires ne se présentent en public, Madame, c’était la tenancière, avertit la nombreuse clientèle du salon – l’affluence était toujours grande le premier jour de la nouvelle quinzaine – qu’il faudrait respecter certaines règles pour monter avec la nouvelle prénommée Oriana.

 

Les règles étaient qu’Oriana offrait une prestation rapide, d’un quart d’heure ou au plus d’une demi-heure si le client lui convenait ; en outre, il était inutile de réclamer des gâteries particulières, qui seraient refusées.

 

Madame tint à préciser que ces règles, qui dans les faits se traduisaient par un manque à gagner pour sa maison, lui avaient été imposées par les autorités. Quelles autorités, elle ne le précisa pas.

 

Bien entendu des protestations s’élevèrent, mais à l’arrivée du nouveau contingent de filles, la vue d’Oriana provoqua un silence absolu. Tandis que les autres évoluaient dans de classiques déshabillés entrouverts qui dévoilaient leur corps nu, Oriana en jupe et chemisier marchait sans un sourire, l’air détaché, comme quelqu’un qui se trouve là par hasard. C’était une beauté, dans la trentaine, soignée, grande, de longs cheveux ax reflets cuivrés tombant sur ses épaules.

 

Au lieu de faire le tour des clients en s’attardant à plaisanter avec eux selon l’usage, elle alla s’asseoir d’un air compassé sur un petit canapé, regardant autour d’elle avec une expression indifférente qui n’encourageait pas son monde.

 

Totó Farruggia, lycéen de dix-neuf ans pluri-redoublant, fut son premier client. Il expliqua à un copain qu’elle ressemblait beaucoup à la prof de maths qui l’avait recalé, et que de cette façon il aurait l’impression de prendre sa revanche.

 

Quand il redescendit, on voulut savoir :

 

« Alors,

 

- Une splendeur. »

 

Ce soir-là, Oriana remporta un franc succès et n’eut pas un instant de répit.

 

à suivre...

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2 avril 2016 6 02 /04 /avril /2016 06:00
La folie des légumes  de Louis XIV à Alain Passard en passant par Mme de Sévigné : les petits pois verts « c’est une mode… C’est une fureur »

En 2001, lui le grand rôtisseur, prend un virage à 180° qui surprend le petit monde caquetant des critiques de haute-cuisine, Alain Passard, tel St Paul sur le chemin de Damas s’est converti « je travaille les découpes, je décortique, je cuis, j’assaisonne, je braise, je flambe : tout mon savoir se reporte sur les légumes.. » déclare-t-il.

 

Un fondu de légumes :

 

« Betterave au cacao rehaussé d’un vinaigre de Banyuls ; radis green meat luisant sous un glacis de beurre salé et escorté de tomates vertes confites ; tagliatelles de navets boules d’or dans une émulsion de moutarde ; composition Arlequin bigarrée avec courgette blanche de Virginie, radis radis, navet atlantic, carotte purple haze. Un dessert aussi : soufflé de topinambours à la vanille et au chocolat… »

 

Comme notre homme est un perfectionniste il achète en 2002 un potager à l’abandon, à Fillé-sur-Sarthe, car il veut « faire du légume grand cru. Je veux – dit-il, – qu’on parle de la carotte comme du chardonnay… ». Ce sera le premier d’une série qui en comporte actuellement 3, le second se situant dans l’Eure et le 3è dans la baie du Mont Saint Michel : 3 endroits, 3 terroirs, 3 climats pour des légumes au top de leur forme !

 

Et puis vint Alain Ducasse, nouveau «Roi Légumes» qui pour sa réouverture au Plaza Athénée, s'approvisionne dans le Jardin de la Reine de Trianon, géré par Alain Baraton… Endives, carottes, concombre, tomates, navets, artichauts, courges, choux, betterave, haricots, navets, radis... Les pépinières de Louis XV, à deux pas du Petit Trianon de Versailles ont repris du service. À l'occasion de la réouverture de sa table au Plaza Athénée, le jardin et le Hameau de la Reine fournissent en exclusivité Alain Ducasse en fruits et légumes bio.

 

La nouvelle carte fait la part belle au triptyque poisson, légumes, céréales.

 

«Trouver la bonne maturité, le bon assaisonnement, la bonne cuisson pour magnifier ces légumes.» «On cuisine ce qui nous est apporté, on ne commande rien. On va faire avec ce qu'on a» explique Alain Ducasse, soulignant l'importance pour les cuisiniers de faire une gastronomie responsable, précautionneuse des ressources de notre planète.

 

- On peut dire que les légumes ont fait un long voyage depuis votre apprentissage…

 

Joël ROBUCHON - On les considérait comme une garniture. On retirait même ce qu'il y avait de plus intéressant, de meilleur. On réalisait alors ce qu'on appelait des légumes «tournés». C'était presque ma spécialité: les tailler en sept côtés égaux comme un ballon de rugby: carottes, pommes de terre, navets… Le répertoire s'arrêtait là avec les champignons, les choux, les haricots verts et les épinards, trop cuits, que nous rafraîchissions dans beaucoup trop d'eau glacée.

 

Mon constat est simple. C'est maintenant que se jouent les dix prochaines années. Elles s'appuieront sur la santé, et en cela, la cuisine végétarienne sera l'un des axes de cette évolution. Je veux être là. Voilà pourquoi, malgré l'avis de mes proches collaborateurs, j'ai décidé d'ouvrir un Atelier à Bombay à la fin de l'année. J'ai besoin d'apprendre leur cuisine et de suivre leur talent pour jouer avec les légumes et les épices. On n'imagine pas combien un simple plat de lentilles, de pois chiches, de courgettes ou de soja peut être grand… Aujourd'hui, je suis un apprenti, je recommence à zéro. »

 

La foi du nouveau converti fait plaisir à voir, mieux vaut tard que jamais. Cependant ce bel élan main sur le cœur qui touche la haute-cuisine comme les petits génies du fooding, va-t-il par effet d’exemplarité « contaminer » l’assiette de monsieur et madame Tout-le monde ?

 

J’en doute car ce petit monde fort occupé au développement de leur biseness et de l’entretien de leur image commerciale n’est guère en prise avec le grand public placé sous la férule des géants de l’agro-alimentaire et leurs donneurs d’ordre de la Grande Distribution.

 

La démocratisation des légumes goûteux n’est pas pour demain, le respect de la saisonnalité, la gestion du temps, le respect des contraintes liées à ce mode de culture, ne s’accommodent guère à la fois aux exigences de la distribution de masse et au peu d’intérêt d’une grande part des consommateurs adeptes tu tout près, vite fait, pas cher.

 

Qui vivra verra mais les bons sentiments ne font jamais une bonne politique.

 

Alors face à cette mise sur le pavois de la haute cuisine des humbles légumes je me suis posé la question : quand les légumes ont-ils connu des heures de gloire ?

 

 

Florilège

 

« Grâce aux Médicis, l’Italie apporte quelques nouveautés dans les assiettes françaises – essentiellement des légumes et des fruits, tels l’artichaut ou le melon […]

 

« L’introduction des produits d’Amérique dans les menus européens à longtemps été présentée comme une révolution culinaire. Les faits nuancent largement cette affirmation. Oui, le haricot, la tomate, le maïs et, plus tard, la pomme de terre enrichissent la palette des goûts et des saveurs. Mais rien dans la manière de les préparer ne les distingue encore des traditionnels choux, navets et poireaux […]

 

« À l’époque d’Henri IV, l’asperge se déguste pour elle-même : c’est lapremière fois, à la cour, qu’un légume devient un plat à lui tout seul […]

 

« La qualité des ingrédients, leur bonne conservation deviennent des priorités dans les cuisines. Cela explique aussi la désaffection progressive des épices, dont les vertus antiseptiques sont moins utiles. Les légumes jouissent d’une considération équivalente à celle des viandes et des poissons […]

 

« À la Renaissance les légumes n’ont pas une place de choix dans la cuisine. Ce qui caractérise une table riche et raffinée, ce sont par-dessus tout les pièces de gibier. La cour de François 1er se place dans la lignée des tables médiévales. Panais, carottes et poireaux caractérisent les repas des jours maigres – le vendredi et le samedi ou pendant le carême et l’avent. Ils accompagnent les poissons et les rares viandes que l’Église autorise en ces jours de jeûne. Avec les pois secs, les fèves, les choux, on ne les cuisine qu’au pot : les légumes sont placés dans des marmites et cuisent longuement au coin de la cheminée, formant soupes et potées. Ce mode de cuisson lent explique le succès immédiat du haricot, arrivé d’Amérique, puisqu’il se prête tout à fait à ces préparations. La plupart des légumes venus du Nouveau Monde ont d’ailleurs un succès fort modeste. On estime que le maïs et la pomme de terre sont tout juste bons à nourrir les animaux. Le topinambour et la tomate, nommée « pomme d’amour », ne trouvent pas place à la table du roi.

 

« Sous Henri II et pendant toute la seconde moitié du XVIe siècle, certains légumes s’imposent cependant comme des aliments de choix. Introduits en France depuis l’Italie, l’artichaut puis le chou-fleur connaissent une véritable popularité. On importe même de Chypre les graines de ce dernier, qui s’acclimate bien dans les terres françaises. Un produit cependant se détache nettement du lot : l’asperge. Connue dès la fin du XVe siècle, elle est particulièrement prisée d’Henri IV, qui vante ses « pointes d’amour ». Le jeune Louis XIII en mange tous les jours au printemps, comme nous l’indique le journal de son médecin Héroard.

 

À partir du milieu du XVIIe siècle, les légumes ne sont plus considérés de la même façon. François Pierre de La Varenne, cuisinier du marquis d’Uxelles, publie en 1651 un ouvrage fondamental pour expliquer ce changement des goûts : Le Cuisinier françois. La traditionnelle cuisson au pot est peu à peu délaissée au profit de préparations plus raffinées, les légumes sont cuisinés pour ce qu’ils sont, et un plus grand soin est apporté à sublimer leurs parfums. »

 

« Que le potage aux choux sente entièrement le chou ; aux poireaux le poireau ; aux navets le navet […] et vous verrez que vos maîtres s’en porteront mieux. »

 

Nicolas de Bonnefons, agronome et valet de Louis XIV dans les Délices de la campagne.

 

 

« Louis XIV est le premier roi à avoir développé une vraie passion pour les légumes. Il adore les petits pois et les brocolis. Sous son règne s’organise le potager du roi, que le souverain confie à un agronome de génie, Jean de La Quintinie […]

 

« En 1660, revenant d’un voyage en Italie, le sieur Audiger, officier de bouche de la comtesse de Soissons, présente un cageot de petits pois verts dans leurs cosses à Louis XIV. Le roi en raffole : le petit pois trône parmi les légumes royaux.

 

« Mais le seul potager du roi ne suffit pas à fournir les tables des élites, puis les tables bourgeoises qui réclament de plus en plus de verdure. Des grainetiers, dont le plus célèbre est sans conteste Philippe Lévêque de Vilmorin, sélectionnent les meilleures variétés. En fonction des terroirs, les maraîchers des environs de Paris et de Versailles se spécialisent. Aux Halles de Paris, sous le Second Empire, on trouvera les haricots d’Arpajon, les asperges d’Argenteuil, les choux de Pontoise, les potirons d’Étampes et les pommes de terre de Fontenay… »

 

« L’impatience d’en manger, le plaisir d’en avoir mangé et la joie d’en manger encore sont les trois points que nos princes traitent depuis quelques jours. Il y a bien des dames qui, après avoir soupé chez le roi, trouvent des pois chez elles pour manger avant de se coucher, au risque d’une indigestion. C’est une mode… c’est une fureur. »

 

Madame de Sévigné

 

SOURCE : PALAIS ROYAL À la Table des Rois Alain Cantau, Frédéric Manfrin et Dominique Wibault

La folie des légumes  de Louis XIV à Alain Passard en passant par Mme de Sévigné : les petits pois verts « c’est une mode… C’est une fureur »
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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 19:00
Madame la directrice de Siqocert Armelle Lesaint suis-je digne de faire partie de vos commissions de dégustation ?

Ce n’est pas un poisson d’avril.

 

Ma candidature à l’une de vos commissions de dégustation, va sans doute vous paraître incongrue, outrecuidante, inappropriée comme le disent certaines hautes personnalités, mais j’ose vous la présenter.

 

Que suis-je donc pour me mettre ainsi en avant ?

 

Rien qu’un simple buveur de vin, en l’occurrence ici ceux de la Basse et de la Haute Bourgogne fruit du labeur de vos ouailles donc, un client versant son écu pour chaque flacon bu.

 

Je ne possède aucune autre qualification que celle-ci n’étant adhérent à aucun cercle, forum, club d’amateurs, petits ou grands ; pire encore, quoique chroniquant depuis une décennie pour l’extension du domaine du vin, je ne me suis jamais risqué à noter ou à commenter un vin sur mon espace de liberté.

 

En résumé je ne fais pas partie de la famille, même pas une branche rapportée même si je compte beaucoup d’amis tant parmi les vignerons bourguignons que du côté du négoce.

 

Il y a fort longtemps j’ai fait profession de marchand de vin dans une grande maison, un embouteilleur de place disait-on, et comme pour vendre il faut d’abord acheter je me suis donc soumis à la dégustation d’échantillons.

 

Exercice difficile car il fallait que je m’efforce de me glisser dans la peau de mes clients.

 

Ha, le client ! Drôle d’oiseau que ce monsieur et madame tout le monde qui, tout au bout de la chaîne de distribution, semble trop souvent être considéré par les professionnels du vin comme le chaînon manquant.

 

Simple consommateur, et fier de l’être, j’ai, j’en conviens, une tendance très prononcée à emprunter des chemins de traverse qui risquent de déplaire dans vos cercles qui me semblent, vu de chez moi, assez fermés.

 

Ouvrir les portes et les fenêtres, laisser entrer un léger zéphyr dans ce relatif confinement m’apparaîtrait porteur d’une anticipation propre à prendre en compte les attentes des nouveaux consommateurs.

 

Je n’en suis pas un, j’en conviens, mais depuis que je bourlingue sur la toile et que je fais des travaux pratiques dans les lieux où ces nouvelles pousses découvrent et apprécient le vin, j’ai élargi ma culture du vin.

 

D’ailleurs ma candidature n’est que symbolique je suis tout prêt à céder la place que vous m’accorderiez à l’une de ces jeunes pousses.

 

Bref, comme je me doute que vous fussiez fort occupée madame la directrice, j’en resterai là tout en vous avouant que je suis fort marri de voir recaler des vins que je retrouve sur les plus belles tables de Paris ou d’ailleurs.

 

« L'ennui naquit un jour de l'uniformité. »

 

Pourquoi cet entre soi ?

 

Vous allez me rétorquer que vous n’êtes que l’exécutante patentée des fameuses ODG.

 

Je le sais mais au-delà de la lettre il y a l’esprit et je suis persuadé qu’en sortant un peu de vos rigidités vous pourriez faire évoluer un système qui amène beaucoup des vins d’AOC à leur perte.

 

Par avance je vous remercie d’avoir pris la peine de me lire même si je n’ai que peu d’espoir de voir ma requête prise en considération.

 

Bien à vous.

 

Avec l’expression de mes salutations les meilleures.

 

Un chroniqueur buveur de vin.

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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 06:00
Dis papy c’est quoi l’agroécologie ? Leçon de choses en prenant tous les  « chemins à l’envers » pour Martin au domaine de Cadablès

Avec Christine et Bernard Isarn du domaine de Cadablès ça a commencé ainsi 11 septembre 2012 :

 

« Au Bourg-Pailler, la nuit comme le jour, les portes étaient toujours ouvertes, c’est-à-dire jamais fermées à clé. Qu’avions-nous à voler ? Pas grand-chose certes, mais cette attitude reflétait surtout une façon d’être. Seule la tante Valentine pestait sur ce qu’elle considérait comme du laisser-aller. Je dois dire que tout le monde s’en fichait. S’encombrer de clés, se barricader, n’était pas inscrit dans notre ADN de bons campagnards. J’aime toujours les portes ouvertes où l’on frappe et où l’on répond : entrez !

 

Quand j’étais mioche, du fait du métier de mon père : entrepreneur de battages et de travaux agricoles la salle commune était très souvent occupée par des clients qui venaient soi-disant régler leur note mais qui très souvent après avoir éclusé quelques verres repartaient comme si de rien n’était. Cette forme de table ouverte, de maison où l’on entre et l’on sort, le ballet matinal des bonnes qui venaient quérir le lait pour leurs patronnes (tous les ragots venaient à mes oreilles), m’ont marqué à jamais.

 

De plus, mon pays étant un pays d’épais bocage où la clôture de fil de fer n’existait guère : le buisson entourait les prés et les champs et il était toujours possible de sauter les échaliers qui étaient comme des fenêtres sur.

 

Vous comprendrez donc plus aisément tout le plaisir que j’ai à accueillir du monde sur cet espace de liberté. Vigneronnes et vignerons vous êtes donc en permanence les bienvenus ici alors, une fois la vendange engrangée – faites de belles photos pendant – en surveillant le vin qui se fait profitez-en pour laisser libre-court à votre plume. Vous êtes les bienvenus. Aujourd’hui c’est Christine et Bernard Isarn qui s’y collent, merci à eux. »

 

Les revoili les revoilà :

 

 

Aujourd’hui, mieux campés sur nos terres, nous nous sommes ouverts à la culture car le vin est un esprit et l’entourer de beau est essentiel. La soirée d’opéra sous la lune, les amis corses venus chanter ici, les vendanges nocturnes au piano ou à l’orgue de barbarie, les concerts d’été ne nous ont pas fait oublier l’aspect cultural de la chose.

 

Métier éclectique : culturel et cultural. C’est en observant, en reniflant, en touchant qu’une évidence nous ait apparu. Travailler naturellement, aider, souligner, renforcer l’équilibre existant afin de laisser vivre le système pour qu’il nous délivre le meilleur.

Des raisins à l’état optimum, au paroxysme de leur forme, à la maturité complexe, à l’équilibre satisfaisant pour donner des vins fins, des vins différents, peut- être plus profonds, plus digestes, dès vins qui vous apportent un supplément d’âme, un « je ne sais quoi » de différent comme une étincelle de folie dans un monde technologique, standardisé. Une tache rouge dans le gris ambiant. Une tache rouge indélébile.

 

Le Domaine de Cadablès, sis sur un volcan, est principalement composé de terrasses qui s’étagent plein sud, surplombant la plaine. Au pied, le mas traditionnel abrite le chai. Vingt- cinq hectares de bois, de landes, de friches, de champs dont sept de vignes que nous cultivons dans le respect de l’environnement. Depuis longtemps nous travaillons en bio. Depuis cette année nous nous engageons vers un label reconnu, ainsi avons-nous préféré nous « purifier avant de rentrer dans l’église ». Et puis il nous fallait du temps pour absorber, pour ingérer tout ce système administratif et légal si complexe et retors qui use plus qu’on ne le croit. Qui empêche, qui surveille, qui scrute, qui tranche, qui inspecte, qui juge, qui interdit, qui désespère… Mais fi des paperasses, revenons à nos cultures.

 

Très vite, nous nous sommes penchés sur le concept d’agro- écologie, l’intégration de la vigne dans un ensemble afin de trouver une cohérence. Les vignes ceintes de nos terres, nos landes, nos bois poussent dans un espace protégé où nous avons banni tout intrant chimique en utilisant uniquement des traitements et des amendements autorisés en agriculture biologique.

 

C’est avant tout un ensemble que nous gérons et nous favorisons la bio-diversité en plantant de nouvelles essences, en gardant les haies, et, en éradiquant, mécaniquement, la mauvaise herbe uniquement où cela est nécessaire car on le sait, chaque essence favorise une vie intrinsèque qui équilibre le tout. Friches fleurie, eucalyptus, bientôt des fruitiers donnent une allure plus poétique à la chose et le regard au quotidien n’en est que plus flatté. Dans le fond des dizaines de plantes croissent sur la colline. Sauvages ou cultivée elles apportent au paysage senteur, équilibre et beauté… Les points d’eau aménagés ou naturels, rappellent que sous le volcan la nappe phréatique est bien là. Richesse sudiste absolue l’eau du calcaire rejaillit en des endroits secrets où les soirs d’été les croassements font écho aux hululements. Oiseaux, insectes improbables, venus d’on ne sait où, comme preuve tangible d’un équilibre sauvegardé.

 

 

 

 

Le sol : phénomène complexe vivant - pour peu que l’on ne l’ait pas tué – est rempli d’une vie incroyable de micro-organisme, de vers, de bactéries mieux décrite que je ne le fait par des scientifiques bien renseignés sur le sujet… Nous, c’est à la fois à l’instinct, à l’atavisme, en écoutant, en questionnant, en lisant, en étudiant que l’on comprend comment améliorer cette usine à vie, comment réinsuffler cette énergie vitale pour une vigne les pieds sur terre. Retrouver finalement une culture oubliée par une ou deux générations de chimistes inconditionnels. La chance a sourît aux débutants que nous étions, lorsque nous avons acheté Cadablès en 2004, les vignes étaient plus ou moins à l’abandon car l’ancien propriétaire préférait les joies de la bohème à celle du travail et avait toujours cultivé de manière plus ou moins sensible à l’environnement.

 

Ce merveilleux métier est école de patience. Un laisser venir pas un laisser-aller. On observe, on se questionne et les hasards, pourvoyeurs de bonheur, nous font rencontrer, il y a deux ans une jeune femme qui cherche à installer des vaches jersiaises afin de produire des yaourts. Nous lui proposons alors nos champs et, arrive à Cadablès, un troupeau qui paît l’hiver dans les vignes (tondeuse à l’avant épandeur de fumier à l’arrière) et l’été dans les champs. C’est aussi dans l’humain que l’on avance au quotidien, pas à pas, en confiance.

 

Les vaches, les veaux d’un côté, l’âne et les juments de l’autre, les volailles au milieu donnent au tableau une idée de nature vivante. Entretien animal de nos vignes. Il ne manquerait que des moutons et un berger dans le secteur proche. Il y a un potentiel terrible et nous nous chargerions, si tant est qu’un candidat surgisse, de convaincre les édiles panurgiques d’aller dans ce sens. Le sens du positif, le sens de la vie, le sens de l’évidence. Dussions nous allégrement leur mettre la pression L’idée est lancée : avis aux amateurs…

 

C’est avec l’ami Pierre, compagnon fidèle, que nous avons rajouté les abeilles. Féru d’apiculture et initiateur, il nous a installé quelques ruches pollinisatrices au-dessus du nouveau « terret ». Ses visites donnent lieu à des initiations apicoles, à des échanges fructueux sur l’équilibre global, à des dégustations grisantes où l’on revisite l’agriculture version paysanne, environnementale, humaniste, amicale et joyeuse. Le sens de l’humain au travail, le sens de l’intelligence de la main… Et Dieu sait si l’ami Pierre s’y entend.

 

L’ami Jean Louis, dit « l’expert Fouzilhon », jamais très loin, science paysanne locale, toujours debout, nous apporte en dehors de sa joie de vivre, de ses expressions occitanes, une véritable expertise empirique héritée de tant d’année à côtoyer le paysage.

 

Et le clan ? Au plus proche de l’aventure, nos enfants et leurs compagnes si soudés, si solidaires. Quatorze mains assidues toujours promptes à aider, à soutenir. Sept têtes en réflexion. Sept caractères en action pour le dessein global. Enguirlandages récurrents à l’aune de nos feux intérieurs rééquilibrés par l’immense bonheur d’être ensemble pour une cause commune.

 

L’agro écologie commence ici par les gens, les amis, les copains car faute de moyens financiers débordants nous nous sommes toujours tournés vers des richesses parallèles. Chacun vient ici donner, puiser et repart vers sa vie, puis repasse à son gré faire une bise, un salut, prendre des nouvelles. Cadablès, comme une ile, un foyer bien ardant. Le partage, l’entraide, le soutien, le conseil comme antidépresseur systématique.

 

Trombinoscope non exhaustif de notre petit monde créé sur mesure. Pour dire, il y a aussi des Parisiens, un Québécois qui use de sa faconde pour nous commercialiser à « la capitale « et des Suisses, et des Belges, même un Ricain et j’en passe… Le spectre est large. La galerie Cadablésienne s’enrichit chaque année de nouveau membre qui apporte au système, qui y puise aussi à l’instar de Jean Marie notre boulanger paysan local, époux de Miss yaourt, intarissable sur la farine, le pétrin, la boulange.

 

Les quelques têtes décrites ici ne sont qu’une partie d’un ensemble. La partie culturale. Peut-être devrais-je vous présenter aussi la partie des amis artistes plus éthérés venus maintes fois nous encourager dans nos pérégrinations. Mais pour l’heure nous parlons agro écologie, de façon culturale. Il va falloir aussi, un jour ou l’autre, que le Grand Manu, ami et soutien historique inconditionnel de nos balbutiements viniques, nous forme à l’alchimie de la bio-dynamie. Cela viendra peut-être via nos enfants… Cette entreprise : c’est une vie, me disait dernièrement Christophe, collègue châtelain.

 

Devant le temps qui court sans cesse nous mettons en place à Cadablès un système durable et produisons essentiellement du vin in situ. Un peu d’huile d’olive, un potager, des œufs, des volailles destinés seulement à notre consommation…

 

L’aspect cultural dans le but de produire du bon. C’est toujours difficile de dire que ses vins sont bons, on a du mal. C’est un peu comme ses enfants. Une pudeur s’installe lorsqu’on est tant engagé. C’est les autres qui en parlent le mieux. On ne fait que répéter leur avis. Etudiés depuis cette année à l’école hôtelière de Lausanne, adoubés par des chefs de talent, par de grands guides, exportés outre atlantique et en Europe, nos vins nous racontent la satisfaction de leurs buveurs.

 

Nos événements au Domaine nous font rencontrer tout ce monde. Echanges prolixes qui redonnent sans cesse la foi, qui recentre la voie. En définitive il y a toujours au bout du bout un quidam qui boit un verre et y prend du plaisir ou pas. C’est le sens de notre métier : donner du plaisir aux gens et pour cela il faut en prendre en fabriquant. C’est chose faite. Dans le respect, l’éthique, l’humain mais aussi, en prenant tous les « chemins à l’envers ».

 

Tout naturellement…

 

Bavardages incessants de vignerons enflammés capables d’user et d’abuser de la liberté à laquelle nous invite Jacques que nous remercions de son chaleureux accueil. Concluons prosaïques :

 

Pour plus d’infos : ICI et ICI 

 

Et puis, au plaisir.

 

Christine et Bernard Isarn vignerons indépendants

Dis papy c’est quoi l’agroécologie ? Leçon de choses en prenant tous les  « chemins à l’envers » pour Martin au domaine de Cadablès
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31 mars 2016 4 31 /03 /mars /2016 06:00
Livre d’Utilité Publique la vache qui pleure, non au lait bétonné, karchérisé vive le lait cru de vache jersiaise de Bernard Gaborit !

« Tout part du sol. Les animaux laitiers, tout comme le pied de vigne se nourrissent des micro-organismes vivants contenus dans la terre et dans les végétaux que leur excellent odorat leur permet de sélectionner. Plus ils sont divers, plus ils sont riches et profitables ! Encore faut-il en trouver ! »

 

« La carrière d’une vache se résume ainsi : elle est un moule à veau, un robot à lait, et une carcasse de viande. »

 

« Les vaches jusqu’alors respectées dans leur cycle naturel et leur capacité laitière, en moyenne 500l par an soit 17 l de lait par jour, devinrent des robots à pisser le lait, la race prim’holstein à taches noires battant toutes les autre races çà plate couture. Celle-là même que le public parisien se presse en troupeau pour l’admirer au salon de l’agriculture. Elle représente actuellement 70% du cheptel français. Vouées entièrement à la lactation, certaines d’entre elles produisent jusqu’à 60l de lait par jour avec les artifices de la génétique et des hormones.

 

Serait-on devenu fou ?

 

Fini, les vaches au pré, trop de temps, trop couteux, pas rentable. Le maïs, le soja remplacèrent l’herbe fraîche et le foin, faisant la fortune des marchands de céréales et d’engrais. »

 

« La stabulation des vaches entravées 24 heures sur 24 dans des minuscules box ; la séparation immédiate des veaux après la mise bas dont on sait qu’elle est anxiogène pour l’animal ; l’agrandissement des exploitations qui demanda des investissements financiers colossaux dont beaucoup ne se remettront pas ; les pratiques vétérinaires qui forcent la nature avec des hormones accélératrices de lactation ou des antibiotiques pour soigner les pis des vaches blessés par les robots de traite… »

 

Enfin un beau plaidoyer pour le lait, le vrai, le lait natif de Véronique Richez-Lerouge, qui sait de quoi elle parle, dans la Vache qui pleure.

 

 

Quel plaisir de voir mon minuscule combat contre l’ersatz de lait qu’est le foutu lait UHT et pour la réhabilitation du lait cru est relayé par une spécialiste.

 

 

 

 

Oui, elle a de quoi pleurer la vache de mon enfance, celle dont le lait passait dans l’écrémeuse qui sonnait lorsque la crème, qui servirait à faire le beurre salé baratté par la tante Valentine, pointait le bout de son nez.

 

Je n’ai jamais été un buveur de lait mais je suis un grand amateur de laitages dont mon fameux riz au lait cru de vache jersiaise de Bernard Gaborit et mon non moins millet culte je ne puis qu’être triste en constatant ce qu’est devenu l’icône des goûters de mon enfance La Vache qui rit a vraiment aujourd’hui une très sale de gueule : voir son CV ci-dessous et voir que son concurrent Kiri n’est pas plus ragoûtant.

 

 

 

  • La Vache qui rit de Bel « cette pâte fromagère contient du lait écrémé réhydraté (poudre de lait), fromages de récupération, beurre, protéines de lait, sels de fonte : E452-polyphosphates (émulsifiant classé orange à éviter), E341-phosphates de calcium d’hydrogène, E330-acide citrique, E450-sels métalliques de diphosphates (émulsifiant classé orange à éviter), sel. Stérilisé, il se conserve hors du froid ! »

  • « Le célèbre Kiri (Bel) super est enrichi aux protéines et au calcium ! Fromage blanc dont on ne sait d’où il vient, crème, protéines de lait, sels de fonte E341-phosphates de calcium d’hydrogène, l’émulsifiant E452-polyphosphates, E331-phosphates et citrate de sodium, E330-acide citrique, sel, concentré de minéraux de lait.

« L’obsession de l’hygiène appliquée sur cette matière première fit oublier la définition prémonitoire du législateur de 1909, qui précisait la dénomination « lait » comme le produit intégral de la traite totale et ininterrompue d’une femelle laitière bien portante, bien nourrie et non surmenée ». On en est loin !

 

« Sur quinze échantillons, seul le lait cru de chez Bernard Gaborit acheté au rayon frais d’un magasin bio offre une flore lactique intense et diversifiée… »

 

« Quand l’hygiène démolit le produit, on est en droit de se poser la question de l’intérêt d’acheter bio outre le niveau d’oméga-3. À mon grand désespoir, j’ai constaté que les laits frais pasteurisés, à part de rare cas, avaient disparu là aussi des rayons des magasins bio. »

 

« Dans la communauté scientifique, tout le monde sait aujourd’hui que les traitements thermiques juxtaposés aux pratiques d’élevage infernales sont responsables de la dénaturation du lait et portant la responsabilité partagée de la mauvaise image des produits laitiers. Tout d’abord, le chauffage brutal et aveugle vide le liquide de ses qualités principales notamment de ses micro-organismes vivants (bactéries, levures, moisissures, microbes, etc.), de sa microflore et d’une partie de ses protéines les plus thermosensibles, sans parler des enzymes considérées comme essentielles dans la fonctionnalité digestive. Résultat : un produit sas vie qui s’avère indigeste. »

 

« Au fil des normes de plus en plus drastiques, les laiteries se sont mises à ressembler davantage à des laboratoires carrelés qu’à des lieux travaillant un produit naturel, où aucun germe ne devrait pénétrer, régulièrement javellisées, ce qui avait pour résultante de stopper net la contamination microbienne pourtant nécessaire pour que la chaîne du vivant puisse fonctionner. »

 

« Même les laits crus d’aujourd’hui sont « trop pauvres », se plaignent les transformateurs, en particulier ceux de la filière traditionnelle qui tentent de donner de l’expression à des fromages avec une matière première quasi inerte. Bien souvent, le liquide n’a plus d’aptitude à fermenter tant il est creux et cadavérique. C’est pourquoi on le réensemence avec des ferments et levures de catalogue pour réanimer eu quelque sorte. Les fermiers qui fabriquent du beurre savent très bien qu’un lait pauvre en cellules donnera un beurre vite rance, tandis qu’un haut taux cellulaire donnera un merveilleux produit, au délicieux goût de noisette et à longue conservation. C’est pareil pour les fromages artisanaux. »

 

« Le lait s’est déséquilibré sous l’effet des normes hygiénistes outrepassant bien souvent les règles pour lesquelles elles avaient été édictées. De l’hygiène thérapeutique d’autrefois, on est passé à l’hygiène alimentaire. On raisonne quantitatif, jamais assez qualitatif. »

 

Émile Duclaux qui succéda à Pasteur, originaire d’Aurillac, scientifique et fermier : il possédait une ferme expérimentale en complément de son laboratoire.

 

« À jouer aux apprentis sorciers, nous sommes punis par la nature, à tel point que les chercheurs pour lesquels le terme de « vivant » reste une énigme redécouvrent les bienfaits des microbes et tirent la sonnette d’alarme. »

 

« Un litre de lait animal rapporte plus en « pièces détachées » grâce à un  coefficient multiplicateur qui peut aller jusqu'à 7 en fonction des utilisations. »

 

Les vaches de Bernard Gaborit ont même le droit à des vacances

 

 

« … Bernard Gaborit fait exception dans la filière. Sa réussite inattendue perturbe la pensée unique des fonctionnaires agricoles. Installé à Maulévrier depuis 1979, le credo de cet éleveur est le respect du vivant et de la matière première qu’il tient en haute estime. Son cheptel de 80 vaches de race jersiaise, originaire de l’île de Jersey, réputées pour l’excellent taux de matière grasse de leur lait, environ 55 g/l, est traité comme sa famille. Chaque vache est dorlotée presque comme un animal de compagnie, car elle est la source de la richesse de l’exploitation. Elles ont même droit à des vacances ! Sans ces animaux laitiers généreux et dociles, rien n’existerait pour lui.

 

Grâce à 100 hectares de terres cultivées en bio, l’exploitation de Bernard Gaborit est autosuffisante et n’a pas besoin d’avoir recours aux compléments alimentaires en masse, objet de la spéculation de l’agro-finance. Voilà un producteur heureux qui ne croule pas sous les dettes et qui ne regarde pas inquiet le cours des céréales tous les matins. Les vaches sont nourries de fourrages cultivés sur place : herbes des prairies à fleurs composées, foins, betteraves fourragères et mélange céréalier de pois, orge et avoine. Alors évidemment la qualité du produit est là et la matière grasse en quantité, de quoi régaler les amateurs. Le producteur refuse d’homogénéiser, pratique qu’il qualifie d’irrespectueuse… »

 

 

« À mesure que l’alimentation et la nutrition sont l’objet de toute notre attention, les scientifiques sont sollicités pour fournir des normes… Médias, gourous, pouvoirs publics, industriels, tous s’en mêlent, chacun ayant un avis sur la question, contribuant à une cacophonie nutritionnelle, source de désarroi chez le consommateur. »

Claude Fischler 

 

« Nos problèmes de santé n’ébranlent pas pour autant le mastodonte laitier muré dans la seule préoccupation qui est la sienne, faire des produits inertes, faciles à transporter et rémunérateurs. Je vais même plus loin : il n’a cure de nos soucis de digestion car il sait qu’il fera son beurre avec. Il y a toujours des solutions à tout. En réponse à nos maux, les laitages de nouvelle génération sans lactose, sans protéines, sans plus rien du tout de naturel au final, mais réenrichis en tout et n’importe quoi, envahissent les rayons de supermarché. Son seul objectif est de gagner sur tous les tableaux. »

 

« La logique commerciale et pratique prévaut : les packs de six briques de lait qu’on oublie dans un placard des mois sans se poser de questions, c’est l’idéal… ! sauf pour notre corps. »

 

Le plâtre à prix d’or

 

« Dès lors que l’on procède à une transformation le lait mort qui a été matraqué et vidé d’une bonne partie de ses composants structurels ne répond plus présent. Il est inerte, non fermentable, non fromageable… En guise de béquilles, la technologie vole à son secours pour le réanimer et le maintenir debout avec des artifices du type émulsifiants, acidifiants, conservateurs, correcteurs de goût, protéines, poudre… »

 

« Dans les années 1980, on avait le beurre congelé, stocké dans des hangars de la CEE en attente de destination. Aujourd’hui, on a des citernes entières de minerais de lait en attente de recyclage. Rien ne se perd dans la filière laitière. »

 

« Au fil des chapitres, vous avez pu mesurer l’écart entre un lait cru et un lait karchérisé ou transformé. Ce n’est pas une vision romantique partagée par des hurluberlus naturistes mais bien une certitude scientifique que de dire que ces produits n’ont plus rien en commun. »

 

« Le lait est un fluide complexe. Sa composition dépend de la génétique (par exemple, espèces et races), de l’alimentation du mammifère (herbe, foin, ou ensilage de maïs) et d’autres paramètres tels que le stade de lactation, la fréquence de la traite, et bien sûr la saison. Intervient aussi la nature du traitement thermique dans la modification physiologique du lait, donc de sa composition. »

 

« Moins vous marchez, moins vous marcherez, m’explique un médecin. L’intestin est devenu paresseux avec la consommation de produits morts, il doit être rééduqué. »

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 06:00
Mr LPV tu nous embêtes, Mr Pérez tu nous fais chi… vin nature concept pour bobos-gogos. «S'ils étaient vivants, ils pourraient se reproduire»

L'érudit du vin (sic) qui déguste tous les millésimes du monde, est une référence depuis 15 ans (sic) déclarait à la Dépêche du Midi, organe du veau sous la mère présentement Ministre, avant la sortie de son opus :

 

« La religion du fruit ? Oui, si elle permet d'amener des jeunes au vin, mais les «vins vivants», les «vins nature» sont un concept pour bobos-gogos. «S'ils étaient vivants, ils pourraient se reproduire». Il y voit des rideaux de fumée pour vendre l'improbable. Jérôme Perez dézingue les valeurs surcotées et les critiques complaisants. »

 

J’adore !

 

La vie se résumerait donc à la copulation mais alors à quoi sert la pasteurisation ? Suivez mon regard.

 

« À jouer aux apprentis sorciers, nous sommes punis par la nature, à tel point que les chercheurs pour lesquels le terme de « vivant » reste une énigme redécouvrent les bienfaits des microbes et tirent la sonnette d’alarme. »

 

Je me marre et, pour tout vous dire, comme beaucoup, je me tamponne le coquillard de ces excommunications des cléricaux du vin. Qu’ils nous les lâchent ! Nous sommes libres de nos goûts, de nos choix.

 

Je ne vois au nom de quelle vulgate académique on interdirait à des vignerons qui refusent les chemins balisés de s’exprimer en toute liberté. Qu’est-ce-donc qui dérange cette engeance dégustatrice ? En quoi cette liberté empiète-t-elle sur la leur ? Rien ne les contraint d’emprunter nos chemins.

 

Et comme le dit avec malice Jean-Pierre Rietsch : «nous ne faisons de mal à personne et nos cuvées sont vendues, et bien vendues.»

 

 

Sans faire de la psychanalyse de comptoir c’est le bien vendu qui reste en travers du gosier de ce clergé adorateur des soi-disant « grands vins. »

 

Horreur malheur, ces pisses d’âne, ces fluides aux relents de bouse de vache, ces liquides au goût de chaussette, ça se vend et ça se vend bien.

 

Excommunication immédiate : vins de bobos-gogos…

 

Traduction : rien que des petits branleurs décervelés et des petites nénettes envapées qui n’y connaissent rien… Rien que des ignares qui ne sont pas passés entre les mains des grand-prêtres assermentés à la cause des vins qui portent de beaux costards.

 

Grand bien leur fasse, les chiens aboient la caravane passe…

 

Laissons Mr Pérez qui « fait une petite fixette sur le « grand vin » et ses plus ardents défenseurs français, Michel Bettane et le Grand Jury Européen de François Mauss. » à ses aigreurs et ses frustrations face à un monde du vin élitiste dont il se sent exclu « même s'il a été parfois invité à le rejoindre »

 

Ce n’est pas votre Taulier bien-aimé qui étrille ainsi le dit Pérez mais le Pontissalien Olivier Grosjean, dit Olif, un de ces blogueurs « égocentriques et individualistes », naturiste jurassien, épicurien patenté, buveur dévoyé de vins qui copulent encore car ils sont vivants.

 

Il me tire une belle épine du pied l’Olivier il me délivre d’une chronique rentrée en pondant une critique qui me va très bien.

 

Merci Patron (clin d’œil revendiqué à un film de petits producteurs qui fait un tabac sur les écrans en étrillant un petit propriétaire de GCC cher au cœur de Jérôme Pérez, j’ai nommé Bernard Arnault et ses châteaux.)

 

Lire ICI « Savoir enfin qui nous lisons! » 

 

Extrait

 

« On pourra se délecter de sa propre théorie (que l'on aura le droit de juger fumeuse) sur le terroir et la typicité, d'un couplet (un brin sarcastique, bien dans le ton LPV) sur la biodynamie, sans oublier le meilleur et le plus convenu, les poncifs sur les bobos et le vin nature (considéré comme le "phylloxera" du XXIème siècle, rien que ça!), le marronnier du forum par excellence.

 

Si LPV était un blog, ce livre serait un blook, la transcription sur papier des thématiques favorites les plus polémiques que l'on peut y lire (ou pas), avec le point de vue totalement partial de son auteur, parfois complètement à côté de la plaque. Des blogs (aux auteurs "égocentriques et individualistes") volontiers égratignés par Pérez, le seul émergeant et digne d'intérêt pour lui étant celui de François Mauss, « parce que ceux qui s'y expriment savent quand même de quoi ils parlent ». Intelligentsia du vin, quand tu nous tiens! On a tout de même visiblement un peu besoin de ces blogueurs « dont l'audience n'est jamais au rendez-vous » pour assurer un minimum de promotion à l'ouvrage...

 

Ce livre trônera sans doute avec fierté sur le chevet des millions* de passionnés de la Passion du vin. Les passionnés de vin tout court pourront toujours s'en servir pour caler leur table de chevet, le cas échéant.

 

Je signale au sieur Pérez que mon minuscule espace de liberté, ouvert à tous les vents depuis plus de 10 ans, même les contraires, ce mois-ci, vogue vers les 37 000 visiteurs uniques (un clic) et les 45 000 pages vues, c’est modeste mais ça n’a rien à voir avec l’audience des derviches tourneurs de la LPV qui se chatouillent le nombril... 

 

*d'après les manifestants. Un peu moins selon la Police. »

 

Défense est venue par dernier bateau à tout petit nègre de montrer sa peau…

 

Monsieur Béranger tu nous embêtes, Monsieur Béranger tu nous fais chier…

 

René Bérenger (22 avril 1830-29 août 1915) avocat, magistrat, criminaliste et homme politique français qui mena une campagne sévère pour le respect des bonnes mœurs, qui lui valut le sobriquet de « Père la Pudeur »

Mr LPV tu nous embêtes, Mr Pérez tu nous fais chi… vin nature concept pour bobos-gogos. «S'ils étaient vivants, ils pourraient se reproduire»
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