Overblog Tous les blogs Top blogs Économie, Finance & Droit Tous les blogs Économie, Finance & Droit
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 06:00
Le classement de la RVF des 200 personnalités du vin c’est vraiment à la gueule du client…

«Le feuilleter est presque aussi revigorant qu'un verre de chablis. À la lecture, ce palmarès des 200 personnalités les plus influentes dans l’univers du vin est comme un élixir dynamisant, un concentré d’optimisme, de fierté, avec même les arômes délicats d’une certaine prospérité que l’on ne rencontre plus tous les jours en France

 

Le regard de la RVF « … est tout sauf matérialiste. Nous célébrons ici des savoir-faire, le goût de la transmission, l’amour des hommes (il y en a en chaque vigneron, on ne fait pas du vin sans amour), pas simplement des fortunes professionnelles ni des comptes en banque bien remplis. »

 

Amen !

 

C’est signé du Révérend Père Denis Saverot.

 

« Ils sont 200 personnalités incontournables de la viticulture française. Ceux par qui leur passion, leur puissance économique, leur inventivité font prospérer le vin français dans l’Hexagone et au-delà.

 

La presse fourmille de classement, le plus souvent fondé sur la fortune ou le chiffre d’affaires. Par sa dimension civilisationnelle, culturelle, artistique et humaine, le vin dépasse ces critères certes objectifs mais arides. Nous avons donc décidé de fonder notre palmarès des 200 personnalités du vin sur la notion d’influence. C’est-à-dire en essayant de mesurer le rayonnement de leur action professionnelle sur leurs clients, leurs concurrents, au sein même de leur entreprise et aussi, naturellement, en évaluant l’efficacité de leur travail pour promouvoir le vin français.

 

C’est justement cette notion d’influence qui fait cohabiter dans un même palmarès de « simples » vignerons tels que Thierry Germain (169e), qui cultive 28 ha de vignes dans la Loire, ou Anselme Selosse (62e), qui produit 57 000 bouteilles par an en Champagne, avec Pierre Castel (4e) qui revendique 640 millions de bouteilles par an.»

 

C’est ainsi que commence le papier de présentation du palmarès de la RVF

 

  • Les incontournables de 1 à 50

  • Les influents du vignoble de 51 à 150

  • Il faut aussi compter sur eux de 151 à 200.

 

Ces 3 dénominations me font sourire, il est simple de contourner un incontournable croyez-moi, surtout si, comme les deux premiers, Bernard Arnault et Alexandre Ricard, il n’y a guère de chance de les croiser sur les chemins du vin français ; les influents, eux, sont souvent, comme les intrants, il est possible de s’en passer sans prendre de risques démesurés ; enfin les 50 petits derniers apprécieront le aussi. Mais, ceci écrit, ne comptez pas sur moi pour affirmer que, parmi les 200 certains, n’ont pas leur place ou que leur rang est injustifié. Même si je me dis que pour une fois les absents sont bien contents de ne pas en être.

 

Ce qui me pose question c’est :

 

  • La notion d’influence.

  • La légitimité d’un jury, composé pour la plus large part de dégustateurs, pour mesurer le rayonnement des élus et évaluer l’efficacité de leur travail.
  •  

Dans notre beau pays, le plus bel et le plus vieil outil de mesure de l’influence est le Who’s Who, tu en es ou tu en n’es pas, et tu es classé par ordre alphabétique quel que soit ton poids spécifique. On te demande si tu veux en être, si oui tu rédiges ta notice et tu n’as pas intérêt à la bidouiller comme beaucoup de CV.

 

Bref, je trouve affligeant ce genre de classement qui repose en grande partie sur la gueule du client, avec tout ce que cela comporte comme arrière-pensée de retour sur investissement. Quant aux notices, signées par l’un des classificateurs, certaines valent leur pesant de cirage de pompes, d’hypocrisie – celle de B&D a la gueule d’une notice boursière – ou de mauvaise foi.

 

Tout ça n’a guère d’importance mais à force de se payer de mots on les dévalue ce qui n’est pas sans conséquence dans le peu de crédit qu’accordent les citoyens-consommateurs à leurs décideurs, à leurs médias.

 

L’influence c’est quoi ?

 

Depuis toujours, des hommes cherchent des voies et moyens pour obtenir d'autrui un acte ou un consentement, sans menace ni contrepartie, mais simplement en modifiant sa perception ou son opinion. Force de la persuasion, gagner les cœurs et les esprits, prestige de l’image, storytelling propagande, publicité, lobbying, diplomatie publique ou d'influence stratégique... et maintenant d’e-influence.

 

Cela s'appelle l'influence.

 

La relation d'influence s’exerce :

 

  • Dans un rapport entre individus : par l'attraction ou la séduction de son image ou de son exemple, par des paroles convaincantes, par divers stratagèmes…

  • Dans un rapport social : toutes les croyances communes, habitudes, normes, stéréotypes..., tout que nous recevons de notre groupe ou de notre milieu, tout ce qu'il y a de collectif en nous témoigne à un degré ou à un autre d'une influence : une part énorme de notre vie psychique nous a été inculqué ou suggéré, même s'il nous est désagréable de l'admettre.

En sens inverse, des minorités actives peuvent réussir à imposer leurs idées ou valeurs, à renverser des conservatismes ou conformismes et faire adopter leur nouvelle norme à une majorité comme si elle avait toujours pensé ou désiré cela dans le tréfonds de nous-même…

 

  • dans un rapport politique : des élus sur leurs électeurs par la propagande ou la communication politique pour gagner leurs votes et conquérir le pouvoir ; des électeurs sur les élus via les médias, associations, ONG, manifestations, groupes d'intérêts… pour peser soit directement, soit via l'opinion publique sur l'exercice effectif de ce pouvoir. Ce n'est pas par hasard que l'on parle de groupes de pression ou d'influence.

  • dans un rapport stratégique, entre les différents « acteurs » dont les volontés s'opposent : chacun recherche la victoire en utilisant au mieux ses atouts. Gagner ! Des parts marchés. Des clients. Sceller des alliances. OPA. La guerre économique. L’espionnage économique. Obstacles aux échanges. Protectionnisme. Droits des marques…

  • Dans un rapport « idéologique » d'influence de propagation de l'idéologie. C’est le combat pour gagner des têtes. La notion même d'idéologie implique expansion et conversion, processus où les moyens de faire croire ne sont souvent pas moins importants que le contenu de la croyance contagieuse.

L’idée que l’influence est inséparable de l’action économique, ou, si l’on préfère qu’il est aussi important de communiquer que de produire ou de vendre n’est pas exactement nouvelle.

 

Désormais, l'entreprise doit mobiliser des relais dans l'opinion pour susciter une forme d'adhésion, notamment : envers l'image qu'elle souhaite incarner en mettant en avant ses valeurs par les méthodes dites de storytelling où elle formule son histoire, une saga dans laquelle ses salariés et ses consommateurs se reconnaissent.

 

L’intelligence économique, l'acquisition de l'information stratégique, la veille mondiale, la protection et le contrôle de l'information sensible, sont d’une grande importance dans le poids spécifique de leur influence sur les marchés financiers et commerciaux, sur les décideurs politiques de tous niveaux, nationaux, mondiaux, OMC, UE, multi et bilatéraux, sur les experts, les agences… Ce sont les actions de lobbying qui consistent à agir par l'information sous toutes ses formes - argumentation, séduction, négociation... pour obtenir des détenteurs de l'autorité une loi, un règlement ou une décision favorables.

 

« L'influence dans le domaine économique fait désormais interface entre l'économie au sens classique (la production, la répartition et la consommation de ressources rares) et deux autres domaines fondamentaux de l'activité humaine. D'une part, la politique : l'acteur économique cherche à modifier en sa faveur certaines décisions qui, en principe, ne devraient être régies que par les critères du Bien Commun. D'autre part, qu'il s'agisse de rendre ses produits plus désirables, d'améliorer ou de protéger sa propre image, toute stratégie économique intègre des facteurs non quantifiables, culturels ou sociaux : des "courants" de consommation, des attitudes face à l'entreprise ou à certaines formes de production, des comportements en réponse au risque (technologique, écologique, éthique), de nouvelles formes d'expression, mais aussi des modes inédits de socialité... »

 

Ceci écrit, et sans que l’on sache très bien dans ce classement qui influe sur qui ou sur quoi, il est légitime de se poser la question comment les notateurs de la RVF ont-ils procédé pour mesurer le rayonnement des récipiendaires et évaluer l’efficacité de leur travail ?

 

Mystère !

 

Pour classer, il est nécessaire de peser, de noter, d’évaluer, donc sans être mauvaise langue il est possible d’imaginer que, tel le grand Bob, nos classeurs se sont basés sur une notation sur 100. Il serait plaisant d’accoler cette note en vis-à-vis de chaque nom. Pour ne froisser personne, ce n’est vraiment pas le but de l’exercice, sauf pour le Dr Rigaud qui clôt - rien à voir avec le champagne - la liste, l’utilisation du ½ point s’impose.

 

Je plaisante à peine.

 

Pour le reste il vous suffit, comme moi dans la douleur, de vous délester de 6,50€ afin d’acquérir ce numéro dans lequel Antoine Gerbelle est encore dans l’Ours : viré depuis !

 

Quelques commentaires de dégustation :

 

  • Les Ministres passent, Le Foll (151e) Jérôme Despey (3e) comme les fonctionnaires reste… c’est la règle mais ce n’est pas pour autant que le monopole de la FNSEA sur la vigne ait apporté un nouveau souffle sur celle-ci.

  • Lolo (23e), le héros de la COP 21 et grand organisateur de pinces-fesses au Quai, qui est plutôt tango au coude à coude avec le bad boy de Bordeaux (24e) qui lui est à 1000% rock-and-roll.

  • Les coopérateurs d’Oc, Boris&Joël, le grand retour : Calmette (35e) et Castany (36e) les frères ennemis de l’Aude et de l’Hérault embrassons-nous Foleville !

  • Exit le grand Jacques des pays d’Oc au profit du bien pâle porte-serviette Simonou (42e)

  • Alain Vauthier (75e) le discret stratège de Saint-Émilion, ha, ha… il ne mentionne plus sur sa prestigieuse étiquette le classé A accordé à des galapiats… sacré Alain !

  • Jacques Dupont (112e) l’infatigable arpenteur des petites appellations de l’Hexagone (sic) et allié du groupe de lobbying Vin&Société (re sic) pour Vino Bravo. Vraiment torchée cette notice.

  • Antoine Arena le patriarche de Patrimonio (137e) ho, ho… avec le jeune Simeoni aux manettes à Ajaccio peut-être qu’Antoine prendra la peine de descendre chez les sudistes.

  • Antonin Iommi-Amunategui, le blogueur fort en gueule, l’animateur de la nuit des vins nus, n’est que (191e) presqu’à la queue, normal… alors que la madame qui l’a précédé au palmarès elle est passée à la trappe.

Mais où est donc passée Isabelle Saporta ?

 

Moi je l’aurais bien vu ex-aequo à la 28e place au plus près de l’homme aux bottes blanches et au petit sécateur.

 

Et Miren de Lorgeril, la lauréate Entrepreneure de l'année de la Tribune Women's Awards 2015 –

 

Caramba un gros raté !

 

Pauvre Christian Paly le président de l’INAO vins n’en est pas, est-ce à dire que l’INAO compte pour zéro il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas au vu des ennuis des recalés de la dégustation. Mais bon la RVF ne s’attache pas à ces petits détails de la vie vigneronne puisque pour elle le renouveau du bio c’est Chapoutier et Gérard Bertrand. Ne riez pas camarades cavistes alternatifs amateurs de vins nature Denis Saverot passe de temps au Jeu de Quilles pour vous caresser dans le sens du poil.

 

Je m’en tiens là, il y a tant et tant dans ce classement de pépites porteuses de beaux encarts et de présence salonarde que, si je perdurais dans mes railleries, mon ami JP. Lubot en serait bien fâché. Comme la dernière fois je lui ai fait voisiner la porte de Marie-Claire ce ne serait guère charitable.

Faut pas fâcher à la veille de Noël « paix sur la terre aux hommes de bonne volonté… »

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 06:00
Du piment, au Pérou. REUTERS/Enrique Castro-Mendivil

Du piment, au Pérou. REUTERS/Enrique Castro-Mendivil

Plutôt que de vous défouler sur votre clavier en postant des brassées de «casse-toi, pauvre con !» ou autres amabilités de la même eau sur le mur de vos « amis » de Face de Bouc ; de faire des « bons mots » à l‘apéro chez Momo le bistrotier conservateur des brèves de comptoir ; de vous empailler avec vos collègues à la cantine de votre boîte autour d’un steak frites d’origine indéterminée ; de vous engueuler avec votre beau-père, votre gendre ou le papy qui votent avec leurs pieds ; je vous conseille de faire séminaire ou retraite avec vous-même en vous retirant dans votre cuisine.

 

Le rouge vous est monté au front alors saisissez-vous d’une poignée de piments, rouges bien sûr !

 

Coupez-les violemment en rondelles et jetez-les brutalement dans une poêle où de l’huile d’olive grésille…

 

Faites-les revenir sauvagement avec une ou deux gousses d’ail !

 

Déjà, je sens que vous allez un peu mieux, pendant que l’ail se colore vous suez votre rage, elle s’apaise, votre courroux se dissous, votre colère blanche rejoint la planche où vous envoyez baller les gousses rousses.

 

Et pendant ce temps-là dans un grand faitout, où l’eau bout, salée d’une ample poignée, les penne ne sont pas à la peine, elles dansent une folle barcarole avant d’être balancée al dente dans la passoire.

 

L’heure est aux tomates pelées que vous désincarcérez de leur boîte avant de les mixer ou de les émietter pour les balancer dans la poêle avec les piments rouges

 

Le geste vous défoule, face à vous tout est nappé de rouge, broyez vivement du poivre et du sel, ça calme, puis cool feu doux pour le tout un bon quart d’heure.

 

Vos penne al dente ont cessé de danser alors faites-les sauter dans la poêle, jouez du poignet c’est excellent pour être zen.

 

Platée avec doigté, vous êtes calmé...

 

Avant de râper du pecorino romano ou du parmigiano reggiano sur vos penne, vous pouvez encore proférer vos dernières grossièretés.

 

Expulsion !

 

Respiration !

 

C’est fait vous venez de vous préparer des penne de la colèreLes penne all’arrabbiataL’arrabbiata : l’enragée !

 

Buon appettito!

 

Librement inspiré  de La vraie (vraie) recette des penne all’arrabbiata par Floriana

 

Cristiana Galasso è Feudo d’Ugni

 

Les penne all'arrabbiata | Mario Batali

 

Mes penne all'arrabiata à moi 

 

Tout vient de chez Alessandra : le vin, les pomidori, les piments et le pecorino romano

Les pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez AlessandraLes pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez Alessandra
Les pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez Alessandra

Les pominodori dont des pominodori del Piennolo del Vesuvio, les fraîches sontde plein champ serres froides de Sicile qui normalement sont mûres en février mais vu la chaleur elles sont chez Alessandra

At 2 a.m., it’s almost impossible to say no to spicy. Clockwise from top left: Spicy 3-Minute Calamari, Penne All'Arrabbiata and Spicy Shrimp Sauté.

At 2 a.m., it’s almost impossible to say no to spicy. Clockwise from top left: Spicy 3-Minute Calamari, Penne All'Arrabbiata and Spicy Shrimp Sauté.

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 06:00
Touche pas à mon Derain !

Attendu que je n’ai de comptes à rendre à qui que ce soit…

 

Attendu que je n’organise aucun salon, que je ne chronique dans aucun magazine ou spécial vins, que je ne fais pas la chasse aux encarts publicitaires…

 

Attendu que je ne fais pas de ménages…

 

Attendu que je n’ai pas de prix…

 

Attendu que je n’ai que peu de goût pour le concubinage constant de l’Administration avec la Profession agricole…

 

Attendu que j’aime ma petite planète, ses vers de terre, ses petites bestioles, ses fleurs et ses herbes folles…

 

Attendu que j’aime boire bon et sain.

 

Selon une jurisprudence bien établie je m’occupe de ce qui ne me regarde pas.

 

Aujourd’hui je le fais parce que, par-delà le cas d’espèce de Dominique Derain, se pose un problème de fonds : le droit protège-t-il un métayer face à un propriétaire qui désapprouve ses choix ?

 

 

Dominique Derain pratique la biodynamie, c’est son choix, ce que n’a pas eu l’heur de plaire au propriétaire de la parcelle de vigne cadastrée AD 152 lieu-dit « En Vosne » de 1802 m2 AOC Gevrey-Chambertin.

 

L’EARL Derain la loue en vertu d’un bail en métayage de 9 ans, depuis 1995, à un lointain GFA du nord de la France.

 

Que ce propriétaire, un héritier, n’aima pas les vins de Derain c’est son droit, mais je ne vois pas au nom de quoi il est venu chercher des poux sur la tête de Dominique, sauf à ce que la pratique d’une viticulture respectueuse de son environnement se révéla moins juteuse pour lui que celle que l’on qualifie bien rapidement de conventionnelle.

 

Je ne sais je ne pratique plus les baux ruraux et je ne fais aucun jeu de mots Dominique…

 

En 2006, il en fut pourtant ainsi, procédures à l’encontre de Dominique Derain pour aboutir le 29 octobre 2008 à un protocole d’accord signé entre les deux parties, qui prévoyait que Dominique Derain devait libérer sa parcelle après la vendange 2015.

 

Pour faire quoi de ces terres ?

 

-  Que le propriétaire les cultivât lui-même ?

 

-  Bien sûr que non, tout simplement les confier à un autre locataire plus docile, plus conventionnel quoi…

 

Et c’est là que notre droit, avec la complicité de l’Administration et des Organisations Professionnelles agricoles, ne protège en rien les choix culturaux de Dominique Derain. Des choix qui sont bons pour notre petite planète et qui participent à la notoriété de la Bourgogne dans un monde normalisé.

 

En effet, alors que le protocole d’accord ne l’empêchait pas de postuler pour une nouvelle attribution, l’Administration a oublié de l’en prévenir. Tiens donc ! Je ne vous parlerai ni de passer la salade pour recevoir la rhubarbe, c’est déjà pris.

 

Comme le fait remarquer avec pertinence Dominique Derain « Il faudra m’expliquer comment un domaine qui a déjà le double de ma surface de production, possédant des Grands crus, des 1ier crus et des appellations villages sur Gevrey-Chambertin est prioritaire sur mon exploitation.

 

« J’attire votre attention sur le fait que cette parcelle de 28 ares (surface minimum reconnue selon les critères de la SAFER pour permettre de vinifier dans de bonnes conditions) va se retrouver amputée des 2/3. Je suis propriétaire des 10 ares restants. »

 

Voilà le problème posé, outre que cette parcelle, hautement valorisée par Dominique Derain dont les vins sont reconnus et appréciés par la restauration et les amateurs, va quitter le petit monde de la viticulture propre, celle hautement souhaitée par Aubert de Vilaine pour assoir la réputation des Climats de Bourgogne, pour retomber dans le marais de la viticulture conventionnelle.

 

Un confetti, un timbre-poste, me rétorquera-t-on !

 

Peu me chaut c’est la méthode que je conteste, et je la conteste d’autant plus qu’elle se fait sous le couvert de la puissance publique.

 

C’est pour cette raison, alors que les lions sont lâchés : Dominique Derain vient de recevoir une assignation en référé devant le TGI de Dijon à l’instigation de son bailleur, que je mets mes petits pieds dans le plat.

 

Amis de la Toile soyons solidaires, mobilisons-nous et déclarons « Touche pas à mon Derain ! »

 

Affaire à suivre…

 

 

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 06:00
Ne faites pas ces yeux de merlans frits avec mon merlan en colère je vais vous décoiffer la couenne…
Ne faites pas ces yeux de merlans frits avec mon merlan en colère je vais vous décoiffer la couenne…

J’aime ma langue !

 

J’aime quand elle gouaille : « Elle porte une robe de plumes d'oiseaux d'une couleur allant du vert sombre au noir clair. Coiffure élaborée par un merlan pédoque. Tu verrais cette ruche sur sa tronche! La grande Catherine ! — (San Antonio, Trempe ton pain dans la soupe, Fleuve Noir, 1999).

 

«En face, un coiffeur. Le merlan me coupe les douilles et me gratte la couenne

 

J’aime la faire rebondir, le mot se fait bidoche, le merlan étant aussi l’un des 3 morceaux du boucher avec la poire et l’araignée. C’est un petit muscle long et plat très tendre d’environ 800g à 1 kg ressemblant au poisson du même nom et qui convient pour les biftecks.

 

 

Toutes ces variations partent donc du poisson : « … quand il était d'usage de porter de la poudre dans les cheveux : les coiffeurs en étaient couverts et ressemblaient à des merlans roulés dans la farine (Encyclopediana 1857) »

 

Faire des yeux de merlan frit c’est avoir les yeux levés au ciel, de manière affectée, ridicule, ne laissant paraître que le blanc de l'œil.

 

« Il se frotte le derrière, en faisant la bouche «en cul-de-poule» et les «yeux de merlan frit» (Adam, Enf. Aust., 1902, p.22).

 

 

Le poisson en question est donc le merlan dont le nom se relie en derière analyse à celui d'un oiseau le merle. En effet, Pline emploi le nom latin merula "merle" pour désigner par métaphore  un poisson de mer de couleur noir, aujourd'hui nommé merle de mer. Plus tard, c'est un nom dérivé de merle qui a été donné à d'autres poissons de mer lui ressemblant. C'est ainsi qu'est apparu merlan, et Linné, en 1758, a retenu pour ce poisson le nom d'espèce merlangus.

 

Noir, blanc ou bleu ?

 

Une autre couleur vient enrichir la palette du merlan, le bleu, cette espèce mérite une attention particulière car elle fait partie des 10 poissons les plus pêchés du monde.. Il est utilisé principalement pour la fabrication de la pâte de poisson, d'origine japonaise : le surimi.

 

Notre merlan est commun, merlangus vulgaris, qu’il ne faut pas confondre avec le merlan jaune, merlangus pollachius, plus connus sous l’appellation de lieu jaune, qui est beaucoup plus grand : 1,3 m de long.. Ce merlan blanc qui possède un corps effilé et une bouche largement fendue qui renferme de nombreuses dents fines. La mâchoire supérieure du merlan est légèrement proéminente. Parfois le merlan possède un très petit barbillon mentonnier, mais il peut être absent. Le merlan a une tache noire toujours présente à la base de la nageoire pectorale et il possède deux nageoires dorsales molles. C’est donc un visage pâle au dos gris verdâtre, aux flancs d’un blanc teinté de jaune et au ventre argenté. C’est un vorace, friand de crevettes et de crustacés, il aime aussi le poisson, les harengs en particulier, même ses frères merluchons.

 

Le merlan atteint sa maturité sexuelle à l’âge de 2 ans. Il mesure alors 30 cm et il pond entre janvier (Golfe de Gascogne) et mars (Manche Ouest) une quantité de 100 000 à 1 million d’œufs sur une durée de 10 semaines. Les larves pélagiques qui naissent évoluent souvent cachées sous les méduses à l’abri des carnassiers et se nourrissent des ovaires de méduse. À partir de 5 à 10 cm, les jeunes merlans se rapprochent de la côte et restent près du fond entre 5 et 30 m de profondeur, parfois même dans les zones portuaires et quais mélangés aux tacauds.

 

Le merlan se pêche à différentes périodes selon les secteurs géographiques, mais on peut affirmer qu’il est présent dans toutes la France entre septembre et octobre, jusqu’à novembre de la Vendée à la frontière Espagnole. Ils se prennent l’hiver à la côte comme au large, de jour comme de nuit, et les plus gros spécimens se trouvent sur les roches et épaves dans plus de 30 mètres de profondeurs. Les merlans sont des poissons benthiques qui se tiennent souvent près du fond et se déplacent parfois en bancs très denses.

 

« La pêche au merlan est caractérisée par une quantité importante de rejets. Entre 2004 et 2013, les rejets de merlan sont restés très importants et avoisinaient en volume et poids les captures qui sont effectivement commercialisées et consommées. Les rejets sur cette espèce seront interdits à partir du 1"janvier 2016 (voir encadré). A ce jour, les mesures techniques de conservation de la ressource comprennent une taille minimale de commercialisation fixée à 23 cm dans les zones Skagerrak, Kattegat et Sound, et à 27 cm dans les autres zones. ... » 

 

Des stocks fragiles 

 

 

Le merlan a été le plat du pauvre jusqu'à la fin du XXe siècle. Il était transformé pour l'alimentation animale. Il est depuis devenu un mets apprécié et recherché. En France, il est vendu principalement frais, entier, vidé. Sa chair blanche et feuilletée a un goût délicat lorsque le poisson est très frais. Malheureusement assez fragile, le merlan s'altère vite. Le merlan de ligne est le préféré des restaurateurs. Le merlan a une chair blanche, délicate qui se divise en feuillets après la cuisson. Il s’achète aussi souvent en filets. Cuit à la vapeur, assaisonné, un filet d’huile d’olive et une larme de vinaigre, accompagné de petites patates vapeur, c’est l’un des poissons maigres que les petits et les grands mangent facilement.

 

 

Bien sûr il y a les fameux merlans en colère qui se mordent la queue et le merlan «façon Colbert» 

 

En Belgique et au Pays-Bas, il est traditionnellement cuisiné frit, façon « fish and chips ».

 

Recettes et techniques de merlan du Chef 

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 09:15
La belge m’a tué…

Depuis le temps du Bourg-Pailler j’en ai connu des soirées électorales, d’abord l’oreille collée au gros poste de radio, ensuite face à la télé où les gros calibres dégainaient à loisir loin des éléments de langage formatés par les communicants.

 

Et maintenant c’est cuit, la faute aux réseaux sociaux qui se moquent des frontières…

 

Et je Twitte que je te twitte les évaluations des sondeurs relayées par les médias belges…

 

À 20 heures c’est plié ou presque, les présentateurs en plateau ont bonne mine, leurs camembert colorés sentaient le réchauffé.

 

Et pour couronner le tout ce sont des seconds couteaux qui les entourent, les chefs font leur petit speech puis se tirent au Parc des Princes voir jouer le PSG.

 

Et à 22 heures c’est plié, sur la Une ils ont programmé le Dîner de Cons.

 

M’en fiche y’a belle lurette que je ne mate plus la télé.

 

Oui, mais la télé peut soupirer la belge m’a tuée… Adieu PPD et autre Roger Gicquel…

 

J’en connais une, une gourgandine qui, par mon titre alléché, doit être bien déçue par ma chute.

 

Deux satisfactions tout de même :

 

- Ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

 

- Au Lapin, samedi soir, propos de comptoir de ma pomme : y’aura pas d’élus FN et la gauche va prendre une gamelle en Ile-de-France s’est révélé exact.

 

Que dire de plus :

 

  • 2 régions, dites bastions d’un PS au bout du rouleau, qui de toute façon seraient tombées à droite, ont évité l’extrême-droite par la vertu d’une dynamique de type front républicain, n’en déplaise au petit ni-ni.

  • Qu’en Bretagne où Le Drian fait un score de Maréchal, comme dans la région improbable Aquitaine-Ségolène et Corrèze, deux grosses pointures ont gagné les doigts dans le nez. Même qu’Hubert nous dit en répondant à la question : « Le deuxième tour des régionales a lieu demain dimanche. Vous êtes plutôt Virginie Calmels ou Alain Rousset ?

 

H. de B. Alain Rousset est un excellent président de région. Il a toujours été à l’écoute en particulier de la viticulture. Je m’entends bien avec lui. Les dossiers avancent. Ce qui ne veut pas dire que Virginie Calmels ne soit pas une femme de qualité. Les scrutins régionaux doivent aussi s’attacher à la qualité des personnes. Alain Rousset a fait un bon parcours et ce qui lui arrive est mérité.

 

  • En Occitanie une satisfaction : le Reynié de Sciences-Po a pris une mufflée, j’ai suivi sa campagne sur Twitter c’était arrogant et désolant de prétention ; la gauche peut lui dire merci de s’être maintenu au second tour pour faire battre cette outre d’Alliot. Mais l'issue du scrutin aurait été légèrement différente si la réforme territoriale n'avait pas eu lieu : Louis Aliot aurait pu remporter la bataille en Languedoc-Roussillon, où il a obtenu 40,42% des suffrages

  • Une déception en Normandie : le bourrin de Morin a gagné d’une encolure.

  • Wauquiez, le succédané de Villiers et notre Pécresse ont fait des risettes aux détracteurs du mariage pour tous, ça paye surtout la dernière qui a bénéficié des voix du faux hipster Saint-Just.

  • L’Est reste à droite avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, normal.

  • La Bourgogne et la Franche-Comté restent à gauche d’un cheveu, normal Sauvadet est bien fade, un vrai centriste quoi.

  • La Corse, elle, voit un autonomiste habile, Simeoni maire de Bastia, allié au 2e tour avec ses « frères indépendantistes Talamoni, faire la nique à la gauche de Giaccobi et à la droite de Rossi, mais c’est un statut particulier va falloir passer des alliances pour gouverner. Avec qui ?

 

  • Reste la région dont personne ne parle, le Centre-Val de Loire, qui reste à gauche d’un cheveu.

  • Du côté de l’Outre-Mer, silence radio… tout le monde semble s’en foutre même si la Coupe Davis ira faire un tour en Guadeloupe.

Nos amis allemands tapent juste : "Spiegel" "au lieu d'analyser le succès du FN et trouver des réponses, la France donne depuis longtemps dans l'hystérie et l'émotion"

 

Le FN gagne 800.000 voix entre les 2 tours : +26% en Languedoc-Roussillon et -10% en Ile-de-France via @ldeboissieu

 

soutient la ligne : "Elle a raison!" Si la gauche avait appliqué le ni-ni la droite aurait perdu en PACA/NORD.

 

Retweeted Marxistes avec Juppé (@MarxistesJuppe):

Sarkozy a un genou à terre, notre camarade @alainjuppe doit en profiter pour l'achever ! ‪#‎electionsregionales‬

 

Pour terminer je dois concéder à Xavier Bertrand la palme de la dignité hier au soir, il a su trouver les mots qu’il fallait, à lui d’y joindre des actes.

 

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 06:00
Je me suis abstenu…

Ouille, ouille Jacquouille, j’imagine votre tête. Il s’est abstenu, non, pas lui. Si, si, si, je me suis abstenu mais attendez avant de monter sur vos grands chevaux, n’instruisez pas mon procès et ne me condamnez pas avant de m’avoir lu.

 

Oui tout au long de la semaine passée je me suis abstenu mais, rassurez-vous, hier, je suis passé par la case isoloir pour faire mon devoir électoral à l’heure du déjeuner.

 

Hormis le petit plaisir de vous faire bisquer – j’adore cette expression si peu usitée – mon titre reflète mon profond désarroi face à la prolifération des analyses, des contre-analyses en long, en large et de travers, des tribunes, des points-de-vues, des invectives, des petites phrases, des discours furieux, creux, des petites et minables manœuvres, des postures, des appels à…

 

Dans notre vieux pays fourbu, une grande majorité de citoyens ne votent pas, à chaque scrutin qui s’offre à eux ils sanctionnent soit en allant à la pêche, soit en votant pour n’importe qui. Vous me direz qu’ils n’ont pas tout à fait tort puisqu’à force de gober, comme des jobards, des promesses, ils estiment qu’ils sont en droit de sortir les sortants. Pourquoi pas, même si ce slogan a un fumet qui me déplaît.

 

Dans cette dernière votation, je rappelle que ce n’était que des élections régionales, avec de nouvelles géométries pour beaucoup de régions, et qu’une grande majorité des électeurs se fichait pas mal de savoir si les sortants avaient ou non démérités. L’essentiel était ailleurs : sanctionner la majorité nationale, la caste politique dite républicaine dans son ensemble, les élites pour faire court. Là encore pourquoi pas !

 

Ce qui m’interroge c’est que l’électeur éjecteur choisi par défaut ceux qui se proclament anti-système, contre les élites, en une forme de national-populisme, avec une prédilection très forte pour une droite extrême ; l’extrême-gauche, elle, se contente des miettes.

 

Et c’est à ce moment-là que nos grands politologues, éditorialistes et intellectuels de toutes les crèmeries à cervelle, sortent l’arme fatale, celle qui, telle les V1-V2 d’oncle Adolphe, va régler tous nos problèmes : le nécessaire renouvellement de l’offre politique.

 

Et c’est à ce moment-là où je m’abstiens face à un problème qui relève du paradoxe de la poule et de l’œuf.

 

En effet pour générer une nouvelle offre politique encore faudrait-il pouvoir identifier clairement quelle est la demande politique. Et là c’est le souk, le capharnaüm, le bordel pour causer poliment…

 

Alors vous comprenez pourquoi je fuis, je me dérobe, je m’abstiens.

 

Et pourtant, je pourrais donner un point de vue sur ce grand foutoir car, pendant des années, j’ai vécu à l’intérieur, dans l’ombre des politiques, à m’occuper du cambouis du quotidien. Comme le chantait Gabin : Je sais. Mais c’est parce que je sais ce que je sais que jamais au grand jamais il ne m’est venu à l’esprit d’avoir l’ambition de me présenter à une élection, d’embrasser la carrière politique.

 

Pourquoi ?

 

  1. Car les appareils politiques et leur mode de sélection des candidats m’ont toujours révulsé ;

 

​2. Pour pouvoir être, en toutes circonstances, maître de mes choix ;

 

 

​3. Parce que j’ai vu ce qu’était la condition quotidienne du député et, au risque de vous étonner, elle n’est pas aussi enviable que le bon peuple le croît.

 

Fort bien me direz-vous mais pourquoi se refuser à apporter une pierre, aussi petite soit-elle, à l’érection d’une nouvelle offre politique ?

 

La réponse est aussi simple que l’équation est complexe : appeler à un renouvellement complet de l’offre politique n’est qu’un leurre commode pour amuser la galerie.

 

Le faire est une autre paire de manches.

 

Ce grand-ménage, cette place nette, n'est possible que si des circonstances exceptionnelles, telles celles que j’ai connues, malgré mon jeune âge, avec l’arrivée de Gaulle et l’instauration de la Ve République, interviennent. Ainsi, beaucoup de notables de droite comme de gauche, vieux routiers de la IVe, ont été balayés et ont laissé la place petit à petit à une nouvelle race d’élus et de Ministres : les énarques et les fonctionnaires en général.

 

Nous n’en sommes pas là et si nous en arrivions-là je ne vois aucun vivier disponible où aller puiser cette fraie politique.

 

De grâce arrêtons d’invoquer le recours à la société civile !

 

Là encore comme sœur Anne, depuis le temps qu’on l’attend, je ne vois toujours rien venir…

 

Alors que faire ?

 

Comment le faire ?

 

Je ne sais mais ce que je sais, et là j’en reviens à mon cœur de cible : le vin, c’est que si, petit à petit, on laisse une coterie exercer sa mainmise sur les lieux de décision, il ne faut pas ensuite venir se plaindre des disfonctionnements du système.

 

Je n’en dirai pas plus car je rabâcherais au risque de vous lasser.

 

Mais, comme mon espace de liberté se nomme Vin&Cie, je dois vous avouer que la semaine passée je me suis aussi abstenu :

 

- De chroniquer sur la campagne de Vin&Société signée « Le Vin. Je l’aime, je le respecte », portée par les grains de raisin baptisés les vindomptables et soutenue par le slogan « Aimer le vin, c’est aussi avoir un grain de raison » Une campagne dites d’information visant à faire connaitre les repères de consommation et à donner un cadre clair à la notion de modération ainsi qu’une définition de la consommation excessive.

- De chroniquer sur le Spécial champagne du journal Le Monde.

 

Pourquoi me direz-vous ?

 

Ma réponse va peut-être vous surprendre : parce que je suis abonné au journal le Monde et que j’ai bien conscience que mon apport financier est fort marginal face à la toute-puissance de la Régie Publicitaire. Si vous consultez le spécial champagne du Monde vous pourrez constater les motivations de mes 2 abstentions.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2015 7 13 /12 /décembre /2015 08:00
CHAP.15 opération Chartrons, « Marine Le Pen, a été le père de substitution de Marion Maréchal-Le Pen » Christine Clerc, Les Conquérantes

La semaine fut rude. Je me suis fait moine.

 

« Comme ceux qui dessinent les paysages se placent dans la plaine pour observer la nature des montagnes et des lieux élevés, et pour observer celle des lieux bas se placent en haut sur la montagne, de même, pour bien connaître la nature des peuples, il faut être prince et pour bien connaître celle des princes, il faut être du peuple. »

 

Je lis le Prince de Machiavel

 

 

Notes de lecture

 

« Grandes actions, grands hommes, grandes choses » font la virtù.

 

Avec complaisance et jubilation Machiavel n’a de cesse de s’interroger sur leur « mobile » et leur efficacité pour en dégager le modus operandi de leur action. Quelles sont donc les qualités requises du Prince dans l’exercice de ses fonctions ? Quelles sont les vertus princières ? » Libéralité, générosité, courage, sens de l’honneur, loyauté, gloire, confiance, clémence, aptitude au bon conseil, discernement, virilité, vaillance… Toutes dimensions que Machiavel incarne dans la virtù.

 

L’homme princier en serait-il pour autant un être plénier, un Dieu sur terre ? La parfaite coïncidence du dire, du faire et de l'être est, dans l’espace de la condition humaine, une illusion : « Je sais que chacun confessera que ce serait chose très louable, que chez un prince, l’on trouvât, parmi toutes les qualités susdites, celles qui sont tenues pour bonnes. Mais on ne peut les avoir ni les observer entièrement, car les conditions humaines ne le permettent pas. »

 

Cependant Machiavel affronte le dilemme de tout ordre politique : la cruauté, qui lui est consubstantielle, ne doit pas le rendre odieux et méprisable, rapace et haïssable. « Il lui est nécessaire d’être assez prudent pour savoir fuir l’infamie de ces (vices) qui lui feraient perdre son État.

 

« Un prince doit donc prendre grand soin qu’il ne sorte pas de sa bouche une chose qui ne soit pleine des cinq qualités susdites et il doit paraître quand on le voit et l’entend, toute pitié, toute foi, toute intégrité, toute humanité et toute religion : et il n’est pas de chose qui soit plus nécessaire que paraître avoir cette dernière qualité. »

 

L’aura, ce que l’on appelle aujourd’hui le charisme pour gagner la confiance et l’estime du peuple.

 

Il s’agit donc de discriminer à quelles conditions et dans quelles circonstances, l’homme acquiert la virtù ?

 

« Seuls la défense de la patrie et le maintien de l’État peuvent légitimer pour Machiavel le sacrifice absolu d’une « entrée » dans le mal : « C’est que l’amour de ma patrie avait dans tous les cœurs plus de pouvoir qu’aucun autre sentiment. »

 

« En toute cité, on trouve ces deux humeurs différentes ; et cela naît de ce que le peuple désire ne pas être commandé ni écrasé par les grands, et que les grands désirent commander et écraser le peuple ; et de ces deux appétits différents naît dans les cités un de ces trois effets : ou le principe ou la liberté ou la licence. »

 

Je referme le Prince et me voilà sitôt face à la tribu Le Pen…

 

 

« Sans Lambert, pas de FN. Sans Le Pen, pas de Lambert »

 

« Ce sont quelques mots prononcés par Lorrain de Saint Affrique, conseiller en communication de Jean-Marie Le Pen pendant dix ans (1984-1994). Ils concernent deux hommes : l'ancien président du FN et Hubert Lambert, riche industriel français… et grand admirateur des présidents des formations d’extrême droite.

 

Le 27 septembre 1976, Hubert Lambert dit Saint-Julien, actionnaire de la société Lambert Frères et Cie, décède. Dans son dernier testament, ce quadragénaire fragile physiquement et psychologiquement a fait de Jean-Marie Le Pen son exécuteur testamentaire et son unique héritier. Les commentaires, les polémiques et sous-entendus consécutifs à cet héritage ne changent rien. À l’automne 1976, Jean-Marie Le Pen devient un homme riche, très riche. De plus, l’héritage Lambert lui donne les outils et les moyens structurels pour relancer son histoire, intimement liée à celle de son parti.

 

Au FN, on apprécie cet homme discret, « très gentil ». On évoque également sa faiblesse de caractère. On sait également qu’il est fortuné… pour preuve : la Rolls avec chauffeur qui le dépose rue de Surène, lorsqu’il se rend au siège du FN. Cependant, on ignore sa filiation avec les ciments Lambert et, donc, sa fortune colossale.

 

Le Président du FN, lui, fait la connaissance d'Hubert Lambert au début des années soixante-dix. En 1973, il convie Jean-Marie Le Pen à un dîner. Hubert Lambert arrive avec une serviette en cuir. Selon Roger Mauge, l’un des hagiographes de Jean-Marie Le Pen, les deux hommes auraient tenu le dialogue suivant, en rapport avec les premières élections législatives auxquelles le FN participe (mars 1973) :

 

« - Il faut absolument que tu te présentes aux prochaines élections, Jean-Marie [...]. Je t’ai apporté 300 000 francs pour ta campagne électorale. Ils sont là [...].

 

– Tu es très généreux, Hubert. [...] Permets-moi de me servir de cet argent pour saupoudrer partout où nous présenterons une candidature. (…)

 

Hubert plaisante :

 

– Aucune importance ! Prends, et rends-moi la serviette. Elle pourra encore servir ! »

 

Après ce déjeuner, rapporte Roger Mauge, Jean-Marie Le Pen et Hubert Lambert se «voient plus souvent et d’une certaine manière deviennent amis» ! Car les Le Pen se montrent particulièrement attentifs à cet homme, notamment en lui rendant visite régulièrement. Jean-Marie Le Pen va jusqu’à lui attribuer des fonctions officielles au FN. Membre du Comité central et conseiller national du parti pour les questions militaires, Hubert Lambert affiche régulièrement sa présence aux réunions du parti. Il participe au comité de rédaction du journal du FN, Le National. Il y signe même quelques articles.

 

L'héritage Lambert... une des causes de la suspension de Jean-Marie Le Pen ? par Valérie Igounet historienne

 

« L’héritage Lambert change considérablement la vie de Jean-Marie Le Pen sur les plans politique et personnel. Il lui permet de faire – comme il l’entend - de la politique. L'ancien président du FN devient propriétaire du domaine de Montretout, sise au 8 parc éponyme. Jean-Marie Le Pen y reçoit encore aujourd’hui dans son bureau, à l’étage de cette imposante bâtisse qui domine tout Paris. Cette demeure n’a pas seulement été le lieu d’habitation de la famille Le Pen et le quartier général du FN pendant de nombreuses années. C’est aussi un symbole pour l’ancien président du FN qui désire laisser son nom dans l’Histoire. Montretout est un lieu singulier : le premier propriétaire, Napoléon III, l’avait offert à son chef de cabinet, Jean-François Mocquard. Hubert Lambert le lègue à Jean-Marie Le Pen en 1976. »

 

Revenons aux héritiers de l’immonde de Montretout

 

Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot, la concurrence de deux forces ascendantes au FN

 

« Malgré son omniprésence politique et médiatique depuis plusieurs années, le vice-président du FN reste considéré par de nombreux historiques du parti comme une personnalité d’ouverture. Critiqué, au choix, pour son gaullisme revendiqué, son étatisme assumé en matière économique ou son influence auprès de Marine Le Pen, le député européen de 34 ans est placé en concurrence avec Marion Maréchal-Le Pen, 25 ans. Dépositaire de la « marque » Le Pen, catholique, libérale et identitaire, la députée du Vaucluse, elle, n’hésite pas à jouer de sa popularité auprès de la base pour marquer sa différence. Elle avait fini première lors du congrès de Lyon en 2014 pour l’élection du comité central du FN, devant M. Philippot, seulement quatrième.

 

La jeune femme a ainsi réaffirmé, vendredi 27 novembre, sa volonté de supprimer les subventions accordées par la région au Planning familial, malgré le fait que sa tante ait rappelé que cela n’était « pas dans les projets du Front national ». En 2013, sa présence dans les cortèges de la Manif pour tous, contrairement à Mme Le Pen et à M. Philippot, avait déjà été remarquée. Ses propos sur la République aussi. La députée avait avoué en juin ne pas comprendre l’« obsession pour la République » exprimée par la majorité de la classe politique, estimant qu’« il y a des monarchies qui sont plus démocratiques que certaines Républiques ». Une vraie différence avec sa tante et son bras droit, qui ne manquent jamais de faire assaut de républicanisme dans leur entreprise de dédiabolisation. »

 

D’où sort-elle cette Marion Maréchal-Le Pen ?

 

 

« En 2013, on apprenait que le père de Marion Maréchal-Le Pen n'était pas Samuel Maréchal, mais Roger Auque, journaliste aujourd'hui décédé et qui n'avait pas reconnu sa fille à l'époque. Dans le même temps, L’Express, qui disait tenir ses informations de l'ouvrage de Christine Clerc, Les Conquérantes, nous apprenait que Marine Le Pen avait joué auprès de la jeune Marion le rôle d'un père de substitution, s'occupant tout particulièrement d'elle. « Marine, ma petite sœur, a été son papa à l'accouchement. Elle m'a aidée à l'élever », a raconté Yann Le Pen, sœur de Marine et mère de Marion, dans l'ouvrage Les Conquérantes.

 

L’égaré du Che de Belfort et l’héritière de la Manif pour tous : le national-populisme ratisse au plus large…

 

- Dans le Nord, le « silence terrifiant » des patrons face au FN 

 

« No Pasaran ». C’était il y a un mois. Bruno Bonduelle, l’un des bâtisseurs de l’empire international de légumes en boîtes, tirait la sonnette d’alarme. Ce chef d’entreprise à la retraite prenait la plume pour crier son angoisse de voir le Front national remporter les élections dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. « Comment peut-on prôner la fermeture des frontières alors que notre économie régionale est immergée dans le monde, avec un salarié sur quatre qui travaille dans une entreprise aux capitaux étrangers, alors que nous vantons dans nos brochures ce carrefour transfrontalier ouvert aux quatre vents de l’Europe, nos succès à l’exportation ? », écrivait Bruno Bonduelle.

 

Son billet d’humeur se terminait par une supplique à l’adresse des élus qui affronteraient Marine Le Pen au second tour : « De grâce, ne laissez pas notre économie sombrer dans le repli sur soi ! »

 

Ce cri du cœur est devenu prophétie. Mais la pythie a perdu sa voix. Contacté, l’ancien grand patron du Nord ne souhaite pas commenter la situation. Sa sortie dans les médias n’a pas été sans conséquence. Des consommateurs ont écrit au groupe en menaçant de boycotter les produits Bonduelle. Des agriculteurs de la région qui fournissent les usines ont menacé de ne plus les approvisionner en légumes si Bruno Bonduelle, ou d’autres, prenaient encore position. L’ancien patron se dit « effondré ». « Ils ont déjà réussi à instaurer la terreur », ajoute-t-il. Christophe Bonduelle, l’actuel PDG, a été contraint de se désolidariser des propos de l’ancien président du groupe. »

 

- Régionales: les catholiques ont plus voté FN (Ifop)

 

« Les catholiques ont davantage voté pour les listes Front national aux élections régionales que l'ensemble des Français (32% contre 27,7%), selon une étude Ifop publiée aujourd'hui par l'hebdomadaire Pèlerin, pour qui « la digue catholique s'effondre» face à l'extrême droite. Les listes Les Républicains-UDI-MoDem arrivent toutefois légèrement devant le FN dans la population catholique, à 33%, les candidats PS-PRG obtenant 19%, selon ce sondage.

 

Fait notable, les catholiques ont voté FN à 32%, alors que 26% d'entre eux l'avaient fait lors des départementales de mars, selon un sondage Ifop pour Atlantico. Le ralliement à l'extrême droite reste moins marqué chez les pratiquants réguliers que dans l'ensemble de la population, mais il progresse très fortement dans ce segment d'une élection à l'autre, de 9% à 24%. «Cette poussée s'est faite avant tout dans l'électorat traditionnel de droite, composé de catholiques pratiquants et âgés», observe Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies de l'Ifop, cité par le magazine catholique Pèlerin. »

 

En l’état, la percée de Marine Le Pen, de sa nièce Marion et de l’énarque Florian Philippot, c’est en effet moins un triomphe idéologique du discours simpliste et baroque du Front national qu’un formidable coup de pied au derrière aux partis de gouvernement, de gauche comme de droite.

 

Le gouffre n’est pas loin

 

Beaucoup de Français, c’est clair, en ont, en effet, par-dessus la tête de partis qui, disent-ils, ne s’occupent pas d’eux, ne les écoutent pas, parfois les méprisent, vivent en vase clos. Le 6 décembre, une partie des électeurs ont voté FN par exaspération. D’autres se sont réfugiés dans une abstention agressive. Pour le moment, Marine Le Pen et ses amis ne sont encore qu’un gigantesque signal d’alarme. Mais le gouffre n’est pas loin.

 

En 1989, au moment de la chute du Mur de Berlin, l’historien américain Françis Fukuyama se faisait applaudir - y compris en France - en prophétisant la fin de l’Histoire. Erreur monumentale. Naïveté grandiose. Sans perspective historique, les Français, qui ne sont pas des Suisses, sont perdus, et ils le sont. Qui sommes-nous? Où allons-nous? Que voulons-nous? Et aussi : que pouvons-nous?

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2015 7 13 /12 /décembre /2015 06:00
Que reste-t-il ? La langue maternelle. C’est ce que répond Hannah Arendt à propos de son lien personnel à l’Allemagne, sa terre natale.

J’aime ma langue maternelle !

 

Ce samedi, après déjeuner, je suis allé piller l’Écume des Pages sise sur le boulevard St Germain et voisine du café de Flore où ne chalutent plus que les touristes en mal d’images fanées du temps où les « intellectuels » venaient s’y réchauffer.

 

J’ai acheté, entre autres livres, « La langue maternelle » d’Hannah Arendt.

 

On y trouve une conversation entre elle et Günter Gauss, alors journaliste célèbre avant son investiture au sein de l’administration de Willy Brandt en tant que haut-fonctionnaire, et qui fut diffusée sur une chaîne de la télévision ouest-allemande le 28 octobre 1964.

 

50 ans déjà, la préhistoire pour ceux qui ne vivent que dans l’immédiateté.

 

La question posée est essentielle : «Que reste-t-il ? La langue maternelle reste.

 

- Günter Gauss : … je m’interroge sur votre rapport à cette Europe de l’époque pré-hitlérienne à jamais disparue : vous manque-t-elle ? Lorsque vous vous rendez en Europe, avez-vous l’impression que certaines choses demeurent et que d’autres sont irrémédiablement perdues ?

 

- Hannah Arendt : L’Europe de le période pré-hitlérienne ? Je ne la regrette pas, soyez en assuré. Que reste-t-il ? Et bien la langue reste.

 

- Günter Gauss : Et cela a beaucoup d’importance pour vous ?

 

- Hannah Arendt : Oui, beaucoup. J’ai toujours consciemment refusé de perdre ma langue maternelle. Mais j’ai toujours gardé une certaine distance aussi bien avec le français que je parlais autrefois très bien, qu’avec l’anglais qui est la langue dans laquelle j’écris aujourd’hui.

 

« J’écris en anglais, mais j’ai toujours gardé le sentiment d’une certaine distance avec cette langue. Il existe une différence et une autre langue… Je fais des choses en allemand que je ne me serais jamais permise de faire en anglais… »

 

Même dans les temps les plus amers ?

 

Toujours. Je me disais : que peut-on y faire ? Après tout, ce n’est pas la langue allemande qui est devenue folle. Et par ailleurs, rien ne remplace la langue maternelle.

 

Langue maternelle, un féminin bien singulier ?

 

Nous qui cherchons des repères, en voilà un d’une force insoupçonnée…

 

Cultivons notre langue sans l’enfermer en des frontières qui n’existent que dans les discours de ceux qui veulent nous enfermer, nous barricader !

 

Aimer sa langue maternelle c’est pouvoir s’ouvrir au monde, l’accueillir, sans se renier…

 

« La notion de langue maternelle est en elle-même complexe. De quoi parle-t-on à ce propos ? On peut déjà faire un premier constat : la question « quelle est ta langue maternelle ? » ne laisse personne indifférent. Après un temps d’arrêt, elle engendre parfois l’hostilité, le rejet mais le plus souvent, un plaisir à raconter.

 

Mais de quoi s’agit-il ? Est-ce la langue que parle la mère ? Est-ce la langue de l’enfance, une langue intime, la langue particulière dans laquelle on a prononcé les premiers mots, la langue dans laquelle on a été parlé ? Ou faut-il y voir une langue fantasmée après-coup comme originelle? Une fiction nécessaire participant du mythe et du fantasme des origines ? Ce n’est qu’une notion, rien à voir avec les termes conceptuels dont le sens est fixé. Elle est incernable et se présente comme une sorte de point de fuite.

 

« Langue maternelle » s’oppose à « langue étrangère » mais, pour l’infans, toute langue n’est-elle pas étrangère au début ? La rencontre entre l’enfant et la langue que l’Autre lui transmet n’est-elle pas nécessairement traumatique ? La langue maternelle ne porte-t-elle pas les traces d’une perte structurante, traces par lesquelles elle est chevillée au corps ?

 

En faisant ce travail, je me suis rendu compte que j’associais toujours la langue maternelle à l’idée de perte et de langue étrangère. J’ai une langue maternelle, au sens le plus courant du terme, la langue de mon enfance qui n’est pas la langue française. Pendant longtemps, j’ai pensé que les Français nés en France, ayant de tout temps baigné dans cette langue, parce qu’ils n’ont jamais eu à quitter la France, n’avaient pas de langue maternelle, puisqu’ils n’avaient rien perdu, et ne s’étaient jamais confrontés à une langue étrangère qu’on leur faisait obligation d’utiliser. »

 

La suite ICI

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 06:00
Donna Eleonora Di Mora

Donna Eleonora Di Mora

Si vous n’avez qu’un seul livre à commander pour vos petits souliers de la Noël, aucune hésitation demandez sans vergogne : La Révolution de la Lune d’Andrea Camilleri chez Fayard !

 

C’est du grand, du très grand Camilleri, pour moi son meilleur roman toujours excellemment traduit par Dominique Vittoz (là encore toutes les expressions, siciliennes, italiennes ou espagnoles, sont comprises aisément grâce au contexte.)

 

 

J’ai lu tous les romans de Camilleri et j’ai chroniqué très souvent (pour le vérifier renseigner en haut à droite du blog la rubrique RECHERCHER : Camilleri).

 

 

C’est un fait historique, la Sicile en 1677 est sous domination espagnole, entre la mort du vice-roi, don Angel de Guzmán qui meurt en pleine séance du Conseil et l’arrivée du cardinal Portocarrero, pendant 27 jours, l’île va être gouvernée par une femme, donna Eleonora di Mora, l’épouse du vice-roi.

 

Celui-ci avait couché sur son testament qu’il voulait pour successeur sa propre femme. Ce n’était pas la première fois qu’un vice-roi sur le point de mourir désignait un membre de sa famille pour lui succéder. Mais là c’était une femme et alors que l’évêque de Palerme avait des vues sur le trône vice-royal, celui-ci dut se plier à la volonté testamentaire.

 

Donna Eleonora di Mora fut donc la seule femme du monde à accéder à une charge politique et administrative aussi élevée.

 

En 27 jours elle ne perdit pas son temps :

 

Elle prend la charge à cœur et décide de combattre la corruption et la luxure de ses conseillers. D'une intelligence redoutable, donna Eleonora, « sans prendre merle pour renard », s'entoure de conseillers intègres, civils, militaires et ecclésiastiques. Elle dénoue un à un les fils de la malhonnêteté des uns et des autres et condamne sans remords, en toute légalité, les princes du sang et le prince de l'Eglise.

 

« C’est elle qui sans aucun doute qui baissa le prix du pain er institua le prévôt qui réunissait les 72 corps de métiers palermitains.

 

Concernant les mesures prises en faveur des femmes, elle rouvrit l’hospice pour les vierges en danger et celui pour les prostituées âgées, tous deux à l’époque fermés depuis longtemps par manque de fonds, tandis que la création de la dot royale et l’hospice des Madeleines repenties sont de son fait.

 

C’est elle qui abaissa à 8 le nombre d’enfants pour bénéficier des avantages accordés aux « pères surchargés ».

 

Il reste donc d’elle en Sicile l’image d’une femme extraordinaire qui sut gagner un large respect pour toute son action durant la courte période où elle gouverna la Sicile.»

 

Bien évidemment, Andrea Camilleri, en grand romancier qu’il est, prend de nombreuses libertés avec l’Histoire pour broder avec verve et humour de Camilleri, une histoire dont je me suis régalé lors de mon voyage Paris-Brest-Paris.

 

 

Quelques joyaux :

 

- On n’en pissera pas, plus raide, ce ne sera quand même la loi ! repipa don Cono.

[…]

 

- C’est plutôt bien chié chanté, rebriqua l’évêque.

[…]

 

- On ponera chacun son tour. Il y a des moments où débourser dix peut rapporter mille », déclara le prince.

[…]

 

- Parce qu’ainsi comme ainsi, parlant par respect, elle vous l’a mis profond.

[…]

 

« Croyez-moi, le roi la rappellera en Espagne sans qu’elle est le temps de dire au cul de venir. »

[…]

 

« La liqueur en question était à laver les pieds des chevaux. »

[..]

 

« Il plongea dans une révérence à cul ouvert. »

[…]

 

« Maigre à baiser une bique entre les cornes, il avait la cociuce aussi déviandée qu’une tête de mort. »

[…]

 

« Ces derniers, les mains en l’air comme pour se rendre, se rentournèrent à toute éreinte à leur place, le toupet rogné. »

 

Page 145-146

 

« Pendant ce temps, à l’intérieur, dans le réfectoire, la grande lippée généreusement arrosée se déroulait dans l’allégresse générale. En effet, don Alterio, tout affligé et chancagné qu’il était, faisait semblant de trouver lui aussi le jus bon.

 

Chaque invité jouissait des services d’une poupine chargée de lui apporter les plats de la cuisine et de remplir son verre de vin tant que de besoin.

 

Don Simone avait eu une jolie idée. Il avait habillé les huit orphelines d’une robe de religieuse, sous laquelle elles étaient nues comme des juments. Chaque habit avait été découpé à quatre endroits : deux trous en haut pour laisser sortir les belons et un troisième en bas donnant accès au bosquet et à la vallée qu’il abrite, et derrière le quatrième, le plus grand, qui permettait de caresser tout à sa mode la lune ronde. »

 

Page 188

 

« Don Serafino prit le message : en effet il était rédigé en sicilien, que donna Eleonora comprenait mal.

Tâchez donc le moyen d’assavoir ce que cette sale charipe d’évêque a bricaté avec un pauvre pettiot de la chorale de la cathédrale qui s’appelle Cinzino. Il l’a tant dessampé que le père a dû appeler le médecin qui lui a fait des points.

Mais quand donc ce grand chavaroute sera-t-il empêché de marpailler les petits mamis ? Pensez-y.

 

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 06:00
Lettre d’un vieux blogueur à un blogueur devenu restaurateur : cher Bruno Verjus de TABLE…

Bruno,

 

Si je prends la peine de t’écrire en ce matin de décembre frisquet c’est pour te dire tout le plaisir que m’a procuré la lecture de la belle et pertinente chronique de Jacky Durand, au titre très Libé « BRUNO VERJUS SES METS À TABLE ».

 

Si je puis dire et, mieux encore, l’écrire : enfin !

 

Ce n’est pas trop tôt…

 

 

Je l’ai lu avec gourmandise, de la bien belle ouvrage, bien saisie comme l’une de tes belles soles d’hiver de l’Ile d’Yeu au beurre clarifié de vache Rouge des Flandres.

 

Ha ! l'Ile d’Yeu, Bruno, nous avons pour elle les mêmes yeux de Chimène… la loubine du plateau de Rochebonne qui se situe à plus de trois heures de mer* des côtes d’Yeu.En juillet, la loubine (bar) se pêche à la canne avec des lançons. En août elle musarde et modifie son régime alimentaire. Elle ne résiste pas aux ballardes, lignes de fond garnies de chancres-ballants, petits crabes blancs. »

 

Juillet-août 68, la ferme des 3 moulins, marchand de vermoulu (antiquités) avec Jean Neveu-Derotrie, notre C4 et Achille le chien...

 

Comme d'accoutumée je m’égare dans mes chers chemins de traverse.

 

Le port de la Meule où je mangeais des tellines, le vieux château où j'allais contempler l'océan en furie, les bars de Port-Joinville...

 

Souvenirs, souvenirs... comme le chantait Johnny !

 

Mais revenons à mes moutons : y'a pas à dire cette chronique quel bel envoi !

 

Moi, le vieux blogueur blanchi sous le harnois, qui besogne chaque jour que Dieu fait, je suis un peu jaloux d’une telle aisance. Ce qui me console, pour ne rien te cacher, c’est que je ne suis pas peu fier d’avoir été l’un des premiers, dès 2013, alors que tu découvrais « les joies et les peines » de ton nouveau métier, à pressentir que par-delà les embuches, les difficultés, tu irais jusqu’au bout de ton défi.

 

Tu tiendrais ta ligne de conduite…

 

Avec un peu d’emphase je titrais alors : TABLE est une Grande Table : Bruno Verjus inventeur* de produits de génie. 

 

Depuis tu n’as pas dévié d’un pouce de tes choix initiaux : tu cherches et tu trouves le produit d’exception, tu lui donnes sa chance, tu le révèles en magnifiant, avec simplicité, honnêteté, ses saveurs originelles. Chez Table vous respectez le goût des choses et ça cadre bien avec ma philosophie du bien vivre.

 

Comme la rue de Prague n’est qu’à quelques tours de roue de chez moi, il me suffit de sauter la Seine sur le pont d’Austerlitz, de passer sous le viaduc de l’ancienne ligne qui desservait les bords de Marne, d’accrocher mon fidèle destrier aux barres prévues à cet effet, lorsque je pousse ta porte – façon de parler – je me sens un peu chez moi.

 

Fleurs de ruine, Modiano…

 

« En ce temps-là, on allait de Paris à Nogent-sur-Marne et au Perreux par la gare de la Bastille ou par la gare de l’est. Les trains partaient de la Bastille suivaient la ligne dite de Vincennes, jusqu’à Verneuil-L’étang. J’ai connu encore cette ligne au début des années 60 avant que le RER ne lui succède, et que la gare de la Bastille ne soit détruite pour laisser la place à un Opéra.

 

La voie courrait sur le viaduc de l’avenue Daumesnil dont les arches étaient occupées par des cafés, des dépôts et des commerces. Pourquoi je longe ce viaduc si souvent dans mes rêves ? »

 

Le café Bosc, Alligator, Ghesquière&Cie, Chauffage la Radieuse… 

 

Les indigènes de Paris, espèce en voie de disparition... ne reste plus que certains parisiens de fraîche date pour relever le défi  de la vie de village de la ville capitale. J'en suis et m'assimile à l'indigénat de Paris. Nous nous accrochons, sommes un peu chiants, mais fidèles. Depuis la Corse, en septembre, j’ai commis une lettre d’un habitué du déjeuner à ses cantiniers, cantinières, préférés…  je n’y reviens pas.

 

En revanche je reviens à l’objet de la présente lettre, la chronique de Jacky Durand.

 

À la différence de beaucoup de ses confrères, il me donne le sentiment – tu le sais je suis mauvaise langue – d’avoir pris son temps, avant d’écrire, de humer l’air du lieu, de ton lieu, de comprendre, de s’imprégner de l’esprit de ta maison.

 

 

Ça part bien : « Il cuisine en chaussures de ville, pantalon rouge et grosse écharpe, avec un air mi-Topor, mi-Bébel, appelle son second «Loulou» en écoutant Leonard Cohen. Bruno Verjus, le chef de Table, à Paris, est un peu sorcier du goût, rebouteux des papilles et ménestrel des fourneaux. »

 

La suite est ICI

 

Bonne lecture à mes chers lecteurs en grande majorité non parisiens mais qui, comme nous le disions dans ma Vendée crottée, montent aussi à Paris aux grandes occasions.

 

Dans ce cas y’ pas photo, si vous recherchez une belle TABLE pour déjeuner ou dîner, allez donc saluer le patron de TABLE qui s’appelle Bruno – rien à voir avec celui de Pierre Perret – il vous surprendra.

 

En plus à TABLE les vins sont au top, comme je les aime : un peu nature sur les bords…

 

Bruno, à bientôt…

 

Un vieux blogueur qui s’aventure de temps à autre à faire des tartes aux pommes…

 

* au sens de celui qui a découvert un trésor (article 68-9 du Code minier français).

 

Lettre d’un vieux blogueur à un blogueur devenu restaurateur : cher Bruno Verjus de TABLE…
Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents