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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 00:09

 

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C’est mon cadeau de Noel. Merci de lire ce texte fort, fort comme le Moonshine, l’alcool de contrebande fabriqué au clair de lune dans le comté de Franklin, Virginie, pendant la Prohibition qui était, selon Sherwood Anderson de Liberty Magazine en 1935, «la région où l’alcool illégal coulait à flot... et où la proportion par habitant atteignait un chiffre record... » bien plus qu’à New-York ou Chicago. 

 

 

« Dès l’adolescence, Forrest se levait avant l’aube et partait dans les plantations de tabac pour écimer les plants et arracher les drageons jusqu’à l’heure du déjeuner. Après manger, il repartait pour une marche de six kilomètres à travers Snow Creek Hollow jusqu’au campement de bûcherons où il maniait la scie de travers jusqu’au dîner. Le lendemain il se levait à la même heure et répétait le même programme, sept jours par semaine, alternant le bétail, les pommes, les châtaigniers, l’abattage des porcs, les foins, les cailloux à casser, la herse à passer, le labourage ou les travaux de menuiserie selon la saison, les besoins et les clients qui payaient. Avec Howard, il livrait des noix et des pommes en char à bœufs jusqu’à Roanoke et du tabac jusqu’à Harrisonburg, Martinsville et Richmond. Là-bas, il dormait en général dans l’obscurité des entrepôts, étendu sur une haute pile de palettes chargées de feuilles de tabac à rouler. C’est à cette époque qu’il commença à boire, acceptant la bonbonne noirâtre qui passait de main en main même s’il n’y prenait aucun plaisir – hormis celui de garder la tête baissée et les yeux fermement ouverts longtemps après que tout le monde était parti se coucher. Autour de lui, les gens se comportaient comme s’il était un chien errant dans la rue. »

 

Matt Bondurant Pour Quelques Gouttes d’Alcool à l’Archipel www.editionsarchipel.comOW4CAAKEWKFCAU2C761CA53E4EFCAI2BAZ3CA2BXQG1CAXZHPPICAK6VE06

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 00:09

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Nous tous les discoureurs, les beaux parleurs, les gratte-papier, nous tous qui mettons des mots, trop de mots, sur le goût des vins, grands ou petits, lisons avec humilité et soin ce magnifique texte de Michel Serres.  

 

« Je me souviens, dit-elle, avec reconnaissance du moment où j’ai reçu d’un grand vin ma nouvelle bouche : le jour de ma deuxième communion. La bouche d’or commence à jaser, ne cessera de le faire. La parole, comme une reine, règne sans partage sur les lèvres et la langue. Impérieuses,  exclusives. Or, elles traversent des lieux sans bouquet ni saveur. Douces : non dures. Douces : plates et fades. Elles anesthésient la bouche, qui ne trouvent pas le goût des mots les mieux assaisonnés. L’éloquence la plus ample, la plus sonore poésie, le chant le plus incantatoire, le dialogue le plus vif donnent des palais de bronze ou d’airain, des caisses de violoncelle, mais ces cordes et ces métaux restes insensibles aux fleurs embaumés, aux arômes d’écorce et de terre, aux fragrances puissantes de musc et de peaux, pis, les chassent. La phrase, ni acide, n astringente, évite d’éveiller la langue à autre chose qu’elle. La sapidité dort sous la narcose des paroles. Gelées : frigides.

Voici celui ou ceux de nos cinq sens qui nous apparaissent les moins esthétiques, l’odorat et le goût. Je commence à comprendre dit-elle, la bouche d’or, pourquoi nous refusons, oublions, différons, leur art propre, comment et pourquoi je peux dire avec tant d’apparence que le donné ne se donne jamais que dans et par le langage : ceci tue cela, dans la bouche. Moi, bouche d’or, je tue la bouche d’yquem. Je ne tolère pas le doute, langue double dans la bouche, langue bifide, moi qui parle, elle qui goûte. Douce à ma victime aujourd’hui, jour du banquet, je vais dit-elle, essayer de passer le relais.

De réveiller le palis de l’anesthésie parlière par le travail d’un deuxième art. Qui retrouve une esthétique, sensible, dans l’œuvre d’une autre esthétique, artiste. Yquem réveille la deuxième bouche, la seconde langue, la révèle en la deuxième communion. Le goût, opprimé, trop voisin localement du langage, trop jumeau ou concurrent, ne se dit bien que rarement, s’exprime souvent dans une langue qui prête à rire, dont la bouche rit, comme si le langage en son lieu ne lui laissait pas la parole. Une bouche chasse l’autre, celle du discours exclut celle du goûter, l’expulse du discours. »

 

Michel Serres, « Les cinq sens », Grasset, 1985)

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 00:09

 

Monsieur le vaguemestre,

 

Par votre entremise électronique toute une flopée, que dis-je une cotriade, voire même une tripotée, pour ne pas écrire une chiée de garçons et de filles que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam me tombent sur le râble via ma petite boîte aux lettres pour, sous forme de lettre-circulaire – mon passé dit ministériel, qui plaît tant à mon ami Lefèvre, place la circulaire au rang le plus élevé de la quintessence de l’anonymat bureaucratique – commençant toutes par un tonitruant bonjour !

 

Vous ne pouvez pas savoir comme ce bonjour tout court m’irrite et comme ma brave mère, qui me tançait enfant, d’un « Merci qui ? » j’ai envie de rétorquer « Bonjour qui ? » Ce pourrait-être : Bonjour Jacques Berthomeau ou même pourquoi pas Bonjour Jacques même si nous n’avons pas forcément gardé les vaches ensemble – ayant pratiqué cette activité, mais en solitaire, je n’ai jamais vraiment goûté le suc de cette expression – pour autant je ne demande pas que l’on me donnât du Bonjour Monsieur Berthomeau car ce serait trop. Bien sûr le sieur Vincent Pousson me balance du Monsieur le Contrôleur Général mais lui, je le connais, c’est pour faire genre. Ce qui me plaisait au 78 rue de Varenne c’est que les gens du Sud me donnaient du Monsieur le Chef de Cabinet – le culte du chef bien sûr – alors que ceux du Nord s’en tenaient à mon vrai titre Monsieur le Directeur du Cabinet. Enfin, comme dans ma vie j’ai été deux fois Président : PDG et Président des AOC de la pomme&de la poire mais pas des scoubidous, se faire donner du Monsieur le Président, ça en jette un max. Puis, sans rire, lorsque j’ai quitté mon fauteuil de Directeur y’a un plumitif qui a écrit : celui qui tenait lieu de Ministre s’en va. Les chevilles, la tête, ça enflent vite vous ne pouvez pas savoir !

 

Bien évidemment la présente lettre ne s’adresse en aucun cas à mes fidèles lecteurs mais aux anonymes solliciteurs qui me chantent tous la même chanson, jouent tous du même pipo, me passent tous la brosse à reluire : « mes écrits sur la Toile les ont tant et tant charmés, stupéfiés même par leur qualité, leur élévation, leur originalité », que ma petite boutique à succursale unique se devrait de bénéficier pour sortir de sa confidentialité sympathique de leurs efficaces services. En clair ces joueurs de fluteaux me tartinent dans un style inimitable que si je parle d’eux chez moi, que si je collabore avec leur crèmerie dans un partenariat exclusif, que si je teste ceci ou cela en compagnie de petits camarades peloteurs de souris, que si je fais des petits papiers aux petits oignons à la gloire de flacons envoyés par la poste, que si je publie leur beau classement issu d’un algorithme de derrière les fagots, où bien sûr je figure en bonne place, une place qui ne demande qu’à être meilleure, alors bien évidemment en retour ils offriront à mon beau et merveilleux blog de vastes débouchés.

 

Me prennent vraiment pour un demeuré ! Franchement je n’en ai strictement rien à péter de ce démarchage à domicile du type passez-moi une commande pour l’encyclopédie des contrepèteries belges en 10 volumes et je vous offrirai un 45 Tours de Georgette Plana. Comme disait les économistes de ma jeunesse c’est de l’échange inégal, du foutage de gueule intégral. Que chacun sur la Toile veuille développer sa chalandise, élargir son fond de commerce, se bâtir un chouette modèle économique qui mettent du beurre dans ses épinards, je le conçois aisément. Il n’y a pas de sot métier. Cependant, je me permets de conseiller à ceux qui m’écrivent pour m’enrôler dans leur buiseness de faire un minimum d’effort afin que leurs mailing ne s’apparentent pas à des torchons mal foutus, mal écrits, creux et si généraux que même les services des Impôts font mieux qu’eux.

 

Et pourtant je suis « un homme facile », un rien me séduit, pour un sourire, un jupon qui froufroute, avec l’art et la manière tout est possible avec moi. Mon insoutenable légèreté, sans doute teintée de vanité, font de moi une proie sans grande défense, un être prêt à succomber aux délices du péché, aux joies de la transgression, un danseur mondain disposé à toutes les excentricités, un type capable d’animer une tombola, de vendre du vin... Suffit de me le demander gentiment, poliment, mais sachez que je ne supporte pas les sans-gênes, le genre je me pointe et sans qu’on m’y invite, avec un bonjour tout court jeté à la cantonade, se met à débiter sa salade prémâchée. Mon dieu que c’est fade comme de la laitue pour tortue ! Si vous voulez me séduire, me prendre dans vos filets, me débaucher, faites-moi rêver, séduisez-moi ou alors faites comme les gars de chez Leclerc ou les gonzes de Carrefour, qui n’aiment pas se faire charrier, évitez-moi, laissez-moi vivre ma vie de petit chroniqueur tranquille. Que voulez-vous, ce n’est pas la peine de vous épuiser avec vos petites lettres circulaire : « Je ne suis à personne. »

 

« Je ne suis à personne. » c’est le titre d’un livre de Louis Blanchet aux éditions du Chalet collection « chemins de la vie » 1965 avec la dédicace de l’auteur « à Jacques en lui souhaitant de réussir sa vie ». Que Louis Blanchet me pardonne je n’ai jamais lu son livre mais j’ai toujours aimé son titre car il m’allait bien, et en ce qui concerne son souhait je suis le plus mal placé pour affirmer que ma vie fut une réussite. Tel n’était pas d’ailleurs l’objet de mon propos matinal, encore que...

 

Un mot sur Louis Blanchet, pour moi l’abbé Blanchet, l’abbé de mon école d’agriculture nichée dans les bois : Notre-Dame de la Forêt qui, sans vraiment chercher à me convaincre, à fait prendre à ma vie un virage déterminant. Oncle d’un major de l’ENA, Michel Albert, fils de métayer du Haut-Bocage, à la Tardière, il m’affirma que cette voie « royale » devait être la mienne. J’ignorais jusqu’à l’existence de cette prestigieuse école – oui ce temps-là c’était ainsi – et comme je n’avais que 14 ans la perspective de me retrouver un jour dans la ville capitale fut douce à mon oreille. Je virai donc casaque : quittant les Sciences Expérimentales pour la Philosophie et puis, les gaz de mai 68 m’ayant fait tourner la tête, j’ai changé de cheval : l’ENA très peu pour moi. Mais, si je puis dire, c’était parti pour d’autres aventures avec, chevillé à ma petite tête imaginative, cette petite musique « Je ne suis à personne. »

 

Voilà, c’est dit même si, monsieur le vaguemestre, chez ces gens-là on ne lit même pas ce que j’écris. Pour eux l’important c’est le flux, le trafic, la mousse, le contenu ils s’en tamponnent presque la coquillette. Simplement, sans jouer les donneurs de leçon, la promotion et l’information ne font pas toujours bon ménage, que chacun fasse son turbin, moi je n’ai rien contre la réclame, la mise en avant, les petites, les grandes, les belles bouteilles faut bien les vendre, mais chez moi, sur mon Espace de Liberté, avec mes petits moyens, le seul slogan estampillé Berthomeau : c’est l’extension du domaine du Vin. Alors, vous tous, les garçons et de filles que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam, de grâce lâchez-moi la grappe, même si c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe faites tranquillement votre beurre dans le vôtre sans moi.

 

Oui « Je ne suis à personne. » et ma valeur vénale est inestimable. Méfiez-vous tout de même petits squales, sous des dehors bonhomme, eu égard aux marigots que j'ai fréquenté, je suis le Damien Hirst de la Toile, un prédateur redoutable très peu fréquentable.

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 00:09

 

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« Le Vin, c’et quelqu’un. Oui, il convient de parler du vin comme d’une personne. D’ailleurs, chaque vin est doué d’une individualité qui lui appartient en propre, et le malheureux qui le confondrait avec un autre, à la manière du touriste d’Afrique pour qui tous mes Noirs se ressemblent, est indigne de le boire. Chaque vin à son tempérament, et demander quel est le meilleur vin du monde n’est pas moins absurde que de décider de la supériorité d’une race sur l’autre. »

 

Ainsi commence « Célébration du Vin » d’une de nos connaisssances le RP Maurice Lelong, o.p. dont j’ai parlé récemment d’un autre de ces petits opus jubilatoire « Célébration de l’andouille » chez Robert Morel éditeur Le Jas du Revest-Saint-Martin, Haute-Provence. Eut égard à mon amour pour la race asine, cet homme d’Eglise ne peut que me plaire puisqu’il est aussi l’auteur de « Célébration de l’âne ». Maurice Lelong est un très grand célébrant car, toujours chez ce même éditeur, il célèbre : le pain, l’œuf, le fromage, l’art militaire (prix de l’humour noir), le cimetière et le fumier.

 

Tous ces bijoux sont trouvables chez

http://www.presences.online.fr/sitemorel/robertmorel.html ce sont de beaux petits cadeaux pour les fêtes ou pour ce que voulez d’ailleurs. Ce qui est formidable, depuis que je chronique sur le monde du vin c’est l’extrême richesse de l’écrit ; une richesse intellectuelle et spirituelle qui tranche avec celle, purement formelle, des beaux livres sur papier glacé avec de superbes photos qui ornent les rayons vin de nos grandes librairies. Cet opus bien sûr  n’est pas résumable tant, sous un petit format, il sait allier une belle érudition et des anecdotes truculentes. J’ai choisi, pour vous en donner l’esprit, deux extraits, dont celui bien sûr qui donne son titre à ma chronique.

 

« Je vais parler de la vigne avec la gravité qui convient à un Romain lorsqu’il traite des arts et des sciences. »

Telle est l’introduction solennelle du treizième livre de Pline, qui proclame la supériorité du vin. Il annonce alors qu’il en traitera non comme un médecin, mais comme un juge chargé de se prononcer sur la santé morale et physique de l’humanité. Autant dire que Pline l’Ancien fait du vin un problème crucial de la vie. »

 

Par l’entremise d’un de ses amis le RP Maurice Lelong rencontre « le plus grand vigneron de France, et par conséquent du monde entier, le baron Le Roy de Boiseaumarié qui « règne sur le très authentique cru papal de Châteauneuf, qui est censément le Castel Gandolfo de Jean XXII » au Plan du Castellet. « Dès avant le IIIe siècle, Rome importait ce vin célèbre qui supportait admirablement le voyage et vieillissait bien. De Bandol, tout proche, il fut un temps où, chaque année, cinq ou six cents navires appareillaient, chargés de 60 000 barriques » Le baron s’exaltait. Il parlait du vin bien sûr, en général, mais en particulier « Le Bandol ne doit rien aux Côtes de Nuits ou de Beaune de 1915, 1923, 1929, années fastes comme chacun sait... » Il humait une lampée et le monologue rebondissait :

- Donc, si le bordeaux est de la classe des grandes dames, le bourgogne appartient à la race des seigneurs. Les Côtes du Rhône sont des vins d’hiver, des vins de gibier. Mes voisins, les papes d’Avignon, étaient d’accord là-dessus, et nous possédons une recette pontificale pour faire rissoler des grives craquelantes qui font un accompagnement parfait au Châteauneuf. Les blancs d’Anjou et de Touraine sont d’une suprême élégance. Celui-ci (il mirait son verre de Bandol) est une paysanne robuste, solide, à laquelle il ne faut pas demander les raffinements de ceux que je viens d’évoquer, mais je vous assure que, déshabillée, il en reste quelque chose... »

 

« Je demandais timidement ce qu’il fallait penser des vins de l’Hérault et j’entendis – avec quel soulagement ! – ce baron qui fréquentait les chais aristocratiques les plus réservés, louer les mérites des vins de travail et de ménage dont médisent ceux qui ne reconnaissent le jus de la vigne qu’à son étiquette, et confondent le vin sophistiqué et celui qui est la boisson naturelle de l’homme. C’est le vin quotidien, dont parle l’Ecriture, qui réconforte le cœur des fils de Dieu et qui est mêlé à leurs liesses comme à leurs peines. C’est le vin de table qui récompense le dur labeur. On le retrouve accordé aux flonflons du bal populaire et aux jours de gloire de la Marseillaise »

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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 08:00

Madame la débiteuse de subventions *,

 

À la télé y’en a que plus que pour la Chine et dans le supermarché au chef lieu de canton c’est la bérézina même qu’un de ces quatre matins même nos petits pois seront Made in China. Mais comme nous l’a fait remarquer notre Achille Gauche, qui malgré son patronyme, n’a jamais porté les cocos dans son cœur, c’est sans doute une chance pour nos coopés puisqu’ils sont passés, plus vite que nous des anciens aux nouveaux francs, du Petit Livre Rouge au Vin Rouge. Ça fait du monde tout ça un peu comme à l’heureux temps du degré-hecto et du litre six étoiles où nos nectars voyageaient en gros pinardiers. Faut faire du vrac pour les chinois nous a dit un courtier bien informé puisqu’il revenait d’un marché chez les hollandais qu’ont toujours été des as du commerce.

 

Le problème c’est que Pékin ou Shangai ne sont pas la porte à côté. Ça coûte d’y aller. Bercy au moins c’était Paris. Maintenant Bercy c’est là que sont nos sous et même si il n’en reste plus beaucoup dans le Trésor nous, si on ne veut pas prendre le bouillon, y nous faut du picaillon pour écouler nos litrons d’appellation. Au conseil d’administration de La Moderne le jeune Gaburon a dit « ça c’est de l’exportation pays tiers... ça va pas être coton de décrocher des subventions... ». Bon, même si on n’avait pas tout compris, on a fait comme si on s’en fichait du tiers comme du quart et on a écouté les vieux nous dire que de leur temps y’avait des subventions pour des trucs bien plus cons... Même que le père Chalopin n’en finissait pas de raconter des histoires sur la Garantie de Bonne Fin payé par le Marché Commun. C’est en l’écoutant raconter ses histoires de beurre dans les épinards qu’on s’est dit que l’oseille y devait encore en avoir pour notre pinard dans les tiroirs-caisses de Bruxelles.

 

Y aller à Bruxelles ? Pas sûr que nos femmes, un peu échaudées par une ancienne montée à Paris rue de Rivoli qui s’était finie au Casino de Paris, vont marcher dans la combine. On était un peu dans le coaltar lorsque notre ancien instituteur, qu’est toujours de bon conseil, nous a dit « demandons conseil à Jean-Baptiste... comme il est dans la Finance il va nous aiguiller vers le bon guichet... » Partout ailleurs qu’ici tout le monde aurait dit oui mais chez nous, dès qu’on parle d’un gars du pays qui vit à Paris, ça chauffe le bourrichon de quelques-uns. Notre Jean-Baptiste, bien sûr l’est Polytechnicien, mais l’a aussi des idées modernes sur le vin et y se pourrait bien qu’un de ces quatre matins y fasse un putsch dans nos caves, embauche un bon directeur et nous fasse changer nos habitudes. Après le quart d’heure des gueulards et autres ramenards on s’est tous dit qu’un conseil ça ne mange pas de pain et qu’après tout notre Jean-Baptiste pouvait aider à nous sortir de ce mauvais pas.

 

Sitôt dit, sitôt fait, nous lui avons expédié un e-mail (qui a dit qu’on n’était pas moderne !) et notre Jean-Baptiste nous a vite envoyé un petit livre, qu’était pas rouge, mais violet, édité chez Féret « Financements et subventions pour les entreprises viticoles » Camilla Engel&Olivier Antoine pour 12,90€. On s’est vite plongé dans sa lecture et, à la page 34 nous avons trouvé notre bonheur :

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4- Subventions européennes

 

4.1 Aide à la promotion aux pays tiers

 

Là les auteurs ont un peu douché notre enthousiasme car ils ont écrit « Temps : 5 jours – Difficulté très compliqué » Mais bon on ne s’est pas laissé abattre par la remarque on s’est jeté à l’eau.

 

Bénéficiaires : Les entreprises viticoles privées ayant des moyens humains suffisants et les produits adaptés aux marchés visés en qualités et quantités, mais également les caves coopératives et les unions ainsi que les syndicats viticoles.

 

C’est notre ancien instituteur qu’a mis du rouge sur ce qui paraissait un peu laïus. Mais bon, vu d’ici on entrait dans les clous.

 

Financements : Une subvention maximale du FEAGA (Fonds Européen Agricole de Garantie) de 50% des dépenses pour chaque année d’exécution du programme (dans la limite de trois)

Par principe, cette aide exclut toute autre subvention publique pour un même projet. Le paiement se fait soit :

- pour tout/partie par avance sous réserve de la constitution d’une caution bancaire égale à 120% de l’avance ;

- par acompte semestriel sur présentation de factures acquittées, complétées par une possibilité d’avance de 30% de la subvention (avec constitution d’une caution bancaire)

 

Là disons, pour faire court, que ça va faire augmenter la note de notre expert-comptable et de notre banquier agricole.

 

Modalités d’intervention : Toute demande d’aide doit être accompagnée d’une analyse stratégique et marketing du projet sur une période maximum de trois ans.

Sont compris comme outil de promotion :

- la participation à des manifestations, salons, foires ;

- études de marché ;

- campagnes publicitaires ;

- frais généraux et frais financiers ;

- frais de déplacements, de séjours et de restauration ;

- frais de matériels et d’équipements (échantillons, informatiques, publications).

 

Pour être recevable, la proposition de programme doit être accompagnée d’un budget prévisionnel pour assurer le suivi et le contrôle de sa réalisation.

Une sélection de l’opportunité du projet est réalisé en fonction de :

- l’adéquation entre les moyens humains et financiers envisagés et les actions proposées ;

- l’adéquation entre les actions envisagés et les marchés ciblés ;

- la qualité et la pertinence des actions proposées et le budget prévisionnel engagé ;

- le bon rapport coût/efficacité du programme.

 

Là on s’est dit qu’on était pas sorti de l’auberge vu que déjà notre Jean-Baptiste, qu’est un bon petit gars, nous avait dit que le petit livre bleu n’était qu’un extrait sec par rapport au tonnage de papier qu’il allait nous falloir manier. Va falloir nous aider madame la débiteuse de subventions sinon ce n’est pas demain la veille qu’à Pékin y vont licher nos excellents vins de Losse-en-Gelaisse.

 

Pour sûr qu’on n’est pas des as de la stratégie et du marketing comme les gars d’Embres&Castelmaure mais la bonne volonté ne nous manque pas. Peut-être que ça ne suffit pas mais bon pourquoi nous n’aurions pas, comme nos collègues, nous aussi du revenant bon. Notre idée ce serait de retaper le car Citroën d’Anatole pour refaire la Croisière Jaune mais ce serait cette fois-ci Losse-en-Gelaisse-Pékin. Comme ça on parlerait de nous à la télé et dans le village y’aurait pas de jaloux vu qu’on pourrait en emmener un beau paquet.

 

Comme nous allons utiliser pour l’envoi de cette missive le canal habituel : le blog du petit rapporteur Berthomeau, il nous venu à l’idée que tous nos collègues qui sont connectés à son petit espace de liberté pourrait peut-être nous donner leur sentiment sur tout ce tremblement.

 

Avec les salutations de 2 Présidents unis face à l’adversité d’un Monde qui nous fait vraiment tourner en bourrique.

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* le petit livre bleu donne le nom et le prénom, titre et qualité, direction de rattachement et les coordonnées précises de la dame

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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 00:09

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Comme le RP Maurice Lelong, o.p. auteur d’un petit opus jubilatoire « célébration de l’andouille » chez Robert Morel éditeur Le Jas du Revest-Saint Martin,HauteProvence, 

http://www.presences.online.fr/sitemorel/robertmorel.html 

je tiens pour certain « que la consonance des mots recèle d’étranges vertus. A, e, i, o, u, « voyelles, je dirai quelque jour vos naissances latentes... » Il est remarquable que toutes les voyelles du fameux sonnet de sonnet de Rimbaud sont mobilisées par le nom d’Andouille. A, o, u, i, e... L’oxygène qu’elles lui apportent donne à ce mot son ouverture, sa robustesse et sa santé. »

 

Faire l’andouille dit-on de celui qui fait l’imbécile pour amuser la galerie. Les expressions espèce d’andouille ou pauvre andouille relèvent de la même dérision. L’auteur de raconter cette histoire d’une innocente drôlerie de Monseigneur L... qui avait fait un apprentissage de quatre ans dans une paroisse de Seine-et-Oise : Houilles avant d’accéder à la prélature : « il n’avait donc fallu, à Monseigneur, pour parvenir à la plénitude du sacerdoce, moins de quatre ans d’Houilles. ». Et de s’interroger sur les vertus hilarantes de la rime en ouille. « Qui dira d’où vient que cette syllabe terminale chatouille l’oreille de façon si plaisante et dilate irrésistiblement la rate ? » Après avoir énuméré les mots : citrouille, nouille, bredouille, trouille...etc. qui « s’épanouissent dans ce phénomène replet, bonasse, familier et réjouissant » et qui « ont la vertu de dérider les hommes » le RP Maurice Lelong souligne que « notre andouille paraît détenir tant de puissance humoristique qu’elle est à la tête de cette joyeuse compagnie. On la soupçonnerait même d’agir à travers ses émules par voie d’osmose, comme si la vis comica des mots en « ouille » procédait de l’Andouille... »

 

Mais laissons de côté les andouilles pour revenir à l’Andouille, « à savoir : l’Andouille digne de ce nom... » qui « est exclusivement composée de porc. Andouille pur porc est un pléonasme : Autant dire du fromage au lait. Cette chose va sans dire, mais dit Talleyrand, elle va encore mieux en le disant. La peur de la tautologie ne doit pas nous empêcher de répéter la règle d’or rabelaisienne : Andouilles sont de pourceau extraictes. Et comme j’ai commis une chronique très hard où l’andouille est vantée « La cuisine érotique de tante Thyne enseignée aux jeunes filles » http://www.berthomeau.com/article-26880558.html pour me faire pardonner du RP Maurice Lelong je cite « la réponse donnée à la mère de Max Favalelli par le fils d’un charcutier à qui elle demandait ce qu’était un secret : « C’est ce qu’on met dans les andouillettes, Madame »

 

Enfin, selon la tradition bien établie ici, un extrait de la « célébration de l’andouille » qui, pour bien vous inciter à lire ce délicieux opus, décrit une andouille qui n’est pas de l’Andouille.

 

Recette des andouilles et cervelats de Carême du sieur Ligier dans la 10 e édition de la Nouvelle Maison rustique 1772.

 

« Prenez chair d’anguille, de tanche, de carpe et de brochet : hachez toutes ces chairs ensemble avec persil et ciboulettes, assaisonnez-les de poivre, sel, clou, muscade ; joignez-y du basilic, graisse d’anguille et beurre frais, ce qu’il en faut : pilez ensuite les ossements de carpe, de brochet, d’anguille et de tanche dans un mortier, vous y ajouter du vin rouge, ce qu’il en faut ; passez-le à l’étamine et en arrosez votre hachis, duquel vous emplirez les peaux d’anguilles ; étant emplies, ficelez-les de la longueur que vous voudrez par les deux bouts ; ensuite faites les mariner vingt-quatre heures dans du sel et de la lie de bon vin ; les ayant retirées mettez-les autant à la grosse fumée de votre cheminée, ou tel temps que vous voudrez, pourvu que sel et les épices ne soient point épargnés ; et lorsque vous en aurez besoin vous les ferez cuire dans du vin blanc avec de fines herbes, dans deux tiers d’eau et un tiers de lie : on les sert froides pour entremets »

 

Et le RP Maurice Lelong d’ajouter : « A quelques variantes près – le vin était blanc, les champignons étaient de la partie – c’était déjà la recette préconisée à l’aurore du siècle » Bon, si ça vous dit d’exercer vos talents d’accordeur de mets et de vin lancez-vous avec ces succulentes andouilles de poisson...

 

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« On ne peut parler des auteurs de Robert Morel sans évoquer le révérend Père Lelong, de l'ordre des Dominicains.

 

Les deux hommes se rencontrent peu après la Libération. Le Père Lelong est prédicateur sur les antennes de l'ORTF, Robert Morel est jeune journaliste à Témoignage Chrétien.

 

Son admiration pour ce prêtre extrêmement cultivé l'accompagnera tout au long de sa vie. Plus que des amis, ce sont des complices. Le père Lelong est présent à tous les moments de la maison d'édition, les bons et les mauvais ! Il appartient au cercle familial au point de disposer à l'année d'une chambre dans une partie du Jas du Revest Saint Martin. Il vit sa vie de prêtre dans la maison d'édition ; chaque repas, il bénit le pain devant l'assemblée des convives. Africaniste réputé, spécialiste des cultures orientales, doté d'un humour puissant, il captive l'auditoire, « toute conversation devenait une création », confie Marie, fille de l'éditeur.

 

Il aime les enfants de Robert Morel qui se souviennent de ce gros monsieur dont les mains tremblaient, qui se promenait sur les chemins en soutane, le bréviaire à la main. A leur égard, il est généreux, si généreux qu'un jour au retour d'un voyage en Sardaigne, il ramène deux petits ânes qui ont été transportés par avion, puis en voiture avant d'arriver au pays de Forcalquier ! »

 

Extrait du « Robert Morel » de Marcel Garrigou, éditions Arts et Formes". Article de Chantal Vieuille, page 120-121

 

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 00:09

David Cobbold, mon « bulleur » d’aujourd’hui, est un d’abord pour moi un ami dont j’aime le parler clair, net, sans fioritures. C’est aussi un lecteur assidu de mes chroniques. Je sais, vous allez me dire qu’il est un peu anglais sur les bords mais comme il vit à Paris, plus exactement dans la petite ceinture comme on dit, du côté d’Issy, nous l’absolvons sans recours à une quelconque contrition.  Arpenteur discret des sentiers de la dégustation David fait le métier avec professionnalisme, sans concessions www.eccevino.com alors il s’imposait pour entrer dans mes Bulles ses bulles aimées. Son choix s’est porté, n’en déplaise à notre Charlier, sur des champagnes dégusté au salon Brittle, là où j’ai croisé notre ami Pauchon. http://www.berthomeau.com/article-le-champagne-explique-au-grand-pauchon-de-france-inter-le-vin-rouge-de-champagne-ne-vaudra-jamais-le-bon-bourgogne-62445621.html 

 

Bien évidemment ce matin les bulles de David ne seront pas des Bulles du Pape, mais en attendant une dégustation par lui des Bulles du Kent agréées par sa très Gracieuse Majesté et bénie par l’archevêque de Canterbury je dois confesser que je goûte le charme des femmes assises bien plus que le vin... et c’est David Cobbold qui en est la cause... http://www.berthomeau.com/article-je-goute-le-charme-des-femmes-assises-bien-plus-que-le-vin-et-c-est-david-cobbold-qui-en-est-la-cause--40638363.html  Enfin, pour clore ma glose afin de remercier mon hôte je lui offre la vision d’un objet-culte de la fière Angleterre.

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 02:09

Appelons un chat un chat, pour la grande majorité des partis de l’UP le pacte de respect de la Constitution Chilienne équivalait à un chiffon de papier destiné à rallier le vote des démocrates-chrétiens de Frei lors de la désignation d’Allende par le Parlement chilien. Celui-ci n’avait obtenu que 36,30% des suffrages. Dans une interview accordé au « guérillero » Régis Debray, publiée dans le Nouvel Observateur, Allende le confirme, la signature du pacte de respect de la constitution n’était qu’une concession tactique afin d’accéder au pouvoir. « Nous savons tous, que la signature du pacte, était une pure stratégie pour gagner le temps en faveur de l’organisation, le déploiement et la coordination d’une formation militaire des différentes composantes de la coalition de l’unité populaire » Dans sa convention de Chillán en 1967 le Parti socialiste, qui se définit comme une organisation marxiste-léniniste, pose la prise du pouvoir comme objectif stratégique à atteindre par cette génération, pour instaurer un état révolutionnaire qui libèrerait le Chili de la dépendance et du retard économique et culturel, et entamer la construction du socialisme. Pour lui la violence révolutionnaire est inévitable et légitime. « Elle est le résultat nécessaire du caractère violent et répressif de l’État-classe. Elle constitue l’unique chemin qui mène à la prise du pouvoir politique et économique et à sa défense. Les formes pacifiques ou légales de lutte ne conduisent pas en elles-mêmes au pouvoir. Le parti socialiste les considère comme des instruments limités d’action, intégrés au processus politique qui nous emmène à la lutte armée. Il est possible pour le gouvernement de détruire les bases du système capitaliste de production. En créant et en élargissant l’aire de « propriété sociale » aux dépens des entreprises capitalistes et de la bourgeoisie monopolistique, nous pourrons leur quitter le pouvoir économique. L’État bourgeois au Chili ne peut servir de base au socialisme, il est nécessaire de le détruire. Pour construire le socialisme, les travailleurs chiliens doivent dominer la classe moyenne pour s’emparer du pouvoir total et exproprier graduellement tout le capital privé. C’est ce qui s’appelle la dictature du prolétariat. »

 

Même si ce ne sont que des mots de révolutionnaires en costume cravate ou d’adeptes de la minorité éclairée pointe avancée de la classe ouvrière : « Dominer la classe moyenne, détruire les bases du système capitaliste, instaurer la propriété sociale, exproprier graduellement tout capital privé, s’emparer du pouvoir total... » ça peu se traduire en langage populaire « on va vous la mettre jusqu’au plus profond, pour l’instant on veut bien vous accorder un peu de vaseline mais présentez vos culs sans rechigner et surtout nous n’admettrons aucune protestation... » Que la classe dirigeante chilienne soit vent debout face au pouvoir d’Allende n’avait rien d’étonnant mais là où les théoriciens se sont plantés c’est qu’ils ont amené l’économie chilienne, qui n’était, comme dans la plupart des pays d’Amérique du Sud, qu’une économie basée sur un système de grandes propriétés agraires, et de mines exportatrices, avec tout ce que ça comporte d’inégalité sociale, de clientélisme, de corruptions, générant une situation politique explosive et de violence urbaine. La bureaucratie de l’UP, comme dans toutes les démocraties populaires,  a été le premier fossoyeur du régime Allende. L’addition d’une planification stupide, d’une politique monétaire laxiste, d’une réforme agraire bordélique, conjugués à des nationalisations non maîtrisées, surtout dans le secteur vital de l’exportation de matières premières, ont fini par déséquilibrer profondément l’économie chilienne. Les dépenses publiques explosent pour atteindre plus de la moitié du PIB en 1973, la production agricole s’effondre, les importations triplent pendant que les exportations stagnent, la balance commerciale d’excédentaire  à l’arrivée d’Allende devient déficitaire de 300 millions de dollars en 1973. L’inflation chauffe à des taux à 3 chiffres.  Carlos Matus, Ministre de l’économie du gouvernement Allende, déclarait au magazine Der Spiegel, « Si l’on considère la situation sur la base des critères économiques conventionnels, nous nous trouvons, en effet, en crise... Mais ce qui est une crise pour les uns est pour nous une solution »

 

Ceci écrit, il n’empêche que les Etats-Unis voyaient d’un mauvais œil l’instauration, après Cuba, d’un gouvernement marxiste-léniniste au Chili. C’est une réalité qui s’est traduite par la demande de Richard Nixon à la CIA et à Henry Kissinger d’étrangler économiquement le Chili jusqu’à l’étouffement total afin de précipiter la chute du régime Allende. La CIA a donc financé deux grèves de camionneurs contre le gouvernement d’Allende et a joué un rôle actif dans la préparation du putsch de Pinochet. Du pain béni que ce chaos pour les stratèges de la CIA ; un vrai billard que cette situation catastrophique pour convaincre les réticents dans la caste militaire en leur faisant miroiter les bénéfices d’une économie libérée où ils n’auraient qu’a empocher les dividendes en tenant les rennes du pouvoir civil ; un jeu d’enfants que de brosser dans le sens du poil la classe moyenne excédée par les pénuries, le rationnement, les contrôles bureaucratiques tatillons, l’arbitraires des groupuscules.  On ne gouverne pas avec de bonnes intentions, des discours, le quotidien est d’un terre-à-terre abominable et il rattrape toujours les apprentis-révolutionnaires. Tout cela je le vivais chaque jour depuis mon arrivée à Santiago, sans flagornerie je savais que tout cela allait finir dans le sang. Alors, le pacte que nous passâmes la belle Eva et moi ne constituait qu’une simple péripétie dans mon no future. Chloé mise hors circuit j’appréciais encore plus ma vie de chien crevé au fil de l’eau et ce soir-là, après qu’Eva eut regagné son Ambassade, au bar de l’hôtel je croisais un autre spécimen de mon espèce en pleine débine, un certain Luc le Belge.  

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 00:09

Les hymnes nationaux, et le notre très guerrier en particulier, joués en prélude aux compétitions sportives ou pour saluer l’obtention de médailles, ne sont pas vraiment ma tasse de thé car ça sent à plein nez le chauvinisme, l’exaltation de sentiments qui n’ont rien à voir avec la compétition, le « on va gagner » des supporters braillards, comme un ersatz de ceux qu’on envoyait à la guerre en chantant. Pour autant je ne me sens pas un mauvais français, un gars qui n’aimerait pas son pays, mes aïeux ont suffisamment versé  de sang en des guerres qui n’étaient pas forcément les leurs pour que je puisse prendre mes distances avec les signes extérieurs de la République. Pour autant, j’adore les chants de nos voisins anglais car ils me semblent vraiment exprimer le moi profond d’un peuple.

 

Alors lorsque les Sex Pistols s’emparent du mythique God Save the Queen (Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols, 1977) juste au moment du vingt-cinquième anniversaire du règne d'Elisabeth II, ils commettent un sacrilège, d’autant plus qu’en qualifiant le régime de Fasciste à peine 25 ans après la bataille d’Angleterre ils ne font pas dans la dentelle. La chanson fut un succès mais elle n’en fut pas moins censurée par la BBC.

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Qui n’a pas connu Michel Droit dans sa vie d’homme a raté le plus beau spécimen de sinistre cireur de pompes, un monument de la France des toiles d’araignée et du rance. Alors lorsque le Michel aux gros sourcils et aux costards de croque-morts  emboite le pas aux militaires pour rédiger une violente diatribe contre « l’odieuse chienlit […] une profanation pure et simple de ce que nous avons de plus sacré. » à propos de « aux armes etcétéra » moi j’atteins l’extase. Son texte paraît le 1er juin 1979 dans le Figaro Magazine : « Quand je vois apparaître Serge Gainsbourg je me sens devenir écologiste. Comprenez par là que je me trouve aussitôt en état de défense contre une sorte de pollution ambiante qui me semble émaner spontanément de sa personne et de son œuvre, comme de certains tuyaux d’échappement… » En fait c’est lui qui pète et qui pue en reprochant à Gainsbourg d’ouvrir la porte à un regain d’antisémitisme, en déformant la version originale de La Marseillaise.

 

Beaucoup de bruit pour rien sauf que l’album devient disque de platine en quelques mois et que Gainsbarre dégaine « On n’a pas le con d’être droit dans Le Matin-Dimanche : « Peut-être Droit, journaliste, homme de lettres, de cinq dirons-nous, […] croisé de guerre 39-45 et croix de la Légion d’honneur dite étoile des braves, apprécierait-il que je mette à nouveau celle de David que l’on me somma d’arborer en juin 1942 noir sur jaune et ainsi, après avoir été relégué dans mon ghetto par la milice, devrais-je y retourner, poussé cette fois par un ancien néo-combattant ? »

 

Jane Birkin a aussi réagi en écrivant à Michel Droit.

 

«Le 4 janvier 1980, alors que Serge Gainsbourg doit se produire à Strasbourg, la salle de concert est investie par des militaires parachutistes, qui désapprouvent la version de la Marseillaise chantée par Gainsbourg et distribuent des tracts. La situation est tendue, et Gainsbourg fait le choix de se présenter seul sur le devant de la scène. Il entonne a cappella le premier couplet de La Marseillaise dans sa version originale, un poing levé, et les paras se mettent tous au garde à vous pour l’hymne national. Il termine en leur adressant un bras d'honneur avant de se retirer» . Aux armes et cætera devient le premier disque d’or de sa carrière. Gainsbourg déclarera à propos de cette chanson : « Je suis un insoumis qui a redonné à La Marseillaise son sens initial. » Quelques années plus tard, il achètera le manuscrit original de La Marseillaise de Rouget de Lisle à la salle des ventes de Versailles, pour la somme de 135 000 francs de l’époque (soit environ 14 000 euros).

 

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 00:09

Le Salers, vieux fromage d’Auvergne, garde encore plus que d’autres ses racines en respectant dans sa fabrication la saisonnalité : il ne peut être fabriqué que du 15 avril au 15 novembre lorsque les vaches sont dans les prés. Plus qu’une tradition, la montée des vaches en estive, c’est-à-dire en haute altitude où l’air et la qualité de l’herbe sont meilleurs influe sur la spécificité de ce fromage. Autrefois les éleveurs organisaient leur vie autour du troupeau et de la fabrication du fromage, ils s’installaient dans des burons aux toits de lauzes. De nos jours l’estive existe toujours, quelques burons perdurent encore, mais la plupart des producteurs s’organisent pour rompre l’isolement. L’altitude est un élément important pour la période de fabrication : plus elle est haute plus la date de fabrication sera repoussée car plus l’herbe tarde à pousser. En conséquence, pour beaucoup de producteurs la période de production est bien plus restreinte.

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La traite des vaches est unique et spécifique, car la présence du veau est indispensable pour récolter le lait. C’est en effet le veau qui amorce la traite. Après avoir absorbé les premiers jets, il est attaché à la patte avant gauche de sa mère et le vacher peut entreprendre la traite de 3 trayons. En effet, le dernier trayon n’est pas trait pour satisfaire les besoins de croissance indispensable du jeune. Le veau est ensuite libéré et réalise l’égouttage de la mamelle. Cette technique spécifique rend la composition du lait différente, la flore buccale du veau humectant les trayons qui lors de la traite dépose dans le lait une flore spécifique. Avec un rapport matière grasse/matière protéique voisin de 1,2 qui se traduit par des qualités fromagères exceptionnelles pour la fabrication du Salers.

 

Tradition que l’on retrouve loin du Cantal, chez les Touaregs nigérians : Edmond Bernus écrit « Avec la tombée de la nuit commence la traite. De jeunes garçons se chargent de celle des chèvres et des brebis, alors que les hommes adultes s’occupent des vaches et des chamelles. L’homme s’approche de la vache le bol de traite à la main (akabar) ; il a pris soin auparavant de détacher le veau, et il le laisse s’approcher et téter goulument, le temps de lier les pattes arrière de la vache. Puis il chasse le veau, et l’attache par le cou à la patte de sa mère. Il s’accroupit alors pour la traite, le bol calé entre les genoux. La montée de lait, amorcée par le veau, se poursuit normalement. La vache n’est pas entièrement traite, et on laisse le veau revenir à sa mère. Libéré il vient enfin téter ce que les hommes lui abandonnent. » Précision de mon ami Pierre, maire de Valette, arrondissement de Riom-ès-Montagne dans la Cantal évidemment : « chez les Peuls le veau est attaché à la patte droite de sa mère » ce qui est attesté par Marguerite Dupire « le jeune veau est attaché par le cou à la patte antérieure droite de sa mère. Cette position naturelle donne à la vache l’impression que le veau continue à la téter. »

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Toutes les races de vache sont autorisées pour faire du Salers, cependant une dizaine de producteurs le fabriquent avec la race salers et ont droit à la mention « Tradition Salers ». La zone de fabrication se restreint à 137 communes du Cantal, 24 du Puy de Dôme, 5 de l’Aveyron et 1 de Corrèze. Elle recouvre des sols riches en acide phosphorique, potasse et magnésie donne une flore originale composée de réglisse, de gentiane, anémone et encore arnica qui lors de la mise à l’herbe donne au lait un goût incomparable. Sitôt trait le lait arrive directement dans la gerle de bois de châtaignier (rendue obligatoire en 2000) où a lieu la première étape de fabrication. Le Salers est donc fabriqué immédiatement après la traite, soit deux fois par jour.

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Ensuite c’est l’emprésurage puis le décaillage : le caillé est découpé manuellement à l’aide de la fréniale (ustensile en métal qui ressemble à une grande fourchette), pour le « casser » en gros grains et le déposer dans le presse tome où il va subir des pressages progressifs. Comme en Auvergne rien ne se perd, le petit-lait sera utilisé: pour nettoyer la gerle (jamais de détergent!). Toutes ce manipulations sont manuelles : on découpe la tome en bloc et on la retourne autant de fois que nécessaire. La tome pressée est ensuite laissée plusieurs heures pour qu’elle mature. Elle est ensuite broyée et salée dans la masse. Le mélange se fait par brassage successifs. La tome ainsi salée est laissée au repos pendant au minimum 3 heures. On procède ensuite au moulage : la tome est tassée manuellement dans un moule spécifique (2 renflements en haut et en bas) tapissé d’une fine toile de lin qui sert de drain. On pose la plaque rouge qui signe l’authenticité du Salers. Ensuite le moule est placé sous le « pesadou » pour être pressé crescendo pendant 48 heures.

 

Reste la phase ultime : l’affinage qui est une étape décisive pour l’élaboration du Salers. Le fromage est entreposé pendant 3 mois minimum dans une cave fraîche, entre 6 et 12°C, avec une hygrométrie généralement supérieure à 95%. Le maître-affineur va retourner et frotter ses fromages à l’aide d’une toile afin de faire évoluer la croûte du Salers vers une couleur ivoire et une épaisseur de plus en plus importante. Bien évidemment plus l’affinage sera long, plus la croûte sera épaisse et plus le fromage aura du caractère.

 

Le Salers est toujours un fromage au lait cru toujours fabriqué à la ferme car le lait est toujours produit et transformé sur l'exploitation. À chaque producteur correspond un Salers possédant son identité propre et son goût. C’est donc un fromage rare 1 470 tonnes par an, 88 éleveur-fromagers-producteurs fermiers, 3 700 vaches laitières, 8 500 000 litres de lait transformés par an, 400 litres de lait pour 1 fourme d'environ 45 kg et de 38 à 48 cm de diamètre, 11 affineurs. Je le conseille à tout le monde bien sur mai surtout en priorité à tous nos fameux grands gastronomes http://www.berthomeau.com/article-le-maire-de-losse-en-gelaisse-aux-soi-disant-gastronomes-patentes-au-portefeuille-etoffe-62181586.html, qui ne sont plus en culotte courte, mais toujours grands préservateurs de paysans, ça vaut en général : à la ferme 12 à 14 € le kg, dans une fromagerie parisienne de 28 à 30 €.

 

Le Salers qui, j’insiste, est un fermier de chez fermier, se consomme soit jeune pour les petites natures, entre-deux pour les connaisseurs : 9 mois est souvent l’optimum ou vieux pour les baroudeurs adeptes des sensations fortes. Comme les saveurs les plus caractéristiques se concentrent sous la croute prière de ne pas l’enlever mais de la gratter pour enlever la pellicule puis de l’essuyer avec un linge fin. Pour sa conservation soit dans un cellier à 6 ou 7°, soit dans le bac à légumes du réfrigérateur enveloppé dans le papier alimentaire du fromager entouré de papier journal pour le préserver du froid.

 

Dernier acte : le vin qui va avec le Salers. À ce stade, prétextant la fatigue, j’eus pu jouer les Ponce Pilate, me laver les mains et vous demander de faire ce boulot à ma place. Que nenni, ce matin j’ai décidé de faire dans la provocation : vous proposer un rouge, un gamay de cave coopérative : celle de Saint-Verny dans le Puy de Dôme. J’entends déjà les cris d’orfraies des esthètes, des buveurs exclusifs de vins de propriété, j’en passe et des moins bons pour vous dire que je m’en bats l’œil. En effet, lors d’une dégustation de mon Grand Jury : Véraison Gamay 2009 IGP Puy de Dôme a obtenu tous les suffrages, une note de 15,5/20, nez poivré, bois frais un poil réglissé, violette, en bouche vif, joyeux, fluide, un bel équilibre qui l’apparente à un beau Beaujolais-Villages.   img196.jpg


Le Salers fromage AOC
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