La nuit tombe sur Pigna. Sur la terrasse, toutes les tables sont occupées et,ce soir, nous avons droit à un fond musical de qualité avec Tribal Poursuite www.tribalpoursuite.fr , une formation de jazz bordelaise (beau clin d'oeil pas vrai). J'ose l'écrire : une enclave de paradis. Le menu annonce : "des producteurs amoureux de leur terre, s'inscrivant dans la tradition et l'authenticité. Des produits simplement mis en scène, aux saveurs recherchées, aux touches sauvages..." Mes amis de Sève, Marc et Patrick, seraient déjà en lévitation, ce qui, pour le second nommé, optimiserait ses dons de guide. Le chef, Jean-Luc Debeuf, passionné de légumes rares et de jardinage, et qui cuisine les produits de son potager, nous propose une mosaïque de plats à 49 euros : mise en bouche, entrée, plat et dessert à choisir sur la carte. Sans concertation, notre choix se porte à l'identique sur :
- Petites langoustines de pêche locale, rôties en coque, huile d'olive et fleur de sel
- Jarret de veau de "Nesa" cuit 8 heures en cocotte lutée, légumes en gros morceaux cuisinés au lard de prisuttu
- Clafoutis aux abricots et amande, sorbet abricot.
Reste, que boire ?
Les vins proposés au verre ne me séduisent pas. J'aurais pourtant bien aimé goûter le vermentinu d'Antoine Arena mais je ne vais pas me siffler une bouteille entière sur les langoustines. Sur les conseils de la patronne mon choix se porte sur un Patrimonio rouge 2004 de Muriel Giudicelli, un vin de vigneronne récoltante avec logo des VIF (et oui, cher Eric et cher Michel Issaly je sais donner les coups de chapeaux...) en voie d'obtenir la certification AB pour ses vignes. Les femmes corses ont du caractère, le vin de Muriel, en dépit de ses 14°, se pare de tout ce qui fait le charme de la féminité.
Sans tomber dans le dithyrambe, de toute ma vie je n'ai mangé de langoustines aussi succulentes - et par ma chère maman qui m'a élevé à la langoustine du dimanche j'estime être une référence - l'alliance de la fleur de sel et de l'Oru di Balagna exhaussait la finesse de la chair de ces mini-langoustes juste pêchées. C'était péché mortel : à damner un saint, le chemin de Damas d'un libertin. Le nectar de Muriel s'alliait bien. Les jazzeux bordelais s'inscrivaient avec justesse dans le calme et la magnifiscence du lieu. Nous étions heureux. Puis vint le veau de "Nessa", exhalaisons fortes d'herbes du maquis, fondant exquis d'une viande choyée et respectée et des carottes au goût de carotte (carottes de sable me précisera-t-on). Chapeau bas, je m'en fus aux cuisines le dire au chef qui m'offrit le menu. Du nectar de Muriel y'en avait plu. Il avait tellement plus à ma compagne qu'elle se sentait plus proche que d'ordinaire des étoiles. Fans de clafoutis, celui-ci se classait dans les grandes douceurs qui vous réjouissent le coeur. Vraiment, chers lecteurs, si vous passez par Pigna, offrez-vous U Pallazu et, couchez-y pour vous laissez aller à tous les beaux péchés du monde autour de sa sainte table...