« L’amour est un bouquet de violettes » l’un des tubes de Luis Mariano que maman aimait tant, remis au goût du jour par Roberto Alagna, avec son parfum vieillot, va servir de fond sonore à ma chronique du jour. La violette, star de Toulouse, a en effet un petit côté désuet, un air de rosière effarouchée, la timidité d’une fleur un peu passée de mode et pourtant si naturelle, si parfumée, si envoutante même, qu'elle mérite mieux qu’une petite ritournelle. Alors, croquons-la !
Manger des fleurs n'est pas nouveau, depuis l'Antiquité les différentes civilisations ont utilisé les fleurs dans leur gastronomie. Les chefs, de nouveau, utilisent les fleurs, souvent seulement pour faire joli. À la Grande Épicerie du BM il est proposé des barquettes de pensées qui sont, elles aussi de la famille des violacées. Alors, en vous proposant le Millet aux violettes suis-je en train de prendre les vents portants ? Que nenni, ma proposition n’est que le fruit du hasard.
Samedi, malgré le gris, bien encapuchonné, je marchais dans les rues de Paris. Alors que je venais de laisser Saint Jacques Haut-le-pas sur ma senestre (sinistra en italien) mon regard de lynx à lunettes fut attiré par la devanture d’une pharmacie. Je fréquente peu les potards dont le goût de plus en plus prononcé pour le commerce me fait douter de l’utilité du numerus clausus dont ils bénéficient dans notre pays françois. Là, je crus un moment que c’était l’étal d’un bouquiniste car sur un chevalet en plexiglas un vieux livre ouvert me tendait les bras.
Photos.
Comme vous venez de le constater de visu je tenais là le sujet de cette chronique. Pour moi ce fut bien plus qu’une simple lubie mais une réelle obligation. En effet, le millet fait partie de mon code génétique : à la maison familiale le millet de la tante Valentine, une rareté craquante – le grain de millet même décortiqué garde son intégrité après la cuisson – avec son léger goût de fumé, enchantait mes goûters au retour de l’école.
Millet aux violettes
Comment le rendre tout sucre, tout miel ?
L’Enchantement
L’abeille visite 7500 fleurs pour produire 1 g de miel !
Cela équivaut à une moyenne de 200 à 300 fleurs à l’heure.
Ses 20 000 sœurs butinent 150 millions de fleurs avant de produire,
Au sein de la ruche, les 20 kg de miel escomptés.
Le miel fait partie des petites douceurs parmi les saveurs sucrées.
Qu’il soit étalé sur les tartines du goûter, incorporé à la pâte des gâteaux
Ou bien encore dans cette savoureuse préparation aux violettes,
il laisse un goût de bonheur sur les papilles.
Et c’est une bonne recette pour rendre son prétendant
Au chaudron ! Faire tiédir le lait. Y laisser infuser les violettes 15 minutes et filtrer. Verser les flocons de millet* en pluie dans le lait filtré et faire cuire 10 minutes à feu doux. Ajouter le miel, mélanger puis mettre dans un compotier.
Emplettes et cueillettes
pour 4 personnes
50 cl de lait *
4 poignées de violettes bien parfumées
12 cuillérées à soupe de flocons de millet *
4 cuillérées à soupe de miel.
L’œil sur la pendule
Préparation : 5 minutes
Infusion : 15 minutes
Cuisson : 10 minutes
Temps total : 30 minutes
Mon grain de sel
* acheter du lait cru de vache Jersiaise et du millet en grains chez Biocoop par exemple.
Reste la grande interrogation finale induite par mon titre : peut-on boire un verre de vin pour accompagner un laitage ? Lait et vin font-ils bon ménage ? Même si l’ami Michel Grisard citant Platon en commentaire de mes écrits sur le « péril vieux » nous dit que « le vin est le lait des vieillards » l’accord entre le lacté sucré et le jus de treille fermenté ne va pas de soi. Et pourtant, puisque le riz au lait revient en force sur les cartes de restaurant, j’affirme que le Beaujolais blanc de Pierre-Marie Chermette www.chermette.fr est en accord avec mon Millet aux violettes.
Contreverse ?
C’est vous qui voyez. La maison permet d’apporter son panier, elle n’impose rien. Elle n’a pas de parti-pris.
Tous à vos claviers !