En cette nuit du 4 août j’avoue tout : oui dans mes fonctions « ministérielles » me faire conduire fut toujours pour moi un vrai bonheur.
Tout d’abord, parce que j’ai horreur de conduire, surtout en ville. Ensuite, parce que je pouvais ainsi dormir pendant mes déplacements : une fonction réparatrice importante dans ce métier fort stressant (voyez le nouveau Ministre en plein mois d'août qui se retrouve avec la patate chaude de la demande de remboursement des aides versées indument aux producteurs de fruits et légumes) ; je pouvais lire mes dossiers, la presse ou un roman ; je pouvais regarder tout à loisir les jolies femmes de Paris ; je pouvais admirer le paysage lorsque nous sortions de Paris ; je pouvais aller en coup de vent voir une expo à l’heure du déjeuner ; je pouvais apprécier les vins du déjeuner ou des dîners officiels ; je pouvais radio-téléphoner (pas de cellulaire encore)…
Pas très écolo tout ça me direz-vous.
Privilégié !
Oui, je l’avoue, mais comme j’ai du « supporter », en tant que représentant d'un Ministère totalement inféodé aux pollueurs productivistes, deux Ministres de l’Environnement assez typés : l’évanescent Brice Lalonde puis la très aimable Ségolène Royal, j’ai des excuses.
Plus sérieusement je n’ai jamais pu convaincre la corporation des chauffeurs du 78 rue de Varenne, le mien plus particulièrement, d’accepter que nous troquions la R25 V6 Turbo héritée d'Henri Nallet pour une Clio Exécutive. « Vous n’y pensez pas monsieur le directeur on aurait l’air de quoi… »
À Paris je montais à l’avant : meilleure visibilité pour lécher les vitrines et admirer tout ce qui est admirable. Jamais de chauffeur le soir : trop cher en heures supplémentaires et surtout, vous voyez ce que je veux dire ou alors faut-il que je fasse un dessin avec des yeux et des oreilles… Détail important mon véhicule était doté d’une plaque minéralogique banalisée et non de l’infamant numéro administratif se terminant par 75D qui risquait à tout moment de vous valoir des regards ironiques ou assassins du citoyen.
J'implore sans aucun remord le pardon du citoyen contribuable que vous êtes et j'avoue que si c'était à refaire je le referais.
Un détail d'importance jamais de gyrophare ni de deux tons, pas le genre de la maison.
Faute avouée étant, je l'espère, à demie pardonnée, sachez que maintenant mes chauffeurs attitrés sont ceux des bus de la RATP des lignes 68 et 39 qui me trimballent dans Paris lorsque la pluie m’empêche de chevaucher mon fier destrier.
Pour conclure, j’ai découvert dans le numéro 16 /17 de la revue « Médium » un texte de Régis Debray « Pauvres riches » qui m’a ravi. Je vous offre l’extrait sur son goût prononcé pour la voiture avec chauffeur.
« Le seul attribut du richard qui peut donner des aigreurs au Parisien surveillé et canalisé, recru de PV et d’embouteillages, c’est la voiture avec chauffeur. Le dernier luxe, la rente qui me fait rêver. Parce qu’elle pare aux contredanses, autorise le travail continu sans rupture de charge et permet d’aller le soir voir des pièces d’avant-garde, au fond de ces ténébreuses et labyrinthiques banlieues qui découragent d’avance le cycliste que je suis. Rien que pour s’éviter la sinistrose des temps morts, gaspillés dans les couloirs de la station Montparnasse ou Châtelet, sans lecture ni téléphonage possible – je comprends qu’on puisse faire des bassesses dans les antichambres élyséennes. Quand j’entends qu’un ami a été nommé président de ceci ou directeur de cela (les bons emplois à la disposition du gouvernement permettent de rejoindre les milliardaires sur la question stratégique du véhicule confortable, gratuit et toujours à portée de voix), mon premier mouvement, noble, est de compassion, aussitôt tempéré par un second, moins reluisant : « Le salaud, avec ses deux chauffeurs attitrés (35 heures obligent) et ses vitres fumées, il va gagner deux ou trois heures par jour sur le bipède ordinaire (distorsion de concurrence), plus dans les 1000 euros par mois (tickets de stationnement et contraventions en moins). Injuste. Odieux. Pourquoi pas moi ? ». Il faut bien un exutoire au moche. De loin en loin. Ça purge les vilains sentiments. Par le bas »
- W comme Walden, à quel auteur américain Hervé Bizeul a-t-il emprunté ce nom ?
- W comme Wagon-citerne, dans quel charmant port ai-je réceptionné des vins de table de South of France en Wagon-citerne ?
- W comme Wagner, le Vaisseau Fantôme (Der Fliegende Holländer) est répertorié dans l’ouvrage Opéra&Wine sous la rubrique Wines of the Netherlands, quel est l’auteur de cet ouvrage ? (chronique en janvier 2009)