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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 00:08

André Malraux, notre premier Ministre de la Culture, nous a légué les maisons de la culture qui, depuis 1991, sont aussi dénommées Centre d’animation Culturelle... Majuscule ou minuscule je n’ironiserai pas trop sur cet enfermement de la culture en des maisons ou des Centres, ce serait de ma part céder à la facilité même si les maisons semblaient plutôt dédiées aux chevelus alors que les Centres penchaient fortement du côté des dames permanentées. Toutefois, en parodiant la célèbre boutade de Paul Claudel à propos de la Tolérance, pour bien souligner le côté réducteur de ces lieux je m’exclamerais : « La culture ? Il y a des maisons pour ça ! »

 

Afin d’étayer mes réticences face à une conception étroite d’un Centre Culturel du Vin, à Paris ou ailleurs, et surtout montrer que je ne suis pas hostile aux lieux culturels de quelque nature qu’ils fussent, je mettrai en avant l’immense succès, qui ne se dément pas, du Centre Georges Pompidou. Pourtant Dieu sait cette « raffinerie bigarrée » en plein cœur de Paris, sur le plateau Beaubourg, a fait s’étrangler les bien-pensants de la Culture ! Le trait de génie de ses concepteurs c’est d’en avoir fait, par la magie d’un geste architectural pas si gratuit que ses détracteurs l’affirmaient, un réel lieu de vie culturelle, multiforme, ouvert, grouillant, chamarré mêlant des populations d’origine diverses.

 

Puisque j’en suis à la parodie je reprendrai à mon compte le jugement sans appel de mon voisin vendéen Georges Clémenceau « La culture du vin est une chose trop sérieuse pour être laissée aux gens du vin... » Que nous aimons notre entre soi de gens du même monde ! Dieu que beaucoup de nos festivités sont d’un triste à faire fuir même les bonnets de nuit ! J’exagère bien sûr mais, avec le bénéfice de mon âge, sans faire du jeunisme, j’affirme tranquillement « de grâce n’imposons pas notre vision un peu surannée aux générations futures... » Avant de décréter qu’il faut un Centre Culturel du Vin à Paris posons-nous la question de savoir si ça correspond à un besoin, à une attente et, si nous souhaitons créer une demande, sortons des sentiers battus. Innovons ! Ma proposition, sans doute jugée farfelue par le monde très sérieux du vin, d’une City Winerie dans l’ex-Trou des Halles, relevait d’une forme de provocation pour bien montrer, qu’au-delà des outrances de nos amis New-Yorkais, l’intérêt d’un tel lieu serait qu’il mêlât, outre vin et gastronomie ce qui est dans l’ordre des choses, mais surtout qu’il y greffât aussi la musique.

 

Pour autant il ne s’agit pas de s’agenouiller devant les modes et les tendances des nouvelles générations mais de leur faire une place pour qu’ils aient envie de pousser la porte de ce type d’institution sans être déjà des convaincus. Ce lieu, si tant est qu’il puisse voir le jour, doit se projeter dans le futur, ne pas se contenter d’être une forme de conservatoire de la culture du vin. Bien évidemment, comme à Beaubourg, le projet pourrait accueillir une grande bibliothèque publique, un lieu d’exposition permanente, des ateliers de dégustation, des masters class, des expositions temporaires. Je rappelle  la très belle exposition au Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou sur le thème «Châteaux Bordeaux» qui se déroula du 16 novembre 1988 au 20 février 1989. (Voir chroniques http://www.berthomeau.com/article-34694357.html et http://www.berthomeau.com/article-34694464.html ) La liste des possibles est ouverte, tout est possible sauf qu’il ne reste plus qu’à trouver les sous pour financer le projet et que ça c’est une autre histoire bien française qui risque de s’enliser dans les sables des féodalités vinicoles de notre vieux pays.

 

Allez, cher François, toi qui adore lever des montagnes, attaque-toi à ce sommet, par la face Nord ou la face Sud, et je serai à tes côtés avec mon enthousiasme que le temps n’arrive pas à éroder. Pour terminer de la musique : pour François La Callas et pour d'autres le déjanté Tom Waits et la délicieuse Scarlett Johansson...

 

 

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commentaires

M
<br /> <br /> Oh, mon Maître !<br /> <br /> <br /> Tu vois, Armand qui connaît tout t'a prévenu !<br /> <br /> <br /> D'abord un grand merci pour Callas dont le timbre de voix, comme celui de Pavarotti, suscite instantanément  le frisson grand luxe. Oui, j'adore aussi Gruberova (Traviata, Norma) mais<br /> impossible de ne pas citer aussi Frederika von Stade, Schwartzkopf, Popp (quelle Reine de la Nuit !). Et Helen Donath ! Et Hertha Töpper dans les Passions !<br /> <br /> <br /> Mais venons en au sujet. D'abord, le but premier de mon propos était de dire mon sentiment sur le fait que Bordeaux a pu collecter 55 millions d'euros pour un tel centre en Aquitaine. Comme la<br /> Winery, on oublie la règle fondamentale de l'immobilier : "location, location, location". Cela me rappelle un grand Monsieur que j'ai connu dans ma prime jeunesse : Arthur Tiffen. Il partait aux<br /> USA avec une règle simplissime pour continuer son oeuvre de promoteur : acheter tout ce qui était possible à 15 minutes à pied de la Maison Blanche. Je doute qu'il ait terminé sa vie pauvre comme<br /> job.<br /> <br /> <br /> Maintenant sur le "style" à donner à un tel projet. C'est évident. Le premier principe doit être "une ouverture" et surtout pas un vase clos où on<br /> se regarde le nombril entre producteurs ou négociants. Et surtout intéresser les jeunes générations : donc, impliquer de jeunes pointures sur ce projet.<br /> <br /> <br /> Le second principe : éviter le style "Disney" comme à Londres. Superfétatoire.<br /> <br /> <br /> Le troisième principe : y associer tout ce qui va autour du vin, gastronomie en tête.<br /> <br /> <br /> Un tel centre doit montrer avec éclat que le vin - c'est mon dada - est autre chose qu'un simple bien économique. C'est un bien qui est FONDAMENTALEMENT associé à une histoire et<br /> à une culture. C'est vaste, je le conçois, mais si on oublie ces deux dimensions, on est foutu. Mais c'est assez unique, non ?<br /> <br /> <br /> Toi qui connaît tous les Ministres, toutes les arcanes du pouvoir, toutes les subtilités des huissiers aux lourdes chaînes qui te font poireauter sur des canapés du XVIIIème, tu pourrais être la<br /> cheville ouvrière d'un tel projet : en tout cas, la petite bête dont le grain de sel serait hautement profitable.<br /> <br /> <br /> Que la vie te soit Douce, et continue à nous écrire ce si beau français, plein d'énergie qui nous donne du peps tous les matins !<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Trés mauvais, Jacques...<br /> <br /> <br /> Casta Diva par la Callas, alors qu'il prèfère la Gruberova<br /> <br /> <br /> :-)<br /> <br /> <br /> En plus en traitre, avant son p'tit dèj. Trés mauvais<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> La Gruberova est en ligne pour le plus grand plaisir du Débonnaire<br /> <br /> <br /> Merci Armand<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Une maison, oui, mais pas une maison close. Comme tu le dis, Jacques, il faut imaginer un lieu bien ouvert (ne pas oublier la vigne), bien vivant et le plus porté sur l'avenir. L'idée est à<br /> creuser et elle doit tenir compte du futur.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Sacré Jacques ! Attends que je prenne mon petit déj calmos, et je te ponds un papier je ne te dis que ça !<br /> <br /> <br /> Pas de sueurs froides : il se trouve que tu as 200 % raison. mais on va y aller, et bien plus loin !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> La Gruberova est en ligne pour porter tes lignes au plus haut <br /> <br /> <br /> <br />

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