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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 12:00

Le 9 septembre 1943, Ajaccio, est la première ville française libérée par les troupes américaines. 65 ans après : c'est la fête. Des images inédites de notre reporter sur place.

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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 00:04

 Ce matin, jour de retour, de l'humour et de la réflexion, à propos du Général...

Extrait d'une bande dessinée " de Gaulle à la plage" désopilante de Jean-Yves Ferri chez Dargaud www.dargaud.com  dont Libé publie des planches cet été. Achetez-là, elle pourra de toute façon, avec sa jaquette rigide, vous servir à protéger votre visage du soleil à la plage (fonction principale du livre de plage selon le critique littéraire de Libé)

" L'armée allemande vient d'envahir la Russie. Des militaires britanniques invitent le Général à suivre, devant une radio d'état-major, le déroulement des opérations.
La rapidité de la progression allemande étonne, puis scandalise et enfin désespère les stratèges britanniques. Silence du Général qui, seul, ne participe pas au concert de lamentations. Les villes russes tombent les unes après les autres. Les officiers anglais s'interrogent sur le sort réservé aux armes alliées. Le Général continue de méditer.
- Et vous, de Gaulle, que pensez-vous de la façon dont les blindés allemands pulvérisent les défenses russes ? demande un officier britannique qui a lu "Vers l'armée de métier".
- Je pense, dit le Général, qu'il faudra désormais songer... aux moyens d'arrêter la progression communiste en Europe.
Il dit, puis déploie sa haute taille et plante là l'assistance médusée.
Sur le pas dee la porte, il confie à son aide de camp :
- N'oubliez pas ces heures-là ! Je me trompe souvent dans ce que je fais, mais jamais dans ce je prédis.

Extrait du livre "Les Mots du Général" de Ernest Mignon chez Fayard

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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 00:06

 

J’aurais pu dans le titre de cette chronique présenter Claude Rivier en déclinant ses appellations officielles : vice-président de la Chambre d’Agriculture du Gard en charge du dossier de la viticulture, président de la cave de Chusclan et sans doute aussi une responsabilité au sein de la nouvelle Fédération Régionale des Caves Coopératives mais je trouve que celle que je lui ai donné : entrepreneur-vigneron lui va bien et je suis sûr qu’il l’appréciera. Je verse son point de vue, que je partage largement, au dossier Languedocien et national (voir l’interview de Jérôme Despey sous la rubrique PAGES en haut à droite du blog N°23) Bien mieux que les joutes de structures professionnelles généralistes l’approche d’entreprise débarrassée des vieux dogmes poussiéreux permettra de répondre concrètement aux défis des marchés en développement. Aux pouvoirs publics régionaux et nationaux je me permets de dire : les projets deviennent bons et exemplaires lorsqu’ils réussissent et leur réussite dépend essentiellement de la vision, de la volonté d’entrepreneurs. De grâce, sortez de vos visions mécanistes de dossier-papier et appuyez ceux qui entreprennent car ils sont une denrée bien plus rare que les financements divers et variés trop longtemps dispersés en pluie fine sans réelle vision stratégique.

 

Les faits. Un point sur lequel tous les observateurs s’accordent : la production et le marché sont appelés à ne plus se rencontrer qu’à des conditions bien définies. La taille critique pour « peser » sur le marché du vrac est de plusieurs centaines de milliers d’hectolitres, (les professionnels de la distribution disent même un million d’hl).

Théoriquement cela supposerait donc quatre metteurs en marché dans le Gard. La réalité est autre. Le Gard compte encore 89 caves coopératives avec quelques unions et 450 caves particulières environ. Non pas quatre, donc, mais plusieurs centaines de metteurs en marché…

Cette dispersion pourrait être une richesse si elle était synonyme d’efficacité. Ce n’est pas le cas. En coopération, une analyse des revenus nets/ha, frais de caves déduits, montre des variations du simple au quadruple. Nous sommes frappés d’une faiblesse de revenu qui montre que les volumes les plus importants sont produits sans valeur ajoutée, voire à perte. De nombreuses caves particulières ne font que du vrac. Trop d’entre elles produisent aussi des bouteilles à perte. Pourtant – on l’ignore souvent – le marché mondial continue de croître.

Le grand négoce assembleur cherche des vins bien faits. Mais les prix payés ne peuvent à la fois faire vivre le viticulteur et combler ses manques d’organisation, de compétitivité, son inadaptation structurelle. Cela, en privé, nul ne le conteste.

 

L’analyse. Comment rendre alors une valeur ajoutée durable au vignoble ? Il n’est plus possible aujourd’hui d’être efficace ET à la vigne ET à la cave ET à la vente. Il y a des exceptions, mais elles ne font que confirmer cette règle.

La grande majorité des caves particulières et coopératives souffrent de ce manque de spécialisation. Il faut des unités de production, indifféremment ouvertes aux coopérateurs et aux vignerons indépendants qui veulent y apporter par contrat tout ou partie de leurs raisins. Ceux qui gardent une part de leur production peuvent s’y consacrer à fond. Le reste est alors travaillé en cave de type winery. Modernes, ces unités proposent au négoce des volumes qu’il peut assembler et collecter dans les meilleurs conditions pour ses vins de table et de pays adaptés à la demande internationale. La taille critique de ces unités dépasse les 200 000 hl. Toute réponse qui ne tient pas compte de ces critères est vouée à l’échec.

 

Les actes. Des hommes réagissent. Des pôles se préparent. Il y aura encore place pour des outils artisanaux. Mais l’essor des vins sans IG exige des pôles industriels. Ce qui se fait autour de Jonquières est un bon exemple à soutenir, à multiplier et à mettre en réseau. Ces évolutions doivent être conduites avec méthode et rigueur. La Chambre d’Agriculture met tout son poids pour soutenir les initiatives allant dans ce sens. En s’affranchissant des visions étroites du passé, le Gard, le Gard doit pouvoir apporter à la génération présente une sécurité économique durable. »

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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 00:06


Ceux qui me reprochent de connaître tout le monde vont être contents, l'interviewé du jour, Pierre Menez, je n'ai fait que le croiser lors de pots de départ ou des remises de décoration, donc je ne puis faire état d'un travail en commun. Comme j'ai toujours pensé et défendu qu'un grand pays du vin comme le notre devait disposer d'un négoce puissant et ambitieux pour affronter le grand large ce qui m'a valu d'être étiqueté comme "trop proche" de ces mercantis qui ne pensent qu'à plumer la volaille vigneronne. Mon expérience à la SVF, mon vécu de la grande région du Languedoc et de ceux qui voulaient se substituer au négoce généraliste, les 20 années perdues évoquées par Pierre Menez, les dernières surtout, me confortent dans cette approche. Ma petite voix, même alliée à celle de mes compères de Cap 2010, n'a eu que peu d'écho dans l'autosatisfaction générale, l'art consommé de faire du sur-place, y compris dans une partie du négoce pour qui les vins de grands volumes n'étaient pas le coeur de notre stratégie. Tout ça, me dira-t-on, n'a pas beaucoup d'importance, sauf que, comme le disait Mac Arthur à propos des batailles perdues : "trop tard !". Pour autant, le jeu reste ouvert avec la nouvelle OCM : à chacun de prendre ses responsabilités, et l'unité toute neuve de nos négociants au travers de l'Association Générale des Entreprises du Vin, je l'espère, va nous permettre de passer la surmultipliée. Reprendre l'offensive sur les marchés porteurs. Cesser le lamento à la française. Merci à Pierre Menez d'avoir bien voulu répondre à mes 3 Questions.

 

1ière Question :

Bonjour Pierre Menez, exit l’AFED et EGVF, vous êtes le nouveau président d’un négoce français réunifié. Les grands et les petits vins vont donc vivre sous le même toit et, par votre entremise, parler d’une seule voix. Qu’est-ce qui vous a incité à vous regrouper alors qu’il y a encore très peu de temps vos analyses et vos stratégies paraissaient éloignées et inconciliables ?

 

Réponse de Pierre Menez :

Depuis de nombreuses années, EGVF et AFED travaillaient ensemble et nous avions, sur l’essentiel, des points de vue totalement convergents.

 

Il a pu se faire que certains tiers à nos organisations professionnelles aient souhaité valoriser davantage des divergences apparentes que l’essentiel qui nous réunissait. Ils avaient grand tort.

 

En effet, les liens entre nos deux organisations étaient déjà profonds et je dois dire qu’avec Bruno KESSLER, nous n’avons eu aucune difficulté à franchir ensemble l’étape finale de notre rapprochement.

 

Nous représentons aujourd’hui, à travers nos différentes organisations régionales ou de produits, une force vive de plus d’un millier d’entreprises qui réalisent 14 milliards Euros de chiffre d’affaires, et surtout autant de chefs d’entreprise dont la 1ère caractéristique est d’être … des entrepreneurs, ce qui veut dire de fortes personnalités, une expression dynamique et affirmée de leurs points de vue, des stratégies qui tiennent compte des spécificités de chacune de leurs entreprises, de leurs productions, de leurs marchés. Notre mission première est d’être leur expression publique, tout en sachant qu’il n’est pas possible, aujourd’hui plus que jamais, d’imaginer les mettre sur un même rang sans avoir longuement travaillé par des débats approfondis à l’élaboration des consensus nécessaires.

 
2ième Question : Après des années de tergiversations un grand vent de réforme souffle dans les voiles du secteur : réforme de l’OCM, réforme de l’INAO et de ses procédures d’agrément, plan de modernisation de la filière, nouvelle approche de la gouvernance de la filière… Dites-nous, Pierre Menez, comment l’AGEV s’insère dans ce processus ? Quelles sont les positions de votre organisation sur tous ces sujets ? Estimez-vous que ces réformes mettent vos entreprises dans les meilleures conditions pour soutenir les effets de l’accroissement de la concurrence mondiale ?

 

Réponse de Pierre Menez :

L’essentiel pour l’avenir de la filière viticole française, et donc pour nos entreprises, est de disposer d’une capacité d’adaptation, de réactivité aux évolutions des attentes des consommateurs dans le monde entier.

 

Dans ce contexte, il n’est plus possible d’imposer des schémas administratifs, des carcans, préconçus nationalement à toutes nos productions françaises alors qu’elles sont si diverses et si riches de potentiel.

 

C’est pourquoi l’AGEV adhère totalement et je dirais assez modestement, après en avoir été parmi les principaux précurseurs, à un certain nombre des réformes qui sont progressivement mises en œuvre.

 

Sans doute aurions nous pu faire plus vite, c’est un regret, mais l’adhésion d’une très large majorité à ces réformes, ce qui suppose de nombreux débats préalables, est un gage nécessaire à leur réussite.

 

Deux exemples, je classe dans ces réformes essentielles celle des signes de qualité appliquée à notre secteur d’activité, dont la réforme des procédures d’agrément des AOC qui concerne désormais toutes nos entreprises. Enfin, nous devrions progressivement apporter aux consommateurs les garanties qu’ils attendent. Rien n’est gagné, beaucoup dépendra de la façon dont les responsables professionnels la mettront en œuvre.

 

De la même façon, le plan de modernisation de notre filière qui notamment confirme et amplifie la capacité des grandes régions de production à définir elles-mêmes les stratégies de valorisation de toutes leurs productions, est essentiel. Là aussi, un nouveau cadre se met en place, il appartiendra aux professionnels de prendre leurs responsabilités.

 

3ième Question : Certains pensent que, sur le marché des vins de marques, seuls des groupes de taille mondiale - type Constellation, Pernod-Ricard - en mesure de satisfaire la demande des grands distributeurs, pourraient nous permettre de regagner des parts de marché. Qu’en pensez-vous Pierre Menez ? La France, grand pays généraliste du vin, qui maintient bien, voire même développe ses postions traditionnelles sur les vins de haut de gamme, peut-elle durablement voir s’effriter ses positions sur des segments de marché de masse qui progressent partout dans le monde ?

Réponse de Pierre Menez :

C’est LE problème. Nous avons perdu 20 ans, par dogmatisme, dans la compétition internationale sur certains segments de marchés.

 

Mais parce que c’est l’un des rares secteurs où nous sommes leader mondial, parce que notre potentiel est extraordinaire par la capacité de nos opérateurs, la diversité de nos productions, notre savoir faire dont nous devons rester fier, tout en étant lucide, etc., nous ne devons pas nous résoudre à limiter nos ambitions. D’ailleurs ce serait progressivement nous mettre dans un corner qui très vite se restreindrait de plus en plus.

 

Bien au contraire, nous devons être à même, non pas de copier nos concurrents (20 ans ça ne se rattrape pas), mais de prendre l’initiative sur les nouvelles attentes des consommateurs dans le monde entier. Nous soutenons qu’il faut pour cela une démarche volontariste, nous nous y employons, et je veux croire que nous disposons encore aujourd’hui des quelques opérateurs à même de s’y impliquer, de prendre des risques et surtout d’investir.

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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 00:02

 

La Corse, vue du ciel, à la Yann Artus-Bertrand, apparaît comme un massif montagneux arraché au continent et jeté à la mer. En 1986 lorsque, pour la découvrir, je l’ai survolée en hélicoptère, cette insularité rude et sauvage m’a fasciné. Comme chacun sait, en parodiant une boutade célèbre, la Corse est une île qui entend le rester. Ici, plus qu’ailleurs, la géographie physique a, profondément et durablement, marqué ce que nos professeurs qualifiaient, avec pertinence, la géographie humaine. Lorsque, chaque été, je pose mon sac, face à la mer, les flancs de la montagne, où règne le maquis tout juste échancré par quelques villages haut perchés, encerclent mon horizon, m’isolent. En une petite heure d’avion j’ai quitté la ville, ma ville capitale, son macadam et ses fureurs pour me retrouver, dans tous les sens du mot, en un lieu où se colleter à la nature, celle trop souvent idéalisée par les adeptes du tout naturel, est un défi chaque jour renouvelé.

 

Alors ce samedi matin, en enfilant les boucles de la route qui grimpe jusqu’au Clos d’Alzeto, le plus haut vignoble de l’Île de Beauté (400 à 500 mètres d’altitude), alors que le soleil attisait déjà les senteurs fortes du maquis, je repensais à ce que je venais de lire sur le terroir dans le livre de Jacques Dupont Choses Bues : « J’ai plutôt tendance à trouver ringards tous ceux qui n’ont du mot terroir qu’une définition naturaliste, comme si c’était le fruit d’une sorte de génération spontanée. Le terroir béni des dieux, créé de toute pièce par Dame Nature qui en aurait fait don aux hommes, me donne envie d’aller me coucher. C’est de la philosophie de syndicat d’initiative. ». À Sari d’Orcino, dans la Cinarca, l’une des régions les plus enclavées et historiquement les moins perméables de Corse (le dernier « bandit corse » de renommée internationale André Spada fit régner la terreur sur la Cinarca jusqu’en 1935, date de son exécution à Bastia), même si le paysage de carte postale enjôle, on sent physiquement qu’ici, comme à Banyuls, le terroir ne peut exister que par la volonté têtue des hommes. C’est la nécessité, celle de vivre au pays, d’y vivre vraiment, qui a donné à la famille Albertini l’énergie et la ténacité nécessaires pour que ces arpents de maquis se transforment en un vignoble d’exception.
 

C’est Pascal Albertini qui m’accueille. Nous faisons le tour des installations : remarquables ! Impeccables, d’une modernité adaptée, réfléchie, gage d’une capacité à tirer le plus beau parti des 53 ha de vignes. Dans les années 70, lorsqu’il est revenu au Clos d’Alzeto, le patrimoine familial se cantonnait à 5 ha de vignes, et après quelques années de labeur à l’ancienne, Pascal Albertini convainc son père et son oncle d’investir : 50 000 F emprunté à 7% au CA contre l’hypothèque de la maison familiale. La saga commence dans le chai comme dans les vignes : débroussaillage, défrichage, dépierrage, terrasses, plantations, souci de l’environnement : ici et là des cabanes de berger remises debout, en bout de rang un arbre préservé qui fait pester un peu le conducteur de tracteur, tout là haut un olivier transplanté qui fera accroire aux historiens qu’il est né là. Travail long et patient, avec le bulldozer du domaine, de la sueur, pour épouser les courbes de niveau, ériger les terrasses, sans le souci de cette rentabilité immédiate qui nous appauvrit, accumulation au plus beau sens du terme de valeur, qui donne à la vigne dans ce décor sculpté ses lettres de noblesse comme le souligne Fernand Braudel dans ses ouvrages sur La Méditerranée. Incomparable culture que celle de la vigne qui transforme une nature belle et ingrate en un espace ordonné et opulent. Une opulence discrète, enracinée, naturelle : la culture de la vigne en ce climat méditerranéen est quasi-biologique. Que voulez-vous, cette réussite humaine, d’entrepreneur au sens nourricier, me comble bien plus que celle des « fortune faite » ou des héritiers venant en des lieux bien plus cléments s’installer en des châteaux du Médoc ou d’ailleurs. Moi c’est chapeau bas à la famille Albertini.

Le Clos d’Alzeto manque de vin et pourtant, par la vertu de notre mode de distribution mutualisé et « politisé » des droits de plantation, son dynamisme est bridé. Regrettable vision d’une gestion collective sans stratégie, favorisant les droits acquis, en partie responsable des débordements de certains et de l’incompréhension de ceux qui vont de l’avant. Je profite de cette chronique pour lancer une invitation à Marion Zalay et à Yves Bénard de l’INAO : « Venez donc au Clos d’Alzeto écouter et recueillir les craintes de Pascal Albertini face à une réforme qui semble amplifier la tendance à une gestion par trop administrative des règles de l’appellation. On rigidifie. On s’accorde sur la cote moyenne. On ne sait pas gérer les exceptions… » Entendez-moi bien, il ne s’agit pas de prôner un quelconque laxisme mais de cibler les contrôles, de viser en priorité les disfonctionnements, tout en laissant respirer, innover, ceux qui ont, par le sérieux de leur démarche, réussi. Accordez-moi cette confiance, au nom de ma petite expérience de la chose publique et de la Corse, que je ne vous amène pas dans un traquenard – Dominique Bussereau a rendu visite au Clos d’Alzeto lorsqu’il était Ministre de l’Agriculture – mais bien au contraire à vous sensibiliser aux craintes justifiées d’un vigneron, identiques à celles que je recueille un peu partout en notre beau pays. Bien évidemment il s’agit d’une initiative personnelle, Pascal Albertini ne m’a rien demandé. C’est avec un grand plaisir que je vous accompagnerais dans une visite dont je suis sûr qu’elle serait pour vous riche d’enseignements.

Certains vont me reprocher de parler de tout sauf des vins mais c’est à dessein que j’ai axé ma chronique sur la vigne et son terroir car il me semble que dans la geste du vigneron c’est l’acte fondateur, le socle de l’édifice. Comme me le confie Pascal Albertini, c’est dans ses vignes qu’il se sent bien. Dans la palette des vins du Clos d’Alzeto www.closdalzeto.com, du Rouge Prestige (80% de Sciaccarello et 20% de Nielluccio), en passant par le Rouge Tradition (70% de Sciaccarello, 20% de Grenache et 10% de Nielluccio et de Carignan)  ce sont des vins de garde puis par le Blanc de Blancs (Vermentino) et, bien sûr, par celui qui m’a fait découvrir le domaine, le Rosé, je vous recommande tout particulièrement de joindre à vos achats le petit bijou qu’est le Vin Doux issu du cépage Vermentino. Il est fin, léger et d’une fraîcheur en bouche exceptionnelle. Car, je n’en doute pas, je suis sûr qu’après avoir lu cette chronique, comme moi, vous tombiez amoureux, et de la Corse, et du Clos d’Alzeto, et que vous veniez y séjourner, et qu’alors vous n’hésiterez pas à emprunter la N194 à la sortie d’Ajaccio, puis à Mezzavia à prendre laD81 vers Cargèse et à l’entrée de Tiuccia tourner à gauche sur la D601 (une pancarte mentionne le Clos d’Alzeto) puis à emprunter la D201 jusqu’au village de Casaglione et enfin la D1 jusqu’au domaine (le site du Clos vous propose un plan très clair de l’itinéraire d’accès)

Clos d'Alzeto 20151 Sarid'Orcino

Tél. 04 95 52 24 67

Fax 04 95 52 27 27

e-mail : contact@closdalzeto.com

Je lis dans la presse locale que le service public aérien de la Corse est en cours d’examen à Bruxelles, les tarifs vont baisser dit-on, alors préparez-vous au départ vous ne serez pas déçu de votre voyage. Quant à Marion et Yves j’attends leur réponse qui ne saurait tarder.

 

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 00:06

Tout a commencé, comme dans les meilleurs vaudevilles – qui n’ont rien à voir avec les veaux des champs – par un énorme malentendu. Ginette, celle qui a le nez en trompette et la langue bien pendue, comme ça lui arrivait fréquemment, au débotté, venait de décider de convoquer ses copines pour un petit dîner à la fraîche dans le minuscule jardinet qui jouxtait le rez-de-chaussée de son 2 pièces-cuisine du 23 de la rue du Château des Rentiers. Pour ce faire elle balançait une bordée de sms à la tribu des nanas branchées avec en final un : «  les cocottes on est prié d’apporter son manger… »

Jusque-là pas de lézard, la procédure était conforme aux us et coutumes de la donzelle. À l’heure dites, les couffins chargés de victuailles achetées au marché bio du boulevard Raspail, celui où la tomate cerise est au prix du caviar, les gonzesses débarquaient une à une chez la Ginette qui arborait, pour l’occasion, une ravissante barboteuse blanche à pois rouges. Avant de casser la graine les filles cassaient un peu de sucre sur le dos des absentes, celles qu’étaient encore en train de se bronzer. Tout roulait dans le bonheur parfait lorsqu’un long coup de sonnette imposait le silence. Elles n’attendaient plus personne. Mimiques. Qui ça pouvait bien être ? Suspens insoutenable, dilemme, choix cornélien : ouvrir ou ne pas ouvrir ? Ce fut, Rosa, la grande tige aux cheveux de feu, qui trancha : « et si c’était le prince charmant… » Dit-elle en ouvrant la porte en grand.

D’un même cri du cœur le chœur des nanas expirait un « ha ! » de stupéfaction. Mais qu’était-ce donc ? L’ex-de Ginette qui tout sourire pointait sa mine enfarinée, les bras chargés d’une gerbe de roses aux pétales nimbés d’un splendide rose de saignée. L’effet de surprise passée, dans la confusion la plus extrême le garçon confiait à l’auditoire éberlué que, bien sûr, le sms de Ginette l’avait un peu étonné, mais que tout à la joie qu’elle lui avait pardonné ses infidélités, il avait décidé de se pointer au dîner. Bref, faisant contre mauvaise fortune bon cœur notre Ginette gaffeuse reprenait les choses en main en lançant à l’importun : « tes fleurs sont belles mais on ne les mange pas alors j’espère que tu n’es pas venu profiter de la fortune du pot ! » Le gars répondit : no, j’ai apporté le liquide… » Et, d’un bon pas, d’aller chercher dans le coffre de son auto une belle glacière pleine de bouteilles de rosé.

« C’est du quoi ? » demandait Marion, celle dont le nez était plein de son.

« C’est du Chinon ! »


Comme notre gars voulait reconquérir le cœur de la Ginette, qui a un si beau nez en trompette, il se disait dans sa petite Ford intérieure : « Faut que j’innove ! Faut que je créé ! Faut que je la surprenne ! »  Ses neurones frisaient le court-circuit lorsque soudain ses yeux se posaient sur des barquettes de fraises des bois. Euréka ! Avec le plus beau de ses sourires il demandait à son ex-dulcinée un grand saladier et un tablier. Ce qui fut fait d’un petit air pincé. La nuée des nanas faisait cercle. L’avantage des fraises des bois c’est qu’elles sont équeutées alors il n’eut qu’à les déverser au fond du saladier. Ensuite en un geste ample, au pif, il les saupoudrait de sucre de canne roux non raffiné. Pour les novices, notez : 150 grammes de sucre pour 750 grammes de fraises. Puis, avec des mines de chanoine il pressait un citron vert, râpait un bâton de cannelle et parsemait le tout de clous de girofle. Enfin, instant suprême, après avoir débouché un flacon de Chinon rosé de saignée 2007 du domaine de Wilfrid Rousse, il le versait avec doigté sur les fraises des bois émerveillées. Bien sûr, avec une grande cuillère en bois d’olivier il touillait. Les filles s’extasiaient. Mais, il y avait un mais. Il réclamait à la chouette Ginette une passoire pour réserver les fruits puis il versait le vin aromatisé dans une belle casserole de cuivre. Portait le liquide à ébullition puis, à feu doux, pendant 10 mn, le laissait chanter. Toujours avec des gestes de maestro il plongeait le cul de la casserole dans un bac de glace pilée. Attendait. Décidait qu’il fallait maintenant passer aux choses sérieuses : gouter son rosé de Chinon du domaine Wilfrid Rousse.

 

Ginette adorait l’étiquette : l’image de la sirène mi-femme, mi-poisson, dont le chant attire les hommes pour leur plus grand malheur, la charmait. Elle lançait à son ex des œillades qui n’avaient rien de SOS. Lui, décrétait, en faisant claquer ses bouchons que ce n’était pas une dégustation mais qu’il n’y avait pas de raison de se priver de causer sur son rosé de saignée. Daphnée, la romantique toute frisée, demandait : « c’est quoi un rosé de saignée ? » La réponse fusait en trois mots : égrappée, foulée, saignée avec mezzo-voce un viens chez-moi je t’expliquerai qui n’avait pas l’heur de plaire à la Ginette. Kristel d’Amsterdam gazouillait qu’elle lui trouvait une superbe couleur orangée. Chloé, elle, penchait pour le saumoné. Bref, on papotait. On gazouillait jusqu’au moment où Alice, une petite merveille, belle comme une perle de rosée, de sa jolie voix flutée racontait : « j’ai lu les mangas Les gouttes de Dieu et le héros Shizuku dit à propos d’un château Mont-Perrat 2001 que c’est comme la voix de Freddy Mercury, ça ressemble à du classique mais ça n’en est pas, c’est bien plus moderne, c’est du Queen… Moi, ce rosé de saignée de Wilfrid Rousse c’est comme MGMT (cliquez)

http://www.youtube.com/watch?v=XVnRzEjpUmE  ça me pulse. Ça vient de loin. Ça vient de la terre. Ça m’enchante. C’est tendre mais acidulé. Je plane… » Même l’ex qui se prenait pour un cador du vin en avait le bec cloué. Le chœur des filles bichait, sauf la Nadia qu’avait un appétit de boa et qui se piquait d’être une œnophile distinguée. Moi, dit-elle, je lui trouve des aromes de fruits rouges et en bouche, au final, un goût de fraises des bois. L’ex aux anges criait « bravo, bravissimo… »

 

Que pouvait-il rêver de mieux que cet accord parfait entre vin et mets pendant qu’il effeuillait de la menthe fraîche sur sa soupe de fraises des bois au Chinon rosé épicé ? Rien, il atteignait les sommets. Du vin compagnon des mets il inventait le vin mets. Chapeau l’artiste ! Même sa rétive Ginette n’en pouvait mais. Toutes les filles le voulaient. Tel un dieu de l’Olympe il distribuait dans la douceur du soir son nectar épicé aux filles enamourées. Ainsi se terminait, du moins pour vous, l’histoire d’un mec tombé comme un cheveu sur la soupe dans un dîner de filles rétablissant la situation grâce au Chinon ; au Chinon rosé bien sûr, un rosé de saignée de Wilfrid Rousse 2007.

 

 

NOTE de l’Auteur :

-         les prénoms sont de pure invention pour préserver l’anonymat des filles ;

-         entre la fiction et la réalité il y a moi le parigot qui suis allé acheter, avec ma petite auto, le rosé de saignée de Wilfrid Rousse chez un caviste à Antony sur la N20 ; qui bien sûr l’ai goûté pour en causer ;

-         que la soupe de fraises des bois au rosé de Chinon épicé est un délice dont je rappelle les ingrédients : 750 g de fraises des bois, 150 g de sucre roux, un citron vert, 1 bâton de cannelle, quelques clous de girofle, de la menthe fraîche ; si vous ne trouvez pas de fraises des bois achetez la variété Mara des Bois ;

-         pour le mode opératoire je préfère effectuer le mélange avant le chauffage pour que le vin s’imprègne des arômes des épices. Attention : porter à ébullition ne signifie pas faire bouillir. Enfin, l’effet chaud-froid est important pour l’exhalaison des senteurs.

Bon appétit !

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8 septembre 2008 1 08 /09 /septembre /2008 00:00

 Rassurez-vous je vais chroniquer sur un vin de pays de Vendée : Éclipse un rouge 2005 du Domaine de la Barbinière  à Chantonnay mais auparavant je ne peux me retenir d’évoquer le souvenir de nos voyages, maman et moi, en Micheline, pour aller voir ma sœur Marie-Thérèse pensionnaire de l’Institut Ste Marie, tenu par les filles de la Sagesse www.fillesdelasagesse.fr/ . Nous partions au petit matin de la gare de la Mothe-Achard et sitôt monté j’allais m’installer à l’avant de la Micheline, là où j’avais l’impression d’être le conducteur puisque je me retrouvais face aux rails. Le vrai chauffeur, lui, pilotais l’engin dans une minuscule cabine perché sur le toit de l’engin. Patrick Drevet, dans un petit opus publié en 1990, La Micheline  collection Haute Enfance chez Hatier, en parle bien mieux que je pourrais le faire.


« En raison de ses dimensions plus domestiques, de la luminosité de ses deux couleurs un peu triviales, de la physionomie pimpante, joufflue, que lui donnait au-dessus de ses tampons la disposition en V de la peinture rouge d’où les phares écartés saillaient comme des yeux de têtard, en raison aussi de l’insolite verrue que, sur ce type d’autorail, produisait le cockpit du conducteur perché sur le toit, voire en raison de ce que m’inspirait la consonance de son nom qui, pour lui avoir été abusivement attribué par similitudes avec l’engin sur pneumatiques construit par la firme Michelin, ne suggérait pas moins dans ses syllabes le caractère poétique d’un cheminement débonnaire, la nature familière et musarde d’une chenille, sans doute avais-je une prédilection pour la micheline que, à quelque moment de la journée qu’elle passât, je courais contempler à la fenêtre de l’une ou l’autre de nos chambres, alors qu’elle filait à mi-pente sur le versant de la vallée, entre les maisonnettes et les jardins, les boqueteaux et les barrières. »


Quelques années plus tard, alors que j’étais élève à l’École d’Agriculture de ND de la Forêt à la Mothe-Achard, trois de mes camarades partant en vacances, en novembre 1957, seraient les victimes d’une catastrophe ferroviaire juste après la gare de Chantonnay car sur la voie unique le chef de gare avait laissé partir la micheline alors qu’un train de marchandises venait en sens inverse. Ce drame a peuplé mes cauchemars d’enfant moi qui n’avait jamais dépassé la gare de Chantonnay mais qui m’asseyais là où mes petits camarades avaient vu venir la mort en face.


 Pas gai mes souvenirs mais c’est ainsi que va la vie.   Mais revenons à nos moutons, j’ai découvert Éclipse dans le très classieux Régal qui, comme souvent, se la pète un peu quand le chroniqueur ou la chroniqueuse écrit : « Pour gommer son modeste pedigree de vin de pays, il suffira de le servir dans une carafe et de prolonger les vacances avec les amis et une dégustation à l’aveugle. » C’est quoi cette engeance, quand est-ce que toutes ces histoires de dégustation à la con faites par des aveugles vont être ravalées au rang des accessoires inutiles car ce sont de vrais tue-plaisir : le vin on le boit, comme on le veut, où l’on veut, chacun à sa position favorite link  . Mais je m’égare. Après cette lecture j’ai saisi mon téléphone pour appeler le domaine de la Barbinière www.domainedelabarbiniere.com/ pour savoir si je pouvais trouver cette cuvée à Paris. C’est Vincent qui m’a répondu fort plaisamment qu’à son grand regret son « sans pedigree » n’était pas monté à Paris. Nous nous sommes arrangés autrement pour que je puisse acquérir une bouteille de la cuvée Éclipse.


 

Assez curieusement nos grands esthètes de Régal on classé Éclipse dans les Vins du littoral, sous la rubrique Maritime ! Ils sont sans doute un peu brouillés avec la géographie car Chantonnay est à 75 km de St Nicolas de Brem soit à vol d’oiseau à une soixantaine de km de l’océan. Bien sûr, je ne dis pas que les influences maritimes n’exercent pas d’effets sur les coteaux du Lay où le vignoble de la famille Orion étend ses 31 ha mais à trop vouloir faire genre, catégoriser pour faire de beaux titres, on se prend les pieds dans le tapis et on mélange un peu tout. Alors, pour eux, et en souvenir de mon prof de géo le frère Buton, natif de Chantonnay, sous la plume de Jean Huguet, un petit rappel sur les « Vignes et vignerons de Vendée » :


« La Vendée est terre de contraste. La croire issue d’un seul âge, ou figer son peuple dans le pittoresque typique d’une seule tradition, serait une même erreur que l’on évitera de commettre. L’aire du département de Vendée, les sols de ses « fiefs » vinicoles, déploient sans superbe mais non sans fierté, du nord-est au sud-ouest, du haut bocage au rivage atlantique, les quatre âges de la terre.


 Après le Phylloxéra qui détruisit le vignoble vendéen de 1875 à 1897, « Les vignerons modestes, pressés de retrouver leur production familiale, se jettent sur les hybrides d’Outre-Atlantique avec une hâte motivée à la fois par les circonstances et par une propagande effrénée organisée en faveur des plants magiques, immunisés contre tout…


Comment aurait-on pu résister aux Noah, Othello, Jacquez, Clinton, Taylor… ?


La mode dura une dizaine d’années, le temps qu’il fallut aux ampélographes pour expérimenter les hybrides qui allaient concurrencer, sous leurs propres noms – seibel, Oberlin, Seyve, Baco, Ravaz, Léon Millot –, les « envahisseurs » américains.


Ces plants français constituaient un indéniable progrès ; ils n’effaçaient pas pour autant les rangées suspectes de Noah et d’Othello, objets dès le 24 décembre 1934 d’un arrêté d’interdiction dont nul ne peut être aujourd’hui assuré, en Vendée, de sa pleine exécution. »

Tout ça c’est ma jeunesse dans les vignes de mon pépé Louis et pour en finir avec mes souvenirs lorsque l’Arrêté du 27 octobre 1984 officialisant l’accès des Fiefs vendéens à l’Appellation d’Origine Vins Délimités de Qualité Supérieure (V.D.Q.S.), passera dans le circuit des signatures, étant au cabinet de Michel Rocard chargé entre autre de la viticulture, j’ai veillé à ce qu’il ne niaise pas dans les soupentes des Ministères.

Mais revenons à nouveau sur les coteaux du Lay à Chantonnay pour notre Éclipse 2005 Réserve de la Barbinière. Bel habillage, bien dans la tendance d’une nouvelle génération de vignerons qui ne confondent pas paille dans les sabots et expression du terroir. J’apprécie aussi la lisibilité et l’affichage de son identité : Vin de Pays de Vendée, on ne la met pas dans sa poche avec son mouchoir de Cholet par-dessus. Du côté de la conduite de la vigne, de la vinification et de l’élevage, en dépit de mon bref apprentissage auprès du frère Bécot dans les vignes et dans le chai de l’École d’Agriculture de la Mothe-Achard, je préfère m’en remettre en ce qu’écrivent les Orion.


Conduite du vignoble :

-         Âge moyen des vignes : 25 ans ;

-         Enherbement naturel maîtrisé ;

-         Taille très courte (Guyot double) ;

-         Travaux en vert importants (épamprage, effeuillage, éclaircissage…)

-         Protection phytosanitaire raisonnée ;

-         Vendanges manuelles.

Vinifications et élevage :

Le Pinot Noir a effectué une macération de 16 jours avec des pigeages manuels successifs. Le Cabernet Franc et Sauvignon de très belle maturité ont macéré entre 18 et 24 jours. L’élevage de 13 mois en fûts de chêne français (40% de bois neuf) a été réalisé séparément jusqu’à l’assemblage au mois de janvier. Cette nouvelle cuvée a été mise en bouteilles à la mi-mars 2007.

Arrivé à ce stade : choix cornélien, 2005 c’est un très beau millésime, un millésime « exceptionnel », c’est un vin de garde (5 ans et +), vais-je en plein mois d’août ouvrir cette belle bouteille ? Je tergiverse puis, faute de convives à inviter – ils sont tous sortis de Paris – je décide d’attendre et de m’en remettre aux beaux esprits de Régal : « Malgré un sommeil de treize mois en fût de chêne, le boisé est parfaitement intégré au vin, qui se livre frais et digeste (…) Bluffant et délicieux. » Quand j’aurai moi-même, non pas goûté, mais bu – pas tout seul – cette cuvée Éclipse 2005 je m’essayerai non pas à des commentaires mais je conseillerai à mon filleul Vincent Berthomeau qu’il aille, avec mon très cher frère Alain, faire un petit tour au Domaine de la Barbinière St Philbert 85110 Chantonnay 0251343972 domainebarbiniere@wanadoo.fr goûter les cuvées de la famille Orion : Philippe, Alban&Vincent, pour peut-être en mettre une sur la carte de son restaurant l’Abelia 125, Boulevard Poilus 44300 Nantes 02 40 35 40 00. Au passage, ils pourraient récupérer à Antigny mon cher beau-frère René Ouvrard, qu’a gagné tellement de sous en vendant des tracteurs et des machines à vendanger, pour qu’il se fende de l’achat de quelques cartons de vins du Domaine de la Barbinière. Bref, j’en ai fini, un dernier mot : merci aux Orion de leur délicate attention ça me permettra d’écrire une autre chronique sur le vin de Pays du Val de Loire cher à Pierre Aguilas et à Joël Hérissé.

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 15:30

 

Chère Catherine M.,

Un ami commun, outré par une de mes chroniques, dont je reconnais qu’elle était un peu tirée par les cheveux, m’a envoyé un sms où il m’écrivait : Catherine M. est un grand écrivain, et il me conseillait de lire « Jour de Souffrance »… J’étais attablé à la terrasse de Terra Cotta, sur le port de Propiano, face à un pavé de Mérou, et un charmant rosé du Sartenais, et je lui ai répondu que je n’avais jamais mis en doute vos éminentes qualités d’écriture, que je lui concédais sans aucune réticence vos talents d’écrivain français, mais que mon irritation provenait du titre de votre opus et de sa médiatisation à la Houellebecq. Face à l'exploitation du marché de la souffrance je suis colère et pour me comprendre je vous recommande de lire ma chronique "Château de la Dégeulardière" (je fus le censeur de l'ARC post-Crozemarie) http://www.berthomeau.com/article-5341360.html

De l’entame de ma chronique, je ne retire pas un mot : « la complaisance, l’exhibitionnisme, l’étalage de ses malheurs, de ses souffrances sont, dans notre époque postmoderne, l’ordinaire des « grands » comme des sans-grades ; les premiers pour ce faire, ambition littéraire oblige, prennent la plume, se confient à Mireille Dumas et, bien sûr, vendent leur rata sur les plateaux littéraires ou au 20 heures ; les seconds doivent se contenter de servir d’attractions de foire, comme les femmes à barbe d’autrefois, chez le sémillant Delarue ou ses clones. Nos contemporains ont besoin d’émotions en barquettes prêtent à être réchauffées sur leur micro-ondes à écran plat. Voyeurisme minable qui sans doute les console de leur propre misère, de leur souffrance, de leur solitude : tous unis dans le malheur. »

Sur France Inter, alors qu’elle vous interviewait, une brave et besogneuse journaliste, s’extasiait à propos de « Jour de souffrance » : « quel beau titre ? » Et oui, chère Catherine M., que la souffrance est belle lorsqu’elle n’est qu’une volute, certes tranchante comme le fil d'un rasoir, sur son bel amour-propre. Je crois, pour avoir vécu ces moments où l’on est pris à son propre jeu, qu’on s’en remet très facilement et que la cicatrisation ne laisse que peu de trace. Petits malheurs que ceux du cœur même si ensuite, plus rien n’est tout à fait comme avant.

Dans ma chronique, je vous avais associé à ce « pauvre Chabalier » dixit notre ami commun. Pourquoi diable me direz-vous ? Je prévenais l’objection : « Millet, Chabalier, quel rapport ? » en ajoutant avec un soupçon de goujaterie : «  Vous avez noté je l’espère tout le suc de ce singulier ». Ma réponse n’a rien perdu de sa pertinence : « Ce sont tous deux des icones médiatiques, des intouchables, des qui passent à la télé quand ils claquent des doigts. Ils font de l’audience Coco ! »

Comme vous, il y a quelque temps, ce cher homme fut omniprésent pour nous vendre sa souffrance, une souffrance bien réelle. Dans son livre « Un dernier pour la route » – qui devrait être porté à l’écran dans les mois qui viennent – il nous a abreuvé pendant des semaines de sa souffrance d’alcoolique pour ensuite, fort de son abstinence toute neuve, se voir confier par le sémillant et inconstant Douste-Blazy la rédaction d’un rapport sur l’alcoolisme dont il avait assuré, avec son beau carnet d’adresses, la promotion médiatique. Omniprésent, repenti vindicatif, donneur de leçons, ce cher homme, investi d’une mission quasi-divine, nous a pris la tête avant de s’en retourner à son biseness de fabricant d’images chocs pour des télés paresseuses et si peu soucieuses de l’héritage des pionniers de 5 Colonnes à la Une.

Vous allez m’objecter, chère Catherine M, que vous mettre tous les deux dans le même sac c’est aller bien vite en besogne et mélanger les torchons et les serviettes. J’en conviens mais, comprenez-moi, les bien-pensants, ceux qui ont poussé des cris d’orfraies face à la « débauche » de la vie sexuelle de Catherine M. nous étiquettent, nous les gens du vin : « pourvoyeur de malheur et de souffrances » en nous jetant à la gueule pêle-mêle : la souffrance des femmes battues par leur poivrot de mari, celle des parents des victimes d’un gus bourré au volant de sa bagnole, celle de l’alcoolique lui-même et de sa famille, le coût social. Amalgame, statistiques orientées, pseudo-loi de Ledermann, qualification de « drogue légale », montrés du doigt par les « n’y touchez jamais… »

Alors, comprenez-moi encore un peu, lorsque je vois la complaisance des médias à l’égard d’un cher confrère, touché de plein fouet par le malheur, je suis exaspéré. Que la souffrance de Chabalier fut réelle, que celle qu’il infligea à ses proches fut sûrement difficilement supportable, j’en suis intimement convaincu. Qu’il veuille en porter témoignage je lui accorde. Mais de là à s’ériger en donneur de leçons alors là je m’insurge. Les ex n’ont pas à se draper dans leur malheur pour pourrir la vie de ceux qui, comme moi, stressés, exposés, tentés, amateur de bonne chère et de vin, n’en sont pas pour autant devenus des alcooliques. Tous ces ex ramenards m’emmerdent. Je trouve qu’ils font peu de cas de leur part de responsabilité, s’exonèrent trop facilement de ce qu’il faut bien appeler par son nom : leur faiblesse. En écrivant ceci je ne leur lance aucune première pierre, nous avons tous des faiblesses, y compris génétiques : nous ne sommes pas égaux face à l’alcool, mais de grâce que ceux qui, pour de multiples raisons sont devenus alcooliques, une fois sortis de leur addiction, restent modestes, nous épargnent leurs prêches sur les bienfaits de la pure abstinence.

Là, je sens, chère Catherine M, que vous vous dites « mais qu’est-ce que je viens faire dans cette galère ? » Dégât collatéral de votre omniprésence médiatique, exaspéré par les chère Aude « passez-moi le sel », les cher Jérôme passez-moi les boudoirs, les Inroks,le NO et tous ces tombereaux de complaisance. Ne soyez pas dupe, et je sais que vous l’êtes pas vous qui connaissez si bien le marché de l’art, votre livre, comme votre précédent l'est devenu, est un pur bien de consommation – et ce n’est pas sous ma plume un reproche mais simple constatation – dont vous faites la promotion. Et, je vous l’avoue, le nombrilisme ambiant dans la production littéraire de notre beau pays m’exaspère ; tout comme l’insignifiance des scénarii des films français. Alors je me vois contraint de lire et de voir la production « étrangère » où l'on rencontre des oeuvres. Avec votre talent de plume, laissez aller votre imaginaire, débridez votre petit cercle, laissez de côté votre cher Jacques, de grâce Catherine M. offrez-nous un grand roman !

Voyez-vous, chère Catherine M. quand j’entends un gus bramer « qu’il est pris en otage » parce que la CGT bloque pour la nième fois le RER, je sors mon Jean-Paul Kaufmann. La valeur des mots, leur poids sont incontournables. Pour moi la souffrance c’est celle des gamins aux crânes lisses de l’Institut Curie, pas la vôtre chère Catherine M., si douce, si soluble dans l’écriture et si facile à promouvoir auprès de la petite république des lettres. Ce n’est pas faire injure à votre talent que de l’écrire mais simplement, dans le concert de louanges, faire entendre une petite musique différente : celle de ceux que l’on n’entend jamais nulle part car ils s’en tiennent à un silence douloureux.

Alors, chère Catherine M., je laisse Chabalier à son nouvel apostolat et, pour combler notre ami commun, je lève mon verre de nectar ambré au plaisir des dieux...   

Jacques Berthomeau

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 00:01

Pendant que certains de mes « camarades » croupissaient déjà dans les geôles de Marcellin, moi, lové dans un peignoir de bain floqué aux armes du Savoy de Londres, pomponné, huilé, je suivais pas à pas Chloé dans sa quête de fringues pour notre sortie de ce soir ; une réception dans un hôtel particulier du VIIe, soit le comble, la quintessence de la vanité et de la vacuité de cette haute-bourgeoisie friquée et honnie que nous étions censée combattre. Nous avions une belle excuse, que nous ne revendiquions même pas d’ailleurs, notre hôte, le totalement foutraque, Jean Edern Hallier, était estampillé compagnon de route de la GP.  La pièce où nous nous trouvions, sans fenêtre, éclairée par des néons pendus à des filins d’acier, tenait de la caverne d’Ali Baba : au centre des enfilades de vêtements pendus à des cintres ; sur tout un pan de mur des boites à chaussures empilées ; en vis-à-vis sur des guéridons, en des corbeilles d’osier, des colliers, des boucles d’oreilles, des ceintures, des bas, des porte-jarretelles, des slips et des soutien-gorge, des guêpières, des chapeaux, des foulards, des boas et tout un attirail sado-maso ; enfin sur une longue planche posée sur deux tréteaux un déluge de fards, crèmes, parfums et autres ingrédients de maquillage dont raffolent les filles. Chloé voletait, je la sentais oisillon paumé en mal de protection, ses grands yeux quêtaient les miens, ses mains parfois tremblaient, hésitaient et son grand corps, comme s’il était face à un obstacle imprévu, se cabrait.  

« Aide-moi beau légionnaire, je n’ai jamais su choisir…

Habiller une fille pour la sortir, l’exposer en public à son bras, relève d’une forme jouissance de la plus haute perversité. D’ordinaire, les femmes décident de ce qu’elles veulent montrer ou cacher et, en dépit des glapissements féministes sur le thème : nous portons des strings pour nous faire plaisir, ce que les femmes montrent c’est ce qu’elles exposent d’elle-même pour que ce soit vu et, ce qu’elles cachent à peine sous des robes moulantes, courtes ou fendues, c’est ce qu’elles offriront à celui ou à celle qui saura leur plaire ou sur lequel elles auront jeté leur dévolu. L’histoire des gorges pigeonnantes, des culottes fendues, des voiles et des bas est là pour en témoigner. Dans le jeu de la séduction la femme tient toutes les cartes maîtresses et surtout, presque toujours, c’est elle qui choisit. Habiller Chloé me comblait. Avec elle je me sentais libre de  mes choix puisqu’entre nous deux le seul lien existant était le n’importe quoi  ou plus exactement comme j’étais allergique à l’utilisation de toutes les formes d’adjectifs de possession, je me contentais de son prénom. Elle, avec son beau légionnaire, avait opté pour la dérision. Le vêtement étant la seconde peau, celle qu’on choisit, je n’eus aucune peine à assembler dans ma tête celle de Chloé. Pour le haut, une pure merveille de chic provoc : un petit débardeur noir tricoté à collier de chien clouté de billes d’acier, dont Vivienne Westwood fera plus tard l’un de ses musts. Je tirais ainsi les regards vers le si beau cou de Chloé, et oublier ses épaules étroites et sa poitrine plate. Pour le bas, un short bouffant en satin noir s’imposait : les compas de Chloé et sa taille de guêpe en étaient magnifiées. Restait le choix des chaussures. Complexe eu égard à la pointure de l’asperge : 40, tout me semblait lourd et emprunté jusqu’à l’instant où, ayant vissé sur les cheveux courts de Chloé un bonnet de feutre noir, l’évidence des ballerines de danse s’imposa.

 

Anna, l’épouse d’Edern, nous reçut avec beaucoup de gentillesse. Italienne comme Chloé, riche héritière, elle se mouvait dans cette étrange assemblée avec un détachement amusé. Elle complimenta Chloé pour sa tenue et s’attira cette répartie : «  Chère Anna, il me voit belle, il me veux belle, alors il me fait belle, il est exceptionnel mon beau légionnaire… »  Avec mon Perfecto et mon jeans je faisais un peu tache à coté d’Edern qui lui arborait ce soir-là une chemise blanche à jabot très Mick Jaeger sous une veste en soie jaune canari, mais ça excitait plutôt la concupiscence d’un cheptel féminin tendance Simone de Beauvoir non révisée, bandeau et morgue incorporée. Le champagne coulait à flot et c’est la première fois de ma vie où j’ai mangé du caviar. Jean Edern proclamait à la cantonade que nous pouvions nous goinfrer sans remord puisque les fameux œufs d’esturgeon lui avaient été offert par un hiérarque du PC à son retour de vacances dans une datcha des bords de la Mer Noire. Avec son intonation si caractéristique et son rire nasillard le grand escogriffe vilipendait les petits maquignons du Bureau Politique qui allaient faire bronzer le gros cul de leur bobonne aux frais des cacochymes du Kremlin et qui en profitait pour se faire sucer le membre pendant la sieste par des jeunes beautés slaves. « Des porcs ! » La cour riait. La cour l’entourait. La cour se bâfrait. Moi je commençais à m’ennuyer. Tout ce champagne me donnais envie de pisser. Un larbin m’indiquait que c’était au premier. Je me paumais. Poussais des portes. M’esclaffait soudain : à quatre pattes sur un tapis de la Savonnerie une quadragénaire, cul à l’air, se faisait tringler par un gros type futal sur les chaussettes. La représentante du « deuxième sexe » approchait de l’extase et le proclamait d’une voix haletante. Le gros boutait ce qui donnait à ses fesses poilues des ressauts ignobles. « T’inquiète pas ma grosse vache quand ça va gicler t’en auras pour ton taf ! J’chui même capable d’en garder un litre pour t’en mettre aussi plein la rondelle… » La voix de l’ignoble Gustave, et surtout son putain d’accent, ne me laissait aucun doute sur l’identité de l’usineur de celle qui se révéla être par la suite une ardente militante du droit des femmes à disposer de leur corps.

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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 00:05

La complaisance, l’exhibitionnisme, l’étalage de ses malheurs, de ses souffrances sont, dans notre époque postmoderne, l’ordinaire des « grands » comme des sans-grades ; les premiers pour ce faire, ambition littéraire oblige, prennent la plume, se confient à Mireille Dumas et, bien sûr, vendent leur rata sur les plateaux littéraires ou au 20 heures ; les seconds doivent se contenter de servir d’attractions de foire, comme les femmes à barbe d’autrefois, chez le sémillant Delarue ou ses clones. Nos contemporains ont besoin d’émotions en barquettes prêtent à être réchauffées sur leur micro-ondes à écran plat. Voyeurisme minable qui sans doute les console de leur propre misère, de leur souffrance, de leur solitude : tous unis dans le malheur.

 

Mais qu’est-ce que ça à voir avec notre cher nectar me diront certains ?

 

La réponse est simple : nos détracteurs nous étiquettent « pourvoyeur de malheur et de souffrances » en nous jetant à la gueule pêle-mêle : la souffrance des femmes battues par leur poivrot de mari, celle des parents des victimes d’un gus bourré au volant de sa bagnole, celle de l’alcoolique lui-même et de sa famille, le coût social. Amalgame, statistiques orientées, pseudo-loi de Ledermann, qualification de « drogue légale », montrés du doigt par les « n’y touchez jamais… », nous, les gens du vin, avons bien du mal à tenir notre position, sur la défensive nous nous défendons plus ou moins bien – se défendre c’est presque s’avouer coupable aux yeux du bon peuple – et comme nos propos ne recèlent pas la charge émotionnelle suffisante pour convaincre le grand nombre nous subissons en maugréant la dictature du « sanitairement correct ». Injuste mais efficace, que pouvons-nous faire pour être entendu sans pour autant nous défendre ni nous excuser ?

 

C’est dans cette perspective que ma chronique de ce matin a valeur de démonstration : la mécanique médiatique, dans sa logique de part de marché, d’audience, pourvoyeuses de la manne publicitaire, ne met en avant que ceux qui attirent le chaland. Le mariage de la fille de Bernard Arnaud, au Château d’Yquem mobilise les grands médias, comme la maréchaussée d’ailleurs, alors que les propos d’un vague président de nos zinzins du vin, inconnu du grand public, sur l’inutilité de l’apposition du logo femme enceinte sur les bouteilles de vin, passent à l’édition locale de France 3. Tant que tous les intervenants du monde du vin, riches ou modestes, grands, petits, négociants, vignerons, bordelais, bourguignons, languedociens, alsaciens et autres n’auront pas compris que, sur ce sujet, l’unité, la mise en commun de moyens à un bon niveau d’efficacité, la désignation d’un porte-parole identifié et connu (type Bédier pour la Grande Distribution) ne seront pas de mise, notre juste cause restera minoritaire et la logique des politiques restera influencée par ceux qui tiennent le haut du pavé : les cooptés de l’ANPAA, les zinzins étatiques : OFDT, Mildt et INPES qui savent si bien traire la vache à lait des fonds publics sans pour autant obtenir des résultats probants en matière de lutte contre l’alcoolisme.

 

Revenons à mes cobayes du jour : Catherine Millet et Hervé Chabalier.

 

La première, celle qui en 2001, dans "La Vie sexuelle de Catherine M. ", livre devenu un best-seller mondial, écrivait « J’ai partouzé dans les semaines qui ont suivi ma défloraison » ajoutant « on m’attrape et on me tourne en tout sens comme on veut » avouant se livrer « à un nombre incalculable de mains et de verges », « baisant par-delà toute répugnance » avec des hommes anonymes dans des lieux incertains : parkings souterrains, bois de la capitale, cabines de semi-remorques, cimetières, gares, placards de salles d’exposition » fait la une du Nouvel Observateur, sous le titre alléchant : Les femmes, leurs maris ; leurs amants et un sous-titre canon Catherine Millet « La jalousie c’est l’enfer » à l’occasion de la sortie de son nouvel opus « Jour de souffrance » L’hebdomadaire se livre à cette occasion à ce que je notais dans une récente chronique : mettre à sa Une la photo porno-chic d’une Catherine Millet, jeune et belle, fort comestible.

 

Le second qui nous avait abreuvé de sa souffrance d’alcoolique dans son livre « Un dernier pour la route » – qui devrait être porté à l’écran dans les mois qui viennent – pour ensuite, fort de son abstinence toute neuve, se voir confier par le sémillant et inconstant Douste-Blazy la rédaction d’un rapport sur l’alcoolisme dont il avait assuré, avec son beau carnet d’adresses, la promotion médiatique. Omniprésent, repenti vindicatif, donneur de leçons, ce cher homme, investi d’une mission quasi-divine, nous a pris la tête avant de s’en retourner à son biseness de fabricant d’images chocs pour des télés paresseuses et si peu soucieuses de l’héritage des pionniers de 5 Colonnes à la Une. Chabalier paré de sa belle image d’ex du Nouvel Observateur et du Matin de Paris exploite avec Capa son agence le filon du reportage avec une pincée d’insolence qui n’est pas forcément le gage d’un réel professionnalisme. Mais que voulez-vous, en ces temps d’indigence, faute de grives on se contente de bouffer des merles. En juillet, à la terrasse du Sélect, un des collaborateurs de ce cher Chabalier vendait à la table d’à côté l’image maison : une forme d’agressivité de pure pacotille à une nouvelle recrue émerveillée.

 

Millet, Chabalier, quel rapport ? Vous avez noté je l’espère tout le suc de ce singulier.

 

Ce sont tous deux des icones médiatiques, des intouchables, des qui passent à la télé quand ils claquent des doigts. Ils font de l’audience Coco !

 

Catherine Millet, fondatrice et directrice d’ « Art Press », commissaire du Pavillon français à la Biennale de Venise en 1995 est un monument de la Rive Gauche et la chouchoute de la rue de Valois. Incontournable, intouchable, si je puis m’exprimer ainsi, sauf à se voir taxer de n’être qu’un plouc ignare ou un refoulé du terroir profond. Omniprésente, charmeuse, talentueuse, on l’entend et on la voit partout pour promouvoir « sa souffrance » de nouvelle jalouse.

 

Hervé Chabalier lui, c’est pire car c’est un cher confrère de la république des grands médias qui n’aiment rien tant que la contemplation de leur nombril et leur autoprotection.

 

Mais pourquoi diable les vouer, ensemble, aux gémonies ?

 

Pour Catherine Millet, comme vous en vous en doutez, ma réprobation n’a rien à voir avec de la pruderie. Même si je n’ai pas lu son premier opus je dois avouer que j’appréciais son impudique courage et son atonale franchise. C’est l’exposition de sa souffrance dans son dernier opus qui me l’a fait unir au champion toute catégorie de l’exhibition en bandoulière de son enfer d’alcoolique. Que la souffrance de Chabalier fut réelle, que celle qu’il infligea à ses proches fut sûrement difficilement supportable, j’en suis intimement convaincu. Qu’il veuille en porter témoignage je lui accorde. Mais de là à s’ériger en donneur de leçons alors là je m’insurge. Au même titre que cette chère Catherine Millet qui, après avoir abreuvé le monde de ses ébats déconnectés : le plaisir des sens et l’Amour c'est "total étanche", il suffit de le déclarer en douane, s’épanche, avec talent dit-on, dans un nouveau livre sur sa douloureuse jalousie à l’endroit de son mari,  Jacques Henric qui se permet d’avoir une maîtresse, ce type d’indécence me stupéfie. Millet, Chabalier et moi sommes des baby-boomers, et nous avons traversé cette moitié du 20ième siècle dans les mêmes conditions et je me sens légitime de leur balancer que l’exploitation de leur souffrance me navre. M'exaspère. Ils ne sont vraiment pas les mieux placés pour nous émouvoir.  

À Catherine Millet j’accorde facilement l’absolution car elle ne vient pas nous faire la morale, elle se contente de prendre le vent dominant, via un livre, sans doute pour, comme le notait perfidement JL Ezine au Masque et la Plume, reconquérir son homme. Pauvre Henric, encore un ex, inconnu, lui, du grand public en dépit de son statut d'écrivain, le voilà jeté en pâture pour le plus grand plaisir des ménagères de plus de 50 ans qui vont, sans nul doute, se ruer sur un sujet cœur de cible de la collection Harlequin. C'est very good ! Si nos romancières – Christine Angot * nous conte, elle, ses ébats avec Doc Gynéco, « Il me prenait, me mettait dos à la fenêtre, essayait de baisser mon pantalon pour introduire sa queue, en m’immobilisant  contre le mur et la fenêtre. Ou alors, j’étais à mon bureau, il la sortait et la mettait devant ma bouche… » - pensent que le mitan de leur lit est le centre du monde grand bien leur fasse, ça ne mange pas de pain, ni ne fait de tort à personne, même si ça n’est pas forcément de la bonne et grande littérature mais ça fait vendre Coco.
* cf Angot

Pour Chabalier en revanche aucune bienveillance, les ex n’ont pas à se draper dans leur malheur pour pourrir la vie de ceux qui, comme moi, stressés, exposés, tentés, amateur de bonne chère et de vin, n’en sont pas pour autant devenus des alcooliques. Tous ces ex ramenards m’emmerdent. Je trouve qu’ils font peu de cas de leur part de responsabilité, s’exonèrent trop facilement de ce qu’il faut bien appeler par son  : leur faiblesse. En écrivant ceci je ne leur lance aucune première pierre, nous avons tous des faiblesses, y compris génétiques : nous ne sommes pas égaux face à l’alcool, mais de grâce que ceux qui, pour de multiples raisons sont devenus alcooliques, une fois sortis de leur addiction, restent modestes, nous épargnent leurs prêches sur les bienfaits de la pure abstinence. Ils devraient savoir d’expérience que leurs bonnes paroles n’ont que bien peu de prise sur leurs anciens compagnons de chaîne et plus encore sur les jeunes.

A mon ami BD je lance un appel : et si vous convainquiez votre amie Catherine M. de mettre son entregent au service de notre divin nectar ça rendrait blême nos chers hygiénistes et, bien sûr, le pauvre Chabalier en resterait sans voix...

 

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