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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 00:06


Ceux qui me reprochent de connaître tout le monde vont être contents, l'interviewé du jour, Pierre Menez, je n'ai fait que le croiser lors de pots de départ ou des remises de décoration, donc je ne puis faire état d'un travail en commun. Comme j'ai toujours pensé et défendu qu'un grand pays du vin comme le notre devait disposer d'un négoce puissant et ambitieux pour affronter le grand large ce qui m'a valu d'être étiqueté comme "trop proche" de ces mercantis qui ne pensent qu'à plumer la volaille vigneronne. Mon expérience à la SVF, mon vécu de la grande région du Languedoc et de ceux qui voulaient se substituer au négoce généraliste, les 20 années perdues évoquées par Pierre Menez, les dernières surtout, me confortent dans cette approche. Ma petite voix, même alliée à celle de mes compères de Cap 2010, n'a eu que peu d'écho dans l'autosatisfaction générale, l'art consommé de faire du sur-place, y compris dans une partie du négoce pour qui les vins de grands volumes n'étaient pas le coeur de notre stratégie. Tout ça, me dira-t-on, n'a pas beaucoup d'importance, sauf que, comme le disait Mac Arthur à propos des batailles perdues : "trop tard !". Pour autant, le jeu reste ouvert avec la nouvelle OCM : à chacun de prendre ses responsabilités, et l'unité toute neuve de nos négociants au travers de l'Association Générale des Entreprises du Vin, je l'espère, va nous permettre de passer la surmultipliée. Reprendre l'offensive sur les marchés porteurs. Cesser le lamento à la française. Merci à Pierre Menez d'avoir bien voulu répondre à mes 3 Questions.

 

1ière Question :

Bonjour Pierre Menez, exit l’AFED et EGVF, vous êtes le nouveau président d’un négoce français réunifié. Les grands et les petits vins vont donc vivre sous le même toit et, par votre entremise, parler d’une seule voix. Qu’est-ce qui vous a incité à vous regrouper alors qu’il y a encore très peu de temps vos analyses et vos stratégies paraissaient éloignées et inconciliables ?

 

Réponse de Pierre Menez :

Depuis de nombreuses années, EGVF et AFED travaillaient ensemble et nous avions, sur l’essentiel, des points de vue totalement convergents.

 

Il a pu se faire que certains tiers à nos organisations professionnelles aient souhaité valoriser davantage des divergences apparentes que l’essentiel qui nous réunissait. Ils avaient grand tort.

 

En effet, les liens entre nos deux organisations étaient déjà profonds et je dois dire qu’avec Bruno KESSLER, nous n’avons eu aucune difficulté à franchir ensemble l’étape finale de notre rapprochement.

 

Nous représentons aujourd’hui, à travers nos différentes organisations régionales ou de produits, une force vive de plus d’un millier d’entreprises qui réalisent 14 milliards Euros de chiffre d’affaires, et surtout autant de chefs d’entreprise dont la 1ère caractéristique est d’être … des entrepreneurs, ce qui veut dire de fortes personnalités, une expression dynamique et affirmée de leurs points de vue, des stratégies qui tiennent compte des spécificités de chacune de leurs entreprises, de leurs productions, de leurs marchés. Notre mission première est d’être leur expression publique, tout en sachant qu’il n’est pas possible, aujourd’hui plus que jamais, d’imaginer les mettre sur un même rang sans avoir longuement travaillé par des débats approfondis à l’élaboration des consensus nécessaires.

 
2ième Question : Après des années de tergiversations un grand vent de réforme souffle dans les voiles du secteur : réforme de l’OCM, réforme de l’INAO et de ses procédures d’agrément, plan de modernisation de la filière, nouvelle approche de la gouvernance de la filière… Dites-nous, Pierre Menez, comment l’AGEV s’insère dans ce processus ? Quelles sont les positions de votre organisation sur tous ces sujets ? Estimez-vous que ces réformes mettent vos entreprises dans les meilleures conditions pour soutenir les effets de l’accroissement de la concurrence mondiale ?

 

Réponse de Pierre Menez :

L’essentiel pour l’avenir de la filière viticole française, et donc pour nos entreprises, est de disposer d’une capacité d’adaptation, de réactivité aux évolutions des attentes des consommateurs dans le monde entier.

 

Dans ce contexte, il n’est plus possible d’imposer des schémas administratifs, des carcans, préconçus nationalement à toutes nos productions françaises alors qu’elles sont si diverses et si riches de potentiel.

 

C’est pourquoi l’AGEV adhère totalement et je dirais assez modestement, après en avoir été parmi les principaux précurseurs, à un certain nombre des réformes qui sont progressivement mises en œuvre.

 

Sans doute aurions nous pu faire plus vite, c’est un regret, mais l’adhésion d’une très large majorité à ces réformes, ce qui suppose de nombreux débats préalables, est un gage nécessaire à leur réussite.

 

Deux exemples, je classe dans ces réformes essentielles celle des signes de qualité appliquée à notre secteur d’activité, dont la réforme des procédures d’agrément des AOC qui concerne désormais toutes nos entreprises. Enfin, nous devrions progressivement apporter aux consommateurs les garanties qu’ils attendent. Rien n’est gagné, beaucoup dépendra de la façon dont les responsables professionnels la mettront en œuvre.

 

De la même façon, le plan de modernisation de notre filière qui notamment confirme et amplifie la capacité des grandes régions de production à définir elles-mêmes les stratégies de valorisation de toutes leurs productions, est essentiel. Là aussi, un nouveau cadre se met en place, il appartiendra aux professionnels de prendre leurs responsabilités.

 

3ième Question : Certains pensent que, sur le marché des vins de marques, seuls des groupes de taille mondiale - type Constellation, Pernod-Ricard - en mesure de satisfaire la demande des grands distributeurs, pourraient nous permettre de regagner des parts de marché. Qu’en pensez-vous Pierre Menez ? La France, grand pays généraliste du vin, qui maintient bien, voire même développe ses postions traditionnelles sur les vins de haut de gamme, peut-elle durablement voir s’effriter ses positions sur des segments de marché de masse qui progressent partout dans le monde ?

Réponse de Pierre Menez :

C’est LE problème. Nous avons perdu 20 ans, par dogmatisme, dans la compétition internationale sur certains segments de marchés.

 

Mais parce que c’est l’un des rares secteurs où nous sommes leader mondial, parce que notre potentiel est extraordinaire par la capacité de nos opérateurs, la diversité de nos productions, notre savoir faire dont nous devons rester fier, tout en étant lucide, etc., nous ne devons pas nous résoudre à limiter nos ambitions. D’ailleurs ce serait progressivement nous mettre dans un corner qui très vite se restreindrait de plus en plus.

 

Bien au contraire, nous devons être à même, non pas de copier nos concurrents (20 ans ça ne se rattrape pas), mais de prendre l’initiative sur les nouvelles attentes des consommateurs dans le monde entier. Nous soutenons qu’il faut pour cela une démarche volontariste, nous nous y employons, et je veux croire que nous disposons encore aujourd’hui des quelques opérateurs à même de s’y impliquer, de prendre des risques et surtout d’investir.

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