Le thème que j’ai choisi en tant qu’éphémère président des Vendredis du Vin link a surpris et à mis dans l’embarras les femmes qui se voyaient dans « l’obligation » de se conjuguer soudain au masculin. Mais n’était-ce pas là que pure convention, que simple jeu pour suggérer qu’un vin qui aime les femmes se doit de les séduire…
Le mot est lâché !
Les bonnes âmes de suite s’émeuvent car séduire est issu du vocabulaire ecclésiastique (le serpent séduit Eve avec le fruit défendu) et le séducteur est vite traité d’enjôleur, d’aguicheur, de coureur et même de corrupteur ou de suborneur… Séduire serait tromper ! Se méfiez des beaux parleurs, de ceux qui savent y faire ! La séduction serait l’épouse du diable. Au XXIe siècle le diable s’habille en Prada et la séduction passe toujours plus encore par des artifices : le vêtement, le maquillage, le culte du corps jeune et beau et elle se voit taxée de superficialité, d’une légèreté blâmable. Elle ne serait qu’un miroir aux alouettes où viendrait se noyer nos illusions !
Même si je suis d’une insoutenable légèreté pour moi la séduction est avant tout une forme de respiration de l’âme : pour moi, plaire, charmer, séduire comme on respire, au jour le jour, sans y penser, c’est une belle façon de rencontrer les autres, de faire un bout de chemin avec eux, parfois ce ne sont que quelques pas, rien de plus mais c’est déjà beaucoup.
Pourquoi se priver de ce frisson ? Pourquoi refuser d’enflammer son imagination ? Pourquoi ne pas se risquer à faire fondre les ultimes résistances de l'être aimé ? Y-a-t-il quelquechose de plus enivrant que de se perdre ? Souvenez-vous de madame de Tourvel dans les Liaisons Dangereuses elle résiste avec l’énergie du désespoir aux avances de Valmont et pourtant elle cède, reddition sans conditions, elle se donne toute entière à corps perdu. Oui, elle se perd mais peut-on n'être séduit qu’à demi ? Pour autant, je ne fais pas de Valmont un modèle de séducteur, c’est un monstre de vanité et d’orgueil, mais pour ne pas s’avouer cette vérité inouïe : c’est qu’il est tout bêtement en train de tomber amoureux.
La séduction imprègne toujours la relation amoureuse : on ne peut aimer que si l’on accepte d’être séduit, de prendre le risque. Alors « s’il te plaît, surprends-moi ! » car c’est souvent de cette surprise que naît l’imprévu de l’amour. Le temps n’est alors plus aux mots. On marche sur la tête. On est transporté.
Alors, chers amis, par-delà la convention des sexes que suggère mon thème n’est-ce pas cette sidération, cette divine surprise que chacun de nous attend d’un vin ? Entre un vin et vous, cette réciprocité, ce plaisir, cette excitation, cette tension qui, au-delà de la surprise, de l’audace des premiers instants, montent, ne sont-ils pas les seuls préludes au plaisir, au bien-être et ici au bien-vivre.
Je ne sais si je vous ai éclairé mais à tous ceux qui ne voient que le pire, que de la prédation dans la relation de séduction j’ose écrire : peut-on vraiment vivre la vie que l’on vit sans la séduction ? Comment pourrait-on se lever chaque matin s’il n’y avait pas cette fenêtre grande ouverte sur l’horizon des autres ? Pour moi rien n’est jamais fermé, rien n’est jamais fini. Rien ne m’interdira de dire et d’aimer. De grâce ne m’ôtez pas mes illusions ! Surtout les jeunes crétins qui raisonnent l’amour : Dieu que c’est triste !
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Tout ça pour dire que je vous attends pour le 30 septembre, dernier jour du mois, pour l’un de ces Vendredis du Vin qui je l’espère fera date dans la réhabilitation de la séduction et que l’on pourra dans les commentaires de dégustation affirmer qu’un vin est séduisant sans sous-entendre qu’il fait le trottoir…