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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 06:00

Résultat de recherche d'images pour "photo du Rex de la Mothe-Achard" Le REX le cinéma de mon enfance peint par Henri-Pierre Troussicot

À la Mothe-Achard y’avait un ciné, le REX, qui passait aussi bien des nanars que des films dignes de la cinémathèque. Les jeunes y venaient pour peloter les filles dans les rangs du fond ou sur le balcon.

 

20 décembre 2005

Une bouteille à la mer

 

L'autre soir à la veillée sur le plateau des Claparèdes j'ai revu sur Arte, en VF, Vingt mille lieues sous les mers avec James Mason en capitaine Nemo et Kirk Douglas en harponneur mauvaise tête qui pour se sortir du Nautilus, appeler à l'aide, ne trouve d'autre solution que de jeter des bouteilles à la mer; et bien sûr il réussit...

 

Résultat de recherche d'images pour "Vingt mille lieues sous les mers avec James Mason"

 

C'est du cinémascope, comme au REX de la Mothe-Achard où j'ai vu ce film pour la première fois.

 

À l’école d’agriculture de la Mothe-Achard, ND de la forêt, nous avions droit tous les mois à notre dose de Cinéma et Culture, un « 4 pages » sur le film, du sérieux, du lourd, un socle pour acquérir une excellente culture cinématographique.

 

Quand j’ai quitté mes culottes courtes, j’allais voir des films plus osés, au Modern sur le remblai des Sables-d’Olonne.

 

12 novembre 2006

Le clone de Giovanni Drogo

 

Tout près de la frontière, aux confins de mon univers connu, j'attendais le jour où la vraie vie commencerait. J'étais le clone de Giovanni Drogo, ce jeune ambitieux pour qui « tous ces jours qui lui avaient parus odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient... »

 

Résultat de recherche d'images pour "Debra Paget dans le Tigre du Bengale"

 

Aux yeux du clan des femmes je croissais, en âge et en sagesse, dans l'étroit périmètre de notre bocage cernée de hautes haies, alors que je ne poussais vraiment que dans l'obscurité du Rex et du Modern. Perfusé par les yeux verts et le nombril de Debra Paget dans le Tigre du Bengale et par les bas de soie glissant sur les cuisses diaphanes de Catherine Deneuve dans Belle de Jour, je me lignifiais en silence. Jour après jour j'accumulais la chlorophylle des belles étendues sur le papier glacé des magazines de mode de ma mère. Je thésaurisais de la beauté pour gagner les centimètres qui me placeraient au-dessus du commun. C'était le bonheur de jours passés à regarder filer les heures, hors des limites du réel, avec pour seule ligne d'horizon la belle destinée qu'allait m'offrir la vie, au plus haut, à l'étage des seigneurs. Quand parfois le doute m'effleurait - allais-je pouvoir m'extraire de ce monde contraint ? - je me parais des oripeaux d'Edmond Dantès, le trahi, le paria surgi de nulle part accomplissant son implacable vengeance ; les yeux topaze d'Yvonne Furneau m'irisaient...

 

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Et puis, à 17 ans, Nantes m’ouvraient les bras

 

« Mes premières années d'Université furent insouciantes et légères. Loin de mes terres originelles, libéré de ses entraves, je papillonnais. Mes amours duraient le temps que durent les fleurs coupées. Moisson facile, il me suffisait de promener ma grande carcasse dans l'amphi 2 de la Fac de Droit pour cueillir, sur ce vaste parterre, les plus belles pousses de l'opulente bourgeoisie nantaise. Le premier rang, celui des beaux genoux pour ce vieux satyre de doyen Bouzat, celui du gros bouquin de droit pénal, exhalait les effluves lourds de parfums mythiques. Pure économie de cueillette, pour le seul plaisir de les sortir, de m'afficher à leur bras, de jouer le chevalier servant attentionné au bar Cintra de la place Graslin, de petit déjeuner au Molière, de les sentir s'abandonner sous mes effleurements dans le noir du Katorza. »

 

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Oui le Katorza !

 

« C’est une institution de l’art et essai à Nantes, qui rejoint en 2020 le corps d’élite des cinémas centenaires. Le Katorza (du nom de son fondateur, Salomon K’torza, juif tunisien arrivé en France en 1877). Contemporain du cinématographe des frères Lumière, il fut d’abord cinéma ambulant à la foire de Nantes, où il s’installa en 1898. En se sédentarisant en 1920, il élit domicile au 3, rue Corneille pour ne plus en bouger. « Il est rare qu’un cinéma témoigne d’une telle continuité sur un siècle, tant en ce qui concerne le nom que le lieu et l’identité », explique Caroline Grimault, directrice de la salle depuis sept ans.

 

Salomon Kétorza vint la première fois à Nantes en 1898

Salomon Kétorza vint la première fois à Nantes en 1898 | COLLECTION : STÉPHANE PAJOT

 

La Katorza et son hall, dans les années 1930.

 

Scandée par les convulsions des époques qu’il a traversées et des films qu’il a vus naître, l’histoire du Katorza pourrait en effet tenir dans un roman russe. Après avoir été sauvé des mains des nazis et reconstruit après les bombardements qui ravagèrent la ville en 1943, le cinéma a dû renaître de ses cendres. Au moment de sa réouverture, en 1951, il est le seul détenteur de la technologie CinémaScope hors de Paris, donc le premier écran de province à proposer des films américains à grand spectacle comme les péplums et les westerns.

 

C’est dans Télérama ICI (c’est pour les abonnés si vous voulez l’intégralité il suffit de me le demander)

 

Image associée

Buster Keaton ❤️ au fronton du Katorza

 

Aujourd’hui, les coupures de presse et photos noir et blanc retracent sur ses murs les épisodes de sa mythologie, à la croisée de celle du septième art. Sur l’un des clichés Annie Noailles, directrice historique de 1931 à 1959, une passionnée avait marqué l’opinion en faisant circuler à Nantes, en pleine grève des transports, un tram aux couleurs d’Un tramway nommé Désir, d’Elia Kazan pour promouvoir sa sortie au Katorza.

 

Sur une autre photo s’étale en grand la figure d’Anouk Aimée, l’inoubliable Lola de Jacques Demy dont le souvenir hante encore les rues de Nantes.

 

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Jean-Serge Pineau, qui en fut le directeur à la suite d’Annie Noailles, alors que de nombreuses salles de quartier faisaient faillite dans les années 60, foudroyées par la concurrence de la télévision, celui-ci a su organiser les moyens de la résistance. Il fit notamment de son mono écran l’un des premiers complexes multisalles de l’Ouest.

 

Cet ardent défenseur de l’expression artistique offrit également au cinéma ses moments les plus sulfureux. « C’est vrai que je faisais un peu ce que je voulais… » se souvient-il avec amusement, les yeux brillants derrière ses lunettes rondes. J’étais le seul à Nantes à passer La Religieuse, de Rivette. Et quand on a programmé Je vous salue Marie, de Godard, en 1983, il y avait des prêtres en soutane agenouillés devant le cinéma qui récitaient des rosaires. Ça a duré des jours ! »

 

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Malgré la cote d’amour du cinéma auprès des Nantais, le Katorza a failli déposer les armes, au plus fort de la lutte entre les salles indépendantes et les multiplexes. En 1993, le Gaumont, situé à 200 mètres, passe de six à douze salles, et recentre son offre sur les films d’auteur et la version originale. Deux ans plus tard a lieu l’inauguration des multiplexes Pathé et UGC en périphérie, tandis que l’Apollo, le rival historique, inflige le coup de grâce en abaissant ses tarifs à 10 francs (l’équivalent de 1,50 euro). Face à l’effondrement des entrées, Jean-Serge Pineau cède le Katorza au groupe Soredic-Cinéville, spécialiste de l’exploitation privée.

 

Bref, le Katorza  est toujours là, bon pied, bon œil à 100 ans, j’en suis heureux moi le nantais de cœur :

 

« Immature et cultivé, sur la route de l'ENA, j'observais avec un sentiment mêlé d'étonnement et d'intérêt, les premiers plissements, sous l'impact d'une poignée de trublions, du vieil habit universitaire, trop étroit, empesé par les mandarins, si poussiéreux qu'on avait le sentiment d'être confiné, enfermé dans un monde mort. Né dans l'eau bénite j'exécrais les chapelles et, comme le petit monde des enragés vivait en vase clos, avec des codes ésotériques, rabâchant la vulgate marxiste, pire encore, pour moi, les rares filles présentes dans leurs cercles cultivaient le dépenaillement et les cheveux gras, alors je me tenais à l'écart.

 

Dans le camp des officiels, les bourrins du PC et les fachos de la Corpo se foutaient sur la gueule, bourraient les urnes et nous inondaient de tracts lourdingues. Mes belles plantes, à de rares exceptions - les filles d'avocats et de pontes du CHU compagnons de route des rouges - m'attiraient en des salons où, même un socialiste - objet difficilement identifiable en ces temps par la faute de Guy Mollet - prenait des allures de buveur de sang des filles et des compagnes, de bouffeur de curé sournois capable de piquer l'argenterie. Dans ces lieux cossus j'affichais le détachement d'un dandy, courtois avec le petit personnel, caustique et arrogant en présence de monsieur le Procureur de la République. Les mères frissonnaient. Les pères haussaient le sourcil. Les filles en redemandaient. On me tolérait. Sous l'ennui apparent de la France vu par Viansson-Ponté la tempête se levait. » 

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25 janvier 2020 6 25 /01 /janvier /2020 06:00

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2 femmes, 2 hommes, Michel Guerrin, Rémi Barroux, Laure Gasparotto et Ophélie Neiman, ils se sont mis à 4 pour recueillis les propos de Thomas Duroux, Claire Naudin, Ludovic David, Patrick Guiraud.

 

J’en connais 3 sur 4, Claire bien sûr dont j’apprécie les vins nature aux noms de fleurs, Thomas l’homme de Palmer, Ludovic David du Château Marquis de Terme dont je ne bois pas les vins tout en appréciant les hommes.

 

Image associée

 

Reste Patrick Guiraud, le gardien du temple bio, président de Sudvinbio, qui a repris les vignes familiales en IGP pays-d’oc et sable-de-camargue. Il fournit notamment AdVini et Gérard Bertrand, en plus de produire ses marques, Domaine de Valescure et Domaine de Bousquet.

 

Vieux militant d’une agriculture propre, donc des vignes propres je ne suis pas très porté sur les certifications qui coûtent cher, et qui sont de plus en plus la porte d’entrée des prédateurs de la GD.

 

J’en reste au vieux principe oublié des pères de l’AOC « j’écris ce que je fais, je fais ce que j'écris… ».

 

C’est le fil rouge de mes choix, je n’ai pas besoin de logos pour me rassurer et mettre en avant la sécurité alimentaire de la certification bio ne me convainc pas.

 

Buveur de vins nu qui puent, je développe une grande allergie pour la nouvelle certification « vin bio »

 

Enfin, la ligne éditoriale du Monde en matière de vin me laisse sceptique, trop dégustative, on y sent trop l’ombre des annonceurs.

 

Abonné je suis aussi.

 

Donc je lis : Quand la vigne bio fait débat

 

Nous avons réuni quatre vignerons pour décortiquer leur rapport à l’agriculture biologique. Deux sont à la tête de domaines certifiés en bio, les deux autres non. Ils livrent leurs points de vue, leurs difficultés et confrontent leurs approches à l’occasion d’un déjeuner dans un restaurant parisien.

 

Les échanges furent vifs… disent-ils.

 

Ça ne saute pas aux yeux mais sans doute suis-je trop friand de vrai débat. Le prêche du sieur Guiraud ne me convainc pas.

 

Reste un souci : le copyright, la lecture est réservée aux abonnés.

 

Que faire ?

 

Passer outre !

 

Si on me poursuit je demanderai à Me Morain d’assurer ma défense.

 

Thomas Duroux, Claire Naudin, Ludovic David, Patrick Guiraud, au restaurant Fleur de Pavé, à Paris, le lundi 13 janvier.

 EDOUARD CAUPEIL POUR LE MONDE

 

Les vignerons Thomas Duroux, du Château Palmer, dans le Bordelais, et Patrick Guiraud, du Domaine de Valescure, en Camargue, dirigent des propriétés certifiées bio. Claire Naudin, du Domaine Naudin-Ferrand, en Bourgogne, et Ludovic David, du Château Marquis de Terme, en Gironde, n’ont pas fait ce choix. Tous les quatre mènent leur réflexion et leur propre démarche sur le sujet. Nous les avons réunis au restaurant Fleur de Pavé, tenu par le chef Sylvain Sendra, dans le 2e arrondissement de Paris. Les échanges furent vifs…

 

Comment vous positionnez-vous par rapport au bio dans vos domaines ?

 

Claire Naudin : Le bio est une évidence pour moi depuis que j’ai pris la tête du Domaine Naudin-Ferrand, en 1993. Le bio, j’y suis et je n’y suis pas, je n’ai pas de label. Etre certifié en bio, ce qui entraîne des pratiques coûteuses et l’impossibilité de faire un seul traitement sans perdre sa certification, n’est pas évident au niveau financier. Tout dépend de mes parcelles.

 

Sur mon grand cru échezeaux, je ne vois aucun argument qui justifie de mettre de la chimie – c’est viable économiquement. En revanche, sur les appellations régionales, la problématique est différente. Si on va trop vite, si on enlève tout produit, et que la vigne est mise à rude épreuve à cause de la météo et de maladies, on peut y laisser sa boîte ! J’ai donc opté pour une transition douce, afin que les équipes s’y préparent et que le domaine puisse l’encaisser économiquement.

 

Ludovic David : Marquis de Terme n’est pas certifié bio, mais je m’y intéresse depuis une quinzaine d’années, dans une approche technique et environnementale. Nous avons mis en place depuis huit ans des parcelles en bio, et on est monté jusqu’à 70 % de nos vignes en 2018. On a mené plusieurs essais comparatifs des parcelles. Notre conclusion ? Nous avons décidé d’arrêter.

 

On a fait des mesures statistiques entre les parcelles et on a été surpris de constater de meilleurs résultats sur la toxicité dans le non-bio que dans le bio. C’est vrai notamment pour le bilan carbone – en bio, il faut plus passer le tracteur. Notre philosophie est donc de capter seulement certains outils intéressants du bio. Mais le but est le même que celui de mes confrères : essayer d’avoir la vigne la plus propre et la plus viable possible.

 

Thomas Duroux : Quand j’ai été engagé à Château Palmer, en 2004, ma mission se résumait à chercher, par tous les moyens, à valoriser le terroir de cette propriété. Après les vendanges de 2008, avec la directrice technique, nous avons mieux voulu comprendre ce que la biodynamie voulait dire, car la démarche peut sembler lointaine, voire ésotérique.

 

Avec l’accord de nos actionnaires, nous avons alors démarré un processus d’essai et nous avons acquis assez vite des convictions sur l’approche du terroir qu’elle permettait. Plutôt que de nous focaliser sur la vigne, d’en être de purs techniciens pour passer en bio, nous sommes allés plus loin. Nous avons pris en compte l’ensemble de la propriété – la fameuse vision holistique de la biodynamie. On a des brebis et un élevage bovin au service de la viticulture. On a aussi des arbres fruitiers. L’idée est de travailler la diversité afin de reproduire l’équilibre de la nature. Aujourd’hui, Palmer est certifié en bio et en biodynamie.

 

Quels sont les obstacles au bio ?

 

Claire Naudin : Le climat, d’abord. Comme beaucoup de domaines en Bourgogne, nous avons encaissé la grêle en 2012, 2013 et 2014, la sécheresse en 2015, le gel en 2016. Ce fut à peu près normal en 2017 et 2018, mais nous avons replongé en 2019 avec une demi-récolte. Pendant toutes ces années, nous avons été en mode survie. Alors, le passage au bio… Car le bio coûte aussi plus cher. Il faut financer un tracteur, embaucher du personnel, le former…

 

Ludovic David : Nous sommes à Bordeaux, c’est-à-dire dans un climat océanique pluvieux et peu venteux, et la mise en place des techniques bio y est plus difficile qu’en Provence ou dans le Languedoc. On l’a vu en 2018, avec de sévères attaques de mildiou…

 

Thomas Duroux : C’est vrai et, à Palmer, où nous sommes toujours dans une phase d’apprentissage, nous connaissons des succès et des échecs. Mais nous avons la conviction absolue que la biodynamie nous permet, et nous permettra, d’aller beaucoup plus loin, quels que soient les obstacles.

 

90 000 hectares de vignes sont en bio en France, soit 11 % à peine des surfaces viticoles. Vous sentez-vous culpabilisés par l’opinion, qui peut penser que le mouvement n’est pas assez rapide et trouver que la vigne pollue ?

 

Claire Naudin : Oui, assez fortement, et la pression vient aussi de nos salariés, qui sont davantage informés et ne veulent plus être exposés à la chimie.

 

Ludovic David : La pression est forte sur toute l’agriculture, qui subit un véritable « agribashing », et nous en souffrons aussi.

 

Patrick Guiraud : Les critiques oublient déjà que l’ensemble de la viticulture a énormément évolué en quinze ans, et dans le bon sens, concernant l’environnement. Ensuite, le bio ne s’instaure pas du jour au lendemain. Ça coûte cher, il faut de la technique. Mais le mouvement progresse, grâce à des viticulteurs plus jeunes. Ils sont mieux formés, et leur démarche est volontaire. Ils pourront répondre demain à cette demande sociétale. La volonté est là.

 

La part de marché du bio dans le vin est aujourd’hui de 4,5 %. Le salon Millésime bio table sur 8 % d’ici à 2023. Et il faut tenir compte de ce que pourront nous apporter la recherche et le développement. Enfin, il y a d’autres voies que le bio, d’autres méthodes : la certification HVE 3 [haute valeur environnementale niveau 3], par exemple, centrée sur l’environnemental, est plus poussée qu’en bio, mais cette certification ne garantit pas la sécurité alimentaire.

 

Thomas Duroux : Il y a une pression sociale et médiatique sur l’usage des pesticides, et un consommateur préoccupé par le processus de fabrication. Le produit final ne suffit plus. Un beau sac en cuir fait à partir d’un veau massacré n’est plus accepté. Pour les grands crus, c’est la même chose : du glyphosate dans une cuvée d’échezeaux, ça ne marche plus.

 

Cela dit, les chiffres n’intègrent pas les essais que font Ludovic David et Claire Naudin. La plupart des vignerons se posent des questions et cherchent. Chacun à son rythme et à sa façon. Chacun a sa réalité. A Palmer, nous avons pu aller vite. D’autres ne peuvent pas. Certains prennent d’autres voies.

 

Ludovic David : Sauf que le consommateur ne sait pas ce qu’est un label HVE3. Il ne connaît que le bio. Sans ce logo référent, on ne parle pas de nos efforts. Le consommateur voit le bio comme « la » solution, sans savoir vraiment ce que couvre le label. Il ne sait pas, par exemple, que le bio utilise du cuivre, qui est un pesticide, en grosse quantité. Alors je suis dans une situation ambiguë. Je vois l’attente sociale, je vois l’importance d’un label de référence, mais je trouve qu’il ne va pas assez loin, donc je n’en suis pas. Ou alors il faudrait plusieurs logos qui rassurent.

 

« Le bio va dans le bon sens. Le consommateur l’a bien compris, qui le plébiscite », Patrice Guiraud

 

Patrick Guiraud : Je ne suis pas d’accord. Les consommateurs ne sont pas des bedeaux. Ils se sont renseignés et font des choix. Il y a une définition européenne du bio, vérifiable par tous. 6 000 exploitants ont fait ce choix contraignant. Le bio a une certification claire. Elle vaut ce qu’elle vaut, elle n’est pas parfaite, mais c’est une assurance. Elle garantit une traçabilité du produit, la sécurité alimentaire, le respect de l’environnement, la gestion des ressources en eau. Et il y a des contrôles.

 

Le bio génère aussi de l’emploi. Donc le bio va dans le bon sens. Le consommateur l’a bien compris, qui le plébiscite. Les études montrent qu’il est prêt à payer un vin bio 40 % plus cher qu’un vin conventionnel, donc traité. Alors, oui, il y a des contraintes, on peut perdre une récolte ou deux en cinq ans, il faut en tenir compte quand on se lance dans le bio.

 

Ludovic David : Vous reconnaissez que le logo bio est aussi un outil commercial et marketing pour vendre le vin plus cher et accéder à des marchés.

 

Patrick Guiraud : Si c’est le cas, c’est que nous répondons à une demande. Les consommateurs n’achètent pas un logo, mais une certification. Il y a trente ans, j’étais déjà bio et personne ne parlait de moi. Aujourd’hui, il y a une demande.

 

Thomas Duroux : Le bio n’est peut-être pas la solution à tout, mais je n’en vois pas de meilleure. Ça va dans le sens de l’environnement, de l’attente des consommateurs et de l’expression d’un beau terroir.

 

Ludovic David : La question de fond est que nous devons rassurer le consommateur en mettant en place une pédagogie qui soit un peu moins simpliste qu’aujourd’hui.

 

Thomas Duroux : Je crains que la pédagogie sur la viticulture soit une bataille perdue.

 

Ludovic David : Comment fait-on, alors ?

 

Thomas Duroux : Il faut avancer, progresser pour garantir un meilleur environnement, prendre le temps pour trouver des solutions. On a besoin de l’aide de l’Etat, de la recherche, de l’enseignement.

 

Claire Naudin : Je vous donne cet exemple. En 2016, à la suite d’un gel, je me suis retrouvée avec une parcelle sans aucun traitement et qui n’a donné qu’un tout petit rendement, soit 5 hectolitres par hectare. Cela pour rappeler que les traitements sont là pour permettre une augmentation des rendements. Si demain on veut zéro traitement, alors il faut imaginer un autre modèle culturel et économique.

 

Et si j’allais au-delà du bio et de la biodynamie, en faisant zéro traitement, sans soufre ni cuivre ? J’aurais alors de très faibles rendements. Intellectuellement et techniquement, ce n’est pas aberrant. Mais cela induit une bouteille qui dépasse les 100 euros pour que je puisse m’en sortir. Pour le consommateur, cela implique qu’il boive ma bouteille de bourgogne non plus une fois par mois, mais une fois par an. C’est un changement fondamental pour moi et pour le consommateur. C’est un modèle radical, il y en a sûrement d’autres…

 

Thomas Duroux : Ce qui est sûr, c’est que nous sortons du productivisme. Pas en descendant à 5 hl/ha. Cette année, à Palmer, on en a fait 45 hl/ha, et cela donne de très jolis vins. On peut faire des rendements corrects en biodynamie. Parfois non. Tout dépend des millésimes. Mais ce qu’on ne pourra plus faire, c’est de dire que les vins sont toujours bons avec de gros rendements. Alors oui, on change de modèle.

 

Comment la filière viticole juge-t-elle les initiatives de vignerons qui vont vers le bio et la biodynamie ?

 

Claire Naudin : Nous butons sur un problème de formation, et même un problème culturel. J’emploie des jeunes qui vinifient chez moi tout en suivant en parallèle un BTS dans un lycée agricole. Eh bien, ils sont sanctionnés par leur école s’ils ne « cassent » pas ma démarche, parce que je vinifie sans soufre ! Les enseignants poussent leurs étudiants à critiquer le bio.

 

C’est très bourguignon comme attitude… Et dramatique face à l’enjeu sociétal. Mais je suis optimiste parce que les mentalités commencent à changer. Les enseignants traditionnels partent progressivement à la retraite. A la faculté d’œnologie de Dijon, ce sont les étudiants qui ont fait bouger l’ancienne garde. Mais on a quand même quinze ans de retard…

 

Ludovic David : Je sens à Bordeaux un climat plus ouvert. A Margaux, nous sommes très nombreux à travailler sur le bio, avec même des synergies entre nous.

 

Claire Naudin : Il y a eu aussi une évolution sur le grand cru échezeaux. Il y a quinze ans, seule ma vigne était en herbe, j’étais la cochonne du coin. Et aujourd’hui, c’est drôle, cela s’est inversé, et il n’y a plus que la vigne de mon voisin qui est désherbée. Par contre, je suis déçue parce que sa fille est arrivée, et elle est pire que le père. Et on a des jeunes dans la côte de Nuits qui revendiquent la chimie. Mais si ces jeunes étaient passés entre de bonnes mains, s’ils avaient eu les enseignants adaptés, ils n’en seraient pas là.

 

Thomas Duroux : Certains m’ont regardé de travers quand Palmer est passé en biodynamie, mais c’était marginal. De mon côté, j’ai sans doute été trop enthousiaste, trop dogmatique aussi, je me suis piégé moi-même, et j’ai pu employer des mots qui ont pu blesser certains de mes voisins vignerons. J’ai eu le tort, à un moment, d’en faire un combat idéologique.

 

Même si nos choix ont fait progresser l’ensemble du Bordelais, l’opposition frontale est vaine. L’objectif commun est de trouver les moyens, demain, de renouer avec une viticulture d’avant le mildiou, l’oïdium et le phylloxéra. Dans ce pays, pendant 2 000 ans, on a produit de la vigne sans aucun traitement. Il n’y a pas de raison qu’on ne puisse le refaire un jour.

 

Il y a plusieurs vérités et visions. Qui doivent converger vers un objectif ultime, sortir de la fertilisation minérale, sortir des pesticides, des herbicides, des fongicides… Je me bats désormais pour emmener tout le monde dans le même wagon de la protection de l’environnement. Il faut prendre conscience d’une chose fondamentale : je ne connais pas un viticulteur dans ce pays qui prend du plaisir à traiter sa vigne.

 

Supprimer le glyphosate induit un travail plus intense de la terre. Est-ce facile à faire accepter par vos équipes ?

 

Claire Naudin : Oui, il faut piocher la terre. Je croise pas mal de stagiaires qui ont la quarantaine et qui sont « habités » par un appel de la nature. Je les emmène alors piocher deux heures dans mon échezeaux, en leur disant que c’est une chance de piocher mon grand cru ! Au bout de deux heures, ils n’en peuvent plus, ils ont les mains en sang et mal au dos. Moi, je fais ça neuf heures par jour, six jours par semaine, pendant trois semaines. Discuter le glyphosate, c’est aussi ça…

 

Thomas Duroux : A Palmer, on ne pioche plus ! On a de l’herbe. Et 250 brebis. C’est une autre solution, sans avoir inventé l’eau chaude.

 

Comprenez-vous que certains vignerons arrêtent le bio parce qu’ils n’y arrivent pas au niveau économique ?

 

Patrick Guiraud : Non, je n’arrive pas à le comprendre. Moi, je préférerais arrêter mon métier. Je ne reviendrai pas en arrière.

 

Claire Naudin : Pourtant, beaucoup de vignerons seraient moins effrayés par le bio si on leur disait que, pour sauver une récolte, de façon ponctuelle, ils étaient autorisés à un traitement chimique. J’ai fait accepter le bio à mon équipe en lui disant que, en cas de gros problème climatique, je ferais marche arrière afin de ne pas couler la boîte. C’est pour conserver cette possibilité que je n’ai pas choisi la certification. Avec le bio, un tas de personnes vous tombent dessus : le banquier, le notaire, le comptable, la famille… Il faut pouvoir résister.

 

Patrick Guiraud : Peut-être, mais le consommateur a besoin d’une certification. Il veut des certitudes. On l’a tant trompé avec l’agroalimentaire… On ne peut pas revenir là-dessus.

 

Thomas Duroux : Claire Naudin et Patrick Guiraud ont tous deux raison. On ne peut couler la boîte ni tromper le consommateur. Mais être certifié ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire marche arrière. On peut le faire, puis revenir à une démarche bio une fois les difficultés passées.

 

Patrick Guiraud : Éthiquement, je ne le ferai jamais. Et pourtant, des mauvaises années, j’en ai eu.

 

Les deux principaux arguments contre le bio sont l’autorisation du cuivre dans la vigne et un bilan carbone médiocre à cause du passage intensifié de tracteurs. Qu’en pensez-vous ?

 

Thomas Duroux : Ces arguments sont poussés par les firmes phytosanitaires. Le cuivre était un gros problème il y a cinquante ans, quand les vignerons mettaient des doses de 15 ou 20 kg par an et par hectare. Mais, aujourd’hui, les doses sont bien plus légères. A Palmer, nous mesurons une baisse du niveau de cuivre dans le sol grâce à l’activité de microfaune et microflore. Quant au bilan carbone, les sols, quand ils ne sont plus désherbés et travaillés, ont une capacité de fixation du CO2 supérieure aux autres sols. Donc le bilan carbone d’un hectare en bio est meilleur qu’ailleurs, même si on passe davantage le tracteur.

 

Ludovic David : Le bio implique en effet plus de passages de tracteurs, donc plus de gasoil, et donc plus de production de CO2. Mais la difficulté est de le mesurer. Il y a une différence entre les émissions et le bilan. La terre est vivante, chaque parcelle est différente dans sa capacité à absorber, c’est l’effet terroir.

 

Patrick Guiraud : Et puis on optimise les passages de tracteurs avec les prévisions météo. Et l’on voit apparaître des tracteurs électriques.

 

L’intégralité du vignoble français pourrait-elle un jour devenir bio ?

Patrick Guiraud : Non. Toutes les régions ne pourront pas y accéder à cause du climat et du morcellement des parcelles.

 

Un vin bio est-il meilleur dans le verre ?

 

Patrick Guiraud : Oui, pour la sécurité alimentaire. Pour le goût, tout dépend du viticulteur. Il y a de bons vins des deux côtés, qui sont primés lors de concours.

 

Thomas Duroux : On peut faire des vins bio très mauvais au goût. Le bio est nécessaire, mais pas suffisant.

 

Palmer et Marquis de Terme sont voisins à Margaux. Pourquoi le premier est-il en biodynamie et l’autre non ?

 

Thomas Duroux : J’ai eu la chance, quand j’ai proposé aux propriétaires de Château Palmer, en 2013, de passer l’intégralité de la propriété en biodynamie, qu’ils acceptent et suivent notre démarche. Sans leur soutien, nous n’en serions pas là.

 

Ludovic David : C’est vrai que nous n’avons pas les mêmes réponses, mais nos idées sont proches sur la biodiversité et la dynamique environnementale. Marquis de Terme n’est pas certifié bio, mais 80 % des vignes étaient gérées en bio. Nous avons supprimé le glyphosate.

 

Pourquoi je ne suis pas certifié bio ou biodynamie ? Parce que nous avons du retard dans cette réflexion par rapport à Palmer. Il faut aussi prendre en compte beaucoup de facteurs : qualité du produit, rendements, prix des bouteilles, image de marque, communication, marché…

 

J’ai récupéré une propriété qui produisait au-dessous de 30 hectolitres par hectare, ce qui posait des problèmes en matière d’assemblage et d’élevage. Mais nous n’excluons pas d’aller plus loin, en rappelant que le bio est un cahier des charges, alors que la biodynamie est une philosophie.

 

Michel Guerrin , Rémi Barroux , Laure Gasparotto et Ophélie Neiman

 

Pour les images c’est ICI 

FLEUR DE PAVÉ (PARIS), LE RETOUR ATTENDU DE SYLVAIN SENDRA ICI 
12 JUILLET 2019
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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 06:00

Que voulez-vous j’ai bien connu l’ancienne PAC avec ses montagnes de beurre et de poudre de lait nous l’avons réformée en instituant les quotas laitiers.

 

Les OCM, les organisations communes de marché entraient dans le langage courant, celle du vin concernait le gros rouge qui tache, avec son cortège de distillation pour éponger les excédents. Là encore, dans la foulée par les accords de Dublin nous l’avons remis sur pied.

 

Et qu’on ne vienne pas me dire que ces réformes se sont faites dans la joie et la douceur, il nous a fallu résister aux tirs de barrage de la FNSEA pour le lait avec un François Guillaume odieux, lui-même producteur de lait, vent debout contre les quotas laitiers (ses successeurs seront vent debout lorsque sous Sarkozy la France vota pour leur abandon). Et du côté du picrate des mèches lentes des Comités d’Action Viticole et des élus de la vieille gauche rance du Midi avec à sa tête le démagogue en perfecto, santiags et Ray-Ban, Jean Huillet.

 

Il ne s’agit pas d’accrocher des médailles sur le revers de Michel Rocard mais de conter l’Histoire.

 

Et puis, il eut le GATT, la grande bataille avec les étasuniens et les membres du groupe de Cairns, les aides à l’agriculture, surtout aux grandes cultures devaient être découplées. Ce qui fut fait dans la douleur des gros tracteurs cernant Paris.  Puis il y eut l’OMC…

 

Bref, la PAC à l’ancienne est passée du soutien aux produits, de la préférence communautaire, à la grande bataille planétaire, que nous avons d’ailleurs définitivement perdu.

 

Et puis il y a eut, suite à la désintégration du bloc de l’Est, à des élargissements plus politiques qu’économiques : les vannes des aides se sont ouvertes et déversées sur des agricultures mal en point.

 

Une enquête au long cours du New York Times, publiée entre novembre et décembre 2019, est à l’origine d’une critique radicale du système européen de soutien et d’aides à l’agriculture – la « politique agricole commune » (PAC).

 

Conduite dans neuf pays par plusieurs journalistes, l’enquête est à l’origine de révélations explosives, démontrant qu’une large partie de ces aides ou subventions destinées aux agriculteurs était détournées au profit d’oligarques des pays de l’Est.

 

L’enquête a également montré qu’une véritable mafia agricole prospérait dans ces pays, grâce à un système de corruption, y compris au plus haut niveau de l’État. Cet argent de la PAC, indispensable à la survie de milliers d’agriculteurs européens, est ainsi capté par une poignée d’acteurs et ne sert ni au soutien ni au développement ou à la transition de l’agriculture européenne.

 

Les dérives pointées par cette enquête ont été bien identifiées par certains économistes qui s’intéressent aux dynamiques de « capture réglementaire ».

 

À quoi sert la PAC ?

 

La PAC (politique agricole commune) constitue l’un des piliers historiques de la politique européenne. Il s’agit d’un système d’orientation, de régulation et de soutien aux agricultures et aux agriculteurs des pays membres de l’UE.

 

Officiellement entrée en vigueur en 1962, la PAC repose sur deux piliers. Le premier est relatif au soutien aux prix et aux marchés agricoles (le pilier historique de la PAC) ; le second se focalise sur le développement rural.

 

Dotée d’un budget annuel de plus de 60 milliards d’euros, la PAC a historiquement représenté le premier poste budgétaire (aux alentours de 40 % du budget européen). Elle est, encore et surtout, connue du grand public pour ce qu’elle n’est plus : un système de régulation des volumes et, indirectement, des prix des denrées agricoles et alimentaires. Car depuis les années 1990, les différents secteurs ont été dérégulés, laissant l’agriculture européenne en prise directe avec les marchés agricoles mondiaux, où les prix sont fixés par le libre jeu de l’offre et de la demande.

 

Dans cette compétition mondiale inégale (certains États soutenant ou subventionnant plus ou moins fortement leur agriculture, sans parler des coûts du travail et de production), la PAC agit de moins en moins comme un amortisseur ou un paravent, comme ce fut le cas par le passé. Elle doit désormais poursuivre différents objectifs, parfois contradictoires : assurer l’orientation des productions agricoles, maintenir un relatif niveau de suffisance alimentaire, tout en tenant compte des évolutions environnementales nécessaires – on parle de « verdissement » de la PAC.

 

Lire ICI 

Il était une fois dans l'Est
Arpad Soltesz 

 

« Une partie de cette histoire s’est vraiment produite, mais d’une autre manière. Les personnages sont fictifs.

 

Si vous vous êtes tout de même reconnu dans l’un d’eux, soyez raisonnable et ne l’avouez pas.

 

Les gens n’ont pas à savoir quel salopard vous êtes. »

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 06:00

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Encore un titre à la mords-moi le nœud me direz-vous, la réponse est oui « Se dit d'une chose mal conçue, peu crédible ou stupide. »

 

« Cette expression dérive de à la mords-moi le jonc datant du début du XXe. Le jonc était le mot argotique pour or : on mordait les pièces d'or pour contrôler leur authenticité. Mais le jonc est également un mot familier pour pénis tout comme nœud au XIXe. L'expression à la mords-moi le nœud est rapidement préférée à partir des années 1950. »

 

De plus, en ces temps post-Matzneff c’est très politiquement incorrect.

 

Attention, je ne fais que m’interroger à propos du devenir de la RVF, en dépit de mon blacklistage lié à la vieille histoire de l’ex-DG du groupe Marie Claire pris les doigts dans la confiture, je ne souhaite en rien la disparition de la vieille dame permanentée.

 

J’avoue que je trouve les éditos de Saverot de plus en plus pathétiques mais, n’étant ni abonné, ni acheteur occasionnel de la RVF, ni lecteur sur la Toile, je comprends parfaitement que l’on ne m’ait pas appelé au chevet de la vieille dame permanentée pour diagnostiquer le mal dont elle souffre.

 

Alors pourquoi ce titre à la con ?

 

Tout bêtement parce que Vitisphère m’a mis sous le nez, gratuitement, le lundi 13 janvier 2020 un papier signé par Alexandre Abellan.

 

Le titre est accrocheur : Relance et turbulences à la Revue du Vin de France

 

Le texte est étrange.

 

Y aurait-il une ou des « gorges profondes » à la RVF ?

 

Les poussés dehors, les démissionnaires n’ont pas de noms…

 

Inquiétude des équipes qui ont sous le nez « le désossement de la revue Cuisine et Vins de France », ça fait froid dans le dos.

 

Le nouveau rédac-chef, doublement nommé, bien évidemment se veut rassurant, j’apprécie tout particulièrement son « Il peut y avoir de la peur chez des critiques cinquantenaires n’ayant pas eu la reconnaissance qu’elles attendaient » (le féminin ?)

 

Le sieur Saverot, donne le même son de clocher, il revendique « 50 000 exemplaires vendus, 18 000 abonnés papier ainsi que 3 000 abonnés numérique »

 

Comme la RVF n’est pas affiliée à l’OJD je trouve le chiffre de vente gonflé comme les statistiques de manifestants de la CGT.

 

Deux sujets d’importance sont ensuite abordés :

 

Conserver la confiance

Indépendance

 

J’avoue ne pas être convaincu par ce que j’ai lu en réponse.

 

Les causes, qui touchent toute la presse magazine papier en France sont profondes et jusqu’à maintenant aucun des remèdes n’a stoppé la chute du lectorat.

 

C’est grave et inquiétant mais c’est aussi dû à la faiblesse des contenus, cercle vicieux les bons contenus exigent du temps et de l’argent, les reprises des dépêches AFP, les infos people, les grands prix de la RVF, tout le monde s’en fout et n’a aucune envie de payer pour ça.

 

Je ne suis pas sûr que la nouvelle relance ne soit pas du genre de celle d’un batteur de baseball qui rate la dernière balle.

 

Attente pitch

 

L’avenir de la RVF est entre les mains des financiers du groupe Marie-Claire, leur empathie pour le vin me semble inversement proportionnelle à leur intérêt pour les sommets des GCC.

 

Le dernier mot à Gerbelle, pourquoi toujours cet anonymat ?

 

« Le commerce prend le pas sur l’expertise parce que les médias du vin vivent sous perfusion des publicités. Il faut un nouveau modèle à l’ère du web » tranche un ancien critique de la RVF. »

 

Deux grandeurs sont dites inversement proportionnelles si leurs mesures évoluent dans des sens contraires.

 

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Vénérable titre fondé en 1927 et racheté en 2004 par le groupe Marie Claire, la Revue du Vin de France (RVF) arrive clairement au bout d’un cycle. En témoigne la succession de départs qui ont émaillé l’année 2019, jusque dans ses derniers jours. En un an, la RVF a poussé trois de ses collaborateurs vers la sortie : un administrateur de bases de données, un commercial et un rédacteur en chef adjoint (qui doit être remplacé). En ajoutant deux démissions du service événementiel, une démission du service commercial et le départ soudain d’un membre de son comité de dégustation (après avoir été écarté du Guide Vert), la RVF a perdu sept collaborateurs en un an (pour une promotion*).

 

A court terme, « il y a de l’inquiétude dans les équipes. Nous ne sommes pas rassurés par un groupe qui laisse plutôt voir un accompagnement fin de vie » confie un collaborateur de la RVF. Qui cite, non sans effroi, l’exemple du « désossement de la revue Cuisine et Vins de France, dont l’équipe a été réduite à peau de chagrin et dont les contenus sont réalisés par une agence ». Une perception alarmiste sur l’avenir de la revue qui n’est pas partagée par tous

 

A commencer par son tout nouveau rédacteur en chef, Jérôme Baudouin. Soulignant une augmentation des revenus publicitaires en 2019, le journaliste souligne qu’« il ne faut pas tout mélanger. Il y a eu des départs pour travailler ailleurs et il y a toujours du turn-over au comité de dégustation. Il peut y avoir de la peur chez des critiques cinquantenaires n’ayant pas eu la reconnaissance qu’elles attendaient, mais il est normal d’évoluer. Quand on est un journal, on ne reste pas sur les mêmes choses pendant trente ans ! »

 

Revendiquant 50 000 exemplaires vendus, 18 000 abonnés papier ainsi que 3 000 abonnés numérique, le directeur de la rédaction de la RVF, Denis Saverot, donne le même son de cloche. « On est obligé de s’adapter, aujourd’hui il est très difficile de gagner sa vie en vendant des prescriptions et avis sur le vin » pose le journaliste. Celui-ci souligne l’ampleur des évolutions d’usage numérique qui touche l’activité de la RVF : applications d’agrégation comme Vivino, sites de vente en ligne proposant toujours plus de contenus...  « On a tenté une première diversification avec les évènements, mais les salons se multiplient : c’est une bataille terrible et très concurrentielle. Nous avons renoncé aux évènements à destination du grand public pour se concentrer sur des masterclasses pour professionnels (acheteurs, sommeliers, cavistes…) » ajoute Denis Saverot.

 

La suite ICI 

Pour une charte éthique des journalistes des vins et spiritueux

 

Pour l’instant je suis le seul contributeur, à savoir Fabien Humbert journaliste pigiste notamment pour La Revue du vin de France ( https://www.larvf.com/ ICI 

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15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 06:00

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2019 : 16 500 km, à pied, en voiture, en bus, en train et en bateau. Tout le reste n’est que littérature.

 

Avec Antoine Blondin, le reste était « litres et ratures »

 

« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l’Europe !", "l’Europe !", "l’Europe !", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. » de Gaulle, deuxième entretien radiodiffusé et télévisé avec M. Michel Droit, 14 décembre 1965.

 

Et maintenant cette foutue Europe, baptisée Union Européenne, tellement élargie qu’elle a bien du mal à avancer, vient barboter dans notre patrimoine gaulois en reconnaissant l’oscypek comme un Chroniona Nazwa Pochodzenia

 

Ne me dites pas que c’est du charabia, je vous rappelle Maria Leszczyńska madame Louis XV, elle est inhumé à la basilique Saint-Denis, tandis que son cœur repose auprès de ses parents, en l'église Notre-Dame-de-Bonsecours de Nancy.

 

C’est du polonais.

 

La Pologne est membre de l’Union Européenne depuis le 1er mai 2004 avec neuf autres pays européens

 

Elle a fait partie de la fournée Chypre · Estonie · Hongrie · Lettonie · Lituanie · Malte · République tchèque · Slovaquie · Slovénie

 

1989 : la Pologne est le premier pays du bloc de l’Est à se détacher de Moscou (pour adhérer à l’OTAN dix ans plus tard). En décembre 1990, Lech Wałęsa, prix Nobel de la paix en 1983 et figure historique de Solidarność, est élu président de la République.

 

Bref, revenons à notre oscypek Chroniona Nazwa Pochodzenia

 

Explication de texte

 

 « En vertu de cet accord, la Pologne et la Slovaquie reconnaissent que les appellations Oscypek et Slovenský oštiepok se réfèrent à des fromages qui sont maintenant produits de manière très différente, malgré le fait qu'ils partagent la même histoire et la même tradition.

 

Selon la Pologne et la Slovaquie, les principales différences entre les deux fromages (concernant la matière première utilisée, le mode de production et les propriétés physiques, chimiques et organoleptiques) ne devraient pas prêter à confusion chez les consommateurs. La Pologne et la Slovaquie conviennent que les désignations Oscypek et Slovenský oštiepok sont légitimes et la Pologne souligne que l'enregistrement de la désignation Oscypeken tant qu'appellation d'origine protégée ne porterait pas atteinte au droit des producteurs slovaques d'utiliser l'appellation oštiepok soit seul, soit en conjonction avec d'autres termes.

Signé Mariann Fischer Boel

 

J‘ai bien connu Mariann Fischer Boel

 

Profession : commissaire !

 

6 octobre 2010 Der Spiegel Hambourg Hans-Jürgen Schlamp

 

Qui a dit que les commissaires européens et les hauts fonctionnaires bruxellois occupaient des postes ennuyeux dans une ville terne ? Pourtant, assure le Spiegel, Bruxelles, c’est Byzance.

 

« Hast du einen Opa, schick ihn nach Europa » –

 

« Si tu as un papy, envoie-le à l’Europe ! », dit-on pour se moquer des perdants de la politique qui se retrouvent sur des voies de garage à Bruxelles, où ils terminent leur carrière dans l’oubli. Personne ne s’intéresse à eux. Les micros et les caméras s’éteignent lorsqu’ils se présentent au pupitre, pauvres souris grises oubliées dans un Bruxelles terne et humide.

 

Et pourtant, en réalité, c’est tout le contraire. Seuls les princes vivent peut-être mieux que les commissaires européens. Car ces derniers peuvent – s’ils le veulent – exercer une  influence plus forte que n’importe quel ministre. Financièrement, ils se portent certainement mieux que la plupart de leurs camarades de parti, qui les ont chassés de la mangeoire nationale pour les envoyer sur les terres européennes. A Bruxelles, les maigres salaires des collègues nationaux les font bien rigoler.

 

Chauffeur, secrétaires personnels et revenus coquets

 

Pour tout dire, le poste de commissaire européen est un boulot de rêve : train de vie luxueux avec chauffeur, secrétaires personnels, porte-paroles et de nombreux autres collaborateurs. Sans oublier de coquets revenus. Et quand leur mandat européen s’achève, c’est encore mieux : c’est là qu’arrivent les généreuses indemnités transitoires et les pensions paradisiaques. Les appels à la rigueur qui résonnent sur tout le continent et les projets de relèvement de l’âge de la retraite à 70 ans ne valent pas pour Bruxelles. Ici, il y a de l’argent à foison. Les caisses débordent littéralement. Alors pourquoi ne pas se servir ?

 

Dans les bureaux du bloc de béton baptisé Berlaymont, sur le rond-point Schuman, en plein centre de l’eurocratie bruxelloise, chacun se sert généreusement. Le moindre interprète débutant commence avec 4 190 euros par mois. Pour les hauts fonctionnaires, on monte facilement à 16 000 euros par mois. A cela s’ajoutent les primes d’expatriation, de ménage, pour l'éducation et la garde des enfants. Ces derniers vont dans des écoles européennes privées, financées tous les ans par les contribuables européens à hauteur d’environ 100 millions d’euros.

 

Pour les grands responsables politiques, le salaire est naturellement un peu plus élevé : un commissaire européen reçoit 19 910 euros comme salaire de base. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, empoche 304 000 euros chaque année. La plupart des hauts responsables européens reçoivent en plus une indemnité de résidence. La nouvelle haute représentante de l’Union aux Affaires étrangères, l’Anglaise Catherine Ashton, reçoit environ 323 000 euros par an. Et à cela s’ajoutent encore des compléments pour son budget privé et ses frais de représentation. Résultat : cette lady travailliste dépasse de loin ses collègues Angela Merkel ou Hillary Clinton. De plus elle rentre souvent à Londres, le jeudi, voir ses enfants.

 

Fromages pour fromages revenons au nôtre : 

 

Depuis le 2 février 2007 l’oscypek est un Chroniona Nazwa Pochodzenia une AOP

 

L’oscypek est un fromage qui a une drôle de tronche, le plus souvent il a une forme de broche ornée de motifs rustiques.

 

Chapelle à Jaszczurowka dans les montagnes à Zakopane. Photo de Robert Parma.

Chapelle à Jaszczurowka dans les montagnes à Zakopane. Photo de Robert Parma.

 

Ce fromage du Podhale (les Carpates), région montagneuse dont la capitale est Zakopane est fait avec du lait de brebis mais Androuet nous dit « qu’il est fait de lait de brebis auquel est ajouté du lait de vache. Les montagnards disent qu'il faut un minimum de 40% de lait de vache pour sa fabrication, ou un mélange plus ou moins égal entre le lait de vache et celui de brebis »

 

Image associée

 

On utilise des moules de bois spéciaux et, une fois formé on le trempe toute une journée dans la saumure, pour en extraire l’eau en excès. C’est un processus complexe puisqu’à la fin le fromage est fumé au bois de pin, dans les « bacówki» (burons de bois des montagnards).

 

Jadis, l’oscypek était utilisé comme monnaie d’échange entre bergers sur les pâturages d’altitude. Il est de goût un peu salé et croque sous la dent, rappelant ainsi le Haloumi de Chypre, mais en incontestablement plus parfumé. Son goût rappelle celui du provolone piquante d'Italie.

 

Le blog de Jérôme à Cracovie

On peut manger l’oscypek tout simplement, nature, mais dans certaines régions de Pologne on le sert légèrement poêlé avec de la confiture. Du fait de son séjour dans la saumure, il est assuré d’une longue conservation. De consistance légèrement élastique, il se mange chaud, cuit au barbecue, et on en trouve dans les rues des grandes villes, par exemple lors du marché de Pâques à Cracovie où il peut être servi avec de la confiture de canneberges, mêlant étrangement le sucré et le salé. Il se trouve aussi sous vide dans les supermarchés.

 

Procédé de fabrication

 

La tradition de l'oscypek commence dès la traite des brebis. Le lait est récolté dans une grande cuve de bois (gieleta). Puis, il est filtré par une toile en laine dans un chaudron (puciera) afin de le débarrasser de toutes sortes d'impuretés et d'herbe. Le lait est ensuite caillé et rincé à plusieurs reprises à l'eau bouillante.

 

Ensuite, chaque fabricants donne une forme au fromage et le décore. Les décorations sont faites grâce à un moule en bois appelé oscypiorka, qui se décline généralement sous 3 formes:

  • le fuseau (600800 g),
  • le cylindre (400 g)
  • les noix (30 g).

 

Puis, le fromage est immergé pendant une journée dans un tonneau rempli de sel. Ce bain a avant tout pour but de supprimer l'excès d'eau qui se trouve dans le fromage ainsi que de tuer les bactéries. Pour finir, il est entreposé dans une cabane pour être fumé pendant environ deux semaines. Autrefois, l'oscypek était fumé dans une bacówka, la cabane traditionnelle des bergers, et fumé au bois de pin ou de sapin.

 

La plus ancienne référence à une production de ce fromage date du XVe siècle, dans les montagnes Tatras, et plus précisément d'un document du village Ochotnica datant de 1416. La plus ancienne recette trouvée date de 1748 et provient de la région de Zywiec.

 

Voilà le travail il ne nous reste plus qu’à attendre la prochaine virée de notre gourmet pour nous en rapporter…

 

Krokoszówka Górska, le vin nature

 

Des milliers de jeunes polonais émigrent chaque année pour aller chercher du travail en Angleterre ou en Allemagne. Le travail de la terre se meurt. Tel est le constat sans appel que nous dresse Marek Górscy. À contre-courant d’une époque où le costume et la cravate sont plus à la mode que les bottes et le sécateur, Marek décide de quitter la bureautique pour devenir vigneron en 2005.

 

« Aujourd’hui je ne regarde plus mon ordinateur au travail, je me lève et je contemple la nature ».

 

L’homme prend son temps et renoue avec ses racines. Ni collage, ni filtration, ni sulfite. Marek veut faire des vins "propres". Avec un hectare de vigne et une production de 6.500 bouteilles, il réussit tout juste à dégager un revenu. Qu’importe. Cette liberté n’a pas de prix.

 

La Pologne, un pays où le vin a un goût de victoire ICI 

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14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 06:00

Tartine-de-pourri, qu’est-ce donc ?

 

Comme le sieur Dupont est mobilisé par son combat contre les prohibitionnistes masqués de Dry January j’ai demandé à Dubeu pi Débeu – Dupont et Dupond en arpitan bressan – d’enquêter sur le bresse pourri ou pourri bressan.

 

Tintin en arpitan bressan ICI 

 

 

Le bresse pourri ou pourri bressan est une préparation fromagère de la famille des « fromages forts » qui existent dans toutes les provinces. La recette est toujours la même : il s’agit de conserver les vieux morceaux de fromage qu’on ne peut plus consommer tels quels, les invendus ou encore ceux qui ont un défaut, en les faisant refermenter avec du caillé frais, de l’alcool et des aromates.

 

Par kelly bone 

 

Mais ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît d’où l’intervention de Dubeu pi Débeu.

 

Je vous livre leurs conclusions :

 

Tels qu’ils sont actuellement commercialisés, le fromage fort et le pourri sont deux préparations fromagères bien distinctes.

 

Les producteurs et les commerçants (crémiers et fromagers) insistent sur la différence qui paraît alors évidente. Les techniques de fabrication sont décrites comme bien différentes, ainsi que le résultat obtenu.

 

Le fromage fort, dont la recette comporte de multiples variantes, a l’aspect d’une crème épaisse, légèrement granuleuse, de couleur blanc cassé. Son odeur est un peu forte (certains commerçants conseillent aux clients novices d’entourer la barquette de fromage dans un film plastique et de l’enfermer dans une boîte hermétique). Ce produit est fabriqué par la plupart des crémiers de la région et certaines coopératives laitières.

 

Le pourri, formé de morceaux de caillé moins liés que dans le fromage fort, a une texture plus sèche et un aspect moins homogène. Sa couleur est elle aussi irrégulière ; elle varie du blanc cassé au jaune paille sur les morceaux les plus maturés, devenus légèrement gluants. Son goût bien différent est plutôt comparé par certains vendeurs à la cancoillotte.

 

Pourtant l’identification et la distinction entre ces deux productions fromagères ne sont pas toujours aussi évidentes. Le fromage fort est souvent indifféremment appelé pourri. A Saint-Etienne-du-Bois, nombre de personnes, surtout parmi les plus âgées mais pas uniquement, emploient spontanément le terme de pourri pour désigner ce que les commerçants appellent fromage fort : « ‘c’est la même chose. Fromage fort ou fromage pourri, c’est tout la même chose ’» expliquent-elles. Certaines ont le souvenir que leurs parents utilisaient l’un ou l’autre mais constatent un basculement en terme d’occurrence respective : « ‘ça se disait les deux. Ça se disait encore bien le fromage pourri. Mieux que maintenant. Alors que maintenant ça ne s’emploie plus trop le fromage pourri ’».

 

Les documents écrits confirment l’assimilation de ces deux termes : « ‘on l’accompagnait de tartines ou rôties de fromage fort (Note de l’auteur : fromage fermenté obtenu avec du fromage blanc, sec. Appelé encore fromage pourri.)’ »

 

La description qu’en fait Tortillet correspond à celle qui a été donnée pour le fromage fort : « ‘le fromage fort ou pourri est un mélange de fromage sec de vache et de fromage de gruyère que l’on râpe et qu’on fait fermenter en y ajoutant un levain. On y ajoute généralement un peu de vin blanc’ ». Quant à l’ouvrage C’était hier, plus récent, il relate le même rapprochement : « ‘le fromage frais de l’été était remplacé par du fromage fort (fromage pourri). Ce terme irrévérencieux s’applique à du fromage de chèvre sec râpé auquel on ajoutait du bouillon de poireau et du vin blanc sec. L’ensemble subissait une légère fermentation’ ». Quant aux fabrications, à Saint-Etienne-du-Bois, l’une ou l’autre était autrefois élaborée, en fonction des familles.

 

D’ailleurs la frontière entre les deux types de préparation fromagère, lorsqu’elles étaient de fabrication domestique, n’était probablement pas si nette.

 

Lorsque les particuliers élaboraient leur fromage fort uniquement avec des productions familiales, à savoir du fromage de chèvre ou du fromage de vache, sans l’apport de fromages du commerce (comté, bleu, etc.), le résultat était sans doute assez proche du pourri. Comme par ailleurs les recettes devaient diverger d’une maisonnée à une autre, il ne devait pas y avoir plus de différence entre le fromage fort et le pourri qu’entre les différents fromages forts propres à chaque famille.

 

En fait, il s’agit d’une catégorie alimentaire qui autorise une grande liberté dans la fabrication et qui permet de multiples variantes. Ce que retiennent les consommateurs, c’est le fait qu’il s’agisse d’un produit mis à maturer, à refermenter, d’où l’emploi du terme de pourri qui souligne, comme le signale Claude Lévi-Strauss dans son Triangle culinaire, une élaboration naturelle : « ‘c’est un fromage qu’on laisse pourrir, s’abîmer’ » ; « ‘on disait du fromage pourri parce qu’on le laissait fermenter. Donc, ça faisait un fromage pourri, ben c’était du fromage fort ’»; « ‘on le laissait fermenter quelques jours avant de le manger. On le laissait faire, disons. C’est pour ça qu’on y appelait le pourri !’ ».

 

Tous les Bressans insistent sur le temps nécessaire à sa transformation, c’est-à-dire sur l’action de la nature sur un produit de la culture. Mais ils soulignent également le fait que le temps n’arrivait jamais à bout de cet aliment ; celui-ci était intarissable puisque le pot de grès était indéfiniment rechargé : « ‘ils rajoutaient quand on faisait les poires, le marc, à l’automne, et puis après à mesure que le pot diminuait, on râpait des fromages de chèvre, on en remettait dedans. On remettait du bouillon de poireau, on le changeait un peu disons, on finissait jamais la préparation du début ’». En effet, la maîtresse de maison « ‘en faisait toujours, avant qu’il soit fini, il fallait toujours qu’il y ait un levain. Mais il fallait quelques jours pour qu’il se fasse quoi’ ». En raison de ce levain, on a véritablement affaire à l’image d’une production vivante dont la caractéristique principale est la fermentation.

 

Dans la région Rhône-Alpes, le fromage fort faisait l’objet d’un même arrangement. L’inventaire du patrimoine culinaire de la France reprend Le Littré de la Grand’Côte (1895), dans lequel il est cité « ‘une famille à Fleurieu-sur-Saône, où le fromage fort est conservé depuis 1744 ’». En somme, le fromage fort et le pourri représentaient une même catégorie classificatoire et ne correspondaient pas à deux productions clairement identifiables. Ils étaient assimilés à un aliment aux frontières complexes, mouvantes, instables. Il semble que ce soit leur commercialisation qui ait imposé une classification plus précise, instaurant une distinction claire entre fromage fort et fromage pourri (ou vieux).

 

Autrefois, en hiver, le fromage fort ou le pourri était présent sur toutes les tables bressanes et sa consommation était quasiment quotidienne en cette période. Elle a depuis considérablement diminué. En effet, non seulement ces préparations fromagères ne sont plus du tout consommées dans certaines familles, mais dans les autres, bien que restant très appréciées, elles ne représentent plus qu’une nourriture occasionnelle. Ces aliments, nourrissants et qui plus est se tartinent impérativement sur du pain, sont souvent évités pour des raisons diététiques : « ‘on en mange qu’une fois dans l’hiver, parce que ça fait manger beaucoup de pain. Ça fait grossir quoi !’ ».

 

D’après les forains, qui se rendent sur les divers marchés de la région, le fromage fort a plus de succès en Bresse burgienne, entre autres sur le marché de Bourg-en-Bresse, alors que le pourri est surtout apprécié dans le nord du département et plus encore en Bresse louhannaise, où il est d’ailleurs plus connu. A Bourg-en-Bresse, ce dernier est peu consommé.

 

Mais si la consommation de fromage fort en guise de fromage, à la fin du repas, s’est raréfiée, les occasions d’en manger se sont modifiées et diversifiées, entraînant une revitalisation de cet aliment. Autrefois, obtenu par la réutilisation des restes domestiques, il n’était pas digne d’être partagé avec des personnes extérieures à la famille et relevait exclusivement de l’alimentation domestique et intime. Il correspondait à un aliment peu coûteux qui nourrissait les membres de la famille. Depuis quelque temps, de nouvelles pratiques s’instaurent, faisant pénétrer cette denrée dans la catégorie des aliments publics. Actuellement, certains Bressans offrent à leurs invités du fromage fort sous la forme de tartines apéritives. Celles-ci sont servies grillées, avant le repas ce qui permet de proposer « un apéritif un peu copieux ». Notons que de toute évidence, la pratique même de l’apéritif est elle aussi relativement récente.

 

D’autres hôtes, plus innovants encore, organisent des « soirées fromage fort » : « ‘pendant l’hiver, avec les voisins, on fait une soirée. Au lieu de faire une soirée raclette, c’est une soirée fromage fort ’». Les tartines de fromage fort sont alors servies en guise de plat principal, éventuellement accompagnées d’une charcuterie et/ou d’une salade verte. Autrefois réservé à l’intimité, associée à un fromage de pauvreté, le fromage fort devient synonyme de convivialité et accède à l’espace public.

 

Si ce mode de consommation n’est pas pratiqué par l’ensemble de la population, il tend à se diffuser au sein de toutes les générations. Ce Stéphanois, septuagénaire, veuf, vante ici les avantages de ce plat : « ‘quand je reçois des amis, quand je reçois la famille, on mange le fromage fort, le soir. C’est aussi sympa, voyez-vous que de manger de la raclette ou autre chose. Et c’est très digeste. L’autre jour, j’en ai mangé, ben, ça passe comme une lettre à la boîte. Ça passe mieux qu’une, allons, qu’une fondue de gruyère. C’est plus digeste. Après on met une petite tranche de jambon, une salade et ça y est. Ça fait un repas. Et puis c’est facile à faire. Moi, quand je reçois, je fais ça’ ». Consommé selon un mode inspiré de la raclette, du Mont-d’Or et de la fondue, le fromage fort, servi ainsi, jouit de l’engouement actuel pour les fromages fondus. En effet, les repas constitués d’un tel plat accompagné éventuellement de charcuterie, de salade et/ou de pommes de terre sont particulièrement appréciés par les commensaux et répondent à des critères contemporains de consommation.

 

Ils sont perçus comme facilement et rapidement préparés (les savoir-faire, limités, sont accessibles à tous ; les charcuteries elles-mêmes ne nécessitent pas d’opération culinaire ; la salade, très peu, voire aucune si elle est achetée déjà lavée) et conviviaux dans la mesure où les hôtes ne sont pas seuls à gérer le déroulement du repas mais que les invités participent plus ou moins à la préparation (chacun dispose son fromage, pique son pain, pèle ses pommes de terre, se sert à volonté, etc.). Grâce à ce nouveau mode de consommation, le fromage fort est remis à l’honneur. Il s’inscrit dans une pratique moderne de consommation et n’est pas associé à un produit du passé. Contrairement à la commensalité autour de gaudes ou de dinno, nulle commémoration du produit n’est lisible au travers de ces « soirées fromage fort ». D’ailleurs, l’annonce du « fromage fort » aux côtés du « véritable ramequin du Bugey » et du « fromage à raclette » sur un chevalet devant une épicerie de Bourg-en-Bresse laisse entendre que ces trois produits relèvent de la même catégorie d’aliments : ceux que l’on partage entre amis, pour une soirée simple et chaleureuse !

 

Enfin, le fromage fort est présent à l’occasion de nombreuses manifestations collectives. Il est vendu, en tartines grillées, par les buvettes des associations lors des fêtes publiques et proposé lors des regroupements associatifs et sportifs (lors des concours de belote par exemple) : « ‘mon mari fait partie d’une association de basket. Quand ils font leur loto, ils servent dans l’après-midi des tartines de fromage fort. Des grosses tartines, là, avec du bon pain de campagne... On aime bien’ ».

 

Ces consommations, hors du repas proprement dit, modifient considérablement le statut du fromage fort. Aliment nourrissant, servi en fin de repas pour remplir les estomacs à moindre coût, il devient un extra, un supplément au repas, qui est obtenu, lors des fêtes, par l’achat. Son image se voit fortement revalorisée. Il faut par ailleurs noter que s’il était autrefois fabriqué dans les fermes, rares sont les personnes qui en font encore. Obtenu dans les commerces, il est donc devenu une production essentiellement artisanale, élaborée, non pour écouler des restes, mais pour son résultat. Acheté autour des sept euros le kg, il n’a plus, non plus, le même statut que la préparation fromagère qui était obtenue « gratuitement » par la réutilisation des restes domestiques.

 

Des productions aux frontières complexes : le fromage fort et le pourri sur le site theses.univ-lyon2.

jean yves peron les voisins orange

LES VOISINS ORANGE

Jean Yves Péron

Vin de France - Blanc de Macération - 2016

Quand un "grand" de la macération savoyarde s'amuse avec le Gewurztraminer, cela donne un flacon de génie ... Gros coup de coeur sur cette macération de 5 mois. Les amateurs-trices ne s'y tromperont pas, c'est GRAND !!

Peut-on manger du pourri bressan enceinte ?

ICI

 

FROMAGE FORT DU PETIT BUGEY - AU MÂCONNAIS
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Râpez les vieux fromages grossièrement épluchés. Broyez ou passez à la moulinette les fromages mi-secs. Passez au tamis le gruyère râpé. Rassemblez le tout dans une terrine. Versez le bouillon de poireaux tiède, le beurre fondu, le vin blanc et le petit verre d'eau-de-vie de marc. Assaisonnez. Malaxez le tout avec soin pour obtenir un mélange homogène. Reversez le tout dans un pot à salaison muni d'un couvercle. Bouchez hermétiquement. Rangez un mois au moins dans la partie de la cave la moins fraîche. Si, au bout de ce temps, la saveur est trop violente, ajustez en ajoutant un peu de fromage blanc pressé.

 

Excellent en tartines ou en rôties au four, nappées ou non de beurre.


(Recette communiquée par Marcel Chevallier, professeur d'enseignement technique à Chambéry.)

 

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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 06:00

 

  1. 名詞. 男性
  2.  名詞. 葡萄酒、ワイン。

 

Le 22 janvier 2009

3 verres pour réveiller le passé, les japonais sont fous des grands Bourgognes et de JY Bizot

 

Le Tome 5 des Gouttes de Dieu est arrivé.

 

Je vous en offre un petit aperçu sous la forme d'une histoire  dont le pitch est le suivant : son nom est Kaori Mizusawa et cela fait bientôt 8 ans qu’elle s’est réveillée sur un lit d’hôpital avec pour seul souvenir celui d’une bouteille de vin. Souvenir qu’elle a exprimé sous la forme d’un tableau dans lequel le héros Shizuku reconnaît la quête de son père décédé : « la description du premier apôtre » alors il déclare à la jeune femme « vous allez me trouver égoïste. Mais je dois absolument connaître ce vin prisonnier de vos souvenirs… » Le mari s’interpose, sa femme a retrouvé la sérénité, elle n’a nul besoin de se souvenir du passé. Shizuku insiste et madame Mizusawa passe outre aux réticences de son mari.

 

Déclaration de Shizuku : « mais ce tableau qu’elle aime… C’est sans doute un vin qu’elle aimait dans un passé heureux… De toute façon, heureux ou pas… Pour un humain, le passé est la terre où l’on s’enracine, et permet de vivre au présent. Même bénie du « ciel » et « aimée » des hommes… Une vie, si elle ne s’enracine pas dans « la terre » ne sera jamais fructueuse. C’est comme un vin fabuleux qui ne peut naître qu’une fois… Que le ciel, la terre et les hommes sont tous rassemblés. »

 

La suite ICI

 

Salvador Dali se disait fou du chocolat Lanvin, les japonais sont fous du vin, français bien sûr, bourguignons toujours ! JY Bizot bien sûr !

 

 

Et puis  le 4 janvier 2020 dans Le Monde Philippe Mesmer écrit :

 

Le Japon, étoile montante des vins du nouveau monde

Les Japonais consomment 2,94 litres de vin par personne et par an, contre 0,3 litre dans les années 1980. La production locale a atteint 15,8 millions de litres en 2017, soit 4,8 % du marché.

 

Un vignoble à Kai (Yamanashi ), au Japon, en mars 2013.

Un vignoble à Kai (Yamanashi ), au Japon, en mars 2013. TOSHIFUMI KITAMURA / AFP

 

Bio et terroir.

 

Ces concepts gagnent la modeste, mais de plus en plus populaire, viticulture japonaise, désormais considérée comme une actrice sérieuse de l’univers des vins du nouveau monde.

 

[…]

 

La production viticole japonaise n’est pas nouvelle. Artisans passés par les universités françaises d’œnologie ou grands groupes comme Mercian la développent depuis les années 1960 dans les départements de Nagano, Yamagata ou Yamanashi, célèbre pour son raisin « Koshu ».

 

Aujourd’hui, les Japonais consomment 2,94 litres par personne et par an, contre 0,3 litre dans les années 1980. La production locale a atteint 15,8 millions de litres en 2017, 4,8 % d’un marché toujours dominé par les importations chiliennes, américaines ou françaises.

 

La nouveauté est l’accent mis sur la valeur et non plus sur les volumes, avec un réel soutien des autorités. Pour obtenir l’appellation « vin japonais », il fallait utiliser 5 % de raisin produit localement. Depuis 2018, il faut en utiliser 100 %

 

Le vin apparaît sur l'archipel il y a près de 150 ans sous l'ère Meiji

 

En 1870, c’est la période où le Japon sort de son isolement et s'ouvre à l'Occident. Selon certains connaisseurs, le tout premier chai du pays voit le jour à Katsunuma, dans la préfecture de Yamanashi, non loin du Fuji-san.

 

C'est là que va pousser le fameux Kôshû, ce cépage qui permet de produire un vin blanc 100% japonais. Il a pour la première fois été cultivé il y a mille ans dans le Caucase, en Asie Mineure, avant de voyager jusqu'en Chine à la faveur de la Route de la Soie. C'est de Chine qu'il a été importé au Japon, pour ses vertus médicinales.

 

« 2018 fut l’occasion de commémorer le 150e anniversaire de la restauration de Meiji. Une ère qui débute en 1868 et qui marque l’ouverture du Japon vers l’extérieur. Mais pas que ! Le prince Mutsuhito, futur Empereur Meiji, arrive au pouvoir la même année. Entre ouverture et modernité, le Japon s’engage alors dans une nouvelle ère, porté par un jeune Empereur connu pour son amour de la culture occidentale… et surtout du vin français !

 

Grand Cru de Bourgogne au Parc Yoyogi

Tonneaux de saké à l'entrée du parc

 

C’est cette passion qui explique la présence de l’offrande so frenchy des tonneaux de grands crus de Bourgogne que l’on peut voir au parc Yoyogi, à l’entrée du sanctuaire Meiji-Jingu à Tokyo. Ces tonneaux de vins légués par de généreux donateurs à l’occasion des 150 ans des relations franco-japonaises commémorées en 2008 font face aux tonneaux de saké traditionnellement offerts dans les sanctuaires shintoïstes. »

 

Le Canon Primeur NV Le Grande Colline Ardèche , mousseux , naturel , 750ML Muscat de Hambourg

 

Le Canon Primeur NV Le Grande Colline Ardèche , mousseux , naturel ,  Muscat de Hambourg

« Je fais du vin que j’aime » Hirotake OOKA, vigneron

 

« Détenteur du domaine La Grande Colline au cœur du pays ardéchois, le japonais Hirotake OOKA, chantre du vin bio depuis plus de 10 ans avait choisi de venir faire du vin en France pour des raisons évidentes : «  J’ai hésité au départ entre la Californie et Bordeaux ne parlant pas le français, mais je me suis dit que les américains ont appris à faire du vin avec des français. Voilà pourquoi j’ai fini par choisir la France ». Ce vigneron qui a appris aux cotés de Thierry Allemand, vinifie des vins nature avec passion et détermination.

 

Il a néanmoins choisi de retourner au Japon il y a de cela un an où il a créé un domaine à Okayama, dans la région de Chugoku connue pour son raisin muscat. Il y produit du vin blanc sec, du pétillant naturel et du vin rouge sur les parcelles qu’il a acquises en 2017 et en 2018. Du vin également bio, s’il vous plaît !

 

Le Japon, le pays des vins biologiques

 

Au 27e rang mondial des producteurs de vin avec une proportion de 65% de blanc et 35% de vin rouge, le cépage emblématique du Japon est le Koshu, historiquement importé de Chine, qu’on retrouve dans la préfecture de Yamanashi, célèbre pour sa production viticole. Il est le cépage japonais le plus connu des amateurs de vin à travers le monde. Traditionnellement consommé comme raisin de table, il donne un vin blanc sec, plutôt fruité,  avec des arômes de pamplemousse, de pomme et de citron. Il ne va pas sans rappeler le sauvignon blanc du type vin du sud-ouest. Il donne des vins qui se boivent plutôt jeune (2 – 3 ans). L’un des domaines les plus emblématiques au cœur de la région de Koshu est la maison Grace Wine créée en 1923 et actuellement dirigée par Ayana MISAWA. Elle exporte ses très jolis vins blancs dans plus de 20 pays, incluant la France.

 

Pour Hirotake OOKA : « il y a beaucoup de vignerons japonais qui travaillent très bien malgré les conditions climatiques qui sont bien moins favorables qu’en France ». Il est vrai qu’en dehors du climat peu favorable, le Japon s’illustre dans la production de vins bio dont les consommateurs sont très friands.  Un constat qui enthousiasme Hirotake OOKA : « Je souhaite qu’il y ait davantage de cépages locaux plus résistants à la maladie pour généraliser la production de vin bio. ».

 

LE BLANC DU MONT FUJI

 

LE KÔSHÛ, UN VIN EXQUIS

 

Vigne au Japon

Vin Koshu

 

Ce cépage s'épanouit dans cette zone montagneuse et le Fuji-san veille au grain. Il profite d'un bon ensoleillement tout au long de l'année. La vendange commence généralement au mois d'octobre voire début novembre.

L’image contient peut-être : ciel, montagne, plein air, nature et eau

 

Le vin blanc produit, aux arômes d'agrumes avec une pointe d'acidité, est délicat et très subtil en bouche. Il se marie très bien avec la cuisine japonaise comme les sushi, les tempura, le shabushabu ou encore les yakitori.

 

« Les vins japonais sont peu connus en France  et c’est en partie parce qu’il n’y pas de cahier des charges, pas de discours établi ou de législation rigoureuse en la matière. La majorité des moûts de raisins arrivent d’Amérique du sud et 80 % de la production est faite à partir de ces raisins d’importation. Il est donc important de bien distinguer les “vrais vins japonais’’  des “vins fermentés  au Japon’’ au moment de faire votre choix. »

 

Romain Simon chef sommelier du restaurant étoilé La Table de l’hôtel Clarance  à Lille ICI  

 

Kanpai !

 

Vignoble au coeur du Japon

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 06:00

Cary Grant: son « homosexualité », un piège à femmes

Dans son dernier opus d’Ellroy La tempête qui vient page 58 il écrit : « Le baisodrome de Chapman Park affiche complet ce soir Cary Grant, Stanwyck la gouine et Ruth Mildred Cressmeyer partouzent avec « Monsieur 25 centimètres », Tony Mangano. »

 

La tempête qui vient par Ellroy

 

Barbara Stanwyck – Ruby Catherine Stevens de son vrai nom-, née le 16 juillet 1907 à Brooklyn, dans un milieu très défavorisé. ICI

 

Ruth Mildred Cressmeyer voir ci-dessous :

25 mai 2015

Ça balance dur sur le Hollywood des années 4O avec James Ellroy « Je suis perchée sur un canapé dont s’est servi Gary Cooper pour sauter Barbara Stanwyck. » ICI 

 

Ellroy est un habitué, il ne se cache pas derrière son petit doigt.

 

La trilogie Underwood U.S.A  de James Ellroy. C'est du lourd. Des pages éblouissantes, du pourri, des personnages vérolés : Nixon, Edgar Hoover, Howard Hughes, des stars dont « la gouine exhibitionniste, qui broutait des minous dans les soirées hollywoodiennes» : Nathalie Wood.

 

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L’élégant et impeccable Cary Grant le héros de « La mort aux trousses » a connu une vie privée pour le moins tumultueuse. Grand séducteur il faisait fantasmer les spectatrices. Ses frasques sentimentales faisaient d'ailleurs les choux gras de la presse à scandale, avec pas moins de 5 mariages, notamment avec des actrices de trente ans plus jeunes que lui.

 

Après un premier divorce en 1934, Cary épouse la richissime Barbara Hutton. Il la quitte en 1945 mais demeure très proche de la belle mondaine. Il s’unit ensuite à l’actrice Betsy Drake, qui l’initie aux drogues et à la méditation. Le couple se sépare en 1962 et Cary convole avec la jeune Dyan Cannon, qui l’accuse rapidement de violences conjugales. Le divorce est prononcé en 1968 et Cary épouse Barbara Harris, qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1986.

 

Bisexuel, il a eu de nombreuses relations masculines, toujours cachées à une époque où il ne faisait pas bon avouer son homosexualité à Hollywood. Il vivra ainsi douze ans avec l'acteur Randolph Scott, alors même qu'il était censé être en couple avec sa première épouse, dont il divorça d'ailleurs rapidement pour violences conjugales.

 

L’acteur avait aussi ses démons intérieurs.

 

Télérama très porté sur le divan – pas celui où il sautait Barbara Stanwyck, voir plus haut – nous met au parfum.

 

« Tout le monde veut être Cary Grant. Moi aussi, je veux être ­Cary Grant », disait l'acteur. Ce doute existentiel, il l'a traîné (presque) toute sa vie.

 

Tiraillé entre ce « Cary Grant », star hollywoodienne qui commence sa carrière en 1932, et Archibald Alexander Leach, jeune homme né dans une famille modeste à Bristol, en 1904, devenu acrobate avant de rejoindre les Etats-Unis. Kidel raconte comment, dans les années 1950, Grant a entamé une thérapie à base de LSD pour soigner (avec succès !) sa dépression. Le traitement, proposé alors par certains psychiatres californiens, visait à libérer l'inconscient, grâce aux puissantes visions que suscite la drogue. A l'instar d'un Marlon Brando, les fêlures intimes de l'acteur transparaissent souvent à l'écran. Certains réalisateurs, comme Alfred Hitchcock, ont su les sublimer. Relecture de quelques-uns de ses classiques à l'aune de sa vie privée.

ICI 

 

Scotty Bowers a 89 ans, il est arrivé à Hollywood en 1944. Embauché comme pompiste dans une station-service sur Hollywood Boulevard, le jeune marine passe rapidement à une seconde activité lorsqu’il se voit proposer une passe à 20$ par l’acteur Walter Pidgeon (« La planète interdite ») pourtant marié. Voilà le genre de souvenirs cocasses et aventures tumultueuses que nous livre Scotty Bowers dans « Full Service. My Adventures in Hollywood and the Secret Sex Lives of the Stars ».

 

Pendant trente ans, ce bisexuel et prostitué occasionnel sera le fournisseur quasi officiel des conquêtes d’un soir ou de plusieurs années du gratin de Hollywood. Dans son ouvrage, Scotty Bowers détaille par exemple les parties « à trois » avec Cary Grant et son « colocataire », l’acteur Randolph Scott, sa liaison avec l’actrice Vivien Leigh (« Un Tramway nommé désir ») ou encore l’appétit sexuel vorace d’Edith Piaf avec qui il aurait couché « tous les soirs pendant quatre semaines », quand elle tournait à Los Angeles.

La suite ICI 

 

Cary Grant. Mort à l'âge de 82 ans en 1986, l'acteur a laissé derrière lui un nombre inimaginable de chefs d'œuvres, ainsi qu'une fille qui publie aujourd'hui un livre hommage à son papa star.

 

Jennifer Grant est l’unique  fille de Cary Grant, elle est  née le 26 février 1966 à Burbank Californie de l’union de l’acteur avec Dyan Cannon, la quatrième femme de Cary Grant de trente-trois ans son ainé, qu'elle épousa le 22 juillet 1965 à Las Vegas. Elle quitta Grant en décembre 1966, déclarant qu'il entrait souvent dans des rages soudaines et la battait quand elle lui « désobéissait ». Le divorce, finalisé en 1968, fut amer et public, et la bataille pour la garde de leur fille dura dix ans.

 

Jennifer Grant a toujours eu un petit béguin pour son père comme beaucoup de petites filles avant elle. Oui mais voilà, le papa de Jennifer s'appelait Cary Grant et c'était un merveilleux acteur qui a entre autre donné la réplique à Audrey Hepburn et Grace Kelly. Et puisque Jennifer est fière de son géniteur, elle a décidé de lui consacrer un livre: Good Stuff : A Reminiscence of My Father, Cary Grant.

 

Dans cette biographie familiale, elle y raconte que Cary Grant était un vrai papa poule qui la conduisait à l'école, qui lui racontait des histoires et qui gardait chaque photo et chaque morceau de papier qui le rattachait à sa fille.

 

Super papa, Cary Grant était aussi un homme plein d'humour si on en croit sa fille. Alors que des rumeurs sur sa possible homosexualité ont toujours couru à Hollywood, Jennifer explique que son père s'en est toujours amusé. « Il ne pouvait pas en vouloir aux hommes de le désirer. Papa flirtait parfois gentiment en retour ! » Elle ajoute du bout de sa plume : « Quand on lui posait la question, généralement il se concentrait sur la personne qui la posait ». Jennifer Grant conclut non sans humour : « Papa aimait bien qu'on pense qu'il était gay. Il disait que ça donnait encore plus envie aux femmes de prouver que cette affirmation était fausse ».

 

« On ne peut pas blâmer des hommes de l’avoir voulu et je ne serais pas étonnée d'apprendre que Papa a même doucement flirté… » Un homme sollicité par certains mâles qui a « aimé être qualifié d’homosexuel. Il disait que ça poussait les femmes à vouloir prouver le contraire. »

 

Cary Grant était perçu comme un électron libre du fait qu'il était le premier acteur "indépendant", à contre-courant du vieux système des studios, qui décidaient des évolutions de leurs acteurs. Il put ainsi avoir le contrôle de chaque aspect de sa carrière. Il décidait quels films tourner et s'impliquait dans le choix du réalisateur et de ses partenaires et négociait même parfois un pourcentage sur les bénéfices, un privilège rare à l'époque mais désormais courant parmi les grandes stars.

 

Il fut nommé deux fois aux Oscars dans les années 40 mais, étant l'un des premiers acteurs indépendants des grands studios, il ne l'obtiendra pas durant ses années d'activité. Ce n'est qu'en 1970 que l'académie lui remit un Oscar d'honneur pour sa carrière. En 1981, il reçut les honneurs du Kennedy Center.

 

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9 janvier 2020 4 09 /01 /janvier /2020 06:00

 

Don de Jacques Dupont

Souvenez-vous les pinzutu de l’enquête Corse confiée à Jack Palmer !

 

C'est beau la Corse.

 

C'est juste une île un peu compliquée pour un continental.

 

 

Jack Palmer, parti sur l'île de beauté à la recherche d'un certain Ange Leoni pour lui remettre un testament lui léguant une bergerie, va en goûter tout le suc : le voilà en bute aux indépendantistes de Corsa Corsica,  à ceux du Canal Inattendu, sans parler bien sûr de la Concoctée ou de la Reconcoctée.

 

Allez savoir ?

 

Évidemment les pandores sont sur l'affaire, mais tranquillement, depuis les paillotes du préfet Bernard Bonnet, on ne joue plus avec les allumettes dans la gendarmerie. L’affaire serait plutôt du ressort de la police judiciaire mais la brigade anti-terroriste, comme c’est une affaire de bergerie, l'ombre du berger de Cargèse plane, est sur le qui-vive.

 

 

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Bref, tout ça pour vous dire que lorsque les très hauts propriétaires de châteaux de la presqu’île du Médoc, du côté de Margaux, apprirent que le château Palmer venait de recruter une bergère, en conclave dans un château dont je ne citerai pas le nom, décidèrent à l’unanimité de faire appel au flair de Jack Palmer pour enquêter.

 

Ce qui suit est une libre interprétation fidèle du texte de Vincent Remy LE SUC DE LA TERRE paru dans l’œil de Palmer 2020. Que l’auteur en soit remercié ainsi qu’Annabelle Grellier.

 

 

Il me sera beaucoup pardonné par Thomas Duroux, à mon âge j’ôse tout…

 

« Des vaches dans les prés du domaine et des brebis dans les vignes ! Château Palmer produit son compost, à partir de ses fumiers, ses sarments broyés et ses rafles de vendange. »

 

Enfer et damnation, mais où va-t-on ?

 

Jack Palmer débarqua à la gare de Bordeaux Saint Jean par un train de nuit, fin juillet 2019, puis il prit un Uber pour rallier le château Palmer sis à Margaux. La canicule s’était abattue sur le Médoc. Aux premières lueurs du jour, sanglé dans son imperméable mastic style inspecteur Colombo, Palmer découvrit avec stupeur un tracteur qui ronronnait dans un pré. Au loin, avant la chaleur accablante, Émilie la bergère et Pierre l’éleveur s’affairaient à rentrer les foins. Ils alignaient les bottes sur la remorque qu’ils allaient conduire à la bergerie de Château Palmer.

 

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Dans le train Palmer avait lu dans un vieux numéro de la RVF que le domaine détenait les plus beaux terroirs de graves de l’appellation Margaux, il s’attendait donc à découvrir des monceaux de tonneaux mais, oh surprise, il contemplait une quinzaine de Bordelaises, des vaches à l’élégante robe mouchetée de noir, dite pigaillée.

 

 

C’était la race des châteaux, lui dit-on, elle était fort répandue dans les riches prairies alluviales comme dans les zones sablonneuses du littoral. Les plus grands châteaux possédaient un troupeau pour le lait et la fumure des vignobles. Elle avait connu dans les années 1920-1930 son apogée : « pensez-donc environ de 8 000 têtes ! » Mais une sélection trop esthétique au détriment de la foutue productivité fit qu’elle se fit damer le pion par la frisonne pie noire. Sa dernière participation au Concours Général Agricole date de 1939. L’espèce a failli disparaître. Depuis 2013, Château Palmer participe à sa renaissance, conduite par le Conservatoire des races d’Aquitaine.

 

Sabrina Pernet, la directrice technique du Château Palmer, rassura Palmer qui se voyait déjà revivre l’embrouillamini de la bergerie d’Ange Leoni.

 

« Nous n’avons pas des vaches pour le décor, mais parce que nous avons décidé de produire notre compost pour fertiliser les vignes. Il nous fallait donc du fumier »

 

Il faisait aussi chaud qu’à son arrivée sur le tarmac de Campo del Oro, mais Palmer qui n’avait repéré dans le secteur aucun membres du F.L.D.B : le Front de libération de la biodynamie, très présents au sein du CIVB, écouta sagement les explications de Sabrina Pernet et en resta bouche bée.  

 

« L’idée a germé il y a une dizaine d’années. Tous les sarments issus de la taille hivernale étaient alors brûlés. Se posait donc la question de cette matière organique perdue, du carbone rejeté dans l’atmosphère, alors que la propriété achetait du compost et des engrais. « On a décidé de récupérer ces sarments, de les broyer et de les composter, mais il nous fallait aussi de la matière animale. Comme on n’avait pas encore de bêtes, juste quelques brebis, on a acheté du fumier à un éleveur bio, Jean-Denis Dubois. C’est ainsi qu’est né notre premier tas de compost. »

 

Au fil des ans, l’affaire a pris une belle ampleur.

 

Sabrina pris Palmer par le bras pour l’emmener à la parcelle des Blés, non loin du Château, un terrain entouré de vignes sur lequel sont alignés plusieurs andains d’une cinquantaine de mètres chacun. Ici, les sarments de l’hiver. De décembre à mars, lorsque le sol est suffisamment sec, une machine attelée à un tracteur les ramasse et les broie. Là, le fumier, provenant de la bergerie et de l’étable. Plus loin, deux tas moins imposants, les déchets verts collectés tout au long de l’année par Vincent Le Falher, le jardinier du Château, et le tri de vendange, rafles et débris végétaux, que les coups de bec des oiseaux ont un peu éparpillé. Dans quelques jours, une pelle mécanique effectuera le mélange des tas, godet après godet. « Au début, nous avons tâtonné, se souvient Sylvain Fries, qui dirigeait alors le pôle d’expérimentations de Palmer.

 

Subjugué, Palmer, qui n’y comprenait goutte, prit un air inspirer pour boire les paroles de Sabrina (il se serait bien éclusé un pastis Dami, l’empereur des pastis corses, pour étancher sa soif mais ce n’était ni le jour ni l’heure)

 

 

L’équipe visita des propriétés, consulta des professionnels, et constata que les tas de grande hauteur montaient vite en température et atteignent 80 degrés. « À de tels sommets, beaucoup d’éléments nutritifs disparaissent. Avec nos tas étalés, nous montons à 50-55 degrés, ce qui suffit pour dénaturer les micro-organismes indésirables, notamment les maladies du bois ou graines à germer, sans détruire le potentiel de fertilisation. »

 

Tout aussi important est le pourcentage de matière animale et végétale.

 

« Au début, nous faisions un compost trop ligneux. Très stable, il améliorait la structure des sols, mais n’était pas assez nutritif. Il faut quand même que le compost relâche un peu d’azote pour les plantes ! Aujourd’hui, il est équilibré. »

 

 

Ils se dirigèrent vers l’étable, du côté des vignes de Boston. L’air était oppressant. Ce serait  la plus chaude journée de l’année. Dans la fraîcheur de l’étable, Pierre et Émilie firent les présentations. Quatre jeunes Bordelaises les accueillent dans leur enclos. Puis leurs voisines, une vingtaine de brebis et quelques chèvres. Pierre s’occupe plutôt des premières, Émilie des secondes. Tous deux se lancent dans un comparatif des fumiers, et des quantités de rebuts de râtelier, ou soutrage — herbe séchée issue des prairies de Palmer —, à ajouter aux déjections. Où l’on comprend que l’expérience du bon ratio est essentielle ! Émilie avait tendance, les premières années, à trop pailler le fumier de ses brebis, alors trop sec, et qui peinait à se dégrader, d’autant que la bête piétine avec légèreté. Côté vaches, les déjections sont plus liquides, et les bêtes de 500 kilos écrasent et enfoncent la paille qu’on apporte sous leurs sabots tous les deux jours.

 

Palmer déboussolé se disait dans sa petite Ford d’intérieur « Adieu, vaches, cochons, couvée… » loin des senteurs du maquis il se requinquait en faisant tourner dans sa tête les paroles d’Émilie jolie.

 

Pierre, agronome un jour agronome toujours, démonstration visuelle à l’appui tente de convaincre Palmer de l’utilité de mêler deux matières bien différentes, fumiers bovin et ovin.

 

« Dans le Médoc, on ne voit que de la vigne, très peu d’animaux. Et pourtant, les propriétés utilisent du fumier. D’où vient-il ? De régions d’élevage, comme la Bretagne qui, elles, ont trop de matière organique. Elle se déverse dans les sols, engendre le nitrate et les algues vertes. D’où l’intérêt de mêler culture et élevage... »

 

Palmer branla du chef en signe d’acquiescement, souvenir de son enquête en Bretagne.

 

 

 

Il était heureux tout comme Pierre et Émilie, qui sont heureux de travailler dans un domaine viticole qui a abandonné les engrais de synthèse, et rétabli la présence animale. Pierre apprécie « un cadre de travail rare », où il peut rendre visite à ses vaches quotidiennement : « Aucune d’entre elles n’est agressive ». Émilie et Pierre sont attentifs à l’état de santé de leurs bêtes. Ils connaissent suffisamment bien Marguerite, Mirabelle, Lupin, Narcisse, Négrette, Nérine, Olivier ou Orchidée, pour détecter les soucis éventuels, privilégient les remèdes naturels préventifs, et les traitements parasitaires ciblés.

 

Palmer intimidé n’osait pas suggérer d’en prénommer une Colomba en souvenir de Mérimée.

 

Ses papilles furent excitées lorsqu’on évoqua le compost millésimé

 

« Le compost, c’est comme le vin, il y a les bons millésimes. Tout dépend de la température et des précipitations... »

 

Pour Sylvain Fries, une bonne année suppose des pluies fines et épisodiques. Car, trop sec, le compost se minéralise, devient cendreux. Pour pallier l’absence de précipitations, l’arrosage doit être modéré et régulier, sans quoi les éléments nutritifs, lessivés, se retrouvent dans le sol qui l’héberge. « Il existe des composts sur aires bétonnées, avec arrosage », poursuit Sabrina Pernet. Mais nous avons préféré que le nôtre soit à même le sol, car nous tenons à rester sur une petite échelle. »

 

Palmer sourit comme le ravi de la crèche.

 

Outre la forme des tas et le taux d’humidité, la durée du compostage importe. Un compost jeune, trois mois de maturation, apportera davantage d’éléments nutritifs — l’azote, principalement, qui favorise la pousse du végétal — qu’un compost d’un an qui améliorera la structure des sols. À Château Palmer, on préfère des composts relativement âgés, parce que les sols du Médoc sont des graves sableuses qui comportent peu d’argile, et assez peu de matière organique. On analyse le compost avant de décider de sa répartition sur les parcelles. Le jeune est réservé aux complantations, et aux parcelles nouvellement plantées — il donne alors un coup de pouce et aide au démarrage du pied.

 

Sabrina reprenait les rennes :

 

« La vigne n’a pas besoin de beaucoup d’apport organique, c’est pour cela qu’on ne met du compost qu’au départ, puis tous les trois ou cinq ans, au cas par cas », Notre objectif n’est pas seulement un apport de matière, mais d’énergie, de structure, de micro-organismes. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est intéressant que le compost soit issu de matières premières du terroir de Palmer ».

 

Palmer opine du bonnet.

 

C’est Vincent Jaraudias, chef de culture, qui fait l’épandeur.

 

Chaque automne, il définit un plan d’action, note les quantités de jeune et vieux compost à répartir sur environ un tiers des parcelles, distribue leur feuille de route aux chauffeurs. L’affaire est bouclée en une ou deux semaines. Vincent connaît chacune de ses parcelles, et accorde une attention particulière à celles qui manquent de matière organique. Il tient compte de l’historique, de la « carte de la vigueur » élaborée dans l’été, du rendement des dernières vendanges, et des observations faites tout au long de l’année. De l’avis de tous, grâce au compost et à l’herbe dans les vignes, la couleur et l’odeur des sols du domaine ont changé. Les analyses montrent que les taux de manière organique ont doublé, que l’herbe pousse désormais là où elle n’avait jamais poussé.

 

Palmer songe à Attila.

 

« Quand on prend une motte de terre, on voit que la structure est grumeleuse et qu’elle se tient. Auparavant, quand on retournait la terre après la pluie, c’était souvent du béton. Maintenant, elle s’effrite comme de la farine. »

 

En écoutant Sabrina Pernet Palmer se réjouit : «  Ouf, ce n’est pas ici, comme à Calvi, que je vais me faire rouler dans la farine… »

 

Dès la sortie de l’hiver, les vignes de Palmer se couvre d’herbe.

 

Palmer se roulerait bien un petit joint…

 

Vincent reprenait les choses en mains :

 

« L’herbe crée un système racinaire dense, rendant parfois les sols plus difficiles à travailler »

 

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À la fois ravi... et inquiet de voir le travail augmenter ! Car si l’herbe entre les rangs est bienvenue, améliore la portance des tracteurs et entraîne une concurrence salutaire pour la vigne, elle est inutile entre les pieds. « Il ne faut pas se laisser envahir », poursuit-il, n’oubliant pas pour autant de saluer l’arrêt des herbicides, qui détruisent toute végétation en surface et ne permettent pas de connaître l’état du sol : « Or, lorsqu’une plante ou une herbe adventice apparaît, c’est ton sol qui parle... »

 

Palmer se dit comme à Jeanne à Domrémy-la-Pucelle…

 

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Dans cette histoire à dormir debout jouons à saute-moutons, nous sommes maintenant en novembre 2019, et nous broutons dans les vignes…

 

Le spectacle, inédit dans le Médoc, fait plaisir à voir. Des brebis dans les vignes ! Elles mâchonnent consciencieusement, sous l’œil attentif de Ben et Hiphop, les deux border collies de Pierre et Émilie.

 

« Hiphop est une chienne très calme, qui ne met pas la pression et conduit cent vingt brebis sans problème. Ben colle aux bêtes, elles partent dans tous les sens. C’est un mâle, il s’est calmé depuis que Pierre s’en occupe... », s’amuse Émilie.

 

Palmer s’amuse aussi.

 

« Il convient mieux aux vaches, parce qu’elles ont plus de répondant. Il se méfie davantage », confirme Pierre.

 

Le tandem fait paître les brebis dans la plupart des parcelles du domaine, de la fin des vendanges au mois d’avril. Château Palmer n’a qu’une vingtaine de bêtes, mais travaille avec des bergers locaux qui mettent à disposition leurs brebis cinq mois dans l’année. Un troupeau arrive début novembre, un second à Noël, et depuis l’an dernier un troisième en février, lorsque les sols commencent à se réchauffer et que l’herbe pousse plus vite. Soit un total de deux cent bêtes qu’il faut ramener chaque soir à la bergerie.

 

Les brebis ne se contentent pas de pâturer et d’entretenir l’enherbement au plus court, elles rendent les sols fertiles. Sabrina se réjouit du spectacle. Elle évoque un cycle vertueux :

 

« Un compost de qualité donne vie aux sols, où se développe une flore diversifiée, entretenue par des brebis qui transmettent leur cortège digestif de micro-organismes. »

 

À l’évidence, l’idée d’avoir un compost qui vient de la propriété n’est pas affaire de prestige.

 

« Nous, vignerons, ne sommes pas là pour nourrir la plante, mais pour que le sol soit vivant et que la plante ait tout pour se développer correctement sur ce sol bien structuré. Or, rien n’est le mieux adapté à un terroir que ce qui en vient ! Aller chercher du compost ou des amendements à l’autre bout de la France ne va pas dans le sens d’une entité autonome », poursuit Sabrina Pernet.

 

Elle aime rappeler l’ambition de Thomas Duroux : « Mettre un lieu dans un verre. » Le compost n’est qu’un outil, une clé de la réussite de Château Palmer, qui a su magnifier ce cycle interne de la matière vivante.

 

Jack Palmer tout ému remercia tous ceux qui l’avaient si bien accueilli et leur déclara larme à l’œil : « Si Pétillon était encore de ce monde il se serait fait une joie de pondre une BD « L’enquête de Jack Palmer sur le suc de la terre de château Palmer »

 

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 06:00

L'apport de la culture à l'économie en France

Matzneff par ci, Matzneff par là, c’est la curée, tout le monde se réveille en sursaut ou fait semblant : le Parquet, le Ministre de la Culture via le CNL, les mea-culpa pleuvent comme à Gravelotte, des vidéos sortent du bois, sur un site web récemment supprimé, Gabriel Matzneff racontait ses activités pédophiles, tout le monde savait mais se taisait.

 

Comme j’aime bien savoir je suis allé voir :

 

AFFAIRE MATZNEFF : L’AIDE PUBLIQUE VERSÉE À L’AUTEUR DEVRAIT LUI ÊTRE RETIRÉE

 

Comme révélé par plusieurs médias, l’allocation annuelle aux auteurs que touche Gabriel Matzneff depuis 2002 de la part du Centre national du livre (CNL) devrait lui être retirée.

 

A en croire le JDD, l’écrivain aurait touché au total 160.500 euros de la part de cet établissement public, en raison de son âge (83 ans actuellement) et de ses faibles revenus (contrôlés chaque année). Franck Riester, le ministre de la Culture, avait annoncé sur Twitter qu’il avait demandé un audit pour avoir "toutes les précisions" sur la situation de Gabriel Matzneff. Vincent Monadé, président du CNL, a pris les devants en lui écrivant pour demander que cette aide sociale ne soit plus accordée à l’écrivain. Une communication officielle est attendue en début de semaine à ce sujet.

 

La suite ICI

 

Et puis chemin faisant, me souvenant de Jack Lang et de sa passion pour la jachère cynégétique en Sologne et de mon ami Jean-François Collin, membre de mon cabinet, occupant le poste de secrétaire général du Ministère de la Culture je suis tombé sur les rapports de l’Inspecteur Général des affaires culturelles Serge Kancel.

 

Un brin d’histoire :

 

Le Ministère de la Culture le décret fondateur du 24 juillet 1959 est rédigé par Malraux lui-même.

 

De Gaulle à Michel Debré « Il vous sera utile de garder Malraux. Taillez pour lui un ministère, par exemple, un regroupement de services que vous pourrez appeler «Affaires culturelles». Malraux donnera du relief à votre gouvernement. »  (Voir plus bas)

 

C’est donc un tout jeune Ministère, bien doté « Vendredi 27 septembre 2019, rue de Valois, à Paris, le ministre de la Culture Franck Riester a présenté le budget 2020 de la Culture. Un budget globalement stable, en hausse de 73 millions d’euros, pour un total de 8,2 milliards provenant directement du ministère. »

 

Le Ministère de l’Agriculture autonome a été créé le 14 novembre 1881 par Gambetta, en se détachant du Ministère du Commerce, ce fut pour des raisons politiques afin d’amarrer le monde à la IIIe République (lire ICI 

 

C’est un vieux Ministère avec 4,8 milliards d’euros, l’enveloppe du ministère de l’Agriculture augmente de 1 % pour 2020. Ce budget prévoit notamment un renforcement de la prévention des risques sanitaires, et le maintien d’une réserve pour faire face à d’éventuelles crises. Mais il y a la PAC la France en est le premier destinataire avec des transferts avoisinant actuellement 9 milliards d'euros par an. ICI  

 

Et puis je suis tombé sur une interview de Serge Kancel ICI 

 

Question : Certains rapports ont d’ailleurs mis en lumière le poids de la culture dans l’économie…

 

SK : Oui, en 2012-2013 j’ai fait un rapport avec l’Inspection générale des Finances sur le poids de la culture dans l’économie autrement dit sur le "PIB culture". Il avait un peu fait parler de lui à l'époque parce qu’on a pu mettre en valeur le fait que la culture créait autant de valeur ajoutée que toute la filière agricole et agro-alimentaire et sept fois plus que l’industrie automobile. C’est une chose qui avait rarement été dite : il n’existait pas de chiffres disant « la culture, ça pèse tant dans la création de la richesse ».

 

Vous me connaissez je suis allé le consulter :

 

Rapport public : L'apport de la culture à l'économie en France

Date de remise : 15 décembre 2013

Auteur(s) : Serge Kancel - Jérôme Itty - Morgane Weill - Bruno Durieux

Auteur(s) moral(aux) : Inspection générale des Finances Inspection générale des Affaires culturelles

ICI 

 

Bruno Durieux

 

« Conseiller au cabinet de Raymond Barre (1976-1981), ancien député (1986-1994), ancien ministre (Santé, 1990-1992, Commerce extérieur, 1992-1993), Bruno Durieux est maire de Grignan dans la Drôme. Ancien élève de l’École polytechnique, administrateur de l’INSEE, inspecteur général des finances, il conjugue une double formation scientifique et économique avec une expérience approfondie de la vie publique. »

 

Ministre sous Rocard, Cresson, Bérégovoy c’est un IGF au tour extérieur.

 

Le rapport, comme il se doit, présente la belle aridité qui sied aux rapports publics, surtout lorsque nos chers membres de l’IGF y mettent leur grain de sel, il s’adresse aux initiés, les Ministres ne lisent pas, les membres de leur cabinet jettent un œil mais ils ont tant de tâches plus gratifiantes à accomplir, les services ont d’autres chats à fouetter, les gens de culture je ne sais, les députés… ICI 

 

Bref, voilà un rapport très intéressant qui, même « s’il a fait un peu fait parler de lui au dire de Serge Kancel » il gît paisiblement sous une fine couche de poussière dans les archives de la rue de Valois.

 

C’est regrettable, car ce rapport est fort intéressant, une mine, mais pour avoir fréquenté pendant 10 ans les allées du pouvoir je n’ai jamais pu convaincre mes Ministres de valoriser le travail de ceux qui finissent leur carrière dans ce qu’ils nomment avec ironie « le gagatorium ».

 

J’ai terminé ma carrière de non-fonctionnaire comme mis à disposition du CGAER, le gagatorium agricole qui regroupe les IPEF, les Vétérinaires-Inspecteurs et les Inspecteurs Généraux de l’Agriculture.

 

Désolant mais c’est ainsi que fonctionnent nos décideurs…

 

Je suis d’autant plus sensible au « PIB culture » que ma fille et son mari sont des petits producteurs indépendants de cinéma avec Mille et Une productions ICI (Le cauchemar de Darwin, les chèvres de ma mère, Merci patron… deux césars et des prix de festival…) ils ont bien du mal à se tenir la tête hors de l’eau, les grosses machines absorbent la presque totalité de l’argent.

 

Je leur dédie cette chronique.

 

 

De la belle ouvrage, difficile d’accès mais dont je vous propose la synthèse très complète : 3 pages pour un rapport de 86 pages ICI 

 

SYNTHÈSE

 

1. La culture contribue pour 3,2 % à la richesse nationale et emploie 670 000 personnes

 

Le rapport de l’inspection générale des finances (IGF) et de l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC) délimite dans un premier temps le périmètre économique de la « culture ». À côté des activités de production et de diffusion « spécifiquement » culturelles, le rapport identifie les activités ayant avec celles-ci un lien d'interdépendance suffisamment étroit pour être définies comme « indirectement » culturelles et être intégrées dans le périmètre pour leur part effectivement culturelle (part des entreprises du BTP spécialisées dans la restauration du patrimoine bâti, rayons culturels des grandes surfaces, etc.).

 

Les activités culturelles ainsi définies représentent en 2011 une valeur ajoutée de 57,8 Md€, soit 3,2 % de la somme des valeurs ajoutées de l’économie française, ce chiffre représentant l’évaluation la plus proche de ce que l’on pourrait appeler le « PIB culturel ».

 

C'est, en valeur ajoutée, l'équivalent du secteur de l’agriculture et des industries alimentaires (60,4 Md€), deux fois les télécommunications (25,5 Md€), quatre fois l’industrie chimique (14,8 Md€) ou l’assurance (15,5 Md€), sept fois l’industrie automobile (8,6 Md€).

 

La part de la culture dans la valeur ajoutée a régulièrement augmenté (à prix constants) entre 1995 et 2005 où elle atteignait 3,5 % pour reculer depuis de cette année. La baisse de 0,3 points observée depuis 2005 peut avoir diverses origines propres à certains secteurs : évolutions structurelles de la masse salariale ou des marges commerciales, baisse des prix des équipements technologiques grand public, effondrement du secteur de la musique enregistrée, mutations en profondeur du lectorat (presse et livre), captation d'une part de la valeur par des acteurs (notamment numériques) hors périmètre strictement culturel et/ou non français, crise économique à l’œuvre depuis 2008...

 

L'apport de la culture à l'économie est le deuxième agrégat défini par le rapport, en ajoutant à la valeur ajoutée des activités culturelles telle que définie supra les effets induits par les activités spécifiquement culturelles sur les secteurs économiques « non culturels » (consommation d'énergie, de transports, de biens courants, etc.) : cet apport (valeur ajoutée + activités induites) est de 104,5 Md€, soit l'équivalent de 5,8 % de la somme des valeurs ajoutées nationales (il s'agit ici d'un « équivalent » et non d'un pourcentage).

 

Le troisième agrégat est la production totale de biens et services culturels (129,8 Md€).

 

Plus délicat méthodologiquement (des double-comptes étant susceptibles d’exister entre deux entreprises commerçant entre elles), l’agrégat de la production présente l'intérêt contenir la part de la valeur ajoutée (57,8 Md€), à laquelle s’ajoutent les consommations intermédiaires pour former l’ensemble de la production. La valeur ajoutée représente donc 44,5 % de la production culturelle, chiffre confirmant que la culture est un secteur à forte valeur ajoutée, intermédiaire entre ce que l'on constate pour les purs services marchands (part de la valeur ajoutée de la production de 56 %) ou non-marchands (74 %), et pour les branches industrielles (27 %).

 

Enfin, la valeur ajoutée des secteurs liés au rayonnement et à l’attractivité de la France (luxe, mode, gastronomie et arts décoratifs) est évaluée par le rapport à 40,3 Md€ ce chiffre ne dissociant pas artificiellement au sein de l'activité générale (par exemple l'habillement) ce qui serait la part « culturelle » (par exemple la mode).

 

Les emplois dans les entreprises culturelles représentent 670 000 personnes en 2010, que ces emplois soient de nature culturelle ou non, soit 2,5 % de l’emploi total en France, avec une concentration dans le spectacle vivant (150 000 emplois), la publicité (100 000) et la presse (87 000). Ce chiffre a globalement progressé de 2 % entre 2008 et 2010, soit 13 000 emplois créés, même si certains secteurs ont supprimé des emplois comme le livre, la restauration du patrimoine et, surtout, les industries de l’image et du son et la presse.

 

2. L’impact de l'intervention financière publique est de nature différente selon les secteurs

 

L'intervention de l'État dans le domaine de la culture et de la communication, tous modes confondus, est en 2012 de 13,9 Md€ : 11,6 Md€ en crédits budgétaires, 1,4 Md€ en dépenses fiscales et 0,9 Md€ en taxes affectées à différents organismes de redistribution (CNC, CNL, CNV, etc.). Sur ce total, 9,3 Md€ sont retenus par le rapport comme ayant un impact direct sur l’économie des secteurs culturels. Cette somme équivaut à 16,1 % de la valeur ajoutée culturelle et 7,2 % de la production, ces pourcentages pouvant être considérés comme une approche de l'impact sectoriel de l'intervention de l’État.

 

Deux secteurs sont particulièrement investis par une intervention publique structurante, équivalant à peu près à 30 % de la production : l'accès à la culture et aux savoirs (bibliothèques, archives, enseignement culturel) et l'audiovisuel (soutien aux entreprises et, pour le public, redevance audiovisuelle et compensation du manque-à-gagner publicitaire en prime time). À l'opposé, quatre secteurs sont faiblement impactés par l'intervention publique, qui équivaut à moins d'1 % de la production : les arts visuels (marché de l'art, design, photographie), le livre, l'architecture (hors écoles d'architecture) et les industries de l'image et du son. Entre ces extrêmes, l'intervention publique se situe dans une fourchette intermédiaire pour quatre secteurs, impactés à l'équivalent de 5 à 7 % de la production : le cinéma, le patrimoine, la presse et le spectacle vivant.

 

Parallèlement, l'effort des collectivités territoriales en faveur de la culture est de 7,6 Md€ en 2010 (chiffres provisoires, métropole et outremer), dont 4,5 Md€ des communes de plus de 10 000 habitants (de l'ordre de 8 % de leur budget global), 1 Md€ des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), 1,4 Md€ des départements et 0,7 Md€ des régions.

 

3. Les secteurs créatifs du jeu vidéo, de l’audiovisuel, du cinéma et de la mode présentent une structuration de la valeur ajoutée proche, mais des défis différents à l’international

 

L'économie de la création de ces secteurs, qu'il était demandé aux inspections générales d'étudier, est le fait de petites entités à l'équilibre fragile, dépendant d’une économie de prototypes malaisément « industrialisable ». Le financement de la création reposant en grande partie sur le secteur aval, et celui-ci exerçant de ce fait un contrôle plus ou moins direct sur les contenus, la gestion des droits est essentielle pour les créateurs (lutte contre le piratage et les contrefaçons, cessions aux éditeurs). C'est en intégrant les différents segments de cette chaîne de valeur que quelques acteurs français majeurs ont émergé au cours des années récentes.

 

Si elle est plus récente et plus limitée dans les secteurs du jeu vidéo et de la mode que pour le cinéma et la production audiovisuelle, l’intervention publique vise des finalités communes : renforcer l’équilibre financier et la compétitivité des structures de création, promouvoir une qualité et une diversité dans la production, attirer ou maintenir l’activité sur le territoire national.

 

Autant si l’export constitue une modalité « supplémentaire » de rentabilisation de l’œuvre dans l’audiovisuel (les chiffres à l'export équivalant à 7 % du total des devis de programmes aidés) et le cinéma (18 % rapporté aux investissements dans les films français), autant  l'export est au cœur du modèle d’affaires du jeu vidéo (31 % du chiffre d’affaires des studios de développement et 36 % de celui des éditeurs) et de la mode (28 % du chiffre d’affaires à l’international).

 

Le numérique transforme en profondeur et de façon « disruptive » les usages et les modes de consommation des produits culturels industriels. Si le premier segment impacté est celui de la distribution/diffusion, le secteur de la création l'est également par l'irruption de nouveaux modèles économiques permettant aux créateurs de s’affranchir partiellement du financement par les « éditeurs » (chaînes de télévision, éditeurs de jeux vidéo...). Une part de la valeur ajoutée s'en trouve captée par les plateformes numériques chargées de l’intermédiation entre les créateurs et les consommateurs (Apple, Google, Amazon...), les mettant en position de force pour attirer les ressources publicitaires et pour imposer leurs conditions aux créateurs.

 

4. Une corrélation positive existe entre les initiatives culturelles et le développement local

 

Les études réalisées en France dans les dernières dizaines d’années sur l'impact local de manifestations culturelles sont disparates en termes de méthodes, de résultats et de pertinence. Un récent travail de consolidation méthodologique a été réalisé à l'initiative de l'État en liaison avec des collectivités territoriales : prise en compte par les études des seuls impacts effectivement imputables à la manifestation, équilibrage des échanges entrants sortants entre le territoire impacté et l'extérieur et, au-delà de l'impact primaire (dépenses des organisateurs et des visiteurs), prise en compte de l'impact secondaire (échanges interentreprises , dépenses des personnes rémunérées par les organisateurs).

 

Si elles s'éloignent de certains chiffrages délibérément optimistes, les évaluations menées selon cette méthodologie montrent l'existence d'un impact substantiel : un festival peut engendrer communément pour l'économie locale des retombées de 30 à 40 € par visiteur, et l'impact global direct peut être de l'ordre du tiers ou de la moitié du budget d'organisation, un coefficient multiplicateur de 1,3 à 1,8 permettant de prendre en compte l'effet indirect de diffusion dans le tissu économique local.

 

Par ailleurs, en s’inspirant de l'observatoire mis en place par l’Insee sur l’impact à venir du Louvre-Lens, les deux inspections générales ont élaboré une méthodologie visant à rechercher l’existence d’une corrélation entre une implantation culturelle structurelle (équipement fixe, festival reconduit sur la durée) et le développement à long terme d’un territoire. Pour ce faire, ont été identifiés 43 « bassins de vie » ayant bénéficié d’implantations culturelles significatives entre 1996 et 2008, puis pour chacun d'entre eux les cinq bassins de vie « témoins » les plus proches sur les plans démographiques, géographiques et économiques (sur la base du référentiel d’analyse territoriale de l’Insee) tout en n'ayant pas bénéficié d'implantation culturelle notable sur cette même période.

 

L'examen des évolutions respectives de performances entre les territoires sélectionnés et les « témoins » (mesurées par six variables socioéconomiques d’activité et d'attractivité) penchent en faveur des territoires ayant bénéficié d'implantations culturelles. Même s'il serait imprudent de parler de causalité directe entre implantation culturelle et performance socioéconomique (l'un pouvant engendrer l'autre et réciproquement), le rapport met en lumière l'existence d'une corrélation positive entre les deux. L’analyse des bassins de vie particulièrement performants peut suggérer en outre qu'une implantation culturelle est d’autant plus déterminante que le bassin de vie est relativement modeste en termes de population.

 

André Malraux

Malgré quelques tentatives vite interrompues durant les régimes précédents, le ministère des Affaires culturelles est véritablement né en France avec la Ve République. Le Général de Gaulle conseille en effet à son Premier ministre Michel Debré de proposer un ministère à André Malraux :

 

« Il vous sera utile de garder Malraux. Taillez pour lui un ministère, par exemple, un regroupement de services que vous pourrez appeler «Affaires culturelles». Malraux donnera du relief à votre gouvernement. »

 

Malraux accepte. Par cette création, actée le 3 février 1959, d'un ministère de plein exercice, le général envoie un signe fort aux Français à savoir que pour lui le rayonnement mondial de la France doit passer aussi par le rayonnement de sa culture.

 

Le décret fondateur du 24 juillet 1959, rédigé par Malraux lui-même, donne à ce ministère la « mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres l'art et de l'esprit qui l'enrichissent ».

 

Le nouveau ministère rassemble des services rattachés jusqu'alors à divers départements ministériels : à l'Éducation nationale (la direction générale des Arts et Lettres, la direction de l'Architecture, la direction des Archives de France), à l'Industrie et au Commerce (le Centre National de la Cinématographie), et au Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Composé au début de son existence de quatre services d'administration centrale, ce nombre de services ne va cesser de croitre entre 1959 et 2002 au fur et à mesure de l'accroissement des missions du ministère. La direction du livre est créée en 1975 (sous la mandature de Michel Guy). En 1978, Jean-Philippe Lecat se voit attribuer le portefeuille de la communication. En revanche, même si Malraux le souhaitait, l'action culturelle extérieure de la France est toujours restée sous l'égide du ministère des Affaires étrangères.

 

Parallèlement des directions régionales des affaires culturelles, services déconcentrés représentant l'ensemble des secteurs du ministère et placés sous l'autorité des préfets de régions, vont s'implanter progressivement sur tout le territoire y compris dans les DOM TOM.

 

Pour accompagner son développement, l'administration culturelle va créer des établissements publics pour leur confier différentes missions de service public : institutions muséales et patrimoniales, écoles d'enseignement supérieur culture, centres de création et de diffusion du spectacle vivant, etc.

 

 

 

Serge Kancel : Mon parcours, je dirais qu'il est assez classique voire assez linéaire, puisque j’ai fait Sciences-Po Paris puis l’ENA, dont je suis sorti au début des années 80, et j’ai pour l'essentiel occupé par la suite différents postes liés aux politiques culturelles : la Direction de l’Architecture, une mobilité à la Direction de la Musique à la tête du département des musiques actuelles qui avait été créé par Maurice Fleuret, directeur de la musique de l’époque, puis les Espaces Protégés, le Livre et la lecture, etc.. Un peu de cabinets ministériels, puis la Commission européenne à Bruxelles, où pendant 3 ans j’ai animé le programme de coopération dans le domaine culturel entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, Caraïbes, Pacifique. Je suis aujourd'hui Inspecteur général des affaires culturelles. Ce qui consiste concrètement à produire chaque année un certain nombre de rapports d'analyse, d'évaluation et de propositions sur des sujets divers touchant à la politique culturelle ou à l'administration de la culture.

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