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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 07:00
Sebastian Barry : « J’ai mis plus de cinquante ans à écrire Des jours sans fin » et moi quelques heures à le dévorer.

Ma critique de « Des jours sans fin » de Sebastian Barry se résume ainsi « lisez ce livre, vous n’en sortirai pas indemne… »

 

 

« Mon roman préféré de l’année reste le magnifique Des jours sans fin », a écrit dans The Guardian Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature 2017.

 

« L’écrivain Sebastian Barry livre en effet une fresque puissante, une épopée au souffle terriblement romanesque où il n’épargne à ses héros ni la faim ni le froid ni l’horreur. Mais la voix de Thomas McNulty ne perd jamais de son humanité, ce qui rend si bouleversant ce récit qui lie épique et intime dans un style spontané et souvent poétique. »

 

« Une rencontre sous une haie. Les nuages noirs du Missouri se sont fendus pour déverser un déluge sur deux garçons qui se sont réfugiés sous le même bosquet. L’un et l’autre ont déjà fui bien pire que les colères mouillées des cieux. Lorsque la terre de son père a fini par s’épuiser, John Cole a quitté seul la Nouvelle-Angleterre pour filer vers l’ouest et ses promesses d’une vie meilleure. Thomas McNulty vient de beaucoup plus loin, de Sligo en Irlande où il a vu mourir toute sa famille pendant la disette de 1847. À 13 ans, il a embarqué à destination du Canada dans les cales d’un bateau où des Irlandais faméliques ont péri par centaines pendant la traversée. Dans le Nouveau Monde, sa vie n’a pas plus de valeur que dans l’Ancien. « Ça vous donne une idée de mon bonheur d’avoir croisé John Cole, explique Thomas McNulty. C’était la première fois que j’avais l’impression d’être à nouveau humain. » Ces deux fétus de paille ballottés par l’histoire deviennent tout l’un pour l’autre: ami, famille, amour. »

 

Corinne Renou-Nativel la Croix

 

« C’est à la fois le livre d’un père à son fils, mais aussi d’un petit-fils à son grand-père. »

 

  • Des jours sans fin s’appuie aussi sur une solide documentation, à propos des massacres des Indiens, puis de la guerre de Sécession. Comment avez-vous préparé ce roman ?
  •  

« Le matériau dont je me suis servi pour écrire ce livre fut un mélange de lectures et d’imagination. J’ai lu environ cent soixante ouvrages en un an, sans forcément prendre de notes, plutôt pour m’imprégner d’eux. Je suis allé aussi aux Etats-Unis, dans le Tennessee entre autres. Tout ça fut bien sûr nécessaire, mais ce n’est pas ce qui a donné vraiment naissance au roman. Dans mes lectures, c’était souvent les toutes petites choses qui me nourrissaient. »

 

  • Vous évoquez la voix de Thomas mais, justement, sa langue simple et candide, sa syntaxe sont particulières...
  •  

Quand on parvient à attraper la syntaxe et la manière de parler d’un personnage, c’est comme si l’on avait accès à son cœur et à son âme. J’ai passé trente ans à étudier la langue anglaise. Longtemps, les Irlandais ont été obligés de parler anglais. Je me suis donc interrogé sur l’évolution de cette langue au Royaume-Uni dans les années 1850, mais aussi sur ce qu’elle est devenue quand les Irlandais sont partis pour les Etats-Unis, avec les métissages qu’elle a connus. Ensuite, il faut faire confiance au personnage qui, un jour, se met à s’exprimer comme ça et pas autrement. Là, il faut l’écouter.

 

Lire ICI

 

 

« Au fond de nous, on savait que la mission, ça serait les Indiens. Les colons de Californie voulaient qu’on les en débarrasse. Il les voulaient plus en travers de leur chemin. Alors, bien sûr, les soldats avaient pas le droit aux primes, mais un haut gradé avait accepté de donner un coup de pouce. Deux dollars le scalp d’un civil, c’était quand même pas rien. Une façon amusante de gagner de l’argent pour le jouer aux cartes. Des volontaires partiraient en mission, tueraient pour environ soixante dollars et ramèneraient les corps ».

 

« Puis la mission a pris fin on entendait plus que les pleurs des survivants et les terribles gémissements des blessés. La fumée s’est dissipée, et on a enfin pu voir notre champ de bataille. Mon cœur s’est tapi dans le nid formé par mes côtes. Il y avait là uniquement des femmes et des enfants. Pas un seul brave. On était tombés sur la cachette des squaws, le refuge qu’elles avaient trouvé pour échapper à l’incendie et à la tuerie. J’étais épouvanté et étrangement outré, surtout envers moi-même, car j’avais ressenti un étrange plaisir dans cet assaut ».

 

« L’aide-soignant, qui était tout ce dont on disposait à l’époque comme médecin, faisait ce qu’il pouvait, mais à part éponger, y avait pas grand-chose à faire. Tous les tuyaux dans le ventre du sergent étaient foutus, la merde lui sortait parfois par la bouche comme si elle avait perdu le sens de l’orientation dans les plaines de son corps ».

 

« On a pas envie que ça arrive. On refuse qu’une histoire de défaite remonte jusqu’au Nord. Voilà le genre de petites choses auxquelles on pense. Il y a aussi cette étrange terreur qui nous fait mal au ventre. Qu’on a rempli de porc salé et de biscuits. Certains doivent déféquer, mais les latrines sont trop loin derrière. Quand vous rotez, la nourriture remonte dans votre gosier comme si elle voulait à nouveau saluer le monde. Vous pissez dans votre froc, aussi. La vie de soldat, c’est ça. Maintenant, on bien les troupes des Fédérés, la bannière de chaque régiment, eux aussi ont une cavalerie qui approche lentement. Il déploient leurs forces, on imagine  les colonels tenter de maintenir tout ça en ordre. Le cousin de l’ordre, c’est le chaos…Chaos et ordre, ça fait partie de la même famille. On sent presque le sol trembler sous nos pieds. Pendant qu’il s’assure que les hommes sont en position, ce pauvre Starling Carlton vomit son porc à grands jets. Il perd pas une seconde pour autant, et il se moque qu’on le voie. Il essuie sa bouche sale et lâche rien. La terreur est la cousine du courage, aussi. »

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