Il est loin le temps où l’agriculture biologique était considérée comme le territoire de quelques illuminés en sandales, de néo-ruraux issus du retour à la terre de soixante-huitard, le vivier des confédérés paysans, objet de la risée conjointe de tout le gotha agricole.
Souvenir du temps où, pour payer mes études, je préparais ma thèse de doctorat, j’enseignais à l’école d’agriculture des Établières à la Roche-sur-Yon : j’avais organisé pour mes élèves une rencontre avec des agriculteurs pratiquant la méthode Lemaire-Bouchet pour le blé.
Que n’avais-je fait ?
Je fus convoqué par le Conseil d’Administration de l’école, composé de la fine fleur de la profession agricole, pour me faire tirer les bretelles. Je frôlai l’exclusion. Ça avait un petit goût des pratiques du PCF, celles que revisitent les actionnaires du média révolutionnaire de Mélenchon, la fine fleur des petits bourgeois révolutionnaires type Miller et Lancelin.
C’était un temps que les jeunes ne peuvent pas connaître, le bio a le vent en poupe, tout le monde au Salon de l’Agriculture chante sur tous les tons l’avènement d’une agriculture durable, c’est beau comme la ruée des ouvriers de la 25e heure.
Paradoxalement, dans ce concert des nouveaux zélotes du bio, les plus rétifs sont les hauts dignitaires du monde vin qui, sans être aussi radicaux que les céréaliers, se tortillent du cul pour avancer à pas comptés vers le bio tout en nous bassinant sur leur foi en la défense de notre santé.
Bref, le tableau qui suit vaut mieux que tous les discours : le bio c’est une affaire de gros, notre GD nationale a trouvé là de quoi se refaire une virginité.
Quoi en penser ?
À mon sens peu de bien, je n’ai jamais eu beaucoup d’estime pour les pécheurs repentis qui viennent vous prêcher la bonne parole. Leur donner un chèque en blanc c’est, aussi bien pour les producteurs que les consommateurs, vite retomber dans les mêmes errements.
Face à l’offensive de la GD les gros loulous de l’alimentaire ne pouvaient rester inertes, subir, le sieur Faber de Danone a donc, profitant de la fenêtre médiatique du SIA, sonné la charge.
Salon de l’agriculture, le leader mondial des yaourts dévoile son plan pour passer de 4 % à 15 % de bio dans ses produits laitiers frais en France d’ici à 2022.
LE MONDE | 20.02.2018 à 22h15 | Par Laurence Girard
Danone veut être largement présent au rayon bio. D’abord avec une offre destinée aux enfants, mais aussi en déclinant la plupart de ses marques, de Blédina à Evian en passant par Volvic, Danonino et même l’emblématique Danone. Un projet dévoilé mardi 20 février, à quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture.
Pour l’heure, la marque Les 2 Vaches était la seule dans le portefeuille du leader mondial des yaourts à porter le label à la petite feuille verte. Elle pèse environ 4 % du chiffre d’affaires des produits laitiers frais de Danone en France, selon François Eyraud, directeur général du programme One Danone en France. La gamme Les 2 Vaches est fabriquée en Normandie dans l’usine de Molay-Littry (Calvados), en lien avec 35 éleveurs convertis au bio.
Accélérer l’offre à destination des enfants
Le « bio de Danone », une déclinaison du plus classique des yaourts, devrait arriver dans les magasins courant 2018. Tout un symbole. Il sera fabriqué dans l’usine de Bailleul dans le Nord et, pour ses débuts, dépendra du lait vendu par Biolait. Si les clients sont au rendez-vous, une centaine d’éleveurs pourraient être accompagnés dans une conversion au bio d’ici à 2022. Sachant que Danone collecte le lait de 2 000 éleveurs en France.
Sans attendre, le groupe d’agroalimentaire a déjà converti au bio sa gamme Evian fruits et plantes et Evian Kusmi Tea. Volvic devrait suivre, toujours dans le segment des eaux aromatisées, avec une version Infusion bio. Elle prépare aussi une boisson bio pour enfants, Juicy Kids,dont la teneur en sucre est allégée.
La volonté affichée est justement d’accélérer l’offre en bio à destination des enfants. Juicy Kids en fait partie. Mais la balle est tout particulièrement dans le camp de Blédina.
Une nouvelle gamme, Les Récoltes bio, sera lancée le 1er mars. Markus Sandmayr, directeur général de Blédina, explique que 50 % des ingrédients des recettes de ces produits sont aujourd’hui d’origine française avec l’ambition de faire passer ce taux à 80 % d’ici à 2020. Blédina, qui travaille avec 10 agriculteurs partenaires, se dit prêt à accompagner des conversions pour faire passer ce chiffre à une centaine à cet horizon. Et pour compléter le menu pour enfants avec un produit laitier, un Danonino bio sera proposé dès cette année.
Mieux valoriser ses produits
Danone s’est fixé des objectifs. Selon M. Sandmayr, Blédina doit atteindre une part de marché de 30 % dans l’alimentation infantile bio d’ici à 2020. M. Eyraud, a, lui, en ligne de mire, une part de 15 % de bio dans les produits laitiers frais d’ici à 2022.
Une manière de mieux valoriser les produits. Ainsi le Danone bio devrait être vendu 1,49 euro contre 0,99 euro le yaourt Danone standard. Mais aussi de répondre aux attentes des consommateurs.
En parallèle, Danone veut donner d’autres gages aux consommateurs de plus en plus soucieux de connaître la composition des produits industriels. Le groupe se dit prêt à simplifier ses recettes, s’est engagé à supprimer l’aspartame dans ses produits laitiers et devrait livrer des informations plus claires sur la composition des produits et l’origine des ingrédients sur les sites Internet de ses marques. En outre, Danone devrait commencer à déployer le système d’étiquetage Nutriscore prôné par le ministère de la santé sur ses produits laitiers frais à partir de 2018.
Bio : à qui va profiter le nouvel or vert?
Par Jean-François Arnaud et Valérie Xandry le 03.03.2018 à 09h21 Challenges
Une déferlante.
Avec 8,2 milliards d'euros de ventes en 2017 en hausse de plus de 17 %, ce marché est l'un des plus prospères de l'économie.
La France devient bio !
Et la décision du gouvernement d'instaurer 50 % de menus bio dans les cantines scolaires, les hôpitaux et les maisons de retraite va accélérer la tendance. " Ce n'est plus une mode, indique Florent Guhl, le directeur de l'Agence Bio. Nos études montrent un niveau record de la confiance des Français dans les produits bio à 84 %. " Selon le cabinet d'études Xerfi Precepta, le marché bio pourrait peser une douzaine de milliards d'euros dans deux ans.
Cet irrépressible appétit est renforcé par la succession des scandales alimentaires souvent mal résolus. Œufs contaminés au fipronil qui se retrouvent dans les rayons, lait infantile de Lactalis contaminé à la salmonelle et vendu comme si de rien n'était par la quasi-totalité des enseignes… Acheter bio limiterait les risques. De même, les Français approuvent massivement l'interdiction prochaine du glyphosate. " Quels que soient nos convictions et nos arguments, nous devons tenir compte de l'opinion publique qui paraît s'être cristallisée ces derniers mois sur le sujet du glyphosate ", reconnaît Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA. Signe des temps, la patronne du puissant syndicat paysan, elle-même éleveuse de porcs en Mayenne, reste officiellement partisane du modèle agricole productiviste français, mais reconnaît qu'à titre personnel, elle " achète parfois des légumes bio au marché et les poulets bio élevés par l'un de mes neveux, mais je ne mange pas bio tous les jours ".
Pénurie pour le lait, les œufs, la viande...
Pour de nombreux agriculteurs, le bio apparaît comme une planche de salut les libérant des aléas des cours mondiaux des matières premières et leur permettant de bénéficier d'aides à la conversion. " Avec seulement 8 % des fermes françaises et 11 % des emplois agricoles, le bio est encore très minoritaire, indique Florent Guhl. Une montée en puissance rapide est nécessaire. " Pour l'heure, seules 5,6 % des surfaces agricoles ont été " converties " . Si le gouvernement espère arriver à 8 % dans les deux ans, cela ne suffira pas à éviter les pénuries déjà visibles dans plusieurs produits tels le lait, les œufs ou encore la viande. Bien malin qui peut se fournir en viande de porc bio française aujourd'hui. Soucieux de répondre aux attentes des consommateurs, des industriels comme Herta (groupe Nestlé) s'approvisionnent à l'étranger.
" Il ne faut pas exagérer le phénomène mais la France importe 30 % de son alimentation bio, signale Florent Guhl. C'est assez logique pour les fruits exotiques ou le sucre, mais l'offre doit se densifier dans presque toutes les régions françaises autres que l'Occitanie, la Nouvelle Aquitaine et Paca. " Il faudra aussi dépasser les inquiétudes de ceux qui s'étonnent que l'on veuille convertir notre agriculture à un modèle dont les rendements sont 20% inférieurs et dont les prix risquent de se faire rattraper à moyen terme par ceux de concurrents moins exigeants en termes de qualité et de main-d’œuvre.
Nouvelle bataille de la grande distribution
Les conséquences de ce phénomène sont spectaculaires et ne vont pas seulement redessiner le paysage agricole français. Les enseignes de la grande distribution ont décidé d'en faire leur nouveau champ de bataille, après s'être battues entre elles sur les prix bas pendant plusieurs années, pour capter les consommateurs. De quoi perturber des circuits de distribution spécialisés comme La Vie Claire, Biocoop et autre BioCBon, qui, jusque-là, bénéficiaient seuls de la folie bio. Ils risquent de devoir bientôt se contenter des restes.
Idem pour les transformateurs, qui forment une myriade de PME spécialisées réalisant 10 à 40 millions d'euros de chiffre d'affaires. Toutes vont devoir se professionnaliser pour résister à la montée en puissance d'une poignée d'acteurs historiques (Bjorg, Léa Nature, Triballat Noyal) qui chacun réalisent déjà plusieurs centaines de millions d'euros de ventes. Eux-mêmes sont sous le regard envieux des géants de l'agroalimentaire, les Nestlé, Pepsico, Mondelez qui, à l'image de Danone avec Whitewave, rêvent de mettre la main sur des marques vedettes, capables de leur offrir une croissance inespérée sur des marchés qu'ils croyaient mûrs.
UNE ACTIVITÉ EN PLEIN BOOM
Sept Français sur dix mangent bio une fois par mois et plus de neuf sur dix, au moins une fois par an.
Avec la hausse des volumes, les prix des œufs bio ont chuté dès 2011, avant de se stabiliser.
Le gouvernement veut porter la part des surfaces agricoles bio de 6,5 à 15 % en cinq ans.
Leclerc, Carrefour, Monoprix: qui gagnera la bataille du bio?
Par Claire Bouleau le 03.03.2018
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Agrial confirme sa stratégie de développement du bio dans sa branche lait
Acteur historique de la collecte et de la transformation de lait de vache biologique en France depuis près de 25 ans, Eurial, branche lait d’Agrial, a constamment soutenu le développement de cette production. En France, d’après les projections, la collecte devrait passer de 500 ML à 900 ML d’ici 2 ans. Au niveau d’Agrial, avec 60 millions de litres collectés en 2017, un nouveau cap va être franchi, avec un objectif de collecte fixé à 100 millions de litres en 2020, pour atteindre les 140 millions de litres d’ici 2022.
Une aide à la conversion
Afin d’accompagner les adhérents qui souhaitent passer à la production de lait biologique, la Coopérative a mis en place un plan de conversion qui prévoit, dans la phase de transition, le versement d’une aide à la conversion de 30€/1 000 litres. En contrepartie, l’adhérent s’engage à livrer son lait durant 5 ans à la Coopérative. Celle-ci accompagne également l’éleveur sur le plan technico-économique et en apportant des conseils concernant les productions végétales, la nutrition animale, les bâtiments ainsi qu’une aide sur les démarches administratives spécifiques au bio (aides régionales, Etat, PAC…).
Un contexte très porteur
La Coopérative dispose aussi de deux atouts majeurs vis-à-vis des éleveurs. D’une part, le métier dispose d’un mode de gouvernance dédié au sein d’Agrial : un conseil de métier lait avec 9 administrateurs et un bureau métier, présidé par Bruno Martel, éleveur Bio, dont l’exploitation est basée près de Redon, lequel est par ailleurs membre du Conseil d’administration de la Coopérative. D’autre part, Agrial, présent en Bio également sur ses autres branches (Légumes, Pommes, Viandes, etc.) dispose d’une expertise forte en matière de conseil agronomique et d’agrofournitures biologiques. Forts de leur conviction, les producteurs de lait bio ont souhaité mettre en place une démarche d’identification qui a abouti à la création d’une signature et d’un logo. Comme le souligne, Bruno Martel : « Agrial assume pleinement la diversité des modèles d’exploitations biologiques et les accompagne du champ à l’assiette ».
Une ambition : renforcer les positions d’Eurial sur le marché du Bio
En Bio, Eurial dispose d’une large gamme de produits et est présent sur de nombreux segments : beurre, crème fraîche, yaourts, fromage blanc, crème dessert, ainsi qu’en poudre de lait biologique. En GMS, sa marque Grand Fermage est n°2 en beurre Bio, et sa marque Bio’ Nat est n°3 sur le marché de l’ultra-frais Bio. La RHD (restauration hors domicile), notamment les grossistes, les chaînes de restauration et également les industriels de l’agroalimentaire, sont des clients de plus en plus demandeurs de produits biologiques. Pour répondre à cette demande croissante et aux ambitions du Groupe, une nouvelle stratégie d’innovation et de marketing est en cours de développement. Celle-ci s’inscrit pleinement dans la volonté de la branche de rechercher de la valeur pour les adhérents d’Agrial.