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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 07:00
Les confidences de Philippe de Rothschild : le Médoc féodal, Goering  et Mouton…
  • Comment expliquer que l’on soit resté si longtemps féodal, ici, en Médoc ?

 

  • Parce qu’on était en  dehors de tous les courants. La première fois que je viens ici, je prends le train de nuit à Paris à dix heures du soir, j’arrive à sept heures du matin à la gare Saint-Jean, à Bordeaux, je prends mon petit déjeuner à l’hôtel Terminus, puis un fiacre qui m’amène à la gare Saint-Louis, de l’autre côté de Bordeaux, et enfin un dernier train à huit heures et demie… le reste du trajet s’effectuant en carriole.

 

  • La légende veut que Goering se soit approprié Mouton et Lafite…

 

  • C’est effectivement une légende ; Goering n’est là qu’un symbole. Les deux propriétés ont été nationalisées par Vichy, fort heureusement. Elles étaient sous la garde du Führer des Vins, car il y avait un Führer du Vin de Bordeaux ! En principe, les cuvées étaient réservées pour les grands nazis. Mais comme elles avaient été nationalisées par Vichy, même si l’Allemagne avait gagné la guerre, il aurait fallu qu’ils achètent à Vichy…

 

  • Ce qui fait que le vin a été protégé, ici ?

 

  • Complètement, le vin a été bien protégé pendant la guerre. La propriété était administrée par les Domaines, et le bonhomme qui s’est occupé de Mouton était de premier ordre ; dès que je suis  arrivé, il m’a dit : « Monsieur, nous avons gardé la propriété pour vous. » Tout  de suite, sans hésitation.

 

André Harris/Alain de Sédouy Les patrons Seuil pages 366 et 367

 

En 1941, une belle prise: les caves du Château Mouton Rothschild

 

Mais "l'Ogre", comme le surnomme Michel Tournier dans son roman Le Roi des Aulnes, ne se contente pas de spolier les musées. Amateur de bonne chère, il dévalise aussi les caves des grands restaurants, comme la Tour d'Argent, à Paris. Car cet esthète raffole des grands crus, et notamment des bordeaux. Albert Speer, l'architecte du Reich, racontait qu'il y avait peu de choses qui rendaient Göring aussi heureux que de s'affaler dans un fauteuil, tard dans la nuit, et de déboucher une bouteille de château-lafite. 

 

Göring va donc charger Heinz Bömers, grand négociant d'avant-guerre en spiritueux, d'une mission d'importance: organiser l'importation, en Allemagne, du vin français. Les négociations ont lieu à Paris, à l'hôtel Majestic (aujourd'hui, Le Peninsula). La région bordelaise traverse une grave crise de surproduction, depuis la fin des années 1930, et les viticulteurs français sont ravis de vider leurs chais: année après année, les volumes ne cessent d'augmenter, pour atteindre 232000 hectolitres en 1944. Mais le vin en vrac, transporté en Allemagne dans des wagons-foudres, c'est bon pour les soldats, pas pour le palais délicat du Reichsmarschall Göring.

 

Afin de satisfaire son maître, Heinz Bömers se rend dans les plus grandes maisons bordelaises. Il paie rubis sur l'ongle, en profitant d'un taux de change très favorable. "Et quand les domaines appartiennent à des Anglais ou à des juifs, il confisque purement et simplement les vins", précise Sébastien Durand, enseignant-chercheur à l'université de Bordeaux Montaigne et auteur d'une thèse sur "Les Entreprises de la Gironde occupée (1940-1944)". En 1941, sur les ordres de Göring, il met la main sur Château Mouton Rothschild et, surtout, sur ses précieuses caves. Après d'intenses négociations, l'Ogre se contentera de 10% des stocks. Ce sont ces bouteilles, sans doute, qui dorment aujourd'hui dans les caves de Cricova.

 

Ce vin français enfoui dans le trésor nazi de Göring

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, "l'Ogre" nazi a aussi pillé les plus prestigieux domaines viticoles français. Surprise: des grands crus bordelais de sa collection ont été retrouvés dans les caves moldaves réputées de Cricova! Histoire d'un incroyable périple qui passe par Moscou.

 

Des bouteilles, poussiéreuses, reposent sur le flanc, dans une petite cavité creusée dans le calcaire. Les étiquettes, pommelées d'humidité, sont illisibles, mais à côté, un écriteau doré indique ces quelques mots: "Château Mouton Rothschild Pauillac, 1er cru classé, 1936." Plus loin, dans d'autres alvéoles, d'autres noms prestigieux: "Richebourg - Domaine de la Romanée Conti, 1935", côte-rôtie, pommard, châteauneuf-du-pape...

 

Suite ICI 

 

Hermann Göring ou Hermann Goering ICI 

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