Louis Fabrice Latour, Président du Directoire de la Maison Louis LATOUR (Beaune) Président de la FEVS depuis le 6 avril, a commenté les chiffres de nos exportations de Vins et Spiritueux au premier semestre.
Je n’y étais pas, chez les exportateurs les blogueurs connaissent pas ! Si on m’avait invité j’aurais posé quelques questions à Louis-Fabrice, mais bon faut se faire une raison. A la FEVS on cause en valeur les euros donc, les volumes : les hl c’est bon pour les statistiques des officines publiques. Je suis injuste, les volumes sont indiqués en caisses* (soit 67 millions de caisses pour les vins et 23 millions de caisses pour les spiritueux) Sans vouloir jouer les petits rapporteurs – ce qui m’a toujours valu de me faire houspiller- je me dois tout de même de souligner que la mise en avant de nos résultats en valeur permet de masquer nos pertes de parts de marché.
* Je rassure les néo-consommateurs la caisse n’est pas une tire customisée mais l’unité de mesure internationale des volumes de ventes des vins et spiritueux. 1 caisse représente 12 bouteilles de 75cl soit 9 litres de produit. Ça vient de Bordeaux !
Bref, je vous livre les propos de Louis-Fabrice tels qu’ils sont rapportés par le communiqué de presse et je sais par avance qu’il absoudra mon impertinence.
« Nos interrogations en fin d’année dernière tournaient autour de la consommation réelle des volumes exportés. Les bons résultats du premier semestre 2011 nous démontrent que ce qui a été acheté en 2010 a aussi été bu. Les stocks ont dû être reconstitués rapidement. Toutefois, nos produits sont très sensibles à la conjoncture économique. Avec la crise que nous traversons, la consommation et donc nos exportations pourraient s’infléchir au second semestre. »
« Par ailleurs, les chiffres d’affaires des premiers semestres 2008 (année record) et 2010 pour les 20 premiers marchés sont similaires : environ 3,9 milliards €. Plusieurs constats peuvent être faits :
‐ 90 % des exportations en valeur se concentrent sur 20 pays.
‐ L’Union Européenne connaît une dégradation importante de sa part de marché en valeur.
‐ Les entreprises de négoce en vins et spiritueux continuent de mettre l’Amérique du Nord (Etats‐Unis et Canada) au cœur de leur stratégie de développement.
‐ L’Asie explose avec des locomotives puissantes à l’exportation (Cognac, Champagne et Bordeaux). »
Donc, dans une conjoncture anxiogène, dans la vieille Europe surtout, moral dans les chaussettes nos exportations de vins et spiritueux ont connu une croissance de 12% au premier semestre, pour atteindre 4,3 Milliards d'€. Sur ce total, les vins ont progressé de 14% à 3 Mds d’€, soit 67 millions de caisses, et les spiritueux de 8,5% à 1,3 Md€, soit 23 millions de caisses.
Ce sont les exportations de vins qui sont en vedette : 3 milliards € (+14 %), 67 millions de caisses. Les vins tranquilles d’appellation d’origine protégée connaissent une progression de leurs exportations de 23% en valeur (soit 1,6 milliard). Les plus fortes progressions en valeur sont faites par les Bordeaux (+34%), par la Bourgogne (+15%) et les Côtes du Rhône (+19%).
Le Champagne qui représente 19% à lui seul de nos exportations globales de vins et spiritueux continue de se renforcer à l’export (+16 % en valeur, +9 % en volume).
Du côté des spiritueux : 1,3 milliard (+8.5%), 23 millions de caisses, après une reprise rapide en 2010, les spiritueux français renforcent leurs parts de marché. La valeur dégagée par les exportations de Cognac progresse de +13,5% sur les 6 premiers mois de 2011. Les deux autres piliers des exportations de spiritueux – Liqueurs et Vodka – consolident leurs positions à l’export avec respectivement +2% et +6% d’évolution en valeur.
Comme l'a souligné Louis-Fabrice au premier semestre 2011, le classement des 20 premiers marchés (90% du chiffre d’affaires des exportations) n’évolue pas significativement par rapport à l’année dernière :
‐ Les Etats‐Unis conservent leur première place (12 millions de caisses pour 782 millions €).
‐ La place stratégique de l’Asie pour le développement de nos exportations se confirme : avec la Chine (+45% en valeur), Singapour (+38%) et Hong Kong (+69%).
Si, sur le marché américain, la diversité de nos productions est mise en avant, le marché chinois est tourné vers deux de nos appellations : le Cognac et les Bordeaux. Ces deux produits représentent à eux seuls plus de 80% des exportations françaises de vins et spiritueux.
‐ L’Union Européenne reste la première zone d’exportation (principalement pour les vins) : 54 millions de caisses de vins et spiritueux pour 1,7 milliard €. Royaume‐Uni et Allemagne conservent leur 2ème et 3ème place dans le classement : Royaume‐Uni (+9% en valeur) et Allemagne (+6%).
Les Etats-Unis restent donc en tête avec 12 millions de caisses importées (782 ME). L'Asie est toujours en plein boom, avec la Chine (+45%) ou Singapour (+38%) notamment.
La FEVS indique que l'évolution favorable s'est poursuivie en juillet puisque les revenus à l'export du secteur ont progressé de 12,2% sur 7 mois, à 5,1 Md d’€.
Note de l’impertinent taulier
En ces temps difficiles, j’aimerais tant que ce géant – je fais référence ici bien sûr à notre secteur et non à Louis-Fabrice qui lui se contente d’être grand - ait la voix qui porte jusqu’à ceux qui nous gouvernent et à ceux qui ambitionnent de le faire. Quand cesserez-vous de nous ignorer ou du moins de nous abreuver de beaux discours de circonstance et de nous brosser en temps électif dans le sens du poil.
Depuis des décennies nous sommes aux abonnés présents avec une constance sans faille et une absence de subventions, nous sommes l’incarnation de la vocation exportatrice de la France agricole, bien plus que les céréales. Mais alors pourquoi tant d’indifférence ? Pourquoi donc, le monde du vin dans toute sa diversité sociologique, géographique, économique, sociale et politique, se voit traité avec autant de dédain. Pourquoi diable, sous la pression de lobbies qui n’ont pas toujours le nez propre ou la conscience tranquille, se voit-il accusé d’amplifier les maux dont souffrent nos sociétés. Quand va-t-on sortir de la caricature ? Quand va-t-on être adulte, citoyen et responsable. J’en appelle à un sursaut : une large fenêtre va s’ouvrir pendant quelque mois. Postons-nous dans l’embrasure. Parlons clair, parlons simple, d’une même voix, sans démagogie. Oui, nous sommes de ceux qui peuvent répondre clairement à la question « de quoi vivrons-nous demain ? » Tout de même ça mérite au minimum un peu d’attention et à l’occasion de la considération. En plus, si nous arrêtons de nous complaire dans notre immobilisme, nous pouvons regagner des parts de marché. Beau challenge, non, c’est pas le cas dans beaucoup de secteurs de notre économie…