« Les gens du vin et ceux de Bordeaux sont assez représentatifs des différentes catégories sociales françaises : des ouvriers, des employés, des techniciens, des cadres, des propriétaires, des financiers, des spéculateurs, des artistes, des banquiers, des journalistes et même des hommes de marketing. Il y a des personnes intéressantes, intelligentes, respectables mais aussi des hypocrites, des crétins et des lâches. » Jean-Marc Koch, qui a passé 24 ans au CIVB, comme directeur du marketing, est donc un bon connaisseur du microcosme bordelais. Flanqué de Jean-Bernard Nadeau, il tire le portrait de 18 gens du vin de Bordeaux. Des « portraits positifs, mais objectifs de personnages sélectionnés de façon totalement subjective. »
L’art du portrait est difficile, surtout lorsqu’on prend le parti de demander au portraituré de « poser » pour la photo et de jouer le jeu de l’entretien-vérité, car une trop grande proximité peut transformer l’exercice en une forme d’art officiel car par trop révérant. Chercher sous la surface sociale de ces hommes – une seule femme : Florence Cathiard – dans leur intimité, à révéler la part la moins connue de leur personnalité, pour donner de l’épaisseur, de la profondeur à leur portrait, exige une grande proximité, une confiance réciproque, et surtout paradoxalement de la distance. La bonne distance, celle qui n’est évaluable que par « l’artiste » en l’occurrence ici l’auteur.
Reste qu’un portrait, comme toute œuvre publique, est destinée à être exposé, à être vu, à être apprécié par le public, jugé par la critique, et comme ici il s’agit d’un livre, donc d’une œuvre reproductible, à être acheté par le plus grand nombre. Alors, lorsque j’ai reçu l’ouvrage un réel dilemme se posait à moi : même si j’ai croisé dans ma carrière une bonne moitié des portraiturés je ne me sentais pas en capacité de choisir entre la position du critique et celle de l’initié. En effet, je ne suis ni l’un, ni l’autre mais comme je suis du parti des livres je ne pouvais me dérober. C’est pour ça que j’ai choisi de vous faire découvrir ce livre par la fenêtre la plus intime : celle d’une des photos privées que les portraiturés ont confiées à l’auteur. Leur simple choix est révélateur et avec elles on a le sentiment de feuilleter, assis sur un canapé, un de ces albums de famille qui font la joie des enfants. Chez moi, j’ai le souvenir d’une photo, où la mariée posait en ayant mis ses chaussures à l’envers, qui faisait notre joie.
Donc en feuilletant « Portraits Intimes » j’y ai découvert une photo qui m’a mis, si je puis l’écrire ainsi, dans le même état. Je m’en suis servi pour rédiger une chronique-charade link car entre mes deux amis : Christian Delpeuch (portraituré par JM Koch) et Jean-Louis Vallet il y avait un homme qui avait toute sa place dans la galerie de portrait de ceux qui ont fait Bordeaux : le très connu et controversé Michel Rolland. Ma charade n’a pas provoqué un grand déferlement. Je le comprends. Certains vendangent puis vinifient, d’autres n’ont pas le temps, pour les plus jeunes et ceux qui lisent en travers quand ce n’est pas de travers mes propos évoquaient un autre temps, si lointain puisque maintenant la référence est la nanoseconde. Cependant, dans le fin fond du Cher, qui est tout de même le centre de la France et cher à mon cœur pour avoir hébergé la Société Française de Vierzon link, un lecteur a joué le jeu avec pugnacité et il a trouvé.
Bravo Bruno Creugny, les promesses seront tenues…
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«Le winemaker mondialement connu Michel Rolland s’est volontiers prêté au jeu de la caricature par Mika, seul caricaturiste de personnalités utilisant du vin rouge pour les peindre ! »