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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 00:12

Avant l'irruption de Marie dans ma vie j'adorais me glisser dans la peau du libertin. Dans ces temps où le péché de chair pour les filles gardait un goût de fruit défendu, conduire hors du sentier balisé l'innocente victime, la séduire, l'amener dans ses filets, procurait des émotions fortes. Faire oeuvre de séduction pour un libertin c'est suivre un plan déterminé, avoir un projet. Tout est dans l'avant, la traque, l'attente, la jouissance suprême de voir la caille innocente s'engager sur le chemin de l'abandon. Le libertinage est cérébral, on y manipule le coeur humain, on y est patient, calculateur. Se contrôler, ne pas céder à la passion, éviter l'écueil de l'amour forment l'armature froide du projet libertin. Dans ce jeu cruel, où la victime devient très vite consentante, l'important pour le libertin est de ne pas être conduit à son insu là où il n'a pas prévu d'être. Toute la jouissance vient de ce contrôle sur ses actes, ses sentiments, ses pensées et d'exercer sur l'autre un empire total. Comme dans un jeu d'échecs il faut toujours prévoir le coup d'après. Mais une fois l'acte accompli l'angoisse du vide vous saisit. On n'est plus qu'un animal à sang froid.

Comme dans les Liaisons Dangeureuses j'avais levée, en mon pays,  ma Mme de Tourvel. Femme mariée, aux yeux de biche effarouchés à peine masqués par sa voilette légère de pieuse se rendant à la messe du matin. Jeune, très jeune prisonnière de la couche d'un barbon ventru et moustachu, au portefeuille épais, pour moi ces messes matinales ne pouvaient être que le change donné à sa sèche et impérieuse belle-mère. Il me fallait donc me placer sur son chemin avec une régularité qui attiserait sa curiosité. Ce que je fis sans jamais lui adresser autrechose que des regards appuyés. Après avoir baissé les yeux puis sourit sous son manteau je pressentis qu'une révolution s'opérait. Elle devait, avant son départ du domicile conjugal, ruser, se donner des frayeurs extrêmes. Restait pour elle à franchir une nouvelle étape : me donner le premier signe de sa soumission. Le printemps à cette vertu que les matins y sont souvent tendres. Ce matin-là, sa trajectoire ordinaire s'incurva et la belle, d'un pas vif, gagnait la place des tilleuls. Dans ma ligne de mire, elle posait le pied sur un banc de pierre dévoilant une jambe galbée d'un bas de soie. Imperméable à sa volupté j'exigeais d'elle plus encore. Ce qu'elle fit. Sous un imperméable mastic, perché sur des hauts talons, elle me présenta avec des yeux implorants sa nudité. Nos amours dans les prés hauts de Bibrou furent catastrophiques, elle attendait, soumise, ma jouissance, alors que c'était la sienne que je voulais.

Marie m'ota ce carcan de froideur. Moi le silencieux, le garçon qui tient tout sous contrôle, je me laissais aller à lui dire mes peurs et mes faiblesses. Cet abandon je le devais à l'absolue certitude, peut-être que le temps m'aurait démenti, que jamais Marie ne retournerait ces armes contre moi. Nous étions si différents, nos origines étaient aux antipodes, mais notre nous s'érigeait sans question, avec naturel. Elle me donnait la chance de m'aimer moi-même, de me départir de mes hautes murailles. Jamais nous ne faisions de projets. Nous vivions. A chaque moment, seuls ou ensemble, nous inventions notre vie. Tout ce j'écris semble idyllique, une reconstruction du passé idéalisée, alors que nous eumes des orages, des divergences mais ce ne furent que des scories dont nous avions besoin de nous débarasser. J'abordais notre vie à deux avec dans ma besace de jeune homme rien de ce qui encombre les gens de mon âge : tous ces désirs refoulés qui le jour où la flamme décline resurgissent à la surface.

  

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9 février 2007 5 09 /02 /février /2007 00:02

Voici deux petites histoires, deux jolies petites histoires courtes pour commencer la journée avec un sourire. 

" Juste après le déluge le plant de vigne s'étirait sans cesse, épuisant sa sève à nourrir des gourmands, sans bénéfice pour l'homme. Lorsque l'âne, en descendant de l'arche, pénétra dans l'enclos de Noé, il se précipita sur les tendres rejets pour les brouter avant que de se faire chasser par le gardien du lieu.
Le scénario se renouvela plusieurs fois au cours de l'hiver et au grand étonnement du vigneron, les ceps attaqués par l'animal poussèrent au printemps avec beaucoup plus de vigueur et se couvrirent de raisins à la différence de ceux qui avaient été épargnés par les dents de l'animal.
Voilà comment les hommes, instruits par l'exemple de l'âne, furent amenés à tailler la vigne. "

Paul Delarue dans Le folflore vivant Cahier n°1 éditions Elvézir 1946  

" Noé avait emporté sur l'arche un sarment de vigne, et, quand le déluge cessa, et que, l'eau commença à décroître, Noé voulut mesurer la profondeur de l'eau dessous la barque. Il enfonça sous l'arche le sarment de vigne qui resta coincé dans la vase en haut de la montagne. Si la vigne donne de si bons vins au sommet des montagnes c'est parce que Noé y planta le premier cep. Les cépages de vignes, comme ceux du Tokay viennent du sarment de Noé et c'est pourquoi ils sont si fameux et si réputés.

La Bible paysanne Contes et légendes traduit du Hongrois éditions Bayard

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8 février 2007 4 08 /02 /février /2007 00:18

Les " tontons flingueurs " dégainent à nouveau ! Dans une déclaration publiée dans le quotidien " Libération " du 22 janvier les promoteurs de la loi Evin montent à l'assaut pour demander un engagement des candidats à la Présidence sur la sécurité sanitaire. Arguant de leur combat immémorial, ces auteurs du rapport sur la prévention à l'origine de la loi de 1991, déclarent " Pour l'alcool, il faut revenir aux propositions de 1988 sur la publicité qui ont fondé la loi de 1991 et interdire sa promotion sur des supports qui s'imposent aux enfants (affichage, radio). Il faut aussi indiquer la quantité d'alcool contenue dans un conditionnement, renouveler les messages sanitaires et supprimer le Conseil de la modération et de la prévention. Sa composition exprime plus une forme de soutien psychologique à la viticulture en crise qu'une volonté de réflexion sur le contenu des messages de prévention ". 
Emballé c'est pesé, circulez y'a rien à voir et à quand, messieurs les professeurs, l'élaboration d'un protocole compassionnel pour les pauvres viticulteurs en phase terminale ? 

Au cours des discussions qui précèdèrent l'élaboration du projet de loi dit Evin, à notre demande, trois de ces messieurs, Got, Tubiana, et Hirsch je crois, avaient accepté de dîner à la table du Ministre de la Santé avec des représentants de la viticulture emmenés par le président de l'INAO. J'y étais, avec Jean Nestor le dircab d'Henri Nallet. Les échanges furent courtois. Ces messieurs apprécièrent les vins. Nos représentants du vin ne furent guère brillants. Les éminents professeurs leurs concédèrent que le vin n'était pas vraiment leur coeur de cible mais que, las d'être roulés dans la farine par les grandes sociétés de spiritueux et les brasseurs, ils avaient décidé de leur déclarer la guerre tout azimut, que le vin ne pouvait être épargné, et d'ajouter, que cette guerre ils la gagneraient, forts de l'appui de l'opinion publique.

Le grand feuilleton de la loi Evin était sur les rails. Ces messieurs, en dépit de leur arrogance de professeurs de médecine et de leurs certitudes à deux balles, ont perdu une bataille : celle de la lutte contre l'alcoolisme. Croire qu'interdire ou cadenasser la communication constitue un axe fort d'une politique de prévention et de protection de la jeunesse est une illusion. Leur analyse date. Ils vivent dans leur monde. La jeunesse est un âge de la vie où l'on transgresse, on s'oppose, on se différencie. Bref, la politique du cachez-moi ce sein que je ne saurais voir est une pure tartufferie. Mais revenons à la remontée au créneau des croisés. Je sens monter le courroux dans le monde du vin : trop c'est trop ! La colère est mauvaise conseillère. Monter au pas de charge, bannière au vent, contre les chars des biens-pensants du sanitairement correct nous conduirait, comme d'habitude, à recevoir un choc en retour plus brutal encore. Alors, que faire ? Pratiquer la politique de la non-violence, le déjeuner sur l'herbe des convives, adhérer massivement au grand mouvement convivial du pique-nique, venir dans la ville offrir le spectacle du bien-vivre. Face à un tel mouvement du peuple, nos ayatollahs seront désarmés car, croyez-moi, nous n'avons pas perdu la guerre mais, de grâce, cessons de leur fournir des armes qu'ils tourneront contre nous.

C'est toujours lepiknik-demonik@hotmail.fr ou 06 80 17 78 25 (attention pour l'adresse c'est point fr) alors au lieu de ronchonner, de se plaindre, de s'autocélébrer entre nous, bougeons-nous !

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 00:38
" Mercredi 24 janvier, Laurent Bazin journaliste à i>TELE, a annoncé qu'il fermait son blog ouvert il y a seulement trois mois. Celui-ci avait pour ambition d'être un lieu de liberté de parole et d'échange avec les internautes. Cette belle entreprise s'est avérée "impossible" à poursuivre, sans risquer de mettre en péril la carrière du journaliste. Laurent Bazin doit pour sa tranquillité, rentrer dans le rang. Un micro-évènement pour le moins inquiétant "
extrait de l'article de Taïké Eilée Agora Vox

Voilà, c'est déjà fini " il m'est impossible de continuer l'exercice de transparence que je m'étais imposé le 16 novembre dernier en entamant ce dialogue avec vous. Je réalise aujourd'hui, sans doute trop tard, qu'en vérité on ne peut pas "tout publier". Formidable naïveté de ma part, presqu'inquiétante, diront certains, après vingt ans de métier..." écrit Laurent Bazin dans son dernier blog.

Laurent Bazin j'ai découvert son visage franc et souriant sur LCI en 2004. Jamais agressif, toujours courtois, aimable mais ferme, il poussait ses interlocuteurs à aller à l'essentiel. Et puis il est parti sur Europe 1 et c'est au cours de cette période que je l'ai croisé, un verre de vin à la main, à la soirée de lancement du n° spécial Vins du Point. Nous avons papoté. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de sa manière d'exercer son métier. Il a esquissé un léger sourire et, un peu gèné par mon compliment, il m'a simplement dit merci. L'homme en chair et en os respirait la simplicité et une formidable santé. Sa déclaration est à son image et je la trouve émouvante. Alors, de mon petit espace de liberté à moi, je te salue Laurent Bazin, chapeau bas. Tu as osé. Tu as du ployer. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Mettre à nu le vrai, porter le fer dans la plaie, malgré les risques et les pressions, c'est s'exposer à la main inflexible des puissants. Mais " sans la liberté de blamer, il n'est point d'éloge flatteur "

Ce qui me trouble le plus dans cette affaire c'est lorsque Laurent Bazin explique qu'il s'est heurté à ses propres confrères : " Ce sont mes confrères qui ont le plus souffert " Il en a ainsi blessé certains, exaspéré d'autres, et déclenché la colère des derniers. Sans me hisser au niveau de notoriété de Laurent Bazin, je sens dans les réactions de certains professionnels (ceux qui me contactent directement sans que leurs réactions soient publiées en commentaires) que j'éveille dans mes rubriques les plus engagées les mêmes sentiments. C'est la loi du genre. Le je est redoutable, et je l'assume. Le reproche de tirer sur tout ce qui bouge, de ramener tout à mon point de vue m'est fait. C'est faux. Je concède l'utilisation de titres parfois raccoleurs mais c'est le jeu des mots clés de la toile. Pour le reste je prends mes responsabilités. J'admets et sollicite la contradiction. Elle n'est guère vivace. Quand au reproche de ne pas être dans l'action, il est irrecevable puisque si je n'y suis pas c'est que ceux qui m'en font le reproche ne le veulent pas. Je continue car mes statistiques de lecture progressent chaque mois : plus de 8000 visiteurs uniques en janvier et 29 000 pages lues. Merci pour votre fidélité. Dans mon pays j'ai trop souffert des échines courbées pour me départir de ma manière d'être, libre mais respectueuse des avis de chacun...

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6 février 2007 2 06 /02 /février /2007 00:04

SIDNEY (ATS)
Face à une sécheresse historique, les Australiens n'auront pas d'autre solution que de boire leurs eaux usées recyclées, a averti le Premier Ministre John Howard. La plupart des grandes villes ont déjà dû prendre des mesures de restriction d'eau.
Commentant une décision de l'Etat du Queensland (nord-est) de faire boire des eaux usées traitées, le chef du gouvernement conservateur a déclaré : " Je suis tout à fait favorable au recyclage, je défends cette solution depuis longtemps.
M.Howard a félicité le 1er Ministre du Queensland, Peter Battie, qui a décidé de recycler les eaux usées dès l'année prochaine, malgré la contreverse suscitée. M.Battie a renoncé à tenir un référendum sur la question prévue en mars.
Peter Battie a justifié sa décision par le fait que le niveau des barrages, d'une faiblesse jamais atteinte auparavant, ne laissait aucune alternative à son gouvernement.

 

 

 

 

CALIFORNIE
Une équation économique idéale

Cette immigration (1) est attirée par une forte activité économique, elle-même soutenue historiquement par... uneforte immigration. L'économie californienne est importante dans trois secteurs : l'industrie avec le secteur militaro-industriel et aérospatial américain (Douglas, Hughes Electronics, Rokwell) ; l'agriculture (aucun autre Etat n'a une production agricole aussi élevée : fruits et légumes, vins de la Nappa et de Sonoma Valley, coton, luzerne, élevages stabulés : les feeds lots, véritables usines à viande) ; et le tourisme, les médias (Hollywood), l'informatique (Silicon Valley) et le commerce facilité par le fait que le plus grand port américain est californien. Le complexe Los-Angelès-Long Beach est le premier port américain, il a dépassé New York de trois fois par le tonnage ; Los Angelès est aussi la troisième porte d'entrée aérienne du pays après Atlanta et Chicago.
La Californie est donc en position d'interface entre les USA, le monde latino-américain, et les mondes de l'Asie et du Pacifique. C'est l'une des explications de sa position tout à fait éminente aux USA.
Si cette équation économique est idéale, l'équation géographique, elle, ne tient plus.

Une équation géographique dépassée

Ce développement souvent présenté comme "exemplaire" s'est fondé, depuis les années 1900, sur un bouleversement radical de l'ordre naturel. Car pour faire fonctionner villes, industries, agriculture, il a fallu aller chercher de l'eau très tôt et très loin.
Aujourd'hui, 20 millions de Californiens dépendent de ressources hydrauliques extérieures et les capacités de croissance future sont gagées, d'abord sur les besoins des agriculteurs et enfin sur des ressources situées derrière les grands barrages du Colorado. Tout cela ouvrant sur des conflits d'usage entre les compagnies des eaux, les écologistes, les agriculteurs, et le pouvoir fédéral qui doit arbitrer.
Par exemple, la prospérité de la filière agro-buiseness (2) repose sur une main d'oeuvre bon marché, et bien formée, d'origine mexicaine. Mais aussi sur l'eau bon marché, les travaux d'infrastructure étant financés par l'Etat californien ou l'Etat fédéral, soit dans les deux cas par le contribuable !
En résumé voici un Etat suspendu aux chutes de neige dans la Sierra Nevada, et au taux de remplissage des réservoirs du Colorado. La Californie a tiré sur le fleuve bien plus que son quota autorisé, simplement parce que l'Arizona et le Nevada n'utilisaient pas leurs propres quotas. Or, ces "droits de tirage spéciaux" viennent à leur terme avec le développement de Tucson, de Phoenix, de Las-Vegas, autant de villes qui consomment désormais tous leurs quotas sur le Colorado (...)

Extraits de l'Atlas géopolitique Le Dessous des Cartes JC Victor Arte éditions Taillandier pages 231-232

(1) la Californie accueille 30% de l'immigration et c'est l'Etat le plus multiethnique avec 47% de blancs contre 69% en moyenne nationale.
(2) les agriculteurs consomment 80% du volume d'eau à eux seuls 


Comme diraient nos démagogues ruro-zé-viticols : nos concurrents yzont que dèzavantages, padeproblèmes, zycoulent des jourzeureux sur le long fleuve sauvage du libéralisme, alors kenou pauvredenou sanlécopo nouzavons le moralazéro... Faut sortir les gars pour voir skiss passe zailleurs ! Je sais bien que vouzète-trèzoccupés zaoccuper voboburos mais lire un ptichoua vouzokuperait pabokou  www.arte.tv/fr/histoire-societe/le-dessous-des-cartes/392.html et ça vouzéviterait d'entonner toujours les mêmes zantiennes zéculées qui ne font plus rigoler personne ...  

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5 février 2007 1 05 /02 /février /2007 00:11

Dans une chronique du journal Le Monde du jeudi 1er février, Ecofrictions, la journaliste Laetitia Clavreul, écrit que selon l'étude ISWR/Vinexpo " d'ici trois ans, les USA passeraient premier consommateur mondial, devant la France, et les échanges commerciaux progresseraient de 15 %. Pour en profiter, la France devra inverser la tendance : de 2001 à 2005, elle est la seule à avoir vu ses exportations baisser - de 12,4 % - quand l'Espagne gagnait 40 % ou l'Australie 64 %.
Comment ? En se battant " à armes égales " avec les vins du Nouveau Monde, bien plus compétitifs, répondent les responsables français. Autrement dit, en copiant les méthodes qui ont fait leur succès... " 

Manichéisme à la française, absence d'analyse sérieuse des éléments de la compétitivité, on réduit la percée des vins dit du Nouveau Monde à des méthodes originales qu'ils nous suffiraient de copier pour regagner des parts de marché. Permettez-moi de m'insurger face à un tel simplisme. Les méthodes n'ont rien d'originales, elles sont celles appliquées dans l'agro-alimentaire par Danone, Bongrain, Bonduelle et consorts. On peut le regretter mais le challenge mondial, pour ce type de vins, se situe à ce niveau et pas seulement dans la mise en oeuvre de copeaux ou la mise en place administrative de Vignobles de France. A-t-on oublié que si nous en sommes arrivés là c'est que nous avons refusé de gérer les vins d'en bas du plus grand vignoble généraliste du monde ? Haro sur la quantité produite à l'ha, le salut ne viendra que par les petits rendements, tout le monde sous la même toise et la viticulture nationale triomphera. Et les viticulteurs vivent eux de l'air du temps sans doute. 

C'est d'une stupidité confondante. C'est surtout le refus d'appliquer, comme le font si bien les Champenois, avec leur kilo de raisin, un process industriel à la ressource. De la rigueur, du raisin adapté au type de vin souhaité par le concepteur de la marque. Ce n'est pas du cousu main, mais du prêt-à-porter de qualité. Ce que le plus grand nombre achète en acceptant de payer un prix qui permet de conforter la marque. Bien sûr ça fait pleurer de rire les bobos de tout poils que des mecs ou des nanas achètent de l'Hugo Boss ou du Max Mara alors qu'eux y zont leurs petits créateurs qui leurs mitonnent des trucs payés au prix du caviar mais qu'on ne voit pas sur le cul de tout le monde. Moi aussi je préfèrerais rouler en Bugatti que dans une Renault assemblée en Slovénie. Mais me dira-t-on le vin n'est pas... Ok, d'accord, alors tirons le rideau de beaucoup de coop et allons nous plaindre ailleurs. De toute façon ce sera de la faute de l'ultralibéralisme de Bruxelles qui ne nous comprends pas nous les français qui savons tout et sommes les lumières qui éclairent un monde peuplé d'obscurantistes.


Bref, ce dont a besoin le Vignoble de France c'est d'entrer dans une nouvelle ère, d'imaginer de nouvelles relations entre ceux qui détiennent la ressource et ceux qui la vendent. L'espace de liberté ce n'est ni l'économie de cueillette de type Languedocien, ni la mise sous intégration de type poulet breton, mais la construction d'un corps de règles simples : ce pourrait-être une marque privée appartenant aux grands metteurs en marché, ceux qui exportent - car n'oublions pas la finalité de cette nouvelle donne : créer des marques mondiales en dégageant de la valeur pour les faire vivre - qui garantirait aux acheteurs que ce nouveau produit est à la hauteur des ambitions affichées par ses promoteurs. Sans cette rigueur à l'australienne sur la ressource, sa valorisation, le gagnant-gagnant producteurs-faiseurs de marque, tout ce qui est présenté comme du copiage pour gagner débouchera sur notre mise hors-jeu. 


Assez de déclarations présidentielles pour ou contre, de réflexions désabusées de type Robert Skalli ou de bourrage de mou de soi-disant marketeurs géniaux qui inventent le fil à couper le beurre mais tendent surtout leur sébille pour recueillir des picaillons. Au boulot les mecs ! La réussite champenoise ne s'est pas bâtie en un jour. C'est au pied du mur qu'on juge le maçon dit l'adage populaire. Moi qui ne suis qu'un soi-disant architecte demi-solde, rien qu'un plumitif qui noircit des écrans, j'attends avec grand intérêt le passage à l'acte...

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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 00:29

Le matin nous allions à vélo, par le sentier côtier, jusqu'à l'anse des Vieilles. Au soleil levant l'eau, d'une extrême transparence, semblait de pur cristal. Marie l'intrépide s'y plongeait sans la moindre hésitation et, de son crawl fluide et silencieux, elle filait vers le large. Moi je m'adossais à la pente sableuse pour lire. De temps à autre je relevais les yeux pour repérer le point blanc du bonnet de bain de ma naïade favorite. La montée du soleil m'emplissait d'une douce chaleur mais je ne pouvais réchauffer la pointe d'angoisse qui ne disparaîtrait que lorsque Marie serait de nouveau à portée de ma brasse minable. L'océan, avec ses airs paisibles, me déplaisait. Je connaissais sa nature profonde, charmeuse et hypocrite comme celle de tous les puissants. A la fin juillet, en un accès de rage soudain, de ses entrailles obscures, il avait enfanté une tempête féroce. Avec Marie, blottis dans la faille d'une falaise, à l'abri du vent et des embruns, pendant des heures, nous nous étions grisés de ses outrances. Dans le grand lit de la Ferme des Trois Moulins, ce soir-là, pour conjurer ma peur, j'avais pris Marie avec une forme de rage désespérée. Après, blottie dans mes bras, elle m'avait dit " tu m'a baisé mon salaud et c'était vachement bon..." 

Ecrire que notre nous aurait survécu aux pires tempêtes comme à la mer d'huile du quotidien me semble dérisoire. J'en ai la certitude mais j'aurais préféré qu'il se disloquât sous nos faiblesses ou, pire, avec l'irruption d'un autre, plutôt que de le voir trancher ainsi sans appel. Même si ça emmerde tout ceux qui pataugent dans le foutre et le cul, l'amour heureux existe. Ne venez pas me faire chier avec des railleries sur l'eau de rose ou le sucre candy et tout autre vacherie. Même maintenant que je suis au régime sec ma faculté de vous faire une tête au carré, de vous bourrer le pif, de vous foutre ma main sur la gueule, reste intacte. Marie et moi, dans la grande loterie des rencontres, étions l'exception qui aurait confirmé la règle de notre génération championne du divorce. A cet instant, alors que je m'échine à ne pas décrire par le menu nos 52 jours passés à vivre simplement ensemble, je sais que nous serions, trente ans après, les mêmes. La vie nous aurait sans doute cabossé mais les autres envieraient notre amour intact. Présomptueux me direz-vous ? Sans doute mais, je me connais, toute l'énergie que j'ai déployé à m'avilir, je l'aurais, avec encore plus de force et de pugnacité, tourné vers Marie. Quant à elle, n'y touchez pas, son coeur n'avait pas de limite et son ventre eut été fécond.

Le Printemps de Prague semblait résister aux grosses pattes de l'Ours soviétique. Notre PC national, toujours à l'extrême pointe de la collusion avec la nomenklatura du Kremlin, soutenait du bout des lèvres, les initiatives du parti frère. Grand progrès par rapport à l'insurrection de Budapest de 1956, où la chape de silence, la même que celle qui avait étouffé les cris de Làszlo Rajk et de ses compagnons d'infortune, exécutés à la suite des procès préfabriqués, en 1949. Le "socialisme à visage humain " d'Alexander Dubcek indisposait nos staliniens officiellement reconvertis. Marie espérait, Jean lui doutait de la capacité d'un parti unique à se réformer de l'intérieur, et moi j'avais la certitude que les gardiens du bloc ne pouvaient le laisser se fissurer. Mes talents culinaires explosaient. Moi, que ma très chère maman n'avait jamais laissé effleurer une queue de casserole, je me révèlais un maître-queue inventif. Marie me charriait gentiment " tu es l'homme parfait mon amour, où est la faille de l'armure ? " Et Jean de répondre " c'est qu'il n'a pas d'armure belle enfant..."       

 

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3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 00:22

Les mots me manquent et pourtant ils se bousculent dans ma tête, me font mal. Ecrire sur un temps heureux, un temps de grand bonheur simple, se replonger dans son passé pour en extraire, non pas des souvenirs éteints, mais des braises vives, est une vraie douleur. Depuis ce fichu jour, chaque moment, tous nos instants, nos débordements, nos rires et nos fous-rires, les riens, tout ce qui était nous dont je ne retiens que ce qui était elle, ma belle, le grain de sa peau, son parfum, la soie de ses cheveux, le lac de ses yeux, mon envie d'elle, ma fièvre aussi, l'amour comme on dit, je les retiens tout au fond comme des biens précieux, enfouis, protégés de l'oubli. Pas un jour, pas une nuit, sans les avoir exhumés pour tenter de conjurer mon malheur, de revivre. Vain combat, jamais entamé, toujours perdu, mais seul moyen de perdurer, de traîner ma vie comme un boulet. Et pourtant ce fardeau n'était rien, aujourd'hui enchaîner des mots en des phrases heureuses me plombe. J'ai envie de gueuler pour qu'on vienne me sauver. Face au silence et a l'indifférence je me contente de pleurer sur ce qui n'est, après tout, rien qu'un tout petit malheur.

Ce vieux salaud d'Achille lui fit une fête d'enfer. Jean et moi arborrions des salopettes Adolphe Laffont bleu marine flambant neuves. Nous les avions acheté à la coop maritime. Avant que le bateau n'accoste, nous nous étions fait chambrer copieusement " ya pas à dire ça rapporte plus de vendre du vermoulu aux parigots que d'aller aux beyouks les gars... Faudra tout de même qu'on se cotise pour lui acheter des souliers au Jean. La sandale en plastique c'est bon pour aller aux berniques mais pas pour faire le gandin..." Imperturbables nous les laissions dire. Lorsque Marie apparut en haut de la passerelle de débarquement, Achille se faufila sitôt entre les jambes du flux descendant. Jean marmonna entre ses dents serrées sur son tuyau de pipe éteinte " la classe... du rare mon petit Benoît..." Il faut dire que tout de blanc vêtue, Marie prenait si bien la lumière de l'Ile d'Yeu, un blanc de bleu, pur, qu'elle semblait tout droit sortie d'une toile de maître peinte a tempera. 

Nous ne nous sommes jamais embrassés comme ce jour-là. Les marins, bouche bée, nous protégeaient de leur silence. Je crois que nous étions beaux tout simplement. Jean décréta que c'était un jour à langouste. En dépit de mon froncement d'yeux, le redressement de notre trésorerie était encore fragile, grand seigneur il nous embarquait dans la C4 jusqu'au port de la Meule. Notre déjeuner fut somptueux de simplicité, palourdes, langouste grillée, bar de ligne en croûte de sel, bien arrosé d'un Muscadet, avec un Jean au sommet de son art. Marie était aux anges. Au dessert, ce grand escogriffe, tout en frottant ses éternelles allumettes qui n'allumaient jamais rien, demanda le silence. C'était cocasse puisque lui seul parlait. Tout d'abord, il commandait du champagne. Le patron confus avouait qu'il n'en avait point. Nous nous rabâtîmes sur un Saumur. Il était tiède. Jean gazouillait " Mes amis, c'est ma décision, mon service en vieux Rouen, c'est mon cadeau pour votre mariage..."     

 

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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 00:03

"

 

Il était une fois, au château de la Dégueulardière, de vaillants soldats. Des petits enfants malades qui ont pris le plâtre pour bâtir des remparts, les seringues pour faire des catapultes, les haricots pour creuser les douves, et les abaisse-langue pour tenir les ponts-levis. ainsi commence l'histoire de l'atelier d'arts plastiques. C'était il y a sept ans. Ils ont pris le matériel médical, celui qui troue, qui pique, qui gratte, qui interdit le mouvement, et en ont fait ce qu'ils voulaient. Ils lui ont rendu les coups. Ils ont bâti un château, fort naturellement. Lui ont donné un nom, terrible évidemment. La bagarre était déclarée. le talent contre la somnolence, la couleur contre le blanc hôpital, le beau contre le moche, la vie contre la mort.


C'est à l'étage, au neuvième. Par la porte bleue. Ils y entrent à leur rythme : le pas lent accroché au déambulatoire. sur un fauteuil poussé par des mains familières et nerveuses. en sautillant. A reculons aussi. Ils ne viennent pas seuls. La perfusion est dans la chair, la nausée au bord des lèvres, la cicatrice gratte au thorax. Le regard de papa et maman fait peur à voir. La porte bleue est grande ouverte. C'est presque un détail. Ils n'ont pas perdu les clefs de la curiosité."


Extrait du texte de Judith Pérignon qui accompagne les autoportraits d'enfants atteints de cancer La porte bleue


Pourquoi ce texte ?

 

Pour pleins de raisons :

 

- Parce qu'il faut acheter ce petit livre à l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif www.igr.fr ou 39, rue Camille Desmoulins 94805 Villejuif-Cedex ;

 

- Parce qu'il faut offrir ce petit livre à vos enfants ou petits enfants ;

 

- Parce que la côte était rude pour arriver au siège de l'ARC à Villejuif, lorsqu'en 2005-2006, étouffant dans mon placard doré, j'en suis sorti pour être, au nom du Comité de la Charte, le censeur de cette association devenue exemplaire après les dérives de son fondateur ;

 

- Parce que ce qui frappe ces enfants est la pire des injustices ;

 

- Parce que ce texte est beau, d'une beauté sans concession, loin de cette émotion frelatée qu'on nous sert trop souvent dans les étranges lucarnes devenues des miroirs où chacun se contemple à satiété ;

 

-  Parce que ces enfants,dans leur extrême malheur, n'ont pas perdu les clefs de la curiosité.


Et nous ?  


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1 février 2007 4 01 /02 /février /2007 00:07

 

Ce jour historique, le jeudi 1er février de l'an 2007, par décret interministériel, comme le chantait l'homme à la tête de choux, Gainsbourg, les fumeurs de gitanes qui ne sont pas des fumeurs de Havane, seront dorénavant jetés, tels des péripatéticiennes, sur le trottoir lorsqu'ils voudront assouvir leur vice au risque pour eux, s'ils sont trop nombreux sur le bitume, de tomber sous le coup de l'interdiction de s'assembler sur la voie publique sans autorisation de la Préfecture de Police.

   
Moi je m'en fous car, comme je suis une grosse légume, je fais ça chez moi, avec des barreaux de chaise. Y'a quand même un truc qui me chiffonne, et je vais de ce pas interroger le Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur - entre autres appellations -  le panier à salades est-il un lieu public ? Je dis ça car l'autre jour j'en suivais un sur mon beau vélo et j'ai constaté que ça fumait dur à l'intérieur. Pour autant je n'ai pas constaté de passage à tabac mais j'estime qu'il ne faut pas faire de discrimination entre les différentes catégories de fumeurs passifs.

 
De la même façon j'estime que pour la stricte égalité entre les citoyens, des individus de mon style devraient être mis dans l'obligation de déclarer leurs vices cachés. Bon citoyen, respectueux des lois de la République, je préempte cette future obligation, j'étale donc sur la toile ma  cassette de pure herbe de Nicot.


Encore quelques remarques avant d'aller bosser : devrais-je mettre un cache sur la cigarette du type peint sur le tableau ci-dessus puisqu'il risque d'inciter mes petits enfants à la débaucher ? Pour la cigarette après l'amour, un autre de mes vices cachés, je suis perplexe, une demande d'autorisation préalable à la Sécu s'impose, avec un ticket modérateur,  ça me semble le minimum accepable. Par bonheur, le Garde des Sceaux n'est plus dans le coup puisque la machine du docteur Guillotin a été mis au rencart par Badinter, alors la question cigarette du condamné n'est plus d'actualité. 
 
 

 

 

 

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