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4 novembre 2006 6 04 /11 /novembre /2006 00:05

Son marché je l'avais accepté sans protester. Chantal partait le lendemain travailler à Paris. Nous nous sommes plus jamais revu. Bien des années plus tard, dans la salle d'attente d'une gare, je ne me souviens plus où, ce devait être au fin fond de la Manche, à Valognes, sur une banquette de skaï craquelé, j'ai ramassé un bouquin de poche défraîchi. Comme j'ai horreur de voir les livres abandonnés, ça me fache, je l'ai fourré dans mon sac à dos sans même regarder le titre et puis je me suis avachi sur la banquette. J'étais en avance. Je n'avais aucune raison d'être en avance mais j'avais décrété que je ne voulais pas rater le train. Tout le monde s'était marré vu ma situation de glandeur professionnel. Une bonne demi-heure à tirer. Attendre ! Dans ce bout de ma vie je passais mon temps à attendre. Je n'attendais rien mais j'attendais. Complaisant je passais mes jours à m'apitoyer sur moi-même en grillant des clopes roulées et en éclusant des bières.

Quand j'ai trouvé ce petit livre, je pense que ce devait être le jour où j'étais allé voir Bourassaud, mon ancien commissaire, et que nous avions carburé, trois jours durant, au Calvados. Ma tête faisait office de laminoir. Je pelais de froid alors qu'il faisait tiède. Bourassaud m'avait prêté un vieux pull qui sentait le moisi. Ca ne me dérangeait pas car j'étais moisi moi-même. Le dimanche nous avions bouffé comme des chancres des trucs qui baignaient dans la crème en sifflant des bocks de cidre. Marie-Jo, la femme de Bourrassaud m'aimait bien. Elle était plantureuse, sensuelle et, surtout, elle portait des bas. Les bas et les portes-jarretelles ce n'est pas mon truc. Je trouve que ça fait chaudasse. Pourtant, j'avoue que Marie-Jo, qui dans ce trou pourri s'habillait avec goût, donnait aux bas résilles un charme qui me troublait. Elle n'allumait pas Marie-Jo, non, elle se contentait d'aller de venir, de s'asseoir, de se relever avec grâce. Moi je la contemplais. Elle accrochait un petit sourire à ses lèvres bien dessinées et me raccompagnait toujours à la gare. 

Dans la 4L le spectacle de ses cuisses à demi-découvertes me chavirait mais je résistais. Ce dimanche-là, avant même que je ne m'extrais de la carlingue, Marie-Jo m'avait dit " Benoît, tu deviens moche, c'est triste qu'un type comme toi se vautre dans le n'importe quoi. Fais-moi plaisir ne reviens plus..." Bien sûr ça m'avait un peu secoué mais je m'étais contenté de lui sourire bêtement en lui jetant un regard vide. Me précédant elle m'avait accompagné jusqu'au guichet. Moulée dans un jeans taille basse et un pull angora vert anglais lui découvrant le nombril, la Marie-Jo, toute rousseur dehors, me donnait soudain envie de sortir de mon koaltar. Je trouvais la force de grogner un " t'as raison faut que je me lave... " pâteux. Ca l'avait fait rire et, en voltant, elle m'avait roulé une pelle monstrueuse que j'avais recueilli comme une huître pas fraîche. Avant que je ne réagisse elle était déjà partie. C'était mieux comme ça. Chasser sur les terres des amis ce n'est pas mon genre et puis, en ce temps-là, je ne chassais pas du tout. Marie-Jo valait mieux qu'un détritus dans mon genre. Ma libido défaillante me précipita dans un profond sommeil. Je ratai l'express et je du m'embarquer, à la nuit tombée, dans un tortillard.    

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3 novembre 2006 5 03 /11 /novembre /2006 08:07

Nous atterrissons à l'heure, il fait nuit, deux heures de décalage avec Paris, l'aéroport de Cheremetevo n'est pas de la première jeunesse, il fait froid et des tas de neige sale bordent la chaussée. Irina nous pilote avec doigté sur une autoroute surchargée, la circulation est anarchique et les grosses cylindrées se mêlent à des tacots antiques et à un fort contingent de camions ; nous sommes sur la route de StPétersbourg le port qui alimente Moscou. Les néons multicolores des centres commerciaux crachent des noms d'enseignes connus : Métro, Ikea, Auchan... La publicité, elle aussi, est mondialisée : Nokia, Sony, Mercédès...

Ce soir, bal chez le gouverneur, je plaisante, nous nous rendons à une réception donné par l'ambassadeur de France avec l'Union des Grands Crus classés de Bordeaux. Nous sommes en retard et, malgré ses protestations, Irina nous accompagne en dépit de son jeans. La table de l'ambassadeur est très table d'ambassadeur, à côté de la plaque, et on s'ennuie ferme. Par bonheur, notre table, où nous retrouvons Jean-François et Maurice, est agréable. Les vins sont à la hauteur bien sûr et nous dînons Potel et Chabot.

Mardi, nous sortons de Moscou, direction Klin, à 60 km. Pyotr conduit son 4x4 à la russe, le cellulaire scotché à l'oreille. Circulation dense, police omniprésente. L'habitat est délabré mais de nouveaux lotissements poussent, colorés, sans plan d'occupation ; le foncier reste public. L'usine d'embouteillage en briques est bien tenue, les installations sont modernes. Le chef d'exploitation est un expatrié audois. La logistique en flux des vins venant de France, une administration lourde, des règlementations fiscales à géométrie variable : ha ! les bandelettes fiscales... Il faut avoir le moral. Pyotr et Irina sont philosophes, russes quoi ! Enfants de la l'ex nomenklatura, francophones, cultivés, ils me font toucher du doigt la Russie profonde. Passionnant.

Mercredi, bise glaciale, la Place rouge, les magasins Goum pour se réchauffer... Moscou explose sous le luxe. Tverskaïa oulitsa aligne les boutiques aux noms prestigieux. Les grosses BMW noires suivies de gros 4x4 noirs, vitres teintées, tracent une route impérieuse. Milices, mafias, prédateurs, l'économie est sauvage, tout est possible. Des types piccolent des bières dès le matin. Déjeuner au café Pushkin puis un grand tour dans Moscou avec Ilya : le Kremlin, l'ombre des hiérarques cacochymes et la main du nouveau tsar ; les hauteurs de Moscou : le mont des Oiseaux avec le bâtiment de 36 étages de l'université Lomosov, typique du style gothique stalinien ; le parc de la Victoire à la nuit tombée, un froid tranchant, les stèles de 1941 à 45 jusqu'à l'obélisque noire qui se détache sur un ciel plombé. Le seul rouge qui reste, ce sont les roulottes Coca Cola qui bordent l'allée monumentale. Retour au centre ville puis dîner chez JF, en famille.

Jeudi, crachin mi neige, ni glace, Moscou et ses bagnoles charrient une soupe noirâtre. Direction les magasins, voir l'offre vin dans les hyper, Auchan, un mur de bouteilles comme ici. La production locale est majoritaire mais les wines frenchies, avec leurs drapeaux tricolores autour du col, se détachent bien. En tête de gondoles, à côté d'un vin chilien Concha y Toro, nos deux leaders nationaux : Castel et Grands Chais sont présents. Le positionnement prix nous situe dans une bonne moyenne. Il est clair, que sur ce marché, une offre globale, qui allie volumes et flacons plus précieux peut séduire la nouvelle classe moyenne russe qui pousse son caddie. Sans vouloir radoter, la réponse de Cap 2010 est la seule à même de nous permettre d'occuper une place significative sur ces nouveaux marchés. Les russes aiment beaucoup les titres nobiliaires qui sont notre spécialité.

Retour in Paris, dans l'avion les nouveaux riches russes se la pètent grave. Le soleil nous accueille. La douane est très présente. Bon week end et, si vous le souhaitez, allez lire ma fiction samedi et dimanche sur ce petit espace de liberté... 

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2 novembre 2006 4 02 /11 /novembre /2006 00:04
" J'insiste tout particulièrement sur son Moulin à Vent 1921 et sur son vin de chèvre.
Le " Vin de Chèvre " est un vin qui se prépare en Suisse et en Haute-Savoie. C'est du vin blanc forcé, c'est-à-dire mis dans de petits fûts aux douelles prodigieusement épaisses, aussitôt après la pressée. Il y fermente et garde, enfermé dans l'enveloppe de chêne, l'acide carbonique provenant de la fermentation. Lorsque vous ouvrez le robinet spécial ajusté au fût vous avez l'illusion de voir le trait de lait qui s'échappe du pis d'une chèvre ; votre verre est rempli d'une mousse blanche...comme du lait, qu'il est d'usage d'avaler d'un trait.
Le vin de chèvre ne se vend pas ; le patron l'offre à ses bons clients qu'il invite à descendre à sa cave, car il se consomme sur place. Il arrive parfois qu'on descende avec plus d'assurance qu'on ne remonte ! "

Extrait de Voyages gastronomiques au pays de France de J.-A.P. Cousin chez Ernest Flammarion 1927 chiné pendant mes vacances.

L

e restaurant dont il s'agissait, c'était CHEZ GIRAUD(café de la Graineterie), 49, rue de la Bourse à Lyon.

A l'occasion je vous livrerai certaines de ces petites chroniques écrites d'une plume alerte, sans prétention, avec humanité, sans classement ou conseils, ça sent bon, ça donne envie d'aller Chez la Mère Pompom ou Chez la Mère Brazier...

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1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 00:22
4 énigmes franco-américaines :

- quel est l'opérateur français qui a conçu son projet dans sa salle de bains et qui ambitionne de placer sa marque de vin dans les 10 premières mondiales dans les 5 ans ?

- qui a écrit " un poète qui boit, ce n'est pas la même chose qu'un ivrogne qui écrit ! " ?

- quel  est le " grand opérateur français de la filière vin " qui accompagnait le Président de la République lors de son récent déplacement en Chine ?

- qui a posé la question essentielle " y-a-t-il une vie après la mort pour les journalistes ? " et qui a répondu " oui, à condition que Dieu accepte les notes de frais " ?

1 perle finlandaise :

 

 

" A mes débuts, j'étais facteur. C'était ennuyeux mais tranquille. Cette vie-là ressemble à une baguette de pain : étroite, mais d'une longueur rassurante. Aujourd'hui, il n'y a plus de facteurs mais des mails. L'avenir social est angoissant : même les croques-morts risquent de mourir avant leurs clients. Finalement, les impots sont la seule forme d'art qui est certaine de durer "

Aki Kaurismäki cinéaste finnois qui ne crache pas sur l'aquavit.

Pour les réponses aux 4 énigmes franco-américaines je les fournirai à la demande : pour ce faire allez tout en bas du blog et cliquez sur contact (c'est écrit en blanc, en tout petit, entre définition blog sur over-blog com et CGU). Votre message me sera transmis et je pourrai vous répondre personnellement.

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31 octobre 2006 2 31 /10 /octobre /2006 00:02

Si vous souhaitez savoir ce qu'est un gros lobby à l'américaine et passer un bon moment, aller voir  "Thank you for smoking" de Jason Reitman. Ce film est une joyeuse leçon de morale humoristique et satirique comme les américains savent eux le faire. Une leçon de lobbyisme jubilatoire, grinçante, lorque les 3 MDM (marchands de morts) tabac/alcool/armes se réunissent autour d'une table de restaurant pour se congratuler sur le nombre de morts. Nick, le lobbyiste diplomé et reconnu du tabac, ne fait pas partie des requins mais des gens que l'on aime bien malgré leur boulot sacrément amoral. Ce film pose les bonnes questions, et surtout met en avant notre responsabilité individuelle. De bons acteurs, un bon scénario tiré d'un livre politiquement incorrect sorti en 1994. Tout ce que j'aime. Bon film pour ceux qui vont au cinéma. Pour les autres attendez la sortie du DVD et achetez-le. Cela vaut une projection publique auprès des vignerons...

Dans le chapitre jubilatoire, un autre film américain, un rood-movie grinçant, primé au festival de Deauville " Little Miss Sunshine " L'univers du film est totalement décalé. Une famille américaine middle class, le père Richard, complètement à côté de la plaque puisqu'il applique dans la moindre conversation sa méthode : la victoire en 9 étapes, optimiste indécrotable et maladif, et tous les autres membres sont hilarants et gratinés, avec une mention particulière au grand-père, accro à la cocaïne, vulgaire et outrancier, donnant des conseils n'importe où et n'importe quand. Bref, on s'amuse, on rit, ça fait du bien de rire.

Bon films, et faites vous un petit resto ensuite avec un petit vin canaille et popu...

 

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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 00:13

Ce matin je suis un peu vénère, une colère froide face à l'hypocrisie de certains défenseurs de la pureté de notre cher vin. Pour faire bref, qui a tué le vin populaire ? Ce vin de table objet du mépris hautain des chroniqueurs, experts et même de certains vignerons. Que le coupage économique, le fameux VDPCE, les prix de bataille, ce toujours moins cher de la GD, aient largement participé à son déclin, j'en conviens et je l'ai écrit dans mon rapport de 2001. Que la sociologie, le déclin des ruraux et des travailleurs manuels, soit aussi responsable de ce reflux, c'est inscrit dans les chiffres. Fort bien, qu'il y ai eu sur le marché des vins de table et de pays indignes, c'est incontestable. Certains vins d'AOC les y ont rejoint aussi, mais là n'est pas mon propos. Mais il faut aussi reconnaître, qu'au court de cette période, des opérateurs ou des vignerons ont proposé de bons et d'honnêtes vins de table et de pays. Des vins abordables, sans prétention, des vins populaires.

Et pourtant, jamais au grand jamais les signataires de luxe de la pétition de la Confédération Paysanne n'ont daigné s'intéresser à ce vil produit, sauf monsieur Bardet, mais passons. Et pourtant c'était du vin non chaptalisé, produit à la française, à base de raisins cueillis par des petits viticulteurs coopérateurs ou non, tout ce petit peuple de nos villages du grand sud, modeleurs de nos paysages, terreau de notre ruralité. L'Organisation Commune de Marché du vin, que défend la CP, était faite pour les vins de table, ces vins ignorés, vilipendés, méprisés par toutes ces fines gueules, par les adeptes des notes de frais dans les cantines étoilées. Alors moi je respecte toutes les opinions, et je suis prêt à comprendre les craintes de beaucoup de vignerons face à une libéralisation forcenée de l'utilisation des moûts par exemple, mais de grâce que ceux qui ont regardé de haut le petit peuple vigneron ne s'érigent pas en dernier rempart de la viticulture française, ils n'en connaissent qu'une seule.

Les naufragés du vin, et à mon grand regret il va en y avoir dans les mois et les années qui viennent, seront sans doute les victimes de la grande mutation du marché mondial du vin, de l'irruption de ces nouveaux consommateurs qui aiment d'autres vins, de la puissance des grands groupes internationaux, mais nous exonérer de toute responsablité dans cette saignée, faire comme si tout était de la faute des autres, des rapaces, des prédateurs, c'est oublier que la vision exclusivement élitiste de nos défenseurs auto-proclamés de la pureté du vin à la française, ont à leur manière, en frappant d'ostracisme le vin populaire, ce que n'ont pas fait nos voisins italiens avec leur vino de la casa, sont aussi responsables de ce qui arrive sur le marché français. En le privant de tout attribut valorisant ils en ont fait un vin anonyme, sans attrait. Alors les larmes de crodiles de certains me laissent sec.

Aux assises de la convivialité nous fêterons le vin populaire, celui que les hygiénistes veulent tuer, et messieurs les signataires vous êtes les alliés objectifs de ces gens là, qui se disent sans le dire, qu'un vin cher n'est pas à la portée de la première bourse venue, donc ça fabrique des abstinents. La vision à la Zola de l'ivrognerie et de l'alcoolisme des jeunes est obsolète. Ce n'est pas moi qui le dit mais le patron de la MILDT. Bon je pars en voyage. Mes chroniques sont écrites pour les trois prochains jours... A bientôt...

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29 octobre 2006 7 29 /10 /octobre /2006 00:05

Pendant tout un mois, chaque soir, il en fut ainsi. La première fois, en caressant mes cheveux bouclés épandus sur ses cuisses nues, Chantal m'avait dit " j'aime ta semence, elle a le goût du lait d'amande..." Ce j'aime sonnait à mes oreilles comme une promesse de victoire. Nous allions nous aimer, être heureux. Le 30, l'orage menaçait. Sitôt nos noces de chair Chantal allait à la fontaine et rapportait dans la nasse de ses mains de l'eau qu'elle laissait filer sur ma nuque. Le fil de l'eau fraîche traçait au long de mon échine tiède une trace dure. Je frissonnais. Chantal me souriait. Je prenais peur. " Assieds toi ! " Le ton était faussement léger. Je m'exécutais en pensant que je ne le devrais pas. L'investir. La prendre. L'emplir. Sceller notre union. Qu'elle soit à moi.

D'une voix sourde, elle qui ne disait mot, me parlait. Je n'ai plus le souvenir précis de tout ce qu'elle m'a dit car elle en a tant dit. A aucun moment je ne l'ai interrompu. C'était sobre et juste. Mon coeur s'est mis à battre la chamade lorsque je l'ai entendu me dire " toi tu n'es pas comme les autres. Je ne suis pas sûr que tu sois aussi gentil que tu en as l'air mais je m'en fous. Toi tu ne me prends pas pour un trou à bites. C'est bon tu sais..." Je frôlais la défaillance. Chantal se tordait les mains. " Ce que je vais te dire va te déplaire mais, je t'en supplie, ne dis rien. Laisses moi aller au bout. C'est si dur..." La crainte me tombait dessus. Chantal murmurait " tu es trop bien pour moi..." Je me cabrais. Elle posait une main ferme sur mon bras. " ne te fâche pas ! Ce n'est pas de ta belle gueule dont je parle, c'est de toi. Je ne peux que te décevoir. Je ne veux pas te décevoir..." 

Avant même que je ne me rebiffe Chantal me tirait devant elle. Nous étions nus. Je l'entendais me dire " je te propose un marché. Tu prends ou tu laisses mais, quelle que soit ta réponse, nous ne nous reverrons plus..." J'aurais du gueuler, lui foutre ma main sur la gueule mais je ne sais ni gueuler, ni foutre une main sur la gueule d'une fille. Alors face à ma pleutrerie Chantal a pu aller au bout de son propos " voilà, si tu le veux bien, je t'emmène dans mon lit. Là où tous ces boucs qui me sautent disent me faire l'amour. Allons y faire l'amour... " Elle s'est tu, m'a regardé droit dans les yeux, " tu veux? ". Lâchement j'ai répondu oui.    

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 00:06

Chantal c'était un corps de reine, harmonieux, un grain de peau fin et soyeux, une poitrine haute et ferme qui tendait ses pulls angora, des jambes au galbe parfait, une taille de guêpe et un cul à damner l'enfant de choeur que j'avais été. Tout, elle possédait tout, pure perfection, la quintescence de la beauté plastique. Mais Chantal c'était aussi un visage laid, une laideur minérale, glacée, osseuse, rien que de la disgrâce à peine atténuée par un regard ardent et un sourire moqueur. Chantal c'était une grande, une femme déjà, qui me fascinait. Je la voulais. Elle me fuyait. Je lui parlais. Elle se taisait. Je la bombardais de lettres enflammées. Les lisait-elle ? Je devenais fou, fou d'elle, et ma tête incandescente échafaudait mille stratégies pour forcer la porte de l'emmurée. Un soir, du fond de mon lit, alors que les rats carapataient sur le tillage en une infernale sarabande, en désespoir de cause, pour me rassurer, j'en vins à décliner un postulat, le postulat de la laideur.

 

Pour moi, j'en avais la certitude, " le capital d'amour d'une femme laide était proportionnel à l'intensité de sa laideur " Avec Chantal j'allais découvrir le grand amour, l'amour pur, celui que l'on porte, tel un diamant fiché au coeur, pour l'éternité, jusqu'à son dernier souffle. Je carburais à l'exaltation. J'allais forcer ma nature. Ouvrir les vannes de mon ébullition intérieure. La prendre d'assaut sans sommation. Dès le dimanche, dans la pénombre de la salle du patronnage, au premier acte d'un drame familial, je lui pris la main et la tirai sans ménagement vers le dehors. Elle me suivit ne m'opposant aucune résistance.

 

Sous les tilleuls de la place de l'église je la déshabillai, pièce par pièce. A nu, son corps, sous la pâle lumière de la pleine lune, loin de me précipiter dans le désordre des sens, me plongeait dans un recueillement profond. Ce fut une forme étrange d'adoration, un plaisir esthétique intense. Je pris un léger recul pour la contempler. L'admirer. Mes mains, telles celles d'un ébloui, se tendaient, l'effleuraient à tâtons. Je l'explorais avec lenteur. Chaque parcelle d'elle m'infusait un puissant flux d'ondes qui me jetait, par secousses violentes, dans état proche de l'apnée. J'étais au bord de la rupture mais, en dépit d'un sexe de silex, je me vivais si minable que je n'osais l'investir. Bandant mes dernières forces j'allais au devant de son désir. Elle acceptait mes mains avec volupté. Ouverte, elle m'offrit une jouissance d'apocalypse qui me propulsa vers des sommets inviolés. Chantal m'engloutis et je crus mourir.   

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27 octobre 2006 5 27 /10 /octobre /2006 00:02

 

" Je me suis dépêché de découper l'interview de l'animateur Yves Calvi, en date du 17 avril 2006, dans les colonnes de Sud-Ouest. Ce garçon avait inventé un genre tout à fait nouveau. En duo avec son mentor, qui lui salivait dans l'oreillette, il parvenait à donner l'impression au téléspectateur que celui-ci en savait autant, sinon davantage que le présentateur. Qu'il s'agisse des fourmis au Moyen Age, de la crème solaire ou des émeutes en banlieue, une merveilleuse démagogie de l'ignorance feinte venait enfin de s'imposer à la télévision..."
Pierre-Louis Basse in Ma chambre au Triangle d'or chez Stock. Journaliste sportif à Europe 1, Basse parle en expert, même s'il écrit maintenant des opus entre fiction et reportage (ce livre est le dernier d'une trilogie sociale : Ma ligne 13 et Ca va mal finir.

Si je vous parle ce matin d'Yves Calvi, c'est qu'au temps de Cap 2010, un beau matin sa charmante assistante pour C dans l'air diffusé sur France 5 et enregistré dans un studio d'Europe 1 est venue me jouer du violon au téléphone pour venir gloser en compagnie de JL Vallet et Xavier de Volontat sur l'avenir du vin français ou un truc dans le genre... Pourquoi pas ! Nous arrivons dans le studio, le sieur Calvi avec sa bouille de bon garçon et ses cheveux gominés fait dans la convivialité. Il nous présente son accolyte : Perico Legase. On se salue. J'en profite pour faire remarquer au chroniqueur de Marianne que ses écrits sur mon rapport  de 2001 me surprennent car je n'ai jamais prôné la dérèglementation des AOC. Sa réponse me laisse pantois " je ne l'ai pas lu votre rapport mais on m'a dit que... mais rassurez-vous je rétablirai la vérité... " J'attends toujours.

 

 

Pour ce qui est de l'émission, je ne vous raconte pas. Legasse a fait du Légasse, péremptoire, boursouflé et le Calvi avec sa gueule de premier communiant faussement naïf de nous la faire dans le style " c'est ben vrai tout ça, on est la roi de bistouille..." De l'avenir de la viticulture française, nous n'avons pas parlé bien sûr, ça n'intéresse personne coco, l'important c'est de se battre pour la pureté du produit, du nectar rien que du nectar, " dans vos foires aux vins monsieur Vallet il faut que je puisse acheter du Pétrus discounté pour ma petite cave car autrement à quoi ça sert Carrefour ? " minaudait Calvi et Perico de trancher " les vins de négociants c'est de la merde..." Je ne caricature pas. Ce fut ainsi, désolant. Alors comprenez mon agacement face à ces détenteurs de la vérité, qui se disent journalistes, mais qui ne sont en fait, pour le premier, un adepte du dieu audimat et pour l'autre un adorateur de son auguste personne.

Mais bon, puisque Le Divillec a signé la pétition de la CP et que son petit bistrot populaire donne sur l'esplanade des Invalides nous pourrons, dans le cadre des Assises de la Convivialité, lui demander d'assurer quelques en cas de la mer arrosés de petits vins de sa cave. Ca fera des heureux et, comme c'est mon seul souci en définitive, le vin à la française sera le grand gagnant. Allez, les amis, à vos souris et que la grande chaîne de l'Internet nous aide à les tenir ses Assises de la Convivialité ! 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 16:00

 

Lorsque la sonnette de l'écrémeuse commençait à tinter, ma chambre était au-dessus de la laiterie, je savais que la crème allait commencer de s'épandre dans le tarrasson. La tante Valentine, préposée au beurre, après en avoir fini avec l'écrémeuse, déposait le tarrasson de crème au frais et lorsque celle-ci était raffermie, elle y jetait une poignée de gros sel, puis assise sur une chaise paillée, à la main, elle barattait avec un pilon de bois.

 

 

C'était long. De temps en temps, elle évacuait le petit lait du tarrasson. Quand la motte avait atteint une bonne fermeté, la tante la tassait dans un moule de bois ovale et dentelé. C'était le beurre de chez moi, avec une belle vache et des petites fleurs dessus. Le seul que j'acceptais de manger.

 

 

Dans mon bocage profond j'accompagnais papa lorsqu'il faisait la tournée de ses clients de battages. J'y voyais souvent faire le beurre. Comme on disait chez moi, j'en étais « aziré » (dégoûté). C'était crade et pourtant, ce beurre, emmailloté dans du papier sulfurisé, était vendu tous les vendredis, aux BOF, lors du marché de la Mothe-Achard. Du bon produit traditionnel, artisanal et, comme disait ma grand tante, en parlant de certaines fermières « ces gens là n'ont pas de honte ». Bref, j'ai été élevé exclusivement au beurre salé de vache normande baratté par la tante Valentine.

 

 

Passé à l'âge adulte, devenu un rat des villes, j'ai du subir la morne plaquette Président, ma bourse plate ne me permettant pas d'accéder à la motte de beurre vendue chez le crémier du coin. J'en consommais peu. En fin d'année, je contemplais avec horreur le beurre de Noël, tout droit issu des frigos d'intervention de la CEE, le summum du gâchis. Et puis, petit à petit, dans les froides allées de la grande distribution, le rayon beurre s'est diversifié : on retrouvait du beurre cru, on barattait à nouveau, la coopérative d'Isigny Ste Mère offrait du bon beurre à un prix raisonnable. On avait à nouveau le choix. On pouvait même s'offrir un Échiré ou un beurre de Baignes pour faire un extra. Même la plaquette Président s'est mis de nouveaux habits : beurre de Campagne, Gastronomique, du marketing mais après tout chacun fait ce qu'il veut ou ce qu'il peut.

 

 

Tout ça pour dire que je ne crois pas à la vision apocalyptique de la CP. L'avenir du vin, disons traditionnel pour faire court, n'est en rien menacé, bien au contraire la clarification que je réclame ne peut que favoriser la prospérité de ceux qui ont choisi cette voie. Je respecte toutes les analyses. Je m'étonne seulement qu'on travestisse la réalité et qu'on réécrive l'histoire. Une part de notre vignoble n'est pas prise en compte dans l'approche de la CP, il est occulté comme s'il dérangeait. On ne va pas transformer nos milliers de coopérateurs ou de producteurs individuels qui vendent en vrac en petits artisans-commerçants. Moi je ne dis rien de plus : notre vignoble issu des vins de table, s'il veut rester dans la compétition mondiale, doit s'adapter, sinon il disparaîtra. Alors, j'aime bien Jean Ferrat (pétitionnaire contre les vins industriels), sa montagne est toujours belle, mais son poulet aux hormones n'existe plus, les gens mangent du poulet de Loué ou d'ailleurs. Ce n'est pas le poulet de mémé Marie, qui grattait dans la cour, c'est un poulet élevé selon un process rationnel moderne. Tout le monde ne peut pas manger du poulet de Bresse ou de la Géline à crête pâle.

 

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