Je fais exceptionnellement mon Jean-Pierre Coffe de la grande époque de Canal car toutes ces saloperies que l’on fait ingurgiter à nos gamins c’est pire que d’la merde, c’est quasiment du poison ! Dans son dernier numéro de juillet-août 60 millions de consommateurs titré « Sodas, colas, ce que vous buvez vraiment » passe au crible une cinquantaine de boissons rafraîchissantes, en analysant en laboratoire 19 marques.
C’est édifiant :
- les terpènes d’abord, qui sont une classe d'hydrocarbures produits par de nombreuses plantes, en particulier les conifères prédominent chez Coca et Pepsi. Laurent Chevallier médecin consultant en nutrition et président de la commission alimentation du RES, conseiller pour ce dossier note, s'agissant des « extraits végétaux », que les ingénieurs de l'INC (Institut national de la consommation) ont trouvé certaines molécules qui peuvent être potentiellement problématiques, notamment pour des personnes allergiques ou intolérantes.
Différents terpènes par exemple, ou le safrole, un phénylpropène. Il souligne que les effets de cette substance, présente en faible quantité dans certains végétaux, n'ont pas été étudiés chez l'homme notamment pour de fortes consommations, mais se révèlent toxiques pour le foie chez le rongeur en fonction du degré d'exposition. Il existe une réglementation concernant la concentration autorisée. Autre substance décelée dans certains colas, le camphre, pratiquement banni des médicaments à cause de ses effets neurologiques chez les jeunes enfants, notamment ceux aux antécédents de convulsions ou de crises d'épilepsie.
- Plus anecdotique l'étude révèle en outre que 10 colas sur les 19 testés renferment de l'alcool, mais à des doses très faibles, inférieures à 10 mg/l (soit 0,001 % d'alcool). Selon la législation, une boisson est non alcoolisée si elle ne contient pas plus de 1,2 % d'alcool. Sur les 19 colas testés : 9 ne contiennent pas d’alcool (Auchan, Carrefour classic et light, Casino, Cora, Leader Price, Leclerc, Super U et U-Man), 9 en contiennent moins de 10 mg/l (Dia, Leclerc Stevia, Breizh Cola, Coca-Cola classique, light et zero, Pepsi classique et Max, Sodastream), et le Soda Stream sans sucre, une solution concentrée, en compte 272 mg/l (soit 0,03%)
- Les fameux colorants E 150d et E 150c (caramel), classés comme potentiellement cancérigènes par l'Etat de Californie en janvier, Coca et Pepsi en ont réduit leur présence, mais pas en Europe. Pour Laurent Chevallier « Le caramel E 150d majore le risque de certains cancers chez les rongeurs, d'où la décision de l'Etat de Californie de demander une diminution de sa concentration. On est stupéfait que l'Europe ne s'aligne pas sur cette décision. Les arguments avancés font penser qu'elle n'a pas pris la mesure de l'évolution de la toxicologie et des attentes des consommateurs. Quant à l'E 338, il peut, en fonction des doses, perturber l'équilibre du calcium dans l'organisme. »
- Le sucre qui est le composant le plus présent dans ces boissons. La plupart affichent plus de 100 grammes de sucre par litre. Un litre de cola ou de jus de fruits peut en contenir jusqu'à 115 grammes, soit l'équivalent d'une vingtaine de morceaux – six par cannette – Le record en la matière est détenu par le cola de marque Carrefour. Il ne contient certes pas de traces d’alcool, mais il apporte l’équivalent de… 19 morceaux de sucre par litre ! Il ne s’agit pas ici de faire un procès au sucre qui, en soi, n’est pas mauvais pour la santé mais beaucoup d'études font le lien entre la consommation excessive de sucre et le risque d'obésité, de maladies cardio-vasculaires et de diabète. Par exemple une étude « menée par trois scientifiques de l'université de San Francisco, publiée dans la revue Nature en février, avait fait grand bruit en montrant ces liens et en comparant certains effets du fructose à ceux de l'alcool. » Certains scientifiques parlent même d'addiction ce qui n’est pas du goût du PDG de Coca Cola (500 marques, dont Fanta, Sprite, Minute Maid…) qui, tout en réduisant la teneur en sucre de ses produits, estime qu’il « est inexact et injuste d'accuser un seul produit. »
La caféine, 60 millions de consommateurs s’interroge sur « le rôle stimulant plutôt qu’aromatique de cet alcaloïde ». Au-delà de 150 mg/l, le fabricant doit faire figurer la mention Teneur élevée en caféine. Trois références en renferment plus de 100 mg/l : Coca-Cola light (118), Pepsi Max (112) et Pepsi (101), ce qui les situe nettement en-dessous du seuil fatidique. Il n’en reste pas moins que 10 mg de caféine équivalent à une, voire deux tasses de café. Une bouteille d’un litre, bue dans la journée, peut donc représenter l’équivalent de 10… à 20 tasses de café. C’est évidemment beaucoup trop pour un enfant… et même pour un adulte. « S’il n’existe pas de seuil en Europe, aux États-Unis en revanche, la dose maximale recommandée pour un enfant de 7-9 ans est de 62,5 mg par jour » préviennent les rédacteurs. « À ce sujet, le Conseil européen de l’information sur l’alimentation (Eufic) précise qu’un excès de caféine peut entraîner chez l’enfant des changements transitoires de comportement comme une agitation, une irritabilité, de la nervosité et une anxiété ».
En France, la consommation de boissons sucrées ne cesse de croître, notamment par les jeunes. Elle atteint 60 litres par an et par habitant, loin derrière les Etats-Unis néanmoins, où la consommation de sodas a été multipliée par trois en vingt ans pour atteindre 190 litres. « Quelque 1,64 milliard de litres de jus de fruits a été vendu dans le monde en 2011, en hausse de 2,57 % par rapport à 2010, selon Unijus, l'Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits. Quant aux thés glacés – onze références sucrées ont été analysées –, seul le Sodastream contient moins de 50 grammes de sucre par litre. »
Pascale Santi dans le Monde ajoute que « Les jus de fruits ne sont pas en reste. Considérés comme « bons pour la santé », même « sans sucres ajoutés », conformément à la réglementation, ils en contiennent beaucoup. Un verre de Tropicana Bio (de 25 cl) renferme ainsi 27 grammes de sucre, soit quasi autant qu'une canette de Coca, et un verre de jus Alter Eco 25 grammes, tandis que le jus d'orange Joker en contient 22,5 grammes, selon les mesures de la revue. Certes, ils apportent des vitamines, mais le Programme national nutrition santé (PNNS) préconise une consommation avec modération, pas plus d'un demi-verre par jour pour les enfants de 3 à 11 ans. »
Reste aussi les édulcorants : 1/3 de ces boissons en contiennent, des artificiels (aspartame, E 951, ou acésulfame K, E 950) ou d'origine naturelle (Stevia). « Les édulcorants intenses n'offrent aucun intérêt nutritionnel, selon un rapport d'étape rendu le 18 juin par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Les données disponibles « ne permettent pas de conclure à un effet préjudiciable des édulcorants intenses pendant la grossesse », souligne l'Anses, mais « de nouvelles recherches sont nécessaires ».
Qu'en est-il des contrôles sur ces boissons ? Laurent Chevallier répond : « L'organisme de contrôle, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), interrogé à ce sujet, a répondu que « le fait de ne pas disposer de la composition détaillée des « extraits végétaux » n'entrave pas la réalisation d'analyses permettant d'évaluer la « sécurité » de ces boissons ». Curieusement, la DGCCRF ne semble pas s'émouvoir non plus de l'étiquetage: parfois ces extraits végétaux sont présentés comme des ingrédients, parfois comme des arômes. »
Le docteur Laurent Chevallier, estime qu'il faut mettre en garde les gros consommateurs de jus industriels, notamment les enfants et les jeunes femmes en état de procréer. Donc pourquoi ne pas demander que la mention « à consommer avec modération, nuit gravement à la santé de nos enfants et des femmes enceintes » leur soit appliquée !